Scythes
peuples indo-européens en partie nomades, parlant des langues iraniennes / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Les Scythes sont un ensemble de peuples iraniens d'Eurasie, en grande partie des cavaliers nomades. Répartis en Europe orientale et en Asie centrale dans la steppe eurasienne, une vaste zone allant de l'Ukraine actuelle à l'Altaï, en passant par la Russie et le Kazakhstan, ils ont vécu leur apogée entre le VIIe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle av. J.-C. avant d'être supplanté par les Sarmates, un peuple apparenté aux Scythes vivant au départ plus à l'Est.
Scythes | |
Les Scythes dans la steppe pontique du VIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle av. J.-C. | |
Période | IXe au IIe siècle av. J.-C. |
---|---|
Ethnie | Indo-Iraniens |
Langue(s) | langues iraniennes |
Religion | Religion scythe (proche du védisme et du mazdéisme) |
Région d'origine | Steppe eurasienne |
Région actuelle | Ukraine, Russie méridionale, Asie centrale jusqu'en Mongolie |
Rois/monarques | Idanthyrse, Ateas |
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Les Scythes migrent depuis l'Asie centrale au cours du IXe siècle av. J.-C. et remplacent les Cimmériens comme puissance dominante dans la steppe pontique au nord de la mer Noire. À partir de cette époque, les Scythes et les peuples qui leur sont apparentés dominent toute la steppe eurasienne, des Carpates à l'ouest au plateau d'Ordos à l'est, créant ce que des historiens appellent le « premier empire nomade » d'Asie centrale. Après avoir été expulsés d'Asie du Sud-Ouest par les Mèdes vers , les Scythes se retirent dans la steppe pontique où ils forment un royaume puissant, s'opposant notamment aux Perses lors de la campagne menée par Darius Ier en 513 et aux Macédoniens sous le règne de Philippe II. À partir du IIIe siècle av. J.-C., ils sont progressivement supplantés par les Sarmates. À la fin du IIe siècle av. J.-C., Néapolis Scythe, la capitale des Scythes alors largement hellénisés, est prise par Mithridate VI du royaume du Pont et leurs territoires incorporés au royaume du Bosphore. Au IIIe siècle, les Sarmates et les derniers Scythes sont submergés par les Goths et au début du Moyen Âge, les Scythes et les Sarmates sont largement absorbés par les Slaves.
Après la disparition des Scythes, les auteurs des périodes antiques, médiévales et modernes ont utilisé le terme de « Scythes » ou de « Scythiques » pour désigner diverses populations des steppes eurasiennes n'ayant pas forcément rapport entre elles. Le consensus scientifique actuel veut que les Scythes proprement dits soient les peuples iraniens antiques d'Eurasie centrale qui parlent des langues scythes faisant partie du groupe des langues iraniennes.
Les Scythes ont entretenu des relations commerciales étroites avec les colonies grecques du Nord de la mer Noire et joué un rôle important dans la route de la soie, un vaste réseau commercial reliant dès l'Antiquité la Grèce, l'Empire perse, l'Inde et la Chine. Les métallurgistes scythes sont réputés pour leurs objets décoratifs portables affiliés à l'art des steppes. Selon les territoires et les époques, les Scythes ont pu être nomades comme sédentaires.
Le mot « Scythes » provient du grec ancien Skúthoi (Σκύθοι) qui est dérivé de l'endonyme scythe Skuδatā, signifiant « archers »[1]. Du fait changement de son de /δ/ à /l/ dans la langue scythe, le mot a évolué vers la forme Skulatā. Cette désignation a été enregistrée en grec sous le nom de Skōlotoi (Σκωλοτοι), qui, selon Hérodote, est l'autodésignation de la tribu des Scythes royaux, l'aristocratie guerrière des Scythes. Le terme « scythique » est lui relatif aux phénomènes linguistiques et culturels.
Les Assyriens désignent les Scythes notamment sous le nom de Ishkuzai qui est dérivé de Skulatā[2]. Les Perses les désignent sous le nom de Sakas en vieux perse, d'une racine verbale iranienne sak-, « aller, errer » et signifiant ainsi « nomade ». Le terme de Sakas est utilisé par les Perses pour désigner tous les peuples nomades de la steppe eurasienne, dont les Scythes. Les Chinois les connaissent sous le nom de Sai.
De nos jours, le nom « Scythes » est utilisé spécifiquement pour les anciens nomades de la steppe occidentale tandis que « Saka » est utilisé pour un groupe de nomades apparenté vivant dans la steppe orientale[1]'[3].
Les historiens modernes utilisent le terme de Scythes pour désigner spécifiquement les peuples nomades ou semi-nomades de la steppe eurasienne, même si les Babyloniens, Perses et Grecs de l'Antiquité désignent sous ce nom tous les nomades des steppes :
- Le nom « Scythes » fait généralement référence chez les chercheurs modernes au peuple nomade iranien qui a dominé les territoires de steppe et de forêt au nord de la mer Noire (ou Pont-Euxin), la Crimée, la vallée du Kouban, ainsi que les péninsules de Taman et de Kertch du VIIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle av. J.-C.[1]'[3] ;
- Le nom « Sakas » désigne spécifiquement les Scythes orientaux qui vivent dans la steppe eurasienne du nord et de l'est et dans le bassin du Tarim[1]'[3] ;
- Les Cimmériens sont souvent décrits par les auteurs antiques comme étant culturellement scythes mais ils forment une tribu différente des Scythes proprement dits qui les ont remplacé dans la steppe pontique au VIIe siècle av. J.-C.[4].
Les Scythes partagent plusieurs similitudes culturelles avec d'autres populations d'Asie centrale, en particulier pour les armes, les équipements pour chevaux et l'art des steppes, des éléments qui forment la « triade scythe »[1]. Les cultures partageant ces caractéristiques sont souvent désignées comme étant « scythiques ». Les peuples associés aux cultures scythes comprennent donc les Scythes eux-mêmes, qui constituent un groupe ethnique distinct, mais aussi les Sakas, les Cimmériens, les Sarmates (ou Sauromates pour les proto-Sarmates), les Massagètes, les Alains (les ancêtres des Ossètes) et les Roxolans. Divers peuples méconnus de la steppe forestière d'Europe de l'Est sont souvent apparentés à la culture scythique, tels que les premiers Slaves, les Baltes et les Finno-Ougriens[5]. Dans cette définition large du terme « Scythe », les Scythes les plus occidentaux sont souvent distingués des autres groupes par les termes « Scythes classiques », « Scythes occidentaux », « Scythes européens » ou « Scythes pontiques »[6]
Dans un sens large, les terme de Scythes est parfois utilisé pour désigner tous les premiers nomades eurasiens[6], mais la validité d'une telle terminologie est contestée[1].
De nombreuses sources antiques attestent l'existence peuples scythes. Les Assyriens mentionnent les Scythes sous le nom de dès 640 avant J.-C.[2]. Les textes assyriens donnent les noms de deux chefs scythes : Iskpakāy et Partatûa. Les sources perses désignent quant à eux les Scythes par le nom de Saces (ou Saces).
Le peuple et la culture scythes nous sont essentiellement connus grâce aux textes des géographes grecs et romains[7]. Au VIIe siècle av. J.-C., les Grecs fondent des colonies au nord de la mer Noire, comme la cité d'Olbia du Pont où séjourne l'historien Hérodote au Ve siècle av. J.-C. Cette présence grecque au Nord de la mer Noire met les Grecs en contact direct avec les Scythes. Leurs relations commerciales, culturelles et artistiques ont été très intenses, une véritable culture gréco-scythe riche en productions a fleuri sur le territoire de l'actuelle Ukraine et de la Crimée, en dépit des inévitables conflits entre Grecs sédentaires et Scythes nomades. Le terme « Scythe » désigne parfois au sens strict seulement ces Scythes de la mer Noire qui forment alors un sous-groupe distinct parmi les peuples scythiques, mais les Grecs utilisent le terme également pour nommer tout l'ensemble des populations scythiques d'Asie[8]. Souvent, les deux populations n'entretiennent pas de relations continues, mais se rencontrent au gré de la remontée des fleuves par les marchands grecs<. Ainsi, pour les géographes grecs, le monde scythe, situé au Nord de la Grèce, constitue l'un des quatre mondes barbares, répartis géographiquement selon les points cardinaux[9].
Les Grecs et les Scythes n'ont pas entretenus de relations continues, mais se sont rencontrés au gré de la remontée des fleuves par les marchands grecs. Pour les géographes grecs, le monde scythe constitue l'un des quatre mondes barbares, avec celui des Perses, des Éthiopiens et des Indiens, ces mondes étant répartis géographiquement selon les points cardinaux. La culture des Scythes est principalement connue grâce aux récits d'Hérodote qui constituent une source d'information très riche, même si l'historien évoque les Scythes d'Europe (Ukraine actuelle)[10]. Hérodote qualifie par analogie de mœurs et de modes de vie, les Celtes de « Scythes de l'ouest ». Selon lui, les Scythes habitent originellement de l'autre côté d'un fleuve qu'il appelle l'Araxe, peut-être la Volga. Selon lui, les Scythes sont très hostiles à toute coutume étrangère et particulièrement à celle des Grecs[11]. Le fait qu'ils forment un peuple nomade les rendent tout en plus insaisissable à ses yeux. Pour lui, le Scythe est l'incarnation du barbare et l'antithèse du Grec des cités du fait de son nomadisme à travers les steppes et de ses mœurs sanguinaires. Militairement, le guerrier scythe s'oppose à l'hoplite grec en évitant le combat rapproché. À la suite d'Hérodote, le jugement des Grecs envers les Scythes n'est plus si catégorique.
Au Ve siècle av. J.-C., l'historien grec Hérodote décrit les Scythes comme étant roux avec des yeux gris[12]. Au IIIe siècle av. J.-C., le poète grec Callimaque décrit les Arimaspes de Scythie comme étant blonds[13]. À la fin du IIe siècle ou début du IIIe siècle, le médecin grec Galien déclare que les Sarmates, les Scythes et les autres « peuples du Nord » ont les cheveux roux[14]. Au IIe siècle le philosophe grec Polémon englobe les Scythes parmi les peuples nordiques caractérisés par les cheveux blonds ou roux et les yeux bleu-gris[15]. Le médecin Adamantios, qui suit Polémon, écrit que les Scythes sont blonds[15]. Au IVe siècle l'évêque Grégoire de Nysse écrit que les Scythes ont le teint clair et les cheveux blonds[16]. Dans l'Histoire Naturelle, l'auteur romain Pline l'Ancien au Ier siècle caractérise les Serres, identifiés comme Iraniens (Scythes) ou Tokhariens, aux cheveux roux et aux yeux bleus[17]. À Alexandrie à la fin du IIe siècle, le théologien chrétien Clément d'Alexandrie écrit que les Scythes sont blonds. Zhang Qian, un envoyé et explorateur de la dynastie des Han, décrit les Sai (Scythes) comme étant blonds avec les yeux bleus. L'historien romain du IVe siècle Ammien Marcellin écrit que les Alains, un peuple étroitement lié aux Scythes, sont grands, blonds et aux yeux clairs[18].
Il convient néanmoins de remarquer que les auteurs grecs affirment que les Thraces et les Slaves ont aussi les cheveux roux, ce qui semble être un trait commun aux peuples « barbares » vivant au nord de la Grèce. Quant aux descriptions physiques de la fin de l'Antiquité, elles pourraient se référer à des tribus germaniques orientales, notamment les Goths, présentes dans les mêmes régions et qui ont souvent été confondues avec les Scythes dans les sources romaines tardives[réf. nécessaire].
Une étude génétique de 2009, portant sur 26 individus échelonnés sur deux millénaires a suggéré que les populations du sud de la Sibérie, de l'âge du bronze (culture d'Andronovo et de Karassouk, qui sont ancêtres des Scythes), et de l'âge du fer (cultures scythes proprement dit), avaient très majoritairement un phénotype européen du nord avec une peau claire, et en majorité des yeux et cheveux clairs, ces populations sont également porteuses de l'haplogroupe Y R1a1 originaire d'Europe du Nord et de l'est[19].
Selon une étude de 2015 fondée sur l'ADN autosomal d'une centaine d'individus des anciennes populations eurasiennes, la culture d'Andronovo et celle des Scythes seraient génétiquement étroitement liées à la culture de Sintachta qui provient elle-même essentiellement de la culture de la céramique cordée en Europe du centre-nord (et non directement de la culture Yamna), dans le cadre d'une seconde vague de migrations indo-européennes durant l'âge du bronze depuis l'Europe vers l'Asie, qui est hypothétiquement à l'origine du rameau des langues indo-iraniennes[20].
Deux études génétiques publiées en 2019 confirmeraient la nature de conglomérat de tribus distinctes dans le monde scythe, les Scythes ukrainiens formant un gradient entre les Scythes et les Sarmates du sud de l'Oural et les populations européennes. La première étude porte sur 29 individus des cultures Aldy-Bel et Sagly issus de cinq sites archéologiques situés dans la vallée de la rivière Eerbek dans la république de Touva en Russie. Neuf des hommes appartiennent à l'haplogroupe R1a-M513, dont deux au sous-clade R1a-Z93. Six hommes appartiennent à l'haplogroupe Q1b-L54 dont cinq appartiennent au sous-clade Q1b-L330. Un homme appartient à l'haplogroupe N-M231. La diversité mitochondriale est supérieure à celle du chromosome Y et contient notamment les haplogroupes C4 (30,8 %), H (15,4 %), D4 (11,5 %), HV (11,5 %), U5 (7,7 %), U4 (7,7 %), T2 (7,7 %). Ces résultats montrent autant de lignages maternels occidentaux qu'orientaux[21]. Les chercheurs notent des différences importantes avec les sites scythes occidentaux d'Ukraine et de Moldavie pour lesquels environ les deux tiers des lignages maternels sont occidentaux et un tiers seulement sont orientaux. Dans ces sites occidentaux, la majorité des haplogroupes du chromosome Y sont R1b-M269. L'ensemble de ces résultats suggère que l'origine des Scythes occidentaux et orientaux est différente[22].
La seconde étude montrerait une diffusion de la composante génétique orientale vers l'ouest durant la période scythe, vraisemblablement corrélée avec un certain degré de migration de populations. Enfin, elle révèle une discontinuité génétique au début et à la fin de la période scythe dans les steppes occidentales, La discontinuité génétique observée dans la culture de Tcherniakhov conforte l'hypothèse de l'apparition d'une composante gothe dans cette région[23].
Une étude publiée en 2021 portant sur des sites archéologiques identifiés comme « scythes orientaux » au Kazakhstan actuel semble corroborer les données précédentes et montrerait que les Scythes orientaux en plus des deux sources occidentales et orientales sont également issus d'une troisième source proche des anciens Iraniens ou des populations du complexe bactro-margien (BMAC) qui augmente avec le temps. Cette dernière composante représente entre 13 et 20 % chez les Sakas[24].
La culture scythe de Pazyryk localisée dans l'Altaï, qui se différencie culturellement des autres cultures scythes et en représente une des branches les plus orientales, est la seule qui est mélangée en proportion significative, bien que minoritaire, avec le type mongoloïde[25].