Alphabet phonétique international
alphabet utilisé pour la transcription phonétique des sons du langage parlé / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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L'alphabet phonétique international (API) est un alphabet utilisé pour la transcription phonétique des sons du langage parlé. Contrairement aux nombreuses autres méthodes de transcription qui se limitent à des familles de langues, l'API est conçu pour couvrir l'ensemble des langues du monde. Développé par des phonéticiens français et britanniques sous les auspices de l'Association phonétique internationale, il a été publié pour la première fois en 1888. Sa dernière révision date de 2020 ; celle-ci comprend 107 lettres, 52 signes diacritiques et 4 caractères de prosodie.
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Alphabet phonétique international | |
Fiche récapitulative de l'API, édition révisée de 2020. | |
Caractéristiques | |
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Historique | |
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L'API a été développé au départ par des professeurs de langue britanniques et français sous la direction de Paul Passy dans le cadre de l'Association phonétique internationale, fondée à Paris en 1886 sous le nom de Dhi Fonètik Tîcerz' Asóciécon. La première version de l'API, publiée en 1888, était inspirée de l'alphabet romique de Henry Sweet, lui-même élaboré à partir de l'alphabet phonotypique d'Isaac Pitman et Alexander John Ellis.
L'API a connu plusieurs révisions en 1900, 1932, 1938, 1947, 1951, 1989, 1993, 1996 et 2005.
La transcription phonétique en API consiste à découper la parole en segments sonores supposés insécables, et à employer un symbole unique pour chacun de ceux-ci, en évitant les multigrammes (combinaisons de lettres, comme le son ch du français, noté /ʃ/ phonologiquement, ou le gli italien, transcrit /ʎ/ phonologiquement).
langue | mot écrit | phonologie (normative) | phonétique (exemple de réalisation) |
---|---|---|---|
français | endurer | /ɑ̃.dy.ʁe/ | [ɒ̃d̪yˈʁe] |
allemand | dulden | /ˈdul.dən/ | [ˈdʊːldn̩] |
anglais | tolerate | / ˈtɒl.ə.ɹeɪ̯t/ | [ˈtʰɒˑləɹeɪ̯tʔ] |
espagnol | aguantar | /a.ɡwanˈtaɾ/ | [äɰʷän̪ˈt̪äɾ] |
espéranto | suferi | /suˈfe.ri/ | [suˈfeɾi] |
malgache | mihafy | /mi.a.fi/ | [miˈjafi̥] |
catalan | aguantar | /ə.ɡwənˈta/ | [əɣwən̪ˈt̪a] |
italien | sopportare | /sop.porˈta.re/ | [sopːorˈt̪äːre] |
néerlandais | verdragen | /vɛrˈdra.ɣən/ | [vɛɹˈdraːɣən̩] |
mandarin | 忍 (ren³) | /ʐən˨˩˦/ | [ʐən˨˩˦] |
arpitan | endurar | /ɛ̃.du.ˈrar/ | [ɛ̃d̪yˈʁɑ] |
arabe | عانى | /ˈʕaːnaː/ | [ˈʕaːnaː] |
Le nombre de caractères principaux de l’API est de 118, ce qui permet de couvrir les sons les plus fréquents. Ces caractères sont pour la plupart des lettres grecques ou latines ou des modifications de celles-ci : ɾ, ɽ, ɺ, ɹ (tirés de r) ; ɘ, ə (tirés de e). Les sons moins fréquents sont transcrits à partir des précédents en indiquant une modification du mode ou du point d'articulation par le biais d'un ou plusieurs signes diacritiques (au nombre de 76) sur le caractère principal : par exemple, le b du castillan caber (« tenir, rentrer dans ») est transcrit [β̞] pour indiquer une spirante au lieu de la fricative bilabiale sonore [β]. Il existe également des symboles spéciaux pour noter des phénomènes suprasegmentaux, comme les tons mélodiques ou l'accent tonique : [ˈdʊl·dn̩], transcription de l'allemand dulden (« supporter, tolérer ») indique un accent tonique d'intensité sur la première syllabe (ˈ) et un n final vocalisé (n̩).
Barres obliques (phonologie) et crochets (phonétique)
- L'usage linguistique indique entre barres obliques la transcription phonologique des termes, celle qui oppose les traits pertinents des différents sons d'une langue donnée sans entrer dans le détail de leur prononciation (dont les réalisations possibles sont notées phonétiquement).
- Le découpage syllabique (avec le symbole .) n’est pas aussi pertinent que dans la transcription phonologique d’une langue donnée. Les transcriptions phonologiques revêtent souvent un caractère normatif de la langue : les transcriptions phonologiques ne doivent donc s’interpréter qu'en combinaison avec la langue indiquée (qui définit les équivalences phonétiques reconnues entre ses locuteurs), laquelle utilise un jeu simplifié de symboles phonologiques et non le jeu complet des symboles de l’API.
- Certains sons phonologiques, bien que normalement pertinents dans une langue, peuvent aussi ne pas toujours être prononcés, les locuteurs interprétant une forme ou l’autre comme le même mot, de façon contextuelle. C’est le cas en français avec le e muet qui parfois se prononce quand même (et parfois modifie le découpage syllabique phonologique). Quand ce son ne se prononce le plus souvent pas, on l’omet de la transcription phonologique (cas du e muet français). En revanche, ce cas est plus courant dans des langues comme l’anglais sans qu’aucune préférence ne se dégage. Dans ce cas, on note souvent entre parenthèses les sons concernés.
- L'utilisation de l'API est maintenant établie dans l’enseignement, l'apprentissage et l’étude des langues. Notamment, la plupart des dictionnaires bilingues utilisent cet alphabet pour noter la phonologie, ou bien une transcription phonologique qui en est inspirée. L'API est également un outil essentiel pour rendre à l’écrit les langues jusqu’à présent non écrites : de nombreuses langues d’Afrique se sont dotées d’une orthographe utilisant comme signes complémentaires des caractères de l'API (envers l'Alphabet africain de référence) et liés à la phonologie de ces langues ; par exemple l’alphabet pan-nigérian, l’alphabet général des langues camerounaises, l’alphabet scientifique des langues du Gabon, l’Alphabet des langues nationales du Bénin, l’alphabet national burkinabè, l’alphabet national tchadien, l’alphabet des langues nationales du Mali, l’orthographe pratique des langues ivoiriennes, ou l’orthographe standardisée et uniformisée du Congo-Kinshasa.
- Cependant, les transcriptions phonétiques d’un mot ou d’une phrase (très souvent multiples) se notent entre crochets.
- Ces transcriptions phonétiques (plus précises et pouvant utiliser le jeu complet des symboles de l’API) devraient se lire normalement indépendamment de la langue (cependant des simplifications sont souvent apportées en fonction du contexte de réutilisation de ces transcriptions). La réalisation phonétique de la prononciation ne réalise très souvent pas non plus les découpages syllabiques (qui sont la plupart du temps supprimés des notations phonétiques), sauf en cas de réalisation de pauses, variables entre les réalisations possibles (qui peuvent être notées phonétiquement avec d’autres symboles plus précis que le .).
- De même, on ne transcrit normalement pas les parenthèses phonologiques en notation phonétique : soit on transcrit le son phonétiquement, soit on l’omet totalement des mots transcrits phonétiquement, en indiquant séparément les réalisations possibles de la façon la plus exacte possible.
- Nombre de lecteurs ont des difficultés à lire les transcriptions phonétiques, notamment quand elles reproduisent des sons (phonèmes, tonèmes) dont ils ne perçoivent pas eux-mêmes les différences ou qu’ils sont incapables de prononcer. En revanche, les transcriptions phonétiques sont souvent utiles pour aider les lecteurs à interpréter les notations phonologiques de langues étrangères, afin d’apprendre à faire les distinctions nécessaires, ou savoir si leur propre réalisation phonétique est compatible avec la langue étrangère.
- Ces notations phonétiques se retrouvent donc parfois dans les tableaux expliquant la phonologie d’une langue, mais la plupart du temps ces tableaux sont plus clairs pour le lecteur quand la notation phonologique s’accompagne d’un exemple de mot (de préférence dans la langue native de ce lecteur) dont les réalisations phonétiques habituelles dans sa langue (ou les langues qu’il peut connaitre plus facilement) posent moins de problème au lecteur et lui permettent d’identifier les distinctions pertinentes que la langue étrangère opère dans sa phonologie, tout en lui permettant d’adapter sa prononciation pour mieux reproduire l’accent habituel des locuteurs natifs de cette langue étrangère.
La plupart du temps donc, les notations phonétiques exactes (indépendantes de la langue) sont rarement notées, au contraire des transcriptions phonologiques.