Abidjan
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Abidjan Écouter est la ville la plus peuplée de la Côte d'Ivoire. Elle était la capitale administrative et politique du pays jusqu'en 1983, date du transfert de jure de la capitale à Yamoussoukro[n 1]. Elle est devenue, depuis 2001, un « district autonome » de 2 119 km2 qui regroupe les dix communes de l'ancienne ville d'Abidjan (422 km2) et quatre sous-préfectures périphériques jadis rurales mais aujourd'hui gagnées par l'étalement urbain abidjanais.
Abidjan | |||
Héraldique |
Drapeau |
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Abidjan | |||
Administration | |||
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Pays | Côte d'Ivoire | ||
District | District autonome d'Abidjan | ||
Démographie | |||
Gentilé | Abidjanais, Abidjanaise | ||
Population | 6 321 017 hab. (2021[1]) | ||
Densité | 2 983 hab./km2 | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 5° 20′ 11″ nord, 4° 01′ 36″ ouest | ||
Altitude | Min. 10 m Max. 10 m |
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Superficie | 211 900 ha = 2 119 km2 | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : Côte d'Ivoire
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Liens | |||
Site web | www.abidjan.district.ci | ||
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Capitale économique ivoirienne, la ville compte 5 616 633 habitants dans les 422 km2 de l'ancienne ville d'Abidjan, et 6 321 017 habitants dans les 2 119 km2 du district autonome d'Abidjan au recensement de 2021[1], soit 21,5 % de la population du pays, et représenterait 60 % du produit intérieur brut du pays[2].
Abidjan est la ville la plus peuplée de l'Afrique de l'Ouest francophone[n 2] et la deuxième plus grande ville et troisième plus grande agglomération au sein de la francophonie[n 3]. Seule Lagos, l'ancienne capitale du Nigeria la dépasse en nombre d'habitants dans cette région.
Considérée comme le carrefour culturel ouest-africain, Abidjan connaît une forte croissance caractérisée par une forte industrialisation et une urbanisation galopante. Malgré la perte de son statut officiel de capitale de la Côte d'Ivoire, elle reste de facto le siège de la plupart des institutions administratives et politiques nationales du pays, et continue de jouer le premier rôle dans la vie politique ivoirienne.
L'agglomération d'Abidjan est située dans le Sud de la Côte d'Ivoire, au bord du golfe de Guinée et traversée par la lagune Ébrié.
Elle représente, à vol d'oiseau, une étendue d'une douzaine de kilomètres du nord au sud et d'une dizaine d'est en ouest. Cette superficie contient encore des îlots, de plus en plus rares, où règne une végétation fournie. L'ancienne Ville d'Abidjan (supprimée en 2001) s'étendait sur 422 km2 alors que le nouveau District autonome d'Abidjan créé en 2001 s'étend sur 2 119 km2.
Climat
La ville jouit d'un climat de type sous-équatorial, chaud et humide, qui comporte une grande saison des pluies (mai-juin-juillet), une petite saison des pluies (septembre-novembre) et deux saisons sèches. La grande saison sèche commence à partir de décembre et se termine en fin mars.
Les précipitations sont abondantes : plus de 1 500 mm d'eau par an. En saison des pluies, il peut pleuvoir sans cesse pendant plusieurs jours à la suite ou alors pleuvoir intensément pendant une heure, suivi par un très fort ensoleillement.
La température est presque toujours aux environs de 27 °C et le degré d'hygrométrie annuel moyen est supérieur à 80 %.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 24 | 25 | 25 | 25 | 25 | 24 | 23 | 22 | 22 | 24 | 25 | 24 | 24 |
Température moyenne (°C) | 26,7 | 27,6 | 27,8 | 27,8 | 27,2 | 26 | 25 | 24,4 | 25 | 26,2 | 27,1 | 26,6 | 26,5 |
Température maximale moyenne (°C) | 30 | 30 | 30 | 30 | 30 | 28 | 26 | 26 | 27 | 28 | 30 | 30 | 28 |
Record de froid (°C) | 17 | 16 | 17 | 20 | 17 | 16 | 16 | 16 | 20 | 20 | 17 | 17 | 16 |
Record de chaleur (°C) | 40 | 40 | 41 | 37 | 37 | 38 | 33 | 32 | 35 | 32 | 38 | 38 | 41 |
Précipitations (mm) | 15,7 | 57,1 | 120,5 | 145,3 | 232,6 | 374,1 | 136,9 | 50,2 | 110,5 | 149,1 | 108,7 | 44 | 1 544,7 |
Nombre de jours avec précipitations | 2,1 | 4,3 | 8,9 | 10,8 | 16,6 | 21,1 | 13 | 10,9 | 11,8 | 13,6 | 12,2 | 6,3 | 131,6 |
Humidité relative (%) | 78,5 | 79 | 80,8 | 81,3 | 82,6 | 85,2 | 85,9 | 86,6 | 86,2 | 83,8 | 81,7 | 80,5 | 82,7 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
30 24 15,7 | 30 25 57,1 | 30 25 120,5 | 30 25 145,3 | 30 25 232,6 | 28 24 374,1 | 26 23 136,9 | 26 22 50,2 | 27 22 110,5 | 28 24 149,1 | 30 25 108,7 | 30 24 44 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Découpage territorial
Depuis l’indépendance, Abidjan était découpée en districts, arrondissements et délégations, et en autant de circonscriptions d’ordre policier, administratif et politique. Les arrondissements correspondaient à de vastes ensembles, tels que Le Plateau, Treichville, ou Adjamé, et leur nombre serait passé de huit en 1967 à douze en 1978[5].
Ces arrondissements sont à la base de la délimitation des périmètres des dix communes autonomes qui deviennent, en 1978, les unités administratives pour l’organisation de la gestion de la ville : Abobo, Adjamé, Attécoubé, Cocody, Koumassi, Le Plateau, Marcory, Port-Bouët, Treichville et Yopougon (auxquelles s’ajoutera en 1996 la commune d’Anyama)[5].
Abidjan est gérée depuis 2001 par un « district autonome » de 2 119 km2 qui regroupe les dix communes de l'ancienne Ville d'Abidjan (422 km2, abolie en 2001) et quatre sous-préfectures périphériques jadis rurales mais aujourd'hui gagnées par l'étalement urbain abidjanais.
Les villes principales proches d'Abidjan mais situées hors du district autonome sont : Jacqueville, Grand-Lahou et Dabou à l'ouest, Sikensi, Tiassalé, Agboville, Adzopé et Alépé au nord, Grand-Bassam à l'est.
Il existe des commissariats rattachés à 35 arrondissements : le 1er au Plateau, le 2e à Treichville, le 3e, 7e, 27e et 11e à Adjamé, le 4e et 9e à Marcory, 6e et 20e à Koumassi, 8e, 12e et 22e à Cocody, 10e à Attécoubé, 13e, 15e et 21e, 34e à Abobo, 16, 17 et 19e à Yopougon.
Abidjan est traditionnellement divisée en deux parties (« Abidjan nord » et « Abidjan sud ») de part et d'autre de la lagune Ébrié. À cette division traditionnelle s'ajoute aujourd'hui les quatre sous-préfectures périphériques du District autonome d'Abidjan[6].
C’est en 1993 seulement que l’Agence d’aménagement urbain de la ville d’Abidjan se préoccupe de concevoir une cartographie et une nomination officielle des quartiers[5].
Abidjan nord
C'est la partie continentale d'Abidjan, située au nord de la lagune Ébrié (d'où l'appellation "Abidjan nord")
- Abobo : c'est la deuxième commune la plus peuplée d'Abidjan. Commune essentiellement constituée d'habitat populaire, elle joue depuis longtemps le rôle de refuge pour les migrants disposant de faibles moyens financiers. Cette commune s'est spontanément développée autour de la gare.
- Adjamé : bien que petite par sa superficie, cette commune est très importante pour l'économie ivoirienne vu le nombre d'activités commerciales qui s'y déroulent. Malheureusement, Adjamé connaît de graves problèmes d'insalubrité. Le village Ebrié existait avant la ville d'Abidjan. Son marché est le royaume des boutiques en tout genre et sa gare routière est le carrefour principal des lignes de bus et d'autocars qui irriguent tout le pays ainsi que les pays voisins.
- Yopougon : c'est la commune la plus étendue et la plus peuplée d'Abidjan. Commune populaire, elle abrite des zones industrielles et résidentielles. La station de recherche de l'ORSTOM, la centrale électrique d'Azito, l'Institut Pasteur ainsi qu'un CHU y sont installés. Cette commune accueillera également l'extension du port d'Abidjan.
- Le Plateau : c'est le centre des affaires dont les grands immeubles donnent un aspect très moderne à Abidjan. Bien que la capitale administrative de la Côte d’Ivoire ait été officiellement transférée à Yamoussoukro en 1983, les institutions de la république telles que la présidence et l'assemblée nationale sont encore au Plateau. Il est de ce fait le centre administratif, commercial et financier de la Côte d'Ivoire.
- Attécoubé : sise des deux côtés d'une baie de la lagune, c'est sur le territoire de cette commune que se trouve la forêt du Banco (classée comme parc national).
- Cocody : réputée pour ses quartiers résidentiels (Deux-Plateaux, Riviera, Angré, Palmeraie), Cocody contient aussi l'université Félix Houphouët-Boigny ainsi que plusieurs universités privées, hautes écoles et le siège de nombreuses entreprises. C'est dans cette commune que se trouvent la maison de la télévision (RTI), le zoo d'Abidjan. Le président de la République réside dans cette commune. Cocody est aussi la commune où se trouvent la grande majorité des ambassades ainsi que plusieurs centres culturels (Institut Goethe) et hôtels de prestige (hôtel Ivoire, Belle-Côte…). Cocody comprend six villages ébriés (Cocody village, Blokosso, Anono, M'Pouto, Akouédo et M'Badon).
Blokosso et Lokodjro sont des villages inclus au sein de la ville et qui y maintiennent une identité culturelle en milieu urbain.
Abidjan sud
C'est la partie située sur la bande lagunaire d'Abidjan, au sud de la lagune Ébrié
- Koumassi : quartier populaire, elle possède une importante zone industrielle.
- Marcory : cette commune est essentiellement une zone résidentielle mais avec également de nombreux commerces et un grand marché. Elle regroupe la plupart des grands supermarchés d'Abidjan : Cap Sud, Prima et le centre commercial Carrefour.
- Port-Bouët : quartier populaire en bord de mer, on y retrouve la raffinerie (Société ivoirienne de raffinage SIR), l'aéroport international Félix Houphouët-Boigny, l'abattoir d'Abidjan et la zone industrielle de Vridi, voisine du port. Y est également installé, un office de l'IRD, le centre de Petit-Bassam[7]. Son célèbre phare balaie le golfe de Guinée sur plusieurs milles marins.
- Treichville : elle abrite le port autonome d'Abidjan ainsi que de nombreux commerces et entrepôts. La zone portuaire est aussi une zone industrielle. On y trouve également la piscine d'État de Treichville (PET), le palais omnisports de Treichville, le palais de la Culture, la rue 12 (célèbre rue commerçante, l'hippodrome d'Abidjan, et une importante gare ferroviaire.
Population des communes d'Abidjan
Nom | 2021[8] | 2014[9] |
---|---|---|
Abobo | 1 340 083 | 1 030 658 |
Adjamé | 340 892 | 372 978 |
Attécoubé | 313 135 | 260 911 |
Cocody | 692 583 | 447 055 |
Koumassi | 412 282 | 433 139 |
Marcory | 214 061 | 249 858 |
Le Plateau | 7 186 | 7 488 |
Port-Bouët | 618 795 | 419 033 |
Treichville | 106 552 | 102 580 |
Yopougon | 1 571 065 | 1 071 543 |
Sous-préfectures
Abidjan a connu en un demi-siècle, une croissance et un développement impressionnant qui se confondent avec l’histoire de l’expansion de la Côte d'Ivoire. Les peuples autochtones du district sont les peuples Atchan (Ebrié) et Attiés.
Toponymie
Selon la tradition orale Ébrié rapportée dans le Dictionnaire encyclopédique de la Côte d’Ivoire[10], le nom d'Abidjan, "Abijean"[n 4] à l'époque, serait né d'un quiproquo. La légende raconte qu'un vieil homme revenant de son champ, les bras chargés de branchages probablement destinés à la réfection du toit de sa case, rencontra sur son chemin un explorateur européen en perdition qui lui demanda le nom du village le plus proche. Le vieil homme ne parlant pas la langue de l’homme blanc crut comprendre que celui-ci demandait ce qu’il faisait en ces lieux. Terrorisé par cette rencontre inattendue, il s’enfuit en criant : « min tchan m’bidjan », ce qui signifie en langue ébrié : « je reviens de couper des feuilles ». L’homme blanc crut avoir eu la réponse à sa question et retint Abidjan.
Bidjan est composé de sept villages plus un allie Djepo : Bidjan Cocoly (actuel Cocody), Lokodjro, Adjamé, Agban, Attécoubé ou Bidjan té, Anoumanbo (actuellement dans la commune de Marcory) et Bidjan Santè. La signification Bidjan tire son origine du fait que ce peuple installé dans une zone verdoyante pratiquait la cueillette des plantes qu'on appelle "m'bi". Les Djemien se sont déplacés successivement de l'actuel zoo d'Abidjan, aux rives de l'actuelle commune du Plateau (les villages Goblo Kaka et Dougbeyoh) enfin pour s'établir définitivement au cœur de l'actuelle commune d'Adjamé jusqu'à ce jour. Cocody a fait le déplacement à partir de l'emplacement actuel du stade Félix Houphouët-Boigny.
Époque coloniale
Abidjan est à l’origine un petit village de pêcheurs où vit le peuple Atchan[n 5].
En 1896, à la suite d'une série d'épidémies de fièvre jaune meurtrières, les colons français qui étaient installés à Bassam décidèrent de partir vers un endroit plus salubre à Abidjan Santé (« un village à l'écart d'Adjamé »). Leur déménagement fut suivi par celui du gouvernement colonial qui établit en 1899, à cet endroit, sous l'impulsion de l'ingénieur Houdaille dont la mission première était d'étudier le tracé pour un chemin de fer Océan-Niger, le comptoir de Bingerville, capitale de la colonie française de 1900 à 1934 du nom du premier gouverneur officiel de la colonie, Louis-Gustave Binger[11].
La future Abidjan toute proche, également située sur le bord de la lagune n'doupé (« la lagune à l'eau chaude », future « lagune ébrié »), offrait plus d'espace et de plus grandes possibilités d'expansion commerciale. Le wharf de Petit Bassam (l'actuel Port-Bouët), au sud de l'agglomération, fit rapidement concurrence au wharf de Grand-Bassam, jusqu'alors le principal accès économique de la colonie.
À partir de 1903, alors que Bingerville n'est pas encore achevée, Abidjan devient le principal pôle économique de la colonie de Côte d'Ivoire et un relais privilégié pour la diffusion des produits européens vers l'arrière-pays, notamment grâce à une communauté libanaise de plus en plus importante[12].
En 1931, Le Plateau et ce qui deviendra Treichville sont reliés approximativement à la place du pont Félix-Houphouët-Boigny par un pont flottant. Cette année-là, un premier adressage des rues d'Abidjan est mis en place. Il sera (provisoirement) définitif en 1964, sous l'impulsion du maire Konan Kanga, puis (mal) complété à l'américaine en 1993.
Choisie comme capitale
Abidjan devient la troisième capitale de la Côte d’Ivoire, après Grand-Bassam et Bingerville, par un décret du . Plusieurs villages atchan sont alors désertés. Il en reste notamment Adjamé, (« la rencontre » ou « le centre » en Atchan), situé au nord du Plateau et où se trouve encore le chef de la communauté Atchan[n 6].
Au sud du quartier du Plateau, actuel quartier central de l'agglomération abidjanaise, le village de Dugbeyo est déplacé de l'autre côté de la lagune, à Anoumabo, « la forêt des roussettes », qui deviendra le quartier de Treichville (devenue Commikro, la « ville des commis »). Ce quartier est ainsi rebaptisé en 1934 en l'honneur de Marcel Treich-Laplène (1860-1890), le premier explorateur de la Côte d’Ivoire et son premier administrateur colonial, considéré comme son fondateur[13]. À la place de Dugbeyo, se trouve l'actuelle avenue Treich Laplène, la gare des autobus et des bateaux-bus lagunaires du Plateau, et l'avenue Charles de Gaulle (communément appelée rue du Commerce).
La ville est aménagée selon le schéma habituel aux villes coloniales sur la base d'un plan d'urbanisme plutôt utopiste. Le Plateau («m'brato» en langue Atchan) est habité par les colons. Au nord, on retrouve la ville habitée par les colonisés. Les deux zones sont séparées par la caserne militaire Gallieni, à la place de l'actuel palais de justice.
Près du port et le long d'un terrain de pétanque, naît le boulevard de Marseille. La légende raconte que, derrière les premières huileries de Blohorn, à Cocody, des colons facétieux qui avaient « emprunté » une plaque d'une célèbre rue marseillaise, ont rebaptisé rue de la Canebière une piste de sable. Un hippodrome est construit dans le sud de la ville qui ne cesse de s'agrandir.
Au Plateau, dans les années 1940, l'hôtel Bardon s'agrandit et devient l'hôtel du Parc, le premier hôtel climatisé d'Afrique francophone où travailleront le premier barman et le premier maître d'hôtel africains.
Dans les années 1940 et 50, à l'instar du Caire, de Tanger ou d'Istanbul, Abidjan participe à l'imaginaire populaire des nids d'espions et des gentlemen-voyous en eaux troubles.
En 1951, les autorités coloniales décident de faire construire le canal de Vidri pour que les navires à fort tirant d’eau puissent venir accoster aux quais de Treichville et y aménagent un des rares ports africains en eaux profondes. Conséquence écologique de cet aménagement : l'eau chaude de la lagune n'doupé connaîtra une chute de température. Abidjan que l'on appelle alors la « Perle des lagunes » entre dans une période faste qui durera jusque dans les années 1980.
Après l'indépendance
Après l’indépendance, en 1960, l’ancienne ville des colons devient le centre administratif et des affaires, siège de la présidence. L'axe au sud de Treichville, en direction de l'aéroport international et des plages, devient le quartier des européens et de la classe moyenne abidjanaise. C'est là qu'en novembre 2004, se concentreront les émeutes anti-françaises et les pillages. Le quartier de Cocody, rendu célèbre par un gentleman incarné au cinéma par Jean Marais, et qui, dans le schéma urbanistique colonial devait être un vaste quartier indigène, devient un quartier chic où se trouvent notamment la résidence présidentielle, la résidence de l'ambassadeur de France, l'hôtel Ivoire qui, pendant très longtemps, sera le seul d'Afrique à disposer d'une patinoire, et, depuis 2006, la plus grande ambassade américaine d'Afrique. De vastes zones populaires se sont développées entre ces pôles, prolongées par des zones d'habitats précaires et de misère nourries par l'exode rural et l'immigration sous-régionale.
En 1983, le village de Yamoussoukro, situé au centre du pays, devient la nouvelle capitale administrative et politique de la Côte d’Ivoire[14],[15] sous l'impulsion du président Félix Houphouët-Boigny qui en était originaire[n 7]. Celui-ci rêvait de transformer son village natal en un Brasilia des savanes africaines[16]. La nouvelle capitale, un important nœud routier plus qu'un pôle commercial actif, n'a cependant jamais porté ombrage à Abidjan sur le plan industriel, commercial et économique[n 8].
Depuis 1999, Abidjan est pénalisée par le désastre politique et économique ivoirien[n 9].
Depuis les années 1980, malgré des améliorations indéniables, on assiste, à cause de la négligence des fonctionnaires responsables et de la corruption, à une dégradation générale de la ville d'Abidjan et à une aggravation de sa pollution. En 2006, les intoxications massives des populations par des produits polluants déversés dans les décharges publiques en sont une illustration et un drame inévitable[17] (affaire du Probo Koala). Impliqué dans cette affaire, l'ex gouverneur Pierre Djédji Amondji, haute figure du parti de l'ancien président ivoirien d'alors Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien, est protégé par ce dernier qui lui fera ainsi éviter d'éventuelles poursuites judiciaires[18].
En 2004, lors d'émeutes contre la destruction par l'armée française de la flotte aérienne ivoirienne, les soldats français ouvrent le feu sur la foule, tuant des dizaines de personnes[19].
Administration
Développement historique
Au début du XXe siècle, Abidjan était géré par un « administrateur des colonies », l'« administrateur du cercle des lagunes »[n 10], assisté de notables désignés.
Abidjan est érigé en commune en 1956 et désormais dirigée par un maire. Son premier conseil municipal fut élu le et le premier maire, dans le contexte de la loi-cadre de 1956, fut Félix Houphouët-Boigny.
En 1980, la commune d'Abidjan est transformée en une collectivité territoriale appelée "Ville d'Abidjan" composée de dix communes, chacune dotée d'un conseil municipal[20]. Emmanuel Dioulo est élu maire d'Abidjan le .
En 2001, la Ville d'Abidjan (422 km2) est fusionnée avec les quatre sous-préfectures périphériques du département d'Abidjan pour devenir le District autonome d'Abidjan (2 119 km2)[21], une collectivité territoriale décentralisée. Le gouverneur à sa tête est nommé par le président de la République. Le premier gouverneur du district autonome d'Abidjan, nommé en septembre 2002 par le président Laurent Gbagbo, est Pierre Djédji Amondji.
Dates du mandat | Identité | Parti | Qualité | Statut |
---|---|---|---|---|
1956 - 1960 | Félix Houphouët-Boigny | PDCI-RDA | Homme politique | élu |
1960 (15 jours) | Jean Porquet | PDCI-RDA | Industriel | élu |
1960 - 1980 | Antoine Konan Kanga | PDCI-RDA | Homme politique | élu, puis nommé |
1980 - 1985 | Emmanuel Dioulo | PDCI-RDA | Homme politique | élu |
1985 - 2001 | Ernest N'Koumo Mobio | PDCI-RDA | Homme politique | élu |
Dates du mandat | Identité | Parti | Qualité | Statut |
---|---|---|---|---|
2002 - 2011 | Pierre Djédji Amondji | FPI | Homme politique | nommé |
2011 - en cours | Robert Beugré Mambé | RHDP | Ingénieur | nommé |
Organisation actuelle
Depuis 2001, la ville n'est plus dirigée par une mairie centrale mais par le gouverneur du district, nommé par le chef de l'État. Le gouverneur du district est actuellement Robert Beugré Mambé.
Abidjan est en effet un district autonome sur le plan décisionnel et financier qui englobe, en plus des dix communes de l'ancienne Ville d'Abidjan (abolie en 2001), les quatre sous-préfectures d'Anyama, Songon, Brofodoumé et Bingerville.
Administrativement, Abidjan est un district autonome, n’appartenant à aucun autre district, et non divisé en régions ou départements (mais son territoire est identique à celui du département d'Abidjan).
À côté du gouverneur se trouve un conseil du district, qui est l'organe délibérant du district autonome d'Abidjan. Le conseil du district autonome d'Abidjan est composé pour un tiers de personnes représentatives des activités économiques, sociales, culturelles et scientifiques du district autonome d’Abidjan, de représentants d’associations de développement ainsi que de personnalités du district reconnues pour leur compétence nommés par décret pris en conseil des ministres, et pour deux tiers de membres désignés au sein des conseils municipaux des communes qui composent le district autonome d’Abidjan.
Chacune des dix communes de l'ancienne ville d'Abidjan au centre du district, ainsi que les communes situées dans les quatre sous-préfectures périphériques, possède son propre conseil municipal dirigé par un maire. Les dernières élections municipales[22] ont été organisées en .
Vincent Toh Bi Irié est l'actuel préfet du département d'Abidjan depuis le . À l'issue de la fin des mandats des maires des communes du Plateau, Port-Bouët au , ce dernier a assuré une délégation spéciale, le temps d'installer les nouveaux conseils municipaux.
Nom | Maire | Parti politique | |
---|---|---|---|
Abobo | Abidjan nord | Kandia Camara | RHDP |
Adjamé | Abidjan nord | Soumahoro Farikou | RHDP |
Attécoubé | Abidjan nord | Claude Paulin Danho | PDCI-RDA |
Cocody | Abidjan nord | Jean-Marc Yacé | PDCI-RDA |
Le Plateau | Abidjan nord | Jacques Ehouo | PDCI-RDA |
Yopougon | Abidjan nord | Gilbert Koné Kafana | RHDP |
Treichville | Abidjan sud | François Amichia | PDCI-RDA |
Koumassi | Abidjan sud | Ibrahim Bacongo Cissé | RHDP |
Marcory | Abidjan sud | Aby Raoul | PDCI-RDA |
Port-Bouët | Abidjan sud | Emmou Sylvestre | PDCI-RDA |
Anyama | Commune chef-lieu de la sous-préfecture d'Anyama | Amidou Sylla | RHDP |
Songon | Commune chef-lieu de la sous-préfecture de Songon | Nkoumo Mobio Eric | PDCI-RDA |
Bingerville | Commune chef-lieu de la sous-préfecture de Bingerville | Issouf Doumbia | RHDP |
Villages et autorités traditionnelles
Abidjan compte :
- 27 villages ébrié, dont Akouédo, Blokosso, Anono, M’pouto, M'Badon, Adjamé, Attécoubé, Agban, Niangon Lokoa, Azito, Abobo Baoulé, Abia Koumassi, Cocody‑village, Anoumabo, Aboboté, Yopougon Kouté, Anonkouakouté, Yopougon Santé, Abobodoumé, Abia Abeti et Ancien Koumassi.
- 4 villages attié : Yopougon Andokoi, Abobo Akéikoi, Djrogobité et Abobo Agnissankoi.
Ces villages sont aujourd'hui totalement insérés dans le tissus urbain, aussi bien géographiquement que culturellement. Toutefois, les institutions de ces villages ont subsisté, et celles-ci mettent en avant, et souvent mettent en scène, l'autochtonie de leurs habitants par rapport à celle des autres Abidjanais[23]. Cette ressource symbolique est réactualisée par la réaffirmation de l'identité villageoise à travers des productions idéologiques centrées sur les traditions, le passé et les anciennes terres villageoises[23].
Sur le plan économique, cette identité autochtone permet de revendiquer des avantages économiques, comme des emplois salariés pour les jeunes originaires des villages dans des entreprises installées sur les terres villageoises ou encore le prélèvement de taxes sur certains commerces installés dans le village[23]. En retour, les jeunes ne peuvent profiter de ces privilèges qu'en se conformant à l’ordre social villageois à savoir l’appartenance aux classes d’âge et la soumission aux hiérarchies sociales internes au village[23].
Les Ebriés utilisent également cette autochtonie pour être plus visibles sur la scène politique abidjanaise, et ils vont d'ailleurs réussir à faire élire l'un des leurs, Emmanuel Dioulo, au poste de maire central de la ville d’Abidjan en 1980, à la faveur de l’ouverture « démocratique » autorisée par l’ancien parti unique, le PDCI‑RDA, avec la loi-cadre de 1978[23]. La même année, les Ébrié, qui ne représentaient pourtant que 2,5 % de la population abidjanaise, ont vu leurs cadres originaires remporter six des dix municipalités de la ville[23].
Institutions nationales
La plupart des institutions ivoiriennes se situent à Abidjan (jusqu'à la fin du transfert de la capitale ivoirienne vers Yamoussoukro) : la présidence au Plateau[24], la Primature (gouvernement)[25], le Parlement, le Conseil constitutionnel, la Cour Suprême (cour de cassation, conseil d'état et la cour des comptes), la Grande Chancellerie de l'ordre national, le Conseil économique et social. Toutefois, l'ancien président, Laurent Gbagbo, élu en 2000, avait décidé de rendre effectif le projet de faire de Yamoussoukro la capitale politique de la Côte d'Ivoire, malgré les événements qui, depuis 2002, paralysaient le pays[26],[27]. À l'époque, cette décision a fait l'objet d'un consensus de la part des responsables politiques du pays et n'a jamais été remise en cause depuis.
Nombreux sont les ministères installés au Plateau[28], à la cité administrative d'Abidjan, au boulevard Carde ou au boulevard Angoulvant (non loin de la cathédrale Saint-Paul d'Abidjan), ou ailleurs dans les grands buildings de la commune.
Emplacement des ministères à Abidjan (liste non exhaustive) :
- Communication : cité administrative tour C (22e étage)
- Affaires Étrangères : bloc ministériel boulevard Angoulvant - Le Plateau
- Économie et Finances : immeuble SCIAM (16e étage)
- Agriculture : immeuble CAISTAB 24, (25e étage)
- Solidarité et Victimes de guerre : cité administrative tour B (14e étage)
- Justice et Droits de l'Homme : bloc Ministériel Boulevard Angoulvant - Le Plateau
- Fonction publique et emploi : boulevard Angoulvant (face collège Notre-Dame du Plateau)
- Réconciliation : immeuble la Nationale d’Assurance (3e étage)
- Mines et énergie : immeuble SCIAM (15e étage)
- Éducation nationale : cité administrative tour D (28e étage)
- Enseignement technique et formation professionnelle : cité Administrative tour C (10e étage)
- Infrastructures économiques : tour Postel 2001 (23e étage)
- NTIC : tour Postel 2001 (21e étage)
- Commerce : boulevard de la Cathédrale, Immeuble CCIA (26e étage)
- Enseignement supérieur et recherche : cité administrative Tour B (17e étage)
- Lutte contre le Sida : immeuble CAISTAB (7e étage)
- Industrie et promotion du secteur privé : boulevard de la Cathédrale, immeuble CCIA, (15-16-20-22es étages)
- Environnement, eaux et forêts : cité administrative, tour D (11e étage)
- Sports, Jeunesse, Loisirs et éducation civique : immeuble SOGEPHIA (2e et 3e étage)
- Famille, femmes et affaires sociales : cité administrative, tour E (16e, 17e et 18e étage)
- Tourisme et Artisanat : tour Postel 2001 (15e étage)
- Culture et Francophonie : boulevard Carde cité administrative, tour E (22e étage)
Sécurité
Malgré les efforts entrepris conjointement par le ministère de l'Intérieur et le district d'Abidjan, l'insécurité persiste comme dans presque toutes les capitales africaines.
Depuis les troubles de 2004 et du début 2011, lorsque quasiment tous les prisonniers d'Abidjan sortirent de la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (MACA), l'insécurité a fortement augmenté : augmentation des crimes et des délits, augmentation de la saisie de drogue. Outre la présence de la police, de la gendarmerie, des forces impartiales (ONUCI dont le siège se situe à Attécoubé et une grande base à Biétry), des militaires français basés à Port-Bouët et de l'armée ivoirienne, ont été créées dans les années 2000 la CECOS (dissoute en 2011) ainsi que plusieurs agences de sécurité privées.
En 2007, Danger permanent de Pierre Laba sort au cinéma, un film traitant du laxisme des policiers face au banditisme dans les grandes villes africaines à l'image de la capitale ivoirienne
Police
Abidjan est divisée en 35 arrondissements dont chacun dispose d'un commissariat. On distingue la police municipale et la police nationale.
La police a son centre de formation (école nationale de police) situé dans la commune de Cocody, non loin de l'université Félix Houphouët-Boigny, où sont formés tous les policiers. Ceux-ci sont recrutés sur concours organisé par l'administration de la police.
La police comprend plusieurs sections : la BAE (Brigade Anti Émeute) dont la base est située dans la commune de Yopougon au nord de la ville, la CRS (Compagnie républicaine de Sécurité) dont la base principale se trouve à Williamsville (Adjamé) et une base secondaire, appelé CRS2, qui elle se trouve en zone 4, dans la commune de Marcory (centre de la capitale).
La gendarmerie accompagne la police. Quant à la police du CECOS (Centre de commandement des opérations de sécurité), progressivement devenue une police politique sous la présidence de Laurent Gbagbo, elle a été dissoute par l'actuel président de la république Alassane Ouattara.
La principale base de la gendarmerie se trouve à Agban (commune d'Adjamé), une autre à Abobo et Koumassi. Elle dispose aussi de deux écoles de formation, une à Cocody et l'autre la ville de Daloa.
Le fléau des drogues
Depuis les années 2010, la Côte d'Ivoire connaît une forte hausse du trafic de drogue. Les fumeries de drogues apparaissent surtout dans les quartiers précaires comme Abobo derrière rail ou encore Adjamé Bramokoté. Les enquêtes montrent que cette drogue provient d'Asie[29], répondant à une récente hausse de la demande chez les jeunes chômeurs et vagabonds ivoiriens. La police ivoirienne est de plus en plus concentrée sur la lutte contre le trafic et la consommation de drogue dans le district d’Abidjan. Un rapport de l'Office des Nations unies affirme que l’Afrique de l'Ouest joue un rôle de plus en plus important dans le transit de la cocaïne latino-américaine vers l’Europe[30]. Selon une enquête de la commission de lutte contre le trafic de drogue des Nations unies, 46 % de la jeunesse en Afrique de l’Ouest est dépendante de la drogue. En mai 2007, sept fumeries ont été démantelées et 191 personnes interpellées dont un militaire[31],[32].
Base militaire française
Abidjan abrite à Port-Bouët l'une des six bases militaires françaises existant en Afrique (avec Dakar, Libreville, Bouar (Centrafrique), N'djamena et Djibouti). Un millier de personnes y vivent autour du 43e BIMA, en application des accords de défense établis le et liant les deux pays[33]. La plus grande partie des effectifs provient d'unités en mission de courte durée (MCD) de 4 mois sur le territoire.
Le , l'opération Licorne devient une base opérationnelle avancée (BOA) regroupant les forces françaises en Côte d'Ivoire[34].
Leurs missions sont de soutenir les opérations dans la zone (comme l'opération Barkhane), de protéger les ressortissants français et de participer à une coopération bilatérale avec les forces armées ivoiriennes et de la sous-région (formation et entrainement)[35].
Relations et partenariats
Diplomatie et organes internationaux
Abidjan est le siège régional de plusieurs grandes institutions internationales : UNICEF, PNUD, OMS, PAM, UNOPS[36], FNUAP[37], OIT, FMI, etc.
Les grandes nations du monde ont toutes une représentation à Abidjan dont la plupart desservent la sous-région[n 11],[38],[n 12],[n 13],[39],[40],[n 14].
La Banque africaine de développement (la BAD)[41], déplacée pendant un certain temps à Tunis pendant les troubles, a réemménagé à Abidjan.
Jumelages
La ville est jumelée avec :
- Cotonou au Bénin ;
- Marseille en France ;
- Libreville au Gabon ;
- San Francisco aux États-Unis ;
- São Paulo au Brésil ;
- Tianjin en Chine ;
- Viseu au Portugal ;
- Alfortville en France (jumelée avec Cocody) ;
- Kumasi au Ghana (jumelée avec Treichville) ;
- Pontault-Combault en France (jumelée avec Anyama).
Divers
Abidjan a été le lieu de villégiature, dans les années 1980, de Jean-Bedel Bokassa après son éviction du pouvoir en Centrafrique.