Philibert Tsiranana
premier président de la République malgache (1960-1972) / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Philibert Tsiranana, né le à Ambarikorano et mort le à Antananarivo, est un homme d'État malgache. Il est le premier président de la République malgache, de 1959 à 1972.
Philibert Tsiranana | |
Philibert Tsiranana en août 1962. | |
Fonctions | |
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Président de la République malgache[Note 1] | |
– (13 ans, 11 mois et 27 jours) |
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Élection | |
Prédécesseur | Ranavalona III (souveraine de Madagascar) |
Successeur | Gabriel Ramanantsoa |
Président du Conseil de gouvernement | |
– (6 mois et 17 jours) |
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Ministre conseiller de la France | |
– (1 an, 9 mois et 26 jours) |
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Président | Charles de Gaulle |
Député français | |
– (3 ans, 5 mois et 26 jours) |
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Élection | 2 janvier 1956 |
Circonscription | Madagascar |
Législature | IIIe (Quatrième République) Ire (Cinquième République) |
Groupe politique | SOC |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Ambarikorano (Madagascar) |
Date de décès | (à 67 ans) |
Lieu de décès | Antananarivo (Madagascar) |
Nationalité | malgache |
Parti politique | Parti des déshérités de Madagascar (PADESM) Parti social-démocrate (PSD) Parti socialiste malgache (PSM)) Parti socialiste (PS) France |
Profession | Professeur de français et de mathématiques |
Résidence | Palais d'État d'Ambohitsorohitra |
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Premiers ministres de Madagascar Présidents de la République malgache |
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Pendant douze ans, la République de Tsiranana connaît une stabilité institutionnelle qui tranche face aux troubles politiques qui secouent l’Afrique francophone à la même époque. L’économie progresse lentement en suivant la voie d'un socialisme pragmatique. Madagascar se voit attribuer le surnom d’« Île heureuse ». Cette particularité participe à la construction de sa popularité.
Son bilan aurait pu apparaître honorable s'il n'avait pas connu une fin de mandat plus que mitigée. Usé sur le plan physique et politique, corrompu par le pouvoir, Tsiranana peine à dissimuler derrière l'image populaire d'un bienveillant maître d’école, son penchant pour l’autoritarisme. Il demeure toutefois une figure politique malgache de premier plan et reste connu dans son pays comme le « père de l’indépendance ».
Les années de formation (1910-1955)
Du bouvier à l’enseignant
Philibert Tsiranana naît, selon sa biographie officielle, le [1] à Ambarikorano dans le district de Mandritsara[2]. Sa naissance remonterait en fait à 1910[2]. Il est le fils de Madiomanana et de Fisadoha[2], des éleveurs aisés de zébus[3] et des notables ruraux[3] côtiers chrétiens du pays tsimihety[4]. Destiné à devenir bouvier, il garde à cet effet le troupeau de bœufs familial[5] jusqu’à l’âge de onze ans mais à la suite de la mort de son père, il est confié à son frère ainé Zamanisambo qui l'envoie à l’école primaire d’Anjiamangirana[6].
En 1926, il est admis 8e sur 25 à l’école régionale d’Analalava où il obtient son certificat d’études du second degré[7]. En 1930, il entre à l'école formatrice des futurs cadres de la société malgache, « Le Myre de Vilers » de Tananarive où il suit les cours de la « section normale ». Sorti major avec un diplôme d’instituteur[7], il commence une carrière d’enseignement dans sa région natale, puis s’oriente en 1942 vers le professorat et obtient en 1945, grâce à des cours de perfectionnement à Tananarive, le concours de professeur-assistant[7](équivalent d'un poste de professeur d’école régionale)[3]. En 1946, il bénéficie d'une bourse lui permettant de poursuivre ses études à l’École normale d'instituteurs de Montpellier[8].
Du communisme au PADESM
En 1943, Philibert Tsiranana adhère au Syndicat professionnel des instituteurs puis en 1944, à la CGT[7]. Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création de l'Union française par la Quatrième République, la société coloniale à Madagascar se libéralise. Les colonisés ont désormais le droit de s'organiser politiquement. Tsiranana adhère ainsi en janvier 1946 aux Groupes d’études communistes (GEC) de Madagascar, sur les conseils de son mentor Paul Ralaivoavy[3]. Il y assure les fonctions de trésorier[7]. Les GEC lui permettent de rencontrer les futurs cadres du PADESM (Parti des déshérités de Madagascar), parti dont il est un des membres fondateurs en [3].
Le PADESM est une organisation politique composée essentiellement de Mainty et de Tanindrana originaires du littoral (les « côtiers »). Le PADESM est né à la suite de la tenue des élections constituantes françaises de 1945 et 1946. Pour la première fois Madagascar prend part à des scrutins métropolitains, des colons et des autochtones sont élus à l'Assemblée nationale française. Afin qu'un des deux sièges de député attribués aux indigènes de Madagascar leur soit concédé, les côtiers auraient approché le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) dirigé par les Mérinas des Hauts-Plateaux[3],[Note 2]. Les côtiers souhaitent la circonscription de l'ouest pour Paul Ralaivoavy[3], laissant la circonscription de l'est aux Merinas avec Joseph Ravoahangy[9]. L’accord n'est pas respecté, le Merina Joseph Raseta remporte le second siège en et [3]. Inquiets par un éventuel retour de « pouvoir Merina », les côtiers fondent alors le PADESM afin de contrer les revendications nationalistes du MDRM, s'opposant de fait à l'indépendance, une position justifiée en 1968 par Tsiranana :
- « si on l'avait demandée dès 1946, c’était à coup sûr la guerre civile car les côtiers n’étaient pas d’accord. Étant donné leur niveau intellectuel à l’époque, ils seraient restés de petits chefs de villages, des subordonnés, des subjugués, pour ne pas dire des esclaves, tant le fossé entre gens des côtes et gens des hauts-plateaux était énorme »[10].
En , du fait de son proche départ pour l’École normale de Montpellier, Tsiranana aurait refusé le poste de secrétaire général du parti[11]. Tsiranana se serait fait remarquer par ses contributions au journal du PADESM, Voromahery[11] dans lequel il signe ses articles sous le pseudonyme de Tsimihety, en référence à sa province natale[12].
Le séjour dans la métropole
Ce voyage dans la France d’après-guerre en pleine reconstruction, sujette aux aléas politiques de la IVe République[11], lui permet d’échapper à l’insurrection malgache de 1947 et à toute compromission dans ces événements sanglants[3]. Ému par cette tragédie, Tsiranana qui pourtant n'est pas un partisan de l'indépendance, participe le à une manifestation anti-coloniale à Montpellier[8].
Durant son séjour, il prend conscience du problème du recrutement des élites malgaches. Il constate que sur les 198 étudiants malgaches en France, seuls 17 sont côtiers[3]. Or dans son esprit, il ne peut y avoir d'union franche entre tous les Malgaches s'il demeure entre la côte et les Hauts-Plateaux, un écart culturel[3]. Afin d'y remédier, il fonde successivement deux amicales : l'Association des étudiants malgaches côtiers (AEMC) en août 1949, puis l'Association culturelle des intellectuels malgaches côtiers (ACIMCO) en à Madagascar. Ces créations, mal vécues par les Merina, lui sont reprochées[3].
De retour sur la Grande île en 1950, il est nommé professeur de l’enseignement technique à l’École industrielle de Tananarive située sur les Hauts Plateaux. Il y enseigne le français et les mathématiques. Mal à l’aise dans cet établissement, il est affecté à l’école « Le Myre de Vilers » où ses compétences sont plus appréciées[13].
Un progressiste ambitieux
Reprenant ses activités au PADESM, il milite à l’aile gauche du parti dans le but de le réformer[3]. Il considère le comité directeur trop inféodé à l’administration[13]. Surtout, il entend mener une action d'union avec l'ensemble des Malgaches, toute composante confondue<[13]. Dans un article publié le dans Varomahery, intitulé « Mba Hiraisantsika » (Pour nous unir), il invite les côtiers et Merina à une réconciliation pour les prochaines élections législatives[14]. En octobre, dans le bimensuel Ny Antsika (« Les Nôtres ») qu'il a fondé, il lance un appel aux élites malgaches afin qu’elles « forment une seule tribu »[3]. Cet appel au rassemblement cache une manœuvre électorale : Tsiranana aspire à prendre part aux législatives de 1951 dans la circonscription de la côte ouest[15]. La tactique échoue car loin de faire l'unanimité, soupçonné par la classe politique côtière d'être communisant[14], il est contraint de renoncer à sa candidature en faveur du « modéré » Raveloson-Mahasampo[16],[15].
Le , il est élu conseiller provincial dans la 3e circonscription de Majunga sur la liste unique « Progrès social »[15]. Il cumule cette fonction avec celle de conseiller à l'Assemblée représentative de Madagascar[15]. Aspirant toujours à un mandat métropolitain, il se porte candidat en , aux élections qu'organise l'Assemblée territoriale de Madagascar pour l'envoi de cinq sénateurs au Conseil de la République[15]. Sachant que deux de ces fauteuils, conformément à la pratique du double collège électoral, sont réservés à des citoyens français[Note 3], Tsiranana simple citoyen de l'Union française ne peut prétendre qu'à un des trois fauteuils attribués au collège des autochtones. Il est battu par Pierre Ramampy[17], Norbert Zafimahova[18] et Ralijaona Laingo[19],[15]. Affecté par cette défaite, Tsiranana se met à accuser ouvertement en 1954, l'administration coloniale de « discrimination raciale »[15] Avec d’autres élus autochtones, il suggère à Pierre Mendès France, l'instauration d’un collège électoral unique[20].
Cette même année, il adhère à la nouvelle Action madécasse, « troisième force entre nationalistes durs et partisans du statu quo »[3] qui prône la réalisation de la paix sociale dans l’égalité et la justice[21]. Tsiranana cherche à se donner une image nationale dépassant le seul caractère côtier et régional du PADESM, d'autant que désormais, ce n’est plus seulement un État libre dans l'Union française qu’il revendique mais une indépendance progressive obtenue par négociation avec la France[3].
L'irrésistible ascension politique (1956-1959)
Le député de Madagascar au Palais-Bourbon
En 1955, de passage en France dans le cadre de ses congés administratifs, il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en vue des élections législatives de janvier 1956[20]. Durant sa campagne électorale Tsiranana a pu compter sur le soutien du Front national malgache (FNM) dirigé par des Merina issus de l’Action madécasse, et surtout sur celui du haut-commissaire André Soucadaux qui voit en lui le nationaliste raisonnable que recherche l’administration[3]. Fort de ces soutiens et de la notoriété qu'il s'est construite les cinq dernières années[22], il est triomphalement élu député par 253 094 voix sur 330 915 dans la circonscription de l’ouest[3].
Au Palais Bourbon, il s'inscrit dans le groupe socialiste[3]. Il gagne rapidement une réputation de franc-parleur : en , il affirme l'insatisfaction des Malgaches pour l’Union française, simple continuité selon lui, du colonialisme sauvage (« tout cela n’est que façade, le fond reste le même »)[3]. Il en arrive à réclamer l'abrogation de la loi d’annexion d’août 1896[3]. Enfin, prêchant la réconciliation, il réclame en , la libération de tous les prisonniers de l’insurrection de 1947[3]. Par cette politique liant amitié avec la France, revendication indépendantiste et recherche de l’unité nationale, Tsiranana acquiert une stature nationale[3].
Son mandat de député est aussi l'occasion d'affermir légalement ses intérêts politiques locaux. Sous motif d’égalité, il obtient pour son bastion du nord et du nord-ouest, une sur-représentation à l'Assemblée territoriale de Madagascar[3]. Par ailleurs œuvrant avec énergie en faveur d'une importante décentralisation provinciale sous prétexte d'optimiser l'action économique et sociale sur la Grande île, il s'attire les critiques acerbes du Parti communiste français (PCF) qui, allié aux nationalistes durs de Tananarive, l'accuse de vouloir « balkaniser » Madagascar[3]. Tsiranana en garde une solide rancœur anticommuniste[3]. Cet attachement à la propriété le mène à déposer le , son unique proposition de loi : une « aggravation des peines contre les voleurs de bœufs » que le code pénal français ne prend nullement en compte[3].
L'apprenti homme d'État malgache
La création du PSD et la loi-cadre Defferre
Tsiranana s’impose progressivement comme le leader des côtiers[4]. Il fonde le à Majunga, avec des éléments de l’aile gauche du PADESM[3] dont André Resampa, le Parti social-démocrate (PSD)[23]. L’affiliation est portée à la SFIO[23]. Le PSD dépasse rapidement les perspectives limitées du PADESM, dont il est plus ou moins l’héritier[1]. Il représente tout à la fois les notables ruraux côtiers, les fonctionnaires et les partisans de l'indépendance anticommunistes[3]. D'emblée, son parti bénéficie des préférences de l'administration coloniale, dans la perspective des transferts progressifs du pouvoir exécutif prévus par la loi-cadre Defferre.
L'entrée en vigueur de la loi-cadre est prévue après que se soient tenues les élections territoriales de 1957. Le 31 mars, Tsiranana est réélu conseiller provincial sur la liste « Union et Progrès social » avec 79 991 voix sur 82 121 inscrits[24]. Tête de liste, il est nommé président de l’Assemblée provinciale de Majunga et est reconduit dans ses fonctions de conseiller à l’Assemblée représentative de Madagascar le [24]. Le 27 mai, cette assemblée élit un Conseil du gouvernement. À l’Assemblée représentative, le PSD de Tsiranana ne compte que 9 membres[25]. Un gouvernement de coalition est formée avec à sa tête Philibert Tsiranana en qualité de vice-président, le président étant de droit le haut-commissaire André Soucadaux[26]. Tsiranana obtient que son bras droit, André Resampa, soit nommé au portefeuille de l’Éducation[25].
Installé au pouvoir, Tsiranana conforte peu à peu son autorité. Le est créée une seconde section du PSD dans la province de Tuléar[26] : 16 conseillers de l'Assemblée provinciale s'y affilient, le PSD prend le contrôle de la province de Tuléar[25]. Comme beaucoup de dirigeants politiques africains de l'Union française, Tsiranana déplore publiquement que ses prérogatives de vice-président du Conseil soient assez limitées[27]. En avril 1958, lors du 3e congrès du PSD, il reproche à la loi-cadre, le caractère bicéphale qu’elle impose au Conseil : pour lui, la présidence du gouvernement malgache ne doit pas être occupée par le haut-commissaire[28]. L’accession du général de Gaulle au pouvoir en change la donne. Par une ordonnance du gouvernement national, l’ordre hiérarchique dans les territoires d’outre-mer est modifié au profit des élus locaux[29]. Tsiranana devient ainsi le , le président officiel du Conseil du gouvernement de Madagascar[29].
Le promoteur de la Communauté franco-africaine
Malgré ces prises de position, le dirigeant malgache souhaite plus une forte autonomie interne que l’indépendance[28]. Il affiche d'ailleurs, un nationalisme très modéré :
- « Nous considérons qu’il vaut mieux avoir une indépendance bien préparée, car une indépendance politique anticipée nous conduirait à la dépendance la plus atroce qui soit, la dépendance économique. Nous continuons à faire confiance à la France et comptons sur le génie français pour trouver, le moment venu, une formule comparable à celle du Commonwealth britannique. Car, nous Malgaches, nous ne voudrons jamais nous séparer de la France. De culture française nous sommes, et nous voulons rester Français[25]. »
Le général de Gaulle, dès son retour au pouvoir, décide d'accélérer le processus d'émancipation des colonies. L'Union française doit être remplacée par une nouvelle organisation[30]. Le général de Gaulle nomme le , un comité consultatif où figurent plusieurs responsables politiques africains et malgache[30]. Les discussions portent essentiellement sur la nature des liens devant unir la France et ses ex-colonies[30]. L'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny propose l’établissement d'une « fédération » franco-africaine, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor d'une « confédération »[30]. Finalement, c'est le projet de « communauté », soufflé à Tsiranana par un des rédacteurs de la constitution de la Ve Raymond Janot, qui est retenu[31].
Tout naturellement, Tsiranana mène activement campagne pour le « oui » au référendum du , aux côtés de l'Union des démocrates sociaux de Madagascar (UDSM) du sénateur Norbert Zafimahova, afin que Madagascar intègre la Communauté française[32]. La campagne pour le « non » est, pour sa part, principalement menée par l'Union des populations malgaches (UPM)[32]. Le « oui » l’emporte par 1 361 801 votes contre 391 166 « non » [32]. En contrepartie de ce « oui », Tsiranana a obtenu du général l'abrogation de la loi d’annexion de 1896[32]. Le , lors du congrès des conseillers provinciaux, Tsiranana proclame la République autonome malgache dont il devient le Premier ministre provisoire[33] ; le lendemain, la loi d’annexion de 1896 est rendue caduque[34].
La mise en place des institutions malgaches
Les manœuvres politiques contre l'opposition
Le , le Congrès élit, au scrutin de liste majoritaire par province, une Assemblée nationale constituante composée de 90 membres[35]. Ce mode de scrutin devait permettre au PSD et à l’UDSM de n’avoir aucun adversaire du « oui » dans l’Assemblée[35]. Sa présidence revient à Norbert Zafimahova.
En réaction à la création de cette assemblée, l’UPM, le FNM et l’Association des amis des paysans, fusionnent le 19 octobre pour donner naissance à l’AKFM (« Parti du congrès pour l’indépendance de Madagascar ») dirigé par le pasteur Richard Andriamanjato[36]. D’orientation marxiste, le parti devient le principal adversaire du gouvernement[36].
Tsiranana installe donc rapidement dans les provinces, une organisation étatique lui permettant de contenir l’AKFM[36]. Tout d'abord, il nomme des secrétaires d’État dans toutes les provinces[36]. Ensuite, le , il dissout le conseil municipal de Diego-Suarez[36] dirigé par l'opposition marxiste. Enfin, la loi du institue le « délit d’outrage aux institutions nationales et communautaires », et lui permet de sanctionner certaines publications[36].
L'élection à la présidence de la République malgache
Le , l’Assemblée constituante adopte la constitution élaborée par le gouvernement[37]. Elle s’inspire largement des institutions de la Ve République mais possède ses caractéristiques propres[38]. Le chef de l’État est le chef du gouvernement, il détient tout le pouvoir exécutif[38] ; le vice-président du gouvernement n’a qu’un rôle très effacé[38]. Le parlement est, quant à lui, bicaméral, situation exceptionnelle à l’époque en Afrique francophone[38]. De plus, les provinces, dotées de conseils provinciaux, jouissent d’une certaine autonomie[37]. Finalement, bien que d’inspiration parlementaire, le régime relève plutôt d’un présidentialisme modéré[38].
Le 1er mai, le parlement élit au sein d’un Collège comprenant également les conseillers provinciaux et des délégués des communes, le président de la République malgache[39]. Quatre candidats sont alors en liste: Philibert Tsiranana, Basile Razafindrakoto, Prosper Rajoelson et Maurice Curmer[39]. Finalement, sur les 114 suffrages exprimés par les congressistes, Tsiranana est unanimement élu premier président de la République malgache par 113 votes favorables, une seule abstention étant relevée[39].
Le , le général de Gaulle nomme quatre responsables politiques africains, parmi lesquels Philibert Tsiranana, au poste de « ministres-conseillers » du gouvernement français pour les affaires intéressant la Communauté[40]. Le président malgache, par ses nouvelles fonctions, en profite pour évoquer l’accès à la souveraineté nationale de Madagascar ; le Général accepte[41]. En février 1960, une délégation malgache dirigée par André Resampa[42], se rend à Paris pour négocier le transfert des compétences[43]. Tsiranana insiste pour que toutes les organisations malgaches soient représentées au sein de cette délégation, à l’exception de l’AKFM (qui le déplore)[44]. Le , les Accords franco-malgaches sont signés à l’Hôtel Matignon entre le Premier ministre français Michel Debré et le président Tsiranana[45]. Le 14 juin, le parlement malgache adopte à l’unanimité les Accords[46]. Le 26 juin, Madagascar devient indépendante.