Bataille d'Okinawa
engagement terrestre majeur allié, campagne des archipels Ogasawa et Ryūkyū (1945), Guerre du Pacifique / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La bataille d'Okinawa se déroule du 1er avril au 22 juin 1945, soit quatre-vingt-deux jours, dans l'archipel Okinawa au Japon lors de la Seconde Guerre mondiale. Dernière grande bataille de la Seconde Guerre mondiale, elle a été l'une des plus sanglantes sur le théâtre du Pacifique. C'est également le plus grand assaut amphibie de la guerre du Pacifique[A 2],[A 3].
Date | – |
---|---|
Lieu | Okinawa, Japon |
Issue | Victoire des Alliés |
États-Unis Royaume-Uni |
Empire du Japon |
A terre : En mer : Total : |
|
Pertes humaines[4],[5],[6] : US Army et United States Marine Corps :
US Navy :
Pertes matérielles :
|
Pertes humaines[9] : Pertes matérielles :
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Seconde Guerre mondiale,
Guerre du Pacifique
Batailles
Campagne des archipels Ogasawara et Ryūkyū
- Bataille d'Iwo Jima
- Bataille d'Okinawa
- Opération Kikusui (en)
- Opération Ten-Gō
Japon :
- Raid de Doolittle
- Bombardements stratégiques sur le Japon (Tokyo
- Yokosuka
- Kure
- Hiroshima et Nagasaki)
- Raids aériens japonais des îles Mariannes
- Campagne des archipels Ogasawara et Ryūkyū
- Opération Famine
- Bombardements navals alliés sur le Japon
- Baie de Sagami
- Invasion de Sakhaline
- Invasion des îles Kouriles
- Opération Downfall
- Reddition du Japon
- Invasion de l'Indochine (1940)
- Océan Indien (1940-45)
- Guerre franco-thaïlandaise
- Invasion de la Thaïlande
- Campagne de Malaisie
- Hong Kong
- Singapour
- Campagne de Birmanie
- Opération Kita
- Indochine (1945)
- Détroit de Malacca
- Opération Jurist
- Opération Tiderace
- Opération Zipper
- Bombardements stratégiques (1944-45)
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 26° 30′ 00″ nord, 128° 00′ 00″ est |
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Au terme d'un long effort de conquête de plusieurs îles toujours plus proches du Japon, les Alliés prévoient d'utiliser Okinawa, une grande île à 550 km de l'archipel japonais, comme base de l'assaut final contre le Japon. La possession de l'île doit aussi permettre d'intensifier les frappes aériennes sur le Japon en prévision de l'invasion. La prise d'Okinawa permet enfin de couper les dernières lignes d'approvisionnement avec le Sud-Est de la Chine. Des forces considérables sont mises en œuvre car au fur et à mesure de la conquête, les Américains sont confrontés à un ennemi toujours plus agressif et déterminé.
Pour le commandement japonais, l'île d'Okinawa est le prolongement stratégique d'Iwo Jima. Il était persuadé que les Alliés auraient impérativement besoin de l'archipel pour lancer une future offensive amphibie au cœur du Japon, ce qui faisait d'Okinawa la clé de l'Empire. Les préparatifs pour la défense y ont donc été extrêmement poussés.
La bataille a été dénommée le « typhon de l'acier » en anglais (nom de code « opération Iceberg »[10]), et Tetsu no ame (« pluie d'acier ») ou Tetsu no Bofu (« vent violent d'acier ») en japonais[B 2],[A 4],[B 3]. Les surnoms se réfèrent à la férocité des combats, à l'intensité des attaques kamikazes des défenseurs japonais, et au nombre des navires et véhicules blindés alliés qui ont participé à l’opération. Selon des sources gouvernementales d'Okinawa[B 4], le Japon a perdu 77 166 soldats, tués ou suicidés, et les Alliés dénombrent 14 009 morts (et un total estimé à plus de 65 000 victimes de toutes sortes). Simultanément, entre 42 000 à 150 000 civils ont été tués. Les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki et l'invasion soviétique de la Mandchourie[11],[B 5] poussent finalement le Japon à se rendre moins de deux mois après la fin des combats à Okinawa.
Alliés
Les forces alliées en présence se composent essentiellement de la cinquième flotte des États-Unis (la Central Pacific Task Forces) sous le commandement de l'amiral Raymond Spruance et aligne environ 1 300 bâtiments :
- Covering Forces and Special Groups (Task Force 50) directement sous le commandement de Spruance:
- Fast Carrier Force (TF 58) sous le commandement du vice-amiral Marc Mitscher avec quatre vingt huit navires (incluant onze porte-avions, six porte-avions légers, sept cuirassés et dix huit croiseurs)[12];
- British Carrier Force (TF 57) sous le commandement du vice-amiral Bernard Rawlings composée de quatre porte-avions, deux cuirassés, cinq croiseurs, quatorze destroyers[12]
- Joint Expeditionary Force (TF 51) sous le commandement du vice-amiral Richmond K. Turner (qui tient le poste de commandant des Forces amphibies du Pacifique)[13]
- Amphibious Support Force (TF 52) sous le commandement du contre-amiral William H. P. Blandy (en)[13]
- TG 52.1: dix huit porte-avions d'escorte avec quatre cent cinquante avions[13]
- Sl Escort Carrier Group: quatre porte-avions d'escorte avec les Marine Aircraft Group 31 et Marine Aircraft Group 33 (en)[13]
- Mine Flotilla (TG 52.2)
- Underwater Demolition Flotilla (TG 52.11): des unités Underwater Demolition Team embarquées sur des destroyers d'escorte[13]
- 170 fire support landing craft
- Western Islands Attack Group (TG 51.1) sous le commandement du contre-amiral Ingolf N. Kiland avec la 77e division d'infanterie, dix-sept transporteurs et cargos d'attaque et cinquante six Landing Ship Tank[13]
- Northern Attack Force (TF 53) sous le commandement du contre-amiral Lawrence F. Reifsnider commandant du Amphibies Groupe 4, à bord de l'USS Panamint (AGC-13) (en) avec la III Marine Expeditionary Force (du Major-général Roy Geiger) embarquée sur plus de quarante transporteurs et cargos d'attaque et soixante sept LST et navires de soutien[13];
- Southern Attack Force (TF 55) sous le commandement du contre-amiral John L. Hall avec le 24e corps d'armée du Major-général John R. Hodge[13]
- Demonstration Group (TG 51.2) avec la 2e division des Marines[13]
- Gunfire and Covering Support Group (TF 54) sous le commandement du contre-amiral Morton Deyo avec dix vieux cuirassés du Battleship Squadron 1, onze croiseurs et trente destroyers[B 6]
- Expeditionary Troops (TF 56) sous commandement du lieutenant-général Simon Bolivar Buckner, Jr. avec la 10e armée[13]
- Amphibious Support Force (TF 52) sous le commandement du contre-amiral William H. P. Blandy (en)[13]
Le corps expéditionnaire TF 56 est la plus grande force au sein de la TF 50 ; il est construit autour de la 10e armée. (commandée par le général Simon Bolivar Buckner, Jr. puis à la mort de celui-ci sous le feu japonais par Roy Geiger). L'armée est principalement composée de deux corps d'armée, le III Marine Expeditionary Force, composé des 1re et 6e divisions des Marines, et le 24e corps d'armée, composé des 7e et 96e divisions d’infanterie. La 2e division des Marines est maintenue en réserve à flot, et la 10e armée contrôle également la 27e division d’infanterie, affectés en garnison et la 77e division d’infanterie. En tout, l'armée compte plus de 102 000 soldats (parmi lesquels près de 38 000 hommes ne sont pas en première ligne : artillerie, troupes d'appui au combat, quartier général, et 9 000 hommes de services divers)[13], plus de 88 000 marines et 18 000 membres de la Navy (principalement des Seabees et du personnel médical)[14]. Au début de la bataille d'Okinawa, la 10e armée compte 182 821 hommes. Il est prévu que le général Buckner rende compte à Turner jusqu'à ce que la phase amphibie soit achevée, après quoi il doit rendre compte directement à Spruance[14].
La flotte de l’United States Navy et de ses alliés est composée de trois cent trente navires de guerre et 1 139 bateaux de transport. Parmi les navires de guerre, on compte les porte-avions Enterprise, Essex, Intrepid, Hornet, Franklin, Bunker Hill, Cowpens, San Jacinto, Savo Island, Petrof Bay, Sargent Bay et Steamer Bay[B 7]. L’opération amphibie pour la bataille d’Okinawa est encore plus importante qu'Overlord en Normandie où les Alliés avaient employé 284 navires de guerre[A 2]. Bien que les forces terrestres alliées soient composées entièrement de troupes américaines, la flotte britannique du Pacifique (BPF, Task Force 57) fournit environ le quart de la puissance aéronavale alliée (450 avions). Le Royaume-Uni, libéré de ses préoccupations militaires en Europe, avait constitué une escadre relativement importante, la flotte britannique du Pacifique, qui avait pour mission de croiser entre Formose et Okinawa pour protéger le flanc gauche de l'offensive américaine. Elle est composée d'une force de cinquante navires de guerre dont dix-sept porte-avions (avec pont d'envol blindé (en) qui transportent donc moins d'avions par unité mais qui sont plus résistants aux attaques kamikazes) parmi lesquels les Formidable, Illustrious, Indomitable et le Victorious[B 7]. Bien que tous les porte-avions soient fournis par la Grande-Bretagne, les groupes de support associés aux porte-avions sont composés de personnels et navires britanniques, canadiens, néo-zélandais et australiens du Commonwealth britannique. Leur mission est de neutraliser les aérodromes japonais dans les îles Sakishima et de couvrir l'opération contre les attaques des kamikazes japonaises. Mais la plupart des avions de chasse, des bombardiers en piqué et des avions d'attaque au sol sont des appareils basés sur les porte-avions américains.
Japon
La campagne principalement défensive des terres japonaises est menée par 67 000 soldats réguliers (77 000 selon certaines sources) de la 32e armée et quelque 9 000 soldats de la Marine impériale japonaise (MIJ) à la base navale Oroku (seulement quelques centaines d'entre eux avaient été formés et équipés pour le combat terrestre), soutenus par 39 000 conscrits locaux de l’ethnie Ryukyuan (y compris 24 000 conscrits Boeitai (en) et 15 000 travailleurs sans uniforme). En outre, on compte aussi 1 500 collégiens organisés sur la première ligne tandis que 600 hommes de l'escadron Himeyuri sont organisés comme unités d'infirmerie[A 5]. Les Japonais utilisent la tactique des kamikazes depuis la bataille du golfe de Leyte mais pour la première fois cette tactique devient une partie importante du système défensif. Entre le 1er avril, date du débarquement américain et le 25 mai, sept grandes attaques kamikazes sont lancées, impliquant plus de 1 500 avions.
La 32e armée japonaise, commandée par le général Mitsuru Ushijima, est retranchée aux deux extrémités montagneuses de l'île. La 32e armée est initialement composée des 9e, 24e et 62e divisions, et de la 44e brigade mixte indépendante. La 9e division a été déplacée à Taïwan avant l’invasion après modification des plans de défense japonais. La première ligne de résistance est conduite dans le sud avec le gros des troupes de la 32e armée, par le lieutenant général Mitsuru Ushijima, son chef de cabinet, le lieutenant-général Isamu Chō et son chef des opérations, le colonel Hiromichi Yahara. Yahara préconise une stratégie défensive, tandis que Chō préconise une offensive. Dans le nord, c’est le colonel Takehido Udo qui est aux commandes des forces de réserve situées principalement dans la péninsule de Motobu. Des unités sont aussi situées sur les îles de Kerama et Keise au sud et Ie au nord. Les troupes de la marine impériale sont commandées par le contre-amiral Minoru Ōta. Les Japonais s'attendent au débarquement de six à dix divisions américaines auxquelles ils ne peuvent opposer que deux divisions et demie. La qualité et la quantité d'armes donnent à chaque division américaine cinq à six fois la puissance de feu d'une division japonaise ; ce à quoi s’ajoute l'écrasante puissance de feu navale et aérienne des Américains.
La Task Force 58 est déployée à l'est d'Okinawa avec un groupe de six à huit destroyers protégeant treize porte-avions (7 CV et 6 CVL) en action du 23 mars au 27 avril. Jusqu'au 27 avril, entre quatorze et dix-huit porte-avions d'escorte (de CVE) sont aussi positionnés dans la zone à tout moment, et jusqu'au 20 avril la Task Force 57 britannique, avec quatre grands porte-avions et six porte-avions d'escorte, demeure au large des îles Sakishima pour protéger le flanc sud de l’opération[16]. La durée de la campagne dans des conditions oppressantes force l'amiral Chester Nimitz à prendre l'initiative sans précédent de soulager les principaux commandants des forces navales en leur imposant une rotation. Conformément à la pratique de changer la désignation de la flotte avec le changement de commandant, les forces navales américaines commencent la campagne avec la cinquième flotte des États-Unis sous le commandement de l'amiral Raymond Spruance, puis la terminent avec la troisième flotte sous le commandement de l'amiral William F. Halsey.
À l’aube du , un chasseur-bombardier japonais réussit à larguer sa bombe sur le navire amiral de Spruance, le croiseur lourd USS Indianapolis, l’endommageant sérieusement, avant de percuter le bâtiment et de s'écraser dans l'océan[17]. L'opposition aérienne japonaise reste relativement légère au cours des premiers jours suivant le débarquement. Cependant, le commandement japonais prépare une attaque kamikaze sans précédent. Le Kikusui (ou chrysanthème flottant) est l'emblème de toutes les forces kamikaze affectées à la défense d'Okinawa. Le 6 avril, le Japon lance sa première contre-attaque aérienne avec quatre cents avions partis depuis l’ile de Kyūshū[B 7]. L'amiral Richmond Turner, chef des forces de soutien, avait disposé ses bâtiments sur deux lignes de manière à prévenir les interventions aériennes japonaises. Deux cent cinquante appareils nippons sont détruits avant de pouvoir commencer leur attaque. Néanmoins, un certain nombre de navires, dont le porte-avions USS Hancock, sont plus ou moins gravement endommagés. Quelques bâtiments plus légers, comme les destroyers USS Colhoun ou USS Bush, sont coulés. Le 11 avril, le cuirassé USS Missouri, les porte-avions USS Enterprise et USS Essex ainsi que six destroyers sont endommagés par des attaques japonaises[B 7]. Le 12 avril, l'USS Mannert L. Abele est le premier navire coulé par un avion bombe suicide, un Yokosuka MXY-7 Ohka[B 7].
Les forces Kikusui attaquent jusqu'à deux fois par jour tout au long de la bataille d'Okinawa. Durant le mois d’avril, les attaques aériennes lourdes japonaises se poursuivent périodiquement. Au cours de la période du 26 mars au 30 avril, vingt navires américains sont coulés et 157 endommagés par l'ennemi. Pour leur part, au 30 avril, les Japonais ont déjà perdu plus de 1 100 avions dans la bataille, détruits par les seules forces navales[18]. Entre le 6 avril et le 22 juin, avant que les B-29 puissent détruire leurs terrains d'envol, les Japonais ont lancé 1 465 avions kamikazes dans des attaques à grande échelle depuis Kyushu (185 sorties depuis Kyushu et mais aussi 250 depuis Formose) dont dix grandes vagues d'attaque Kikusui (les 6, 12, 15, et 27 avril, les 3, 10, 24, 27 mai et les 3 et 21 juin)[B 7]. Le renseignement américain estime initialement le nombre d'avions stationnés à Formose à 89, quand les Japonais en dissimulent 700, démontés, camouflés et dispersés dans les villages et les villes[19]. À la fin du premier mois, avec la tension et la fatigue occasionnée par ces attaques incessantes, l'US Navy décide d'effectuer une rotation des trois amiraux en poste.
Le mois de mai demeure particulièrement difficile pour les forces navales alliées. Le 4 mai, les avions japonais coulent deux destroyers : les USS Morrison et USS Luce faisant au total 281 morts dans l'attaque et le naufrage de ces derniers, et endommagent un certain nombre d'autres navires dont le porte-avions britannique Formidable, le dragueur de mines américain USS Shea (en)[B 7]. Le 6 mai, le South Dakota et le Formidable sont frappés par les avions kamikaze mais le pont en acier du navire britannique permet de limiter les dégâts. Le 9 mai 1945, deux destroyers d'escorte ainsi que deux porte-avions britanniques les HMS Victorious et Formidable, sont endommagés. Le 11 mai, c'est l'USS Hugh W. Hadley (en) qui est gravement touché. Le destroyer USS Longshaw coincé sur un récif, est coulé par les batteries côtières japonaises le 18 mai. Le 25 mai, le destroyer USS Bates est coulé et plusieurs autres navires sont endommagés au large d'Okinawa. Les destroyers USS Braine (en) et USS Drexler sont aussi touchés le 27 mai[B 7].
Un avion japonais s’écrase sur le destroyer USS Callaghan au large d'Okinawa le 29 juillet 1945. Le Callaghan est le dernier navire de guerre américain coulé de la guerre par une attaque japonaise[B 7]. Les navires alliés perdus sont essentiellement de petits navires, en particulier des destroyers radar picket, ainsi que destroyers d'escorte et des navires de débarquement. Même si aucun des grands navires alliés n’a été perdu, plusieurs porte-avions ont été gravement endommagés. Des petits bateaux à moteur sont également utilisés par les Japonais pour lancer des attaques suicides contre les navires alliés. En tout, vingt-six navires sont coulés et 262 unités endommagées (217 par kamikaze), dont dix-sept porte-avions lourds ou légers endommagés.
Opération Ten-Gō
L'opération Ten-Gō (Ten-Go sakusen) est une tentative de contre-attaque menée par une force de frappe de dix navires de surface japonais dirigée par le supercuirassé Yamato et commandée par l'amiral Seiichi Itō. La 2e flotte quitte le Japon pour une mission suicide contre les forces alliées envahissant Okinawa afin de détruire le maximum de navires ennemis. Le Yamato ne dispose de combustible que pour un aller simple. La flotte a l'ordre de se frayer un passage entre les navires ennemis jusqu'au nord-est de l'île d'Okinawa, où elle doit s'échouer et servir de batterie côtière. Les membres d'équipage ayant survécu doivent ensuite se joindre à l'armée impériale pour combattre le corps expéditionnaire américain. Quasiment aucune couverture aérienne n'est prévue, ce qui rend très vulnérables les navires japonais aux attaques aériennes alliées[20].
La 2e flotte appareille le 6 avril à 16h00. Cependant, la force Ten-Go est repérée par les sous-marins peu après avoir quitté les eaux territoriales japonaises. La flotte japonaise est interceptée par des avions lancés depuis les porte-avions américains bien avant qu’elle n’atteigne Okinawa. Le 7 avril 1945, durant près de deux heures, une force de 386 avions, en cinq vagues d'assaut, frappe le plus grand cuirassé du monde qui coule vers 14 h 30. Les bombardiers-torpilleurs américains ont reçu l'ordre de viser le côté bâbord afin de provoquer le chavirage du navire[21] et contrer les mesures anti-inondation, et de frapper de préférence la proue ou la poupe, où le blindage est supposé plus mince. En plus du Yamato, le croiseur léger Yahagi et quatre des huit destroyers sont également coulés. En tout, la Marine impériale japonaise a perdu quelque 3 700 marins, y compris l'amiral Seiichi Itō, alors que les Américains n’ont à déplorer la perte que de dix avions et douze aviateurs. Seuls quatre destroyers japonais (le Fuyutsuki, le Yukikaze, le Hatsushimo et le Suzutsuki) parviennent à s'échapper[22]. Pendant l'opération, l'aviation japonaise attaque la flotte américaine à Okinawa avec 115 avions, principalement des kamikazes. Le porte-avions Hancock et le cuirassé USS Maryland subissent des dommages modérés. Si le destroyer Bennett est sérieusement endommagé, aucun navire américain n'est coulé dans la bataille. Environ cent avions japonais sont détruits durant le raid[23]. Cette opération est la dernière grande bataille aéronavale de la guerre du Pacifique.
British Pacific Fleet
La flotte britannique du Pacifique participe en tant que Task Force 57. Elle est chargée de neutraliser les aérodromes japonais dans les îles Sakishima, ce qu'elle fait avec succès du 26 mars au 10 avril. Le 10 avril, son action se porte contre les aérodromes situés au nord de Formose. La force se retire à la baie de San Pedro le 23 avril pour ravitaillement. Le 1er mai, la flotte britannique du Pacifique retourne sur zone pour frapper les aérodromes, mais utilise en plus de son aviation embarquée son artillerie navale. Si plusieurs attaques kamikazes causent des dommages importants, les ponts d'envol blindés des porte-avions britanniques permettent de limiter le nombre d'interruptions dans les opérations[24].