Équateur (pays)
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L'Équateur, en forme longue la république d'Équateur ou république de l'Équateur (en espagnol : Ecuador et República del Ecuador), est un pays d'Amérique du Sud, frontalier du Pérou au sud et à l'est et de la Colombie au nord-est, baigné à l'ouest par l'océan Pacifique.
République de l'Équateur
República del Ecuador Écouter
Drapeau de l'Équateur |
Armoiries de l'Équateur |
Devise | en espagnol : Dios, patria y libertad (« Dieu, patrie et liberté ») |
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Hymne |
en espagnol : Salve, Oh Patria (« Salut, Ô Patrie ») |
Fête nationale | |
· Événement commémoré |
Plus grande ville | Guayaquil |
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Superficie totale |
256 370 km2 (classé 78e) |
Superficie en eau | 8,8 % |
Fuseau horaire | UTC -5 |
Entité précédente | |
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Indépendance | Grande Colombie |
Date | |
Province libre de Guayaquil | 1820-1822 |
Première guerre péruano-équatorienne | 1858-1860 |
Seconde guerre péruano-équatorienne | 1941-1942 |
Guerre du Paquisha | janvier - février 1981 |
Guerre du Cenepa | 26 janvier - 28 février 1995 |
Gentilé | Équatorien |
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Population totale (2023[1]) |
18 000 062 hab. (classé 67e) |
Densité | 70 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
115,462 milliards de $ + 8,75 %[2] |
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PIB (PPA) (2022) |
228,025 milliards de $ + 9,31 %[2] |
PIB nominal par hab. (2022) |
6 412,351 $ + 7,24 %[3] |
PIB (PPA) par hab. (2022) |
12 663,679 $ + 7,79 %[3] |
Taux de chômage (2022) |
3,9 % de la pop. active - 4,72 % |
Dette publique brute (2021) |
Nominale 66,075 milliards de $ + 9,29 % Relative 62,237 % du PIB + 2,21 % |
Monnaie |
Dollar américain (sucre jusqu'en 2000) (USD ) |
IDH (2021) | 0,740[4] (élevé ; 95e) |
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IDHI (2021) | 0,604[4] (77e) |
Coefficient de Gini (2021) | 45,8 %[5] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,362[4] (85e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 46,5[6] (66e) |
Code ISO 3166-1 |
ECU, EC |
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Domaine Internet | .ec |
Indicatif téléphonique | +593 |
Organisations internationales | OEIINBARCIR |
L'Équateur, avec une superficie de 283 520 km2, est l'un des plus petits pays d'Amérique du Sud aux côtés du Suriname, de l'Uruguay, du Guyana et du Paraguay.
Le pays est partagé en trois grandes régions géographiques : la côte du Pacifique, où se trouve le grand port de Guayaquil, la partie andine du pays, où se trouve la capitale Quito qui est en même temps la plus grande ville du pays, et l'Amazonie équatorienne, dans l'est du pays. Les deux premières de ces régions concentrent l'essentiel de la population et des activités économiques du pays, tandis que la partie amazonienne, moins peuplée, recèle des ressources significatives en hydrocarbures, ainsi qu'une biodiversité extrêmement importante.
À ces trois grandes régions continentales s'ajoute une région insulaire formée par les îles Galápagos ; celles-ci forment un archipel situé dans le Nord-Est de l'océan Pacifique sud, à un millier de kilomètres à l'ouest de la côte équatorienne.
Depuis son indépendance du royaume d'Espagne en 1822, l'Équateur est une république, aujourd'hui divisée en vingt-quatre provinces. La Constitution de 2008 le définit comme un État « interculturel » et « plurinational » : si l'espagnol est la langue officielle de la République, des nations indigènes sont reconnues, et le kichwa et le shuar ont un statut de langues de relations interculturelles.
Les principales exportations du pays sont les hydrocarbures et des produits agricoles, tels que les bananes, les roses ou les crevettes.
Outre l'Organisation des Nations unies, l'Équateur est membre de l'Organisation des États américains, de la Communauté andine et de l'Union des nations sud-américaines.
Période préhispanique
Les restes archéologiques les plus anciens trouvés en Équateur, correspondant à la culture Valdivia, datent du quatrième millénaire av. J.-C. et ont été trouvés dans les provinces du Guayas et de Santa Elena. D'autres sites archéologiques ont été découverts sur la côte aussi bien que dans la sierra équatorienne. Ils correspondent à plusieurs cultures (Jama-Coaque, La Tolita, Machalilla, Chorrera, Manteño-Huancavilca, etc.). Malgré ces découvertes, ces cultures restent mystérieuses et on dispose de relativement peu de connaissances certaines sur l'histoire de l'Équateur jusqu'au XVe siècle[réf. nécessaire]. Au XVe siècle, l'Équateur était peuplé par différentes ethnies parlant des langues distinctes : sur la côte, les cultures Esmeralda, Manta, Huancavilca et Puná (du nord au sud), pratiquant toutes la pêche, la chasse, l'agriculture et le commerce (aussi bien par la mer entre différentes zones côtières qu'avec les Indiens de la sierra). Dans la sierra, les principales cultures à cette même période étaient les Pastos, les Caras, les Panzaleo, les Puruhá, les Cañaris et les Paltas. Leur économie était essentiellement agricole, avec un mode de vie sédentaire et un important usage de l'irrigation en particulier pour les Cañaris. L'organisation politique se faisait autour de caciques, qui nouaient entre eux des alliances fluctuantes et étaient capables de lever des armées et d'administrer certains territoires[7].
Les Andes équatoriales sont conquises par les Incas sous les règnes de Tupac Yupanqui, qui conquiert le sud de l'actuel Équateur, puis de son fils Huayna Capac, né à Tomebamba, qui conquiert Quito et en réduit les dernières résistances des Otavalos lors du massacre de Yahuarcocha, vers 1505. À la mort de Huayna Capac en 1527, la noblesse, divisée sur le choix du successeur légitime, partage l'empire inca en deux, attribuant à Atahualpa la partie nord, avec pour capitale Quito, et à Huascar (son demi-frère) la partie sud, avec pour capitale Cuzco. Une guerre civile se déclenche rapidement entre les deux empereurs, qui tourne finalement à l'avantage d'Atahualpa, qui parvient à pénétrer profondément dans le territoire de Huascar et fait prisonnier ce dernier en 1532[L 1].
C'est alors qu'Atahualpa est aux bains de Cajamarca, se préparant à entrer en vainqueur à Cuzco, qu'a lieu sa rencontre avec Francisco Pizarro. Le conquistador, à la tête d'une petite armée et malgré l'escorte imposante d'Atahualpa, parvient à s'emparer de l'Inca et à le faire prisonnier le [L 2]. Malgré une forte résistance opposée aux conquérants espagnols par certains généraux d'Atahualpa, dont Rumiñahui, l'Équateur est conquis entre 1532 et 1534, et Sebastián de Belalcázar fonde Quito le [N 3], sur les ruines du Quito inca détruit par Rumiñahui avant de l'abandonner aux Espagnols[L 4].
- Figurine, culture Jama-Coaque (800 av. J.-C. - 300 ap. J.-C.).
- Statuette en or, culture La Tolita / Tumaco, 100 av. J.-C. - 100 ap. J.-C.).
- Atahualpa (empereur inca).
Période coloniale
Fondation de l'Audience royale de Quito
Après la conquête définitive de Quito, l'exploration du pays se poursuit et se concrétise par la fondation des villes les plus importantes du pays : tout d'abord Riobamba le 15 août 1534, Guayaquil le , puis, dans les années qui suivent, Ambato et Manta, entre autres. Loja est fondée en 1548 et Cuenca en 1557. Le mythe de l'Eldorado naît à Quito, et l'exploration se poursuit en particulier dans les régions amazoniennes, au départ de Quito : plusieurs villes y sont fondées, dont certaines ont été détruites peu après leur fondation par les indigènes, et une expédition partant de Quito sous la direction de Francisco de Orellana découvre l'Amazone le , après avoir descendu le Río Coca (es) puis le Río Napo[L 5].
Sur le plan politique, Quito contribue à la défaite de Gonzalo Pizarro contre Charles Quint, Sebastián de Belalcázar choisissant le camp de ce dernier. En 1545, le pape Paul III donne qualité d'évêché à Quito, et en 1563, Philippe II fait de Quito le siège de l'audience royale de Quito, avec pouvoir sur un vaste territoire s'étendant de Jaén et Guayaquil au sud, jusqu'à Cali et Buenaventura au nord et comprenant également une large part du bassin amazonien. Bien que théoriquement soumise à l'autorité du Vice-Roi du Pérou, l'Audience de Quito, gouvernée par un président nommé par le roi, jouit d'une large autonomie due à la grande distance entre Quito et Lima. Une rébellion éclate en 1592, appelée « Révolution des alcabalas », en opposition à l'impôt du même nom décrété par la couronne d'Espagne. Cette révolution, qui se résout après une médiation des jésuites, est parfois vue comme le premier témoignage de l'émergence des Espagnols nés dans la colonie (les Créoles) qui entrevoient déjà la possibilité de l'indépendance, qui ne se concrétisera que plus de deux siècles plus tard. Malgré cette rébellion, la deuxième moitié du XVIe siècle marque la consolidation de la domination des Espagnols nés en métropole, aussi bien sur le plan culturel que religieux ou administratif[L 6].
XVIIe siècle : l'âge d'or de l'Audience royale de Quito
Le XVIIe siècle marque l'apogée de l'Audience royale de Quito, marqué par la paix et la stabilité. L'économie est fondée sur l'agriculture, les mines d'or et l'artisanat textile, avec une main d'œuvre bon marché fournie par l'exploitation des populations indigènes. Des tentatives d'évangélisation des peuples amazoniens ont lieu, en particulier par les Jésuites et les Franciscains.
Les jésuites fondent trois Collèges, à Quito (1586), Cuenca (1638) et Riobamba (1689), ainsi que l'Université Saint-Grégoire à Quito. Quito devient un centre d'activité artistique et architectural sans égal sur tout le continent : la ville voit fleurir des églises et monastères dans le style baroque, ces constructions entraînant le développement d'un art religieux florissant (peinture, sculpture de la pierre et du bois, etc.) À cette époque, la prospérité et la splendeur de Quito sont enviées par Lima et Bogota.[réf. souhaitée]
Cette période est toutefois marquée par plusieurs tremblements de terre dévastateurs, des éruptions volcaniques suivies de lahars faisant parfois des milliers de morts. Les villes de la côte subissent des attaques de corsaires tout au long du siècle, culminant avec le sac et l'incendie de Guayaquil en 1684 par le flibustier François Grognier[L 7].
Du rattachement à la Nouvelle-Grenade à la fin de la période coloniale
Par décret du 27 mai 1717, Philippe V d'Espagne supprime l'Audience royale de Quito, rattachant son territoire à la vice-royauté de Nouvelle-Grenade, nouvellement créée et qui avait son siège à Bogotá. Après avoir supprimé cette vice-royauté et rétabli le statu quo en 1720, Philippe V rétablit finalement la Vice-royauté de Nouvelle-Grenade, y rattachant définitivement l'Audience Royale de Quito sans toutefois la supprimer. De 1736 à 1743 a lieu une mission géodésique franco-espagnole dirigée par Charles Marie de La Condamine, avec pour but de mesurer un arc du méridien de Quito. Cette mission, qui permet de confirmer la thèse de Newton d'une Terre aplatie aux pôles, augmente considérablement les connaissances scientifiques et géographiques sur l'Équateur et ouvre la voie au système métrique. Le journal de voyage de La Condamine, journal de voyage à l'Équateur, influera plus tard sur le choix du nom du pays lorsqu'il prendra son indépendance.
Le XVIIIe siècle est également marqué par l'arrivée de la première presse de l'Audience de Quito, installée en 1755 à Ambato, qui permet à Eugenio Espejo d'éditer le premier journal propre à l'Audience de Quito. L'expulsion des jésuites par la couronne d'Espagne en 1767 a un fort impact dans l'Audience, causant la fermeture de plusieurs universités, écoles et collèges. La fin du siècle est marquée par un important soulèvement à Quito en 1785, en particulier en opposition aux taxes et droits de douane imposés par l'Espagne, tandis que des révoltes indigènes d'une ampleur jamais vue depuis le XVIe siècle éclatent entre 1766 et 1803 dans toute la sierra. Les écrits d'intellectuels comme le philosophe Eugenio Espejo et l'historien jésuite Juan de Velasco, qui écrit la première histoire de Quito, favorisent la prise de conscience d'une « Nation quiténienne »[L 8]. En 1803, les Indiens de Guamote et Columbe se soulèvent contre la dîme, un impôt en faveur de l'Église[8].
Période républicaine
Histoire politique
Après une première proclamation d'indépendance le 10 août 1809 à Quito (primer grito de independencia), des affrontements ont lieu entre les troupes patriotes et les troupes royales pendant 3 ans, aboutissant à la défaite définitive des insurgés en décembre 1812 face aux troupes espagnoles commandées par le maréchal Melchor de Aymerich y Villajuana, qui présidera de nouveau l'audience royale jusqu'en 1822. Le 9 octobre 1820, Guayaquil se soulève et se libère des troupes espagnoles. En difficulté face aux armées royales qui tiennent solidement Quito et les montagnes des Andes, les insurgés reçoivent en février 1821 le renfort d'une armée envoyée par Simón Bolívar, sous le commandement d'Antonio José de Sucre. Après des mois de combats, l'armée de Sucre remporte une victoire décisive sur les troupes de Melchor de Aymerich le (bataille de Pichincha) et entrent dans Quito le lendemain. Quito, Cuenca et Loja rejoignent alors la Grande Colombie comme souhaité par Bolívar. Le a lieu la célèbre rencontre de Guayaquil entre Bolívar et José de San Martín. le 31 juillet 1822, la province libre de Guayaquil rejoint également la Grande Colombie, qui inclut donc l'ensemble des territoires de l'audience royale de Quito, qui forment l'une des trois composantes de cet État, avec les actuelles républiques de la Colombie et du Venezuela. À la suite de l'explosion de la Grande Colombie en 1830, l'Équateur devient un pays indépendant à part entière, qui tire son nom des travaux d'une mission scientifique dirigée par Louis Godin, Charles Marie de La Condamine et Pierre Bouguer au XVIIIe siècle.
Le premier président de l'Équateur indépendant est Juan José Flores (de 1830 à 1834 puis de 1839 à 1845), qui échoue dans une guerre contre la Colombie visant à conquérir le Cauca, mais parvient à maintenir l'unité du pays et à annexer les îles Galápagos. Au XIXe siècle, deux dirigeants ont profondément marqué l'histoire du pays. Gabriel García Moreno, conservateur (président de 1861 à 1865 puis de 1869 à son assassinat, le 17 janvier 1875), réalise un régime central fort, lance de grands travaux comme la construction du train de Quito à Guayaquil et conforte le rôle de l'Église catholique dans la vie publique du pays, consacrant le pays au Sacré-Cœur de Jésus-Christ en 1873. Il reste aujourd'hui une référence pour les secteurs conservateurs de la société catholique.
Eloy Alfaro, franc-maçon libéral, prend le pouvoir par les armes en 1895 après plusieurs tentatives avortées. Président de 1895 à 1911 avec une interruption entre 1901 et 1906, il propose dès sa prise du pouvoir de « mettre fin à la théocratie », rédige une Constitution sans référence à Dieu dans son préambule et met fin au concordat avec l'Église catholique. Son deuxième mandat voit également l'inauguration de la ligne de train reliant Quito à Guayaquil, commencée sous García Moreno, et puissant symbole de l'unité nationale du pays. Sur le plan politique, la liberté de presse et d'opinion est reconnue ; l'élection présidentielle se fait au suffrage universel direct pour quatre ans avec une clause de non rééligibilité immédiate. Sur le plan social, Alfaro crée des écoles, des collèges, des écoles normales. Il abolit les dimes et impôts sur les propriétés indigènes les plus pauvres, témoignant ainsi d'une préoccupation inédite de l'État pour le sort des indigènes. Le libéralisme équatorien se scinde en deux tendances : les modérés, groupés autour de Leónidas Plaza et des notables du parti, veulent mettre un frein aux réformes entreprises par Alfaro ; cette tendance se tourne vers les propriétaires terriens, la bourgeoisie d'affaires et le clergé. De l'autre, les radicaux, fidèles à Alfaro, veulent continuer les réformes contre les privilèges subsistant du vieux système patriarcal colonial. Alfaro est finalement renversé en août 1911. Après un nouvel exil au Panama, il reprend les armes à Guayaquil, mais est cette fois vaincu et exécuté avec certains de ses partisans.
Au cours de la première moitié du XXe siècle, le mouvement ouvrier émerge et se structure dans le pays : en 1909 puis en 1922 se tiennent deux « Congrès ouvriers ». La grève générale de novembre 1922 à Guayaquil est réprimée dans le sang par l'armée le 15 novembre, faisant plusieurs centaines de victimes. Cette répression est l'événement qui par sa marque sanglante marque le début des luttes syndicales en Équateur, selon les mots de l'historien Jorge Salvador Lara[9]. En 1926 est fondé le Parti socialiste de l'Équateur, dont une scission rejoint la IIIe Internationale en 1931 sous le nom de Parti communiste de l'Équateur.
Durant toute la période républicaine, l'Équateur est marqué par une forte instabilité politique, et le pays a connu vingt constitutions successives entre 1830 et 2008. Toutefois, par rapport à d'autres pays d'Amérique du Sud, il n'a connu dans son histoire récente que trois brèves périodes de dictature militaire (1937-1938, 1963-1966 et 1972-1978). Ces gouvernements militaires, malgré leur caractère autoritaire, en particulier entre 1963 et 1966, ont été parmi ceux qui ont fourni les efforts les plus cohérents pour résoudre les problèmes sociaux du pays et renforcer son unité, en particulier au travers de la réforme agraire de 1964. Malgré de graves épisodes comme le massacre de l'usine AZTRA en octobre 1977, ces dictatures ont en général évité de tomber dans les excès répressifs qui ont caractérisé les régimes militaires d'autres pays comme l'Argentine, le Brésil ou le Chili, à tel point que la plupart des Équatoriens se souviennent de la dernière période de régime militaire (1976-1979) comme d'une dictadouce (dictablanda)[10].
En 1990, les indigènes manifestent pacifiquement pour la reconnaissance de leurs droits, bloquant le pays en s'asseyant par terre. Le président Borja doit accorder à la confédération des Shuars la propriété de 11 000 km2 de territoire en Amazonie, même si, au même moment, des escarmouches sont lancées contre les chefs indiens. Enfin, en 2000, à la suite de la dollarisation de l'économie, la population manifeste, bientôt suivie par l'armée, au point de renverser le président Jamil Mahuad.
Histoire militaire et pertes territoriales
Sur le plan militaire, l'histoire de l'Équateur a été marquée par les conflits avec ses deux voisins, le Pérou et la Colombie. Les principales guerres avec la Colombie ont eu lieu en 1830-1832, avec l'objectif pour l'Équateur de conquérir le département colombien du Cauca, qui avait fait partie de l'Audience royale de Quito. La frontière est finalement fixée en 1832 sur le río Carchi, le Cauca restant donc à la Colombie, ce qui n'empêchera pas une nouvelle guerre d'avoir lieu entre 1861 et 1863, sous la présidence de Gabriel García Moreno.
Les conflits frontaliers avec le Pérou voisin ont donné lieu à quatre guerres. La guerre de 1858-1860 se conclut par la signature du traité de Mapasingue, favorable au Pérou, traité dénoncé par la suite par le gouvernement du président García Moreno. La guerre de 1941 se conclut également par une défaite de l'Équateur et débouche sur la signature du protocole de Rio en 1942, qui entérine la perte pour l'Équateur de la majeure partie de ses possessions en Amazonie (soit 200 000 km2) et de l'accès au Marañon, et trace une nouvelle frontière qui se veut définitive. Toutefois, de nouvelles explorations de la zone frontalière dès 1947 aboutissent à des interprétations divergentes entre le Pérou et l'Équateur sur le tracé de la frontière, désaccords qui débouchent sur deux nouvelles guerres, la guerre du Paquisha en 1981 et la guerre du Cenepa en 1995, sans modifications territoriales importantes. Le conflit est finalement résolu par l'accord de Brasilia du 26 octobre 1998, qui fixe définitivement la frontière entre les deux pays.
Ordres et décorations
- Ordre du Mérite national
- Ordre national de San Lorenzo
- Ordre national de Honorato Vázquez
- Ordre du Mérite agricole
- Ordre du Mérite aéronautique
Politique contemporaine
Depuis la fin des dictatures militaires en 1979, l'Équateur a connu une importante instabilité politique, qui atteint son paroxysme à la fin des années 1990 et au début des années 2000 : le président Abdalá Bucaram est destitué en 1997 pour « incapacité mentale », remplacé par Fabián Alarcón. Les élections de 1998 voient l'élection de Jamil Mahuad, mais rapidement le président Mahuad est fragilisé par l'effondrement du système bancaire du pays et par l'hyperinflation qui le conduit à abandonner le Sucre et à « dollariser » l'économie. Jamil Mahuad démissionne en janvier 2000 à la suite d'importants mouvements populaires, marqués en particulier par une forte participation de la CONAIE et des partisans de Lucio Gutiérrez. Le vice-président Gustavo Noboa lui succède jusqu'en 2003, date où Lucio Gutiérrez lui succède, avec le soutien de plusieurs partis de gauche dont le mouvement indigène Pachakutik. Menant une politique d'austérité et accusé par ses anciens alliés de faire la politique du FMI, Gutiérrez ne peut faire face à un important soulèvement populaire et démissionne le 20 avril 2005, ce qui en fait le troisième président élu consécutif à se trouver dans l'incapacité de terminer son mandat. C'est son vice-président Alfredo Palacio qui lui succède jusqu'à la fin du mandat le 15 janvier 2007.
Les élections générales des 15 octobre et 26 novembre 2006 donnent gagnant Rafael Correa, économiste de gauche, avec 56 % des voix au deuxième tour, contre Álvaro Noboa, homme d'affaires membre du Parti roldosiste équatorien.
Conformément à sa promesse électorale, Correa annonce lors de son investiture le 15 janvier 2007[11] la tenue d'un référendum le 18 mars 2007 dans le but d'autoriser la création d'une assemblée nationale constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution. Celui-ci s'est finalement tenu le 15 avril 2007. Les électeurs équatoriens se sont à cette occasion prononcés en faveur de l'élection d'une Assemblée constituante.
L'alliance électorale qui soutient le président Correa s'abstient de présenter des candidats lors de l'élection législative qui se déroule parallèlement à l'élection présidentielle. L'absence de député de la mouvance présidentielle au sein de la chambre des représentants, majoritairement orientée à droite, crée des tensions notables entre les pouvoirs exécutif et législatif durant les premiers mois du mandat présidentiel. Ce conflit larvé se solde par la destitution de 57 des 100 députés qui composent la chambre des représentants. Ces derniers avaient tenté de destituer le président du Tribunal électoral à la suite de son annonce d'autoriser la tenue du référendum concernant l'élection de l'Assemblée constituante. L'organe de contrôle électoral avait réagi en destituant à son tour le groupe de députés dont une partie s'est exilée en Colombie[12].
Le 30 septembre 2007, l'Alianza País (Alliance pays), qui soutient le projet du président Correa, obtient 70 % des suffrages lors de l'élection de l'Assemblée constituante. L'Alliance pays totalise quatre-vingts des cent trente députés chargés de la rédaction de la nouvelle constitution. Le projet de constitution, élaboré par cette constituante, est approuvé par référendum le 28 septembre 2008 avec 64 % de votes favorables contre 28 % de votes défavorables[13].
Le 30 septembre 2010, une crise politique entraîne une mutinerie de la police. Le président Rafael Correa est mis en danger, mais les militaires rétablissent la situation[14]. Le 16 août 2012, l'Équateur accorde l'asile politique à Julian Assange, fondateur de WikiLeaks[15], malgré des pressions du Royaume-Uni qui rappelle qu'Assange est accusé de « sexe par surprise » (non-utilisation de préservatif)[16] en Suède et qu'il est l'objet d'un mandat d'arrêt international[17].
Rafael Correa a été réélu président le 17 février 2013 avec 57,17 % des voix[18]. Ses années de présidence sont en particulier dirigées vers la lutte contre la pauvreté et les inégalités[19].
Le vice-président sortant, Lenín Moreno, prend la succession présidentielle le 24 mai 2017 avec comme vice-président Jorge Glas. Il développe une politique plus libérale et moins sociale.
En octobre 2019, le gouvernement adopte une série de mesures telles que la réduction de 20 % des salaires des contractuels dans le secteur public, la suppression de 15 des 30 jours de congés payés annuels des fonctionnaires et l'obligation de travailler un jour par mois sans rémunération. Les prix du carburant sont augmentés de près de 125 %, alors que les impôts sur la sortie des capitaux du territoire sont diminués[20]. En réaction aux grèves et manifestations qui s'ensuivent — les plus importantes depuis une vingtaine d'années —, le pouvoir décide d'instaurer l'état d'urgence et un couvre-feu pour une durée d'au moins 30 jours et quitte la capitale, Quito, pour la ville portuaire de Guayaquil. Les heurts font sept morts parmi les civils (dont un dirigeant indigène), 1 340 blessés et 1 152 arrestations[21].
À la suite de l'élection présidentielle équatorienne de 2021, Guillermo Lasso devient président de la république, en remplacement de Lenín Moreno.
À la suite de l'élection présidentielle équatorienne de 2023, Daniel Noboa devient président de la République[22],[23].
L'Équateur est divisé en 24 provinces. Ces provinces ont un gouverneur et un conseil provincial élu par le peuple. Elles sont autonomes par rapport au gouvernement central au niveau économique et social, ainsi que pour l'utilisation des ressources naturelles.