Arménie
pays du Caucase du Sud en Eurasie / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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L'Arménie (en arménien : Հայաստան, Hayastan), en forme longue la république d'Arménie (en arménien : Հայաստանի Հանրապետություն, Hayastani Hanrapetut’yun), est un État-nation unitaire, démocratique et multipartite.
République d'Arménie
(hy) Հայաստանի Հանրապետություն / Hayastani Hanrapetut'yun
Drapeau de l'Arménie |
Armoiries de l'Arménie |
Devise | en arménien : Մեկ ազգ, մեկ մշակույթ (Mek Azg, Mek Mshakouyt, « Une nation, une culture »), non officielle |
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Hymne |
Մեր Հայրենիք (Mer Hayrenik, « Notre Patrie ») |
Fête nationale | |
· Événement commémoré |
Proclamation de l’indépendance vis-à-vis de l'URSS () |
Plus grande ville | Erevan |
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Superficie totale |
29 743 km2 (classé 137e) |
Superficie en eau | 4,7 % |
Fuseau horaire | UTC +4 |
Entité précédente | |
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Dynastie des Orontides | Ve siècle av. J.-C. |
Dynastie des Artaxiades | 189 av. J.-C. - 12 |
Dynastie des Arsacides | 12-428 |
Arménie bagratide | 885-1045 |
Royaume arménien de Cilicie | 1137-1375 |
République démocratique d'Arménie | 1918-1920 |
RSS d'Arménie | 1920-1991 |
Indépendance de l'URSS | 21 septembre 1991 |
Gentilé | Arméniens |
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Population totale (2020[1]) |
3 021 324 hab. (classé 137e) |
Densité | 102 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
14,047 milliards de $ + 0,54 %[2] |
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PIB (PPA) (2022) |
46,864 milliards de $ + 7,89 %[2] |
PIB nominal par hab. (2022) |
4 741,429 $ + 0,85 %[3] |
PIB (PPA) par hab. (2022) |
15 817,948 $ + 7,88 %[3] |
Taux de chômage (2022) |
19,5 % de la pop. active + 5,40 % |
Dette publique brute (2022) |
Nominale 4 840,510 milliards de ֏ + 14,98 % Relative 63,665 % du PIB + 5,60 % |
Monnaie |
Dram (AMD ) |
IDH (2021) | 0,759[4] (élevé ; 85e) |
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IDHI (2021) | 0,688[4] (55e) |
Coefficient de Gini (2021) | 27,9 %[5] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,216[4] (53e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 48,3[6] (56e) |
Code ISO 3166-1 |
ARM, AM |
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Domaine Internet | .am, .հայ |
Indicatif téléphonique | +374 |
Code sur plaque minéralogique | AM |
Organisations internationales |
ONU : COE : OIF : OMC : |
Située dans la région du Petit Caucase, en Asie occidentale[7], cette ancienne république socialiste soviétique possède des frontières terrestres avec la Turquie à l'ouest, la Géorgie au nord-nord-ouest, l'Azerbaïdjan à l'est et l'Iran au sud-est, mais aucun accès à la mer.
L'Arménie est membre de plus de trente-cinq organisations internationales, comme l'ONU, le Conseil de l'Europe mais aussi la Communauté des États indépendants initiée et menée par la Russie dès mai 1992, dans le cadre de laquelle entrent l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et l’Union économique eurasiatique.
En 2015, un nouvel accord de partenariat avec l'Union européenne est initié[8].
Bien que selon les conventions géographiques classiques elle soit située en Asie occidentale[9],[10],[11], l'Arménie est considérée comme faisant partie culturellement, historiquement et politiquement de l'Europe, voire géographiquement pour les auteurs qui placent la limite Europe-Asie non pas sur la ligne de partage des eaux du Caucase, mais sur les frontières méridionales et orientales de la Géorgie et de l'Arménie[12],[13]. Le plateau arménien est d'ailleurs considéré comme le berceau des civilisations indo-européennes[14] et le premier État au monde à avoir adopté le christianisme comme religion d'État en 301. Bien que l'Arménie actuelle soit un pays constitutionnellement laïc, la religion chrétienne y est une composante importante de l'identité nationale[15].
Si l'Arménie telle qu'elle a été définie au XXe siècle est peu étendue géographiquement, sur seulement un dixième de l'Arménie historique, en revanche elle est dotée d'un riche patrimoine culturel et sa longue histoire remonte à l'une des plus anciennes civilisations au monde, Urartu[16]. L'arrivée des Armens, peuple indo-européen, marque la constitution de la satrapie d'Arménie au VIe siècle av. J.-C. Au Ier siècle av. J.-C., le royaume d'Arménie atteint son apogée sous Tigrane le Grand[17].
Au IXe siècle, le royaume d'Arménie est rétabli par la dynastie bagratide. Les guerres contre l'Empire romain d'Orient l'affaiblissent jusqu'à sa chute en 1045, suivie par l'invasion des Turcs Seldjoukides. La principauté et ensuite le royaume arménien de Cilicie perdurent sur la côte méditerranéenne entre les XIe et XIVe siècles. Entre les XVIe et XIXe siècles, le plateau arménien, composé de l'Arménie occidentale et de l'Arménie orientale, est respectivement sous contrôle des empires ottoman et iranien. Au XIXe siècle, l'Arménie orientale est conquise par l'Empire russe, mais la partie occidentale continue d'être soumise à l'Empire ottoman. Peu après le début de la Première Guerre mondiale, les Arméniens de l'Empire ottoman subissent une extermination systématique : le génocide arménien[18].
En 1918, la révolution russe permet l'indépendance des pays non russes de l'ex-Empire russe dont la république démocratique d'Arménie.
En 1920, le pays est incorporé à la république fédérative démocratique de Transcaucasie qui devient un membre fondateur de l'Union soviétique.
En 1936, la république transcaucasienne est dissoute, ce qui entraîne l'émergence de la république socialiste soviétique d'Arménie.
L'Arménie devient indépendante en 1991, lors de la dissolution de l'URSS.
La région, notamment autour du mont Ararat (désormais totalement situé en Turquie), qui a une importante signification religieuse pour les Arméniens, est peuplée depuis la Préhistoire. Les archéologues continuent de trouver des preuves selon lesquelles l'Arménie était un ancien centre de civilisation, avec l'Urartu, rival de l'Assyrie. On ne peut parler de peuple arménien qu'à partir du VIIe siècle av. J.-C., époque à laquelle la région fut investie par un peuple indo-européen (Armens et Hayaza-Azzi) qui se mêla à la population urartéenne.
Préhistoire
Selon les preuves documentées, une civilisation existait en Arménie depuis l'âge du bronze, voire plus tôt, vers . Les fouilles archéologiques effectuées en 2010 et 2011 dans le complexe de grottes Areni-1 ont permis de découvrir les plus vieilles chaussures en cuir connues au monde[19], une jupe[20] et une structure de production de vins[21].
Antiquité
La légende veut que l’Arménie ait été fondée par Haïk en
Plusieurs États ont prospéré dans la région de la Grande Arménie pendant cette période, incluant les Hittites (à leur apogée), le royaume Mittani (au sud-ouest de l'Arménie historique) et la confédération Hayasa-Azzi (1500-1200 av. J.-C.). Le peuple de Nairi (XIIe au IXe siècle av. J.-C.) et d'Urartu (1000-600 av. J.-C.) a successivement contrôlé le plateau arménien. Ces nations et tribus ont toutes participé à l'ethnogenèse des Arméniens[22],[23],[24],[25]. Une inscription cunéiforme lapidaire retrouvée à Erevan a permis de conclure que la capitale actuelle de l'Arménie avait été fondée en été 782 av. J.-C. par le roi Argishti Ier. Erevan est la plus vieille ville au monde ayant pu documenter la date de sa fondation.
Vers , une tribu thraco-illyrienne[26] originaire des Balkans passe en Asie Mineure et se déplace graduellement vers l’est jusqu’au Caucase pour se confondre, sans confrontation semble-t-il, avec le royaume de l’Urartu. « Incluant alors tous les autres éléments ethniques », l'ethnie arménienne se forme, avec une culture qui incorpore des éléments de la culture urartéenne[27] et une langue, indo-européenne, qui s'impose peu à peu[28]. Les Arméniens sont évoqués dans les archives de Ninive. En , les vassaux arméniens de Xerxès Ier, roi des Perses, combattent à Marathon contre les Grecs.
La région passa par des périodes d’indépendance et de soumission. À la suite de la conquête de l'Empire perse par Alexandre le Grand, l'Arménie subit l'influence grecque (dynastie séleucide) jusqu'au règne d'Antiochos III (242-187 av. J.-C.). À cette époque, la dynastie orontide défend la souveraineté arménienne.
En , le stratège Artaxias proclame l’indépendance et, en , fonde sa capitale, Artaxate. Cette Arménie hellénistique, sous le règne de la nouvelle dynastie artaxiade, doit faire face aux Parthes. Sous le règne de Tigrane le Grand (95-), elle va s’étendre de la Méditerranée aux rives de la mer Caspienne. Ce même roi déplace sa capitale à Tigranocerte vers .
Mais l'expansion de l'Arménie indispose les Romains, qui annexent une bonne partie des terres que Tigrane vient de conquérir, tout en laissant l'Arménie indépendante jusqu'en , année où le pays devient un protectorat romain.
De l'an 1 à 53, les Romains et les Parthes se partagent l'Arménie. Celle-ci est à nouveau romaine de 114 à 117.
Mais, par la suite, la dynastie arsacide rétablit l'indépendance du pays. Au IIe siècle, une nouvelle dynastie perse, les Sassanides, profite de la faiblesse de l'Empire romain pour envahir l'Arménie. Ce n'est que sous l'empereur Dioclétien que les Romains rétablissent leur protection sur l'Arménie. Ils portent au pouvoir le roi Tiridate IV qui se convertit au christianisme en 301 sous l'influence de Grégoire Ier. L’Arménie est ainsi, dès le début du IVe siècle, le premier pays officiellement chrétien. Pour affirmer l'intégrité de la nation arménienne, le moine Mesrob Machtots crée un nouvel alphabet ; geste politique fondateur qui sauve ainsi cette culture de l'oubli. Cet alphabet, qui serait inspiré de l'alphabet grec, avec 32 consonnes et 6 voyelles, s’écrit de gauche à droite. Les Arméniens peuvent se passer du grec pour la publication des textes. Ainsi, vers l'an 406, l'alphabet arménien est adopté par l'ensemble du royaume. En 428, l'Arménie est divisée entre les Sassanides et les Byzantins[29].
Moyen Âge
La région est ensuite envahie par les Arabes qui établissent l'émirat d'Arménie. Vers l'an 885, la dynastie bagratide s'impose en Arménie, et l'indépendance du pays est alors reconnue. À l'époque, l'Arménie a pour capitale Ani. Avec une population dépassant celle des métropoles européennes comme Paris, Londres ou Rome, la ville devient le centre culturel, religieux et économique du Caucase.
L'Empire romain d'Orient, dit byzantin, conquiert la moitié occidentale de l'Arménie en 1045 alors que la moitié orientale est soumise par les Turcs Seldjoukides qui, en 1064, ruinent l'Arménie byzantine et continuent d'avancer vers le reste de l'Asie Mineure. Malgré la renaissance zakaride dans la seconde moitié du XIIe - première moitié du XIIIe siècle, des milliers d'Arméniens partent en exil pour s'établir dans des régions plus prometteuses telles que la Moldavie-Transylvanie, la Hongrie, la Pologne-Biélorussie-Ukraine, Chypre, divers ports de la Méditerranée et surtout la Cilicie où ils fondent en 1137 le royaume arménien de Cilicie qui prolonge la souveraineté arménienne jusqu'en 1375.
L'Arménie est l'alliée des croisés de Terre sainte. Plusieurs mariages ont lieu entre princesses arméniennes et souverains francs d’Orient — par exemple le comte Baudouin de Boulogne épouse une Arménienne et devient maître du comté d'Édesse. Il y a aussi des mariages entre des princes arméniens et des princesses chypriotes. En 1190, Henri VI, empereur romain germanique, remet la couronne royale à Léon II. En 1199, Léon II lui rend la pareille en lui offrant lui aussi une couronne. La culture arménienne est alors très ouverte sur celle de l’Europe et des États latins d’Orient. En 1374, Léon VI de la maison de Lusignan est le dernier roi arménien avant l'invasion du pays par les Mamelouks en 1375[29].
Entre trois empires
Pendant ce temps, l'Arménie (ou Grande-Arménie) est envahie par diverses tribus turques et devient l'objet de luttes entre l'Empire ottoman et l'Empire perse. À partir du XIVe siècle, la plus grande partie reste sous domination turque, et la population arménienne (devenant de plus en plus minoritaire dans quelques vilayets de l'Anatolie de l'Est, appelée aussi Arménie occidentale) coexiste avec des communautés turques, kurdes et grecques.
Arméniens d'Iran
Des communautés arméniennes se maintiennent dans le Caucase du Sud, faisant partie de l'Empire perse jusqu'au début du XIXe siècle, ainsi qu'en Azerbaïdjan oriental, à Téhéran et à Ispahan.
Arménie russe
Les guerres reprennent en 1827, lorsque l’Empire russe s'empare des régions arméniennes du nord de la Perse. Au XIXe siècle, le territoire est partagé entre la Russie et l’Empire ottoman. D'importantes communautés arméniennes se développent autour d'Erevan, mais aussi de Tbilissi et Bakou. En 1905-1906, de violents affrontements interethniques opposent les Arméniens aux Azéris.
Arménie ottomane
Les Arméniens appartiennent à des millets distincts (pour représenter les communautés arméniennes apostolique, catholique et protestante) au sein de l'Empire ottoman, avec un degré d'autonomie en ce qui concerne les enjeux religieux et civils depuis la mise en place du système confessionnaliste instauré pendant l'ère réformiste des Tanzimat. Mais le peuple arménien se compte parmi les nombreux groupes ethnoreligieux qui aspirent à plus d'autonomie ou même à l'indépendance pour les territoires où ils représentent la majorité. La Constitution nationale arménienne est mise en place en 1863 et elle crée l'Assemblée nationale arménienne comme corps législatif du millet apostolique arménien, majoritaire, composé de 120 membres élus qui à leur tour élisent le patriarche arménien de Constantinople, détenant le pouvoir exécutif.
À la fin du XIXe siècle, sous le règne du sultan Abdülhamid II, les Turcs se livrent aux premiers massacres contre le peuple arménien (1894-1896) vivant sur la partie du territoire qu’ils contrôlent, c'est-à-dire l’Asie Mineure orientale ou l'Arménie occidentale. Ces massacres font entre 80 000 et 300 000 morts[30].
Génocide arménien
Le , le gouvernement Jeunes-Turcs de l’Empire ottoman décide d’en finir avec la minorité arménienne vivant dans l’actuelle Turquie et organise déportations et massacres où périssent entre 1 200 000 et 1 500 000 Arméniens ottomans[31],[32], perpétrant ainsi un génocide qui est souvent considéré comme le premier du XXe siècle. L'Arménie occidentale est vidée de sa population arménienne natale. Ce génocide n'a jamais été reconnu en tant que tel par la Turquie, dont les lois condamnent ceux qui mentionnent un génocide des Arméniens[33]. Après l'effondrement de la Russie (1917) et de l'Empire ottoman (1918), les Arméniens parviennent à créer une république indépendante, à l'existence éphémère (1918-1920).
Première république d'Arménie
La première république démocratique d'Arménie est née des convulsions qui agitent la Transcaucasie à la fin de la Première Guerre mondiale. L'effondrement de l'Empire russe en 1917 laisse un vide politique dans une région composée d'une mosaïque de groupes ethnico-religieux, qui peinent à s'entendre. Abandonnés par leurs voisins face à la menace turque, les Arméniens proclament la république d'Arménie. Après la défaite des Puissances centrales en 1918, les Arméniens fondent de grands espoirs sur la Conférence de la paix de Paris pour obtenir le rétablissement de la Grande-Arménie historique. Leurs attentes sont rapidement déçues. Abandonnée par les Puissances alliées, face à l'hostilité de ses voisins, la république d'Arménie mène pendant deux ans une existence précaire puis succombe à la collusion de la Turquie kémaliste et de la Russie bolchevique.
URSS
Battus par Kemal Atatürk, les Arméniens se résignent à accepter la protection des bolcheviks : le naît la république soviétique d'Arménie, qui ne couvre qu'une petite partie du territoire historique de l'Arménie. Le traité de Sèvres promettait d'intégrer à la nouvelle Arménie indépendante plusieurs vilayets (provinces) d'Anatolie orientale. Mais le texte ne fut jamais ratifié. En 1922, elle est incluse dans la république socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, puis, à partir de 1936 — à l'issue de l'éclatement de la Transcaucasie —, elle devient une république socialiste soviétique à part entière.
Dès lors et durant toute la période soviétique, des tensions sourdes et récurrentes vont opposer Arméniens et Azéris autour du destin de la région du Haut-Karabagh. En , après la soviétisation de l'Azerbaïdjan, les autorités de la RSS d'Azerbaïdjan, nouvellement créée, déclarent renoncer à leurs prétentions sur les territoires litigieux, et reconnaissent officiellement le droit à l'autodétermination du peuple du Karabagh. Mais le bureau caucasien du Comité central du parti bolchevik, alors présidé par Staline, décide du rattachement du Haut-Karabagh à l'Azerbaïdjan. Pendant près de soixante-dix ans, le problème est « gelé ». Durant toute cette période, à intervalles réguliers, la grande majorité des Arméniens du Haut-Karabagh proteste pacifiquement contre les suites de cette décision et demande que soit discutée la possibilité d'une intégration du Haut-Karabagh au sein de l'Arménie.
Puis, avec la glasnost et la perestroïka, les tensions récurrentes entre les deux républiques soviétiques provoquées par la politique des nationalités et surtout par le découpage administratif prennent une tournure plus ouverte et se cristallisent autour de la question du Haut-Karabagh.
Le , la région autonome du Haut-Karabagh se déclare en sécession. Trois jours plus tard, l'Azerbaïdjan réaffirme l'attachement du Haut-Karabagh à son territoire et des violences éclatent.
Indépendance
L’Arménie accède à son indépendance définitive le [34]. Suivant l'exemple de l'Azerbaïdjan (qui a déclaré son indépendance de l'URSS le 30 août 1991), la région autonome du Karabagh proclame sa propre indépendance le , qui est confirmée par un référendum le suivant. Les autorités de Bakou envoient des troupes au Haut-Karabagh pour y rétablir leur contrôle, ce qui entraîne le début du conflit. Les Arméniens de la région s'organisent pour se défendre. Avec l'aide de l'Arménie, les combattants du Comité Karabakh chassent les Azéris. Les affrontements entre Arméniens et Azéris font des dizaines de milliers de victimes de part et d'autre. Malgré le cessez-le-feu conclu en , cette question n’est toujours pas réglée.
Des transferts de population ont eu lieu (retour en Arménie d'Arméniens vivant en Azerbaïdjan et vice-versa pour les Azéris vivant en Arménie) entre les deux pays qui tendent à devenir ethniquement plus homogènes.
Le pays connaît depuis son indépendance un très fort mouvement migratoire, principalement dû au développement de la pauvreté. C'est ainsi qu'entre 700 000 et 1 300 000 Arméniens ont quitté leur pays depuis 1991[35].
Cependant, l’Arménie conserve des relations étroites avec la Russie car son soutien lui est indispensable face à la Turquie et l’Azerbaïdjan qui ne cessent de la menacer. La base militaire russe de Gyumri est toujours active et ce sont les troupes russes qui gardent le couloir de Latchin reliant l’Arménie et l'Artzakh.
L’Arménie a déclaré le 3 septembre 2013 qu'elle rejoindrait l’Union économique eurasiatique qui se forme le [36].
L'Arménie dispose d'un régime parlementaire depuis 2018. Le premier président arménien fut Levon Ter-Petrossian, qui avait pris les rênes du pays en 1991. En 1998, affaibli dans son pays après avoir souhaité renégocier le statut du Haut-Karabagh, il est poussé à la démission avant d'être remplacé par Robert Kotcharian.
Serge Sarkissian, élu président en 2008 et réélu en 2013, fait voter à la fin de ses deux mandats une loi accordant plus de pouvoirs au Premier ministre, puis se fait nommer par le Parlement à ce poste, afin de contourner la clause constitutionnelle limitant à dix ans la durée des mandats de Président[37]. Il est brièvement nommé à ce poste sous la présidence d'Armen Sarkissian — homonyme sans lien familial — en 2018, puis démissionne sous la pression de la rue et de la révolution de velours qui lui reproche d'être corrompu. Le chef de l'opposition Nikol Pachinian lui succède au poste de Premier ministre le [38].
- Président de la République : Vahagn Khatchatourian (depuis le 13 mars 2022)
- Premier ministre : Nikol Pachinian (depuis 2018)
- Assemblée nationale : 131 sièges
- Élections législatives :
- Effectifs militaires : 60 000[réf. nécessaire][Quand ?]
- Budget de l'armée : 495 millions USD en 2009[39]
Politique étrangère
- Les relations avec l'Azerbaïdjan sont très conflictuelles en raison de la question du Haut-Karabagh. Il n'existe pas de relations diplomatiques officielles entre les deux États qui sont dans un état de guerre depuis la fin de la guerre du Haut-Karabagh de 1988-1994, quand une trêve a été négociée par la Russie le .
- Les relations avec l'Iran, qui s'étaient dégradées depuis l'installation d'un régime islamique à Téhéran, sont aujourd'hui redevenues meilleures et tendent même à se renforcer comme en témoigne la construction en d'un gazoduc reliant les deux pays[40]. De plus, une coopération dans le domaine de l'énergie s'est installée entre ces deux pays, se manifestant par les projets de construction d'un oléoduc et d'une centrale hydro-électrique sur la rivière Araxe[40]. Dans les années 1990, l’Iran avait permis à l’Arménie de briser le blocus azéro-turc pour importer notamment du gaz et du pétrole[35].
- Les relations avec la Turquie sont très conflictuelles, principalement en raison du génocide des Arméniens de 1915 et sa négation par la Turquie mais aussi à cause du dossier karabakhi, au point que la frontière entre l'Arménie et la Turquie est officiellement fermée.
- Les relations entre le Pakistan et l'Arménie sont suspendues ; le Pakistan est le seul pays membre de l'ONU à ne pas reconnaître l'Arménie en tant qu'État.
Depuis son indépendance en 1991, l’Arménie a toujours gardé des relations étroites avec la Russie dont le soutien lui est indispensable face à la Turquie et l’Azerbaïdjan qui ne cessent de la menacer. Elle accueille d’ailleurs une base militaire russe à Gyumri et ce sont les troupes russes qui gardent le couloir de Latchin reliant l’Arménie et l'Artzakh. L’Arménie a déclaré le qu'elle rejoindrait l’Union économique eurasiatique qui se forme le [36].
Cependant, la politique étrangère de l’Arménie se transforme aussi graduellement vers la recherche d’un soutien plus fort de l’Occident. L’Arménie a ainsi exprimé le désir de s’intégrer dans les institutions européennes. Elle a adhéré au programme de Partenariat pour la paix de l’OTAN et aussi adhéré au Conseil de l’Europe (42e pays membre). Elle a envoyé une section de soldats de la paix au Kosovo sous commandement des forces grecques de la KFOR. Ainsi, l’Arménie cherche à équilibrer ses relations avec la Russie et également avec l’OTAN.
Les États-Unis, avec leur diaspora arménienne, apportent une sérieuse contribution à la reconstruction de l’économie arménienne qui a récemment vu son PIB progresser de façon impressionnante.
L’Arménie est en outre assez proche de la Géorgie, dont elle dépend économiquement pour le transit et l'importation des biens de première nécessité. Afin de ne pas mettre en péril cette relation indispensable face au blocus imposé par la Turquie et l'Azerbaïdjan depuis des années, Erevan est resté très prudent et a évité toute déclaration intempestive sur les velléités d'indépendance qui se sont matérialisées durant l'été 2008 au sein de la Géorgie en marge de la guerre d'Ossétie du Sud de 2008. Sur la question de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, l'Arménie s'est donc quelque peu distancée de son protecteur principal, la fédération de Russie — sans pour autant rejoindre le chœur des condamnations occidentales sur l'attitude de Moscou durant la crise.
Elle est aussi un membre permanent de l'Organisation internationale de la francophonie[41]. L'Association des communautés d'Arménie et la ville d'Erevan font partie de l'Association internationale des maires francophones[42]. Enfin, la région de Lorri est membre de l'Association internationale des régions francophones[43].
Forces armées arméniennes
Les Forces armées arméniennes représentent l'armée de terre et d'air, la défense aérienne et la garde frontalière de l'Arménie. L'Arménie n'a pas de marine militaire parce qu'elle est un pays sans accès à la mer. Le commandant en chef est le président de l'Arménie, actuellement Armen Sarkissian. Le ministre de la Défense, actuellement Suren Papikyan, est chargé de la direction politique. L'Arménie a institué la fonction de ministre de la Défense le . Depuis 1992, l'Arménie est membre de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Avant 2010, les gardes frontaliers surveillaient la frontière de l'Arménie avec la Géorgie et l'Azerbaïdjan, les forces armées russes patrouillaient les frontières avec la Turquie et l'Iran. Mais depuis le récent accord de coopération militaire signé en , les troupes russes patrouillent et protègent toutes les frontières de l'Arménie[44].