Pie XII
260e pape de l’Église catholique de 1939 à 1958 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Eugenio Pacelli (/euˈdʒɛnjo paˈtʃɛlːi/), né le à Rome (Italie) et mort le à Castel Gandolfo (Italie), est le 260e pape de l'Église catholique sous le nom de Pie XII (en latin : Pius XII, en italien : Pio XII) de 1939 à sa mort.
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Né dans une famille de la noblesse pontificale, il progresse dans la curie, en tant que juriste dans la diplomatie vaticane. Nonce apostolique pendant la Première Guerre mondiale en Bavière puis en Allemagne, où il assiste à une révolte communiste et à la naissance du parti nazi, négociateur de plusieurs concordats, il est créé cardinal en 1929 puis nommé en février 1930 cardinal secrétaire d'État du pape Pie XI. Il travaille avec lui au quotidien, en particulier sur les relations avec l'Allemagne où Hitler arrive au pouvoir, avec l’appui du catholique Von Papen, avec lequel il négocie un concordat.
Il travaille ensuite pour Pie XI à la lettre de condamnation du nazisme : Mit brennender Sorge. Ses capacités de diplomate et la confiance de Pie XI, qui meurt en 1939, en font le favori du conclave, qui l'élit peu avant le début de la guerre.
Tentant de maintenir la paix (au moins pour l'Italie), exposant sa vision du rôle du pape dans l'encyclique Summi Pontificatus, il maintient le Vatican dans une neutralité, qui condamne les excès de la guerre (en Pologne surtout) sans nommer explicitement le nazisme de peur, semble-t-il, d'aggraver la répression. Sous la surveillance de Mussolini d'abord, puis sous celle des Allemands, il maintient des liens diplomatiques avec tous les régimes, y compris ceux qui collaborent à l'antisémitisme et à la déportation des Juifs, tout en se refusant à condamner l'alliance des Alliés et de l'URSS.
Mis au courant de l'existence des camps d'extermination, le pape condamne les actes, sans en préciser explicitement les victimes, ni les coupables (Noël 1942). Lors de l'occupation de Rome par les nazis, Pie XII agit pour éviter les bombardements de la ville, et pour protéger les Juifs menacés, ce qui n'empêche pas complètement leur déportation, mais lui vaut la reconnaissance de plusieurs personnalités et dignitaires juifs après la guerre.
Après la guerre, il s'oppose aux régimes communistes qui poursuivent la répression des catholiques et accompagne la décolonisation, par la mise en place de clergés locaux. Durant son long pontificat, Pie XII exerce un magistère d'autorité, utilisant l'infaillibilité pour affirmer le dogme de l'Assomption, publiant quarante-deux encycliques et effectuant trente-trois béatifications. Il affirme une vision hiérarchique de l'Église comme un corps mystique du Christ, insistant sur l'apostolat des laïcs et sur le rôle de la famille chrétienne dans l'éducation. Il encadre les innovations liturgiques et la recherche sur les écritures saintes, met fin à l'expérience des prêtres ouvriers, prend position sur les questions scientifiques, la contraception ou sur les évolutions politiques, utilisant les médias modernes (radio, télévision), et les grands rassemblements.
Après sa mort, en particulier à partir de 1963, à la suite de la parution de la pièce de théâtre Le Vicaire, il est l'objet d'une polémique (qui reprend au moment de l'enquête sur sa béatification) entre ceux qui louent son action charitable et déterminée contre Hitler et ceux qui lui reprochent ses « silences » (en particulier sur la Shoah, le génocide des Juifs d'Europe par le régime nazi et ses collaborateurs) et ses ambiguïtés face aux régimes d’extrême droite.
Un modèle de carrière dans la curie
Un représentant de la jeunesse pontificale
Eugenio Pacelli naît à Rome en 1876, dans une famille de la noblesse noire du Saint-Siège fidèle à la papauté pendant la question romaine (refus de l'annexion de Rome par l'Italie entre 1870 les accords du Latran de 1929) :
-son grand-père, Marcantonio Pacelli, avait été ministre des Finances de Grégoire XVI puis avait accompagné Pie IX en exil à Gaète pour fuir les révolutionnaires en 1849. Au retour du pape à Rome, il était devenu secrétaire à l'Intérieur, pendant la phase autoritaire du pontificat à partir de 1851 jusqu'à la fin des Etats Pontificaux en 1870. C'était l'un des fondateurs du journal officiel du Vatican, L'Osservatore Romano.
-son père, Filippo Pacelli (1837-1916), avocat à la Rote romaine puis avocat consistorial s'était également montré défavorable à l'intégration des États pontificaux au royaume d'Italie après 1870.
-un de ses oncles (Giuseppe Pacelli) a porté le titre de Monsignore (il le baptise à San Celso e Giuliano); un de ses cousins, (Ernesto Pacelli), a été conseiller financier de Léon XIII et son frère (Francesco, docteur en droit canon et juriste du Saint-Siège) est, en 1929, l'un des négociateurs des accords du Latran.
Sa mère, Virginia Graziosi (1844-1920) vient d'une famille distinguée pour ses services rendus au Saint-Siège.
Avec son frère Francesco et leurs deux sœurs, Giuseppina et Elisabetta, Eugenio grandit à Rome, va à l'école chez les religieuses puis à partir de 7 ans, au Liceo Ennio Quirino Visconti, établissement public marqué par un certain anticléricalisme populaire. Il est le meilleur de ses classes.
Eugenio Pacelli annonce dès 12 ans son intention d'être prêtre et non homme de loi, ce qui n'étonne pas sa famille: il était fasciné par la personnalité de saint Philippe Neri (originaire de Rome) dont le corps était sous l'autel de l'église de la paroisse où il servait comme enfant de chœur.
Étudiant discipliné, sportif (natation, cheval, canot), musicien (violon), s'intéressant à l'archéologie, il commence en 1894 sa théologie à l'université pontificale grégorienne des Jésuites de Rome tout en résidant au Collegio Capranica. De 1895 à 1896, il effectue son année de philosophie à l'université romaine de La Sapienza. Il visite Paris en 1896[1] rejoint l'institut Apollinare de l'université pontificale du Latran en 1899, y obtient trois licences, l'une de théologie et les autres in utroque jure (« dans les deux droits », c'est-à-dire droit civil et droit canonique) avec, parmi ses professeurs, l'Allemand Karl Julius Beloch. Au séminaire, pour des raisons de santé, il échappe au lot commun et obtient de rentrer chaque soir au domicile parental.
Il est ordonné prêtre à Pâques le par Francesco di Paola Cassetta, un ami de la famille.
La carrière dans la curie d'un juriste diplomate
L'abbé Pacelli est invité à travailler dans les bureaux du Vatican par Pietro Gasparri, qui est un proche de Mariano Rampolla, le secrétaire d'État du pape Léon XIII. En 1901, fait docteur en théologie, repéré pour ses dons en langues et en droit, il entre à la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires, chargée des relations internationales du Vatican, par la recommandation d'un des frères cardinaux Vannutelli, ami de la famille. Il y devient minutante pour le compte du secrétariat d'État, où il rencontre Merry del Val. Il est choisi par Léon XIII pour porter les condoléances du Saint-Siège après la mort de la reine Victoria[1].
L'abbé Pacelli assiste, en tant que minutante, au conclave d'août 1903, qui voit l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier porter la dernière exclusive contre le cardinal Rampolla et aboutit à l'élection de Pie X. Après cette élection, la curie est dominée par les antimodernistes et tout particulièrement le nouveau secrétaire d'État, le cardinal Merry del Val. Pacelli, tout en restant le protégé du cardinal Gasparri, est identifié comme un proche de Pie X, qui le nomme camérier secret et aurait appartenu à l'organisation antimoderniste la Sapinière[2] « quoique sa position ne soit pas intransigeante. Il était vu comme un serviteur du Saint-Siège essentiellement étranger aux conflits qui secouaient les milieux du Vatican »[1].
Après avoir été intégré, le , dans la Commission pour la codification du droit canonique (dont il est nommé secrétaire en 1904, par le cardinal Gasparri) il est promu prélat domestique en 1905, et poursuit sa carrière de spécialiste comme juriste, représentant du Saint-Siège et enseignant : il publie une étude sur La Personnalité et la territorialité des lois, spécialement dans le droit canon, puis un livret blanc sur la séparation des Églises et de l'État en France où il s'est rendu l'année précédente[1]. Il est un des principaux préparateurs des textes qui mettent fin au droit d'exclusive qui avait marqué le conclave précédent. Nommé représentant du Vatican au congrès international eucharistique de Londres (1908), il rencontre Winston Churchill et représente le Saint-Siège au couronnement du roi George V en 1911.
Pacelli, après avoir décliné de nombreuses offres de chaires de droit canonique, aussi bien à l'Apollinaire qu'à l'université catholique de Washington (à la demande du pape), enseigne cependant à l'Académie des nobles ecclésiastiques, vivier de la curie romaine, puis devient professeur de droit canon de l'université pontificale du Latran et de l'université catholique d'Amérique en 1908. De 1909 à 1914 il est professeur de l'Institut Sant’Apollinare. Il est également chapelain des sœurs de l'Assomption[1].
Sa carrière est une suite de promotions : le , il devient sous-secrétaire aux Affaires ecclésiastiques extraordinaires du cardinal Gasparri, puis en 1912, consultant pour le Saint-Office, secrétaire adjoint, et secrétaire le (il y succède à Gasparri qui vient d'être promu Cardinal secrétaire d'État). Dès lors, il devient un des diplomates en vue du Saint-Siège. Il conclut un concordat avec la Serbie quelques jours avant l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche, qui stipule que les évêques de Serbie seront nommés par le pape, et non plus par l'Empereur. Selon John Cornwell, ce traité aggrava les tensions entre l'Autriche et le royaume des Balkans et « fut sans doute pour quelque chose dans l'ultimatum que l'Empire austro-hongrois lança à la Serbie »[3]. Après le décès du pape, son successeur Benoît XV conserve Gasparri et Pacelli à leurs postes. Pacelli y promeut la politique pacifiste du pape pendant la Première Guerre mondiale (il est chargé du suivi et des échanges des prisonniers de guerre). Il tente en particulier de dissuader l'Italie d'entrer en guerre contre les puissances centrales (Autriche-Hongrie et Allemagne) : en 1915, lors d'un voyage à Vienne, en collaboration avec le nonce apostolique Scapinelli, il cherche à amener l'empereur François-Joseph à plus de patience à l'égard de l'Italie. Lorsqu'il sert à Rome, considéré comme le bras droit de Gasparri, il participe à la rédaction des projets de documents pontificaux, souvent majeurs, à l'instar des encycliques comme celle, interrompue du fait de la Première Guerre mondiale, prévue en février 1916 ; il participa au passage sur la condamnation de l'antisémitisme[4].
Un diplomate du Saint-Siège
Le nonce apostolique en terre allemande
Le , Benoît XV nomme Pacelli nonce apostolique en Bavière : Munich est alors l'unique représentation pontificale dans l'Empire allemand. Trois jours plus tard, il le nomme archevêque in partibus de Sardes (de) et le sacre dans la chapelle Sixtine, le (jour des apparitions de Fátima). Il est reçu par le roi Louis III de Bavière le .
Auprès du Kaiser Guillaume II, Pacelli tente en vain de promouvoir la note de Benoît XV du , demandant la paix : le chancelier Bethmann-Hollweg, intéressé, doit démissionner.
Pacelli s'efforce de connaître l'Église allemande, visite les diocèses et assiste aux principales manifestations catholiques, comme le Katholikentag. Il rencontre son conseiller Robert Leiber et prend à son service, lors de ses vacances d'été, à Rorschach au lac de Constance, l'Allemande sœur Pasqualina, âgée de 23 ans, qui reste sa gouvernante jusqu'à la fin de sa vie.
Après l'effondrement de l'Allemagne, une insurrection éclate en Bavière, en 1919, et des révolutionnaires menacent le nonce apostolique de leurs armes pour prendre sa voiture. La république des conseils de Bavière nationalise l'immeuble de la nonciature, qui est rendu après la protestation officielle du diplomate ; le nonce écrit au Vatican que ce régime — qui dura un mois — est une « très dure tyrannie judéo-russo-révolutionnaire »[5].
En 1919, le Saint-Siège reconnaît la nonciature en Bavière compétente pour l'ensemble du territoire allemand ; le est établie une nonciature en Allemagne qu'Eugenio Pacelli reçoit, en même temps que la nonciature de Prusse (double poste purement formel puisque le personnel et l'adresse sont les mêmes). Eugenio Pacelli demeure toutefois en Bavière jusqu'à la conclusion d'un concordat (1924) où il s'inquiète de la montée de la droite nationaliste : une campagne, en mars 1923, assimile les jésuites, les Juifs et les protestants à des ennemis de l'Allemagne. Il déconseille à cause de ce risque d'amalgame les rapprochements œcuméniques. Il vit à Munich le putsch manqué Hitler-Ludendorff du 8 et . Il alerte au Vatican le nouveau pape Pie XI (élu en 1922) contre le caractère anticatholique de ce coup d'État et, en mai 1924, il estime que le nazisme est « peut-être la pire hérésie de notre époque ».
Il n'emménage à Berlin (au palais neuf de la nonciature) que le et conduit, de 1925 à 1929, les négociations d'un concordat avec la Prusse. L'échec d'un concordat global avec l'Allemagne provient d'une méfiance réciproque avec le gouvernement. Hostile aux communistes, proche du père Kaas, membre du Zentrum, il déconseille une alliance politique du parti catholique avec la coalition socio-démocrate/libérale de la république de Weimar. Il appuie toutefois les efforts diplomatiques de l'Allemagne (demande de modération des réparations de guerre, refus de la sécession du clergé de la Sarre souhaitée par la France, aide à la nomination d'un administrateur papal pour Danzig et réintégration de prêtres de Pologne).
En août 1929, au nonce autrichien, il décrit Adolf Hitler, comme un « redoutable agitateur politique », ajoutant : « ou bien je me trompe vraiment beaucoup, ou bien tout cela ne se terminera pas bien. Cet être-là est entièrement possédé de lui-même : tout ce qu'il dit et écrit porte l'empreinte de son égoïsme ; c'est un homme à enjamber des cadavres et à fouler aux pieds tout ce qui est en travers de son chemin — je n'arrive pas à comprendre que tant de gens en Allemagne, même parmi les meilleurs, ne voient pas cela, ou du moins ne tirent aucune leçon de ce qu'il écrit et dit. — Qui, parmi tous ces gens, a seulement lu ce livre à faire dresser les cheveux sur la tête qu'est Mein Kampf ? »[6].
Son rôle diplomatique déborde le territoire allemand : en l'absence de nonciature auprès du régime de Lénine, Pacelli prend connaissance des discussions entre le Vatican et l'URSS. En 1926, il consacre évêque le jésuite Michel d'Herbigny, chargé de constituer un clergé en Union soviétique. Il relaie des propositions soviétiques pour l'organisation du catholicisme, jusqu'à leur échec en 1927 (arrêt par Pie XI). Afin de régulariser les relations entre le Saint-Siège et les autres États et d'y défendre les activités catholiques, il négocie plusieurs concordats avec la Lettonie en 1922, avec la Bavière en 1924, avec la Pologne en 1925, avec la Roumanie en 1927 enfin avec la Prusse en 1929.
Le secrétaire d’État de Pie XI
Si son élévation à la dignité de cardinal par Pie XI avec le titre de cardinal-prêtre de Saint-Jean-Saint-Paul (1929) ne surprend pas, sa nomination dès février 1930 comme successeur du cardinal Gasparri au poste de cardinal secrétaire d'État crée la « stupeur » dans la curie. Elle y apparaît comme la promotion d'un homme nouveau au service exclusif du pape et « une figure au-dessus des partis[1] ». Le cardinal Pacelli devient le principal collaborateur de Pie XI qu'il voit au moins deux fois par semaine.
Tout en poursuivant son ascension dans la curie (archiprêtre de la basilique vaticane (1930), grand chancelier de l'Institut pontifical d'archéologie chrétien (1932) et surtout camerlingue de la Sainte Église romaine en 1935), il conduit la diplomatie, la négociation et la signature de plusieurs concordats, régissant les relations entre l'État signataire et l'Église catholique et permettant à cette dernière de faire fonctionner de nombreux groupes et associations (Bade 1932, Autriche en 1933, Yougoslavie en 1935 et Portugal en 1940). Il est associé à la protestation contre l'attitude du gouvernement mexicain (1932), voyage en Argentine (1934), en France (Lourdes en 1935, Paris et Lisieux en 1937), aux États-Unis à titre privé en 1936, (il y rencontre Franklin Delano Roosevelt, Francis Spellman et la famille de Joseph Kennedy), et en Hongrie (où il rencontre le régent Miklós Horthy en 1938).
L'ancien nonce en Allemagne continue à négocier en vain avec la république de Weimar un projet global de concordat. Politiquement, il soutient avant 1933 l'idée d'une coalition entre les catholiques du Zentrum et le DNVP. Cependant l'ancien chancelier Franz von Papen choisit l'alliance avec le NSDAP de Hitler, ce qui entraîne des signes de détente entre le dirigeant nazi parvenu au pouvoir en janvier 1933 et les catholiques: un discours rassurant de Hitler le , le retrait du décret des évêques qui avait explicité l'incompatibilité du catholicisme et du national-socialisme (28 mars suivant), l'ordonnance confirmant l'existence du parti catholique Zentrum (23 avril) alors que les autres partis sont interdits, enfin son auto-dissolution le permettant l'instauration du parti unique.
Pie XI et Eugenio Pacelli profitent de cette phase pour signer le concordat en préparation depuis plusieurs années et qui donne une garantie d'État au catholicisme allemand. Du point de vue de Hitler, la signature permet à la fois d'éviter une activité politique éventuelle du clergé, des organismes et des ordres catholiques, et de rassurer l'étranger (en particulier l'Autriche, l'Espagne et l'Italie catholiques) tout en augmentant son prestige international[7]. Le , le cardinal Pacelli signe avec Franz von Papen, représentant le nouveau chancelier du Reich Adolf Hitler, un concordat avec l'Allemagne.
L'Allemagne nazie ne respectant pas le concordat, le cardinal Pacelli envoie 55 notes de protestations au gouvernement allemand entre 1933 et 1939.
En mars 1937, il rédige à la demande du pape[M 1], avec le cardinal-archevêque de Munich, Michael von Faulhaber, le texte de l'encyclique Mit brennender Sorge[8] qui renouvelle ces protestations et condamne la divinisation de la race et le paganisme[M 2]. C'est une des deux seules encycliques écrites en langue non latine. Publiée et importée clandestinement en Allemagne, elle est lue en chaire par tous les prêtres catholiques allemands le dimanche des Rameaux de 1937. Une vague de répression contre les prêtres allemands s'ensuivra.
En 1938, après l'approbation de l’Anschluss par l'épiscopat autrichien, Pie XI fait intervenir Pacelli auprès du cardinal-archevêque de Vienne Theodor Innitzer, pour qu'il revienne sur cette position par une déclaration. Le 6 mai, celui-ci s'exécute, écrivant dans l'Osservatore Romano, au nom de tous les évêques d’Autriche :
« La déclaration solennelle des évêques autrichiens […] n’avait pas pour but d’être une approbation de quelque chose qui est incompatible avec la loi de Dieu et que les gestes de sympathie de l'épiscopat autrichien à l'égard du régime hitlérien n'avaient pas été concertés avec Rome ».
En , lors de la visite de Hitler à Rome, Pacelli s'absente ostensiblement du Vatican avec le pape Pie XI. Celui-ci multiplie les prises de positions contre l'alliance entre l'Italie mussolinienne et le nazisme. Il s'oppose à la législation antisémite italienne en déclarant le à des pèlerins « nous tous… sommes spirituellement des Sémites », demande aux universités catholiques d'organiser un enseignement contre l'antisémitisme et le racisme, et souhaite prononcer, pour l'anniversaire des accords du Latran un discours contre, notamment, le contrôle de l'information par les fascistes. Mais il meurt dans la nuit. Le cardinal Pacelli, camerlingue, conformément à l'usage ecclésial, assure les cérémonies et détruit le texte imprimé du discours.