Élection présidentielle française de 2022
12e élection présidentielle française de la Ve République / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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L'élection présidentielle française de 2022 a lieu les et afin d'élire le président de la République française pour un mandat de cinq ans.
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Élection présidentielle française de 2022 | ||||||||||||||
(1er tour) (2d tour) |
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Type d’élection | Élection présidentielle Scrutin uninominal majoritaire à deux tours | |||||||||||||
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Débat(s) | (1er tour) (2d tour) | |||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
Inscrits au 1er tour | 48 747 876 | |||||||||||||
Votants au 1er tour | 35 923 707 | |||||||||||||
73,69 % 4,1 | ||||||||||||||
Votes exprimés au 1er tour | 35 132 947 | |||||||||||||
Votes blancs au 1er tour | 543 609 | |||||||||||||
Votes nuls au 1er tour | 247 151 | |||||||||||||
Inscrits au 2d tour | 48 752 339 | |||||||||||||
Votants au 2d tour | 35 096 478 | |||||||||||||
71,99 % 2,6 | ||||||||||||||
Votes exprimés au 2d tour | 32 057 325 | |||||||||||||
Votes blancs au 2d tour | 2 233 904 | |||||||||||||
Votes nuls au 2d tour | 805 249 | |||||||||||||
Emmanuel Macron – LREM | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 9 783 058 | |||||||||||||
27,85 % |
3,8 | |||||||||||||
Voix au 2e tour | 18 768 639 | |||||||||||||
58,55 % |
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Marine Le Pen – RN | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 8 133 828 | |||||||||||||
23,15 % |
1,9 | |||||||||||||
Voix au 2e tour | 13 288 686 | |||||||||||||
41,45 % |
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Jean-Luc Mélenchon – LFI | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 7 712 520 | |||||||||||||
21,95 % |
2,4 | |||||||||||||
Éric Zemmour – REC | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 2 485 226 | |||||||||||||
7,07 % |
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Résultats du premier tour par département | ||||||||||||||
Résultats du second tour par département | ||||||||||||||
Président de la République | ||||||||||||||
Sortant | Réélu | |||||||||||||
Emmanuel Macron LREM |
Emmanuel Macron LREM | |||||||||||||
Résultats officiels | ||||||||||||||
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Il s'agit de la douzième élection présidentielle de la Ve République et onzième au suffrage universel direct. Aucun des douze candidats en lice n'ayant remporté la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, un second tour est organisé entre les deux premiers candidats.
Arrivé en tête du premier tour, le président sortant Emmanuel Macron (27,85 %[alpha 1]) affronte Marine Le Pen (23,15 %), un duel identique à celui du scrutin de 2017. C'est la deuxième fois qu'un second tour opposant les mêmes candidats à deux scrutins présidentiels consécutifs a lieu après ceux où se sont affrontés Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand en 1974 et 1981.
En troisième position avec 21,95 % des voix, Jean-Luc Mélenchon réalise le score le plus élevé de ses trois candidatures et arrive largement en tête de la gauche, mais échoue à accéder au second tour, avec environ 400 000 voix de moins que Marine Le Pen.
Une nouvelle fois, les partis politiques traditionnels sont absents du second tour, dans des proportions encore plus importantes que lors de la précédente élection. Le Parti socialiste et Les Républicains, représentés respectivement par Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, s'effondrent avec des scores historiquement faibles et n'atteignent pas le seuil des 5 %, condition permettant d'être remboursé des frais de campagne.
Pour la première fois, les candidatures classées à l'extrême droite dépassent le seuil de 30 % des suffrages exprimés au premier tour. La campagne est marquée à ses débuts par l'irruption sur la scène politique d'Éric Zemmour, dont la candidature fait concurrence à Marine Le Pen sur sa droite. Malgré des sondages initialement favorables, le candidat et fondateur de Reconquête arrive finalement loin derrière, en quatrième place. Les sondages d'opinion laissent également annoncer un duel serré entre le président sortant et Marine Le Pen, la possibilité d'une victoire pour cette dernière étant pour la première fois envisagée par ceux-ci.
Le second tour voit Emmanuel Macron l'emporter par 58,55 % des suffrages exprimés, permettant ainsi au président sortant d'entamer un second mandat. Le septennat ayant été aboli en 2000, il devient ainsi le premier président de la République française à être réélu pour un deuxième quinquennat, le deuxième président de la Cinquième République réélu hors période de cohabitation[alpha 2] et le quatrième président de la Cinquième République réélu[alpha 3]. Son investiture pour un second quinquennat a lieu le .
Politique
Présidence sortante d'Emmanuel Macron
L'élection présidentielle de 2017 voit la victoire d'Emmanuel Macron, qui l'emporte au second tour sur la candidate du Front national, Marine Le Pen. En vertu de l'article 6 de la Constitution française, le président de la République française ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Emmanuel Macron ayant accédé pour la première fois à la magistrature suprême en 2017, il est éligible en 2022 pour un second mandat[1].
Les débuts de la présidence Macron sont notamment marqués par l'affaire Benalla et le mouvement des Gilets jaunes, qui le pousse à organiser un grand débat national. La seconde partie de son quinquennat est caractérisée par un projet contesté puis ajourné de réforme des retraites, la mise en place d'une convention citoyenne pour le climat, la pandémie de Covid-19 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022 entraînant les sanctions occidentales contre la Russie. Les réformes et lois passées pendant son quinquennat incluent notamment des modifications du droit du travail, la réforme de la SNCF, un texte de moralisation de la vie politique, la procréation médicale assistée pour tous, le congé de paternité doublé, la réforme de l’assurance chômage, la suppression de l’ISF transformée en IFI (impôt sur la fortune immobilière), le dédoublement des classes de primaire en réseaux d’éducation prioritaire, l’école obligatoire dès l'âge de trois ans, une réforme du baccalauréat et la mise en place de Parcoursup. Durant le quinquennat d'Emmanuel Macron, et notamment en réponse au mouvement des gilets jaunes de nombreuses mesures de soutien au pouvoir d’achat ont été mises en place : la baisse des cotisations salariales des salariés, la suppression de la taxe d’habitation, le « Reste à charge zéro » pour les lunettes et prothèses dentaires, la suppression des cotisations sur les heures supplémentaires et leur défiscalisation. On peut ajouter l’augmentation de près de 100 euros de l'allocation adulte handicapé, l’augmentation du minimum vieillesse également de 100 euros par mois, ou encore l'augmentation de la prime d'activité d’environ 100 euros. Une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat jusqu'à 1 000 euros (prime dite « Macron »), sans cotisations ni impôts, a pu être versée de façon disparate par une partie des employeurs. De même, à la suite du « Ségur de la santé », une augmentation minimale de 183 euros nets par mois est décidée pour 1,5 million de professionnels des établissements de santé, des EHPAD et du personnel des établissements et services sociaux et médico-sociaux[2].
Pendant la pandémie de Covid-19 et après des ratés notamment sur l’approvisionnement de masques en début de pandémie, la gestion de la présidence Macron et des gouvernements Philippe et Castex s’est caractérisée par des restrictions importantes des libertés pour enrayer l’épidémie, notamment par la mise en place de jauges, la fermeture de certains établissements recevant du public (salles de concerts, discothèques), et de trois confinements. Pendant cette période a été mis en place la stratégie du « quoi qu’il en coûte » c’est-à-dire un soutien important aux entreprises directement impactées par ces restrictions et financé par l’emprunt et donc par le creusement du déficit et de la dette de l’état. À la suite d'une récession record à -8 % du PIB en 2020, celui-ci rebondit l’année suivante à +7 % retrouvant fin 2021[3], en tenant compte de l’inflation, un volume supérieur à son niveau d’avant crise. La stratégie du « quoi qu’il en coûte » a été saluée par de nombreux économistes comme Paul Krugman[4], ou Nicolas Bouzou[5] mais critiquée par une partie de l’opposition pour son côté trop dispendieux.
Selon plusieurs médias, le chef de l’État prépare sa campagne présidentielle à partir du début de l'année 2021[6],[7]. Malgré l'échec de la majorité présidentielle à s'implanter au niveau local, notamment par un faible nombre de conseillers municipaux élus en 2020 ainsi qu'une absence de régions conquises et un seul département supplémentaire remporté lors des scrutins de 2021, Emmanuel Macron est donné gagnant dans la majorité des sondages réalisés en vue de l'élection. Selon Le Figaro, il entend séduire les électeurs de droite en mettant l’accent sur les sujets régaliens, alors qu’il présentait une image plus centriste lors du précédent scrutin présidentiel et au début de son quinquennat[8].
Le , le Conseil constitutionnel fait savoir qu'Emmanuel Macron a reçu les 500 parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle, alors qu'il n'a pas encore déclaré s'il allait se présenter au scrutin[9],[10]. Le , il envoie une lettre à différents quotidiens régionaux pour annoncer sa candidature à sa réélection[11].
Montée de l'extrême droite et affaiblissement du « front républicain »
À trois mois de l’élection, les deux candidats d'extrême droite Marine Le Pen et Éric Zemmour cumulent ensemble plus de 30 % des intentions de vote[12].
En , le journal Libération rapporte que, dans le cas d'un nouveau second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, de nombreux électeurs de gauche ne voteront pas pour le chef de l’État sortant en raison de son positionnement davantage à droite qu’en 2017, ce qui romprait avec le « front républicain », traditionnellement appliqué face à l’extrême droite[13].
Divisions et absence initiale de leadership à droite
Contrairement à 2007 et 2012 avec Nicolas Sarkozy et comme en 2016-2017, aucun candidat ne s'impose naturellement à droite, dont le principal parti est Les Républicains (LR). Ce parti, à la suite de la débâcle de François Fillon lors de l'élection présidentielle de 2017, se retrouve divisé entre les partisans d'une alliance avec la nouvelle majorité et ceux partisans d'une ligne davantage conservatrice. L'élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti en 2017, représentant de la frange la plus dure, provoque le départ de nombreux élus, notamment Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France. L'échec du parti aux élections européennes de 2019, où la liste de François-Xavier Bellamy tombe sous la barre des 10 %, pousse Laurent Wauquiez à la démission quelques jours plus tard. Christian Jacob le remplace lors du congrès d'octobre 2019.
À l'approche du scrutin présidentiel, Xavier Bertrand est perçu comme le favori des sondages. Réélu à la tête de sa région, il annonce sa candidature, tout en précisant qu'il ne souhaite pas passer par une élection primaire[14]. Finalement, une primaire interne est organisée au cours d'un congrès entre le 1er et le . Alors que Xavier Bertrand accepte finalement de se présenter, le congrès voit la victoire au second tour de Valérie Pécresse face à Éric Ciotti, ce qui fait d’elle la première femme à représenter la droite parlementaire lors d'une élection présidentielle en France[15],[16].
Multiplicité des candidatures et absence d'union à gauche
Concernant la gauche, le chercheur Antoine Bristielle distingue « deux grandes tendances », avec d'une part le Parti socialiste (PS) et Europe Écologie Les Verts (EELV), alignés sur la plupart des enjeux, et d'autre part l'électorat proche de La France insoumise (LFI) ; les principales divergences entre ces blocs portent selon lui sur la question économique et sur l'Union européenne, et amoindrissent la probabilité d'une candidature d'union ainsi que celle de la qualification d'une personnalité de gauche au second tour[17]. La primaire du Pôle écologiste (Europe Écologie Les Verts, Génération.s, Génération écologie, Cap21 et le Mouvement des progressistes) est lancée en septembre 2021 et voit Yannick Jadot en sortir vainqueur. En , Anne Hidalgo, candidate socialiste désignée à l'élection présidentielle, se prononce pour une primaire de la gauche[18], mais sa proposition est immédiatement refusée par Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot[19]. De son côté, l'ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, qui fait partie des favorites pour la Primaire populaire organisée par des sympathisants de gauche[20], soutient l’initiative et apparaît comme une candidate potentielle[21],[22].
Face aux refus persistants de ses concurrents de gauche, Anne Hidalgo annonce qu'elle ne se pliera finalement pas à la primaire, tout en maintenant sa propre candidature[23]. Le 15 janvier, Christiane Taubira annonce sa candidature à Lyon, soutenue par le Parti radical de gauche[24], mais accepte de se plier à la Primaire populaire, qui l'élit le 30 janvier 2022[25]. N’ayant pas obtenu le nombre de parrainages requis à la date limite du 2 mars, elle ne peut se présenter[26].
À partir de la mi-mars, la candidature de Jean-Luc Mélenchon se démarque de ses concurrents à gauche, les instituts de sondage le plaçant régulièrement entre 12 % et 13 % d'intention de vote, voire à 15 % selon un sondage effectué par Elabe entre le 20 et le 21 mars[27],[28].
Recours aux cabinets de conseil
À moins de deux semaines du premier tour, le recours aux cabinets de conseil effectué durant le quinquennat perturbe la campagne d'Emmanuel Macron. La sortie, le , du rapport sénatorial concernant le recours récurrent aux cabinets de conseil[29] met en avant une dépense des ministères de plus de 800 millions d'euros en 2021, dépense multipliée par plus de deux depuis le début du quinquennat. La commission sénatoriale déplore une utilisation trop systématique des cabinets de conseil, ainsi que des rapports trop superficiels pour le coût engagé, sans utilisation ultérieure[30].
Mandat impératif
Le , Jean Lassalle s'engage sur tous ses biens devant notaire à mettre en place les trois points principaux de son programme avant les législatives s'il est élu (le référendum d'initiative citoyenne constituant, la reconnaissance du vote blanc et la baisse de la TVA sur les hydrocarbures de 20 % à 5,5 %)[31],[32]. Il est le premier candidat français à une élection présidentielle à s'engager dans un mandat impératif.
Sanitaire
Le scrutin a lieu pendant la pandémie de Covid-19 alors en cours depuis près de deux ans en France et dans le monde, ce qui en fait notamment la première élection présidentielle à se dérouler sous un état d'urgence sanitaire en France. Deux confinements sont décrétés au cours du mandat d'Emmanuel Macron ainsi que plusieurs couvre-feux. Le président prend alors la décision de soutenir les entreprises en annonçant la prise en charge par l’État de la mise au chômage partiel des salariés ne pouvant télétravailler ainsi que la mise en place de prêts garantis par l'État pour les TPE-PME[33],[34]. Cette mesure a pour conséquence de maintenir un grand nombre d'entreprise à flots mais également d'augmenter significativement la dette publique[35].
Le président et le gouvernement d’Édouard Philippe font l’objet de vives critiques pour la gestion du début de la pandémie dont notamment une minimisation initiale du virus, l'absence de stock de masques et les changements de recommandations sur l'utilité de ces derniers[36],[37]. Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé avant son départ du gouvernement pour se présenter aux municipales de Paris, affirme en avoir prévenu le président dès le 11 janvier puis le Premier ministre Édouard Philippe le . Une fois la production de masques suffisantes pour la population française, le premier confinement est levé en mai 2020 après une baisse des cas et décès dus à la pandémie, mais l’exécutif fait face à des mouvements d'opposition au port du masque. Lors de la mise en place d'un couvre-feu en octobre 2020, les mouvements se propagent aux refus des mesures de confinements[38].
La vaccination contre la Covid débute fin décembre 2020. Les premières semaines de la campagne font l'objet de critiques sur sa lenteur et sa lourdeur administrative de la part de l'opposition, avant qu'elle n'atteigne un rythme soutenu dans les semaines suivantes[39]. La montée d'une nouvelle vague conduit cependant le président à effectuer un changement de doctrine lors d'une allocution le , au cours de laquelle il annonce la vaccination obligatoire des soignants et la mise en place d'un passe sanitaire européen interdisant d'accès aux restaurants, cinémas et à de nombreux lieux publics ceux qui ne dispose pas d'une vaccination complète[38]. Des manifestations ont lieu durant l'été 2021, qualifiant cette décision de « dictature sanitaire » mais le mouvement s’essouffle à partir de septembre 2021[40].
Face à la remontée des cas de Covid à la suite de l'apparition du variant Omicron en , décision est prise d'instaurer une dose de rappel et d'adapter la validité du passe en conséquence. Emmanuel Macron annonce par la suite la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal, rendant de facto la vaccination obligatoire, ce qui lui vaut l'opposition du mouvement antivax[41]. En janvier 2022, le président fait polémique en déclarant lors d'une interview dans Le Parisien avoir envie d'« emmerder les non-vaccinés [...] jusqu'au bout »[42], tandis que le passe vaccinal est en débat à l'Assemblée nationale[43]. Adopté le 16 janvier, ce dernier entre en vigueur le 24 janvier[44], alors que le nombre de contaminations au Covid-19 atteignent près de 280 000 cas par jour[45].
Le nombre de contaminations journalières chute à partir de la fin janvier, laissant entrevoir la possible fin de l'épidémie et la fin du pass vaccinal au cours de la fin mars[46]. Le 3 mars, le Premier ministre Jean Castex annonce la « suspension » du pass vaccinal qui est prévue pour le 14 mars[47], malgré une remontée du nombre de cas constatée par le ministre de la santé Olivier Véran[48] .
Économique
En raison de la pandémie de Covid, la France entre en 2020 en récession, avec une chute de 8,3 % du PIB[49]. À la suite de cette récession, le PIB rebondit l'année suivante à + 7 %, retrouvant fin 2021, grâce à l'inflation, un volume supérieur à son niveau d'avant crise[3]. Ce taux de croissance est pour l'année 2021 un des plus hauts de la zone Europe[50]. Le chômage, alors en chute progressive depuis 2015, repart brusquement à la hausse lors du premier confinement avant de diminuer fortement à 7,4 % à la fin de l'année 2021[51]. Il s'agit du taux de chômage le plus bas depuis 2008. Le taux de chômage des jeunes baisse lui à 15,9 % soit son plus bas niveaux depuis les années 1980[51].
Néanmoins, la réouverture de l'économie à la suite de la pandémie provoque une forte inflation au niveau mondial, accentuée l'augmentation des prix de l'énergie et des pénuries de matières premières[52],[53].
En 2021, le déficit commercial atteint un record absolu avec 84,7 milliards d'euros, soit 3,4 % du PIB. Le déficit de la balance commerciale français est le plus élevé en Europe[54]. En effet les deux gros postes d'excédents commerciaux en France, l'aéronautique et le tourisme ont été largement pénalisés par la pandémie du Covid-19[55]. De plus la hausse du coût de l'énergie a creusé le déficit de 43,1 milliards d'euros en 2021, en progression de près de 20 milliards d'euros sur un an[55]. Le poids de l'industrie dans le PIB est désormais de 13,5 %, un niveau inférieur à la moyenne européenne (19,7 %)[54]. Cependant la France se distingue dans la fourniture de services, avec un excédent de 36,2 milliards d'euros[55].
La France est touchée par la crise énergétique mondiale de 2021-2022. Les tarifs réglementés du gaz ont bondi de 59 % depuis le pour cinq millions de Français. Mi-, le gouvernement promet un « chèque énergie » exceptionnel de 100 euros[56] et début octobre, le Premier ministre Jean Castex annonce un gel de ces tarifs pendant les sept mois suivants[57]. Face à la forte augmentation des prix de gros de l'électricité, le gouvernement s'engage fin septembre 2021 à plafonner la hausse du tarif réglementé de vente (TRV) à 4 %. Il décide de réduire la principale taxe sur l'électricité, la taxe intérieure de consommation sur l'électricité (TICFE) qui est ramenée de 22,50 €/MWh à 50 centimes, le minimum autorisé par Bruxelles, ce qui correspond à un coût de huit milliards pour le budget de l'État. Il impose à EDF d'augmenter de 20 TWh le volume d'électricité nucléaire vendu à prix réduit à ses concurrents, pour le faire passer à titre exceptionnel de 100 à 120 TWh. La mesure doit coûter entre 7,7 et 8,4 milliards d'euros à EDF[58].
Environnemental
Entre 2017 et 2022, les effets de la crise climatique et environnementale se sont multipliés en France comme jamais auparavant. En 2021, les conclusions du rapport du GIEC tendent à montrer que l'accélération sans précédent du dérèglement risque de rendre à brève échéance la crise incontrôlable en l'absence de mesures fortes des gouvernements[59]. En France, cette situation se traduit par l'arrivée de l'environnement parmi les premières préoccupations des Français, même malgré la crise sanitaire, d'après les études gouvernementales menées par l'Agence de la transition écologique (Ademe)[60].
Du printemps à l'automne 2019, le mouvement de la grève étudiante pour le climat gagne la France, avec des manifestations hebdomadaires massives de jeunes réclamant une réponse gouvernementale face à la crise écologique. Emmanuel Macron qualifie leur mouvement d'incantations, et leur recommande de s'engager dans du concret[61]. Il annonce le 25 avril la constitution d'une Convention citoyenne pour le climat[62]. Il en résulte 149 propositions, dont la mise en œuvre est mitigée. La loi Climat-résilience est promulguée le 22 août 2021 mais le projet de loi constitutionnelle échoue, limitant l'efficacité des mesures prises.
En février 2021, l’État est condamné par le Tribunal administratif de Paris pour inaction dans la lutte contre le réchauffement climatique, à la suite d'une poursuite menée par quatre associations sous le nom de l'Affaire du siècle[63]. Reconnaissant la faute de l'État, le tribunal ordonne au Premier ministre de prendre d'ici au 31 décembre 2022 « toutes les mesures utiles » pour réparer le préjudice.
En février 2022, en pleine campagne électorale, les médias en France informent du franchissement d'une des limites planétaires, tandis que les catastrophes écologiques s'enchaînent à un rythme soutenu[64], et les scientifiques continuent de rappeler que les enjeux n'ont jamais été aussi élevés pour les États dans la lutte contre des catastrophes vers lesquelles le système actuel conduit[65].
Les questions environnementales peinent, en février 2022, à s'imposer dans la campagne électorale de l'élection présidentielle française, concurrencées notamment par le débat sur l'identité et l'immigration[66].
International
Présidence française du conseil de l'Union européenne
La présidence du Conseil de l'Union européenne, ou couramment présidence de l'Union européenne, est une présidence tournante du Conseil de l'Union européenne (ou Conseil des ministres). Elle revient à la France le 1er janvier 2022, succédant à la Slovénie.
Le , un drapeau européen est hissé sous l’Arc de triomphe[67]. L’absence d’un drapeau français aux côtés du drapeau européen provoque la colère, particulièrement à droite, où les différents candidats à l’élection présidentielle vont déplorer un « effacement de l’identité française » (Valérie Pécresse) et un « outrage » pour Éric Zemmour. Nicolas Dupont-Aignan déclare qu’Emmanuel Macron est un « profanateur », tandis que Marine Le Pen annonce qu’elle souhaite déposer un recours devant le Conseil d'État pour contester la décision de faire flotter le drapeau de l'Europe sous l'Arc de Triomphe[67].
Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes précise que « le drapeau de l'Union européenne n’a pas “remplacé” le drapeau de la France, qui n’est déployé que pour les cérémonies »[67]. Le drapeau est retiré trois jours plus tard, l’Élysée affirme que ce retrait était prévu dès le début et que ce n’est pas une réaction à la polémique[68].
Selon Le Monde, Emmanuel Macron souhaite profiter de la PFUE pour réaffirmer ses positions pro-européennes dans le débat national[69].
Le , il s'adresse au Parlement européen[70] lors d’un discours de 30 minutes. Répondant aux différentes critiques des eurodéputés français (Bardella, Aubry et Jadot), il distribue des piques[71].
Invasion de l'Ukraine par la Russie
Alors qu'Emmanuel Macron doit officialiser sa décision le à 18 h, l'escalade du conflit russo-ukrainien, puis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le , le poussent à reporter l'annonce de sa candidature à un second mandat à la présidence de la République[72],[73]. L'annonce a lieu le au soir, vingt-quatre heures avant la date limite, par le biais d'une Lettre aux Français.
Tous les candidats interrogés se prononcent pour l'accueil des réfugiés ukrainiens, à l’exception d'Éric Zemmour, proposant plutôt une aide financière à la Pologne, revenu ensuite sur ses propos. Cette position initiale provoque une chute des intentions de vote à son égard[74].
Mode de scrutin
Le président de la République est élu directement par la population au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois de façon consécutive[1]. Est élu le candidat qui recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour de scrutin. À défaut, un second tour a lieu quatorze jours plus tard entre les deux candidats ayant recueilli le plus de suffrages au premier tour. Le second tour peut éventuellement voir concourir d'autres candidats que les deux arrivés en tête au premier dans le cas de retraits de candidats mieux placés. Ce cas n'est cependant encore jamais arrivé sous la Cinquième République. Au second tour, le candidat qui recueille le plus de suffrages l'emporte[75].
Le Conseil constitutionnel est, en vertu de l'article 58 de la Constitution, garant de la régularité de l'élection, de l'examen des réclamations et de la proclamation des résultats[76].
Conditions de candidature
Chaque candidat doit satisfaire plusieurs conditions[77] :
- être de nationalité française ;
- ne pas être privé de ses droits civiques concernant l'éligibilité ;
- être âgé d’au moins 18 ans ;
- être inscrit sur une liste électorale ;
- avoir satisfait aux obligations imposées par le code du service national ;
- ne pas être placé sous tutelle ou sous curatelle ;
- avoir établi une déclaration de situation patrimoniale ;
- posséder un compte bancaire de campagne ;
- ne pas être candidat à un troisième mandat consécutif de président de la République ;
- recueillir 500 « parrainages » de parlementaires ou d'élus locaux : ces parrainages doivent provenir d'au moins trente départements ou collectivités d'outre-mer différents et pas plus d'un dixième des élus signataires ne doit provenir du même département ou de la même collectivité d'outre-mer. La loi organique du impose la publication de l'ensemble des noms, au lieu de 500 tirés au sort comme c'était le cas antérieurement[78]. Ils doivent être envoyés directement au Conseil constitutionnel, par voie postale, qui les publie au fur et à mesure sur le site mis en place pour cette élection.
Dates de déroulement de l’élection
Conformément à l'article 7 de la Constitution, le premier tour de l'élection présidentielle doit avoir lieu entre 20 et 35 jours avant la transition du pouvoir à la fin du mandat de cinq ans du président sortant ; un second tour, s’il est nécessaire, intervient quatorze jours après le premier[75]. Emmanuel Macron ayant pris ses fonctions le , la passation de pouvoirs éventuelle avec son successeur devrait avoir lieu le au plus tard.
En vertu des dispositions constitutionnelles, l'élection présidentielle de 2022 pouvait donc se tenir soit les dimanches et (pour respectivement le premier tour et l’éventuel second tour), soit les dimanches et . Voici les avantages et inconvénients de cette situation :
- La seconde possibilité pouvait sembler la plus naturelle sachant que les sept élections présidentielles organisées en France depuis 1981 se sont déroulées à la fin du mois d’avril pour le premier tour et au début du mois de mai pour le second tour. Cependant, le premier dimanche du mois de est un jour férié[Note 1] correspondant à la fête du Travail, qui est notamment marquée par de nombreux rassemblements politiques et syndicaux exigeant une importante mobilisation policière, ce qui compliquerait la tenue du scrutin dans ces conditions. En outre, le premier tour aurait eu lieu pendant un week-end prolongé, en raison du lundi de Pâques, une situation qui aurait pu renforcer une abstention électorale déjà croissante dans le pays.
- La date du pour le premier tour correspond au début des vacances scolaires pour l'une des 3 zones, les autres prenant leurs vacances plus tard. Avec un premier tour le , une zone est au milieu des vacances scolaire, une autre les commence. Pour le second tour, qu'il ait lieu le ou le , il tombera de toutes façon au milieu des vacances scolaires pour une des zones. C'est un facteur pouvant augmenter l’abstention[Note 2]. Néanmoins, depuis 1995, toutes les élections présidentielles successives ont été organisées pendant des congés scolaires[79],[81],[82].
Lors du Conseil des ministres du , le gouvernement retient les dates des et . Comme pour chaque élection présidentielle depuis 2007, les électeurs de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane, de Saint-Pierre-et-Miquelon, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin et de la Polynésie française voteront la veille, à savoir les samedis et , afin de tenir compte du décalage horaire[83]. Ces dates sont officialisées lors de la publication du décret de convocation des électeurs, le 26 janvier[84].
Cependant, la Constitution prévoit des cas de report ou d’annulation de l’élection présidentielle[75] :
- en cas d'empêchement ou décès dans la dernière semaine de dépôt des candidatures d'une personne qui a annoncé son intention d'être candidate, le Conseil constitutionnel peut reporter l'élection ;
- en cas d'empêchement ou décès d'un candidat avant le premier tour, l'élection est reportée ;
- en cas d'empêchement ou décès d'un candidat qualifié pour le second tour, il est procédé de nouveau à l'ensemble des opérations électorales.
Horaires
Par application de la loi du , normalement, les bureaux de vote ouvrent à 8 heures et ferment à 19 heures. Toutefois, des arrêtés préfectoraux (ou du ministère des Affaires étrangères pour les bureaux à l’étranger) peuvent être pris pour changer les horaires, à condition de ne pas dépasser 20 heures pour l’horaire de fermeture. Ainsi, dans les grandes agglomérations (dont Paris, Lyon et Marseille), l’horaire de fermeture est repoussé à 20 heures[85],[86].