Équipe de Tchécoslovaquie de football
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L'équipe de Tchécoslovaquie de football (Československá fotbalová reprezentace), créée en 1920 et dissoute en 1993, est la sélection de joueurs tchécoslovaques représentant le pays dans les compétitions internationales de football masculin, sous l'égide de la Fédération tchécoslovaque de football.
Confédération | UEFA |
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Couleurs | rouge et blanc |
Plus sélectionné | Zdeněk Nehoda (90) |
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Meilleur buteur | Antonín Puč (34) |
Premier match | (Yougoslavie, 7-0) |
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Dernier match | (Belgique, 0-0) |
Plus large victoire | 7-0, Yougoslavie ( et ) |
Plus large défaite | 3-8, Hongrie () |
Coupe du monde |
Phases finales : 8 Finaliste en 1934 et 1962 |
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Championnat d'Europe |
Phases finales : 3 Vainqueur en 1976 |
Jeux olympiques | Médaille d'or en 1980 |
Maillots
Succédant à l'équipe de Bohême et Moravie, l'équipe tchécoslovaque apparaît en 1919, un an après l'indépendance de la Tchécoslovaquie, et dispute son premier match officiel lors des Jeux olympiques d'Anvers de 1920. En 1934, pour sa première participation à la Coupe du monde, elle ne s'incline qu'en finale face à l'Italie, pays hôte. Occupée par l'Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale, la Tchécoslovaquie est disloquée entre plusieurs États, et plusieurs sélections « remplacent » celle de Tchécoslovaquie. Après sa libération, le pays est en proie à une certaine instabilité politique et la sélection peine à retrouver son niveau d'avant-guerre.
Le début des années 1960 marque le retour au très haut niveau des Tchécoslovaques, qui terminent troisièmes de l'Euro 1960 et sont à nouveau finalistes de la Coupe du monde 1962, où ils s'inclinent face au Brésil. Cette embellie est brève, la Tchécoslovaquie n'arrivant plus ensuite à dépasser le premier tour des compétitions, quand elle parvient à s'y qualifier. Elle crée pourtant la surprise en étant sacrée championne d'Europe en 1976, avant que son homologue olympique ne l'imite en décrochant la médaille d'or à Moscou en 1980. La Tchécoslovaquie réalise une dernière performance notable en atteignant les quarts de finale de la Coupe du monde de 1990.
Après la dissolution du pays en 1993, l'équipe nationale laisse la place à deux nouvelles sélections : celle de Tchéquie, qui sera finaliste de l'Euro trois ans plus tard, et celle de Slovaquie. La Tchéquie hérite du siège de membre de la Tchécoslovaquie auprès de la Fédération internationale (FIFA), de l'UEFA et du Comité international olympique (CIO), dans la continuité de celle-ci.
Forte de deux finales de Coupe du monde de football en 1934 et 1962 et d’un titre de champion d’Europe en 1976, la Tchécoslovaquie est une sélection reconnue en Europe et dans le monde. L’apogée du football tchécoslovaque se situe dans les années 1970 et 1980, avec le championnat d’Europe et la médaille d'or olympique.
La Bohême au temps de l'empire austro-hongrois (1892-1918)
Avant la Première Guerre mondiale, le territoire de la Tchécoslovaquie est sous domination de l'Autriche-Hongrie. Le football apparaît en Europe centrale à la fin du XIXe siècle[1], notamment à Prague, qui compte de nombreux étudiants. Le premier match enregistré dans cette ville et dans le pays se déroule en 1892[2]. Les premiers clubs sont alors fondés, comme le SK Slavia Prague et l'AC Sparta Prague[2], fondés respectivement en 1892 et 1895, tandis qu'un premier championnat de Bohême et Moravie est organisé à partir de 1896[3].
Le , treize clubs fondent la Český svaz footballový (ČSF) en français : « Association tchèque de football », l’ancêtre de l'actuelle Fédération de République tchèque[2]. Six ans plus tard, elle devient membre de la FIFA[1], mais seulement à titre provisoire à la suite de protestations de l'Association autrichienne, qui refuse de voir l'Autriche-Hongrie avoir d'autres fédérations que celles de l'Autriche et de la Hongrie[h 1]. Une équipe de Bohême et Moravie est mise en place à partir de 1903 pour disputer des matchs amicaux, notamment face aux voisins hongrois[2]. Entre 1903 et 1908, les deux sélections s'affrontent six fois, avant que la Bohême et Moravie ne défie à Prague la sélection anglaise, qui achève sa première tournée continentale par une victoire 4-0[2],[4]. Jan Košek est une des vedettes de cette période.
De 1908 à 1918, malgré le boycott organisé par les Autrichiens, les équipes de Prague sont réputées, et la ville est une étape incontournable des clubs en tournée européenne[5]. Une sélection de Bohême et Moravie, composée essentiellement de joueurs du Slavia, remporte le tournoi européen organisé en 1911 par l’éphémère Union internationale amateur de football association (UIAFA) dans le cadre de l'Exposition internationale du Nord de la France, en battant la France et l'Angleterre[6].
Les débuts contrastés de l’équipe de Tchécoslovaquie (1918-1933)
Créée en 1918 à partir de territoires austro-hongrois peuplés de Tchèques, de Slovaques et de Ruthènes, d'une importante population de langue allemande dans les Sudètes ainsi que des minorités hongroises, la Tchécoslovaquie peine d'abord à établir sa légitimité. L'association tchèque n'est rebaptisée qu'en 1922 Československá associace footballová (ČSAF) en français : « association tchécoslovaque de football », et un championnat national n'est organisé qu'à partir de 1925.
La pratique du football étant cependant bien implantée dans le pays[2], une sélection nationale est rapidement mise en place. En , une délégation est envoyée aux Jeux interalliés à Paris. Si le tournoi est réservé au personnel militaire ayant participé aux combats de la Première Guerre mondiale du côté des Alliés, la sélection est dans les faits composée essentiellement de joueurs du Sparta Prague[7]. Avec trois victoires en poule puis une quatrième en finale contre la France (3-2), les Tchécoslovaques remportent la médaille d'or[8]. L'attaquant Antonín Janda brille particulièrement[7]. Ce dernier tournoi n'étant pas reconnu par le CIO et la FIFA, les débuts officiels de la sélection datent des Jeux olympiques d'Anvers de 1920, organisés l'été suivant. Elle affronte le la Yougoslavie, qui fait elle aussi ses débuts officiels, et l'emporte largement sur le score de sept buts à zéro[9],[10]. Sur la lancée de cette victoire spectaculaire, les Tchécoslovaques atteignent la finale en écartant la Norvège (4-0) puis la France (4-1). Ils y affrontent la Belgique, pays hôte. Deux ans après la fin de la Première Guerre mondiale et la création de la Tchécoslovaquie, le tournoi dépasse le cadre d'une simple compétition sportive, et le climat ambiant tourne à l'hystérie[h 2]. Menés deux buts à zéro, les Tchécoslovaques quittent le terrain après l'expulsion d'un des leurs en fin de première mi-temps, en signe de protestation contre l'arbitrage qu'ils jugent biaisé[2]. La sélection est disqualifiée de la compétition et repart sans médaille[11],[12].
Après le succès de la sélection tchécoslovaque aux Jeux, le football se développe encore plus dans le pays, avec la création du premier club professionnel tchécoslovaque et d'Europe centrale, le SK Zidenice de la ville de Brno, en 1922[h 3]. Recrutant de nombreux joueurs hongrois, le club ambitionne de se financer uniquement sur des tournées et matchs de gala. Alors que se lance un championnat professionnel à Prague, le club en revient finalement à l'amateurisme marron[h 3].
La sélection de Tchécoslovaquie ne reprend du service qu'un an plus tard. Elle enchaîne les matchs amicaux, souvent victorieux, jusqu'aux Jeux olympiques de Paris de 1924. Après avoir battu la Turquie au premier tour, la Tchécoslovaquie, donnée favorite, affronte la Suisse[10]. Le match est heurté : les Tchécoslovaques ouvrent le score mais sont finalement rejoints, après que Josef Čapek ait été expulsé par l'arbitre[13]. Un match d'appui est organisé, que les Suisses (dont le buteur Max Abegglen est promu capitaine) remportent en toute fin de partie. L'étonnante équipe de Suisse, dirigée par les Britanniques Teddy Duckworth et Jimmy Hogan et le Hongrois Izidor Kürschner, ne s'incline qu'en finale face à l'Uruguay, qui a époustouflé les observateurs par son niveau de jeu[14],[15].
Le professionnalisme est introduit dans le football tchécoslovaque en 1925, avec la création du championnat national, et l'adoption du statut professionnel par le Sparta Prague et le Slavia Prague[h 3],[2]. Cela représente aussi le premier championnat de football professionnel d'Europe centrale[2]. En 1927, l'Autrichien Hugo Meisl impulse l'organisation d'une compétition des sélections d'Europe centrale, baptisée Coupe internationale européenne, à l'image de la Coupe Mitropa pour les clubs[16], dont la première édition est remportée par le Sparta Prague[2]. Antonín Švehla, premier ministre tchécoslovaque, offre le trophée, la Coupe Švehla[17]. Les sélections d'Autriche, de Hongrie, d'Italie, de Suisse et de Tchécoslovaquie, soit les meilleures du moment en Europe continentale, s'affrontent dans un mini-championnat, qui se déroule de à . L'Italie l'emporte avec cinq victoires et un nul en huit rencontres, tandis qu'avec quatre victoires et deux nuls, la Tchécoslovaquie termine troisième[18].
En 1928, la Fédération organise à Prague un tournoi pour le 10e anniversaire de l'indépendance du pays, que la Tchécoslovaquie remporte en finale face à la Yougoslavie[10]. Elle fait par contre l'impasse sur le tournoi olympique de 1928 - ses meilleurs joueurs disputant le championnat professionnel local, ils ne peuvent pas y participer[h 4] - et ne répond pas à l'invitation de participer à la première édition de la Coupe du monde de football en 1930 en Uruguay, malgré son ouverture aux professionnels (le pays compte alors 227 joueurs professionnels[2]).
Devant le succès populaire rencontré par la Coupe internationale, une nouvelle édition est organisée de à . Malgré les sept buts en huit matchs de František Svoboda, la Tchécoslovaquie termine cette fois quatrième, loin derrière l'intouchable Wunderteam autrichienne[19]. Une troisième édition se déroule d' à , sans plus de succès pour les Tchécoslovaques[17].
Éphémère succès de la Coupe du monde de 1934 (1933-1939)
Le succès populaire de la Coupe du monde de 1930 en Uruguay conduit la FIFA à planifier une nouvelle édition, en Europe cette fois-ci. L'Italie de Benito Mussolini est choisie pour l'organiser. La Tchécoslovaquie doit passer par un tour de qualification, remporté face à la Pologne en [note 1]. Pour sa première participation à une Coupe du monde, l’équipe de Tchécoslovaquie est composée de joueurs du Slavia et du Sparta essentiellement. Le tournoi, à élimination directe, ne permet pas la défaite. La Tchécoslovaquie bat en huitième de finale la Roumanie (2-1), puis la Suisse (3-2) en quart de finale et enfin l’Allemagne (3-1) en demi-finale, en pratiquant un jeu de qualité[20]. En finale, la sélection tchécoslovaque affronte l’Italie, pays organisateur, dont le pouvoir fasciste met les moyens nécessaires à la victoire[20]. Au stade national du Parti National Fasciste et devant 45 000 spectateurs acquis à la cause de l'Italie et du Duce fasciste Benito Mussolini[h 5], le match est violent et l'arbitre est relativement conciliant avec les brutalités de la Squadra Azzura[20]. Antonín Puč ouvre le score à vingt minutes de la fin mais les Italiens égalisent in extremis par Raimundo Orsi, un Argentin naturalisé, puis l'emportent finalement en prolongation (2-1)[21], alors que les Tchécoslovaques touchent les montants italiens à trois reprises[h 5]. La finale du mondiale est le premier match de l'histoire commenté en direct à la radio[22]. Le meilleur buteur de la compétition est le Tchécoslovaque Oldřich Nejedlý avec cinq réalisations[23]. Malgré la défaite, les Tchécoslovaques rentrent en héros dans leur pays[21].
En octobre 1935, les Tchécoslovaques ont l'occasion de prendre une revanche symbolique en recevant la sélection italienne à Prague à l'occasion de leur dernier match en Coupe internationale. Même s'ils l'emportent (2-1), ils n'empêchent pas l'Italie de remporter la coupe, et ne terminent qu'à une modeste quatrième place. En mars 1936 débute la 4e édition de la Coupe internationale. La compétition est interrompue en avril 1938 à la suite de l’Anschluss, l’annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie[17]. En parallèle de la Coupe internationale, parmi les nombreux matchs amicaux qu'elle dispute, la sélection défie l'Angleterre au White Hart Lane de Londres en , ne s'inclinant que quatre buts à cinq face à une sélection alors invaincue sur son sol[h 6].
En lice pour participer à la Coupe du monde de 1938 en France, la Tchécoslovaquie passe facilement l'obstacle de la Bulgarie en tour préliminaire. Comme quatre ans plus tôt, le tournoi est à élimination directe. En huitième de finale, la Tchécoslovaquie écarte les Pays-Bas (3-0 a. p.). En quart de finale, elle affronte le Brésil de Leônidas. Alors que les deux équipes ont la réputation de pratiquer un jeu « spectaculaire »[24], le match tourne au pugilat, à un tel point qu'il reste connu comme la « bataille de Bordeaux ». Le match, d'une rare violence, voit cinq joueurs sortir sur blessure (les remplacements n'existent alors pas encore), dont le gardien et capitaine Plánička et le buteur Nejedlý, sur fracture, et trois joueurs expulsés par l'arbitre[25],[26]. Le score est cependant de parité à la fin de la prolongation (1-1), et le match doit être rejoué deux jours plus tard. Avec deux équipes largement remaniées, les Auriverdes l'emportent cette fois (2-1), menés par Leônidas[26].
De 1937 à 1938, la Tchécoslovaquie participe à la Coupe Édouard-Bénès, avec la Yougoslavie et la Roumanie. La « Coupe des Pays voisins », comme elle est surnommée[27], voit la Tchécoslovaquie triompher en restant invaincue lors de ses quatre matchs (trois victoires et un nul)[28].
Mais la bonne forme de la sélection est stoppée par la situation politique qui se détériore dans le pays. En septembre 1938, les accords de Munich valident l'annexion des Sudètes, territoire de la Tchécoslovaquie, par l'Allemagne. La Pologne, puis la Hongrie, envahissent des zones limitrophes à l'automne. La sélection tchécoslovaque dispute son dernier match avant la guerre en décembre 1938 à Prague face à la Roumanie[10]. En mars 1939, l'Allemagne occupe la totalité du territoire restant, réparti entre Protectorat de Bohême-Moravie et République slovaque.
Les bouleversements de l'occupation allemande et de l'après-guerre (1939-1954)
Alors que le pays est sous occupation allemande, une sélection de Bohême-Moravie et une sélection slovaque[29] sont mises en place en 1939[4]. Après une victoire contre la Yougoslavie et un nul contre l'Ostmark, la Bohême-Moravie fait match nul 4-4 contre la sélection allemande le à Breslau. Elle ne semble pas disputer d'autres matchs par la suite[4]. Sur le territoire tchécoslovaque, le , les dirigeants nazis et la SS organisent un match entre des déportés dans la cour du camp de concentration de Theresienstadt pour donner une image utopique de ces camps[30].
La Tchécoslovaquie retrouve son indépendance en avril 1945, sous la présidence d'Edvard Beneš, parti en exil pendant la guerre. L'équipe de football reprend son activité en avril 1946 et multiplie les matchs amicaux, à Prague et à travers l'Europe[10]. En février 1948, le Coup de Prague installe au pouvoir un régime communiste, fidèle à l'Union soviétique de Joseph Staline : la Tchécoslovaquie devient un pays du Bloc de l'Est. Ces bouleversements politiques touchent les clubs de football : le Slavia Prague, devenu le Dynamo[note 2], quitte bientôt la première division, tandis que le Sparta est renommé Spartak Sokolovo. Les deux géants sont remplacés au sommet du football national par le Dukla Prague, fondé par l'armée au lendemain du coup d’État[1],[2], le FC Spartak Trnava, soutenu par la métallurgie, ou encore le Slovan Bratislava[h 7].
Malgré ces bouleversements politiques, la sélection poursuit sa route, d'autant que le sport est vu par le système communiste comme un moyen de canaliser le nationalisme blessé de ce pays[h 7]. La Tchécoslovaquie est invitée à participer en 1948 à la 10e édition de la Coupe des Balkans, aux côtés de la Yougoslavie, de la Roumanie et de la Bulgarie notamment, ainsi qu'à la nouvelle édition de la Coupe internationale, la première depuis la guerre. Les difficultés politiques et économiques du moment compliquent cependant la tenue de ces compétitions. La Coupe des Balkans est interrompue alors que la Tchécoslovaquie est dernière du classement provisoire avec quatre défaites en autant de matches[31], tandis que la Coupe internationale s'étale sur cinq ans. La Tchécoslovaquie en termine deuxième derrière la fameuse sélection hongroise invaincue de 1950 à 1954[note 3]. Ces deux sélections sont vues d'un bon œil par leurs régimes respectifs, qui y trouvent une formidable vitrine internationale[h 7].
Dans un contexte de guerre froide, la Tchécoslovaquie refuse, tout comme ses voisins communistes d'Union soviétique et de Hongrie, de s'inscrire à la Coupe du monde de 1950 pour des raisons politiques[32]. Quatre ans plus tard, elle remporte son groupe de qualification devant la Roumanie et la Bulgarie et fait son retour en phase finale de Coupe du monde, organisée en Suisse. Les Tchécoslovaques sont éliminés sans marquer le moindre but, repartant avec deux sévères défaites contre les deux têtes de série de son groupe, l'Uruguay, tenante du titre (2-0), et l'Autriche (5-0)[33].
À Bâle, la Fédération tchécoslovaque devient l'un des membres fondateurs du Groupe des Associations Européennes, rebaptisé plus tard UEFA, à l'occasion de la Coupe du monde 1954[34]. Lors de cette première réunion de l'UEFA, la Tchécoslovaquie représente également la Roumanie, absente pour des raisons de visa[35]. En rejoignant l'UEFA comme de nombreux pays du Bloc de l'Est, la Fédération tchécoslovaque montre que cette nouvelle organisation, bien qu'ancrée à l'Ouest, est au-dessus de la situation politique tendue entre Ouest et Est[36]. Toutefois, la Tchécoslovaquie et six autres pays se rassemblent au sein de l'UEFA sous le nom de « Groupe des Pays de l'Est »[37]. En particulier pour la Tchécoslovaquie, cela montre l'ambition de « multiplier les contacts avec toutes les nations européennes »[34].
La génération Masopust, finaliste de la Coupe du monde 1962 (1954-1967)
La Tchécoslovaquie débute en mars 1955 la sixième édition de la Coupe internationale, qui dure encore une fois près de cinq ans. Elle remporte pour la première fois le tournoi et son nouveau trophée, la coupe du Dr. Gerö, du nom de l'ancien président de la Fédération autrichienne, avec sept victoires en dix matchs face à l'Autriche, la Hongrie, l'Italie, la Suisse et la Yougoslavie[38].
Elle se qualifie aussi pour la Coupe du monde de 1958, qui se tient en Suède. Battue d'entrée par la surprenante Irlande du Nord (1-0), elle se ressaisit et obtient un match nul prometteur face à l'Allemagne, championne du monde en titre (2-2), puis domine largement l'Argentine (6-1)[39]. La Tchécoslovaquie doit alors jouer un match d'appui contre l'Irlande du Nord avec laquelle elle se retrouve à égalité de points. Les Tchécoslovaques perdent à nouveau contre les Irlandais (2-1 a. p.) et sont éliminés dès le premier tour[40].
L'UEFA, née en 1954 et dont la Fédération tchécoslovaque est membre fondateur, annonce en juin 1958 l'organisation de la première Coupe d'Europe des nations, malgré la réticence de plusieurs de ses membres les plus influents. Cette compétition continentale, disputée en alternance avec la Coupe du monde, s'inscrit dans la lignée des différentes compétitions régionales comme la Coupe internationale européenne. Les Tchécoslovaques s'y inscrivent et sont tirés au sort pour jouer la seule rencontre de tour préliminaire, avant d'accéder aux huitièmes-de-finale[41]. Vainqueurs de l'Irlande 4-0 au match retour après une étonnante défaite 0-2 à Dublin, les Tchécoslovaques continuent leur chemin en écartant facilement le Danemark en huitième de finale puis la Roumanie en quart de finale, et se retrouvent ainsi en France pour disputer le tournoi final. La sélection compte notamment trois piliers du Dukla Prague : Josef Masopust, Ladislav Novák[42] et Svatopluk Pluskal. Face une équipe d'URSS très athlétique, emmenée par Lev Yachine, meilleur gardien de but du moment, ils s'inclinent nettement en demi-finale (0-3). En petite finale, ils dominent à Marseille une équipe de France décevante (2-0) et montent sur le podium[43],[44].
Deux ans plus tard, la Tchécoslovaquie attaque la Coupe du monde de 1962 avec ces quelques certitudes, après une qualification cependant difficile : un match d'appui contre l'Écosse dans le groupe 8 est en effet nécessaire, la Tchécoslovaquie l'emportant après prolongation (4-2)[45]. Avec la plupart de ses joueurs venant du Dukla Prague soutenu par l'armée[2], la sélection tchécoslovaque bat au premier tour l’Espagne (1-0) puis fait match nul contre le Brésil, tenant du titre (0-0). La défaite contre le Mexique (1-3) est sans conséquence car la Tchécoslovaquie avait déjà son billet pour les quarts de finale en poche. Elle retrouve alors sa voisine, la Hongrie, menée par son attaquant Flórián Albert[46]. Les Tchécoslovaques l'emportent de façon heureuse, un but à zéro, grâce aux exploits de son gardien de but Viliam Schrojf[47]. En demi-finale, la Tchécoslovaquie bat la Yougoslavie trois buts à un. En finale, elle retrouve le Brésil. Malgré l'ouverture du score de leur milieu de terrain Josef Masopust, récipiendaire du Ballon d'or en fin d'année[48], les Tchécoslovaques doivent s'incliner face au talent de Garrincha et des siens (3-1)[47],[49].
En mars 1963, la sélection subit toutefois un revers inattendu en étant sortie d'entrée au tour préliminaire de l'Euro 1964 par l'Allemagne de l'Est[50],[51]. Lors des éliminatoires de la Coupe du monde 1966, les Tchécoslovaques sont battus à Bratislava par le Portugal d'Eusébio, Ballon d'or cette année-là[52]. Cette défaite est finalement déterminante dans la course à la qualification, car les Portugais terminent en tête du groupe, deux points devant la Tchécoslovaquie. Cette élimination signe la fin de la génération Masopust-Novák.
Le Championnat d’Europe 1976 : la consécration au niveau européen (1967-1982)
La reconstruction est difficile. Lors des éliminatoires de l'Euro 1968, les Tchécoslovaques laissent échapper la qualification en perdant le dernier match du groupe, à domicile face à la modeste Irlande, en toute fin de match (1-2)[53]. Pour la Coupe du monde 1970 au Mexique, ils sont à la lutte avec la redoutable Hongrie pour la place qualificative du groupe 2. Les deux équipes terminent en tête à égalité de points et, la différence de buts (favorable aux Hongrois) étant ignorée, un match d'appui doit être disputé sur terrain neutre à Marseille. Les Tchécoslovaques qui n'avaient pris qu'un point en deux matchs contre la Hongrie, s'imposent quatre buts à un. Le tirage au sort de la phase finale au Mexique n'avantage pas la sélection tchécoslovaque puisqu'elle se retrouve placée dans le groupe 3 en compagnie de deux des principaux favoris : les champions du monde sortants, l'Angleterre, et le Brésil de Pelé et de Rivelino. Contre la Tchécoslovaquie, le Brésilien Pelé tente un lob depuis le rond central mais ne marque pas[54], tandis que Rivelino inscrit pour le Brésil un but d'anthologie sur un coup franc lointain avec une puissance et une précision excellentes[55]. La Tchécoslovaquie rentre en Europe avec trois défaites en autant de matchs[56].
Dans la course à l'Euro 1972, la Tchécoslovaquie est éliminée à la différence de buts par la Roumanie en phase de groupe préliminaire[57]. Toutefois, la Tchécoslovaquie construit son avenir avec les espoirs, qui sont sacrés champions d'Europe avec de futurs internationaux seniors comme Zdeněk Nehoda[58]. Quelques mois plus tard, elle est invitée à disputer le tour final de la Coupe de l'Indépendance au Brésil, une sorte de mini-Coupe du monde où elle obtient notamment un match nul contre le pays hôte[59], vainqueur attendu du tournoi[60]. Dans son groupe éliminatoire à la Coupe du monde de 1974, elle est devancée par l'Écosse à cause d'un match nul concédé au Danemark.
Portés par leur gardien de but Ivo Viktor et leur buteur Zdeněk Nehoda, les Tchécoslovaques parviennent à se qualifier pour une nouvelle phase finale à l'occasion du Championnat d'Europe 1976. Il leur faut pour cela remporter leur groupe préliminaire devant le Portugal et l'Angleterre, malgré une sévère défaite inaugurale à Wembley (3-0), puis écarter l'Union soviétique en quart de finale. Ils se qualifient pour leur première finale européenne en battant en demi-finale après prolongation les Pays-Bas de Johan Cruijff, vice-champions du monde. Les Tchécoslovaques remportent leur premier trophée officiel sur la scène internationale face à la RFA en finale à Belgrade (2-2 ap ; 5-3 tab)[61],[62]. La première séance de tirs au but de l'histoire du championnat d'Europe intervient à l'issue d'un match riche en rebondissements. L'Allemand Uli Hoeness manque son tir[63]. Un but d'Antonín Panenka, cinquième tireur tchécoslovaque, suffit alors pour gagner le titre européen[63]. Panenka réalise un geste d'anthologie ; il surprend le gardien Sepp Maier, l'un des meilleurs gardiens de l'époque, en tirant son penalty en « feuille morte » au milieu du but. Le geste est tout d'abord connu sous le nom de « penalty tchèque »[63], avant de revenir plus tard au nom de son réalisateur, la Panenka[63],[64],[65],[66].
En dépit de sa couronne européenne, la Tchécoslovaquie, battue au pays de Galles puis en Écosse, ne parvient pas à se qualifier pour la Coupe du monde 1978, organisée en Argentine[67]. Tenante du titre, elle parvient par contre à se qualifier pour la phase finale de l'Euro 1980, en devançant de justesse la France du jeune Michel Platini dans son groupe éliminatoire. En match d'ouverture, elle s'incline face à la RFA, dans la répétition de la finale de 1976 (0-1). Victorieuse de la Grèce et solide contre les Pays-Bas, vice-champions du monde, la Tchécoslovaquie prend la deuxième place du groupe et se qualifie pour la petite finale où elle décroche la troisième place du tournoi après un match fermé et une interminable séance de tirs au but contre le pays hôte, l'Italie (1-1, 9-8 tab)[68],[69].
Le même été, la sélection olympique tchécoslovaque, qui compte dans ses rangs les internationaux A Ladislav Vízek et František Štambachr, remporte la médaille d'or aux Jeux olympiques de Moscou. Dans un tournoi boycotté par plusieurs délégations, dont les États-Unis, l'Argentine et la Norvège, la Tchécoslovaquie domine dans le tableau final Cuba, la Yougoslavie et enfin l'Allemagne de l'Est. Jindřich Svoboda est l'unique buteur en finale[70].
Les Tchécoslovaques font leur retour en Coupe du monde en 1982, en Espagne, en devançant en tour préliminaire le pays de Galles à la différence de buts. À la lutte avec la France et l'Angleterre dans un groupe difficile, ils se mettent dans l'embarras en concédant d'abord un match nul au Koweït (1-1). Battus par l'Angleterre, ils sont dos au mur face à la France et dans l'obligation de gagner pour se qualifier. Ils ne peuvent faire mieux que match nul (1-1), malgré une fin de match qui leur est acquise[71], et quittent donc le tournoi au premier tour. Signe de leur frilosité générale, les deux buts des Tchécoslovaques ont été inscrits sur penalty par Antonín Panenka, grand spécialiste de l'exercice[64].
Les dernières années d'une sélection toujours redoutée (1982-1993)
Le football tchécoslovaque traverse une passe plus difficile au milieu des années 1980. La sélection échoue en effet par deux fois en phase préliminaire de l'Euro et manque la qualification pour la Coupe du monde au Mexique. Elle est ainsi dominée par la Roumanie et la Suède dans la course à l'Euro 1984, malgré une victoire sur l'Italie championne du monde[72] ; elle termine seulement quatrième et avant-dernière de son groupe éliminatoire pour la Coupe du monde 1986 derrière l'Allemagne, le Portugal et la Suède[73] ; enfin elle est devancée d'un petit point par le Danemark dans la course à l'Euro 1988, en partie à cause de sa seule et sévère défaite concédée en Finlande[74].
En 1989, la Révolution de velours précipite la chute du régime du Parti communiste tchécoslovaque et la fin de sa République socialiste, qui devient la République fédérale tchèque et slovaque[2]. La vie politique est marquée par une séparation de plus en plus nette entre les deux régions du pays, les Slovaques désirant une décentralisation plus importante.
Cette période troublée coïncide avec le renouveau de la sélection tchécoslovaque : forte de son duo d'attaque Bílek-Skuhravý, la Tchécoslovaquie retrouve la phase finale du mondial en écartant notamment le Portugal lors des éliminatoires[75]. En Italie en 1990, les Tchécoslovaques réalisent un très bon tournoi et effectuent leur meilleur parcours en Coupe du monde depuis la finale de 1962. Ils passent ainsi le premier tour en dominant facilement les États-Unis et l'Autriche. Ils surclassent ensuite le Costa Rica, grâce à un triplé de Skuhravý en fin de match (4-1), ce qui leur offre un quart de finale face à l'Allemagne, un des grands favoris du tournoi. Dominés et réduits à dix lors des vingt dernières minutes, les Tchécoslovaques résistent et s'inclinent contre les futurs champions du monde en ne concédant qu'un seul but, marqué sur penalty par Lothar Matthäus[76]. Tomáš Skuhravý est le deuxième meilleur buteur du tournoi avec cinq réalisations.
Le , la Fédération déclare son indépendance vis-à-vis de l'État tchécoslovaque[2]. La Fédération ainsi que les clubs deviennent des entreprises privées, dont beaucoup font faillite en 1991[2]. C'est ainsi que parmi les vingt-deux joueurs de la sélection tchécoslovaque à la Coupe du monde 1990, dix-sept partent jouer pour des clubs occidentaux[2]. La sélection tchécoslovaque parvient toutefois à se classer deuxième du groupe 1 des éliminatoires de l'Euro 1992 derrière une équipe de France irrésistible et invaincue, portée par l'efficacité de son buteur Jean-Pierre Papin, Ballon d'or en fin d'année.
En 1992, des négociations entre Tchèques et Slovaques aboutissent à un accord sur la dissolution de la République fédérale au . L'équipe de Tchécoslovaquie entame à l'automne 1992 la campagne des éliminatoires de la Coupe du monde 1994, puis poursuit et termine cette phase préliminaire de mars à novembre 1993 sous la bannière de « Représentation des Tchèques et des Slovaques » (RTS)[77],[78], tandis que les deux nouvelles fédérations de football indépendantes, tchèque et slovaque, s'apprêtent à succéder à la fédération tchécoslovaque[2]. La qualification pour le Mondial se joue sur le dernier match à Bruxelles contre la Belgique, le . Malgré une grande domination, les Tchèques et Slovaques ne marquent pas. Le match nul (0-0) qualifie les Belges et signe la véritable fin de l'équipe de Tchécoslovaquie[79].
En accord avec les parties concernées, la Fédération de la République tchèque de football hérite, dans la continuité, du siège de membre de la Fédération tchécoslovaque de football à la FIFA et à l'UEFA, tandis que la fédération slovaque de football doit formuler une demande d'affiliation. La sélection tchèque, héritière principale de la sélection tchécoslovaque, fait ainsi ses débuts en février 1994 et réalise sa première grande performance deux ans plus tard en atteignant la finale de l'Euro 1996[80],[81]. Elle sera encore demi-finaliste de l'Euro en 2004. La sélection slovaque, qui avait été de son côté recréée de façon informelle dès juin 1992[82] fait également officiellement ses débuts en . Elle participe pour la première fois à la Coupe du monde de football en 2010 en battant notamment son voisin tchèque[81].