Musée national du Bardo (Tunisie)
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Le musée national du Bardo (arabe : المتحف الوطني بباردو) est un musée de Tunis, capitale de la Tunisie, situé dans la banlieue du Bardo.
Nom local | |
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Ouverture | |
Dirigeant |
Fatma Naït Yghil |
Surface |
20 000 m2 dont 9 000 m2 d'espaces d'exposition |
Visiteurs par an | |
Site web |
Collections |
Préhistoire et protohistoire Libyco-punique Hellénistique Romaine Islamique |
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Genre |
Mosaïques, sculptures, céramiques, monnaies, bijoux |
Adresse | |
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Coordonnées |
C'est l'un des plus importants musées du bassin méditerranéen et le second musée du continent africain après le musée égyptien du Caire par la richesse de ses collections[1]. Il retrace l'histoire de la Tunisie sur plusieurs millénaires et à travers plusieurs civilisations par le biais d'une large variété de pièces archéologiques.
Abrité dans un ancien palais beylical depuis 1888, il offre un prestigieux et magnifique cadre à l'exposition de nombreuses œuvres majeures découvertes depuis les débuts des recherches archéologiques dans le pays. Initialement appelé musée Alaoui (المتحف العلوي), du nom du bey régnant à l'époque, il prend sa dénomination actuelle de musée du Bardo après l'indépendance du pays même si la dénomination est attestée avant cette date.
Le musée rassemble l'une des plus belles et des plus grandes collections de mosaïques romaines du monde grâce aux fouilles entreprises dès le début du XXe siècle sur les différents sites archéologiques du pays dont Carthage, Hadrumète, Dougga ou encore Utique. Certaines des œuvres exposées n'ont pas d'équivalent, telle la mosaïque « dite de Virgile ». Plus généralement, les mosaïques du Bardo représentent une source unique pour les recherches sur la vie quotidienne en Afrique romaine. De l'époque romaine, le musée renferme aussi une riche collection de statues en marbre représentant les divinités et les empereurs romains retrouvées sur les différents sites notamment ceux de Carthage et Thuburbo Majus.
Le musée possède aussi de riches pièces découvertes lors des fouilles de sites libyco-puniques dont principalement Carthage, même si le musée national de Carthage a la vocation d'être le musée de ce site archéologique majeur. Les pièces essentielles de ce département sont les masques grimaçants, les statues de terre cuite et les stèles d'un intérêt majeur pour l'épigraphie sémitique, la stèle du prêtre et l'enfant étant la plus célèbre. Le musée abrite également des œuvres grecques découvertes en particulier dans les fouilles du navire de Mahdia, dont la pièce emblématique reste le buste d'Aphrodite en marbre, rongé par la mer et pourtant toujours d'une beauté émouvante.
Le département islamique contient, outre des œuvres fameuses comme le Coran bleu de Kairouan, une collection de céramiques en provenance du Maghreb et d'Asie Mineure.
En raison de l'ampleur des collections, il ne saurait être question dans ce cadre de présenter ici l'ensemble des pièces exposées.
Afin d'augmenter les capacités d'accueil et d'optimiser la présentation des collections, le musée fait l'objet d'une vaste opération qui devait s'achever initialement en 2011 mais ne s'achève que courant 2012 du fait de retards liés à la révolution tunisienne. Les travaux concernent l'augmentation des surfaces d'exposition par l'ajout de nouveaux bâtiments (conçus par SCPA Codou-Hindley et Amira Nouira) et un redéploiement des collections[2]. Le projet tend à faire du musée un pôle majeur pour un développement culturel de qualité, afin que le visiteur puisse apprécier les pièces artistiques déposées.
Histoire des bâtiments
Le palais du Bardo, dont le musée fait partie, est un ensemble de bâtiments édifiés à partir du XVe siècle. Comme les autres palais des souverains de Tunis, tels ceux de La Marsa, Carthage, Hammam Lif, La Goulette, Mornag et La Manouba, ce palais a été construit à environ 4 kilomètres en dehors de la médina de Tunis, au milieu d'une grande plaine. Il emprunte son nom au mot espagnol prado qui signifie pré ou jardin[3].
Le botaniste français René Desfontaines, qui visite la régence de Tunis à la fin du XVIIIe siècle, en laisse la description suivante :
« Le bey réside dans un joli château qu'on appelle le Bardo, situé au milieu d'une grande plaine, à trois quarts de lieue nord de la ville. Ce château est fort ancien : Léon l'Africain nous apprend que, de son temps, les rois y faisaient déjà leur séjour. Le mur qui l'entoure est bien bâti, et défendu par quelques pièces de canon placées du côté de la porte d'entrée. La cour du bey est nombreuse ; les officiers qui la composent sont, en général, très honnêtes et très polis envers les étrangers[4]. »
Selon Paul Sebag, le palais a été construit sur le modèle des résidences princières de l'Andalousie musulmane, avec l'aide d'artistes andalous[3].
Le palais a bénéficié de plusieurs restaurations et extensions durant le règne des beys mouradites : Hammouda Pacha Bey (1631-1666) restaure et embellit ainsi le palais et en fait la résidence permanente de la dynastie[5]. À partir du XVIIIe siècle, les beys husseinites successifs font agrandir et embellir leurs possessions du Bardo ; une mosquée, des salles d'apparat parmi lesquelles une salle de justice et une salle pour les audiences beylicales, ainsi que des fortifications complètent le dispositif. Ultérieurement, le mur méridional du palais est remplacé par une esplanade[6].
- Carte postale ancienne de la salle du trône du bey avec son riche mobilier et deux lustres monumentaux suspendus.
- Carte postale ancienne du grand salon avec un siège destiné au bey et du mobilier sur les deux côtés principaux.
- Carte postale ancienne photochrome de la salle de justice du palais ; les murs sont couverts de placages de marbre.
À partir de 1840, l'École militaire du Bardo occupe une partie des structures durant un quart de siècle[7]. Un hôtel de la monnaie y frappe les monnaies de la régence de Tunis entre 1847 et 1891[7], l'hôtel de la monnaie et l'école militaire devenant par la suite une caserne destinée à la garde beylicale. Le palais de Ksar Saïd, qui a vu le la signature du traité du Bardo instaurant le protectorat français de Tunisie, est situé quelques mètres plus loin. L'ensemble résidentiel constitue ainsi une véritable cité où vivent environ 800 personnes[8].
Construit par des architectes tunisiens, le Grand Palais, lieu de résidence du bey de Tunis, est construit dans la deuxième moitié du XIXe siècle sous l'impulsion de Mohammed Bey puis de Sadok Bey[9]. Mohamed Yacoub dit de lui qu'il « constitue un monument fort représentatif du luxe et du raffinement qu'a connus l'architecture tunisienne durant l'époque beylicale. Il témoigne également du caractère éclectique de l'art de cette époque, dans lequel les apports locaux se mêlent aux influences andalouses, asiatiques et européennes »[9],[B 1].
À partir d'octobre 1882, avec la mort de Sadok Bey, son frère et successeur Ali III Bey, installé dans son palais de La Marsa, ramène les femmes du bey défunt (dont Lalla Kmar) dans son harem ; les bâtiments du harem de Sadok Bey au Bardo, désormais inutilisés, sont cédés aux autorités du protectorat dès le mois de novembre et abritent les collections antiques dès 1888. Le palais de Mahmoud Bey abrite pour sa part les collections arabes dès 1900[10]. En 1899, les autorités adjoignent au Grand Palais un second espace, le Petit Palais construit en 1831-1832, qui abrite désormais les collections d'art islamique[11].
De nos jours, le musée du Bardo prend place dans le Grand et le Petit Palais auquel on accède par la façade à portiques et colonnettes de marbre rouge aménagée en 1968[B 2]. Le bâtiment adjacent, dont les anciennes salles du trône et de justice, abrite le siège de l'Assemblée des représentants du peuple auquel on accède par le monumental escalier des lions, dont on trouve la représentation sur le billet de vingt dinars.
- Fac-similé d'une face du billet de vingt dinars, avec une représentation de Kheireddine et de l'escalier des Lions.
- Carte postale ancienne photochrome représentant l'escalier des lions avec la colonnade et les arcades de la façade.
- Entrée du musée sous une colonnade à arcades.
- Vue générale de la façade du musée.
Architecture
Leur qualité architecturale permet aux deux palais d'être classés monument historique en septembre 1985. Aménagés pour les besoins de leur nouvelle fonction, ils connaissent certaines modifications mais conservent leur cachet initial[11].
Mariant les architectures maghrébines, turques et italiennes, les palais du Bardo comportent de nombreuses salles aux fonctions différenciées[11] aménagées sur trois étages ; ils sont en soi une « synthèse de l'évolution de l'architecture à Tunis aux XVIIIe et XIXe siècles » selon Selma Zaiane[1].
Rez-de-chaussée
L'entrée est aménagée sur la façade orientale, sous une galerie de sept travées de face et d'une sur le côté composées d'arcs soutenues par des colonnettes en marbre rose. On accède au musée par une porte cochère munie d'un placage de cuivre orné de clous et de heurtoirs en bronze. La porte donne sur un couloir de réception avec, à droite, trois salles alignées qui renferment les collections de la Préhistoire, de l'archéologie punique puis celle du mobilier funéraire punique. À gauche du couloir d'entrée, on accède à une salle voûtée consacrée à l'archéologie paléochrétienne, par laquelle on traverse un passage tapissé de carreaux de terre cuite pour s'engager dans une galerie où sont rassemblées des statues en provenance essentiellement de Bulla Regia. Cette galerie donne sur une salle carrée dans laquelle sont exposés des portraits d'empereurs romains. De la salle paléochrétienne et à travers un petit couloir, on accède à gauche à plusieurs petites salles dans lesquelles sont exposées une série de mosaïques, un tombeau en marbre et un baptistère considéré comme l'un des joyaux du musée. En face se trouve un couloir dans lequel sont exposés dans des niches une série de sarcophages et de stèles de l'époque romaine. À droite du couloir des sarcophages, on accède à la salle dite de Thuburbo Majus, site d'origine des pièces exposées dans cette salle et dans le couloir qui lui donne accès.
Le rez-de-chaussée du musée occupe les écuries et les magasins de l'ancien palais et de ce fait ils ne sont guère décorés. Outre l'ancien vestibule voûté et pourvu de colonnes[B 2] et de faïences polychromes, ce vestibule comporte une porte en bois sculpté qui donne accès au premier étage.
- Porte d'entrée.
- Salle paléochrétienne avec baptistère au centre.
- Galerie d'entrée du musée.
- Couloir des sarcophages.
- Porte d'accès au premier étage.
Premier étage
On accède au premier étage par des escaliers en trois endroits distincts : un premier au niveau de la salle paléochrétienne qui mène à la grande salle de Carthage, un deuxième par le couloir de la réception, en face des stèles de Maghrawa menant au Petit Palais, et récemment par un nouvel escalier aménagé dans la salle de l'archéologie punique.
Cet étage est composé de trois parties : les salles du Grand Palais qui renferment la majeure partie des œuvres romaines, les salles du Petit Palais renfermant les sections de l'art islamique et des traditions populaires et une extension renfermant la collection issue des fouilles sous-marines de Mahdia et des mosaïques marines.
Salle de Carthage
La salle de Carthage correspond au patio du palais, de forme rectangulaire, entouré sur ses quatre côtés d'une galerie à portiques avec six arcs en plein cintre sur la longueur et trois sur la largeur, soutenus par des colonnes en marbre blanc avec des chapiteaux de type composite ; les arcs sont surmontés sur les quatre côtés par une fine corniche, arcs et corniche étant légèrement sculptés par des motifs dorés. La galerie est dédoublée par une autre série d'arcs et de colonnes et légèrement surélevée par une estrade au niveau de la salle dite de Virgile. Sur les autres trois côtés, la galerie donne sur les autres salles du palais. Les murs latéraux sont pourvus de niches avec encadrement en marbre. À l'origine, les murs sont pourvus de faïences qui ont été couvertes de peinture par la suite. En dehors des deux tableaux de mosaïques exposés sur le sol, le patio est entièrement pavé de carreaux de marbre blanc.
Du plafond pendent quatre lustres accrochés à des pendentifs revêtus d'ornements moulés en plâtre. La salle de Carthage s'ouvre sur les quatre côtés sur les salles de Sousse, de Virgile, d'Althiburos et d'Oudna ainsi que sur le Petit Palais et la salle des fouilles sous-marines.
Cette salle renferme une large variété de statues et de bas reliefs exhumés en majorité à Carthage.
Salle de Sousse
La salle de Sousse correspond à la salle de réception du palais. Elle doit son nom à l'immense pavement exposé sur son sol et qui provient de Sousse. Cette salle est remarquable en raison de sa grande coupole à seize pans qui la couvre entièrement. Réalisée en bois découpé et peint sur fonds d'or, son décor est de type géométrique en haut et floral en bas ; les deux décors sont séparés par une succession de frises. La coupole a la particularité d'avoir un sommet inversé en stalactite sur lequel est accroché un lustre. Le plafond a été réalisé par deux menuisiers tunisiens : Hamda Ben Othman et Mohamed El Gharbi[B 2]. Les murs de la salle de Sousse sont dépourvus de décors particuliers.
La salle donne par ailleurs sur un petit salon avec un plafond en bois peint à l'italienne.
Salle de Virgile
En forme de croix grecque, avec un haut plafond voûté et percé sur les côtés par des fenêtres semi-circulaires, la salle de Virgile correspond aux appartements privés du palais. La partie inférieure des parois murales est couverte de panneaux de faïences à motifs géométriques et floraux polychromes alors que sur la partie supérieure prédomine une décoration faite de revêtements finement découpés dans le plâtre blanc et présentant un décor fait d'entrelacs, de méandres, de nœuds, de cœurs, de palmettes et de rinceaux ; le décor en plâtre stuqué remonte jusqu'au plafond. Dans les quatre coins de la salle, des pièces sont aménagées dont l'une est consacrée à la collection de bijoux.
Cette salle doit son nom à la mosaïque de Virgile exposée sur le mur faisant face à l'entrée de la salle jusqu'aux travaux d'extension des années 2010.
Salle d'Althiburos
La salle d'Althiburos correspond à l'ancienne salle de musique. De forme rectangulaire, elle renferme des deux côtés de l'entrée deux tribunes, l'une réservée aux princesses, l'autre aux musiciens. Les deux tribunes sont revêtues de panneaux de bois richement décorés avec des formes géométriques sur fond doré et peint de paysages médiévaux.
Les tribunes sont soutenues sur les deux niveaux par de fines colonnettes en marbre blanc et incrustées de baguettes en marbre rouge avec des barres d'appui métalliques[B 1] ; le plafond de la salle est composé de trois panneaux en bois séparés, décorés chacun avec des motifs géométriques et floraux.
La salle doit son nom à l'importante mosaïque exposée sur le sol et qui provient du site d'Althiburos.
Salle d'Oudna
La salle d'Oudna fait face à la salle précédente et correspond à la salle à manger. De forme rectangulaire, elle est pourvue d'un plafond en bois sculpté et coloré couvrant entièrement la salle.
- Plafond peint de la salle d'Oudna.
- Plafond de bois peint.
- Plafond peint et doré de la salle d'Althiburos.
Petit Palais
L'accès au Petit Palais se fait par le même étage, à partir de la salle de Carthage et à travers l'espace consacré à la collection d'art et traditions populaires, ou par un escalier à partir du rez-de-chaussée, en traversant après quelques marches un vestibule voûté dont les murs sont entourés de bancs de marbre avec en face de la porte d'entrée une niche à arcature. L'escalier donne sur le patio du Petit Palais, bordé sur deux de ses côtés par des portiques composés d'arcs à claveaux alternativement noirs et blancs qui reposent sur des colonnes de marbre blanc à chapiteaux composites. Centré sur une fontaine en marbre, le patio donne latéralement sur plusieurs petites pièces dont les portes et les fenêtres sont encadrées par des piédroits en marbre. En face, le patio donne sur une grande pièce centrale aménagée en T renversé dont le plafond est richement décoré de plâtre sculpté et coloré. Le vestibule, l'escalier, le patio et la grande pièce sont tous décorés par des panneaux muraux en céramique polychromes.
Deuxième étage
La salle de Carthage est surmontée par une galerie délimitée par une rambarde métallique. Le plafond à pendentifs comporte une riche ornementation moulée en plâtre de style italo-tunisien. Le reste de l'étage est composé de plusieurs salles d'exposition sans particularités architecturales, composées par la transformation des terrasses du palais.
Extension
À la suite d'un prêt de trente millions de dinars accordé par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement en 1997, la rénovation de certains musées tunisiens est lancée, dont celui du Bardo[9]. Le nombre de visiteurs accueillis n'étant pas sans poser des problèmes de sécurité tant aux personnes qu'aux œuvres[12], il devient urgent d'agir[13]. Les problèmes de confort de visite étaient également relevés du fait du nombre de visiteurs[14] et des nuisances sonores et atmosphériques liées aux moteurs des autocars[12].
Le projet de restructuration et d'extension est piloté par le ministère de la Culture dont l'objectif est de mettre le musée aux normes internationales, de l'insérer dans le circuit économique, de rendre plus attrayantes les collections — de façon que le visiteur puisse vivre une expérience qui le marque et l'invite à revenir — et de conférer au bâtiment une dynamique culturelle qui rythmerait la localité du Bardo, bref de lui conférer selon Selma Zaiane un rôle de « pôle culturel, touristique et éducatif » susceptible d'induire un « effet domino de sa rénovation sur l'activité touristique à Tunis »[15].
Ce projet inclut la réhabilitation des bâtiments existants et la construction d'une extension de 8 000 m2, dont les travaux sont lancés le pour une durée de 22 mois[9], mais aussi la rationalisation de la conservation des réserves et une nouvelle muséographie au travers d'une nouvelle signalétique plus moderne. Le projet implique de « retrouver l'architecture du lieu, de comprendre l'organisation des volumes, de mieux se diriger de salle en salle, avec une fréquence accrue » selon Hindley[16]. Des espaces pédagogiques, de nouveaux espaces d'accueil et de services ainsi que de nouvelles surfaces d'expositions permanentes et temporaires sont prévus. Parmi les premiers projets d'expositions temporaires figurent alors un projet sur les Vandales, un autre sur les Aztèques et un dernier sur les sculptures romaines[17].
Le réaménagement doit porter la capacité d'accueil du musée à un million de visiteurs par an contre 600 000 avant les travaux[9]. Le nombre de pièces exposées doit doubler, pour atteindre 8 000 pièces[13]. L'accès doit se faire par un grand hall dans lequel est exposée la grande mosaïque du triomphe de Neptune trouvée à Sousse[17] et devenue la plus grande mosaïque verticale du monde[18]. La muséographie, datée des années 1930, est revue parallèlement à un fléchage permettant un respect de la chronologie, pas évidente dans la situation antérieure[19]. De nombreux espaces situés à l'intérieur du musée et riches d'œuvres, dévolus aux services administratifs et techniques, deviennent accessibles à la visite, comme le fameux baptistère de Kélibia. Les locaux administratifs et techniques sont regroupés dans de nouveaux espaces[14].
Prévue initialement pour juillet 2011[17] puis reculée à mars 2012 à la suite des bouleversements politiques de la révolution[20], l'ouverture de la nouvelle aile a lieu le 19 mai[18], même si l'inauguration officielle avec toutes les nouvelles salles a lieu le 25 juillet[21].
Histoire
La première ébauche de musée est à porter au crédit de Mohammed Khaznadar, fils du ministre Mustapha Khaznadar, qui rassemble vers la fin des années 1860 des éléments lapidaires, stèles et statues aux abords de son palais de La Manouba[22]. Abandonnés lors de la disgrâce de son père, ces éléments sont dispersés, certains se retrouvant au musée du Louvre en 1881. Les derniers éléments de cette collection, entreposés au Dar El Bey, sont apportés par René du Coudray de La Blanchère à la résidence française avec l'aide d'une escorte[23].
La volonté d'ouverture d'un musée, sous l'impulsion de Xavier Charmes qui est chargé de l'archéologie tunisienne à l'époque, est datée de 1884 par Coudray de La Blanchère[24]. Toutefois, le musée est créé par le décret du , devenant ainsi la première institution du genre en Afrique du Nord[9]. Un décret du destine l'ancien harem, en très mauvais état, au musée[25]. Coudray de La Blanchère fait détruire des éléments menaçant de partir en ruine et fait réparer le reste.
Le bâtiment reçoit les premières collections archéologiques en mars 1885. L'inauguration officielle du musée a lieu le par le bey et le résident général de France en Tunisie Justin Massicault[26] ; le musée est alors baptisé musée Alaoui[11], du nom du bey régnant, Ali III Bey. Les collections grandissant rapidement, des terrasses du palais sont aménagées en salles d'exposition au premier et deuxième étages[B 1]. Le musée prend sa dénomination actuelle après l'indépendance du pays[B 2], plus précisément au printemps 1958[27], même si la dénomination est attestée avant cette date[28]. Il cesse par ailleurs d'être un établissement public doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière en 1967[29].
En 1984, un début d'incendie endommage une aile qui est fermée au public. Le produit des fouilles de l'épave de Mahdia se trouve alors inaccessible[30] jusqu'en 2000.
Le , un commando terroriste islamiste attaque le musée et prend des touristes en otage dans le bâtiment. L'attentat, qui fait 22 morts dont 21 touristes étrangers, est revendiqué par le groupe État islamique[31].
La suspension de l'Assemblée des représentants du peuple le conduit à la fermeture du musée qui se trouve dans la même enceinte, une première depuis son ouverture en 1888[32]. Il rouvre ses portes en septembre 2023, après des « travaux de réaménagement », indique le ministère de la Culture[33]. Plusieurs espaces sont agrandis, permettant la réorganisation des collections et l'exposition d'œuvres supplémentaires.
Direction
Bertrand Pradère est le premier conservateur du musée du Bardo, de 1886 à son départ à la retraite en 1928. Le peintre et sculpteur Émile Bréchot occupe cette fonction jusqu'en 1948, remplacé par Pierre Quoniam, en fonction jusqu'en 1954.
En 1956, Abdelaziz Driss, professeur d'histoire au Collège Sadiki, devient le premier Tunisien à occuper la fonction de conservateur[34]. Il est remplacé par Mohamed Yacoub en 1964 puis par Mongi Ennaïfer en 1973. Aïcha Ben Abed devient la première femme à devenir conservatrice en 1986. En 1991, après le court passage de Jamel Zoughlami, Habib Ben Younès se voit confier la direction du musée pour dix ans. Khaled Ben Romdhane le remplace entre 2001 et 2003. Le poste de conservateur est occupé par Taher Ghalia à partir de 2003. À partir de juin 2012, le musée est dirigé par Soumaya Gharsallah-Hizem[35], avant qu'elle ne soit remplacée par Moncef Ben Moussa en 2013[36]. La direction est assurée par Fatma Naït Yghil à compter de 2018[37].
Fréquentation
Le musée du Bardo est le second lieu le plus visité avant Carthage et l'amphithéâtre d'El Jem et apporte à lui seul 20 % du total des entrées payantes sur 55 sites et musées[38]. Le musée a eu à souffrir de la concurrence d'autres sites, comme El Jem à l'occasion de la mise en place de circuits sahariens à la fin des années 1990, alors que le tourisme en Tunisie continuait de croître[39]. Les visites y compris gratuites ont eu tendance à baisser, avec un faible taux de retour des Tunisiens en liaison peut-être avec la méconnaissance des mesures de gratuité[40].
Malgré la baisse des groupes venant des zones touristiques et des entrées gratuites, le nombre de visites atteint 664 891 en 2005, en lien sans doute avec la croissance du développement des croisières[41]. L'enjeu des travaux d'extension est donc aussi la mise en place d'une relance de l'augmentation du nombre de visiteurs[12] pour achever la transformation du musée élitiste de ses débuts en « musée de tous »[15] et dépasser le chiffre de 6 % de visiteurs tunisiens[42].