Prévention du suicide
De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Pour un article plus général, voir Suicide.
La prévention du suicide est un terme qui désigne les efforts mis en place par des gouvernements, associations ou individus dans l'objectif de réduire le nombre ou l'incidence des suicides.
La lutte contre le suicide est un souvent un enjeu important de santé publique ayant des effets important sur les communautés, les sociétés, et les individus[1].
Les efforts généraux ont inclus la prévention et les mesures proactives dans le milieu de la médecine et de la santé mentale, ainsi que la santé publique et les autres domaines. Du fait que les facteurs de protection, de soutien social et d'engagement social, ainsi que risques environnementaux tels que l’accès aux moyens létaux, semblent être des aspects significatifs de la prévention du suicide, le suicide ne doit pas être perçu isolément comme une question médicale ou mentale[2],[3].
Plusieurs méthodes peuvent permettre d'agir sur le nombre de suicides sur le plan sociétal. Ces méthodes sont souvent utilisées conjointement, dans une approche globale de réduction du suicide.
Les mesures mises en place peuvent être divisées en trois catégories : la détection des signes pouvant amener au suicide, la dissuasion ou le traitement des suicidaires, et le soutien aux victimes collatérales des suicidaires[4].
Détection
La détection a pour objectif de détecter les personnes ayant des tendances suicidaires, souvent dans l'objectif de les aider.
Signaux d'alerte
La détection d'un éventuel passage à l'acte peut se détecter en analysant certain signes[5],[6]:
- Évocation verbale de son intention de mettre fin à ses jours ;
- Épuisement ;
- Anxiété, tristesse intense, découragement ;
- Isolement social ;
- Troubles alimentaires ;
- Perte d'intérêt ;
- Changement d'humeurs ;
- Abus de substances.
Facteurs à risque
Même si il est complexe de comprendre le motif qui pousse certaines personnes au suicide, des schémas récurrents ont été étudiés. Les facteurs sont de plusieurs types. Les facteurs mentaux sont les principaux influents dans l'intention de mettre fin à ses jours, tels que la maladie mentale. Il existe également des facteurs extérieurs comme la violence dans l'entourage, l'intimidation, des conditions sociales compliquées ou un manque affectif par exemple[7].
Dissuasion et traitement
La dissuasion comprend l'ensemble des actions ayant pour but d'empêcher les suicidaires de passer à l'acte.
Réduction de l'accès aux moyens létaux
L'une des premières actions mises en place est la réduction de la libre circulation des armes, et plus généralement, de tout moyen permettant de mettre fin à ses jours.
Plusieurs études ont démontré un lien fort entre la limitation de la circulation des armes à feu et la diminution du nombre de suicides[8]. Ainsi, dans de nombreux pays, les armes à feu sont rendues inaccessibles au grand public grâce à des contrôles d'identité, des conditions spécifiques à remplir pour en acquérir une, ou par la simple interdiction de possession[9].
D'autres produits potentiellement mortels peuvent être rendus inaccessibles dans l'objectif de diminuer les suicides. C'est le cas par exemple de certains types de gaz. Au Royaume-Uni par exemple, dans les années 1950, le suicide par inhalation de gaz domestique était un moyen couramment utilisé pour mettre fin à ses jours. Ce dernier contenait alors 10 à 20 % de monoxyde de carbone, un composé chimique potentiellement mortel. L'interdiction par le gouvernement de l'utilisation commune de ce type de gaz a permis de significativement diminuer le nombre de suicides par inhalation de gaz[10],[11].
Aide téléphonique
L'aide téléphonique pour les personnes en détresse est souvent attribuée au prêtre anglican Chad Varah à Londres, en 1953[12] et fondateur de l'organisation caritative Samaritans (en). Parmi les centres de prévention précurseurs figure également le Centre de prévention du suicide de Los Angeles qui s'est étendu à 130 centre aux États-Unis[13].
Selon l'OMS en 2021, seuls 38 pays ont mis en place une politique nationale de prévention du suicide[14]. Parmi les dispositifs les plus utilisés, la ligne d'écoute téléphonique est souvent la première action mise en place par les gouvernements.
Pays et régions à majorité francophone
Pays ou Région | Contacts |
---|---|
Belgique |
|
France |
|
Québec | |
Suisse Romande |
|
Autres pays
Pays | Contacts |
---|---|
Algérie |
|
Argentine | |
Arménie |
|
Australie |
|
Autriche | |
Azerbaïdjan |
|
Bahamas |
|
Bahreïn |
|
Bangladesh |
|
Barbade |
|
Biélorussie |
|
Bosnie-Herzégovine |
|
Bolivie |
|
Botswana |
|
Brésil |
|
Brunei |
|
Bulgarie |
|
Canada |
|
Chili |
|
Chine |
|
Colombie |
|
Croatie |
|
Cuba |
|
Chypre |
|
République Tchèque |
|
Danemark |
|
Équateur |
|
Égypte |
|
Estonie |
|
Fidji |
|
Finlande |
|
Allemagne |
|
Ghana |
|
Grèce |
|
Groenland |
|
Guynana |
|
Hong Kong |
|
Hongrie |
|
Islande |
|
Inde |
|
Indonésie |
|
Iran |
|
Irlande |
|
Israël |
|
Italie | |
Japon |
|
Jordanie |
|
Corée du sud |
|
Kenya |
|
Kosovo | |
Lettonie |
|
Liban |
|
Libéria |
|
Information du public
La prévention du suicide passe également par l'information du grand public sur les signes à détecter et les moyens d'aide existants. Selon l'Observatoire du Suicide en France, deux étude sur trois affirment que les campagnes de communication constituent un levier important de la lutte contre le suicide[73].
Accès aux soins
La prise en charge psychologique et psychiatrique permet de détecter et de lutter contre des envies suicidaires. Pour cela, l'accès aux professionnels de santé constitue un pilier important de la lutte contre le suicide[74].
Mesure de protection de l'espace public
Des mesures de protection tel que des filets anti suicide sont parfois installés sur les ponts ou les bâtiments dans l'objectif d'empêcher les suicides par saut. L'efficacité de ces dispositifs est cependant souvent remis en question[75],[76].
Soutien au victimes
Le soutien au victime collatérale d'un suicidé à pour objectif d'aider au deuil et réduire la culpabilité des proches.
Mesures en milieu carcéral
La prévention du suicide est étudiée de manière scientifique par la suicidologie dont l'objectif est de réduire les taux de suicide dans le monde. De nombreux experts mettent au point et évaluent régulièrement les programmes de prévention dans le monde[77]. L'Organisation mondiale de la santé collecte les données sur le suicide depuis 1950 et soutient des programmes de recherche et revues de question sur le sujet pour aider à l'implémentation de programmes de prévention efficaces[77].
Une revue systématique des études menées de 1966 à 2005 menée par des experts de 15 pays, suggère que l'éducation des médecins généralistes (formation sur la reconnaissance de la dépression et son traitement) et la réduction des moyens de suicide (par exemple, des armes à feu, ou des pesticides) sont des stratégies de prévention dont l'efficacité est démontrée[77].
Les programmes de prévention représentent un coût financier pour les collectivités, mais ils ont aussi des répercussions financières bénéfiques à long terme. Il est possible de calculer le rapport entre le coût d'un programme et les bénéfices ou avantages humains mais aussi financiers, qui en résultent, ce qui s'appelle une analyse coûts-avantages ou coûts-bénéfices[78].
Un tel calcul a été fait par le gouvernement anglais (et rapporté par les chercheurs néerlandais Aleman et Denys dans le journal Nature). Ces chiffres démontrent que les programmes de prévention du suicide sont un excellent investissement économique pour un gouvernement. Les coûts des suicides sont évalués en additionnant les frais d'hospitalisation, de police, de funérailles, mais également les années perdues de la personne décédée (un calcul appelé valeur de la vie qui estime, entre autres, la perte de productivité due au décès prématuré). Ces coûts ont été évalués par le gouvernement anglais à environ 577,7 millions de livres sterling dans les années 2008-2009. Or le coût des programmes de prévention du suicide (formation des médecins généralistes, mesures de prévention) est d'environ 10 millions. L'économie réalisée à long terme est de 567,8 millions de livres sterling si l'on prend une estimation de 600 décès par suicide qui seraient évités par la mise en place de ces programmes[78]. Les auteurs en appellent donc à une large hausse des investissements dans ce domaine, qu'ils comparent à la prévention des accidents de la route qui bénéficient de 10 fois plus d'investissement le nombre de victimes d'accidents de la route a baissé alors que celui des suicides stagne ou augmente[78].
La prévention du suicide est risquée pour les professionnels de la santé en termes de détresse émotionnelle des praticiens et risque de mauvaises pratiques[79].