Argenton-sur-Creuse
commune française du département de l'Indre / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Pour les articles homonymes, voir Argenton.
Argenton-sur-CreuseÉcouter est une commune française située dans le département de l'Indre, en région Centre-Val de Loire.
Argenton-sur-Creuse | |||||
La rue Grande en 2010. | |||||
Blason |
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Administration | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Centre-Val de Loire | ||||
Département | Indre | ||||
Arrondissement | Châteauroux | ||||
Intercommunalité | Communauté de communes Éguzon - Argenton - Vallée de la Creuse (siège) |
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Maire Mandat |
Vincent Millan 2020-2026 |
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Code postal | 36200 | ||||
Code commune | 36006 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Argentonnais | ||||
Population municipale |
4 848 hab. (2021 ) | ||||
Densité | 165 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 46° 35′ 23″ nord, 1° 31′ 12″ est | ||||
Altitude | Min. 99 m Max. 234 m |
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Superficie | 29,34 km2 | ||||
Type | Commune urbaine | ||||
Unité urbaine | Argenton-sur-Creuse (ville-centre) |
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Aire d'attraction | Argenton-sur-Creuse (commune-centre) |
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Élections | |||||
Départementales | Canton d'Argenton-sur-Creuse (bureau centralisateur) |
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Législatives | Deuxième circonscription | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Indre
Géolocalisation sur la carte : Centre-Val de Loire
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Liens | |||||
Site web | mairieargentonsurcreuse.com | ||||
modifier |
Localisation
Argenton-sur-Creuse est située dans le sud[1] du département de l'Indre.
Les communes limitrophes[1] sont : Saint-Marcel (2 km), Le Pêchereau (3 km), Thenay (8 km), Ceaulmont (8 km), Celon (8 km) et Vigoux (9 km).
Les services préfectoraux[1] sont situés à Châteauroux (28 km), Le Blanc (35 km), La Châtre (36 km) et Issoudun (54 km).
Lieux-dits, hameaux et écarts
Les hameaux et lieux-dits de la commune sont : les Prunes, les Doucets, Bournoiseau, le Plessis, l'Étang Marie, la Tuilerie des Prunes, le Breuil, le Terrier Joli et les Chaillots[2].
Géologie et relief
Hydrographie
Le territoire communal est arrosé par la rivière Creuse[2].
- La rivière Creuse en 2005.
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat du Centre-Val de Loire et Climat de l'Indre.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[3]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans une zone de transition entre les régions climatiques « Centre et contreforts nord du Massif Central » et « Ouest et nord-ouest du Massif Central »[4].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,7 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 15,6 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 762 mm, avec 11,2 jours de précipitations en janvier et 7,3 jours en juillet[3]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Éguzon », sur la commune d'Éguzon-Chantôme à 17 km à vol d'oiseau[5], est de 12,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 934,4 mm[6],[7]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[8].
Paysages
Elle est située dans la région naturelle du Boischaut Sud.
Milieux naturels et biodiversité
Typologie
Argenton-sur-Creuse est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[9],[10],[11]. Elle appartient à l'unité urbaine d'Argenton-sur-Creuse, une agglomération intra-départementale regroupant 3 communes[12] et 8 375 habitants en 2017, dont elle est ville-centre[13],[14].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction d'Argenton-sur-Creuse, dont elle est la commune-centre[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 7 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[15],[16].
Zonages d'études
La commune se situe dans l'unité urbaine d’Argenton-sur-Creuse, dans l’aire urbaine d'Argenton-sur-Creuse, dans la zone d’emploi de Châteauroux et dans le bassin de vie d'Argenton-sur-Creuse[17].
Occupation des sols
Logement
Le tableau ci-dessous présente le détail du secteur des logements[18] de la commune :
Date du relevé | 2013 | 2015 |
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Nombre total de logements | 3 244 | 3 301 |
Résidences principales | 79,6 % | 79,5 % |
Résidences secondaires | 7,8 % | 8,3 % |
Logements vacants | 12,7 % | 12,2 % |
Part des ménages propriétaires de leur résidence principale | 57,5 % | 56,8 % |
Planification de l'aménagement
Projets d'aménagement
Voies de communication et transports
Voies de communication
L'autoroute A 20[19] (l'Occitane) passe par le territoire communal ainsi que les routes départementales : 1, 48, 48A, 55, 106, 132, 137, 913, 920, 927A et 927E[19]. La commune dispose d'un échangeur sur l'A 20 numéroté 18.
Le territoire communal est traversé par le sentier de grande randonnée de pays du Val de Creuse[2] et par la voie verte des Vallées[2].
- La rue Ledru-Rollin en 2014.
- La rue Auclert-Descottes en 2014.
- La rue Jean-Jacques-Rousseau en 2014.
- La place Voltaire en 2014.
Transports
La gare d'Argenton-sur-Creuse, sur la ligne des Aubrais - Orléans à Montauban-Ville-Bourbon dessert la commune.
Les anciennes lignes de Port-de-Piles à Argenton-sur-Creuse et d'Argenton-sur-Creuse à La Chaussée la desservaient également. La ligne du Blanc à Argenton-sur-Creuse via Saint-Benoît-du-Sault, chemin de fer secondaire à voie métrique passait aussi par le territoire communal qui comprenait cinq arrêts et stations (Les Ségouins, Argenton-Baignettes, Place du Marché au Blé, Place d'Armes et Argenton-PO).
Argenton-sur-Creuse est desservie par les lignes J, K, L et N du Réseau de mobilité interurbaine[20] et par la ligne 1.3 du réseau d'autocars TER Centre-Val de Loire[21].
L'aéroport le plus proche est l'aéroport de Châteauroux-Centre[19] (38 km), de plus la commune dispose d'un aérodrome[19], à 6 km du centre-ville.
- La gare en 2014.
- L'arrêt de bus « Gare Routière » en 2014.
- Le Minibus L'Aile Bleue à la gare routière en 2017.
- Un autocar TER Centre-Val de Loire à la gare routière, en 2016.
Énergie
Risques naturels et technologiques
La commune est classée en zone de sismicité 2, correspondant à une sismicité faible[22].
Qualité de l'environnement
Risques majeurs
Le territoire de la commune d'Argenton-sur-Creuse est vulnérable à différents aléas naturels : météorologiques (tempête, orage, neige, grand froid, canicule ou sécheresse), inondations, feux de forêts, mouvements de terrains et séisme (sismicité faible). Il est également exposé à deux risques technologiques, le transport de matières dangereuses et la rupture d'un barrage[23]. Un site publié par le BRGM permet d'évaluer simplement et rapidement les risques d'un bien localisé soit par son adresse soit par le numéro de sa parcelle[24].
Risques naturels
Certaines parties du territoire communal sont susceptibles d’être affectées par le risque d’inondation par débordement de cours d'eau, notamment la Creuse. La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par les inondations et coulées de boue survenues en 1982, 1990, 1999, 2006 et 2008[25],[23].
Pour anticiper une remontée des risques de feux de forêt et de végétation vers le nord de la France en lien avec le dérèglement climatique, les services de l’État en région Centre-Val de Loire (DREAL, DRAAF, DDT) avec les SDIS ont réalisé en 2021 un atlas régional du risque de feux de forêt, permettant d’améliorer la connaissance sur les massifs les plus exposés. La commune, étant pour partie dans le massif de Luzeraize, est classée au niveau de risque 4, sur une échelle qui en comporte quatre (1 étant le niveau maximal)[26].
Les mouvements de terrains susceptibles de se produire sur la commune sont des tassements différentiels[27].
Le retrait-gonflement des sols argileux est susceptible d'engendrer des dommages importants aux bâtiments en cas d’alternance de périodes de sécheresse et de pluie. 96,7 % de la superficie communale est en aléa moyen ou fort (84,7 % au niveau départemental et 48,5 % au niveau national). Sur les 2 348 bâtiments dénombrés sur la commune en 2019, 2311 sont en aléa moyen ou fort, soit 98 %, à comparer aux 86 % au niveau départemental et 54 % au niveau national. Une cartographie de l'exposition du territoire national au retrait gonflement des sols argileux est disponible sur le site du BRGM[28],[29].
Concernant les mouvements de terrains, la commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par la sécheresse en 1989, 1991, 1993, 2018 et 2019 et par des mouvements de terrain en 1999[23].
Risques technologiques
Le risque de transport de matières dangereuses sur la commune est lié à sa traversée par des infrastructures routières ou ferroviaires importantes ou la présence d'une canalisation de transport d'hydrocarbures. Un accident se produisant sur de telles infrastructures est en effet susceptible d’avoir des effets graves au bâti ou aux personnes jusqu’à 350 m, selon la nature du matériau transporté. Des dispositions d’urbanisme peuvent être préconisées en conséquence[30].
La commune est en outre située en aval du Barrage d'Éguzon, de classe A[Note 3] et faisant l'objet d'un PPI, mis en eau en 1926, d’une hauteur de 58 mètres et retenant un volume de 57,3 millions de mètres cubes. À ce titre elle est susceptible d’être touchée par l’onde de submersion consécutive à la rupture de cet ouvrage[32].
Le nom vient d'Argantomagos (Argentomagus), oppidum gaulois, puis importante agglomération secondaire gallo-romaine, située sur la commune voisine de Saint-Marcel. Argentomagus se compose du gaulois argantos, « argent » (cf. vieil irlandais argat) et magos « lieu de marché[33] » ou « plaine[34] ».
Au XVIIIe siècle, la ville a été appelée communément Argenton-en-Berry.
Argenton est devenu Argenton-sur-Creuse en 1958.
Ses habitants sont appelés les Argentonnais[35].
Elle est surnommée la « Venise du Berry[36] ».
Préhistoire
Parmi les fossiles trouvés dans les marnières d'Argenton, étudiés par Georges Cuvier, se trouve un Crocodylomorphe terrestre du début de l'ère tertiaire, le Boverisuchus. L'animal adulte mesurait environ 3 mètres de long et s'est éteint à la fin de l'éocène, lors du refroidissement de la Grande Coupure[37].
En 1899, dans le quartier de la Croix de Laumay, à la limite entre Argenton et Le Pêchereau, une sépulture datée du Néolithique fut trouvée[38].
Durant cette période de la fin du XIXe siècle, dans le secteur des Gabats, des Crassaux et de la Font des Cordeliers, des trouvailles ponctuelles sont effectuées en lien avec l'Âge du bronze. Ainsi, une cachette Hallstatienne est découverte et sauvegardée lors des travaux en lien avec la ligne de chemin de fer d'Argenton-sur-Creuse à La Chaussée[38].
Eugène Hubert, dans son ouvrage sur le canton d'Argenton, édité en 1905, cite la présence de 3 mégalithes en centre ville d'Argenton, à l'emplacement de l'hôpital (ancienne école maternelle Rollinat). Ces mégalithes auraient été détruit vers 1840[38].
Antiquité
Argenton-sur-Creuse a succédé à la cité gallo-romaine d'Argentomagus à Saint-Marcel.
Moyen Âge
Durant le Moyen Âge, elle devient une place fortifiée sur la colline dominant la vallée. En 761, Pépin le Bref prend la ville fortifiée d’Argenton et son château au duc Waïfre.
Un atelier monétaire frappait une monnaie locale au XIe siècle[39].
Pour fêter les fiançailles de sa fille Mathilde au Duc de Saxe, en 1168 Henri II Plantagenêt tint une cour dans l'hôtel qu'il avait récemment fait construire[40].
Il reste aujourd’hui quelques vestiges de la Tour du Midi et de la Tour d’Héracle. Le château est pris par Philippe Auguste en 1188, par Henri IV en 1589 et il est enfin démantelé sous Louis XIII en 1632, par ordre de Richelieu.
À partir du XIIe siècle et jusqu’au XVe siècle, la ville haute d’Argenton s’établit au pied de la forteresse, sur la rive gauche de la Creuse.
La châtellenie d'Argenton appartenait très anciennement aux Maisons de Limoges-de Brosse, puis de Déols (sires de Châteauroux/Château-Raoul et princes de Déols, fondus vers 1200 dans les Chauvigny par le mariage de Denise avec André Ier ; aussi vicomtes de Brosse par le mariage vers 1314 d'André II avec l'héritière Jeanne de Brosse ; la châtellenie d'Argenton resta vassale de la terre de Châteauroux), d'où elle est passée successivement dans celles de Bourbon-Montpensier (Louise de Bourbon-Montpensier, fille du comte Gilbert de Montpensier, ayant épousé en premières noces André III ou IV de Chauvigny : veuve sans postérité, elle en garda Argenton qu'elle transmit à la descendance de son deuxième mariage), de Bourbon-Vendôme-La-Roche-sur-Yon (Louise ayant épousé en secondes noces Louis de Bourbon-Vendôme, prince de La Roche-sur-Yon : d'où la suite des ducs de Montpensier) et de Bourbon-(Vendôme)-Orléans (la dernière des Montpensier, Marie, épousa Gaston duc d'Orléans frère de Louis XIII ; leur fille unique, la Grande Mademoiselle, légua une bonne partie de ses biens, dont Argenton, à son cousin germain le duc Philippe Ier d'Orléans, frère de Louis XIV et père du Régent). Le duc Philippe II d'Orléans, futur Régent de France, en fit don à Marie-Louise Lebel (Le Bel) de la Boissière-Séry, sa maîtresse, qui lui donna trois enfants (un seul vécut ?, Jean-Philippe, né en 1702, légitimé en 1706), et en faveur de laquelle la seigneurie d'Argenton fut érigée en comté vers 1706[41]. Elle le vendit en 1730, au duc Louis Ier d'Orléans, fils du Régent. En 1770, le duc d'Orléans Louis-Philippe, fils du duc Louis, échangea le comté d'Argenton avec Louis XV contre la forêt de Bondy. En 1776, Louis XVI apanagea son dernier frère le comte d'Artois, aussi duc de Châteauroux, du comté d'Argenton.
Temps modernes
Au XVe siècle, la ville basse s’étend sur la rive droite, reliée à la ville haute par le « Vieux Pont ». Le développement de la ville entraîne l’installation d’un couvent de franciscains (les cordeliers) au XVe siècle[42].
Dès la fin du XVe siècle s’élèvent la chapelle Saint-Benoît et l’église Saint-Sauveur. De belles demeures sont construites dans la ville basse, comme le bel hôtel particulier Joseph Dupertuis, rue Dupertuis, du XVe siècle avec sa tour en façade, ou encore l’hôtel de Scévole (XVIIe et XVIIIe siècles) dont le parc à la française fut dessiné par Le Nôtre.
Marguerite d’Angoulême, sœur de François Ier, femme de lettres et duchesse de Berry, favorisa le renouvellement des idées. Elle fit venir à l'Université de Bourges - ou accueillit sous sa protection - des enseignants favorables à une réforme de l'Église[43]. Ils promurent la redécouverte et réception du témoignage des apôtres de Jésus-Christ tel qu'il est transmis par les saintes Écritures.
En 1589, Argenton était une place protestante[44]. À la suite de l'édit de Nantes, Argenton est répertorié comme la place de sûreté protestante de la généralité de Bourges (autrement dit du Berry). La défense devait être assurée par une garnison de 25 hommes financée par le roi. Elle a probablement varié en fait de 10 à 50 hommes et fut financée en partie localement[45]. En 1599 le colloque réformé du Berry Bourbonnais a lieu à Argenton, et en 1617 un synode réformé du Berry-Orléanais (comprenant Blois, Nevers, Moulins, Aubusson)[46]. D’après les minutes de Me Bidault, notaire attitré de la plupart des familles protestantes locales, et des relations d’affaires et liens de parenté qu’elles stipulent : les Protestants étaient plus souvent que les autres des notables qui étaient par ailleurs bien intégrés au milieu catholique majoritaire[47].
L'exercice public du culte avait lieu dans la forteresse ou à la chapelle St Benoît[48]. Puisque les cimetières existants étaient réservés aux catholiques, en 1604 le gouverneur réformé d’Argenton fait financer par la ville la création d’un cimetière dont une partie est réservée aux Protestants[49]. Ce cimetière sera agrandi dix ans plus tard.
Pendant la guerre de Trente ans, la place de sûreté est démantelée en 1620[46]. le château de la ville est cédé à Louis XIII en 1624. L'exercice public du culte réformé y est supprimé. Le temple sera ultérieurement détruit en 1686. Pour leur culte les Protestants se réfugient au château de Chabenet dans le cadre de l'exercice particulier du culte de la famille de Pierrebuffière[50]. En 1632 Louis XIII y est hébergé par le baron de Prunget et seigneur de Chabenet, Charles de Pierre-Buffière. La forteresse réformée d’Argenton, elle, est détruite. Trois ans plus tard les fortifications du château sont réduites sur ordre de Richelieu. En 1636 il est demandé au nouveau pasteur, Elie Péju, de ne pas habiter à Argenton.
En 1660 il n’existe plus ni paysan-journalier, ni manœuvre, parmi les Protestants de la région d’Argenton. Ils sont artisans, commerçants, membres de profession libérale, représentants de l’État. En 1663 les pouvoirs publics font fermer le cimetière protestant d’Argenton officiellement pour trouble à l’ordre public. Deux ans plus tard il l'est définitivement. À la suite de la révocation de l'édit de Nantes la partie protestante du cimetière est désaffectée[51]. En 1673 une plainte contre le curé d'Argenton figure parmi les plaintes protestantes destinées à informer le roi sur les persécutions subies (au-delà de la pression exercée par les mesures vexatoires officielles)[52]. L'argumentation catholique s'est par ailleurs développée : en 1680 fut publiée une Lettre à Messieurs de la religion prétendue réformée du prêche de Chabenet les Argenton écrite par un prêtre missionnaire, Charles-Bénigne Hervé[53].
Une liste, datant des mois qui précèdent la révocation de l’édit de Nantes en 1684, compte pourtant encore 153 protestants (marchands, avocats, procureur, maître de poste, médecin, armurier, cabaretier…)[54]. La veille de la révocation de l’édit de Nantes six pour cent de la population d’Argenton est ainsi encore protestante. Depuis 1544 la lignée familiale propriétaire du château de Chabenet avait pris le parti de la Réforme. En 1685, année de l’édit de Fontainebleau, l’héritier de la famille propriétaire du château de Chabenet, Charles-Benjamin de Pierre-Buffière, fils de Charles-Abel et de Catherine Couraud, devient officiellement catholique, à l’âge d'environ 11 ans[55]. Il se mariera dix ans plus tard avec Anne-Marthe de Renard, d’origine protestante. L’édit de Fontainebleau prévoyant un minimum de liberté de conscience, Catherine de Couraud, dame en titre du château de Chabenet par son mariage avec le fils de Charles et le père de Charles-Benjamin, Charles-Abel de Pierre-Buffière, n’abjurera toutefois que peu avant sa mort à l’âge de 94 ans en 1735. Elle put ainsi avoir des obsèques légales. Ce château était-il jusque-là un lieu de réunion clandestine pour des protestants ?
Fin 1685 beaucoup de réformés avaient officiellement abjuré la « religion prétendue réformée » : 64 personnes à Argenton[48]. La menace des dragonnades qui sévissaient dans la région n'est sans doute pas pour rien dans ce phénomène[56]. Combien sont cependant restés réformés de conviction. Pendant le quart de siècle qui a suivi la révocation de l’édit de Nantes, dans deux tiers des cas les personnes issues de familles protestantes se mariaient entre elles[57],[58]. La tolérance de la population catholique locale permit une transmission de convictions protestantes au sein de certaines familles[58]. D’autres protestants préféreront persévérer officiellement quitte à être privés de sépulture[59],[Note 4], et leurs héritiers de leur héritage[57].
De manière échelonnée sur plus d’un demi-siècle -certains ayant espéré un retour de la tolérance parmi la population argentonnaise déclarée auparavant comme réformée au moins 12 % va s’exiler dans divers pays (Angleterre, Hollande, Suisse, Allemagne protestante, Prusse)[60]. Des registres de ces pays font mention entre autres professions de médecins ou chirurgiens originaires d’Argenton.
La légitimité de certaines dénominations protestantes a été reconnue dans le cadre du concordat napoléonien. Une enquête menée sous l'Empire établit que cela ne concernait personne dans l'Indre[48]. Aussi, le recensement effectué par le Consistoire de Bourges en 1859 ne mentionne personne du côté d'Argenton. Début XXe siècle, la légalité et la liberté ont été étendues à toutes les dénominations protestantes, soit en fait aucune à Argenton.
Révolution française et Empire
Argenton fut chef-lieu du district d'Argenton de 1790 à 1795, le premier président du district ayant été Denis Robin de Scévole.
Époque contemporaine
Après l'entrée en guerre en août 1914, la ville accueille un camp d'internement temporaire, parmi de nombreux autres, destiné aux sujets civils de nationalité allemande et austro-hongroise restés en France[61].
Le , la 15e compagnie du panzergrenadier-regiment Der Führer de la 2e division SS Das Reich effectue une « opération de nettoyage » sur Argenton. Soixante-sept civils, résistants et soldats sont massacrés[62],[63].
Le , un train Corail reliant Paris-Austerlitz à Port-Bou déraille en gare d'Argenton-sur-Creuse, du fait d'une vitesse excessive. La vitesse avait été limitée à 40 km/h pour travaux de voie, le convoi est passé à environ 100 km/h, tandis que le freinage d'urgence se déclenchait entraînant un déraillement d'une bonne partie des voitures du train, notamment deux voitures qui engageaient le gabarit de l'autre voie. Au même moment arrivait un train postal en provenance de Brive-la-Gaillarde et à destination de Paris, dans l’autre sens ; la locomotive de ce dernier s'est encastrée dans les deux voitures engageant le gabarit. L'accident fit 43 morts. La cause est une superposition de signaux, ayant rendu très difficile la compréhension de la signalisation applicable par le conducteur.
La commune fut aussi rattachée du au à la communauté de communes du pays d'Argenton-sur-Creuse.