Le Canard enchaîné
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Ne doit pas être confondu avec Le Canard déchaîné, Le Canard (journal montréalais) ou La France enchaînée.
Le Canard enchaîné est un hebdomadaire français satirique et d'enquête paraissant le mercredi.
Le Canard enchaîné | |
La liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas. | |
Pays | France |
---|---|
Langue | Français |
Périodicité | Hebdomadaire, paraissant le mercredi |
Format | Quotidien (560 × 360 mm) |
Genre | Presse satirique |
Prix au numéro | 1,80 € |
Diffusion | 282 339 ex. (2022) |
Fondateur | Maurice Maréchal Jeanne Maréchal H.-P. Gassier |
Date de fondation | , refondation le |
Ville d’édition | Paris |
Propriétaire | SAS Les Éditions Maréchal - Le Canard enchaîné |
Directeur de publication | Jean-François Julliard |
Directeur de la rédaction | Jean-François Julliard |
Rédacteur en chef | Érik Emptaz, Jean-Michel Thénard |
ISSN | 0008-5405 |
OCLC | 436628226 |
Site web | lecanardenchaine.fr |
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Fondé le par Jeanne et Maurice Maréchal, aidés par Henri-Paul Deyvaux-Gassier, c'est le plus ancien titre de presse satirique encore actif.
Depuis les années 1960, c'est aussi un journal d'enquête qui révèle nombre d'affaires scandaleuses.
Le Canard enchainé présente la particularité que son capital est verrouillé pour protéger son indépendance. Ses statuts imposent que ses actions soient détenues uniquement par les journalistes ou les retraités du journal.
Création en 1915
Le Canard enchaîné est, dès le début, un hebdomadaire de la presse satirique. Fondé le [n 1],[1],[2] par Jeanne et Maurice Maréchal, aidés par Henri-Paul Deyvaux-Gassier[3], il est l'un des plus anciens titres de la presse française actuelle, notamment le plus ancien titre de presse satirique encore actif.
Son nom fait allusion au quotidien L'Homme libre édité par Georges Clemenceau, qui critiquait ouvertement le gouvernement lors de la Première Guerre mondiale. Il subit alors la censure de la guerre[4] et son nom est changé pour L'Homme enchaîné. S'inspirant de ce titre, les journalistes Maurice et Jeanne Maréchal, aidés par le dessinateur H.-P. Gassier, décident d'appeler leur propre journal Le Canard enchaîné – « canard » signifiant « journal » en français familier. Le premier numéro paraît le 10 septembre 1915[5],[n 2].
La première série, faite avec des moyens limités, se termine au cinquième numéro. Le journal renaît cependant le 5 juillet 1916, sous la direction de Rodolphe Bringer. C'est le point de départ de la série actuelle[7]. Le titre du journal a connu une variante : Le Canard déchaîné, du au .
Les deux canards de la manchette du journal (chacun dans une des oreilles du titre du journal) et les canetons qui s'ébattent dans les pages sont l'œuvre du dessinateur Henri Guilac, un des premiers collaborateurs du journal[8].
La création du journal durant la Première Guerre mondiale marque son positionnement jusqu'à aujourd'hui. Selon Laurent Martin, « la lutte contre la censure et le "bourrage de crâne", le pacifisme et l'antimilitarisme, la dénonciation des profiteurs de toutes sortes vont rester comme autant d'attitudes et de réflexes identitaires au long de l'histoire du journal »[9].
De la Seconde Guerre mondiale aux années 1990
Le journal choisit de ne plus paraître entre et , à la suite de l'invasion allemande de la France ; il est réédité à partir de la libération de Paris.
Depuis les années 1960, c'est aussi un journal d'enquête qui révèle nombre d'affaires scandaleuses[2]. Dans les années 1970, l'information est organisée autour de Jean Clémentin, qui en est le rédacteur en chef. Celui-ci participe au « grand basculement de la satire à l’information »[10],[11].
Années 2000 et après
En 2011, le Wall Street Journal compare son modèle économique américain à celui du Canard enchaîné et s'étonne de la vitalité de ce dernier, hebdomadaire sans site internet ni pub, au revenu net de 4,5 millions d'euros en 2010, pour un chiffre d'affaires de 30,6 millions d'euros[12].
En 2013, la diffusion totale payée s'est élevée à 399 567 exemplaires en moyenne par semaine[13].
À la suite de l'attentat du contre le journal Charlie Hebdo, la rédaction du Canard enchaîné indique dans son édition du avoir reçu des menaces le lendemain de l'attaque qui a fait douze morts dont huit collaborateurs de l'hebdomadaire satirique[14]. À cette occasion, le journal rend hommage au dessinateur Cabu, pilier des deux périodiques.
Le 6 juillet 2016, Le Canard enchaîné fête ses 100 ans et même 101 ans du fait de sa première naissance en 1915 et de sa deuxième en 1916[15].
Création d'une section syndicale
Depuis le , le Canard enchaîné était dans l'obligation légale de se doter d'un Comité social et économique (CSE). Une section syndicale a été créée fin 2021[16].
En 2022[17], la moitié des journalistes en CDI adhèrent au Syndicat national des journalistes CGT(SNJ-CGT)[18].
En mai 2022, la liste présentée au Canard enchaîné par le SNJ-CGT est élue lors de l'élection du Comité social et économique (CSE), avec une participation de plus de 73 % (60 votants sur 82 inscrits)[19],[20].
Nouvelle direction
En poste depuis 1992, Michel Gaillard quitte la présidence du Canard enchaîné en juillet 2023 et est remplacé par Nicolas Brimo. Jean-François Julliard, corédacteur en chef, devient le nouveau directeur général délégué et directeur de la publication[21].
Accusation d'espionnage contre Jean Clémentin
En 2019, lorsque l'historien tchèque Jan Koura obtient l'ouverture des archives de la StB, le service de renseignement de la Tchécoslovaquie pendant la période soviétique, il y découvre que Jean Clémentin, journaliste et rédacteur en chef du Canard enchaîné dans les années 1970, plus connu sous le pseudonyme de « Jean Manan », a été rémunéré par le StB pour espionner en France, au Royaume-Uni et en Allemagne de l'Ouest mais a aussi écrit de faux articles contre une rémunération conséquente. Ainsi, profitant de la réputation de crédibilité attachée au Canard enchaîné, Clémentin agit pour le compte du StB en publiant un article sur un faux testament politique du chancelier Konrad Adenauer afin de créer une division au sein de la CDU[22].
Il a également, selon l'enquête, participé « activement — et consciemment » à trois opérations de désinformation, en publiant dans le journal des articles conçus par la StB[23],[24]. Le , L'Obs révèle l'affaire[25], montrant l'implication de Jean Clémentin dans la StB entre 1957 et 1969. Protégé de toute poursuite par la prescription, Jean Clémentin n'a pu répondre à ces accusations en raison de problèmes de santé avant son décès survenu le [26].
Soupçon d'emploi fictif d'André Escaro
Le texte peut changer fréquemment, n'est peut-être pas à jour et peut manquer de recul. N'hésitez pas à participer à l'écriture de synthèse de manière neutre et objective, en citant vos sources. N'oubliez pas que, dans nombre de systèmes judiciaires, toute personne est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement et définitivement établie.
Alors que le journal a dévoilé plusieurs affaires d'emplois fictifs, dont ceux de la mairie de Paris et des époux Fillon[27],[28], il est lui même visé en 2022 par une plainte pour abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux : le journaliste et rédacteur au sein de cet hebdomadaire Christophe Nobili[29], qui fut le créateur de la section SNJ/CGT au sein du Canard, accuse la compagne d'André Escaro, un dessinateur et ancien administrateur du journal, d'avoir bénéficié d'un emploi fictif pendant près de vingt-cinq ans, jusqu'à sa retraite en 2020, pour un préjudice estimé à 3 millions d'euros[28],[30],[31].
Interrogés par des journalistes de France Inter, des anciens salariés du journal doutent du travail effectif de la compagne d'André Escaro en tant que journaliste au Canard enchaîné quelle que soit l'aide apportée au dessinateur ayant pris sa retraite[32]. Nicolas Brimo et Michel Gaillard, respectivement directeur de la publication et président de la société éditrice, se justifient en écrivant dans le journal du qu'« Edith […] a lu la presse [pour André Escaro et l'a aidé] à trouver l'astuce qui fait le sel » des 8 000 dessins qu'il a produits en 24 ans. Par cette mise au point, la direction du Canard enchaîné se défend de tout emploi fictif au sein de son équipe. Selon l'hebdomadaire, l'embauche de l'épouse du dessinateur André Escaro avait permis de retenir ce dernier en 1996, alors qu'il souhaitait prendre sa retraite[33].
Érik Emptaz et Jean-François Julliard, co-rédacteur en chef, accusent alors Christophe Nobili de vouloir « mettre à mal le journal par tous les moyens » et posent clairement la question de son départ de l'hebdomadaire ; ils sont désavoués par une partie des salariés[34].
Jean-Yves Viollier, un ex journaliste du Canard, écrit sur le blog de l'association anticorruption dont il est membre que la défense de l'hebdomadaire est « à peu près aussi convaincante que [celle de] Penelope [Fillon] »[35],[36]. Des salariés réagissent dans un communiqué, en rappelant notamment que « le droit social français ne prévoit pas de rémunérer un salarié à la place d'un autre »[37],[38].
L'affaire concernant les soupçons d'emploi fictif sera jugée par le tribunal correctionnel de Paris en juillet 2024. Michel Gaillard, Nicolas Brimo, sont cités à comparaître pour « abus de biens sociaux » à des fins personnelles, déclaration frauduleuse pour obtenir une carte de presse, faux et usage de faux et déclaration frauduleuse à un organisme social. André Escaro ancien dessinateur et administrateur du Canard et son épouse sont poursuivis pour abus de bien sociaux pour l’un, recel d’abus de bien sociaux, escroquerie à un organisme social et fraude à la carte de presse pour l’autre[39],[40].
Mise à pied du journaliste Christophe Nobili
En raison de la publication de son livre Cher Canard. De l'affaire Fillon à celle du Canard enchaîné, Christophe Nobili, le lanceur d'alerte qui a dénoncé l'emploi fictif de la compagne d'André Escaro, est mis à pied fin mars 2023 et convoqué à un entretien préalable au licenciement. Le journaliste est délégué syndical, membre du CSE. Dans une lettre interne, la section syndicale SNJ CGT et 27 membres de la rédaction s'insurgent et dénoncent une crise au Canard enchaîné qui « risque de nuire davantage à l'image du journal notamment auprès de son lectorat ». Les signataires de la lettre ajoutent que le projet de licenciement « [leur] paraît constituer une atteinte aux valeurs fondamentales, à la raison d'être du Canard enchaîné, journal fondé en 1916 pour s'opposer frontalement à la censure aux ciseaux d'Anastasie et au bourrage de crâne par les institutions de tout poil »[41],[42],[43],[44],[45].
Claude Angeli, ancien rédacteur en chef du Canard, regrette que la direction se soit exprimée dans les colonnes de l'hebdomadaire sans permettre aux soutiens de Christophe Nobili d'avoir cette même possibilité. Il demande « qu'on mette fin à cette procédure » pour permettre de régler cela en interne autour d'une table pour en discuter[46],[47].
« En soutien à Christophe Nobili et à l’esprit du Canard enchaîné », 300 personnes assistent à un spectacle au théâtre Déjazet le . Le journaliste a été licencié par sa direction[48].
Le 15 mai 2023 et en août 2023, l'inspection du travail refuse le licenciement de Christophe Nobili, juge qu'il n’était pas tenu d’informer sa direction de son projet de livre, et considère qu’il y a un « lien » entre la demande de son licenciement et son mandat de délégué syndical[49],[50].
En , la direction du Canard enchaîné en appelle au ministre du travail pour lui faire valider le licenciement de Christophe Nobili, journaliste syndiqué et lanceur d’alerte[51],[52].
Plainte de l'hebdomadaire
Le 21 mars 2024, l’Agence France-Presse (AFP) a appris par la direction de l'hebdomadaire que « Le Canard enchaîné » a déposé plainte contre X, estimant avoir été victime d’une « perquisition numérique illégale » portant « atteinte à l’ensemble des piliers de notre Etat de droit » s’agissant d’une entreprise de presse[53]. À la suite de cette plainte, une enquête est ouverte par le parquet de Paris. L’enquête a été confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN)[54].
Conflit de générations
En , Le Monde décrit un « conflit de générations » entre l'équipe d'une part et les deux directeurs d'autre part[55]. Nicolas Brimo et Michel Gaillard, respectivement 72 et 78 ans, sont reconduits à leurs postes en juin 2022, la limite d'âge pour être PDG du Canard ayant disparu des statuts de l'entreprise en 2014[55]. La moyenne d'âge de la rédaction est alors proche de 60 ans[36].
L'hebdomadaire est imprimé le mardi en début d'après-midi[n 3].
Format de journal et prix
Le Canard enchaîné est au format « quotidien »[56], composé de pages de 360 mm par 560 mm[57]. Deux feuilles libres forment les huit pages de chaque numéro. L'impression est en bichromie, en noir et rouge écarlate, sur la première et la dernière page ; sinon en monochrome noir. À titre exceptionnel le , la première page du numéro 4847 a été en trichromie (noir, rouge et jaune)[n 4].
Grâce à des frais de gestion limités et stables, et étant indépendant de revenus publicitaires, ce journal est un des rares en France dont le prix n'a pas augmenté de 1991 à 2021[58],[59] (et même diminué : il était à 8 francs avant le passage à la monnaie européenne, soit 1,22 €). Il était vendu 1,20 € en France.
Son prix passe à 1,50 € le , c'est la seule hausse de prix depuis trente ans. Dans son numéro paru à cette date, le journal déclare que cette augmentation permet d'« assumer la crise du Covid » ainsi que le dépôt de bilan du distributeur de presse Presstalis(qui lui a coûté trois millions d'euros) et d'améliorer la marge des marchands de journaux, et permet aussi d'assurer sa sécurité économique[60],[61].
En Suisse, le journal est toujours vendu 2,60 francs suisse en 2023, inchangé malgré l'augmentation de son prix de vente en France.
Le 7 février 2024, le prix au numéro passe à 1,80 euros[62].
Manchettes du journal
Le Canard enchaîné titre — logiquement — sur un fait d'actualité (national ou international) et ses manchettes comportent toujours un jeu de mots. Exemples :
- juste après l'armistice de 1918, le journal titra : « Ouf ! »[63] ;
- après les accords de Munich, le journal paraphrasa le coup de la victoire aux échecs et titra : « Tchèques… et mat ! » ;
- lors de l'élection présidentielle française de 1965, le général de Gaulle, convaincu d'être réélu dès le premier tour, ne fait pratiquement pas campagne. Or, le , le premier tour le met en ballotage face à François Mitterrand et un second tour va être nécessaire pour départager les deux hommes. Le Canard titre alors : « De l'appel du … à la pelle du » ;
- : « Grève des pilotes et inquiétudes sur le Mondial - La France un peu faible sur ses ailes ». Ici, le jeu de mots permet au Canard de lier deux événements : d'une part, la grève des pilotes d'Air France ; d'autre part, la Coupe du monde de football 1998 (on est une semaine avant son coup d'envoi) et surtout les sévères critiques dont fait à ce moment l'objet Aimé Jacquet, le sélectionneur de l'équipe française ;
- lors des grèves du secteur public, en 1991, face aux revendications salariales et aux refus de la Première ministre Édith Cresson d'augmenter les salaires, le journal titra : « Cresson : pas un radis ! » ;
- à la suite de l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, le journal a titré « Au Japon, la réalité dépasse la fission »[64] ;
- concernant la crise de la dette publique grecque, à partir de 2008, il titre par « La crise grecque ? Pas de quoi en faire un dra(ch)me ! » ;
- à propos de l'abandon des poursuites contre Dominique Strauss-Kahn aux États-Unis et de la plainte de Tristane Banon, en 2011, Le Canard titre « Les ennuis sont finis pour DSK ? Banon ! »[65] ;
- à propos du naufrage du Costa Concordia en 2012 et de l'attitude du commandant, le journal titre : « Le commandant du Costa Concordia se défend : Pendant le sauvetage, j'ai toujours gardé les pieds sur terre » ;
- le , dans un numéro en partie hommage à Cabu tué lors de l'attentat contre Charlie Hebdo, le journal titre : « Le message de Cabu : Allez les gars, ne vous laissez pas abattre ! »[66]. La tête de Cabu dessinée par lui-même remplace pour l'occasion l'image traditionnelle du Canard en haut de la première page[67].
Langage
Le ton employé, humoristique, est celui de la satire et de l'ironie, d'où les nombreuses antiphrases dans les pages du journal (Le Canard enchaîné reprend les termes et les arguments de son adversaire, semble le défendre, mais c'est pour mieux en montrer les limites ou l'absurdité de la position). Les jeux de mots sont réservés aux titres et sous-titres des articles (Jean-Paul Grousset en a produit de nombreux), ainsi qu'à la conclusion de certains articles, sous la forme d'une chute.
Le Canard cherche à être de connivence avec le lecteur « moyen », ce qui explique, malgré un style assez soutenu, l'emploi de formules issues de la langue du peuple et l'usage de surnoms moqueurs envers des personnalités qu'il critique. C'est ainsi qu'au cours de son existence, on lui doit non seulement des diminutifs de personnalités politiques (« Chichi » pour Chirac, « L'Ex » pour Giscard), mais aussi certaines expressions entrées dans le langage populaire, comme « minute Papillon », les « étranges lucarnes » ou enfin « Bla bla bla », onomatopée lancée par Le Canard sous la plume de Pierre Bénard le (« Mon ami Paul Gordeaux, lorsqu'on lui présente un reportage où il y a plus de mauvaise littérature que d'informations, dit en repoussant le papier : « Tout ça, c'est du bla bla bla ! » »).
Les dessins
Les dessinateurs de presse sont les acteurs indispensables du Canard depuis sa création. Les caricaturistes ont toujours une place importante dans les pages de l'hebdomadaire[68].
Le Canard enchaîné compte un peu plus d'une douzaine d'illustrateurs réguliers.
Les rubriques
Rubriques actuelles
Nom de la rubrique | Sous-rubrique | Description |
---|---|---|
Les interviews (presque) imaginaires du Canard | Article apparaissant sporadiquement, qui retranscrit une interview d'une grande personnalité (par exemple : Sœur Emmanuelle). Cette interview, réalisée par des journalistes du Canard enchaîné, mêle de vraies déclarations de cette personnalité (sorties de leur contexte) avec des déclarations imaginées. Frédéric Pagès est le signataire de cette rubrique qui apparaît en général en première page. | |
La Mare aux canards | Rubrique apparue en 1916, puis tenue régulièrement à partir de 1918 et figurant en pages 2 et 3 de l'hebdomadaire. En page 2, il est brièvement fait relation de quelques actions ou paroles (imprudentes ou indiscrètes) recueillies de façon officieuse (off) et rarement relayées par la presse, qu'elles soient de droite ou de gauche (dans le même esprit figurent, sur la même page, les « Minimares »). Cette « page 2 » du Canard enchaîné intéresse les personnalités qui savent que ce qui y est écrit n'est pas destiné à embellir leur dossier de presse. En page 3, figurent des articles plus fournis sur l'actualité politique intérieure ainsi qu'en général, un article (souvent dû à Claude Angeli) traitant de la politique étrangère française et des problèmes extérieurs. | |
Minimares | Sous-rubrique de « La Mare aux canards » constituée de brèves tirées d'autres journaux que Le Canard enchaîné, relatant les propos de telle ou telle personnalité et accompagnées d'un bref commentaire sarcastique. | |
Ma binette partout | Ce « concours » apparaît occasionnellement en bas des « Minimares ». Il distingue la plupart du temps des élu(e)s de collectivités locales assurant leur propre promotion de façon disproportionnée. À savoir par une démultiplication importante de leurs photos dans les magazines ou autres supports diffusés par les collectivités. Sont également traités dans cette rubrique les journaux spécifiques diffusés par les élu(e)s pour relater leur mandat. | |
Pan sur le bec | Démentis, reconnaissance des erreurs qui se sont glissées dans un précédent numéro du Canard enchaîné. Il est très souvent indiqué en fin d'article que le journaliste responsable de l'erreur ou de la coquille devra payer sa tournée au bistrot du coin pour se faire pardonner. | |
La noix d'honneur | La « noix d'honneur » est une sorte de distinction ou de récompense attribuée chaque semaine (ou peu s'en faut) par le Canard enchaîné. Aisément repérable en page une ou en page huit par son cadre grisé, cette rubrique stigmatise un propos tenu par une personnalité et se distinguant par sa platitude, son ineptie, sa fausseté, etc. La première « noix » date du et est attribuée à Louis Latzarus, rédacteur en chef du Figaro, pour l'attribution à la ville de Cannes (Alpes-Maritimes) de la bataille de Cannes, qui se livra en Apulie, dans le sud-est de l'Italie[69]. | |
Le mur du çon | Cette rubrique ressemble à « la noix d'honneur » mais à un degré « supérieur ». Le jeu de mots est clair : il s'agit là d'épingler une « connerie » prononcée par une personnalité. | |
La brosse à reluire | Cette rubrique (non systématique) raille celles et ceux qui ont fait preuve de flagornerie envers telle ou telle personnalité. | |
Le melon d'or | Proche des rubriques précédentes, celle-ci met en avant une personnalité qui, à travers ses déclarations, se donne le beau rôle ou est particulièrement prétentieux. | |
Couac | Récits de péripéties survenues à des lecteurs (à la page 4). | |
Canardages | Zig Zag | Sous-rubrique de « Canardages » composée de brèves tirées de la presse dotées d'un titre et d'un commentaire humoristique. |
Drôles de Zigs | Sous-rubrique de « Canardages » composée de brèves centrées chacune sur l'actualité d'une personnalité. | |
Conflit de canard | Articles touchant à la nourriture et à l'écologie en général, aux groupes agro-alimentaires en particulier (en page 5). | |
Plouf ! | Chronique altermondialiste de Jean-Luc Porquet (en page 5). | |
Lettres ou pas Lettres | Critiques de livres (page 6). | |
Feuilleté de Canard | Autre rubrique de critiques de livres (page 6). | |
La Voie aux Chapitres | Chronique littéraire (page 6). | |
Docs en stock | Critique d'un livre documentaire (page 6). | |
Plume de Canard | Critique d'un livre ou d'un document écrit par un journaliste ou un dessinateur du Canard (page 6). | |
Vite dit ! | Brèves humoristiques d'actualités basées sur des extraits de la presse, situées en dernière page. | |
À travers la presse déchaînée
Rue des petites perles Comme son nom l'indique |
Il s'agit de trois rubriques similaires (généralement en page 7) qui permettent au journal de recueillir les « perles » et les coquilles de ses confrères, en y ajoutant des commentaires à sa façon. Il peut arriver que le Canard lui-même fasse partie des « épinglés », auquel cas le journaliste fautif est prié de payer une tournée… La troisième est consacrée aux aptonymes aperçus dans la presse. | |
Le Cinéma | Cette rubrique située en page 6 rassemble quelques brèves critiques cinématographiques. On y trouve ainsi « Les films qu'on peut voir cette semaine », « Les films qu'on peut voir à la rigueur » et « Les films qu'on peut ne pas voir ». Il arrive que Le Canard enchaîné attire l'attention de ses lecteurs sur un film plus ancien mais à nouveau projeté : l'intertitre est alors « Les films qu'on peut voir ou revoir ». | |
Mots croisés | Créés par Alain Dag'Naud (placés en page 6). Les définitions prennent presque toujours la forme de jeux de mots, parfois grivois, de calembours approximatifs. Certaines sont proposées par des lecteurs, qui sont cités par l'auteur, avec la mention « Définition transmise par… » | |
Prises de Bec | Portrait au vitriol d'une personnalité placée sous les feux de l'actualité, mais pas forcément une personnalité de premier plan. Si les « Prises de bec » (en page 7) épinglent volontiers tel chef d'État ou tel ministre, elles s'attaquent également à des personnalités davantage dans l'ombre mais non moins influentes. L'article apparaît en haut de l'avant-dernière page. Il est illustré de la caricature de la personne, plus rarement d'un portrait photographique en noir et blanc. | |
Canard Plus | Brèves d'actualités sur le monde des médias et de l'audiovisuel (en page 7). | |
La Boîte aux Images | Article sur le monde de l'audiovisuel (en page 7). | |
Coin-coin des variétés | Critique d'un spectacle de variété (en page 7). | |
Le Théâtre | Critique de spectacles de théâtre (en page 7). | |
Sur l'Album de la Comtesse | Chronique de contrepèteries (en page 7). | |
En page(s) urne(s) | Rubrique de brèves au cours de certaines élections en France, périodique. | |
Le Coin des piqueurs | Petite rubrique à périodicité irrégulière, mentionnant des confrères qui reprennent sans citer le Canard enchaîné des informations dont le Palmipède revendique la primeur. | |
En revenant de l'Expo | Rubrique de critique d'exposition et d'artiste (en page 7). | |
En bas (très) à droite | Chronique (située en bas de la page 8) qui rend compte de la banalisation des idées d'extrême-droite, en particulier de la complaisance de certains médias à l'égard d'Éric Zemmour. | |
Festival de Cancanneries | Rubrique regroupant des critiques de films présents au festival de cannes (en page 5 et 6). | |
Festival d'Avignon | Critiques de pièces présentes au Festival d'Avignon par Jean-Luc Porquet (en page7). |
Anciennes rubriques
Rubrique | Sous-rubrique | Description |
---|---|---|
Feuillets de route de l'ami Bidasse | Pendant la drôle de guerre, le journal publia les feuillets envoyés par André Guérin, mobilisé. Lors de la guerre d'Algérie, l'ami Bidasse reparaîtra sous la plume de Jean Clémentin. | |
Contes du Canard enchaîné | Dès son premier numéro en 1915, le Canard enchaîné a publié des contes signés par des écrivains comme Jean Cocteau ou Tristan Bernard ou des journalistes comme Victor Snell. Ces contes semblent être aujourd'hui abandonnés par le Canard. | |
La Cour | Une chronique/critique du pouvoir gaullien due à la plume de Roger Fressoz et au crayon du dessinateur Roland Moisan. Cette rubrique fut inaugurée en 1960 et, après le départ de Charles de Gaulle en 1969, prit le nom de « La Régence ». Aujourd'hui disparue, « La Cour » reste une des chroniques les plus célèbres du Canard enchaîné. Dans le même ordre d'idées, du temps de sa présidence à l'Élysée, de Gaulle avait pour coutume de demander chaque mercredi à l'huissier qui lui apportait le Canard : « Que dit le volatile ? ». | |
Les insolents de la semaine | Cette rubrique, inaugurée dans le numéro du , s'inscrit dans le contexte particulier des mois qui suivent l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République (). Le Canard enchaîné décide alors de relever les critiques envers la politique menée par ce dernier, mais issues d'organes de presse dont la ligne éditoriale lui est très favorable. En réalité, ces « insolents » ne le sont guère, et cette antiphrase permet à l'hebdomadaire de stigmatiser une presse suspectée de complaisance ou, à tout le moins, de manque de distance critique. La rubrique a duré quelques mois puis a été supprimée (ou mise en sommeil). | |
(Journaux intimes fictifs) | Le Journal de Xavière T. | Alors que les époux Jean Tiberi et Xavière Tiberi défraient la chronique avec des affaires de faux électeurs et d'un rapport supposé fictif, Le Canard enchaîné a l'idée de publier les minutes d'un faux journal intime des réflexions de Xavière Tiberi sur ces affaires et sur son entourage politique. Fort de l'intérêt des lecteurs, Le Canard republiera par la suite l'ensemble sous la forme d'un petit livre en hors-série. |
Le Journal de Carla B. | Cette rubrique consacrée à l'épouse du président français Nicolas Sarkozy rapporte les paroles fictives et humoristiques de Carla Bruni-Sarkozy chaque jour de la semaine (du mercredi au mardi), l'humour provenant surtout du décalage d'un personnage insouciant et bobo auprès des membres du gouvernement. La rubrique fait son apparition peu avant le mariage du président avec l'ex-mannequin et durera, comme annoncé dès sa première parution, jusqu'à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy. Elle paraît à la une, ou à la fin de chaque numéro dans un cadre rose. Elle succède au Journal de Cécilia S., qui succédait lui-même au Journal de Xavière T.. Elle est écrite par le journaliste Frédéric Pagès[70]. Dans leur livre d'enquête Le Vrai Canard, les journalistes Karl Laske et Laurent Valdiguié ont affirmé que la chronique était notamment alimentée par Pierre Charon, un proche conseiller de Nicolas Sarkozy. L'allégation s'est attiré un vigoureux démenti de Michel Gaillard, directeur de la publication du Canard enchaîné[70]. La rubrique disparaît fin [n 5]. | |
Valérie T. si je mens | « Valérie T. si je mens » est une rubrique créée le (no 4782), reprenant le principe du Journal de Carla B, où c'est cette fois-ci une fausse Valérie Trierweiler, nouvelle stagiaire au Canard enchaîné, qui raconte son expérience. Il y a eu trois « variations » au cours de la publication : « Valérie T. comme Tweet » (le ), « La carte postale de Valérie T. » (le ), et « Le courrier de Ségolène R. » () où Ségolène Royal la remplace le temps d'un numéro. La rubrique dure assez peu longtemps et devient au fil du temps moins régulière. Elle disparaît après le no 4808 du . | |
Le journal de Penelope F. | Apparu début , ce faux billet de journal intime de Penelope Fillon raconte ses pseudos faits et remarques concernant la semaine écoulée. C'est l'occasion pour le Canard de brocarder l'épouse de François Fillon ainsi que les personnalités en rapport avec l'affaire des emplois présumés fictifs. | |
L'actualité métaphysique | Cette rubrique écrite par Frédéric Pagès, sous couvert de chronique philosophique, se moque des prétentions métaphysiques (concepts abscons, idées absurdes, etc.) de divers « penseurs » ou politiques. | |
Écrits et Chochottements | Brèves sur l'actualité du monde littéraire. Cette section est apparue dans le Canard en 1978. Son titre est un rapprochement drolatique de deux faits de cette année-là, apparemment sans apport entre eux : d'une part la sortie du film Cris et chuchotements de Bergman, d'autre part l'affirmation inattendue de certaines ambitions littéraires par le président de la République française d'alors, Valéry Giscard d'Estaing… dont par ailleurs tout le monde connaît la diction un peu particulière. La rubrique a disparu depuis 2010. | |
Les nouveaux beaufs | BD en une bande, de Cabu. Elle racontait les mœurs et les vicissitudes des beaufs nouvelle(s) génération(s) à partir d'un personnage central agissant dans le contexte de l'actualité. Cette BD occupait généralement le bas de la page 7. Sa parution cesse avec la mort de Cabu le , mais le bas de la page 7 est remplacé par des extraits de ses illustrations passées sous le nom de rubrique : « Cabu ça commence comme “Canard” ». | |
Cabu ça commence comme “Canard” | Rétrospective de dessins de Cabu parus dans le journal. Rubrique créée après l'assassinat de Cabu lors de l'attentat contre Charlie Hebdo. Cette rubrique était placée en bas de la page 7. | |
Les rubriques temporaires | Certaines rubriques, créées sous le coup d'un événement, ont une durée de vie parfois très brève : moins d'une dizaine de numéros du Canard. Par exemple, une rubrique sur la page une, créée début , s'intitule Sarthe à la crème et parle des réactions de diverses personnalités après les révélations du journal à propos du « Penelopegate ». | |
Coups de barre | Chronique judiciaire de Dominique Simonnot (à la page 5) qui quittera la rédaction en octobre 2020 à la suite de sa nomination en tant que contrôleuse générale des lieux de privation de liberté par le gouvernement Macron[71]. En bannissant toute emphase narrative et en citant abondamment les protagonistes des procès, la journaliste livre une relation abrupte voire crue du quotidien des tribunaux correctionnels. La journaliste relate assez souvent des audiences publiques de comparutions immédiates. En relayant les propos parfois vifs et sans nuances des uns et des autres (accusé, avocat commis d'office ou choisi, procureur de la République ou substitut…), elle parvient à faire toucher de près le quotidien d'une justice correctionnelle parfois qualifiée d'expéditive. À l'occasion, la journaliste relate aussi, de la même manière, un procès en assises ou dans un tribunal administratif. |
Création d'une version numérique
Le , le Canard enchaîné s'invite sur la toile et ouvre un compte Twitter d'abord pour éviter les usurpations d'identité du journal, comme cela s'est déjà passé[72]. Le journal déclare, dans son édition du de la même année[73], son intention de se servir de ce compte dans le but d'« annoncer, dès le mardi soir, quelques-uns des sujets abordés » dans l'édition de la semaine. La une du journal est diffusée la veille, directement sur le site.
En , le site web du Canard enchaîné publie son premier article, et diffuse les enregistrements pirates de Patrick Buisson lorsqu'il était conseiller de Nicolas Sarkozy, alors président de la République française, ce qui déclenche une polémique[74].
En 2017, le journal ne possède aucun compte sur Facebook. Il a demandé aux responsables du site de fermer les comptes frauduleux qui se font passer pour le compte officiel du Canard[75].[source secondaire nécessaire]
Le , durant la pandémie à coronavirus, le journal sort pour la première fois en version numérique (no 5185) après la mesure de confinement en France, afin d'assurer le relais des diffuseurs mis en difficulté pour l'abonnement papier et la livraison dans les magasins de presse. Il est téléchargeable, gratuitement pour les abonnés et au prix de 1 euro pour les autres lecteurs, depuis le site du Canard[76]. De ce numéro et jusqu'au no 5191 du 6 mai 2020 (soit 7 numéros consécutifs), la pagination du journal est réduite à 4 pages.
Après l'expérimentation de la diffusion numérique pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, le Canard enchaîné accélére sa transition numérique avec un nouveau site destiné à ses lecteurs abonnés ou ayant acheté le journal au numéro[77].
En décembre 2020, le journal annonce de nouvelles formules d'abonnement intégrant une possibilité d'accès numérique au journal le mardi soir, la veille de la sortie en kiosque de la version papier, ainsi que les archives des numéros vieux de 2 ans ou moins[78].
Nicolas Brimo, directeur de la publication de l’hebdomadaire satirique n’envisage pas de développer un site d’information, « En allant sur Internet, vous mangez surtout votre vente de papier ». Il ne comprend pas comment le modèle économique de la presse sur internet peut fonctionner. Pour lui, c'est le passage de 33 000 à 20 000 marchands de journaux sur 20 ans qui « a entraîné une baisse de 25 % de la vente au numéro de l’ensemble de la presse »[79].
En novembre 2022, le journal a sa propre page sur Instagram[80].[source secondaire nécessaire]
Le Canard enchaîné a pour sous-titre Journal satirique paraissant le mercredi[n 6] (parfois modifié, par exemple en Journal satirique paraissant exceptionnellement le mardi lorsque la publication est avancée d'un jour, si le mercredi est férié), et pour slogan « La liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas », allusion à l'inusable slogan de la pile Wonder : « La pile Wonder ne s'use que si l'on s'en sert »[81], qui résume assez bien la ligne éditoriale de l'hebdomadaire : dénoncer tous les scandales publics (politiques, économiques, judiciaires, etc.) survenant en France mais aussi dans les autres pays. Sa devise, inventée par H.-P. Gassier en 1915, est :
« Tu auras mes plumes, tu n'auras pas ma peau. »
Le Canard enchaîné n'accepte pas de publicité, cherchant à éviter l'influence des annonceurs sur le contenu de ses informations[n 7] dans ses colonnes. De plus, il ne cache pas l'état des finances du journal ainsi que leurs provenances, et publie son bilan financier dans le journal chaque année.
La stabilité du cadre rédactionnel du journal est l'une de ses caractéristiques.
L'hebdomadaire adhère à la charte de Munich[82], qui assure la protection des sources d'information des journalistes.
D'après la rédaction, les informations sont vérifiées et recoupées[83], et lorsqu'il se trompe, le journal reconnaît ses erreurs dans une rubrique intitulée « Pan sur le bec ! »
Du fait de ses investigations régulières touchant aux domaines politique et économique, le Canard est l'objet de nombreuses attaques en justice. Cependant, fort de ses dossiers solidement montés, vérifiés juridiquement, et de témoins, il perd rarement les procès qui lui sont intentés[n 8].
Né à gauche
Antimilitariste, on y voit communément une nette sensibilité de gauche. Certains voient en lui, dès ses origines, une gauche anarchiste, voire une droite anarchisante[84]. Il refusera aussi l'orientation attribuée de journal communiste[85]. Il met toujours en avant son indépendance et son esprit critique[n 9]. Il professe un anticléricalisme de bon aloi[n 10]. Il applaudit quand la gauche arrive au pouvoir (Cartel des gauches en 1924[n 11], Front populaire en 1936, Pierre Mendès France, François Mitterrand en 1981) mais avec méfiance et circonspection. Les partis de gauche se sont toujours méfiés de lui. Maurice Thorez, dans un comité central du PCF, fustige « l'esprit blagueur du Canard qui conduit à douter de tout » ; Guy Mollet à la SFIO le poursuit lui aussi de sa vindicte.
Ni plus à gauche, ni plus à droite
Ses partisans disent que, même s'il garde une sensibilité de gauche, il n'hésite pas à dénoncer toutes les dérives des politiques quel que soit leur bord politique. Farouchement attaché à son indépendance éditoriale et à son aspect critique, le journal refuse les annonceurs. Il reste l'un des derniers journaux d'investigation en France.
Le Canard est connu pour ses scoops et n'hésite pas, d'après ses partisans, à publier les scandales quelles que soient leur nature et l'orientation politique des personnes impliquées. Ses partisans disent qu'à ce titre, il est craint, lu et informé par l'ensemble de l'échiquier politique, et n'éprouve pas plus de compassion envers une défaite d'un parti de gauche ou de droite, qui plus est si c'est un extrême. André Escaro, dessinateur du Canard enchaîné, a déclaré à cet égard : « la tendance actuelle du Canard, c'est l'objectivité. Ni gauche, ni droite »[84].
Le journal a plusieurs fois révélé des affaires politiques et/ou financières, comme l'affaire Papon, l'affaire des diamants de Bokassa et l'affaire Fillon. Elles lui permettent de faire des ventes exceptionnelles, jusqu'à 1 million d'exemplaires pour l'affaire Maurice Papon en 1981[86].
Lors de l'affaire des plombiers en 1973, Le Canard enchaîné est publié à plus d'un million d'exemplaires[87].
Direction
- Jean-François Julliard, directeur de la publication et de la rédaction
- Érik Emptaz, rédacteur en chef
- Jean Michel Thenard rédacteur en chef
- Anciens directeurs
- Maurice Maréchal (cofondateur), de 1915 à 1940
- Jeanne Maréchal (cofondatrice), de 1944 à 1953
- Ernest Reynaud (alias R. Tréno), de 1953 à 1969
- Roger Fressoz (alias André Ribaud), de 1969 à 1992
- Michel Gaillard, de 1992 à 2017
- Nicolas Brimo de 2017 à 2023
- Anciens rédacteurs en chef (liste non exhaustive)
- Claude Angeli
- Jean Clémentin
- Louis-Marie Horeau
- Gabriel Macé
- Victor Snell
- Bernard Thomas
- Jean-François Julliard,
Entré au Canard enchaîné en 1971, Claude Angeli devient successivement chef des informations, rédacteur en chef adjoint et enfin, rédacteur en chef (en 1991[88]).
Il laisse sa place à Louis-Marie Horeau en , mais continue de participer à la rédaction du journal[89].
- Ancien secrétaire de rédaction
Rédacteurs
Il arrive que le Canard publie anonymement un article rédigé par un ou plusieurs journalistes ou une personne extérieure au journal. L'article paraît alors sous le nom de Jérôme Canard. S'il s'agit d'articles à sujet scientifique ou environnemental, ils sont attribués au professeur Canardeau[91],[92].
- Michel Gaillard
- Louis-Marie Horeau
- Érik Emptaz
- Hervé Liffran
- Frédéric Pagès
- Claude Angeli, spécialiste de la politique étrangère[n 12]
- Alain Dag'Naud, rédacteur des chroniques historiques et de la rubrique des mots croisés[93]
- Sorj Chalandon
- Jean-Michel Thénard, rédacteur en chef adjoint
- David Fontaine
- Igor Capel
- Isabelle Barré
- Jean-François Julliard
- Didier Hassoux
- Nicolas Brimo
- Alain Guédé
- Anne-Sophie Mercier, rédactrice de la rubrique « Prises de bec »[n 13]
- Christophe Nobili
- Jean-Luc Porquet
- Hervé Martin
- Jacques Vallet
- Paul Leclerc
- Odile Benyahia-Kouider
- Christophe Labbé
- Frédéric Haziza
- Clara Bamberger
- Marine Babonneau
- Jean-Louis Le Touzet
- Yann Voldoire
- Anciens rédacteurs
- Dominique Simonnot
- Bernard Thomas
- Nicolas Beau
- Jean Galtier-Boissière
- Lauriane Gaud
- André Guérin
- Luc Étienne
- Jean Abramovici
- Yvan Audouard
- Sylvie Caster
- Roland Bacri
- Pierre Bénard
- Henri Béraud
- Tristan Bernard
- Max de Bonnefous de Caminel
- Alexandre Breffort
- Rodolphe Bringer
- René Buzelin
- Pierre Combescot[n 14]
- Claude Roire
- Brigitte Rossigneux
- André Rollin
- Dominique Durand
- Jean-Paul Grousset
- Patrice Lestrohan
- Jean-Yves Viollier
- Pierre Péan
Dessinateurs
Plusieurs dessinateurs du Canard enchaîné, dont Wozniak, Cabu, Cardon, Kerleroux, exposent une partie de leur œuvre et de leur histoire sur le site « Scorbut »[94].
Les dessinateurs du Canard (en 2018)
Source : iconovox.com[95]
- Aurel (Aurélien Froment)
- Escaro (André Escaro)
- Lefred-Thouron (Frédéric Thouron)
- Delambre (Jean-Michel Delambre)
- Kerleroux (Jean-Marie Kerleroux)
- Wozniak (Jacek Woźniak)
- Ghertman (Alain Ghertman)
- Pancho (Francisco Graells)
- Mougey (Philippe Mougey)
- Brito (Carlos Alberto Brito Ferreira do Amaral)
- Kiro (Ferdinand Guiraud)[96]
- Potus (Pierre Potus)
- Diego Aranega[97]
- Bouzard (Guillaume Bouzard)[97]
- R. Dutreix (Romain Dutreix)
- Adelinaa (Adelina Kulmakhanova)
- Lara
- Large (Marc Large)
- Lefèvre
- Lindingre (Yan Lindingre)
- Urbs (Rodolphe Urbs)
- Vera Makina
- Soulcié (Thibaut Soulcié)
- Chappatte (Patrick Chappatte)
Anciens dessinateurs
- Cabu (Jean Cabut)
- Cardon (Jacques-Armand Cardon)
- César (César García)
- Jean Effel (François Lejeune)
- Grove (William Napoléon Grove)
- Toto Guérin (Raoul Guérin)
- Lap (Jacques Laplaine)
- Moisan (Roland Moisan)
- Pétillon (René Pétillon)
- Martin Veyron