Maghreb
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Le Maghreb (arabe : المغرب (al-Ma ğrib), « le Couchant, l'Occident, l'Ouest », ou de son nom complet : « al-Mağrib al-‘Arabi » « Le Couchant Arabe » المغرب العربي[1]), est une zone géographique correspondant à l'ouest du monde Arabe[2] créé entre 661 et 750 par les arabes, dans le but d'unifier l'ouest du califat ommeyade sous un même pouvoir central et une administration unie (wilāya)[3].
Maghreb المغرب العربي (ar) | |
En vert, les pays membres de l'Union du Maghreb arabe | |
Administration | |
---|---|
Démographie | |
Gentilé | Maghrébins, Maghrébines |
Population | 101 095 436 hab. (2019) |
Densité | 17 hab./km2 |
Langue(s) | arabe, arabe maghrébin, berbère, français |
PIB (2017) · PIB/hab. |
1 155,777 milliards de dollars 9 835 $ |
Géographie | |
Coordonnées | 30° nord, 5° est |
Superficie | 6 041 261 km2 |
Divers | |
Monnaie | Ouguiya mauritanienne, peseta sahraouie, dirham marocain, dinar algérien, dinar tunisien, dinar libyen |
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Les premiers arabes l'ont appelé Jazirat al-Maghrib (la forme Djazirat el-Maghreb est parfois utilisée), c'est-à-dire « Île du Couchant », désignant les pays isolés du reste de leur empire.
À l'ouest du golfe de Syrte pendant la colonisation française, le terme Maghreb au sens strict désignait l'Afrique française du Nord (AFN) qui englobait l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Apparue dans les années 1950[4], la notion de « Grand Maghreb » se réfère à un espace qui inclut également la Libye et la Mauritanie, ainsi que le territoire contesté du Sahara occidental. Elle fait référence à un espace géographique, mais ce concept reste peu utilisé[5]. Le territoire de l'Azawad (partie nord du Mali) et l'Ouest du Niger, sont culturellement proches du reste du Maghreb. La limite orientale, elle, est plus floue : la Cyrénaïque, en Libye, reste fortement influencée par le Machrek[6], tandis que Siwa, Qara et certaines villes de l'ouest de l'Égypte[Lesquelles ?] sont des oasis berbérophones en territoire égyptien. Les îles Canaries, à l'ouest du Maroc, font partie de l'aire historico-culturelle berbère mais n'ont jamais été arabisées ni islamisées, et ne font pas partie du Maghreb.
Le Maghreb occupe une superficie d'environ cinq millions de km2 partagés entre le bassin méditerranéen et le désert du Sahara, qui recouvre la majeure partie de son territoire : la population, d'environ 100 millions d’habitants, est de ce fait très inégalement répartie, et concentrée principalement sur les plaines littorales.
Le Maghreb, situé à la croisée du monde arabe et des civilisations méditerranéenne et africaine, forme depuis plus d’un millénaire une unité géographique caractérisée culturellement par la fusion d'éléments arabo-berbères[7]. Ses habitants, appelés Maghrébins, descendent d'anciens groupes déjà présents (phénicien, romain, berbère) qui ont pour la plupart été arabisés, et de tribu Arabe originaire d'Arabie et d'Andalousie (banu hilal, banu maquil, etc[8]) ces tribus arabes ont remplacé et supplanté les populations locales sur de larges zones au Maghreb[9],[10],[11],[12]. Bien qu'éloignés l'un de l'autre par divers aspects, le Maghreb et le Machrek sont néanmoins liés par la langue arabe et la culture islamique. L'histoire contemporaine du Maghreb est marquée par les colonisations française, espagnole et italienne, mais aussi par sa proximité avec l'Europe de l'Ouest. Depuis 1989, une tentative de rapprochement politique et économique a été initiée avec la création de l'Union du Maghreb arabe.
Le terme Maghreb provient de l'arabe Maghrib qui désigne le couchant, l'ouest, l'occident, en opposition au Mashriq, le Levant[13], c'est-à-dire « l'Orient », qui s'étend de l'Égypte à l'Irak et à la péninsule arabique[14],[15].
Les différentes dénominations utilisées pour désigner le Maghreb en arabe sont : Al-Maghrib (المغرب) « le Couchant, l'Occident », al-Maghrib al-Arabi (المغرب العربي) « l'Occident arabe », ou Al-Maghrib al-Kabir (المغرب الكبير) « le grand Maghreb ». Le Maghreb est aussi parfois surnommé l'Occident musulman[16].
Les géographes arabes délimitaient trois zones au Maghreb : Al-Maghrib al-Aqsa (Extrême-Maghreb ou Maghreb occidental, actuel Maroc), Al-Maghrib al-Awsat (Maghreb central, actuelle Algérie) et Al-Maghrib al-Adna (Proche-Maghreb ou Maghreb oriental, actuelle Tunisie, et incluant parfois la Libye)[17].
Les Arabes utilisèrent d'abord le nom de Jezirat Al-Maghrib, qui signifie « Île de l'Occident »[15], mettant alors en avant la situation de la région apparemment isolée entre une mer et un désert. Al-Maghrib en arabe désigne de nos jours aussi le Maroc ; toutefois, la langue distingue le terme Al-Maghrib Al-Araby (littéralement « Le Couchant arabe » mais souvent traduit par « Maghreb arabe ») de Al-Maghrib Al-Aqsa, qui signifie, pour désigner le Maroc « l'Occident lointain »[15].
Des activistes berbères utilisent le néologisme de Tamazgha (ⵜⴰⵎⴰⵣⵖⴰ en tifinagh), contestant l'appellation « Maghreb », au motif qu'elle n'est pas le nom originel de la région mais un terme employé dans l'historiographie arabo-musulmane, mais des Maghrébins rejettent le mot Tamazgha qu'ils estiment être un néologisme qui n'a aucune historicité d'usage. Toutefois, ce terme dénote une certaine variété d'appréciation selon les tendances de ces activistes qui dépasse parfois le cadre géographique[18] ; ils ne l'appellent pas non plus Barbarie, terme qui vient de sa désignation, à l'époque de la Renaissance, par les Italiens, les Français et les Espagnols.
Par le passé, cette région était connue sous le nom de « Libye », que l'on appelle aujourd'hui la Libye antique, ou encore Ifriqiya, qui a donné son nom à l'Afrique.
Au Moyen Âge, le terme Maghreb désigne une partie de l'actuel Maghreb et comprend aussi le Maghreb al-Aqsa[19]. Le traducteur d'Ibn Khaldoun dit que le Maghreb al-Aqsa est l'actuel Maroc. Le Maghreb al-Awsat serait l'actuelle Algérie (provinces d'Alger et d'Oran) et le Maghreb al-Adna correspondait à l'Ifriqiya (Tunisie actuelle, ainsi qu'une partie de la Libye qui comprend Tripoli ; sous les Hafsides, s'ajoutaient également les provinces des Zibans, de Constantine, de Béjaïa). Ibn Khaldoun remplace parfois Maghreb al-Aqsa par Maghreb. Il donne ainsi Asfi (Safi) comme limite occidentale, et borne ce territoire par la chaîne de l'Atlas jusqu'à Agadir, situé entre la Moulouya, la mer, l'Atlas et la province de Souss.
Bien que la plupart des chroniqueurs et géographes de cette période fassent correspondre l'ensemble maghrébin à l'Afrique septentrionale, comprenant parfois la Cyrénaïque, l'Égypte jusqu'à la mer Rouge, le géographe arabe médiéval Al-Maqdisi comprend par Maghreb, l'Afrique du Nord, l'Espagne et la Sicile[20].
La dimension géopolitique du terme et ses représentations amènent, elles, une approche différente du terme. Ainsi, le terme « Maghreb », en désignant le territoire composé de l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, est entendu dans une « acception restreinte »[14], voire une « acception française », selon la géographe Karine Bennafla[15]. Celle-ci relève par ailleurs, comme d'autres auteurs, que son usage est le fait des nationalistes arabes dans le but de promouvoir cet ensemble géographique, alors que les « autorités coloniales parlaient [elles] d'Afrique du Nord » pour le désigner[15],[20]. On trouve aussi d'autres usages au cours de la période coloniale, avec « Afrique septentrionale, Berbérie », ce qui permettait de distinguer cet ensemble du monde arabo-musulman, pour mieux l'assimiler[20]. Cet usage se fait à partir de 1956, dans le contexte de la crise de Suez[21].
Selon Rabah Kahlouche, de l'université de Tizi Ouzou, l'usage de l'épithète « arabe » dans le syntagme « Maghreb arabe » n'est popularisé largement, qu'à partir de la fin des années 1940[22], « de manière rare et marginale »[20] : ainsi en 1947, au Caire, est fondé notamment le « Comité de Libération du Maghreb Arabe », à partir de sept partis nationalistes originaires des trois pays d'Afrique du Nord[23]. Il réapparaît de manière plus affirmée en 1989, avec la création de l'organisation régionale Union du Maghreb arabe (UMA), qui réunit les trois pays de l'Afrique du Nord — Algérie, Maroc, Tunisie — ainsi que la Libye et la Mauritanie[20]. Rabah Kahlouche parle ainsi de redondance dans l'emploi de ce terme — puisque selon lui le Maghreb est la partie occidentale du monde arabe —, et l'analyse comme un « besoin de réaffirmer et d'insister sur l'identité arabe du nord de l'Afrique [...] chez les dirigeants maghrébins »[20]. Cette insistance pourrait ainsi être considérée comme une réponse à l'ancienne qualification coloniale, mais aussi au régionalisme berbère[20].
Préhistoire
L’inclination de la terre a changé générant une désertification rapide du Sahara environ 3 500 av[24]. Cela conduisit à une barrière qui limitait le contact entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne.
Cette région qu'est l'Afrique du Nord est peuplée dès la Préhistoire par plusieurs peuples :
- Les Ibéromaurusiens (proto-berbères) entre 25 000 à 10 000 ans, ils sont les plus anciens habitants de la région et sont considérés comme étant indigène à l'Afrique du nord.
- Les fermiers anatoliens à partir de 6.500 - 3000 av. n-è, les Ibéromaurusiens vont être confrontés à une vague d'immigration de fermiers anatoliens immigrés d'Europe. Ces fermiers anatoliens vont entrer en conflit partiel avec les proto-berbères jusqu'à même changer la démographie de l'époque[25],[26].
- Les Capsiens vers -7500 à -4000av. J.-C. présents principalement dans l'actuelle Tunisie et l'est algérien, ils sont très différents des Ibéromaurusiens[27](berbères). Ils montrent des similitudes avec le Natoufien, l'ancêtre préhistorique des Arabes et Égyptiens (l'ADN natoufien étant majoritairement séquencé dans la péninsule arabique[28]). Les Arabes d'Arabie montrent un lien dans leur séquençage autosomal avec le Capsien[29],[30],[31].
Antiquité
À partir du début de l'Antiquité, l'Afrique du Nord est très diverse, plusieurs peuples berbères, égyptiens et arabes coexistent mais avant l'arrivée des Romains, les berbères ne se sont jamais définis eux-mêmes comme un peuple : durant toute leur histoire, ils ont été divisés en plusieurs tribus, et devaient plutôt s'identifier en référence à ces dernières[32]. Ce sont les Romains qui désigneront ces peuples par le terme barbarus, puis récupéré par les Arabes en barbar. À partir du VIIIe siècle av. J.-C., les Phéniciens un peuple sémitique immigré du Moyen-Orient, installent des comptoirs partout à travers l'Afrique du Nord dont le plus prospère est Carthage et colonise les peuples berbères.
Les Phéniciens vont immigrer massivement et leurs poids démographique et culturel vont se faire ressentir, en parallèle, ils vont se métisser avec les populations berbères, ce qui va donner naissance aux Lybo-phéniciens, ils ont été mentionnés pour la première fois par Hécatée de Millet, cité par Étienne de Byzance. Un texte très controversé, Le Périple d'Hannon, les mentionne. Polybe les considère comme des sujets des Carthaginois ayant les mêmes lois qu'eux en tant que métis phéniciens-berbères. Pour Diodore de Sicile (XX, 55, 4), il s'agirait d'habitants des villes maritimes qui possédaient le conubium (le droit de mariage) avec les Carthaginois et devaient leur nom à ce mélange d'ethnies[33], Tite-Live les considère comme un mélange de Puniques et d'Africains. Strabon, (XVII, 3, 19) place leur origine entre le littoral carthaginois et les montagnes de Gétulie. Pline (Histoire naturelle, V, 24) dit qu'ils habitent le Buzakion. Ce que précise peut-être Ptolémée qui les situe au sud de la région de Carthage et au nord de la Buzakitis. En fait ces Libuphoinikès (locuteurs d'une langue libyenne) étaient limités au sud de Carthage[34]. Leur influence culturelle fut importante puisqu'ils ont été les intermédiaires culturels entre la civilisation phénicienne et les berbères.
Les Phéniciens créeront les premières villes de l'ouest de l'Afrique du Nord comme Volubilis, Utique, Carthage, etc.
Les guerres puniques opposent les Carthaginois aux Romains qui prennent possession du territoire. À son apogée, l'Afrique romaine s'urbanise et se christianise. Cette Église d'Afrique, composée de Berbères en majorité chrétiens (Romano-africains), a été au fondement du christianisme européen[35].
Au Ve siècle, un peuple germanique de religion chrétienne et originaire de l'actuelle Allemagne, les Vandales, traverse le détroit de Gibraltar et envahit le Maghreb ; ils représentent environ 80 000 personnes[36]. Ils y fondent un royaume éphémère qui sera détruit au VIe siècle à la suite de la défaite vandale face aux armées du général Bélisaire[37], qui réintègre ainsi l'Afrique du Nord dans l'Empire romain, alors représenté par la civilisation byzantine.
- Ruines de Thuburbo Majus (Tunisie).
La conquête arabe
La première expédition arabe sur la Tunisie est lancée en 647. En 661, une deuxième offensive se termine par la prise de Bizerte. La troisième, menée en 670 par Oqba Ibn Nafi Al Fihri, est décisive : ce dernier fonde la ville de Kairouan au cours de la même année[39] et cette ville devient la base des expéditions contre le nord et l’ouest du Maghreb[40]. L’invasion complète manque d’échouer avec la mort d’Oqba Ibn Nafi en 683[41]. Mais envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, le général ghassanide Hassan Ibn Numan réussit à vaincre l’exarque et à prendre Carthage[42] en 695.
Seuls résistent certains Berbères dirigés par la Kahena[42]. Les Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui s’empare de Carthage en 696 pendant que la Kahena allié des Byzantins remporte une bataille contre les Arabes en 697[42]. Ces derniers, au prix d’un nouvel effort, finissent cependant par reprendre définitivement Carthage en 698 par vaincre les Byzantins et tuer la Kahena [41].
Contrairement aux précédents envahisseurs, les Arabes ne se contentent pas d’occuper la côte et entreprennent de conquérir l’intérieur du pays. Après avoir résisté, les Berbères se convertissent à la religion de leurs vainqueurs[41], principalement à travers leur recrutement dans les rangs de l’armée victorieuse. Des centres de formation religieuse s’organisent alors, comme à Kairouan, au sein des nouveaux ribats. On ne saurait toutefois estimer l’ampleur de ce mouvement d’adhésion à l’islam. D’ailleurs, refusant l’assimilation, nombreux sont ceux qui rejettent la religion dominante et adhèrent au kharidjisme, hérésie née en Orient et proclamant l’égalité de tous les musulmans sans distinction de race ni de classe[43]. La région reste une province omeyyade jusqu’en 750, quand la lutte entre Omeyyades et Abbassides voit ces derniers l’emporter[43]. De 767 à 776, les kharidjites berbères sous le commandement d’Abou Qurra s’emparent de tout le territoire, mais ils se retirent finalement dans leur royaume de Tlemcen, après avoir tué Omar ibn Hafs, surnommé Hezarmerd, dirigeant de la Tunisie à cette époque[44].
En 800, le calife abbasside Haroun ar-Rachid délègue son pouvoir en Ifriqiya à l’émir Ibrahim ibn Al-Aghlab[45] et lui donne le droit de transmettre ses fonctions par voie héréditaire[46]. Al-Aghlab établit la dynastie des Aghlabides, qui règne durant un siècle sur le Maghreb central et oriental. Le territoire bénéficie d’une indépendance formelle tout en reconnaissant la souveraineté abbasside[46]. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan et de sa Grande mosquée, un centre intellectuel de haute renommée[47]. À la fin du règne de Ziadet Allah Ier (817-838), Tunis devient la capitale de l’émirat jusqu’en 909[48].
Appuyée par les tribus Kutama qui forment une armée fanatisée, l’action du prosélyte ismaélien Abu Abd Allah ach-Chi'i entraîne la disparition de l’émirat en une quinzaine d’années (893-909)[49]. En décembre 909, Ubayd Allah al-Mahdi se proclame calife et fonde la dynastie des Fatimides, qui déclare usurpateurs les califes omeyyades et abbassides ralliés au sunnisme. L’État fatimide s’impose progressivement sur toute l’Afrique du Nord en contrôlant les routes caravanières et le commerce avec l’Afrique subsaharienne. En 945, Abu Yazid, de la grande tribu des Banou Ifren, organise sans succès une grande révolte berbère pour chasser les Fatimides. Le troisième calife, Ismâ`îl al-Mansûr, transfère alors la capitale à Kairouan et s’empare de la Sicile[50] en 948. Lorsque la dynastie fatimide déplace sa base vers l’est en 972, trois ans après la conquête finale de la région, et sans abandonner pour autant sa suzeraineté sur l’Ifriqiya, le calife Al-Muizz li-Dîn Allah confie à Bologhine ibn Ziri — fondateur de la dynastie des Zirides — le soin de gouverner la province en son nom. Les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis du calife fatimide[50], ce qui culmine avec la rupture avec ce suzerain devenu lointain et inaugure l’ère de l’émancipation berbère[49]. L’envoi depuis l’Égypte de tribus arabes nomades sur l’Ifriqiya marque la réplique des Fatimides à cette trahison[49]. Le début du XIe siècle, marque le début des invasions hilaliennes de l'Ifriqiya les estimations en termes de déplacement de population varient selon les historiens 250 000[51] a 500 000[52] a 700 000[53]. Selon Luis del Mármol Carvajal les Hilaliens auraient été plus d'un million à immigrer, et il estime la population hilalienne à son époque à 4 000 000 en 1573[54],[55],[56] se mettent en route après que de véritables titres de propriété leur ont été distribués au nom du calife fatimide. Kairouan résiste pendant cinq ans avant d’être occupée et pillée. Le souverain se réfugie alors à Mahdia en 1057 tandis que les nomades continuent de se répandre en direction de l’Algérie, la vallée de la Medjerda restant la seule route fréquentée par les marchands[49]. Ayant échoué dans sa tentative pour s’établir dans la Sicile reprise par les Normands, la dynastie ziride s’efforce sans succès pendant 90 ans de récupérer une partie de son territoire pour organiser des expéditions de piraterie et s’enrichir grâce au commerce maritime.
Les historiens arabes sont unanimes à considérer cette migration comme l’événement le plus décisif du Moyen Âge maghrébin, caractérisé par une progression diffuse de familles entières qui a rompu l’équilibre traditionnel entre nomades et sédentaires berbères[49]. Les conséquences sociales et ethniques marquent ainsi définitivement l’histoire du Maghreb avec un métissage de la population. Depuis la seconde moitié du VIIe siècle, la langue arabe demeurait l’apanage des élites citadines et des gens de cour. Avec l’invasion hilalienne, les dialectes berbères vont, sinon céder la place à la langue arabe