Autriche sous le nazisme
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L'Autriche sous le nazisme est une période de l'histoire de l'Autriche, depuis l'annexion du pays par le Reich allemand le — connue sous le nom d'Anschluss — jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale et le rétablissement de la République d'Autriche le . La fin temporaire du statut d'État de l'Autriche et la prise de pouvoir par le parti nazi ont été précédées par la Première république autrichienne (1919-1938). Cette Première République, née de l'effondrement de la double monarchie de l'Empire austro-hongrois à la fin de la Première Guerre mondiale et qui ne peut rejoindre la jeune République de Weimar en 1919 à cause de l'interdiction imposée par les puissances victorieuses, est caractérisée par de nombreuses tensions sociales et politiques telles que la guerre civile autrichienne (février 1934), le putsch de juillet (1934), l'austrofascisme (1934-1938) et traverse plusieurs crises économiques.
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Drapeau de l'Autriche entre 1938 et 1945 (drapeau de l'Allemagne entre 1935 et 1945). |
Armoiries de l'Autriche entre 1938 et 1945 (armoiries de l'Allemagne entre 1933 et 1945). |
Statut | territoire du Troisième Reich |
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Langue(s) | allemand |
Monnaie | reichsmark |
13 mars 1938 | Anschluss : l'ancienne Première République autrichienne devient un territoire de l'Allemagne nazie. |
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27 avril 1945 | Restauration de l'indépendance autrichienne sous la forme de la Deuxième République. |
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La domination nazie en Autriche dure sept ans et est suivie d'une occupation alliée de dix ans, jusqu'au 15 mai 1955 où le pays retrouve sa souveraineté par la signature du traité d'État autrichien, suivi du retrait des troupes alliées. Pendant ces dix années, sous la pression des quatre puissances occupantes (États-Unis, URSS, Royaume-Uni et France), la dénazification est régie par la loi prohibitive de 1947 interdisant l'appartenance au NSDAP. Les criminels de guerre, les participants à la Shoah et l'holocauste rom, les crimes de la Wehrmacht sont condamnés par les tribunaux populaires autrichiens et par le procès de Nuremberg ; mais les enquêtes et poursuites à l'encontre des crimes nazis et la récupération des biens volés sont rapidement reportées. L'intérêt international suscité par l'affaire Kurt Waldheim et l'apparition d'une nouvelle génération conduisent à la poursuite d'un travail de mémoire juridique, social, politique et scientifique sur la dictature nazie.
En 1918, après la Première Guerre mondiale et l'effondrement de l'empire austro-hongrois et l'abolition de la monarchie autrichienne, trois partis politiques s'affrontent dans la jeune république provisoire :
- Les sociaux-démocrates du SDAP (Sozialdemokraten) ;
- Les sociaux-chrétiens du CS (Christlichsozialen) ;
- Les nationalistes : Großdeutsche Vereinigung, et à partir de 1920 : Großdeutsche Volkspartei.
D'autres partis mineurs, comme le parti communiste (KPÖ) et le parti national-socialiste (DNSDAP) n'étaient pas représentés à l'assemblée nationale provisoire de l'Autriche allemande et à l'assemblée nationale constituante, ni au conseil national créé en 1920.
Le SDAP, les Großdeutsche aussi appelés Alldeutsche (de), et le DNSDAP étaient clairement favorables, mais pour des raisons différentes, à l'unification du Reich Allemand devenu une république (république de Weimar) et de l'Autriche allemande. Les sociaux-chrétiens étaient également favorables à cette union mais pas à l'unanimité, car certains soutenaient la poursuite de la monarchie et d'autres la république. Pendant les années 1920 et 1930, le KPÖ s'oppose à l'Anschluss alors que les monarchistes, d'abord opposés, la défendent plus tard après l'échec de la République des conseils de Bavière et la venue des conservateurs au pouvoir en Allemagne.
Avec la proclamation de la république par l'Assemblée nationale provisoire de l'Autriche allemande le 12 novembre 1918, la question de la monarchie est réglée. Mais, au printemps 1919, les vainqueurs de la Première Guerre mondiale font comprendre au gouvernement autrichien que le souhait d'une union entre l'Autriche allemande et le Reich est clairement illusoire. Ainsi, le 10 septembre 1919, le traité de Saint-Germain-en-Laye est signé par le premier chancelier Karl Renner (SDAP). Il établit la paix entre l'Autriche et les puissances victorieuses, consacre la dislocation de la monarchie austro-hongroise en sept États, et affirme l'indépendance de l'Autriche, interdisant implicitement l'unification avec l'Allemagne. Le pays prend alors le nom de République d'Autriche et devient un État indépendant au sens du droit international.
Première République
La vie et la politique des années suivant la guerre sont marquées par de grandes difficultés économiques (perte de zones industrielles et de matières premières en Tchécoslovaquie, désormais indépendante, et hyperinflation) et par une opposition croissante des différents camps politiques. De 1918 à 1920, les sociaux-démocrates forment une coalition rouge-noire avec le CS. Mais en 1920, le conseil national succède à l'assemblée nationale constituante ; les chrétiens-sociaux deviennent majoritaires et se rapprochent souvent des nationalistes allemands en vue de former une coalition.
Le 31 mai 1922, le prélat Ignaz Seipel (CS) est élu par le conseil national au poste de chancelier du gouvernement dirigé par le CS. Il réussit à améliorer la situation économique avec l'aide financière de la Société des Nations qui organise une aide internationale pour sauver l'économie autrichienne (Protocoles de Genève sur la reconstruction de l’Autriche (de) en 1922, réforme monétaire de 1925). Sur le plan idéologique, Seipel est un antimarxiste convaincu soucieux de réduire au possible l'influence des sociaux-démocrates : de part et d'autre, leur opposition mutuelle était considérée comme une lutte entre classes sociales.
La coalition chrétienne-sociale au pouvoir est étroitement liée à l'Église catholique. Les sociaux-démocrate du SDAP essaient de développer un contre-modèle dans les années 1920, notamment à Vienne où sont fortement implantés les maires successifs Jakob Reumann et Karl Seitz, par la construction de logements sociaux et un ensemble de mesures de santé et d'éducation qui valent à la capitale son surnom de Vienne la rouge.
Dès ses débuts, la Première république se caractérise par un faible usage de la violence étatique. La Bundesheer est, selon les dispositions des vainqueurs, limitée à 30000 hommes, et la police est mal équipée.
Les premiers groupes paramilitaires, les Heimatwehren, apparaissent dès 1918, comme en Carinthie. C'est dans le Tirol en 1920 qu'apparaît la première « Heimwehr » à l'initiative du député Richard Steidle et avec le soutien de l'organisation bavaroise Escherich liée à la Reichswehr noire, un exemple bientôt suivi dans les autres Länder d'Autriche. C'est après que des membres de l'organisation monarchiste Ostara ont abattu un ouvrier en 1923 que les sociaux démocrates décident la formation de leur propre groupe armé, le Republikanischer Schutzbund.
Il existait d'autres organisations paramilitaires, tels la Frontkämpfervereinigung Deutsch-Österreichs formée d'anciens combattants, les Ostmärkische Sturmscharen d'orientation catholique, les Christlichdeutsche Wehrturner organisés en associations sportives, et le Vaterländischer Schutzbund (littéralement : Ligue de protection patriotique) formé de nazis peu pris au sérieux à leur début et qualifiés de Hakenkreuzler (porteurs de croix gammées) qui seront plus tard intégrés dans la SA autrichienne.
Le 14 novembre 1903 à Aussig en Bohême, alors dans l'Empire austro-hongrois, est fondé le Parti ouvrier allemand (Deutsche Arbeiterpartei, DAP). Le parti est nationaliste allemand et anticlérical, mais n'a pas encore d'orientation antisémite. Il se veut un représentant des autrichiens allemands dans le « Volkstumkampf (combat des peuples) au sein de l'empire pluriethnique »[1]. L'avocat Walter Riehl, qui y a adhéré en 1909, en prend la tête en mai 1918.
À son « Congrès du parti du Reich » les 4 et 5 mai 1918, le DAP prend le nom de « Deutsche Nationalsozialistische Arbeiterpartei » (DNSAP). Avec l'effondrement de la monarchie, le parti se scinde en un camp tchécoslovaque mené par Hans Knirsch et un camp autrichien allemand dirigé par Riehl. À partir de 1920, le DNSAP collabore étroitement avec le parti nazi allemand, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) issu du Parti ouvrier allemand de 1919, dont Adolf Hitler prend le contrôle en 1920. En 1923, le DNSAP compte 23000 adhérents et n'est qu'un phénomène marginal dans le paysage politique autrichien.
Après la prise de contrôle du parti national-socialiste allemand par Hitler, le DNSAP connaît des disputes internes sur la poursuite d'une ligne démocratique et parlementaire que défend Walter Riehl, ou sur une orientation révolutionnaire et extraparlementaire comme celle poursuivie par Hitler. Le congrès du parti tenu à Salzbourg en août 1923 voit la seconde l'emporter. Riehl se démet alors de toutes ses fonctions et part fonder le Deutschsozialer Verein qui demeurera insignifiant sur la scène politique et sera exclu du DNSAP en 1924.
Les conflits internes perdurent néanmoins sous la direction du successeur de Riehl, Karl Schulz. Celui-ci estimant être lié par les règles démocratiques et s'opposant à l'exigence de pouvoir exclusif manifestée par Hitler, le parti nazi autrichien connaît une nouvelle scission. Le 4 mai 1925, Richard Suchenwirth (de), un enseignant de Vienne, fonde le Nationalsozialistischer Deutscher Arbeiterverein qui se soumet sans condition aux exigences d'Hitler et, à la différence d'autres formations nazies, ajoute à son nom la mention Hitlerbewegung (mouvement hitlérien). Ce nouveau parti porte à partir d'août 1926 le nom de « Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei Österreichs – Hitlerbewegung (de) » et devient de facto un groupement régional du NSDAP allemand, alors principalement actif en Bavière.
En Italie, Benito Mussolini devient président du Conseil des ministres d'Italie. Alors qu'il développe dans les années qui suivent un pouvoir dictatorial dans son pays, il devient un allié significatif des chrétiens-sociaux autrichiens et un soutien des Heimwehren.
Aux élections au Conseil national d'avril 1927, le NSDAP ne recueille que 779 voix (0,02 %). Avec 48,20 % des voix, les vainqueurs de l'élection sont, devant les sociaux démocrates (42,31 %), la liste Einheitsliste qui regroupe les chrétiens-sociaux, les nationalistes allemands du GVP, les organisations nationales-socialistes de Riehl et Schulz et d'autres formations. La fin des années 1930 est alors caractérisée par des heurts violents et fréquents entre factions armées qui entraînent un nombre croissant de morts. Le 30 janvier 1927 à Schattendorf, trois membres de la Frontkämpfervereinigung Deutsch-Österreichs tirent sur des militants du Republikanischer Schutzbund social-démocrate et tuent un homme et un enfant ; le 14 juillet, les tireurs sont acquittés par un tribunal de Vienne, ce qui provoque le 15 juillet une manifestation connue sous le nom de Révolte de Juillet pendant laquelle le palais de justice de Vienne est incendié et la riposte armée de la police fait des dizaines de morts.
Les élections au Conseil national de 1930 apportent une majorité relative (41,1 %) aux sociaux-démocrates du SDAP. Les chrétiens-sociaux sont relégués à la deuxième place (35,7 %) mais restent au gouvernement grâce à une coalition avec les nationalistes allemands du GVP et le parti paysan Landbund (de). Avec 3,6 %, le NSDAP échoue à entrer au parlement, mais les années suivantes, il récolte de plus en plus de voix venant de divers groupes et partis nationaux-allemands, ainsi le nombre de ses adhérents croît fortement à partir de 1930, croissance également favorisée par la crise économique des années 1930. Le NSDAP connaît des succès électoraux le 24 avril 1932 lors des élections aux parlements régionaux de Basse-Autriche (14,1 %), Salzbourg (20,79 %) et Vienne (17,4 %) et des élections communales en Styrie (8,2 %). Un des slogans est : « 500000 chômeurs — 400000 Juifs — La solution est très simple ! Votez national-socialiste[2] ».
Dictature, guerre civile et interdiction du NSDAP
Les chrétiens-sociaux sont au pouvoir depuis 1920, un des leurs, Engelbert Dollfuss, est chancelier fédéral d'Autriche depuis mai 1932. Désormais, ils ne sont plus seulement menacés par les sociaux-démocrates. Déjà le chancelier Ignaz Seipel a cherché dans les années 1920 à construire un StändestaatStändestaat, une forme d'État autoritaire sans parlement élu, basé sur la doctrine sociale de l'Église catholique, notamment sur les encycliques Rerum novarum (1891) et Quadragesimo anno (1931). La condition préalable en est la disparition du régime parlementaire. Le 4 mars 1933, un problème de procédure au Conseil national offre au chancelier Dollfuss l'occasion de déclarer l'auto-dissolution du parlement.
Le 20 mai 1933 est fondé le Front patriotique (Vaterländische Front, VF), se définissant comme organisation politique de « tous les autrichiens et autrichiennes fidèles à la patrie » « au-dessus des partis », cependant d'orientation catholique et clairement antimarxiste. Le 26 mai, le parti communiste KPÖ est interdit, le Republikanischer Schutzbund social-démocrate l'est le 30 mai.
Aux élections communales, le NSDAP obtient généralement moins de 25 % des voix, mais sème le trouble dans le Front patriotique au pouvoir en atteignant des résultats de plus de 40 % à Zwettl et Innsbruck. S'y ajoute une vague de terreur causée par les partisans nazis au début de juin 1933 qui culmine avec des attentats causant 4 morts et 48 blessés. Le NSDAP autrichien est interdit le 19 juin 1933 après un attentat à la grenade sur des gymnastes chrétiens à Krems[3]. La terreur diminue les mois suivants mais on dénombre encore jusqu'à la fin de l'année 5 morts et 52 blessés.
Entretemps, le 30 janvier 1933, Adolf Hitler a été nommé chancelier du Reich par Paul von Hindenburg. Dès lors, le parti social-démocrate raye de son programme politique le rattachement à un Reich aux mains des nazis. Le NSDAP autrichien étant interdit, des militants s'enfuient en Bavière où ils fondent la Légion autrichienne (de) qui est hébergée dans des camps et suit un entraînement militaire. La politique de terreur menée en Autriche par les militants du NSDAP reçoit de l'Allemagne un soutien logistique, financier et matériel. C'est dans ce contexte d'agitation globale menée contre l'Autriche qu'après que le ministre de la Justice bavarois Hans Frank a été expulsé d'Autriche pour ingérence dans les affaires intérieures du pays, le gouvernement allemand met en place le 1er juin 1933 la Tausend-Mark-Sperre, une taxe de 1000 Reichsmarks imposée aux citoyens allemands se rendant en Autriche, une mesure qui pénalise lourdement le tourisme du pays.
Le 12 février 1934 se produit à Linz un incident lourd de conséquences. Des membres de l'Heimwehr enrôlés comme police auxiliaire tentent de pénétrer dans un local du SDAP pour y rechercher des armes de l'organisation interdite Republikanischer Schutzbund, ce qui entraîne un affrontement armé qui se propage à tout le pays et débouche sur la guerre civile autrichienne, dite aussi Insurrection de février. La police et les unités de l'Heimwehr qui les soutiennent sous les ordres du chef de l'Heimwehr et ministre de l'Intérieur Emil Fey font tourner à leur avantage les combats qui se poursuivent jusqu'au 14 février. S'ensuivent l'interdiction immédiate du SDAP, de toutes les organisations sociales-démocrates et des syndicats, de nombreuses arrestations, le rétablissement de la peine de mort, et la mise en sommeil de la Cour constitutionnelle par le non-remplacement des sièges laissés vacants.
Après l'élimination de toute opposition politique peut être instauré le régime austrofasciste, le Ständestaat. Le 1er mai 1934, Dolfuss fait entrer en vigueur la Constitution de mai (de).
Putsch de juillet et influence allemande
Le début de l'année 1934 voit une nouvelle vague d'attentats commis par les nationaux-socialistes. Les objectifs visés ne sont plus seulement les personnes mais les institutions de l'État. Dans la première moitié de l'année, on dénombre 17 morts et 171 blessés. Le 25 juillet, la SS Standarte 89 tente un putsch : 150 hommes pénètrent dans la chancellerie fédérale à Vienne, le chancelier Dollfuss est gravement blessé et succombe quelques heures plus tard. Un autre groupe occupe le bâtiment de la radio d'État RAVAG (de) et fait émettre un message radiophonique annonçant le retrait du gouvernement Dollfuss et la nomination de l'ancien ministre de l'Éducation Anton Rintelen (de) au poste de chancelier. Cette fausse annonce a pour but de provoquer un soulèvement nazi dans les Länder autrichiens, soulèvement qui ne se produit qu'en partie. La tentative de coup d'État est finalement réprimée après des combats parfois particulièrement violents.
En Styrie, les combats se prolongent jusqu'au 27 juillet et en Carinthie jusqu'au 30. Des éléments de la Légion autrichienne partent de Bavière et essaient de parvenir jusqu'à Linz mais sont repoussés à la frontière à Kollerschlag. Plusieurs milliers de membres du NSDAP sont arrêtés, 4000 d'entre eux s'enfuient en Allemagne et en Yougoslavie. Nombre d'entre eux rejoignent la Légion autrichienne où ils sont incorporés ; celle-ci sera officiellement dissoute quelque temps plus tard mais dans les faits seulement transférée vers le nord et renommée en Hilfswerk Nord-West. L'Italie fasciste, soutien et allié du régime de Vienne, place durant le putsch des troupes au col du Brenner afin de dissuader les troupes allemandes d'une possible incursion en Autriche.
Le gouvernement allemand déclare ne pas être mêlé au putsch. Il entreprend alors de saper les fondements du système politique autrichien à l'aide d'hommes de confiance. Si le parti nazi autrichien, interdit, continue à être soutenu par le régime d'Hitler, celui-ci accorde aussi une attention croissante aux sympathisants qui ne sont pas encartés. Il s'appuie entre autres sur le maire de Linz Franz Langoth, le maire-adjoint d'Innsbruck Walther Pembaur, le militant nazi Anton Reinthaller, le numéro deux du parti nazi autrichien Edmund Glaise-Horstenau, l'universitaire nazi Taras Borodajkewycz, ou Arthur Seyss-Inquart.
Le 3 octobre 1935, les troupes de Mussolini déclenchent la seconde guerre italo-éthiopienne en Abyssinie. Mussolini est alors isolé sur le plan international et entreprend un rapprochement avec Hitler. Pour le Front patriotique au pouvoir en Autriche, cela représente une perte de soutien considérable, et le chancelier Kurt Schuschnigg, successeur de Dollfuss, cherche à améliorer les relations avec le Reich. Comme ses prédécesseurs, il tient à préserver l'indépendance de l'Autriche, le pays étant pour lui le « deuxième meilleur État allemand[4] ».
Le 11 juillet 1936, Schuschnigg conclut avec le Reich l'accord de juillet (de) qui prévoit l'amnistie des militants nazis emprisonnés et l'autorisation des journaux nazis à reparaître. De plus, Schuschnigg s'engage à prendre dans son gouvernement deux hommes-clés des nazis : Edmund Glaise-Horstenau devient ministre sans portefeuille et Guido Schmidt (de) devient ministre des Affaires étrangères. Arthur Seyß-Inquart entre au Conseil d'État, une instance de conseil du gouvernement. En échange, le Reich lève la Tausend-Mark-Sperre. Le travail de sape du Front patriotique par les nazis est d'autant facilité qu'en 1937 il leur est autorisé d'y adhérer. Dans toute l'Autriche sont créés des Volkspolitische Referate, des séminaires politiques en partie dirigés par des nazis qui servent de prétexte légal pour la réorganisation du parti.
À partir de 1937, il devient clair que du point de vue allemand l'annexion de l'Autriche n'est plus qu'une question de temps[5]. Dans Mein Kampf paru entre 1924 et 1925, Hitler a déjà posé son exigence de « ramener l'Autriche allemande à la grande patrie allemande ». La soumission de l'Autriche et des territoires tchèques fait aussi partie de ses projets stratégiques mentionnés dans la note Hossbach du 5 novembre 1937.
Hermann Göring, le « deuxième homme de l'État national-socialiste » selon Hitler, a déjà fait plusieurs déclarations en ce sens. Sur un mur de sa résidence de Carinhall est accrochée une carte de la Grande Allemagne sans frontière entre l'Autriche et l'Allemagne. Pour Göring, chargé du ministère de l'Économie du Reich de novembre 1937 à janvier 1938, l'Autriche présente des ressources dont on peut tirer parti : l'industrie de guerre allemande a presque épuisé les réserves d'or et de devises, et la banque nationale d'Autriche possède elle des réserves encore conséquentes. L'Autriche possède également du minerai de fer et du pétrole, et parmi les 500000 chômeurs se trouvent des travailleurs qualifiés pouvant être employés dans l'industrie de l'armement.
L'ambassadeur à Vienne Franz von Papen organise le 12 février 1938 une rencontre entre Hitler et Schuschnigg à Berchtesgaden. Le chancelier allemand menace expressément Schuschnigg de faire entrer ses troupes en Autriche et le contraint à une série de mesures en faveur des nationaux-socialistes autrichiens. L'accord de Berchtesgaden (de) qu'il fait signer à Schuschnigg garantit la libre activité politique au NSDAP autrichien interdit depuis 1933, et fait accéder Arthur Seyss-Inquart au poste de ministre de l'Intérieur.
L’annexion
Prise du pouvoir
Après la démission du chancelier Kurt Schuschnigg, le président fédéral Wilhelm Miklas mène des discussions infructueuses avec des chrétiens-sociaux, puis charge Arthur Seyss-Inquart de constituer un nouveau gouvernement. Celui-ci est chancelier fédéral du 11 au 13 mars 1938, et doit procéder à l'« anschluss » bien que cela rende son poste de chancelier obsolète et qu'il ait préféré une mise au pas de l'Autriche avec Hitler comme chef de deux États.
Le 11 mars, des nazis autrichiens, par exemple à Graz, prennent le pouvoir là où les forces de sécurité commencent à vaciller quand l'inquiétude sur leur avenir prend le pas sur leur loyauté. Les acteurs de l'État laissent le champ libre sans résistance. Pour beaucoup d'activistes nationaux-socialistes, la prise du pouvoir doit s'effectuer sans intervention militaire depuis l'Allemagne.
À partir du 11 mars au soir[6] et dans les semaines qui suivient, des SA et des SS arrêtent environ 72 000 personnes, majoritairement à Vienne. Parmi eux figurent des hommes politiques de la Première république, des intellectuels, des fonctionnaires de l'État et avant tout des Juifs dont la plupart sont envoyés au camp de concentration de Dachau en avril 1938 (Prominententransport (de)). Les associations juives sont dissoutes.
Arrivée d'Hitler et de la Wehrmacht
Au matin du 12 mars 1938, environ 65000 hommes de troupe et policiers dont une partie lourdement armés passent la frontière et sont accueillis avec enthousiasme par la population. Le reichsführer-SS Heinrich Himmler arrive à l'aéroport d'Aspen à Vienne accompagné de SS et de fonctionnaires de police pour prendre le contrôle de la police autrichienne. Partout où cela n'avait pas encore été fait, les militants du parti nazi, les SS et les SA occupent les bâtiments et bureaux officiels.
Hitler et Seyss-Inquart ont une entrevue à Linz le soir du 12 mars. Encouragé par l'accueil de la population, Hitler décide d'y annoncer l'Anschluss sans plus attendre et sans se soucier des délais prévus pour la passation de pouvoir. Il annonce depuis le balcon de l'hôtel de ville de Linz la création du « grossdeutsches Reich ». Le jour suivant, le gouvernement de Seyss-Inquart décide de la loi sur « le rattachement de l'Autriche avec le Reich allemand ». Quand Seyss-Inquart présente le texte à la signature au président fédéral autrichien Miklas, celui-ci démissionne et laisse Seyss-Inquart signer le document en tant que chef d'État par intérim. Celui-ci est donc gouverneur du Reich du 15 mars 1938 au 30 avril 1939 et devient, en tant qu'Obergruppenführer SS le chef du « gouvernement régional autrichien ». Il a pour mission de dissoudre les institutions fédérales autrichiennes et d'intégrer l'administration dans celle du Reich allemand.
Proclamation et « référendum »
Hitler vient de passer deux jours dans sa ville de naissance Braunau am Inn quand il arrive à Vienne le 15 mars. Il prend la parole sur la Heldenplatz devant les acclamations d'une foule de dizaines de milliers de personnes et déclare : « En tant que Führer et chancelier de la nation allemande et du Reich, j'annonce devant l'histoire allemande l'entrée de ma patrie dans l'Empire allemand ». Ernst Kaltenbrunner (qui sera condamné à mort au Procès de Nuremberg et exécuté en 1946) est promu Brigadeführer et prend la direction de la SS en Autriche.
Un référendum sur l'anschluss, qui a déjà eu lieu, est planifié pour le 10 avril. Dans les semaines qui précèdent, l'Autriche connaît une propagande sans précédent. Hitler, Goebbels, Göring, Hess et d'autres dirigeants de premier plan du régime nazi apparaissent et tiennent des discours dans des manifestations minutieusement préparées et mises en scène. La presse et la radio (RAVAG) mises au pas n'ont pas d'autre sujet d'émission que le « Oui » au rattachement de l'Autriche au Reich allemand ». Des personnalités autrichiennes comme le cardinal Theodor Innitzer qui signe une déclaration des évêques par « Heil Hitler », et des hommes politiques, comme le social-démocrate Karl Renner, se prononcent pour. Les résultats officiels — dont la fiabilité est fortement mise en doute — donnent 99,73 % des voix en Autriche et 99,08 % en Allemagne en faveur de l'annexion.
Étaient exclus de l'élection 8 % des électeurs : environ 200000 Juifs, près de 177000 « mischlinge » et les personnes emprisonnées pour des raisons politiques ou raciales. Le prétendu « référendum » est considéré par les observateurs extérieurs comme un moyen de propagande nazie et en aucun cas comme la juste expression de la volonté du peuple autrichien.
Persécution spontanée des Juifs
Dans de nombreux endroits, les Juifs autrichiens sont victimes d'agressions et d'humiliations. Beaucoup perdent leur magasin ou leur appartement dont ils sont dépossédés par ceux-là mêmes qui les en ont chassés avec l'aide de la SA ou de fanatiques. Des Juifs sont obligés de revêtir leurs plus beaux habits et forcés de nettoyer à genoux les slogans pro-Schuschnigg des trottoirs, cette humiliation étant connue sous le nom de « Reibpartie (de) ». L'écrivain Carl Zuckmayer décrit ces pogroms de l'Anschluss dans son autobiographie de 1966 comme un cauchemar issu des tableaux de Jérôme Bosch : « L'air était empli d'un hurlement incessant, hystérique, aigu et enragé, des gorges d'hommes et de femmes qui hurlaient des jours et des nuits durant. Et tous ces gens avaient perdu leur visage et n'étaient plus que grimaces tordues : certains dans la peur, d'autres dans le mensonge, d'autres dans un triomphe sauvage et haineux. […] J'ai vécu les premiers jours de la domination nazie à Berlin. Rien de tout cela ne pouvait être comparé à ces jours à Vienne. […] Ce qui s'est déchaîné ici, c'est le soulèvement de l'envie, du ressentiment, de l'amertume, de la vengeance aveugle et malveillante - et toutes les autres voix ont été condamnées au silence »[7].
Le déferlement d'une violence sans limites dans les rues de Vienne n'est selon l'historien Martin Haidinger et l'auteur Günther Steinbach pas lié au fait qu'il y ait eu un antisémitisme plus radical chez les Autrichiens que chez les Allemands. Les causes seraient plutôt à rechercher dans l'histoire spécifique de l'Autriche entre 1934 et 1938, très différente de celle de l'Allemagne. Les quatre années d'interdiction du NSDAP auraient façonné une mentalité particulière chez les nazis autrichiens ; pendant l'interdiction, ceux qui avaient des contacts avec la pègre les auraient particulièrement développés, mener des activités dans l'illégalité n'étant pas à la portée de tout un chacun. Le déclenchement de la violence serait aussi à mettre en relation avec l'aspect soudain de l'Anschluss : les nazis autrichiens ignoraient encore le vendredi 11 mars 1938 qu'ils seraient détenteurs de tous les pouvoirs le dimanche[8].
Administration
Le 18 mars est installé dans ses fonctions un Stillhaltekommissär dont la mission est de mettre idéologiquement au pas les associations, organisations et ligues, dont les associations professionnelles. On procède à une estimation des biens de ces dernières afin de les taxer et de financer le service administratif.
Josef Bürckel, auparavant Commissaire du Reich pour la « réintégration » de la Sarre, est nommé le 23 avril Commissaire du Reich pour le rattachement de l'Autriche au Reich allemand. Il est également responsable de la réorganisation du NSDAP autrichien, et en tant que Reichskommissar, responsable de la déportation de masse des Juifs autrichiens.
Avec l'entrée en vigueur de la Ostmarkgesetz (de) le 1er mai 1939, les gouvernements des Länder autrichiens sont supprimés et les compétences de Reichsstatthalter de Seyss-Inquart passent au commissaire Bürckel. Les dirigeants régionaux deviennent Reichsstatthalter et les Länder deviennent des Reichsgaue. Toutes les structures administratives encore existantes sont dissoutes et intégrées dans celles du Reich le 31 mars 1940. La mission de Bürckel étant terminée, Baldur von Schirach lui succède comme Reichsstatthalter et Gauleiter de Vienne de 1940 à la fin de la guerre.
Armée
Sur ordre du gouvernement, l'armée autrichienne n'oppose pas de résistance à l'entrée des troupes allemandes sur le territoire. Le chef d’état-major Alfred Jansa a exigé, alors qu'il était en fonction avant sa mise à la retraite forcée en février 1938, que l'armée autrichienne s'oppose aux troupes allemandes, mais il n'a trouvé aucun soutien dans le gouvernement de Seyss-Inquart. Il n'y a qu'à Brégence que les premières unités allemandes sont empêchées de passer la frontière parce que le commandant en poste n'a pas reçu d'ordres de Vienne.
L'intégration de l'armée fédérale est achevée le 29 mars. La plus grande partie des militaires, officiers comme soldats, est incorporée à la Wehrmacht à l'automne 1938, selon leur grade militaire. Les officiers qui ne prêtent pas allégeance à Hitler sont mis à la retraite d'office. L'Autriche est séparée en deux régions militaires : le Wehrkreis XVII qui comprend le nord de l'Autriche et le sud de la Tchécoslovaquie avec son siège à Vienne, et le XVIII qui comprend le sud du pays et le nord de la Slovénie et est basé à Salzbourg. L'armée autrichienne est incorporée au groupe d'armées 5 et le service militaire est fixé à deux ans.
En raison du poids démographique réduit de l'Autriche en comparaison avec l'Allemagne, les soldats de l'« Ostmark » n'étaient en nombre que dans quelques unités comme les troupes de montagne. De nombreux Autrichiens furent incorporés ou mutés dans des divisions de l'« Altreich ». Dans l'aviation et la marine, ils étaient nettement sous-représentés. Ce n'est qu'après l'invasion de la Norvège, en particulier l'opération Weserübung où les Allemands cherchaient à s'assurer la mainmise sur les réserves de minerai de fer de Kiruna, que la propagande nationale-socialiste mettra en valeur le rôle des chasseurs alpins de l'Ostmark (de toute façon dirigés par le général bavarois Eduard Dietl)[9].
Police
La police est placée sous l'autorité du Reichsführer-SS Heinrich Himmler, et sa structure est mise en conformité avec les exigences du ministère de l'Intérieur du Reich. Le chef de la SS autrichienne Ernst Kaltenbrunner est met en place deux structures : une police chargée du maintien de l'ordre, la Ordnungspolizei (qui comprend la Schutzpolizei et la gendarmerie), et une police de sûreté, Sicherheitspolizei (qui comprend la Gestapo et la Kriminalpolizei). Après la formation des nouveaux Gaue autrichiens Alpes et Danube (un Gau était une subdivision administrative et territoriale du Reich), des hauts fonctionnaires de la SS remplacent Kaltenbrunner dans les régions militaires Wehrkreis XVII (Vienne) et Wehrkreis XVIII (Salzbourg).
L'hôtel Métropole de Vienne devient le siège de la Gestapo le 15 mars 1938, sur ordre de Himmler et placé sous l'autorité de Reinhard Heydrich, Obergruppenführer et chef du SD. Avec 900 fonctionnaires, c'est la plus importante unité de la Gestapo en Autriche (en tout 2000 fonctionnaires) et la deuxième plus importante dans le Reich après celle de Berlin[10].
Constitution de l'Ostmark
Hitler n'appréciant pas le nom « Autriche », celui-ci est remplacé par le terme Ostmark (« marche de l'Est ») , une traduction du XIXe siècle pour marcha orientalis, puis en 1942 par la dénomination Donau- und Alpenreichsgaue (Districts du Reich du Danube et des Alpes), le but étant de gommer toute référence historique à un pays indépendant, ce que le nom Ostmark pouvait encore suggérer. Ainsi, à partir de juillet 1942, l'emploi de tout autre terme est sévèrement puni, dans certains cas d'un envoi en camp de concentration.
Josef Bürckel, nommé commissaire du Reich à la réunification de l'Autriche avec le Reich allemand, travaille dès son entrée en fonction à la réorganisation des neuf Länder (régions autrichiennes) en quatre Gaue (districts). Mais le projet échoue, en partie à cause de l'opposition de fonctionnaires nazis locaux qui craignent que cette mesure ne soit pas comprise par une population attachée aux traditions et que cela nuise à l'autorité du régime. En 1939, la loi Ostmark découpe les Länder autrichiens en Reichsgaue qui correspondent au découpage des districts du NSDAP tels qu'ils étaient en mai 1938 : Carinthie, Bas-Danube (auparavant Basse-Autriche), Haut-Danube (auparavant Haute-Autriche), Salzbourg, Styrie et Vienne. Le Vorarlberg est réuni au Tyrol pour former le Gau Tyrol-Vorarlberg, bien que les fonctionnaires nazis locaux eussent préféré une réunion avec le Gau de Souabe. Le Burgenland est intégré au Bas-Danube, au sud de la Styrie. Le Tyrol cède le district de Lienz (ou Tyrol oriental) au Gau de Carinthie : cette mesure est un signal envoyé par Hitler à Mussolini que l'Allemagne n'élèvera aucune prétention sur le Sud-Tyrol, région germanophone italienne.
La signature des accords de Munich le 30 septembre 1938 rattache au Reich les territoires germanophones qui appartenaient à la Tchécoslovaquie depuis 1918. Ceux-ci sont d'abord placé sous la responsabilité d'un Gauleiter (gouverneur de Gau), puis la loi du 25 mars 1939 sur les territoires des Sudètes les incorpore aux Gaue de Bas-Danube et Haut-Danube.
Avec la campagne des Balkans et l'occupation de la Yougoslavie, une partie de la Slovénie est rattachée au Reich, les CdZ-Gebiete Carinthie et Carniole reviennent au Gau de Carinthie, et la Basse-Styrie et la Banovine de la Drave au Gau de Styrie.
Organisation
La structure administrative des Gaue se trouve étroitement liée à celle du NSDAP. Les sept Gaue sont administrés par un Reichsstatthalter dépendant du Ministère de l'Intérieur du Reich, mais qui est aussi Gauleiter, c.a.d. responsable régional du parti inféodé à la centrale du parti nazi à Munich. Dans toute la Grande Allemagne, le parti organise ses Gaue de la même manière en plusieurs subdivisions : Kreis, sous la responsabilité d'un Kreisleiter, Ortsgruppe, sous la responsabilité d'un Ortsgruppenleiter, Zelle, sous la responsabilité d'un Zellenleiter, et tout en bas de l'échelle le Blockleiter, ou Blockwarte, tous ces responsables locaux contribuant à la surveillance de toute la population. Le 1er octobre 1938 entre en vigueur dans toute l'ancienne Autriche une réglementation centralisée (DGO) qui consacre le Führerprinzip au niveau communal.
À la différence de l'« Altreich » (les territoires allemands d'avant 1937), dans l'Ostmark le gouverneur du Gau, responsable administratif, est aussi Gauleiter, responsable du parti, au point qu'il se présente sous le titre de « Gauleiter » même lorsqu'il intervient non pas pour le parti mais dans un cadre administratif.
Burgenland
Dans le Burgenland, le gau est confié au nazi Tobias Portschy (de) qui devient Landeshauptmann (chef du gouvernement). Il œuvre activement pour la propagande à l'encontre des Fremdrassige (terme qu'on peut traduire par « racialement étrangers ») en particulier contre les tsiganes pour lesquels est construit dans son gau un camp de travaux forcé, le Zigeuner-Anhaltelager Lackenbach (de). Néanmoins, après 1945, on ne put juridiquement prouver la participation directe de Portschy à leur persécution.
Dans les derniers mois de la guerre, on tente de transformer le gau de Burgenland en Südostwall (« rempart sud-est »), une ligne de défenses temporaires pour contrer l'avancée de l'Armée rouge en provenance de Hongrie : à cette fin, les responsables nazis locaux mobilisent et emploient dans des conditions épouvantables et criminelles des travailleurs forcés et des prisonniers juifs en provenance de camps de concentration. En mars 1945, les 24 et 25, a lieu le massacre de Rechnitz (de), où 200 travailleurs forcés, la plupart juifs hongrois, sont assassinés par balles car trop épuisés et malades pour travailler.
Vienne
Dans le gau du Grand-Vienne (de), le premier Gauleiter et gouverneur est Odilo Globocnik (avant qu'il soit nommé chef de la SS et de la police en Pologne, voir Aktion Reinhard), suivi par Josef Bürckel puis Baldur von Schirach de 1940 à 1945. En juin 1938, la ville est découpée en neuf, puis dix districts, 436 Ortsgruppen, 2470 Zellen et 14254 Blocks ; en bas de l'échelle, les Blockwarten surveillent entre 30 et 40 personnes. En octobre, les communes périphériques sont intégrées au Grand-Vienne, le gau atteint alors 1.224 km².
Heydrich, chef du SD fait saisir l'hôtel Metropol et y installe le siège de la Gestapo. Avec 900 fonctionnaires autrichiens dirigés par des officiers allemands, la Gestapo de Vienne rejoint en taille celle de Prague.
Le sort des Juifs autrichiens se joue en deux étapes : ils sont d'abord l'objet d'humiliations, souvent déclenchées spontanément par leurs voisins, ou par la foule ; puis viennent de façon systématique, organisée, les pillages, les expulsions et les assassinats : à cette période, Adolf Eichmann officie à la section du SD de Vienne et prend en charge les affaires juives ; à ce titre, il organise l'« émigration forcée », en fait l'expulsion, des Juifs d'Autriche. Des 200 000 Juifs vivant à Vienne en 1938, il n'en reste plus quelques douzaines en avril 1945.
Dans les derniers mois de la guerre, la ville est lourdement bombardée, puis prise par les Soviétiques lors de l'offensive Vienne en avril 1945. Theodor Körner, plusieurs fois emprisonné par les nazis et futur président de la république, devient maire de Vienne.
Des installations et bâtiments érigés à Vienne sous le régime nazi ne subsistent que six tours de DCA, le port pétrolier et le port céréalier sur le Danube.
Carinthie
La prise du pouvoir en Carinthie est achevée dès début mars 1938, y compris au niveau communal. Le parti nazi y est fortement implanté, avec 6,5% de la population autrichienne, la Carinthie représente 7,2% des militants de tout le NSDAP.
Après la conquête de la Yougoslavie en 1941, les autorités prévoient d'expulser les Slovènes de Carinthie et de les déporter dans la région de Lublin, soit 20 000 à 50 000 personnes. Mais en raison des aléas de la guerre, des protestations internes et d'une guerre de partisans qui s'amorce, le projet ne fut que partiellement mené : en avril 1942, 1 075 paysans slovènes sont chassés de leurs fermes et déportés dans le Altreich, et leur fils sont enrôlés de force dans la Wehrmacht. Leurs exploitations agricoles sont données à des Volksdeutsche d'Europe de l'Est déplacés dans le Reich.
Cette politique anti-slovène donne naissance à une guerre de partisans. En avril 1941, un front de libération slovène est fondé, Osvobodilna fronta. Ses combattants sont actifs dans le sud de la Carinthie : ils connaissent comme leur poche cette région montagneuse peu habitée et peuvent compter sur le soutien discret de la population. Pour les combattre, les forces mobilisées sont conséquentes, en 1944-45, on dénombre environ 15 000 soldats déployés dans la région. Pendant toute la guerre, la résistance slovène perd environ 500 hommes. Cette guerre de maquis constitue le seul mouvement armé ininterrompu et organisé de résistance contre le nazisme dans tout le Reich allemand.
Le régime nazi fait 2 400 autres victimes dans le gau : handicapés, Juifs, résistants, tsiganes. Le camp de concentration de Loïbl et le camp de Klagenfurt-Lendorf sont des camps annexes (Außenlager) du camp de concentration de Mauthausen. En tout, 62 000 prisonniers et civils sont soumis au travail forcé dans le gau de Carinthie.
La région de Klagenfurt et le nœud de communication de Villach sont les cibles des bombardements alliés à partir de 1944. Avec Wiener Neustadt, Villach est la ville la plus durement touchée d'Autriche, le reste de la région est épargné, car les Alliés y pénètrent alors que le cessez-le-feu a déjà été prononcé.
Le 7 mai 1945, les représentants de partis démocratiques prennent le contrôle de l'administration du Gauleiter Friedrich Rainer. Le 8 mai, les troupes britanniques entrent dans Klagenfurt, suivies de troupes yougoslaves qui veulent mettre en œuvre le rattachement d'une partie de la Carinthie à la Yougoslavie. Sous la pression des Britanniques et des Soviétiques, les Yougoslaves doivent évacuer début mai, mais l'opération traîne et des civils sont abattus lors de leur retraite[11].
Basse-Autriche (Bas-Danube)
Le Gauleiter est Hugo Jury. Le siège administratif reste à Vienne, mais le Gauleiter est basé à Krems. Outre la partie nord du Burgenland, le gau hérite également, à la suite des accords de Munich, de territoires majoritairement germanophones de Moravie-du-Sud appartenant à la Tchécoslovaquie et annexés par le Reich, notamment les villes de Znaïm et Mikulov.
À l'est de Schwechat, un aérodrome est construit par la Luftwaffe, qui deviendra plus tard l'aéroport de Vienne-Schwechat.
Le village de Döllersheim, lieu de naissance d'Alois Hitler dans le Waldviertel, et 40 communes environnantes sont vidées de leurs habitants pour construire le plus grand terrain d'essai militaire de la Wehrmacht. Au cours de la guerre, le terrain sert de zone de rassemblement pour les troupes qui partent combattre sur le front de l'Est, on y stocke aussi les biens pillés dans les pays envahis, et on y installe un camp de prisonniers de guerre.
Vers la fin de la guerre, en raison de sa position stratégique, le gau concentre une industrie lourde (aéronautique notamment) et des camps de travailleurs forcés y sont construits. La région voit aussi se dérouler la dernière bataille de la guerre, l'Offensive Vienne.
Haute-Autriche (Haut-Danube)
Le 14 mars 1938, August Eigruber, déjà Gauleiter de Haute-Autriche, prend son poste de Landeshauptmann. Le 12 avril, il est nommé Reichsstatthalter du Haut-Danube. À la fin de la guerre, Eigruber sera arrêté, jugé par le tribunal militaire de Dachau et condamné à mort pour crimes de guerre commis au camp de concentration de Mauthausen. Ce camp de concentration est mis en place quelques semaines après la prise de pouvoir par les nazis. À la différence d'autres camps de concentration dans l'« Altreich » ou des camps d'extermination dissimulés dans les épaisses forêts de Pologne, celui de Mauthausen est édifié sur la crête d'une colline, volontairement mis en valeur, signe de menace et affirmation du pouvoir nazi. Il reçoit comme camp annexe le camp de concentration d'Ebensee ouvert en 1943, destiné à exploiter des prisonniers à la construction d'usines d'armement souterraines. Par ailleurs, à l'ouest de Linz se trouve le centre de mise à mort de Hartheim où sont assassinés des handicapés dans le cadre de l'Aktion T4, puis des prisonniers des camps lors de l'Aktion 14f13.
Linz, « ville filleule du Führer »
Hitler a suivi ses études secondaires à Linz de 1900 à 1903, à l'époque où sa famille habite à Leonding. Il y vit quelques années, à partir de 1905, avec sa mère (le père, Alois, est mort en 1903). Il y dessine déjà des esquisses de bâtiments, de monuments et ébauche une réorganisation de la ville. Hitler la désigne par un titre honorifique, ville filleule du Führer : ce n'est pas seulement la ville où il souhaite être inhumé, mais surtout il veut la remodeler de fond en comble afin d'en faire une métropole du Danube qui surpasse Vienne et Budapest (Linz doit devenir le « Budapest allemand »).
Il prévoit toute une série de bâtiments énormes (bibliothèque, théâtre...), une avenue immense, et veut y installer un gigantesque musée, le Führermuseum, qui comprendrait la plus grande galerie d'art et de peinture du monde et dont les œuvres proviendraient de toutes les collections du Reich, mais aussi du pillage des collections dans les pays envahis et de la spoliation des collectionneurs juifs. Hitler gardera plans et maquettes avec lui jusque dans son bunker de Berlin, mais rien ne sera réalisé, la totalité des dépenses allant à l'effort de guerre.
Linz était aussi destinée à devenir le point fort de l'industrie lourde allemande : en mai 1938 est créé l'ensemble d'aciéries Reichswerke AG für Erzbergbau und Eisenhütten Hermann Göring du conglomérat du même nom que Göring inaugure le 13 mai.
Salzbourg
Le gau connaîtra deux Gauleiter : Friedrich Rainer de 1940 à 1941, puis Gustav Adolf Scheel de 1941 à 1945. Des institutions supra-régionales sont basées à Salzbourg : le Gauleiter est en même temps Reichsverteidigungskommissar (chargé de la défense civile) de la 18e région militaire, chef supérieur de la SS et de la Police et chef de la section SS Alpenland.
Malgré des résistances et une tentative de conciliation avec le nouveau pouvoir, l'église catholique fortement implantée dans la région perd de nombreuses prérogatives ; l'enseignement catholique, comme dans le reste de l'Autriche, est interdit et une partie des biens ecclésiastiques sont confisqués. Sur le plan culturel, les nazis veulent libérer Salzbourg des influences « cléricales et juives » : ainsi, le secrétaire à l'Éducation Karl Springenschmid organise un autodafé le 30 avril 1938 sur la Residenzplatz. La communauté juive de Salzbourg compte en 1938 environ 200 personnes dont beaucoup fuient après l'Anschluss. Pendant la nuit de Cristal, la synagogue est détruite, les magasins des Juifs sont dévastés ou expropriés, et tous les hommes juifs de la ville sont emprisonnés. Le Gauleiter Rainer déclare à la suite du pogrom que la ville est « lavée des Juifs » (judenrein).
Le Festival de Salzbourg continue à avoir lieu sous la période nazie, mais est interdit par Goebbels, comme tous les autres grands spectacles, après le complot du 20 juillet 1944. Le manque d'artistes de valeur, émigrés ou refusant de collaborer, entraîne une baisse d'influence du festival.
Le 21 mars 1938, Hitler en personne inaugure l'autoroute Salzbourg-Linz dans une mise en scène soigneusement étudiée. Mais des 300 kilomètres initialement prévus, seule une portion de 17 kilomètres est réalisée, sur un site où le paysage se prête à la photographie de propagande.
Les bombardements de 1944-1945 touchent principalement la gare, le centre-ville et quelques localités environnantes. La capitale du Land est prise le 4 mai par les troupes américaines qui y entrent sans combattre.
Styrie
En Styrie, particulièrement à Graz, ont lieu dans les semaines précédant le 12 mars 1938 toute une série d'événements et de manifestations orchestrés par les militants du NSDAP qui exigent un changement du pouvoir et l'« Anschluss », et où des sympathisants du camp opposés sont violemment agressés. Quand le 11 mars, le gouvernement de Schuschnigg commence à montrer des signes de faiblesse, les nationaux-socialistes s'emparent du pouvoir en Styrie avant même l'entrée des troupes allemandes.
Les matières premières et les zones industrielles sont rapidement intégrées dans le Plan de quatre ans, le programme nazi d'armement, notamment les richesses minières des Eisenerzer Alpen et les unités de production entre la Mürz et la Mur. Là aussi on emploie massivement des travailleurs forcés et des prisonniers de guerre : entre 1939 et 1944, on passe de 1700 travailleurs dans les mines à 4514 travailleurs forcés et 1871 prisonniers de guerre. Ceux qui tombent malade sont envoyés au camp de concentration de Mauthausen qui gère aussi le camp annexe K-L. Eisenerz. Parmi les travailleurs forcés amenés en Styrie, 80% viennent de Slovénie dont le territoire nord est devenu une division territoriale nazie, le CdZ-Gebiet Marche de Basse-Styrie, contrôlé par le Gauleiter de Styrie Sigfried Uiberreither et destiné à être germanisé.
À la fin de la guerre, des groupes de partisans se forment autour de Leoben et dans le massif montagneux du Koralpe et entretiennent des contacts avec les partisans yougoslaves.
Graz, ville du « soulèvement populaire »
Le 24 février, avant l'Anschluss et alors que le NSDAP est toujours interdit, des militants nazis parviennent, avec l'accord du maire de Graz, à accrocher le drapeau à croix gammée sur la mairie, ce qui vaudra à la ville le titre de « bastion du national-socialisme ». Les étudiants des universités de Graz participent aux manifestations et sont nombreux à rejoindre les SA et les SS. Ils saluent l'annexion et propose qu'on renomme l'université en Adolf-Hitler-Universität, qu'il conçoivent comme le poste avancé de la science allemande au sud-est du Reich, « la pionnière de la germanité » et le « rempart contre le danger venant de l'Est ».
Immédiatement après la prise du pouvoir, les représentants des partis d'opposition sont arrêtés. 2 400 habitants, considérés comme Juifs selon les lois de Nuremberg, sont expropriés, contraint à l'émigration ou emmenés à Vienne. Leur salle de cérémonie et leur synagogue sont détruites en novembre 1938, et en mars 1940, la ville est dite « lavée des Juifs ». Le 25 juillet 1938 a eu lieu une cérémonie en mémoire des putschistes de 1934, lors de laquelle Hitler décerne à la ville le titre de « ville du soulèvement populaire ».
Tyrol-Vorarlberg
Le Tyrol autrichien et le Vorarlberg fusionnent en avril 1938 pour former le Reichsgau Tirol-Vorarlberg (en). Le NSDAP organise le gau en 10 kreise, 813 zellen et 4821 blocks. Le Gauleiter est Franz Hofer qui siège à Innsbruck. En 1942, le gau compte 70 348 adhérents au NSDAP, et est celui qui compte le plus d'adhérents rapporté à sa population.
En mars 1938, les enfants juifs sont exclus des écoles, les autorisations d'exercer pour les artisans juifs sont retirées, les baux de location des magasins juifs sont annulés et transférés à des « ariens ». Pendant la Nuit de cristal, la plupart des dirigeants de la communauté juive d'Innsbruck sont assassinés, la salle de prière de la Sillgasse est détruite. En 1939, l'ensemble des Juifs du gau ont fui ou ont été expulsés[12].
Après l'armistice de Cassibile, le gau devient la Zone d'opérations Alpenvorland — les troupes allemandes occupent alors le Sud-Tyrol, sous les ordres du Gauleiter Hofer, mais le Sud-Tyrol n'est pas annexé.
Le Reich allemand prend possession de tous les actifs de l'État autrichien. Les importantes réserves d'or d'un montant de 2,7 milliards de Schillings, soit 1,4 milliard de Reichsmarks, sont transférées de la Banque nationale d'Autriche à la Reichsbank à Berlin. Elles représentent 18 fois les réserves en devises (77 millions de Reichsmarks) que Hjalmar Schacht a mis à disposition du gouvernement allemand pour ses dépenses. Les réserves d'or et les devises étrangères déposées par l'Autriche à la Banque d'Angleterre sont sans plus attendre remises à Berlin par le gouverneur Montagu Norman.
Avec l'introduction du Reichsmark, le Schilling autrichien est échangé à un taux de 1,5 Shilling pour 1 Reichsmark[13] ; le choix de ce taux de change ne correspond pas à la valeur respective des deux monnaies, mais est uniquement fait pour faciliter la reprise des actifs autrichiens par le gouvernement et les entreprises du Reich. Les conseils d'administration des grandes sociétés, des banques, des compagnies d'assurance et d'autres entreprises sont peu à peu occupés par des fidèles au régime et évidemment « arianisés ». Les entreprises appartenant à des Juifs sont aussitôt placées sous administration provisoire et confisquées ; les cadres juifs sont immédiatement licenciés.
L'intégration de l'économie autrichienne dans le Plan de quatre ans commence le 12 mars 1938, immédiatement après l'Anschluss. Sur les 21 banques du pays, six sont liquidées et les cinq plus grandes sont fusionnées dans des établissements bancaires de l'Altreich.
Un nombre considérable d'entreprises autrichiennes passent dans le giron de groupes allemands, sous la pression politique et souvent avec le soutien des établissements financiers intégrées dans le système bancaire du Reich. Cela a pour conséquence que la part des entreprises allemandes dans le capital des entreprises autrichiennes passe de 9 % en 1938 à 57 % à la fin de la guerre. L'incorporation des entreprises autrichiennes dans les groupes allemands donne lieu à des luttes de pouvoir intenses, comme lors de la prise de contrôle de la Creditanstalt-Bankverein (CA-BV) par la Deutsche Bank et la Dresdner Bank, et la lutte pour la prise de contrôle d'Alpine Montan AG entre VESTAG et les Hermann-Göring-Werke.
Pour de nombreux Autrichiens, la réorganisation de l'économie entraîne l'amélioration d'une situation auparavant précaire. De nouveaux emplois sont créés dans l'agriculture et l'industrie, dans des projets de grande envergure comme les Hermann-Göring-Werke près de Linz (aujourd'hui Voestalpine) et au chantier naval de Linz (aujourd'hui ÖSWAG, fondé le 24 juin 1938). Cependant, la construction de l'autoroute et la construction de la centrale électrique de Kaprun (de) n'ont pas eu d'impact significatif, la première consistant en quelques kilomètres près de Salzbourg uniquement construits pour les films de propagande, et Kaprun n'ayant jamais dépassé le stade du prélèvement d'échantillons de roche et le début du chantier sous le Troisième Reich.
L'exclusion systématique des citoyens juifs de la vie économique et de la fonction publique contribue grandement à la création d'emplois. Moins d'un an après l'Anschluss, le chômage est pratiquement inexistant. Environ 100 000 travailleurs, particulièrement des travailleurs qualifiés, sont envoyés de force dans l'Altreich. Les jeunes hommes doivent entrer dans le Reichsarbeitsdienst et n'intègrent donc pas les statistiques de demandeurs d'emploi. Avec le déclenchement de la guerre, ils sont enrôlés dans la Wehrmacht, les filles intégrant, elles, le BDM pour travailler dans l'agriculture.
L'ensemble des mesures économiques prises par le Reich sont conformes aux plans de réarmement de l'Allemagne. Les critiques qui ont pu être émises sur ce réarmement sont criminalisées par la police secrète, et jugulées avant qu'elles n'atteignent jamais l'opinion publique. Les projets de guerre d'Hitler ne sont alors connus que de quelques initiés.