Olympique lyonnais - AS Saint-Étienne en football
De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
En football, le match OL-ASSE ou ASSE-OL, selon l'équipe qui reçoit, est un derby marquant la confrontation entre deux clubs voisins que sont l'Olympique lyonnais et l'AS Saint-Étienne. Parfois appelé le « derby rhônalpin » ou, à tort, le « derby du Rhône »[1] (Saint-Étienne n'étant ni dans le département du Rhône, ni à proximité immédiate du fleuve) par les journalistes, il est aussi bien souvent désigné tout simplement par le terme « Derby ». Il est en effet admis que dans la sphère du football local l'emploi du terme seul réfère à ce match[2]. Il est empreint de symboles car il est souvent vu comme l'opposition de Saint-Étienne « la populaire » contre Lyon « la bourgeoise », et entre le club des années 1970 qu'est l'ASSE et celui des années 2000 qu'est l'OL[3].
Cet article doit être actualisé ().
Des passages de cet article ne sont plus d’actualité ou annoncent des événements désormais passés. Améliorez-le ou discutez-en. Vous pouvez également préciser les sections à actualiser en utilisant {{section à actualiser}}.
Rivalité entre l'Olympique lyonnais et l'AS Saint-Étienne | |||||
Le derby ASSE-OL, le au stade Geoffroy-Guichard. | |||||
Généralités | |||||
---|---|---|---|---|---|
Sport | Football | ||||
Pays | France | ||||
Villes ou région | Lyon et Saint-Étienne | ||||
Rivalité | Derby | ||||
Statistiques | |||||
OL | Nuls | ASSE | Total | ||
Ligue 1 | 41 | 32 | 39 | 112 | |
Coupe de France | 3 | 1 | 1 | 5 | |
Coupe de la Ligue | 1 | 0 | 1 | 2 | |
Autres compétitions officielles | 1 | 1 | 4 | 6 | |
Total | 46 | 34 | 44 | 124 | |
Légende : OL : Olympique lyonnais / ASSE : AS Saint-Étienne (Au 21 janvier 2022) |
|||||
Situation actuelle | |||||
Ligue 1 | Olympique lyonnais | ||||
Ligue 2 | AS Saint-Étienne | ||||
Localisation des clubs | |||||
Géolocalisation sur la carte : Auvergne-Rhône-Alpes
|
|||||
modifier |
À ce jour, cent vingt-quatre matchs ont mis aux prises les deux équipes (cent-douze en Ligue 1, quatre en Ligue 2, cinq en Coupe de France, un en Coupe Drago, un en Challenge des champions et un en Coupe de la Ligue). Ils ont donné lieu à quarante-six victoires lyonnaises, trente-quatre nuls et quarante-quatre victoires stéphanoises.
La grande majorité des matchs de championnat a été effectuée dans le cadre du championnat de France de première division (appelé Ligue 1 depuis 2002), désignant la division d'élite suivant la saison considérée, à l'exception des saisons 1984-1985 et 1985-1986 durant lesquelles les deux clubs ont évolué ensemble en deuxième division.
Le dernier derby en date a été joué le , à l'occasion de la 22e journée de championnat 2021-2022, au Groupama Stadium à Décines-Charpieu (OL 1-0 ASSE).
Une réelle rivalité sociale entre les deux villes semble ancrée de plusieurs siècles[4]. Cette rivalité peut être expliquée par la proximité des deux villes distantes de 62 kilomètres (et 50 km à vol d'oiseau), leurs différences mais aussi par une histoire commune.
Dans l'histoire de la région, de manière assez systématique, les deux villes voisines se sont souvent retrouvées en position d'antagonisme :
- Saint-Étienne est la capitale du Jarez et du Forez, l'antique territoire du peuple gaulois des Ségusiaves, alliés de Rome avant même la fondation de la colonie de Vienne par César. La colonie romaine de Lyon fut fondée sur le territoire des Ségusiaves, vraisemblablement par les partisans de Pompée ayant fui Vienne lors des révoltes qui suivirent l'assassinat de Jules César.
- L'église Saint-Irénée de Lyon, antique nécropole romaine devenue le lieu de sépulture des comtes de Forez.
- Au Moyen Âge, l'histoire locale est marquée par l'opposition entre le comte de Forez (qui était initialement comte de Lyon) et l'archevêque de Lyon. Le Forez et le Jarez relève du roi de France, Lyon du Saint-Empire romain germanique jusqu'au rattachement de Lyon à la France en 1312. En 1158, les troupes de l'archevêque de Lyon sont écrasées par celles du comte de Forez lors de la bataille d'Yzeron. Le 6 avril 1362, le comte Louis d’Albon est tué lors de la bataille de Brignais en tentant de défendre Lyon contre les Tard-Venus.
- Jusqu'en 1312, le Forez dépend de la couronne de France, et le Lyonnais du Saint-Empire
- La cathédrale Saint-Jean vue à travers une des arches de l'ancienne église Saint-Étienne.
- Armoiries des comtes de Lyon et de Forez retrouvées dans l'église Saint-Irénée de Lyon selon J.-M. de La Mure.
- Armoiries des comtes de Forez : De gueules au dauphin d'or.
- Bataille de Brignais (1362)
- Lors du soulèvement de Lyon contre la Convention les troupes fédéralistes occupent Saint-Étienne afin de faire taire l'opposition jacobine stéphanoise et de s'assurer le contrôle de la manufacture d'armes de Saint-Étienne. Le 28 août 1793, un soulèvement populaire chasse les lyonnais de Saint-Étienne et du Forez. Les muscadins tirent au canon sur la chapelle Saint-Barbe où des habitants s'étaient retranchés.
Le 9 octobre 1793, l'insurrection lyonnaise est matée grâce aux armes de la manufacture d'arme stéphanoise. Cet événement entraîne la partition de l'éphémère département de Rhône-et-Loire, qui fut scindé pour réduire les tensions nés de cet épisode et l'influence lyonnaise dans le bassin forezien. La scission donne naissance au département de la Loire dont Saint-Étienne devint la préfecture en 1855.
- Siège de Lyon (1793)
Aujourd'hui, des différences entre les niveaux de revenus et de chômage restent visibles entre ces deux villes les plus peuplées de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Saint-Étienne a en effet beaucoup souffert de la crise industrielle de la seconde moitié du XXe siècle, avec la perte d'environ 50 000 habitants entre 1968 et 2014, pour une ville moins grande que sa voisine. Toutefois, cette chute démographique est maintenant endiguée et la ville engage sa reconversion économique (notamment grâce au design). Si Lyon a également perdu des habitants lors de cette période, elle a cependant rebondi plus vite que Saint-Étienne. De plus, son statut de 3e ville de France la plus peuplée et de métropole régionale lui permet de mieux résister face aux aléas économiques.
- Saint-Étienne
- Lyon
Cette situation économico-sociale contribue à la représentation symbolique des deux villes : Lyon est réputée « bourgeoise » tandis que Saint-Étienne est plus « ouvrière et populaire ». Ainsi, les supporters de chaque équipe exaltent leurs valeurs propres. Chez les stéphanois, les symboles tournent autour de l'exploitation de la mine, de la métallurgie et l'armurerie, de l'histoire ouvrière, de la solidarité et des luttes sociales. A Lyon, la recherche, le cinéma à travers les frères Lumière, la puissance politique et économique de la ville sont systématiquement évoqués.
- Chevalement du puits Couriot
En football, la distance entre ces deux villes est une des plus faibles pour deux clubs évoluant en Ligue 1 (actuellement, seule la distance séparant Monaco-Nice est moins élevée). Et en s’intéressant au palmarès, sur les clubs comptant au moins cinq titres de champions de France, il s'agit des deux clubs les plus proches géographiquement.
Les deux clubs ne se sont pas rencontrés dans les championnats d'avant-guerre, la première rencontre date du .
En remportant dix titres de champion de France de 1957 à 1981, l'AS Saint-Étienne a dominé le football français durant les années 1960 et 1970. Depuis le début des années 2000 la tendance s'est inversée : l'Olympique lyonnais a remporté sept titres consécutifs de champion de France de 2002 à 2008 inclus, et a été vice-champion en 2001, 2010, 2015 et 2016. La rivalité entre les deux clubs est donc accentué car les deux équipes ont dominé le football français à des époques différentes.
La presse française décrit souvent cette rencontre comme le seul vrai derby du championnat français[5],[6], dans le sens où c'est cette opposition qui ressemble le plus aux derbies du championnat anglais (bien qu'un derby au sens strict oppose deux clubs d'une même ville) mais aussi par opposition au classico PSG-OM, créé ex nihilo par Canal + et Bernard Tapie au début des années 90.
Dans les tribunes
La rivalité se retrouve dans de nombreux chants hostiles au club rival, chantés pour certains quel que soit le match, comme le chant lyonnais Emmenez-moi à Geoffroy-Guichard (sur l'air de Emmenez-moi de Charles Aznavour), chanté à la 42e minute de chaque match (le nombre 42 renvoyant à la Loire, département de Saint-Étienne) ; plusieurs joueurs de l'OL avaient d'ailleurs chanté ce chant hostile à l'ASSE au balcon de l'Hôtel de ville de Lyon au lendemain de leur victoire en Coupe de France en 2012, ce qui avait fait polémique. Des chants des supporters de l'AS Saint-Étienne entonnés dans la plupart des rencontres, comme le Nous, nous sommes les Stéphanois, où les deux kops se répondent, comprennent également des paroles à l'encontre du club voisin.
Les tifos et les banderoles sont une autre manière de montrer sa supériorité dans les tribunes, et de se moquer de l'adversaire. Au fil des derbies se succèdent les tifos exhortant les joueurs à vaincre l'adversaire, exacerbant les différences culturelles, historiques et économiques de leur ville, en opposition à l'autre. Les banderoles permettent aussi de ridiculiser, parfois avec dérision. La mercantilisation du football, les valeurs de la ville, la faiblesse du public ou de l'équipe affrontée sont les thèmes les plus abordés. Elles ont une importance variable selon l'agressivité du message, et ont même engendré pour certaines des procédures judiciaires. En 2007, la banderole accompagnant un tifo des Magic Fans représentant les joueurs lyonnais en animaux de la savane disait : "la chasse est ouverte : tuez-les !". Le groupe ultra fut condamné à une amende de 500 euros avec sursis. Une banderole lyonnaise, pendant le derby en 2000, fit également polémique : "Les Gones inventaient le cinéma pendant que vos pères crevaient dans les mines". En 2007, une partie des supporters lyonnais brandissent au Stade de Gerland le message : "Stéphanois, ordures consanguines !".
Le cadre du derby dépasse les supporters puisqu'à la suite d'une défaite d'historique à domicile en 2010, le président de l'OL Jean-Michel Aulas a déclaré "Nous avons perdu contre Saint-Étienne pour la première fois depuis seize ans. Nous jouons en Ligue des champions alors que les Stéphanois la disputent sur Playstation." Une maxime qui lui vaudra un incident lors du match retour sur lequel il déclarera "J’ai eu peur que ça explose en plein vol, un peu comme Saint-Etienne ce soir".[7]
Le derby est enfin émaillé de plusieurs incidents divers : bagarres (rarement pendant le match, à l'exception du derby de février 1993 à Gerland), échanges de projectiles, notamment lors de la saison 2006-2007 à Geoffroy Guichard, dégradations en tous genres, malgré la sécurisation à outrance des stades depuis les années 2000. En 2011, plusieurs supporters de l'OL avaient été condamnés à des peines d'amendes pour des dégradations sur des véhicules d'ultras stéphanois.
Pour la première fois le , un derby se joue sans supporters des deux équipes. La préfecture de la Loire interdit en effet le déplacement des supporters de l'équipe lyonnaise à Geoffroy-Guichard par sécurité, décision confirmée en référé par le Conseil d'État[8],[9],[10],[11]. Pour le match retour, le , un arrêté du ministère de l'Intérieur interdit le déplacement des supporters stéphanois à Gerland[12],[13].
À l'occasion de ces deux matchs, l'on pu s'apercevoir à quel point la tension entre les deux clubs dépassait largement le cadre des seules rivalités entre supporters. Avant le coup d'envoi du match aller au stade Geoffroy Guichard, Joël Bats, entraîneur des gardiens de l'OL, accroche une écharpe de son club dans les filets des cages faisant face à la tribune occupée par les Green Angels, provoquant l'ire de ceux-ci et l’intrusion d'un des membres de ce groupe sur la pelouse pour arracher cette écharpe[14]. À l'issue de la victoire lyonnaise, des incidents physiques ont lieu dans le couloir menant aux vestiaires entre notamment Jean-Michel Aulas, président de l'OL, et Stéphane Ruffier, gardien de l'AS Saint-Étienne. Joël Bats sera suspendu pour 4 matchs et Stéphane Ruffier pour 2 matchs par la commission de discipline de la LFP[15].
À l'issue du match retour, les joueurs stéphanois victorieux célèbrent leur victoire devant le virage sud du stade de Gerland occupés par les supporters lyonnais et l'un d'eux fait intrusion sur la pelouse. Des incidents verbaux ont à nouveau lieu dans les vestiaires aboutissant à des suspensions de joueurs et de membres des staff techniques de part et d'autre[16].
Pour le derby retour du 19 avril 2015 à Lyon, les supporters ne disposent que de 600 places pour tous les groupes de supporters. Finalement, ils refusent de faire le déplacement[17]. Lors du match aller, 600 places avaient été affectés aux supporters lyonnais à Geoffroy-Guichard[18]. Au cours du match face à Nantes le week-end précédent, les supporters stéphanois brandissent une banderole "600 places ne nous suffisent pas, nous ne sommes pas lyonnais." pour protester contre cette décision, en référence au manque de ferveur des supporters lyonnais[19].
Symbole de l'influence des tribunes, le , l'ancien lyonnais Anthony Mounier s'engage sous forme de prêt avec option d'achat avec l'AS Saint-Étienne[20] ; une partie des supporters stéphanois s'oppose alors vivement à son arrivée, le joueur ayant par le passé tenu des propos polémiques à l'encontre des Verts[21],[22]. Le 26 janvier, avant même l'officialisation de son transfert, ces supporters avaient déployé des banderoles devant le stade Geoffroy-Guichard et le centre d'entraînement de l'Étrat indiquant « Mounier : nos couleurs ne seront jamais les tiennes[23] ». L'attaquant a également reçu des menaces de mort de la part de certains ultras stéphanois et lyonnais, l'obligeant à revenir de Toulouse, où les Verts venaient de jouer, dans un avion différent de celui emprunté par l'effectif forézien, par précaution[24],[25],[26]. Finalement, le 30 janvier, trois jours seulement après avoir paraphé son contrat, et sans que le joueur ait été inscrit sur la feuille du match contre le TFC, le club forézien annonce mettre un terme au prêt[27],[28]. Durant le derby qui a lieu à domicile six jours plus tard, où les Verts l'emporteront sur le score de 2-0, les Magic Fans font passer un message aux dirigeants stéphanois à propos de cette « affaire Mounier » : « Celui qui insulte nos couleurs ne portera jamais notre maillot vert. Les valeurs sont l'identité de ce club ! Au lieu de nous faire porter le chapeau, assumez vos responsabilités ![29] ».
Le 29 février 2020, à la veille du derby au Groupama Stadium, des supporter stéphanois, interdits de déplacement le lendemain, décident de se rendre dans le centre-ville de Lyon. Une importante rixe éclate dans le quartier des Cordeliers, entre les stéphanois et les lyonnais. Six supporters stéphanois et 3 lyonnais sont blessés dont plusieurs pris en charge par les secours à l’hôpital.
Au cinéma
- Dans le film à sketches Les Onze Commandements (2004), réalisé par François Desagnat et Thomas Sorriaux, afin de mettre en œuvre le commandement Tu prendras un bide, Michaël Youn et ses acolytes se font passer pour des chanteurs stéphanois et entament, devant le Virage nord du stade de Gerland, Le lion est mort ce soir. La réaction espérée ne se fait pas attendre : le public lyonnais siffle et insulte les « chanteurs ».