Colonisation
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La colonisation, appelée aussi expansion coloniale ou expansion territoriale[1], est une expression utilisée dans différents contextes, mais est toujours associée à l'occupation d'un espace, une terre étrangère (couramment après une phase de conquête territoriale), sa mise en culture pour en exploiter les richesses naturelles et humaines, et à l'installation de colons[2]. La colonisation a revêtu des formes très différentes selon le colonisateur et le colonisé.
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Le terme de « colonisation » vient du verbe latin « colere », qui signifie le fait de « cultiver une terre, habiter un lieu, et honorer ses dieux », et a donné les noms « colonus » : « paysan », en particulier « métayer ou serf attaché au sol », et « incola » : « habitant ». De même, le terme de « colonie » (colonia) fait référence soit à une « terre cultivée, une ferme, soit un territoire donné à cultiver à des soldats en échange de leurs services ou à des citoyens sans terre », et est aussi utilisé pour qualifier la « ville nouvelle qui sert de centre civique et commercial à ce territoire, et le groupe des hommes qui s'en vont peupler le nouvel établissement. »[3]
La colonisation se caractérise ainsi par des flux migratoires se déroulant sous la forme d'une migration et d'un peuplement plus ou moins rapide d'un territoire. Lorsqu'elle est menée par un État, la colonisation peut avoir pour but l'exploitation d'avantages réels ou supposés (matière première, main-d'œuvre, position stratégique, espace vital, etc.) d'un territoire au profit de sa métropole, notamment à travers la taxation des colons ou l'implantation de sociétés exploitant les ressources naturelles ou humaines déjà présentes. Dans ses formes les plus extrêmes, la colonisation peut être précédée d'une invasion brutale et s'accompagner d'une marginalisation, d'une réduction, de massacres ou d'un génocide des populations autochtones.
En pratique, les processus de colonisation ont pu être de caractère économique, politique, militaire ou culturel, ou se manifester d'autres manières, que ce soit pacifiquement ou par la violence. Des situations coloniales dans des époques différentes et des lieux distincts ont quelquefois des points communs remarquables ; ainsi « on a parfois comparé – non sans raison – le système colonial britannique à celui de Carthage et le système colonial français à celui de Rome »[4].
Le processus de colonisation se différencie :
- d’une simple occupation militaire d’un territoire, car elle revendique plus ou moins ouvertement des intérêts ou des projets de nature économique, politique, idéologique ou religieuse ;
- d'une annexion pure et simple car, si la colonisation se caractérise par l'envoi massif (colonie de peuplement) ou non (comptoir, protectorat…) de colons issus du pays colonisateur afin de gérer la colonie, il en résulte l'instauration d'une différenciation entre le citoyen et le colonisé (différence de traitement, de droits ou de statut juridique octroyé au colonisé, en défaveur de ce dernier) ;
- de l'immigration ordinaire, laquelle ne découle pas systématiquement d'un processus politique, qu'elle s'accompagne ou non de zones où l'autochtone n'est plus admis ;
- de la logique de domination (du latin « dominus »)[3], qui relève de l'impérialisme, c'est-à-dire la volonté politique d'exercer — au nom de ses intérêts propres — une domination politique sur un territoire étranger et d'en assujettir ses habitants.
Les arguments avancés par les colonisateurs pour motiver la colonisation sont souvent le « développement de la civilisation » ou la « mission civilisatrice ». Ceci conduit à la création d'infrastructures, qui restent en place après la fin de la colonisation, l'exploitation d'un espace géographique, la mise sous tutelle et suivant le cas la domination économique, politique, culturelle, voire religieuse.
L'époque romaine a conduit à l'établissement de colonies en Europe, dont certaines sont devenues de grandes villes comme Cologne ou Marseille. Par la suite de nombreux territoires ont été colonisés sur de nombreux continents jusqu'à ce que des processus d'indépendance, de décolonisation ou d'assimilation y mette fin. Il faut distinguer les colonies des protectorats, par exemple attribués par la SDN le temps de conduire une colonie d'un pays vaincu (Cameroun, colonie allemande, Syrie et Liban, colonies ottomanes) à l'autonomie.
La colonisation pose la question des relations entre les colonisateurs et les colonisés, et l'évolution des valeurs morales qui conduit aujourd'hui à avoir un regard critique sur ces faits passés, notamment dans des œuvres culturelles:
- la Controverse de Valladolid (1550-1551) donne un aperçu de la bonne conscience des colonisateurs espagnols persuadés de l'infériorité de la culture des peuplades américaines. Le dominicain Bartolomé de Las Casas aura fort à faire pour convaincre ceux qui justifient l'emploi de la force « qu'il ne saurait y avoir d'esclaves par nature, ni de gens sans liberté et pouvoirs, ni de peuples sans souveraineté »[5]. Sa vision aura pourtant gain de cause.
- le film La Victoire en chantant[6] (Oscar du meilleur film étranger 1977) retraduit l'absurdité de la transposition du conflit européen de 1914-18 dans une colonie africaine française.
Le colonialisme en tant que doctrine ou idéologie défend le processus de colonisation, en s'efforçant de légitimer des éléments qui ne vont pas de soi : occupation de territoires voire d'un État, domination politique, exploitation économique des colons par leur État d'origine[7] ou des intérêts étrangers. Il crée les conditions favorables à des politiques expansionnistes d'occupation, avec l’établissement d’une ou plusieurs colonies et la mise sous influence étrangère d'autres territoires qui seront contraints d'accepter des liens de dépendance[8].
Depuis le XIXe siècle, le terme de « colonisation » est utilisé en biogéographie pour décrire la propagation de tout être vivant dans de nouveaux habitats, y compris les animaux, les plantes, et les micro-organismes.
Toujours, les peuples ont été amenés à envoyer (ou laisser partir) des fractions notables de leur groupe s'établir loin de leur patrie, sans pour autant rompre totalement les liens originels ni se fondre dans une autre civilisation (la problématique étant alors celle de l'immigration). Les motifs peuvent être :
- conflit interne (motifs politiques et juridiques) : un groupe est banni, ou préfère fuir sa patrie, à la suite d'un conflit civil ou un crime (exemple : fondation de Carthage par Didon et ses partisans ; dans une certaine mesure, colonisation de l’Amérique du Nord par des ressortissants britanniques et colonisation française en Algérie) ;
- contrôle d'un emplacement stratégique sur le plan militaire et économique (exemples : colonisation romaine, colonisation portugaise) ;
- problème économique voire alimentaire, lorsque la contrée ne nourrit plus la population (à cause de la croissance démographique ou inversement d'une réduction de la production).
De plus, ces motifs peuvent se combiner.
Antiquité méditerranéenne
La colonisation sabéenne
L'une des plus anciennes colonisation de l'histoire de l'humanité s'est produite durant le Ier millénaire av. J.-C[9], les Sabéens du sud de l'Arabie, avec une civilisation basée sur l'agriculture, ont commencé à coloniser les hautes terres du nord de l'Éthiopie et l'Érythrée[10],[11],[12]. Les peuples indigènes avec lesquels les Arabes du sud sont entrés en contact étaient les ancêtres des Agew contemporains. La fusion de la culture sud-arabéene et de la culture Agew a donné naissance à une troisième culture aujourd'hui connue sous le nom du peuple Habesha[13]. L'occupation Sabéenne a permis à l'Ethiopie de développer plusieurs civilisations comme D'mt mais encore le Royaume d'Aksoum et a laissé une marque très importante dans l'histoire et la culture Ethiopienne, une équipe d'archéologues allemands a aussi récemment conclu que toutes les caractéristiques fondamentales de la société axoumite dérivent des populations antérieures du Proche-Orient et/ou de l’Arabie du Sud[14].
La colonisation grecque
Des peuples de navigateurs comme les Grecs, pratiquent une forme de colonisation souvent motivée par des dissensions internes ou le risque de famine (stenochoria : étroitesse des terres) autant que par le désir de créer un relais commercial ou un empire (Voir colonisations grecques). Certains groupes, qui ont pu s'intégrer à des cités préexistantes, n'ont pas laissé de traces ; en revanche, de nouvelles cités importantes ont ainsi été fondées : Tarente, Marseille, Syracuse, etc. ; ces colonies prospères ont pu à leur tour fonder de nouvelles colonies[réf. nécessaire]. Quand il ne s'agit pas non plus de situation fortuite où après avoir échoué dans leur navigation parfois hésitante, les navigateurs se trouvent contraints en ayant perdu leur véhicule à s'installer ; du moins, c'est ce que la trame narrative des Nauprestides nous rappelle dans les différents mythes gréco-romains.
La colonisation phénicienne
Les Phéniciens fondent Carthage et d'autres comptoirs sur le pourtour de la Méditerranée et sur ses îles. Hannon le Navigateur explora la côte occidentale de l'Afrique vers le VIe siècle av. J.-C.
D'après l'abbé Brasseur de Bourbourg, Carthage aurait envoyé des colons de l'autre côté de l'océan Atlantique : aucune découverte archéologique n'est venue étayer cette théorie.
La colonisation romaine
La Rome antique pratique également la colonisation, mais avec une méthode significativement différente : de nombreuses villes européennes (telle Cologne) ont pris leur essor à partir d'un camp militaire érigé en « colonie romaine », après l'établissement définitif des légionnaires dans la ville. Ces derniers conservaient toutefois leur statut de « Romains ». Ces villes n'ont jamais acquis le même type d'indépendance politique à l'égard de Rome que les colonies grecques ou phéniciennes : la façon dont Rome gérait les statuts des personnes et en particulier la citoyenneté romaine qui présentait tant d'avantages, la présence militaire romaine, et les flux économiques, n'incitaient pas à l'indépendance[réf. nécessaire].
L'Empire romain étendit progressivement la citoyenneté romaine à certaines de ses provinces, jusqu'à ce que l'édit de Caracalla ait attribué, en 212, cette citoyenneté à tous les hommes et femmes libres de l'Empire. Ce processus d'assimilation a permis à un Carthaginois de Syrta Magna, Septime Sévère, de devenir empereur à Rome (Voir colonie romaine pour la Rome antique).
Époque médiévale
La colonisation arabo-musulmane
- la colonisation de la péninsule Ibérique
- la colonisation de la Sicile
La colonisation ottomane (turque)
Les colonies viking
Vers le Nord, les Vikings établissent des colonies en Islande, au Groenland, avec des poussées jusqu'en Amérique (voir par exemple le Vinland).
Vers le Sud et l'Est, la colonisation des Vikings venus de Scandinavie se développe à des échelles et niveaux variables partout en Europe : en Angleterre, en Normandie, et jusqu'en Sicile, puis en Terre sainte, pendant les Croisades. Pourtant ils n'établissent pas à proprement parler de système colonial, puisque les nouvelles colonies ne rendent pas de comptes à une cité, un royaume ou une nation-mère. Autour de l'an 800, ils se mettent à commercer et à piller, leurs principales cibles étant les églises, que ce soit en Gaule ou dans la future Russie. Ils s'enfoncent avec leurs bateaux profondément à l'intérieur des terres par les grands fleuves et sèment la terreur dans les pays chrétiens[réf. nécessaire], au point que l'Église institue une prière spéciale. Ils font plusieurs fois le siège de Paris, dont les populations s'étaient repliées dans l'Île de la Cité. Leurs expéditions sont périodiques. Entre celles-ci ils s'adonnent en famille à l'agriculture dans leurs pays de départ. Puis ils commencent à établir différents comptoirs commerciaux sur les lieux de leurs « commerces », tel Novgorod au nord du lac Ilmen dans la future Russie, ou sur l'île de Man entre l'Angleterre et l'Irlande[réf. nécessaire].
- La colonie viking de Normandie
Enfin l'un de leurs chefs, Rollon, obtient la cession en duché d'un territoire en bordure de la Manche incluant l'embouchure de la Seine, en s'engageant d'une part à reconnaître le roi de France pour suzerain, et d'autre part à bloquer, de là, d’éventuelles incursions d'autres Vikings vers le cœur de la Gaule. Il y installe ses hommes et ses alliés, et ce territoire qui prend dès lors le nom de Normandie, ou pays des hommes du Nord, devient rapidement l'un des mieux organisés du royaume carolingien[réf. nécessaire]. Les immigrants normands y adoptent le parler des Francs, la police y est particulièrement stricte, et la coupure entre cultivateurs et chevaliers, y fut beaucoup moins stricte, car les guerriers scandinaves ne trouvent pas malséant à la différence de leurs homologues gaulois, de s'adonner eux-mêmes à la culture, entre deux expéditions. L'adoption rapide du christianisme par les Vikings fut un des facteurs facilitant l'intégration.
- La colonie de l'Islande
L'Islande est l'un des rares cas de colonisation qui, dans la période historique, s'est effectuée sur une terre sans peuplement initial, comme en témoignent les nombreuses sagas islandaises, véritable récit de la conquête et du partage de cette nouvelle terre islandaise.
Si la situation fut semblable lors de leur installation au Groenland, alors quasiment inhabité, il en fut tout autrement en Amérique du Nord (Vinland)[réf. nécessaire] où les conquérants vikings furent confrontés à la présence des indiens. Néanmoins, l'échec de la colonisation fut principalement dû aux difficiles conditions d'établissement dans ces régions aux conditions climatiques extrêmes. D'après Jared Diamond, l'erreur principale des colons a été de déboiser[15]. L'Islande, jadis couverte à son quart de forêts, mais déboisées presque entièrement pour des besoins divers est un exemple frappant de l'exploitation forestière des colons scandinaves.
- La colonie viking de Russie
La future Russie à l'époque des invasions nordiques est un pays de paysans slaves parfois dominés par des peuples semi-nomades tels les Khazars, venu des steppes de Sibérie avec les Huns, et installés au nord du Caucase et de la mer Noire, entre l'Europe centrale et l'Oural. Conformément au processus classique de domination, ils protègent les peuples qui leur étaient soumis, exigeant en contrepartie le versement périodique d'un tribut. Leur protection s'exerce contre les Varègues, nom donné aux Vikings exerçant dans cette région, qui portaient aussi le nom de « Russ », et au sud contre les Arabes qui tentaient de contourner la Caspienne, pour prendre Byzance à revers.
Les "Russ" étaient déjà bien présents dans la région quand l'un d'eux, Rurik, s'empara de Novgorod puis de Kiev[réf. nécessaire], jusqu'alors tributaire des Khazars, et y établit la Principauté de Kiev, puissance dominante en Russie d'Europe jusqu'aux invasions mongoles au XIIe siècle.
Les colonies issues des royaumes européens
- Les croisades
Elles peuvent aujourd'hui être réinterprétées en termes de colonisation. Cependant, la Terre sainte des juifs, chrétiens et musulmans était sous contrôle de ces derniers. De plus, la croisade avait été prêchée en Occident à la suite de la prise de Nicée par les Turcs. Les croisades apparaissaient donc aux chrétiens d'Occident comme des guerres défensives et de libération, même si les Croisés de Pierre l'Ermite et de Richard Cœur de Lion ont pu souvent disqualifier leurs entreprises en se comportant avec cruauté, non seulement à l'égard des Turcs, mais également des Arabes musulmans, ainsi que de Juifs désarmés qui furent massacrés, en Allemagne comme à Jérusalem.
- Les Canaries
En 1402, la colonisation des Canaries pour le compte des Castillans commence avec Jean de Béthencourt. Ensuite, les Castillans et les Portugais se disputent les Canaries qui seront finalement attribuées à l'Espagne en 1479.
- Les Açores
Les Açores commencent à être colonisées pour le compte des Portugais par des familles flamandes dès le milieu du XVe siècle.
- La poussée allemande vers l'Est
Le Drang nach Osten était un mouvement colonial germanique qui se traduit par un mouvement de colons allemands chrétiens vers des terres slaves et souvent païennes. Les chevaliers de l'Ordre Teutonique, créé lors des Croisades, un état teutonique dans les Pays baltes, évangélisant ces régions païennes avec une extrême brutalité. Ces moines-soldats ont permis l'installation de colons allemands dans ce qui deviendra plus tard la Prusse. Un peuplement germanique s'est répandu plus pacifiquement dans plusieurs régions de l'Europe centrale, avec l'installation sporadique de paysans, de marchands et d'artisans jusqu'au XVIIIe siècle, notamment dans le cadre de l'Empire autrichien.
La colonisation chinoise
La conquête du Yunnan
Après la conquête du royaume de Dian par les Mongols, les dynasties chinoises de culture Han se lancent à leur tour à la conquête de la région du Yunnan constituée essentiellement de populations Bai et Yi.
La flotte de Zheng He
Au XVe siècle, l'Empereur Yongle, le troisième de la dynastie Ming désire étendre les limites de l'empire. L'amiral eunuque Zheng He est chargé de conduire une flotte de 70 vaisseaux et d'environ 30 000 hommes vers les mers du sud, afin d'entreprendre de nouvelles relations commerciales avec des royaumes lointains. La puissance de la flotte avait sans aucun doute pour but d'impressionner ces lointains royaumes en vue d'un expansionnisme commercial. Mais le nouvel empereur Hongxi ne soutint pas ces expéditions et l'expérience tourna court.
L’Époque contemporaine
- Empires coloniaux occidentaux en 1492.
- Empires coloniaux occidentaux en 1660.
- Empires coloniaux occidentaux en 1754.
- Empires coloniaux occidentaux en 1800.
- Empires coloniaux occidentaux en 1822.
- Empires coloniaux occidentaux en 1885.
- Empires coloniaux occidentaux en 1914.
- Empires coloniaux occidentaux en 1938.
- Empires coloniaux occidentaux en 1945.
- Empires coloniaux occidentaux en 1959.
- Empires coloniaux occidentaux en 1974.
À la suite du processus de décolonisation, à l'établissement d'un droit international à l'autodétermination des peuples et au phénomène de globalisation, les processus de colonisations qui ont été forcés de revêtir de nouvelles formes idéologiques sont souvent rassemblés sous la dénomination de néocolonialisme. Certains pays ou peuples ont été obligés d'accepter des coopérations ou d'entrer dans des organismes économiques ou politiques qui réduisent leur autonomie et leur autodétermination au profit de quelques anciennes puissances coloniales ou de nouvelles puissances économiques.
Cette forme de néocolonialisme se manifeste aussi plus récemment par le processus de « Land grabbing » par des sociétés privées étrangères[16].
En Amérique
La colonisation a subi un examen critique au cours des XIXe et XXe siècles, notamment à partir de la phase de décolonisation mondiale.
Depuis l'époque de Christophe Colomb, dans la bouche et l'esprit des colonisateurs européens, la colonisation s'est prévalue d'une volonté d'extension humaniste, d'abord du christianisme, puis d'une volonté civilisatrice. Cette conception, tout en se réclamant initialement de généreux sentiments dans un contexte où les "races inférieures" n'étaient pas considérées, a méconnu la culture des colonisés - en partant de la suprématie de la civilisation occidentale - et ce que l'on appelle postérieurement les droits de l'homme dans ces pays : voir l'article fardeau de l'Homme blanc (de Rudyard Kipling).
Dans sa lettre annonçant la découverte de l'Amérique écrite le , Christophe Colomb évoquait déjà la question de l'évangélisation des Indios par la reine d'Espagne. Plus tard, dans les lois de Burgos de 1512, la couronne de Castille décrète, dans l'article 17, que les Indios d'Amérique doivent être dominés dans le système de l'encomienda afin d'être évangélisés.
Les motivations idéologiques ou religieuses
Des idéologies ou corpus de croyances divers ont participé à l'émergence du colonialisme ou ont été utilisés pour le justifier.
- Les religions monothéistes : christianisme, islam, judaïsme, par leurs aspects prosélytes, ont voulu faire connaître le vrai Dieu à ceux qui ne pratiquaient pas le "bon culte".
- L'humanisme a pu prétendre vouloir partager des avancées avec les pays colonisés, le racisme a été utilisé pour dans certains cas prétendre à la supériorité d'un groupe sur l'autre.
Des notions de colonisation émancipatrice et de racisme philanthropique servent à justifier la colonisation[17] où les colonisateurs se présentent comme les porteurs d'une philosophie[18].
L'étude visant à la déconstruction de l'orientalisme, effectuée dans le cadre des Études post-coloniales, notamment au travers de l'œuvre d'Edward W. Saïd, a émis l'hypothèse selon laquelle l'Occident s'était conçu culturellement un point de vue dominant sur un Orient plus conceptuel que réel, qu'il avait lui-même forgé. Ces idées appliquées au réel rencontré dans les colonies a justifié l'établissement des fonctionnaires de l'administration coloniale sur les indigènes assujettis. La théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington approfondit cette distinction entre les « civilisations » de l'Occident chrétien, du monde islamique et de l'Extrême-Orient, mais ne considère plus que l'Occident doit tenter d'imposer ses valeurs, ses institutions et sa culture aux autres civilisations.
Certains auteurs remarquent que ces idées humanistes ont été sélectivement appliquées. C'est le cas par exemple de la laïcité pour les colonies françaises où, dès 1905, le culte est séparé de l'État en métropole : aucune colonie française ne bénéficia de la législation laïque métropolitaine[19].
Autres philosophies
Un discours novateur de Georges Clemenceau, le , résume et critique les aspects racistes et humanistes de la colonisation. Il est le témoin de l’émergence d'une opposition surtout humaniste et de gauche alors qu'« Être impérial et colonial dans les années 1930, c’est être un bon Français » et que les conservateurs initialement opposés louent l'apport économique des colonies. Ce discours est en rupture avec les idées de son temps, alors que le , Jules Ferry défendait cette colonisation[20] :
« […] on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit. Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! […]
C'est le génie de la race française que d'avoir généralisé la théorie du droit et de la justice, d'avoir compris que le problème de la civilisation était d'éliminer la violence des rapports des hommes entre eux dans une même société et de tendre à éliminer la violence, pour un avenir que nous ne connaissons pas, des rapports des nations entre elles. […] Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! […] Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l'Homme !
Je ne comprends pas que nous n'ayons pas été unanimes ici à nous lever d'un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu'à mesure que nous nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit. Mais n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n'est pas le droit, c'en est la négation. »
Le point de vue de Clemenceau à cette époque lui est propre, bien que Victor Hugo ait exprimé un souci voisin, mentionnant que comme le tutorat d'un mineur, la colonisation ne saurait se considérer que temporaire[21]. Il pose la nécessité des européens de reprendre « ce bloc de sable et de cendres » en 1879[22].
Le débat sur la supériorité de la civilisation des Lumières ou sur les droits de l'homme, n'auront lieu que plus tard, après la Grande Guerre principalement. En 1885, la génétique n'existe pas encore, la statistique est embryonnaire, et la notion de race est l'objet de conjectures (Gobineau). Les lettrés constatent que les populations européennes ont atteint un degré de développement encore inconnu des autres.
Clemenceau, perspicace, comprend que ces théories servent de prétexte à justifier une politique propice au pillage qui va donc rapidement se montrer contraire aux Droits de l'Homme. Isolé à cet égard au sein de la gauche républicaine, il rejette le processus de colonisation, mais pour une raison bien différente du « Nous d'abord » caractérisant les positions de Thiers et d'une partie de la droite (Louis Calla, Edgar Raoul-Duval), et des motifs de morale chrétienne des monarchistes (Louis Adhémar de Guilloutet), encore nombreux à cette époque, qui reprochent à la République de ne pas protéger les missionnaires (reproche aussi évoqué par le député d'Extrême-Gauche Émile Vernhes), alors qu'elle envisage une politique coloniale, mais aussi de prendre le risque d'une guerre (Paul de Cassagnac, Baudry d'Asson)
Peu d'hommes politiques de l'époque, quel que soit leur bord, remettent en question l'idée de supériorité européenne (l'Amérique n'en étant vue que comme une excroissance). La Droite, illustrée par Thiers, réclame que l'on réserve l'argent épargné par les Français à des travaux de développement de la France. La Gauche se préoccupe davantage de questions humaines comme la médecine, la vaccination, l'hygiène, l'éducation, la lutte contre les féodalités en place et les superstitions, mais critique elle aussi Ferry sur les points économiques.
Les grands intellectuels de l'époque étaient favorables à la colonisation, qui permettait selon eux de faire avancer les peuples dits « en retard ». Victor Hugo défend la politique de Ferry au nom des Droits de l'Homme ; cela n'a rien d'un paradoxe si l'on suppose que le Blanc est « plus en avance » : il a alors un devoir de civiliser, d'apporter l'évolution aux peuples moins développés, comme jadis les Romains aux Gaulois, exemple cher à Ferry). Hugo insiste sur le fait que la colonisation ne doit être que temporaire, et que la France doit savoir s'effacer ensuite, comme un tuteur qui a rempli son rôle.
Les lettres des colons de Cochinchine font par exemple régulièrement état d'une très grande brutalité des familles autochtones envers leurs domestiques mais il est difficile de savoir quelle était la part de vérité et la part d'idéalisation de l'intervention française dans ces récits.
La première motivation a donc surtout été idéologique. Cependant, l'influence économique n'est pas à négliger et prendra un rôle croissant dans la politique colonialiste :
Les motivations économiques
L'expansion coloniale a en premier lieu été motivée par la recherche de matières premières dans les territoires colonisés, étant donné que la route des Indes en Asie ouverte par Marco Polo au XIIIe siècle est dorénavant fermée. Ainsi, l'Égypte sous domination romaine est « le grenier de Rome », l'Espagne importe l'or et les métaux précieux d'Amérique latine pour financer ses guerres en Europe. De plus, avec le développement des navires à vapeur, ces relais permettent le rechargement en charbon, et font des escales nécessaire au développement maritime.
Les puissances coloniales étaient parfois motivées par la recherche de débouchés pour leurs produits manufacturés. L'Angleterre du XIXe siècle et du début du XXe siècle exporte ses produits de l’industrie textile en Inde après y avoir détruit les structures de production locale en même temps qu'établi un système administratif, nécessaire au pillage des ressources locales au profit de la métropole. Ce système théorisé est nommé Mercantilisme. Il permet l'apport de ressources tout en empêchant la mise en place d'une réelle autonomie économique qui conduirait à l'indépendance inévitable des colonies.
Ces résultats économiques ambigus ont cependant été le sujet de nombreuses controverses surtout au sujet de l'Afrique : apport de main d'œuvre, de ressources certes mais poids financier de l'administration.
Les motivations géopolitiques
La partie économique de la harangue de Jules Ferry présente le caractère économique — véritable source du débat — qui occupe l'extrême majorité des propos de Ferry, le :
« La concurrence, la loi de l'offre et de la demande, la liberté des échanges, l'influence des spéculations, tout cela rayonne dans un cercle qui s'étend jusqu'aux extrémités du monde. C'est là un problème extrêmement grave. Il est si grave […] que les gens les moins avisés sont condamnés à déjà prévoir l'époque où ce grand marché de l'Amérique du Sud nous sera disputé et peut-être enlevé par les produits de l'Amérique du Nord. Il faut chercher des débouchés… »
« Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique d'expansion coloniale, celle qui nous a fait aller, sous l'Empire, à Saigon, en Cochinchine, celle qui nous a conduit en Tunisie, celle qui nous a amenés à Madagascar, je dis que cette politique d'expansion coloniale s'est inspirée d'une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à savoir qu'une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d'abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. […] Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, […] c'est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c'est descendre du premier rang au troisième et au quatrième… »
Les origines sont parfois dues à des rivalités étatiques. Après le Traité de Paris, se manifeste par exemple un désir de reconstruire une influence maritime face à la Grande-Bretagne, tout comme face à Charles Quint antérieurement.
La colonisation a pu structurellement revêtir différentes formes suivant le contexte colonial.
Les différentes formes de colonisation
La colonisation emprunte plusieurs formes dont un économiste français colonialiste, Paul Leroy-Beaulieu, rend compte dans son ouvrage De la colonisation chez les peuples modernes publié en 1874 et dans lequel il distingue les formes et les mobiles de la création des colonies. Plusieurs auteurs, partant de l'ouvrage que Paul Leroy-Beaulieu, ont essayé de classer les types de colonies. Selon l'historien Jean Bruhat, « les essais de classification sont intéressants mais artificiels. Ils ne rendent pas compte de la diversité des situations et de l'évolution du phénomène colonial. Plutôt que des types de colonies, l'histoire nous conduit à distinguer des types de colonisation, dont chacun correspond à une étape de l'histoire de la colonisation étant bien entendu qu'à chaque étape il est possible de retrouver, avec des variantes, les distinctions classiques entre les différents types de colonies[23] ».
La colonisation de position
La colonisation de position consiste :
- soit à ouvrir des comptoirs commerciaux, destinés à l'échange, à la vente des produits métropolitains ou (et) à l'achat des productions locales (comptoirs phéniciens de Tyr autour de la Méditerranée, comme Icosium, ou, ultérieurement, Alger). Les comptoirs sont des établissements, le plus souvent côtiers, établis à des fins commerciales, afin de procurer un relais aux commerçants de la métropole, et un point d'échanges avec l'arrière-pays. Leurs établissements peut se faire à titre privé et précéder les initiatives coloniales d'un État, mais ils peuvent aussi être l'initiative d'un État via des Compagnies commerciales à Charte (Compagnie des Indes occidentales, Compagnies des Indes orientales, créées par les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas), le Portugal, la Grande-Bretagne et la France). L'un des moyens utilisés par les colons pour contrôler à leur avantage la relation commerciale est la fourniture d'une drogue pour créer une dépendance chez les populations locales : « Dès les premiers contacts des Européens avec la côte africaine, l'alcool a une place de choix parmi les marchandises de traite »[24]. Dans l'antiquité, le vin joua aussi un rôle semblable dans la colonie de la Marseille antique par laquelle les Grecs commerçaient avec les Gaulois qui exploitaient des gisements de fer dans les régions continentales[25].
- soit en l'ouverture de bases navales ou militaires servant d'escales pour des colonisations plus lointaines (Aden, Djibouti), ou au contrôle du trafic maritime international (Gibraltar, Malte, Singapour).
La colonisation de peuplement
La colonie de peuplement vise à établir, si le climat du pays colonisé le permet, une population originaire de la métropole sur un territoire dont elle n'est pas issue. Celle-ci fait souche sur place. Ce type de colonisation dépend ou non de la métropole, et c'est l'importance de la population qui la rend éventuellement autonome. Ainsi, certaines colonisations phéniciennes ou grecques furent entreprises pour répondre à un surcroît de population de la métropole, comme Carthage ou Syracuse ; les colonies britanniques du Nouveau Monde, d'Australie et de Nouvelle-Zélande, ou françaises de Nouvelle-France et d'Algérie[26], étaient des territoires peu peuplés d'indigènes qui connurent un apport significatif de colons exogènes. Cette colonisation peut être subie par les colons (prisonniers de droit commun (convicts), envoyés en Australie ou en Nouvelle-Zélande ; prisonniers déportés après la Commune de Paris) ou répondre à un choix migratoire (Pieds-noirs en Algérie).
La colonisation d’exploitation et de plantation
La colonisation d'exploitation implique la conquête militaire d'un territoire en vue d'en exploiter les richesses naturelles, dans l'intérêt de la métropole. Dans ce type de colonisation, les colonisateurs fournissent les cadres — qui n'y font généralement pas souche — et les indigènes y sont les exécutants (colonies espagnoles d'Amérique centrale et du Sud, ou françaises d'Afrique noire et d'Indochine). Ce type de colonisation qui fournit aux métropoles en produits exotiques d'origine agricole ou des produits miniers, peut introduire certaines techniques d'industrialisation[27], et également l'établissement d'une architecture propre dans les villes coloniales.
La colonie mixte est une colonie d'exploitation dans laquelle la partie métropolitaine de la population fait souche (Rhodésie).
La colonisation de plantation est une colonie dans laquelle la population métropolitaine, chargée de l'encadrement, fait souche, mais où les exécutants sont principalement des esclaves (Antilles, Brésil, certaines colonies anglaises/britanniques d'Amérique du Nord).
Beaucoup de colonies relèvent simultanément de deux ou plus des catégories ci-dessus. La plupart des types de colonies ci-dessus ont été au moins partiellement militaires (en dehors des colonies de position qui se sont limitées à une finalité purement commerciale). Le facteur militaire a pratiquement toujours joué dans l'expansion coloniale, soit dans la phase d'installation, soit ultérieurement, pour la protection ou le maintien de l'ordre : certaines colonies ont même eu une finalité essentiellement militaire, lorsqu'elles ont visé au contrôle d'un territoire, d'un lieu de passage stratégique, d'une population ennemie ; elles ont alors souvent comporté une population suffisante pour épauler ou constituer elle-même une garnison (voir colonie romaine pour la Rome antique). Elles ont également pu être un relais, un point d'appui en territoire ennemi pour des opérations militaires.
La colonisation selon les méthodes d'administration
Les juristes ont distingué deux grandes catégories de colonisation selon les méthodes d'administration : les colonies incorporées qui font appel à une administration émanant de la métropole dont l'autorité s'y exerce directement ; les colonies protégées où la métropole exerce une autorité indirecte par le relais d'un pouvoir local placé sous tutelle (protectorats, territoires sous mandat)[28].
Cas particuliers
Dépendances et territoires à souveraineté spéciale
Pour l'ONU, il reste actuellement (décembre 2013) 17 territoires non autonomes[29] au sujet desquels le Comité spécial de la décolonisation[30] rédige régulièrement des rapports[31]. Ce sont : Anguilla, les Bermudes, les îles Caïmans, Gibraltar, Guam, les îles Falkland (Malouines), Montserrat, la Nouvelle-Calédonie, les îles Pitcairn, la Polynésie française, l'île Sainte-Hélène, le Sahara occidental, les Samoa américaines, les Tokelau, les Îles Turks-et-Caïcos, les îles Vierges américaines et les îles Vierges britanniques.
Territoire sous juridiction australienne : Îles Ashmore et Cartier, Île Christmas, Îles Cocos (Keeling), Îles Heard-et-MacDonald, Îles de la mer de Corail, Île Norfolk
Territoire sous juridiction danoise : Îles Féroé, Groenland
Territoire sous juridiction des États-Unis : Guam, îles Vierges américaines, île des Mariannes du Nord, Porto Rico (ou Puerto), Samoa américaines, Île Baker, Île Howland, Île Jarvis, Atoll Johnston, Récif Kingman, Îles Midway, Atoll Palmyra, Atoll de Wake, Île de la Navasse, Mer des Caraïbes.
Territoire sous juridiction française : Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna, Polynésie française, Nouvelle-Calédonie (pays constitutif de la République française), Terres australes et antarctiques françaises, Île de Clipperton (propriété de l'État).
Types de dépendance
L’État client est économiquement, politiquement ou militairement subordonné. Les types d’États clients comprennent : l’État associé, l’État fantoche, la néo-colonie, le protectorat, l’État satellite, l’État vassal et l’État tributaire.
Le protectorat quant à lui est un régime juridique constituant l'une des formes de sujétion coloniale.
Il diffère de la colonisation pure et simple en ce que les institutions existantes, y compris la nationalité, sont maintenues sur un plan formel, la puissance protectrice assumant la gestion de la diplomatie, du commerce extérieur et éventuellement de l'armée de l'État protégé.
Le terme de « protectorat » peut être employé de manière polémique, pour désigner soit des dépendances et territoires à souveraineté limitée, soit des régimes politiques considérés comme étant sous l'influence étroite d'États plus puissants : on parle dans ce cas de « gouvernements fantoches ».
« Colonie israélienne »
Les localités israéliennes établies en Cisjordanie et dans la bande de Gaza sont dénommées « Israeli settlement » ou « Jewish settlement » par les médias anglophones, afin de préserver une connotation neutre. Le mot « settlement » peut se traduire en français par « colonie » mais aussi par « implantation ». Les livres spécialisés, les textes de l'ONU en français, la presse française dans sa grande majorité ont opté pour la traduction en « colonie »[32].
La présence juive en Palestine est continue depuis l'Antiquité et des populations juives exilées sont régulièrement venues s'installer sur ce qu'elles considèrent traditionnellement comme la Terre d'Israël, soit pour fuir des menaces en Europe soit pour créer des nouveaux centres d'études du talmud et de la kabbale. Toutefois, à partir des années 1880, des vagues de populations juives s'installant sur ces territoires et ont un développement démographique important. Elles s'accompagnent de l'achat de terrains qui sont défrichés puis cultivés en communautés.
La référence d'un retour à une « terre promise » est une notion généralement absente historiquement dans les colonialismes. La tardiveté de cette colonisation, à une époque où les Empires coloniaux sont déjà institués, voire en déclin, accentue la particularité de ces mouvements migratoires. Bourguiba dans un entretien avec Jean Daniel aurait déclaré que la position du Maréchal Tito « qui était un ami de Nasser selon Bourguiba » considérait que « s'il faut rendre justice aux réfugiés palestiniens et faire droit à leur revendications, le colonialisme israélien n'est pas exactement un colonialisme comme les autres et qu'il est né dans des conditions particulières, etc. »[33].
Les « colonies » ou « implantations » israéliennes sont des communautés de peuplement, composées d'Israéliens qui se sont établis volontairement sur les territoires conquis durant la guerre des Six Jours en Cisjordanie à Gaza et à Jérusalem-Est. En septembre 1967, alors que la première colonie, Kfar Etzion, voit le jour en Cisjordanie, Jérusalem est réunifiée et le Premier ministre Levi Eshkol autorise les Israéliens à s'installer dans les quartiers à majorité arabe de Jérusalem[34]. Alors que la résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU réclame en novembre 1967 le retrait des forces militaires israéliennes des territoires qu'elles ont occupés pendant la guerre, le vice-Premier ministre Ygal Allon met en place un plan insistant sur l'importance stratégique des zones situées à l'ouest du Jourdain ; c'est dans ce secteur faiblement peuplé que les premières colonies s'établissent[34]. L'implantation de colonies dans des zones plus peuplées commence en 1974, dans l'ancien quartier juif de la vielle ville de Hébron par l'organisation Goush Emounim (Bloc des croyants) qui avance le droit pour tout Juif de s'installer en Eretz Israel. En 1977, le Likoud décide que la législation israélienne sera appliquée aux citoyens israéliens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza[34].
Malgré l'arrivée au pouvoir des travaillistes en 1992 et l'annonce du gel des constructions, et les accords d'Oslo de 1993, les avant-postes se multiplient, de nouvelles routes les raccordant au réseau routier et à Israël sont construites. La population juive de ces territoires hormis la bande de Gaza et le nord de la Samarie qui est évacuée par la force, par l'armée israélienne, les 17 et 23 août 2005 est de près de 350 000 habitants vivant dans plus de 130 implantations[Information douteuse] de Cisjordanie et 180 000 dans une douzaine de quartiers de Jérusalem Est[34].
En 2010, ce sont près de 500 000 Israéliens qui vivent dans les territoires occupés, dont 300 000 dans 121 colonies de Cisjordanie, occupant 42 % des terres, et 185 000 dans douze quartiers de Jérusalem-Est ; des aides gouvernementales pour le logement, l'éducation, l'agriculture et les impôts sont appliquées dans la plupart des colonies pour inciter les Israéliens à s'y installer selon le rapport de l'ONG B'Tselem[35].
L'installation de ces communautés, considérées comme étant en violation du droit international humanitaire et des Conventions de Genève par différents pays et ONG[36],[37], sont souvent à l'origine des terres officiellement requises pour des besoins militaires, classées comme « terre d'État » ou plus simplement confisquées à leurs propriétaires par « nécessite publique »[évasif][35]. L’État d’Israël déclare qu'aucun traité de paix n'a défini le statut juridique de ces territoires, qu'il considère ainsi comme « disputés » et non « occupés », soulignant la présence de communautés juives à Hébron au cours des siècles. En 1929 durant le Mandat britannique en Palestine les Juifs vivant à Hébron ont été victimes d'un massacre les survivants ont été forcés de quitter la ville. La présence juive multiséculaire en terre d'Israël à Jérusalem, Tibériade, Safed, Ramla ou autres agglomérations est attestée bien avant le début du mandat britannique sur la Palestine et la domination ottomane (Turcs). Lorsque la Transjordanie qui est devenue la Jordanie actuelle a annexé la Cisjordanie en 1948, seuls la Grande-Bretagne et le Pakistan ont reconnu cette annexion. Les Israéliens font remarquer qu’aucune souveraineté sur la Cisjordanie avant 1967 n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, les États arabes qui occupaient en 1949 la région après la guerre israélo-arabe de 1948-1949 ont exigé que la ligne d’armistice ne constitue « pas une frontière reconnue internationalement mais seulement une ligne séparant deux armées » sur ces territoires. Selon eux, l'emploi du mot « colonie » a un sens péjoratif[32].
La question des colonies juives et du statut de Jérusalem-Est sont des éléments clés dans les négociations israélo-palestiniennes et dans le projet d'établissement d'un État palestinien indépendant. En mai 2011, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou affirme que certaines colonies devraient à terme être concédées aux Palestiniens pour l'établissement d'un État stable et viable mais refuse dans le même temps des frontières correspondant à celles de la ligne d'armistice de 1967[38]. Il a par ailleurs proposé, en octobre 2011, un gel de la construction dans les colonies en échange de la reconnaissance d'Israël comme « État du peuple juif ». Cette proposition a été aussitôt rejetée par les Palestiniens considérant celle-ci comme « sans rapport avec le processus de paix »[39],[40].
Les colonies pénitentiaires
Colonisation hypothétique
L'Antarctique
L'Antarctique est le seul continent de la Terre à ne pas être peuplé de manière permanente. Sept États (le Royaume-Uni, le Chili, l’Argentine, l’Australie, la France, la Norvège, la Nouvelle-Zélande) ont, au début du XXe siècle, émis certaines revendications territoriales sur le continent de glace. Le traité sur l'Antarctique (1961) gèle toutes les revendications sur l'Antarctique pour toute la durée du traité.
L'espace
La colonisation de l'espace, ou colonisation spatiale, est — au-delà d'un sujet classique de la science-fiction — un projet d'habitation humaine permanente et en grande partie auto-suffisante en dehors de la Terre. Elle est liée à la conquête de l'espace.
Les méthodes de la colonisation
Quelques exemples :
- La vente d'opium importé des Indes britanniques dans les comptoirs des côtes de Chine ayant pour but de forcer l’ouverture de la Chine aux puissances européennes.
Les moyens de la colonisation
Certaines puissances coloniales se sont dotées d'outils économiques politiques ou militaires pour établir leur système colonial et organiser ou justifier l'appropriation des ressources des colonies assujetties.
Les moyens économiques
On rapporte que dans le second empire colonial français, et notamment en AOF/AEF, l'impôt devait être payé en monnaie. Les indigènes ne disposaient pas de monnaie, et a fortiori pas de monnaie française dans la mesure où leur économie était fondée sur le troc. Ils durent se soumettre à un travail salarié en manufacture afin de pouvoir régler l'impôt sous peine de subir brimades, vexations et humiliations en tout genre. Ce fut un moyen efficace d'encadrer et de répertorier les populations.
- La compagnie des Indes orientales anglaises
- La Compagnie néerlandaise des Indes orientales (en néerlandais : Vereenigde Oost-Indische Compagnie ou VOC, littéralement « Compagnie unie des Indes Orientales ») et la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (en néerlandais West-Indische Compagnie ou WIC).
- Les confédérations de marchands aztèques.
L'Empire aztèque utilisa ses castes de marchands pour préparer ses phases d'expansion coloniale. Les marchands formaient des expéditions dans des contrées lointaines pour y étendre leur commerce. Au cas où les populations locales refusaient d'établir des liens commerciaux avec les nouveaux arrivants, l'empire décidait alors d'envoyer ses armées venger l'affront fait à ses marchands et s'y établissait.
À cette époque, tout comme en Angleterre au XIXe siècle, la caste des marchands commença à occuper une place plus grande dans l'ordre social de l'Empire aztèque, et les membres de cette caste purent prétendre à des titres et avantages qui étaient autrefois réservés aux guerriers.
Les moyens politiques
L'administration peut être directe (cas le plus fréquent pour les Français) ou indirecte (fréquent pour les Anglais).
Les moyens militaires
Les États ou puissances coloniales se dotent de corps d'armées spécifiques destinés à maintenir la sujétion des colonisés ou à en assurer la protection contre d'éventuelles puissances coloniales rivales.
Les moyens juridiques
La notion de terra nullius permit de donner une assise juridique à la colonisation.
Des traités ou accords permirent aux colonisateurs de se partager les terres occupées, comme le traité de Tordesillas.