Assyriologie
étude de la philologie et de l'archéologie de l'Assyrie, de la Mésopotamie et de l'ancien Moyen-Orient / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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L'assyriologie est la partie de l'histoire et de la philologie spécialisée dans l'étude de l'Assyrie à l'origine, puis dans son acception actuelle dans l'étude de la Mésopotamie antique, et au sens large celles des civilisations du Proche-Orient ancien. Elle repose sur la traduction et l'étude des textes rédigés en écriture cunéiforme.
Le terme d'assyriologie est forgé par E. Renan en 1859, sur le modèle d'égyptologie, et en référence à l'Assyrie, le pays par lequel a alors été redécouverte l'antique civilisation mésopotamienne et qui est à ce moment-là la seule des civilisations de la Mésopotamie antique clairement identifiée par des restes matériels[1],[2]. Au moment où se constitue la discipline, la première chaire d'assyriologie du Collège de France confiée à J. Oppert, un des déchiffreurs du cunéiforme, est intitulée « Philologie et archéologie assyriennes », et dans le premier volume de la Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale publié en 1884[3], le même J. Oppert définit l'assyriologie comme « une nouvelle science philologique[4]. »
Environ un siècle plus tard, en 1981, après que les autres civilisations mésopotamiennes et proche-orientales aient été redécouvertes, J. Bottéro définit l'assyriologie comme « une discipline historique », qui s'intéresse à « l'histoire de la Mésopotamie antique », voire plus largement des civilisations du Proche-Orient ancien. La référence à l'approche philologique ressort du fait qu'il indique qu'il est nécessaire pour pratiquer cette discipline de s'être initié aux arcanes de l'écriture cunéiforme, et d'au moins deux langues mésopotamiennes, l'akkadien et le sumérien[5].
La redécouverte des autres civilisations du Proche-Orient ancien a alors rendu obsolète la référence à la seule civilisation assyrienne, alors que l'étude de l'ancienne Mésopotamie implique d'étudier aussi les civilisations de Sumer, Assur et Babylone, et que celle des autres civilisations du Proche-Orient ancien pratiquant le cunéiforme implique d'englober encore d'autres civilisations (Élam, royaumes syriens, Hittites, Hourrites, Urartu)[6]. De ce fait des dénominations spécifiques sont apparues. S. N. Kramer, spécialiste des textes en sumérien, se décrivait ainsi comme un « sumérologue », un spécialiste qui « n'assume qu'une part de cette science appelée assyriologie (...), celle qui concerne proprement les textes cunéiformes correspondant à la langue sumérienne », « la sumérologie n'étant qu'une branche de l'assyriologie[7]. » D'autres dénominations sont apparues pour désigner les spécialistes de civilisations pratiquant des langues non-mésopotamiennes : hittitologues pour les Hittites, ugaritologues pour Ugarit, élamologues pour l'Élam, etc.
Pour mieux refléter cette réalité, la dénomination d'assyriologie est alors rejetée par certains, à l'image de J. Renger qui préfère parler de « philologie et histoire de l'Orient (ou Proche-Orient) ancien » (Altorientalische Philologie und Geschichte / Ancient Near Eastern Philology and History), « une partie des Études sur le Proche-Orient ancien, qui comprend l'archéologie du Proche-Orient ancien ainsi que la philologie et l'histoire » et qui « s'intéresse aux langues, à l'histoire et aux civilisations du Proche-Orient ancien[8]. » Cela s'accompagne d'une notion plus englobante et pluridisciplinaire d'« études du Proche-Orient ancien » (Near Eastern Studies), qui inclut également l'archéologie de ces civilisations, celle-ci et la philologie restant « liées par un objectif commun – qui consiste à reconstruire une ancienne civilisation avancée sur la base de preuves écrites et matérielles[9]. » Ce champ de la recherche a des liens avec d'autres qui étudient les mêmes régions mais des civilisations ne pratiquant pas (ou de façon secondaire à l'échelle historique) l'écriture cunéiforme : les études sémitiques, iraniennes, anatoliennes, indo-européennes[10].
Quel sens donner à assyriologie à l'heure actuelle ? Pour l'Association internationale des Assyriologues (International Association of Assyriology), qui organise les Rencontres assyriologiques internationales, le terme « fait référence à l'étude de l'ancienne Mésopotamie et des régions voisines par des approches textuelles, archéologiques et historiques de l'art[11]. » W. Sallaberger, qui la préside en 2019, donne une approche plus développée : « Dans notre association, le terme désuet « Assyriologie » recouvre tous les domaines savants liés à l'étude du Proche-Orient ancien à l'époque des cultures cunéiformes, du IVe millénaire avant notre ère au Ier siècle de notre ère dans les régions historiques de Mésopotamie, Syrie et Levant, Iran et Anatolie, y compris les périodes et les régions d'influence et de contact. Notre compréhension de « l'assyriologie » couvre les disciplines philologiques traitant des textes écrits en akkadien, i.e. langues babylonienne et assyrienne, sumérienne, hittite, élamite, hourrite et autres, linguistique de ces langues, histoire de l'ancien Proche-Orient, archéologie et histoire de l'art des régions et périodes respectives[12]. »
Pour D. Charpin, « le terme assyriologue est devenu ambigu : dans son acception large, il désigne toute personne qui étudie des textes notés dans l’écriture cunéiforme » et rajoute que « ces textes, écrits dans des langues très différentes, relèvent de civilisations distinctes, même si elles ont été en contact suffisamment étroit pour partager une même écriture. » Lui-même préfère s'en tenir au seul cadre de la « civilisation mésopotamienne », et à une « approche pluridisciplinaire[13]. »
Pour P. A. Beaulieu, « l'assyriologie est la discipline académique dédiée à l'étude des civilisations antiques de l'Irak » et il présente sa démarche d'assyriologue comme une qui « s'appuie principalement sur l'interprétation philologique des sources cunéiformes, mais intègre également certaines découvertes de l'archéologie et de l'histoire de l'art. »[14].