100 mètres (athlétisme)
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Le 100 mètres est une épreuve d'athlétisme consistant à parcourir, en ligne droite, un sprint sur une distance de 100 mètres. Il est couru au très haut niveau en moins de 10 secondes pour les hommes et de 11 secondes pour les femmes. Historiquement, la course de vitesse est l'une des plus anciennes de l'athlétisme puisqu'on en retrouve la trace plusieurs siècles avant l'organisation des premiers Jeux olympiques antiques.
Catégorie | Sprint |
---|---|
Genre | M/F |
Surface | Piste extérieure |
Apparition JO |
Hommes : 1896 Femmes : 1928 |
Record du monde |
9 s 58 : Usain Bolt (2009) |
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Record olympique |
9 s 63 : Usain Bolt (2012) |
Record du monde |
10 s 49 : Florence Griffith-Joyner (1988) |
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Record olympique |
10 s 61 : Elaine Thompson (2021) |
Jeux olympiques |
Marcell Jacobs (2021) Elaine Thompson (2021) |
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Championnats du monde |
Noah Lyles (2023) Sha'Carri Richardson (2023) |
Considérée comme l'épreuve reine de ce sport, le 100 mètres est la discipline la plus prestigieuse des compétitions d’athlétisme, du fait de son histoire et de l'intérêt qu'elle suscite auprès des spectateurs.
Des sprinteurs de renom, pour la plupart américains, ont marqué l'histoire de la discipline : de Jesse Owens dans les années 1930, à Jim Hines, premier homme à descendre sous les 10 secondes avec l'arrivée du chronométrage électronique en 1968, en passant par Bob Hayes à la carrière fulgurante. Plus récemment, Carl Lewis a assis sa domination durant les années 1980, le Canadien Donovan Bailey et l'Américain Maurice Greene dans les années 1990. Dans les années 2000, le Jamaïcain Usain Bolt, succédant à son compatriote Asafa Powell, domine la discipline, et détient le record du monde en 9 s 58 (2009).
Chez les femmes, la première à descendre sous les 11 secondes est l'Allemande Marlies Göhr en 1977. L'Américaine Florence Griffith-Joyner établit en 1988 le record mondial dans le temps de 10 s 49.
Hommes
Des Jeux olympiques antiques à l'époque moderne
Lors des Jeux olympiques antiques, les athlètes participent déjà à des courses de vitesse, notamment le στάδιον / stádion qui, comme son nom l'indique, est long d'un stade — celui d'Olympie mesure 192,27 m, soit 600 fois la longueur du pied d'Héraclès. C'est la course la plus courte du sport grec, qui ne connaît pas le 100 mètres moderne[1], et elle est l'épreuve reine des Jeux : le vainqueur donne son nom à l'olympiade[2]. Selon Pausanias, les concurrents sont parfois si nombreux qu'il est nécessaire de procéder à deux courses éliminatoires[3]. Le stádion est la seule épreuve lors des premiers Jeux olympiques en 776 av. J.-C., remportée à cette occasion par Corèbe d'Élis[4]. La distance suivante pratiquée est le δίαυλος / díaulos, correspondant à deux stádions, soit environ 400 mètres.
Parmi les athlètes de l'Antiquité, on retient Léonidas de Rhodes qui remporte le stádion, le díaulos et la course en armes (un díaulos en portant un bouclier) aux Jeux olympiques de 164 av. J.-C. ainsi qu'aux trois olympiades suivantes, ou encore Astylos de Crotone qui remporte le stádion et le díaulos lors de trois olympiades consécutives, de 488 av. J.-C. à 480 av. J.-C.[5]. Les derniers jeux sont traditionnellement fixés en 393 ap. J.-C., peu après l'édit de Théodose ordonnant l'abandon des lieux de culte de la religion grecque. Le sprint n'est alors plus pratiqué dans des compétitions organisées avant le XIXe siècle.
En effet, les Britanniques initient au XIXe siècle des courses athlétiques en déclinaison de leur système de mesure basé sur le mile (1 609,32 m) : le demi-mile, le quart de mile, le huitième de mile et enfin le 110 verges (100,52 m) représentant environ 1/16e du mile[6].
XIXe siècle : les précurseurs
Les premières courses de sprint court des temps modernes se disputent dès le milieu du XIXe siècle dans les campus universitaires du Royaume-Uni où des courses de 100 verges (91,44 m) sont recensées en 1850 au Collège d'Exeter d'Oxford[7]. Les mesures de performance correspondent alors à la généralisation du chronométrage. Le premier enregistrement date de mars 1864 lorsque B. S. Darbyshire, étudiant à Oxford, est chronométré à 10 s 5 sur 100 verges. Quatre ans plus tard, à Cambridge, le champion de cricket Charles Absalom est crédité de 10 secondes tout juste (soit environ 10 s 9 au 100 mètres). Parallèlement à l'émulation naissante du sprint en Grande-Bretagne, les premières compétitions se déroulent aux États-Unis. William B. Curtis est considéré comme le pionnier du sprint chronométré, même si sa performance supposée de 9 secondes au 100 verges n'est jamais prise au sérieux, en raison notamment de l'inexactitude de la distance, et d'un départ anticipé (le coup de feu du starter n'existant pas encore à l'époque)[8]. En 1887, lors d'une compétition universitaire, un général américain du nom de Charles Sherill innove dans la discipline en creusant légèrement la piste derrière la ligne de départ dans le but d’obtenir une meilleure impulsion au démarrage après un départ en position accroupie[9]. Cette innovation, appelée alors le crouch start est à l’origine de l’invention des starting blocks. Avec son temps de 9 s 8 sur 100 verges, l'Américain John Owen remporte en 1890 le Championnat des États-Unis[10]. Ce record reste invaincu durant plusieurs années.
En cette fin de siècle, les amateurs et les professionnels se partagent les compétitions d'athlétisme de chaque côté de l'Atlantique. En Grande-Bretagne, Harry Hutchens, un ancien livreur, concourt dans des défis rémunérés et donnant lieu à des paris[11]. Les courses de 100 verges sont alors disputées sur des pistes en herbe au sein d'hippodromes. En 1891, le premier chronomètre sur la distance métrique est réalisé à Paris par l'Américain Luther Cary en 10 s 75. D'autres athlètes s'illustrent par ailleurs, notamment le Britannique Charles Bradley (quatre fois champion d'Angleterre de 1892 à 1895), ou l'Américain Bernie Wefers qui ne dispose d'aucun rival dans son pays durant trois années[12]. Sa modeste université de Georgetown n'a cependant pas les moyens de financer le voyage de ses athlètes pour se rendre aux Jeux olympiques d'Athènes en 1896. L'épreuve est remportée par son compatriote Thomas Burke dans le modeste temps de 12 secondes, sur une piste sablonneuse en mauvais état[13].
1900-1945 : la fin du professionnalisme
Lors des débuts du renouveau olympique, seuls les athlètes amateurs peuvent participer aux Jeux olympiques[14]. En effet, à cette époque, le Comité international olympique ne tolère pas le professionnalisme ni l'amateurisme marron.
À Paris, lors des Jeux olympiques de 1900, Frank Jarvis remporte le titre du 100 mètres, devançant son compatriote américain Arthur Duffy, titulaire pourtant à l'époque des meilleures performances chronométriques sur le sprint. Quelques années plus tard, ce dernier est destitué par la Fédération internationale pour cause de professionnalisme[15]. Archie Hahn décroche le titre olympique en 1904[16] avant qu'un Sud-Africain ne vienne stopper la domination américaine. En 10 s 8, Reginald Walker s'impose en finale des Jeux olympiques de Londres de 1908[17]. Quatre ans plus tard, le premier record du monde officiellement reconnu par l’Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) est détenu par Donald Lippincott en 10 s 6. Ce dernier est cependant battu par Ralph Craig lors des Jeux de Stockholm[18]. En cette même période, le monde de l'athlétisme assiste à l'avènement de Howard Drew, premier sprinteur noir de classe mondiale[19], puis de Charley Paddock, coureur petit et musculeux, qui décroche la médaille d'or du 100 mètres aux Jeux olympiques d'Anvers en 1920. Il s'adjuge par ailleurs les records du monde du 100 yards (91,44m) et du 100 mètres[20]. Entre 1924 et 1935, des athlètes non-américains parviennent à contester la suprématie des États-Unis dans le sprint, à l'image du Britannique Harold Abrahams, vainqueur des Jeux de Paris[21], et du Canadien Percy Williams, médaillé d'or lors des Jeux d'Amsterdam en 1928[22]. Les premiers starting-blocks sont mis au point à cette époque et seront officialisés dès 1937[23]. Leurs inventeurs prétendent alors que leur utilisation permet de faire gagner 34 centièmes de secondes à un athlète lors du départ. À partir de 1929, l'athlète noir-américain Eddie Tolan redore le blason du sprint des États-Unis. Il remporte la finale des Jeux de Los Angeles en 1932[24], mais se voit concurrencé rapidement par son compatriote Ralph Metcalfe qui le devance aux Championnats universitaires américains. En 1935, Jesse Owens, un autre noir-américain, parvient à mettre fin à la domination sans partage de Metcalfe. Lors d'un meeting à Ann Harbor, dans le Michigan, Owens améliore ou égale quatre records du monde. Parmi ceux-ci, celui du 100 yards en 9 s 4[25]. Quelques mois plus tard, lors des Championnats nationaux, il établit un nouveau record du monde du 100 mètres en 10 s 2. Au sommet de son art, il remporte la finale des Jeux de Berlin (10 s 3)[26]. Face aux performances des coureurs noirs, Adolf Hitler voit une preuve d'une différence raciale, en l'occurrence une supériorité des Noirs en course à pied de courtes distances[27].
À partir de 1938, année de la retraite d'Owens et de Metcalfe, une nouvelle règlementation impose une limite de vent inférieure à 2 mètres par seconde pour qu'une performance soit officiellement validée. L'arrivée de la Seconde Guerre mondiale marque le ralentissement des compétitions d’athlétisme, notamment en Europe. Seuls les États-Unis parviennent à faire éclore de nouveau talents. On peut citer notamment Clyde Jeffrey (10 s 2 au 100 m en 1939)[28] ou Harold Davis, qui domine les épreuves de sprint durant la guerre[29].
1946-1967 : l'émulation américaine
En 1948, le trentenaire Barney Ewell se rapproche inexorablement des performances de Jesse Owens en égalant son record du monde lors des sélections américaines pour les Jeux olympiques de 1948[30]. À Londres, il est battu par son compatriote Harrison Dillard, spécialiste des haies, dans une course très relevée[31]. Le début des années 1950, période de transition dans le sprint court, est marqué par l'émergence de nombreux athlètes universitaires américains, à l'instar de Lindy Remigino, champion olympique surprise à Helsinki en 1952, en l’absence de quelques-uns des meilleurs sprinters du moment[32]. Deux ans plus tard, le champion d'Europe Ouest-allemand Heinz Fütterer égale à son tour le record du monde (10 s 2). L'année précédant les Jeux olympiques de 1956 correspond au début de la domination mondiale de Bobby Morrow qui s'exerce jusqu'en 1958. Morrow remporte la médaille d'or des Jeux de Melbourne[33]. Surnommé « la flèche blonde du Texas », il égale le record du monde à trois reprises. Dès l'âge de vingt ans, il courait déjà le 100 verges en 9 s 1. Le , l'Américain Willi Williams améliore à son tour le record du monde du 100 mètres en réalisant 10 s 1 lors des championnats militaires mondiaux de Berlin. Bobby Morrow remporte la finale olympique de Melbourne en 10 s 5. En Europe, l'Allemand de l'Ouest Armin Hary, champion d'Europe en 1958, établit un nouveau record mondial en 1960 dans le temps de dix secondes. Un mois plus tard, le Canadien Harry Jerome réédite cette performance. Malgré un faux départ lors de la finale, Hary devient champion olympique des Jeux de Rome[34], devançant un de ses plus féroces adversaires du moment, l'Américain David Sime dans une des courses les plus serrées de l'histoire. Les Américains n’avaient plus été battus sur la distance depuis les Jeux de 1928. À partir de 1961, l'Américain Bob Hayes, issu du circuit universitaire, règne en maître dans les épreuves du 100 yards et du 100 mètres. Flirtant souvent avec le record du monde d'Hary, Hayes assoit sa domination de 1962 à 1964 en restant invaincu pendant vingt-huit mois, et en remportant cinquante-quatre victoires consécutives. Il devient le premier athlète à descendre officieusement sous les dix secondes au 100 m en 9 s 9 (temps manuel)[35]. La finale des Jeux de Tokyo de 1964 est la dernière course de Hayes avant sa reconversion dans le football américain. Après avoir réalisé 9 s 91 en demi-finale (record du monde non homologué pour cause de vent trop favorable), il s'impose avec près de deux mètres d'avance sur tous ses concurrents en améliorant le record du monde de 19 centièmes (10 s 06 dans des conditions règlementaires).
1968-1980 : la barrière des dix secondes
La période précédant les Jeux olympiques de 1968 est marquée par une forte concurrence dans le 100 mètres, à l'image du Jamaïcain Lennox Miller, du Français Roger Bambuck ou des Américains Jim Hines et Charles Greene. Le , lors des Championnats des États-Unis de Sacramento, Hines devient le premier homme à parcourir 100 mètres en moins de dix secondes (9 s 9)[36]. Lors des séries, Greene et Bambuck égalaient tour à tour, sur une piste ultra-rapide, le record du monde en dix secondes, alors que Hines réalisait 9 s 8 en demi-finale (record non homologué en raison du vent trop favorable)[37]. Cette soirée d'athlétisme aux multiples records fut surnommée par les spécialistes « The Night of Speed » (La nuit de la vitesse). Jim Hines confirme son statut de favori quelques semaines plus tard en remportant la finale des Jeux de Mexico. Il établit alors un nouveau record mondial en 9 s 95 (temps électrique)[38]. Cet exploit est réalisé dans des conditions idéales : une piste en matière synthétique, un temps chaud et sec, une altitude supérieure à 2 000 mètres et un vent favorable de 1,6 m/s. Pour la première fois de l'histoire, aucun blanc ne figure au départ de la finale. Comme Bob Hayes en 1964, Jim Hines abandonne sa carrière d'athlète au lendemain des Jeux pour passer footballeur professionnel.
Après l'arrêt de plusieurs ténors du sprint, John Carlos fait figure de rescapé dans le camp américain. Il égale en 1969 le record du monde du 100 yards en 9 s 1. Le renouveau du 100 mètres vient alors d'Union soviétique lorsque Valeriy Borzov, champion d'Europe en 1969, réalise plusieurs courses en dix secondes. Dominant tous ses adversaires européens au début des années 1970[39], il remporte la finale olympique des Jeux de Munich en 1972 en devançant de plus d'un mètre Robert Taylor et Lennox Miller. De nouveaux grands sprinteurs apparaissent après les Jeux de Munich, notamment les Américains Steve Williams et Harvey Glance, le Jamaïcain Don Quarrie ou le Trinidadien Hasely Crawford. Lors des Jeux olympiques de Montréal, Borzov ne termine que troisième de la finale, derrière Crawford et Quarrie[40]. Pour la première fois depuis 1928, aucun Américain ne figure sur le podium d'un 100 mètres olympique. Le , l’IAAF abandonne le chronométrage manuel, les performances ne pouvant désormais être validées qu'à l'aide d'un chronomètre électronique.
La fin des années 1970 est marquée par les duels livrés en Europe par Valeriy Borzov avec l'Écossais Allan Wells et l'Italien Pietro Mennea. Ce dernier réalise en altitude 10 s 01 sur 100 mètres, peu avant son record du monde du 200 mètres. Aux Jeux olympiques de Moscou, en l'absence des Américains pour cause de boycott, Wells devient à 28 ans le médaillé d'or sur 100 mètres le plus âgé[41]. En 10 s 25, il réalise le même temps que son dauphin, le Cubain Silvio Leonard.
1981-1991 : le règne de Carl Lewis
Le début des années 1980 marque l'assouplissement des règles olympiques concernant l'amateurisme[14], et l'arrivée d'un nouveau type d'athlètes se consacrant entièrement à leur carrière sportive professionnelle. L'Américain Carl Lewis en est l'une des incarnations.
En 1981, Carl Lewis n'est âgé que de 19 ans lorsqu'il réalise dix secondes au 100 mètres. Après de multiples titres universitaires, il passe professionnel en 1983, année des premiers Championnats du monde. À Helsinki, Lewis remporte son premier titre mondial et possède un record personnel proche du vieux temps de Jim Hines[42].
L'année suivante, aux Jeux de Los Angeles, il remporte la finale olympique du 100 mètres en 9 s 99, devançant ses plus dangereux adversaires du moment, l'Américain Sam Graddy et le Canadien Ben Johnson[43]. Surmédiatisé et bénéficiant de confortables revenus publicitaires[44], Lewis surclasse ses adversaires durant trois ans. Seul Ben Johnson parvient à contester la suprématie de « King Carl » à partir du milieu des années 1980. Le musculeux Canadien l'emporte au meeting de Zurich 1985, et par deux autres fois en 1986. Il réalise cette année-là le temps de 9 s 95. Aux Mondiaux de Rome en 1987, le duel Lewis-Johnson est l'un des plus attendus. Ben Johnson remporte la médaille d'or en battant le record du monde de près d'un dixième de secondes (9 s 83 contre 9 s 92 pour Lewis)[45]. Les deux hommes se retrouvent l'année suivante aux Jeux olympiques de Séoul. Lewis se voit devancé une nouvelle fois par Johnson qui réalise une nouvelle marque mondiale en 9 s 79, nouveau record mondial. Pour cause de dopage, la performance de Ben Johnson est annulée et ses titres mondiaux et olympiques lui sont retirés[46]. En conséquence, Carl Lewis devient le nouveau détenteur du record du monde du 100 mètres en 9 s 92 et récupère les titres de Johnson.
Après avoir levé le pied en 1989, Lewis observe dès le début des années 1990 l'éclosion de nouveaux talents. Parmi eux, figure son compatriote et ami Leroy Burrell, numéro un mondial en 1990 et 1991, ayant remporté 19 courses sur 22 et ayant couru à cinq reprises sous les dix secondes[47]. D'autres athlètes s'avèrent également de sérieux concurrents du Roi Carl, notamment les Américains Dennis Mitchell, Michael Marsh et Andre Cason, le Britannique Linford Christie, le Canadien Bruny Surin ou le Namibien Frank Fredericks. Aux Championnats du monde de Tokyo en 1991, Lewis parvient néanmoins à remporter son troisième titre mondial consécutif, en établissant en 9 s 86, un nouveau record mondial. Burrell et Mitchell complètent le podium d'une des courses les plus rapides de l’histoire. En effet, les six premiers de l'épreuve courent en moins de 9 s 96.
1992-2004 : le renouveau
En 1992, lors des Jeux olympiques de Barcelone, le recordman d'Europe Linford Christie devient, à 32 ans, le plus âgé des vainqueurs olympiques du 100 m[48]. Il devance, avec le temps de 9 s 96, Fredericks et Surin, et succède au palmarès à ses compatriotes Harold Abrahams et Alan Wells. Il confirme l'année suivante en s'adjugeant le titre des Championnats du monde de Stuttgart, devançant Andre Cason, Dennis Mitchell et Carl Lewis, quatrième. Christie égale le record d'Europe en 9 s 87. En cette année 1993, le Britannique réussit l'exploit de remporter treize courses dans la saison. Leroy Burell revient en forme dès les premiers mois de 1994. Au meeting de Lausanne, il établit un nouveau record du monde de l'hectomètre en 9 s 85[49]. Quelques semaines plus tard, Lindford Christie remporte son troisième titre de champion d'Europe à Helsinki.
Le milieu des années 1990 coïncide avec le déclin momentané des sprinteurs des États-Unis, contrasté par l'ascension des athlètes canadiens[50]. Donovan Bailey remporte la finale des Championnats du monde de Göteborg en devançant son compatriote Bruny Surin et le jeune espoir Trinidadien Ato Boldon[51]. En 1996, Frankie Fredericks réalise 9 s 86 à Lausanne, mais la finale du 100 mètres des Jeux olympiques d'Atlanta est remportée par Bailey en 9 s 84, nouveau record du monde de la distance. Au tournant du siècle, c'est l'Américain Maurice Greene qui obtient les meilleures performances avec trois titres de champion du monde à Athènes en 1997 (9 s 86), à Séville en 1999 (9,80 s) et à Edmonton en 2001 (9 s 82), et une médaille d'or lors des Jeux de Sydney en 2000 (9 s 87)[52]. Il s'agit du premier titre olympique obtenu par un Américain sur 100 m depuis douze ans. Greene établit enfin un nouveau record du monde, au meeting d'Athènes en juin 1999, en 9 s 79. En 2002, Tim Montgomery s'empare du record mondial, à Paris (Stade Charléty), en 9 s 78. Derrière lui, le Britannique Dwain Chambers égale le record d'Europe de Lindford Christie. Montgomery est très vite rattrapé par des affaires de dopage liées au laboratoire Balco[53]. Son record du monde est effacé des tablettes en 2005 par l'IAAF[54]. Lors des Championnats du monde 2003, la surprise vient de Kim Collins, ressortissant de l'île de Saint-Christophe-et-Niévès, qui s'impose en 10 s 07[55], dans une finale ouverte (Greene, Boldon et Jon Drummond en furent écartés dans les tours précédents). En 2004, l'Américain Justin Gatlin devance, en 9 s 85, Francis Obikwelu et Maurice Greene en finale des Jeux olympiques d'Athènes[56].
2005-2016 : Usain Bolt et la Jamaïque au sommet
Révélé l'année précédente, le Jamaïcain Asafa Powell réalise en début d'année 2005 plusieurs temps autour de 9 s 85. Le 14 juin, au meeting d'Athènes, il court en 9 s 77, battant du même coup le record du monde de Maurice Greene réalisé six ans auparavant[57]. Blessé quelques semaines avant la compétition, Powell ne fait pas le déplacement aux Championnats du monde d'Helsinki. La médaille d'or revient à Justin Gatlin, vainqueur en 9 s 88, avec 17 centièmes d'avance sur son dauphin Michael Frater[58]. En 2006, Gatlin égale le record mondial de Powell au meeting de Doha. Powell reprend la main par deux fois en réalisant à nouveau 9 s 77 à Gateshead et à Zurich. En août 2006, Gatlin se fait rattraper par une affaire de dopage et est dépossédé de son record du monde[59]. Il est suspendu de compétitions sportives pour quatre années. Débarrassé d'un très sérieux adversaire, Powell ne prend cependant que la troisième place des Mondiaux d'Osaka 2007 qui couronnent l'Américain Tyson Gay (9 s 85)[60]. Quelques jours plus tard, au meeting de Rieti, Asafa Powell bat son propre record du monde en 9 s 74[61].
Au début de la saison 2008, le Jamaïcain Usain Bolt réalise 9 s 76 sur son sol. Lors du meeting de New York, et pour la cinquième course de sa carrière sur 100 mètres, il établit un nouveau record du monde en 9 s 72 (vent +1,7 m/s), améliorant de deux centièmes le temps de son compatriote Asafa Powell[62]. Ce dernier réalise en juillet 2008 une série de courses remarquables (9 s 88 à Stockholm, 9 s 84 à Londres, puis 9 s 82 à Monaco). Le duel entre les deux Jamaïcains est l'un des plus attendus des Jeux olympiques de Pékin. En finale, le , Usain Bolt écrase la course en réalisant un nouveau record du monde en 9 s 69[63],[64]. Il se permet même de couper son effort à une vingtaine de mètres de l'arrivée[65]. Son entraîneur estime qu'il aurait pu courir ce jour-là en 9 s 54. Richard Thomson et Walter Dix complètent le podium, alors qu'Asafa Powell ne prend que la cinquième place, en dépit d'un excellent temps de 9 s 95. Après les Jeux, les deux hommes se livrent un duel à distance. Powell s'impose à Lausanne en 9 s 72, Bolt remporte le meeting de Bruxelles en 9 s 77. Durant les mondiaux à Berlin, Bolt remporte la finale avec un nouveau record du monde : 9 s 58, le , un an jour pour jour après sa course de Pékin[64],[66]. En pulvérisant son précédent record, Bolt devient le premier homme à descendre sous les 9 s 60.
Le Français Christophe Lemaitre est présenté par les médias comme le premier blanc à descendre sous les dix secondes, le , avec un temps de 9 s 98[67], avant de remporter le 100 mètres des Championnats d'Europe d'athlétisme 2010[68]. Lemaitre améliorera de nombreuses fois ce record jusqu'à courir à 9 s 92 aux championnats de France d'athlétisme le .
2011 est une année très dense au niveau du 100 mètres[69], près de 20 athlètes passent la barre des 10 secondes cette saison dont de nombreux pour la première fois[70], portant à 81 le nombre d'athlètes ayant passé les 10 secondes toutes années confondues[71]. Mais malgré cela, la finale des championnats du monde est la 4e plus lente finale depuis 1987 derrière Paris, Göteborg et Helsinki. En effet, avant le début des épreuves, Tyson Gay, Asafa Powell, Mike Rodgers et Steve Mullings, parmi les meilleures performances de l'année sont absents, les deux premiers pour blessure et les deux autres pour dopage ; le champion du monde Usain Bolt a donc pleine piste vers un second sacre[72]. Contre toute attente, Bolt ne devient pas champion du monde ; il réalise en effet un faux départ en finale et soulève une polémique contre la règle d'élimination directe, de nombreux spectateurs quittent même le stade pour manifester leur mécontentement[73]. Le titre revient donc au Jamaïcain Yohan Blake, désigné comme son dauphin par le champion en titre avant la course, en 9 s 92, Walter Dix l'Américain prend la seconde place et Kim Collins la 3e, devenant ainsi le plus vieux médaillé sur 100 m aux championnats du monde ; cette finale est aussi la 2e à accueillir un junior en la présence de Jimmy Vicaut après celle des mondiaux de Paris[74].
2012 confirme la suprématie du sprint jamaïcain tiré par ses deux principaux clubs, le MVP Track Club de Powell et le Racers Track Club de Bolt et Blake malgré les retours au premier plan des Américains Gatlin et Gay, respectivement de suspension et de blessure et l'explosion du Trinidadien Keston Bledman. Le , en finale des Jeux Olympiques de Londres, la Jamaïque de Bolt assoit une fois de plus sa domination sur la reine des courses : le Jamaïcain s'impose en effet en 9 secondes et 63 centièmes, battant un nouveau record Olympique, et ce malgré un mauvais départ et grâce à une remontée fulgurante dans les derniers 50 mètres. C'est le deuxième meilleur chrono de tous les temps, à 5 centièmes de son propre record. C'est son dauphin et compatriote Yohan Blake qui décroche l'Argent en 9 s 75. L'Américain Justin Gatlin complète le podium en 9 s 79. Il s'agit de la course la plus rapide de l'Histoire avec 7 athlètes (sur les 8 engagés) sous les 10 s.
2017- : Le retour du sprint américain
Femmes
1928-1947 : la reconnaissance féminine, les pionnières
Côté féminin, des réunions sportives soutenues par des organisations féministes sont disputées pour la première fois en Europe durant la Première Guerre mondiale. Le CIO étant hostile à l'arrivée des femmes aux Jeux olympiques, des Jeux mondiaux féminins sont disputés dès 1921. La Britannique Mary Lines remporte le 100 verges en 1922. Des Jeux olympiques féminins, non reconnus par les instances sportives internationales, incluent également l'épreuve du 100 verges au programme. Les athlètes féminines sont autorisées à concourir pour la première fois aux Jeux olympiques en 1928. Le 100 mètres figure parmi les cinq épreuves sélectionnées par l'IAAF et le CIO. À Amsterdam, la médaille d'or est remportée par l'Américaine Betty Robinson en 12 s 2. Les Jeux Mondiaux féminins, nouvelle compétition officieuse, se déroulent en 1930 à Prague. Les spectateurs assistent sur le sprint aux triomphes de Stanisława Walasiewicz, athlète polonaise connue aux États-Unis sous le nom de Stella Walsh[75]. Championne olympique aux Jeux de 1932 en 11 s 9, puis battue par sa compatriote Helen Stephens quatre ans plus tard à Berlin, elle réalise 11 s 6 en 1937. Durant cette période, en l'absence de contrôles médicaux de féminité, des questions se posent à la vue de la musculature de certaines femmes présentes sur les stades d'athlétisme, y compris Stephens[76] et Walasiewicz.
1948-1969 : les premières vedettes
La Néerlandaise Fanny Blankers-Koen ne suscite aucun doute sur sa réelle féminité, puisque mère de deux enfants. Elle domine les compétitions durant la Seconde Guerre mondiale et remporte la médaille d'or du 100 mètres des Jeux olympiques de Londres en 1948 à l'âge de trente ans, et établit un nouveau record du monde en 11 s 5. Durant sa période d'activité longue de vingt années, Blankers-Koen remporte sur la distance du 100 m treize titres nationaux, un titre européen et un titre olympique. Surnommée « La Hollandaise volante », elle devient la première légende féminine de l'athlétisme[77]. En 1952, l'Australienne Marjorie Jackson prend la relève de Blankers-Koen en devenant championne olympique des Jeux d'Helsinki. Elle s'impose également lors des Jeux du Commonwealth 1950 et 1954[78]. Quatre ans plus tard, sa compatriote Betty Cuthbert remporte sur son sol, à Melbourne, le titre olympique féminin sur la distance reine. Le début des années 1960 est marqué par l'avènement de Wilma Rudolph, jeune sprinteuse noire-américaine arrivée dans l'athlétisme après avoir contracté la poliomyélite étant enfant. À vingt ans, Rudolph se rapproche de la barrière des 11 secondes (11 s 2 en 1961). Elle devient championne olympique à Rome en 1960 en 11 s 0, temps non homologué pour cause de vent trop favorable[79]. Sa compatriote Wyomia Tyus lui succède en 1964 et en 1968, devenant à l'occasion la première femme à remporter le titre olympique deux fois consécutivement[80]. Tyus a amélioré dans sa carrière le record du monde du 100 mètres à quatre reprises. La Polonaise Irena Szewińska, spécialiste du 200 mètres, remporte des victoires significatives dans la distance inférieure. Autre sprinteuse notoire, la Taïwanaise Chi Cheng reste invaincue pendant dix-huit mois sur 100 mètres et sur 100 verges.
1970-1987 : l'hégémonie allemande
Au début des années 1970, les athlètes est-allemandes commencent leur domination dans les courtes distances. Renate Stecher remporte la finale des Jeux olympiques de Munich et les Championnats d'Europe d'Helsinki. Elle fait par ailleurs évoluer le record du monde en 11 s 07 en 1972, mais est néanmoins battue par Szewińska, de retour dans l'épreuve du 100 m, lors des Championnats d'Europe de Rome en 1974. L'Allemagne reprend la main au milieu des années 1970, grâce notamment à Inge Helten et Annegret Richter, championne olympique à Montréal et détentrice du record du monde en 11 s 01. En 1977, l'Est-allemande Marlies Göhr révolutionne la discipline en réalisant à Dresde le temps de 10 s 88, soit treize centièmes de mieux que le précédent record du monde de Richter. Cette performance constitue depuis lors le record du monde junior[81]. En 1980, la Soviétique Lyudmila Kondratyeva remporte la finale du 100 mètres des Jeux de Moscou.
Les années 1980 sont marquées par la domination sur le 100 mètres des athlètes venues des deux Allemagnes. Première femme au-dessous des 11 secondes, Marlies Göhr, née Oelsner, remporte durant sa carrière un titre mondial (Helsinki en 1983), une médaille d'argent aux Jeux olympiques (Moscou en 1980), trois titres continentaux (1978, 1982 et 1986) et deux victoires de Coupe du monde (1977 et 1985). En 1983, elle porte le record du monde à 10 s 81. En l'absence des pays du bloc de l'Est aux Jeux de Los Angeles en 1984 pour cause de boycott, la victoire revient à l'Américaine Evelyn Ashford, future détentrice du record du monde en 10 s 76. Elle devance en finale la Jamaïcaine Merlene Ottey. Lors des Mondiaux 1987 à Rome, les Est-Allemandes Silke Gladisch et Heike Drechsler réalisent le doublé[82].
1988-2004 : l'ombre du dopage
Durant l'année 1988, Florence Griffith-Joyner bouleverse le monde de l'athlétisme féminin en établissant un nouveau record du monde de la discipline. Lors des sélections olympiques d'Indianapolis le , Griffith-Joyner réalise sans aide du vent le temps de 10 s 49, améliorant pour l'occasion le record d'Ashford de 27 centièmes de secondes. Avant cet exploit, l'Américaine n'était descendue sous la barre des 11 secondes qu'à trois reprises seulement. « Flo-Jo » confirme son statut de favorite lors des Jeux olympiques de Séoul où elle remporte la médaille d'or avec près de trois mètres d'avance sur ses principales concurrentes. Sa fin de carrière prématurée en 1989, sa transformation physique, ses performances hors normes et son décès en 1998 continuent d'alimenter les rumeurs de dopage à son encontre[83]. Les années qui suivent consacrent Katrin Krabbe, championne d'Europe en 1990 et championne du monde en 1991. La même année, elle est contrôlée positive lors d'un test antidopage et est suspendue quatre ans par l'IAAF. La période 1997-2001 est marquée par la domination de l'Américaine Marion Jones, qui remporte notamment les Championnats du monde 1997 et 1999. En 2000, elle remporte également le 100 mètres des Jeux olympiques de Sydney, mais convaincue de dopage, elle est déchue de son titre et prend sa retraite[84]. Le 100 mètres féminin lors des Jeux olympiques de 2004 revient à la Biélorusse Yulia Nesterenko, qui descend sous les 11 secondes dans chacune de ses quatre courses[85].
Depuis 2005 : la domination des Jamaïcaines
À l'instar des athlètes masculins, le sprint féminin est dominé depuis 2007 par la Jamaïque avec les victoires successives de Veronica Campbell en 2007 aux championnats du monde et de Shelly-Ann Fraser en 2008 et 2009, respectivement aux Jeux olympiques et aux championnats du monde. Lors de ces Jeux olympiques de Pékin, le podium du 100 mètres est constitué intégralement d'athlètes jamaïcaines : Shelly-Ann Fraser devient championne olympique avec un temps de 10 s 78, devançant ses compatriotes Sherone Simpson et Kerron Stewart, deuxièmes ex-aequo. Ce triplé olympique est une première concernant le 100 mètres féminin. Du reste, les meilleures performances mondiales de l'année (MPMA) de 2006, 2007, 2008[Note 1] et 2010 sont jamaïcaines. Toujours est-il que la meilleure performance mondiale de ces cinq dernières années a été réalisée en 2009 par l'Américaine Carmelita Jeter en 10 s 64.
Le , la Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce réalise le temps de 10 s 63 (+1,3 m/s) lors d'une compétition à Kingston, devenant ainsi la deuxième athlète la plus rapide de l'histoire derrière l'Américaine Florence Griffith-Joyner[86].
Déroulement de la course
Afin de parcourir la distance le plus rapidement possible, le sprinteur doit réaliser au mieux les différentes étapes d'une course, à savoir la réaction à la phase de démarrage, la phase d'accélération et la phase de maintien de vitesse[87]. Le nombre de foulées développées est, en moyenne, de 43 à 46 chez les hommes (40 à 41 pour Usain Bolt), et de 47 à 52 chez les femmes.
Départ
Avant le départ, l'athlète prend position en posant ses pieds dans les starting-blocks qu'il a préalablement réglés en fonction de la longueur de ses jambes. La position de l'athlète consiste, à ce moment, à poser un genou à terre, ses deux jambes étant pliées ; ses mains sont posées à terre, en arrière de la ligne blanche de départ. Au premier commandement du starter (« à vos marques », en anglais : « On your marks »), les compétiteurs prennent leur position de départ. Lorsqu'ils ne bougent plus, le starter les avertit du départ imminent (« prêts ? », en anglais : « set ») ; les athlètes se mettent alors en position de déséquilibre, le poids du corps basculant sur les bras. Le genou de la jambe avant forme un angle d'environ 90 degrés, celui de la jambe arrière d'environ 120 degrés[88]. Enfin, le starter donne le signal de départ en tirant un coup de feu en l'air.
Un faux départ est détecté soit visuellement par le starter (ou le starter de rappel), soit automatiquement lorsque le coureur part moins de 100 millièmes[89] après le coup de feu (durée qui correspond au temps minimal que met un signal nerveux pour aller des oreilles aux jambes en passant par le cerveau). Avant 2003, un faux départ par athlète était autorisé[90]. Entre 2003 et 2009, c'est un seul faux départ par course qui fut toléré, l'athlète commettant le deuxième faux départ étant éliminé. Depuis 2010, aucun faux départ n'est toléré[91].
Mise en action
Après le jaillissement des starting-block, le sprinteur, en position inclinée, doit allonger progressivement ses foulées. Cette phase s'accompagne d'un redressement de sa position jusqu’à atteindre sa vitesse maximale. Cette technique de redressement progressif du buste et de la tête durant les premières foulées plus connue sous le nom de Drive-Phase, est apparue à la fin des années 1990, avec les sprinteurs du clan HSI Hudson and Smith International, Maurice Greene, Ato Boldon, Jon Drummond... entrainés par John Smith. Le sprinteur trouve sa position définitive vers la 12e foulée. Une fois à pleine vitesse, il enchaîne environ cinq foulées par seconde. Chaque foulée, qui dépend du gabarit du sprinter, peut mesurer jusqu'à 2,7 m. La foulée se décompose en deux phases : une phase d'appui au sol, qui comprend l'amortissement, le soutien et l'impulsion, et une phase de suspension permettant au coureur de maintenir son équilibre et préparer l'action au sol suivante[92].
Maintien de vitesse et arrivée
Certains coureurs naturellement rapides sur 50 ou 60 mètres sont dépassés ensuite, car la vitesse décroît souvent au-delà de six secondes ; seuls la technique et l'entraînement peuvent limiter voire supprimer cette déperdition. Le 100 mètres idéal consisterait donc à décélérer le moins possible en deuxième partie de course. L'athlète doit résister à la fatigue apparaissant dans les vingt derniers mètres, maintenir du relâchement[93] et réussir à maîtriser sa technique afin de conserver sa vitesse le plus longtemps possible jusqu'à la ligne d'arrivée.
Comme pour l'ensemble des courses sur piste, l'arrivée du 100 mètres est jugée lorsque le torse de l'athlète franchit la ligne d'arrivée[94]. Les concurrents peuvent être départagés grâce à la photo-finish et leur temps connu au millième de seconde. En cas d'impossibilité de départager les athlètes, ceux-ci sont classés à égalité[95]. Il arrive que le temps affiché soit corrigé après que les images (photos finish) du film de la course ont été développées et analysées par les juges, qui valident le temps au moment précis où les épaules des athlètes franchissent la ligne[96].
Aspects physiologiques
Le sprint, sur des distances de l'ordre de 100 mètres, fait intervenir principalement le métabolisme anaérobie alactique, c'est-à-dire un fonctionnement du muscle sans oxygène et ne produisant pas d'acide lactique. Chez l'humain, l'adénosine triphosphate (ATP) constitue la seule énergie utilisable par le muscle. Lors d'efforts intenses et brefs, le muscle dégrade directement l'ATP en adénosine diphosphate (ADP) et phosphate inorganique. Les réserves d'ATP du muscle s'épuisent en seulement 2 à 3 secondes. La phosphocréatine prend le relais pour régénérer l'ATP (réaction de Lohmann-Lehmann). La phosphocréatine est alors transformée en créatine et phosphate inorganique. La régénération de l'ATP via la phosphocréatine s'épuise en moins de 10 secondes[97], généralement 7 secondes, soit l'essentiel du temps d'un 100 mètres. Au-delà, le métabolisme anaérobie lactique prend le relais, l'emportant sur le métabolisme alactique pendant la dernière phase de course[98].
Cette synthèse de l'ATP via la phosphocréatine permet d'expliquer l'ingestion de compléments alimentaires contenant de la créatine par certains athlètes. Cette consommation augmente la concentration de phosphocréatine dans le muscle et prolonge ainsi la régénération de l'ATP, stimulant de fait la performance lors d'un effort bref et intense tel le sprint[99].
Influences extérieures
Conditions climatiques
Sur 100 mètres, les performances des athlètes sont fortement dépendantes du vent, un record ne peut ainsi être homologué par vent favorable que si celui-ci a une vitesse inférieure ou égale à 2,0 m/s[100](7,2 km/h).
De la même façon, une course en altitude est facilitée par la plus faible densité de l'air. Il n'y a cependant pas de restriction sur l'altitude en ce qui concerne l'homologation des records. L'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) estime[87] à propos du record de Jim Hines, que courir à Mexico (2 240 m d'altitude) lui a fourni une aide équivalente à un vent favorable additionnel de 1,5 m/s (5,4 km/h).
C'est aussi à ce titre que Carl Lewis est entré dans la légende, comme étant le premier sprinteur à avoir effectué un 100 m sous les 10 secondes (9,99 par chronométrage électronique) dans les basses altitudes, lors des Jeux olympiques d'été de 1984 de Los Angeles (87 m d'altitude).
Piste et matériel
La piste d'athlétisme, le vent comme l'équipement personnel du sprinteur influent sur ses performances. Ainsi, les chaussures composées de pointes permettent d'améliorer l'adhérence du coureur et l'effet ressort des appuis en limitant le temps de contact avec la piste. Il existe des chaussures adaptées aux différents types d'appui[101] (coureurs universels, pronateurs, supinateurs). Le vêtement, de par sa résistance au vent et donc son aérodynamisme, rend possible également le gain de quelques centièmes de seconde. C'est pourquoi les sprinteurs portent souvent des tenues proches du corps.
La piste d'athlétisme est généralement divisée en huit voire neuf couloirs, délimités par des bandes blanches. La largeur réglementaire d'un couloir est de 1,22 m[102]. Plusieurs pistes sont reconnues à travers le monde pour être particulièrement rapides. Ainsi, la piste barcelonaise qui accueillit les championnats d'Europe du 26 juillet au 1er juin 2010, une « Mondotrack FTX », a été fabriquée par Mondo à partir d'une surface synthétique considérée comme la plus rapide jamais développée[103]. C'est cette même firme qui avait conçu la piste des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin ou celle des Championnats du monde d'athlétisme en salle 2010 à Doha. Le Nid d'oiseau de Pékin possède donc également une piste très rapide[104] comme le Stade olympique de Rome[105]. Le stade de Daegu qui dispose d'une piste similaire bleu clair encore améliorée ne semble pas avoir donné tous les résultats escomptés mais plus en raison du vent (souvent contraire, et par rafales) qu'en raison de la qualité du matériau du revêtement, comme de nombreux analystes l'ont souligné[106].