Soissons
commune française du département de l'Aisne / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Soissons [swa.ˈsɔ̃] est une commune française située dans le département de l'Aisne, en région Hauts-de-France.
Soissons | |||||
De gauche à droite, de haut en bas : vue de l'Aisne ; l'abbaye de Saint-Jean-des-Vignes ; la fontaine de la Grand'Place ; l'Hôtel-de-Ville ; vue de la cathédrale Saint-Gervais ; abbatiale Saint-Léger ; le monument aux morts ; la place Mantoue ; la gare. |
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Blason |
Logo |
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Administration | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Hauts-de-France | ||||
Département | Aisne (sous-préfecture) |
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Arrondissement | Soissons (chef-lieu) |
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Intercommunalité | GrandSoissons Agglomération | ||||
Maire Mandat |
Alain Crémont 2020-2026 |
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Code postal | 02200 | ||||
Code commune | 02722 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Soissonnais | ||||
Population municipale |
28 705 hab. (2021 ) | ||||
Densité | 2 330 hab./km2 | ||||
Population agglomération |
43 311 hab. (2021) | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 49° 22′ 54″ nord, 3° 19′ 25″ est | ||||
Altitude | Min. 38 m Max. 130 m |
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Superficie | 12,32 km2 | ||||
Unité urbaine | Soissons (ville-centre) |
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Aire d'attraction | Soissons (commune-centre) |
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Élections | |||||
Départementales | Cantons de Soissons-1 et de Soissons-2 (bureau centralisateur) |
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Législatives | Quatrième circonscription | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Aisne
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
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Liens | |||||
Site web | ville-soissons.fr | ||||
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Ses habitants sont les Soissonnais.
Soissons est historiquement connue pour avoir été la première capitale de la France, après Tournai (ville actuellement en Belgique).
Elle est surnommée « la cité du Vase ».
Localisation
Située dans un méandre de la rivière Aisne, au centre du département homonyme, elle en constitue la seconde aire urbaine, avec 64 042 habitants[1].
La cité se trouve au centre de la région naturelle du Soissonnais, point de jonction naturel des trois zones géographiques et culturelles que sont l'ancienne région Picardie, l'ancienne région Champagne et l’Île-de-France.
Par sa position géographique, elle subit d'ailleurs l'influence de nombreuses villes et agglomérations alentour, dans et en dehors de la Picardie[2] :
Ville / Département | Statut | Fonctions et attraits principaux | Distance orthodromique[4] | Distance routière[5] | Direction |
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Villers-Cotterêts 02 | emploi, enseignement, industrie | 21,6 km | 23,7 km | sud-ouest | |
Laon 02 | Préfecture | administration, justice | 29,9 km | 40,2 km | nord-est |
Compiègne 60 | commerces, culture, enseignement, soins | 36,3 km | 38,5 km | ouest | |
Reims 51 | commerces, culture, emploi, enseignement, soins | 53,0 km | 58,7 km | sud-est | |
Paris 75 | Capitale nationale | administration, commerces, culture, emploi, enseignement, soins, transports | 91,4 km | 105,0 km | sud-ouest |
Amiens 80 | Capitale régionale | administration, enseignement, justice, soins | 93,8 km | 112,0 km | nord-ouest |
- Pays de la province de Picardie.
- Picardie historique dans les limites géographiques actuelles.
Géologie et relief
D'une superficie de 12,32 km2, l'altitude maximale est de 130 m, au lieu-dit de Presles-lès-Soissons, sur la Montagne de Paris ; tandis que le point le plus bas, 38 m, se situe au confluent de l'Aisne et de la Crise.
Le territoire communal est presque entièrement urbanisé, ne restant que quelques parcelles naturelles sur les pourtours de la ville.
La commune est classée en zone de sismicité 1, ce qui correspond à une sismicité très faible[6]. Un seul événement de ce type a d'ailleurs été recensé, en 530 ap. J.-C., l'épicentre se situant vraisemblablement en Thiérache, contrefort occidental des Ardennes.
Hydrographie
La commune s'étend dans un double méandre de la rivière Aisne, qui sépare la ville en deux.
En plus de son affluent la Crise, qui s'écoule au sud, un autre cours d'eau se jette dans l'Aisne sur le territoire communal : le ru de Saint-Médard, au nord-est.
Plusieurs pièces d'eau se sont formées dans les anciennes gravières situées entre l'Aisne et le ru Saint-Médard, à l'est de la ville. La plus vaste est l'étang du Ponceau.
De l'autre côté du ru, on trouve les étangs de Saint-Médard et d'Abélard. À l'est de la ville, au nord du faubourg Saint-Christophe, ceux du Paradis et de la Croisette. Une petite retenue d'eau, enfin, est présente au sud, en bordure de la Crise, dans la ZAC de Chevreux.
Sept grandes crues ont pu être observées sur le territoire de Soissons depuis qu'il y existe des relevés officiels.
Celles de 1882, 1920, 1924 et 1926 ont semble-t-il atteint des records, avec un niveau des eaux de la rivière supérieur en moyenne de 4,30 mètres à son niveau habituel. Celles de 1910, 1958 et 1993 ont présenté un niveau supérieur à la normale de 3,90 mètres[7]. D'autres crues, plus importantes encore, ont été répertoriées en 1658, 1740 et 1784[7].
Lieux-dits et hameaux
Plusieurs quartiers sont séparés de la cité par divers aménagements naturels ou humains, d'autres ne correspondent qu'à quelques fermes ou châteaux :
- Le Ponceau, au nord-est, attenant à Crouy, séparé de la ville par l'étang du même nom ainsi que par la voie ferrée ;
- Orcamps, attenant de Belleu, et, en partie, la ferme Sainte-Geneviève, au sud-est, séparés du centre-ville par la gare ;
- Presles-lès-Soissons, ainsi que les fermes du Maupas et de la Motte, au sud-ouest du quartier de Presles, séparés de la ville par la route à quatre-voies et des bois ;
- Les châteaux de Chevreux, au sud, attenant à Courmelles.
Communes limitrophes
Distances orthodromiques[8] des communes dont le territoire est limitrophe de celui de Soissons[9].
Pasly (3,4 km) Pommiers (3,6 km) | Cuffies (3,5 km) | Crouy (3,9 km) Bucy-le-Long (5,2 km) |
Mercin-et-Vaux (3,3 km) | Villeneuve-Saint-Germain (2,6 km) | |
Vauxbuin (2,9 km) | Courmelles (3,6 km) | Belleu (2,2 km) Billy-sur-Aisne (5 km) |
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat des Hauts-de-France et Climat de l'Aisne.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[10]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans la région climatique Nord-est du bassin Parisien, caractérisée par un ensoleillement médiocre, une pluviométrie moyenne régulièrement répartie au cours de l’année et un hiver froid (3 °C)[11].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,7 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 15 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 672 mm, avec 11,4 jours de précipitations en janvier et 8,9 jours en juillet[10]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Braine à 16 km à vol d'oiseau[12], est de 11,3 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 662,7 mm[13],[14]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[15].
Typologie
Soissons est une commune urbaine[Note 1],[16]. Elle fait en effet partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[17],[18]. Elle appartient à l'unité urbaine de Soissons, une agglomération intra-départementale regroupant 8 communes[19] et 43 098 habitants en 2017, dont elle est ville-centre[20],[21].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Soissons, dont elle est la commune-centre[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 93 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[22],[23].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (81,6 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (78,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (68,6 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (7,3 %), prairies (5,8 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (5,7 %), terres arables (5,7 %), forêts (4,1 %), eaux continentales[Note 3] (2,9 %)[24].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Voies de communication et transports
Axes routiers
La commune est au centre de quatre axes routiers importants :
- la route nationale 2, surnommée « route des Flandres » ou « route Charlemagne », reliant Soissons à Paris, Villers-Cotterêts, Laon, Vervins, Maubeuge, et au-delà Mons ;
- la route nationale 31, la reliant à Reims et Compiègne, et au-delà à Rouen ;
- la route départementale 1 relie la ville à Saint-Quentin, Chauny, Tergnier et Château-Thierry ;
- la route départementale 6 relie la ville à Noyon, ainsi qu'à Fère-en-Tardenois et Dormans.
Rail
La gare de Soissons, desservie par le TER Hauts-de-France (Paris - Laon), se situe sur la ligne de La Plaine à Hirson et Anor (frontière belge).
Aéroport
L'aéroport le plus proche est celui de Roissy Charles-de-Gaulle, situé à 76 km par la route. Aucune desserte n'est directement possible par le rail, mais un service de navettes (bus) existe quotidiennement au départ et à destination de Soissons.
L'agglomération dispose d'un aérodrome[25], situé en bordure de la RN 2 à 5 km au sud de Soissons : l'aérodrome de Soissons - Courmelles (code OACI : LFJS).
Transports
L'agglomération dispose 12 lignes de bus urbain, le réseau TUS joignant différents points de la ville à ses communes limitrophes.
La commune est desservie, en 2023, par les lignes 650 et 652 du réseau interurbain de l'Oise[26].
La cité tire son nom de la tribu gauloise des Suessions, établie en Gaule belgique, dans les vallées et sur les plateaux attenants de l'Aisne et l'Oise.
Antiquité
Période gauloise
Le site de Soissons est occupé par les Suessions, peuple de la Gaule belgique allié politiquement et militairement aux Rèmes voisins[27].
Les Suessions dominaient, sur la Gaule Belgique, un empire s'étendant jusqu'en Bretagne insulaire, et possédaient douze oppidum principaux[27]. Cet « empire » renvoie soit à des fonctions religieuses (l'enseignement druidique était dispensé par le collège sacré de l'île de Mona, actuel Anglesey) soit à des liens politiques (imperium signifie à l'époque de César « commandement militaire ») et commerciaux maritimes ; Boulogne étant alors le principal port sur l'océan.
La localisation exacte de l'oppidum principal, Noviodunum, est l'objet de discussions. Il pourrait s'agir des sites de Pommiers ou Villeneuve-Saint-Germain.
La guerre des Gaules
Lors de l'intervention des troupes romaines, dirigées par César, le roi des Suessions, Galba (« prudent et juste »), se rallie à la coalition des Belges, alors que les Rèmes, malgré les liens qui les unissent aux Suessions, se rangent du côté des Romains.
En 57 av. J.-C., au cours de la bataille de l'Aisne, les troupes belges se rassemblent au nord de l'Axona, laissant une garnison amoindrie aux cités du sud de la rivière. César voulut enlever la place de Noviodunum, jugée prenable car sans défenseurs ; mais bien que ceux-ci fussent effectivement peu nombreux, la largeur du fossé et la hauteur des murs firent échouer son assaut[27].
Grâce à l'intercession des Rèmes, le site de Soissons sera par la suite considéré comme libre par les Romains, qui ne tenteront plus aucune attaque, mais déplaceront le centre politique vers la nouvelle colonie d'Augusta Suessionum, fondée en 20 av. J.-C.
Période gallo-romaine
Au IIIe siècle, la ville d'Augusta Suessionum est d'une importance comparable aux cités de Durocortorum (Reims), Rotomagus (Rouen) ou Samarobriva (Amiens).
- Plan du théâtre.
- Ruine visible au XIXe siècle.
La ville s’enorgueillit d'un théâtre de 20 000 places assises, seul témoin actuel de la gloire impériale passée.
La légende du « château d’Albâtre » est née de la redécouverte et l'utilisation des ruines romaines de Soissons à partir de 1551. Offices voûtés peints, mosaïques, statues et statuettes en marbre, albâtre, jaspe, porphyre, ivoire, or et argent furent redécouverts à l'époque[28]. Une note, citée dans la Notitia dignitatum, fait état de la présence d'une fabrique d'armes au sein de la caserne de la XXVe légion sur le site du « château d'Albâtre »[28]. Des fouilles archéologiques s'y déroulèrent ensuite jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale.
La ville fut principalement repeuplée par des Lètes et des citoyens romains, qui en firent une cité prospère au centre des axes routiers reliant le port de Boulogne au reste de la Gaule.
Lors des invasions barbares, Soissons résista, et fut la capitale du domaine de Soissons, le reliquat gallo-romain de l'Empire romain d'Occident, sous les pouvoirs successifs d'Ægidius et de son fils Syagrius. Ce dernier perdit la dernière bataille de Rome face aux barbares, la bataille de Soissons ; fut emprisonné par les Francs, puis les Wisigoths, qui le livrèrent à nouveau aux troupes franques ; et fut égorgé un an plus tard, sur ordre de Clovis.
Moyen Âge
Haut Moyen Âge
- Une cité capitale du Regnum Francorum
À l’époque mérovingienne, la ville devint la première capitale du royaume des Francs après le siège et la victoire (en 486 apr. J.-C.) de Clovis sur l'armée du général romain Syagrius. Le roi des Francs fit égorger le général romain un an après la bataille. La cité resta romaine, tant d'un point de vue d'expression orale qu'écrite, que dans un sens purement civil, durant plusieurs décennies suivant l'occupation franque, fait qui fut favorable à Paris pour l’établissement d'une capitale.
C’est l’époque légendaire du fameux épisode du vase de Soissons.
Soissons, ville épiscopale, redevient capitale de la Neustrie sous le règne de Clotaire Ier et sa région est le théâtre d'affrontements périodiques opposant la Neustrie à l’Austrasie. En 752, Pépin le Bref est proclamé roi et sacré à Soissons par saint Boniface. En 768, à la mort de Pépin le Bref, Carloman monte sur le trône du Royaume franc partagé avec son frère Charles proclamé à Noyon.
En 948, le duc de France Hugues le Grand, en rébellion contre Louis IV d'Outremer, assiège Soissons. Des tirs de flèches enflammées atteignent la cathédrale — qui s'enflamme — et l'incendie se communique bientôt à toute la ville qui est ravagée[29].
Le rôle de voie de passage cruciale vaut à Soissons de figurer dans le registre des batailles en 718 (voir bataille de Soissons), en 923 (voir bataille de Soissons), entre le roi Charles III le Simple et le roi de France Robert Ier) et en 978, un affrontement de poursuite de l'armée d'Othon II par Lothaire de France et Hugues Capet (978).
Moyen Âge classique
La ville connaît la prospérité aux XIIe et XIIIe siècles qui ont laissé de nombreux édifices gothiques.
Moyen Âge tardif
Le 21 mai 1414, la ville de Soissons, défendue par son capitaine bourguignon Enguerrand de Bournonville, est prise d'assaut par l'armée royale après un siège, dirigé par le roi Charles VI en personne. L'artillerie royale ouvre des brèches dans la muraille et les faubourgs se rendent. Bournonville décide de fuir la ville dans la nuit du 20 au 21 mai, mais un des capitaines bourguignons, Simon de Craon, seigneur de Clacy, l'en empêche. Le 21 mai, la ville de Soissons est prise d'assaut et mise à sac par l'armée royale, qui tue, pille et viole les habitants. Le 26 mai 1414, Enguerrand de Bournonville, condamné à mort par le roi, est décapité sur la place du marché de Soissons. Sa tête est exposée fichée sur une lance. Certains de ses compagnons d'armes sont décapités ou pendus[30].
Temps modernes
Renaissance
Pendant les guerres de Religion, la ville est prise par les protestants en 1567, ce qui occasionne des dégâts, en particulier aux édifices religieux[31].
XVIIe et XVIIIe siècles
Sous l'Ancien Régime, Soissons est le chef-lieu d'une généralité : l'intendant siège dans l'hôtel de l'intendance, actuel hôtel de ville.
Entre 1728 et 1729 s'y tint le congrès de Soissons, qui visait à régler la question de la succession du duché de Parme. France, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Autriche, Espagne et Russie entre autres se réunirent pour tenter de prévenir un conflit européen[32].
Époque contemporaine
Révolution et Premier Empire
Soissons perd cette fonction politique lors de la désignation du chef-lieu de département en 1791. Malgré la bataille menée par Louis Antoine de Saint-Just qui prend position pour Soissons, c'est la ville de Laon, plus centrale, qui est choisie.
Lors de la Révolution française, l'abbaye Notre-Dame est détruite, alors que c'était un des plus grands couvents de femmes du Nord de la France. Il n'en reste aujourd'hui que deux arcs de style roman, visibles à proximité de l'église Saint-Pierre. Cette abbaye figure sur le plan reliquaire de la ville, conservé au musée de l'église Saint-Léger.
En 1792, 20 000 soldats révolutionnaires français arrivent dans la ville (qui compte 8 000 habitants à l'époque), et chassent les chanoines du site de l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes, transformée en dépôt de matériel et de vivres. Soissons tient en effet une position stratégique, et constitue un rempart pour Paris.
Pendant la campagne de France de 1814, les troupes russes du général Alexandre Tchernychev prennent la ville presque sans combat le lors du premier siège de Soissons : le général Rusca, commandant de la place, est tué par un obus, ce qui déclenche une panique parmi ses troupes ; les Russes ne laissent pas de garnison sur place et les troupes françaises s'y réinstallent peu après avec un régiment polonais de la Légion de la Vistule). Le , la ville est prise en tenaille entre les forces prussiennes de Bülow et russes de Wintzingerode lors du second siège de Soissons : son commandant, Jean-Claude Moreau, capitule en obtenant la permission de se retirer avec ses troupes. De nombreux commentaires considèrent la capitulation de Soissons comme le basculement de la campagne car l'armée de Blücher, serrée de près par Napoléon, était sur le point d'être acculée sur l'Aisne. La reddition de Soissons permet à Blücher de passer sur la rive nord et de faire sa jonction avec les renforts russes de Vorontsov, formant une force de 100 000 hommes qui affronte les Français à la bataille de Craonne puis à celle de Laon.
De la Restauration au Second Empire
Le 13 octobre 1815, deux magasins de poudre établis dans le bastion Saint-Rémy explosent, causant de nombreux morts[33] et des dégâts matériels importants. Le séminaire et la cathédrale sont particulièrement touchés[34].
Guerre franco-allemande de 1870
Défendue par sa garnison composée d'une compagnie d'artilleurs de ligne, de 200 artilleurs de la mobile du Nord, d'un bataillon du 15e régiment d'infanterie de ligne, de deux bataillons de mobiles de l'Aisne soit en tout 4 000 hommes, la ville est sommée de se rendre le 11 septembre 1870, durant la défaite de 1870[35]. Devant son refus, la ville est assiégée et bombardée par les Prussiens depuis Belleu.
Le Monument aux morts de la guerre de 1870, œuvre de Louis-Auguste Hiolin, commémore l'épisode tragique du siège de la ville du 11 septembre au .
1871-1914
La ville et ses défenses ayant souffert, les remparts défendant Soissons ainsi qu'une partie de l'enceinte protégeant l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes, sont démantelés, laissant alors la possibilité d'un réaménagement urbain, avec création de grands boulevards comme le boulevard Jeanne-d'Arc.
Le système de défense militaire est en effet revu selon le système Séré de Rivières, avec le fort de Condé, construit dans les environs proches de Soissons, de 1874 à 1885, ainsi que le fort de la Malmaison, sur le Chemin des Dames.
L'arsenal, construit en 1843 sur le site de l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes, est également agrandi en 1878.
La ville fut desservie par une des lignes d'un chemin de fer secondaire, les chemins de fer de la Banlieue de Reims, ainsi que par un tramway urbain, qui circula de 1907 à 1948.
Première Guerre mondiale
« La destruction brutale et stupide des monuments consacrés par l’art et les ans est un crime que la guerre n’excuse pas ; qu’il soit pour les Allemands un éternel opprobre ! »
— Anatole France, Sur la voie glorieuse.
Soissons est l’une des villes martyres de la Première Guerre mondiale.
Après la bataille de Charleroi, le retrait des armées franco-britanniques se poursuit vers le Sud malgré la contre offensive de Guise à Saint-Quentin.
Le 31 août la ville est couverte par le groupe d'armée, du général Valabrègue composé par les divisions de réserve de la 5e armée.
Des forces ennemies de cavalerie importantes, s'infiltrent entre les armées françaises et britanniques et progressent de Noyon vers Soissons. Dans la nuit du 31 août au 1er septembre, une division de cavalerie française est envoyée de Craonne à Cuffies pour résister le plus longtemps possible afin de laisser aux troupes d'infanterie le temps de traverser l'Aisne.
Le , à 10 heures du matin, les troupes allemandes se présentent devant la ville, maintenues à l'arrêt par l'arrière-garde française. Après repli des dernières forces, les envahisseurs continuent leur progression et prennent possession de la ville le 2 septembre, en imposant de fortes réquisitions[36].
Durant les douze journées d'occupation, Jeanne Macherez prend la tête de la municipalité, lançant à l'officier allemand pénétrant dans la ville : « Le maire ? c'est moi ! »[37]. Le général Louis de Grandmaison meurt d’un éclat d’obus dans la tête durant la première bataille de la Marne.
Après la victoire de la Marne, la 6e armée française, victorieuse sur l'Ourcq, s'avance sur l'Aisne. Le 11 septembre, la 45e division française marche sur Soissons par les vallées de l'Ourcq et de la Savières et rejette les occupants de Chaudun.
Le 12 septembre, soutenues par l'artillerie britannique établie à Buzancy, les troupes d'Afrique entrent dans la ville. Mais les ponts ont tous été coupés par l'ennemi en retraite.
Le 13 septembre, les zouaves et les tirailleurs du général Quiquandon montent à l'attaque de la « cote 132 » qui domine Soissons au Nord, sans succès. Après avoir lancé des attaques les 14, 17, 23 et 30 septembre les attaquants n'arrivent pas à déloger les défenseurs terrés dans ces collines percées de creutes et qui deviennent de merveilleux observatoires et positions pour bombarder Soissons[36].
Les tirs de destruction de la ville, incessants, décident le commandement français, début janvier 1915, à lancer une attaque pour dégager la ville; c'est la bataille de Crouy. le 8 janvier, un bataillon de chasseurs et un bataillon de tirailleurs marocains, soutenus par la 55e division attaquent et réussissent à prendre pied sur l'« éperon 132 ».
Le front se stabilise au nord de la ville, qui est amplement bombardée jusqu’en 1917. Henri Barbusse y écrit Le Feu. Pendant les mutineries de 1917, la ville voit défiler des soldats refusant de monter au front après la désastreuse offensive du Chemin des Dames. Une statue dressée à l’effigie des soldats français tombés au combat en 1917 se trouve derrière l’église Saint-Pierre, à côté du palais de justice de Soissons.
Le , la division marocaine et le régiment de marche de la Légion étrangère sont acheminés par camion à l'ouest de Soissons qui vient de tomber aux mains de l'ennemi. Il s'agit de bloquer son avance vers Villers-Cotterêts en prenant position sur la Montagne de Paris. L'attaque se déclenche au petit matin après un bref mais violent barrage d'artillerie. Nettement supérieur en nombre, l'ennemi réussit à prendre pied dans les positions de la Légion. Obligés d'économiser leurs munitions, les légionnaires perdent 47 tués, 219 blessés et 70 disparus en deux jours de combat. Néanmoins, le régiment de marche de la Légion étrangère réussit à maintenir ses positions et à bloquer l'avance allemande dans son secteur.
Soissons est définitivement libérée au cours de l’été.
François Flameng, peintre officiel des armées pendant la Grande Guerre, a immortalisé ces événements dans des croquis et dessins qui furent publiés dans la revue L'Illustration. Mireille Andrieu, femme du sous-préfet de Soissons, a endossé l'uniforme d'infirmière au début de la guerre[38]. Décorée de la croix de guerre et d'une citation à l'ordre de l'armée pour son héroïsme, elle a témoigné de son expérience en 1918 dans un recueil intitulé Souvenirs de Parisiennes en temps de guerre, publié sous la direction de Camille Clermont[39],[40].
La ville est considérée comme détruite à la fin de la guerre[41] et a été décoré de la croix de guerre 1914-1918, le [42].
Entre-deux-guerres
La ville fut reconstruite durant l'entre-deux-guerres, et notamment la cathédrale.
Seconde Guerre mondiale
Les rafles de juifs à Soissons
Au cours de l’Occupation durant la Seconde Guerre mondiale, la communauté juive de Soissons est déportée lors de deux grandes rafles : la première, le , est opérée par la police soissonnaise, en même temps que la rafle du Vél' d'Hiv', tandis que la Gestapo réalise la seconde le [43].
La Résistance à Soissons
Après l’appel du 18 Juin du général de Gaulle, des réseaux de résistance se mirent en place à Soissons, de juin à août 1940. Ce furent les résistants de la « première heure ». Le réseau « Vérité française » était affilié à celui de Paris (lui-même rattaché au réseau « Musée de l’Homme » ou « Boris Vildé »).
Des structures pour aider et cacher les évadés furent mises en place (faux papiers, fausses cartes d’alimentation, filières pour Londres, etc.).
Mais les résistants furent trahis. Un jeune homme, belge de dix-huit ans, Jacques Desoubrie, contacta Daniel Douay. Il se disait traqué et poursuivi (en réalité, il œuvrait pour la Gestapo). Pour se mettre à l’abri, il devint secrétaire du comte de Launoy, à Paris (réseau chapeautant celui de Soissons). Là, il réussit à trouver tous les renseignements voulus.
Le , la Gestapo organisa des rafles à Paris, Blois et Soissons. Les résistants sont incarcérés à la prison de Fresnes. Torturés, ils ne parleront pas. Le s’ouvre le premier procès d’un réseau de Résistance ; le verdict prononce la condamnation à mort. Le , le commandant Coqueugniot, le comte de Launoy, Pierre Stumm de Paris, Daniel Douay, Jean Vogel, Émile Louys sont fusillés à la caserne Balard. Le , dans la forteresse de Brandebourg, le capitaine Henri-Clotaire Descamps est décapité ainsi que Maurice Moreau en 1943. D’autres Soissonnais périront en camp de concentration : Aimé Dufour, Gilbert Jordana, Eugène Delhaye, André Meurghe, Ludovic Pluche et Louis Leseigneur, ainsi que Roger Ambroise de Berzy-le-Sec. La ville de Soissons a voulu honorer ce réseau en donnant son nom à une rue[44].
Libération de Soissons
Le , vers minuit, des maquisards du groupe Aurèle commandés par Lucien Berger sont guidés par Madame Delhaye et Madame Douay (dont les maris, résistants du réseau Vérité française ont été fusillés) vers des caches d’armes. Un arsenal de fusils, mitrailleuses, grenades, un mortier et un char démontés (de quoi équiper mille hommes) ont été mis en lieu sûr dès juillet 1940 par les résistants « de la première heure » (entre autres, le capitaine Descamps, MM. Meurghe, Moreau, Vogel tous arrêtés en 1941 et exécutés) dans l’usine Zieckel où M. Delhaye était ingénieur, au cimetière de la ville, dans des carrières, etc. Les armes sont chargées sur des tombereaux recouverts de fumier. Deux agriculteurs de la région se chargent de les faire entrer dans la ville pour les mener à Pasly. Arrivés place de la République, ils sont interpellés par une patrouille allemande. Après vérification des papiers d’identité, ils les laissent passer. Le [45], Soissons sera libérée par le 7e corps de la 1re armée américaine.
À la Libération, la résistance joue un grand rôle et « Roberte » (nom de résistance de Raymonde Fiolet) est maire de Soissons durant quelques mois[46].