Bataille de Guadalcanal
engagement terrestre majeur allié, campagne de Guadalcanal (1943), Guerre du Pacifique / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La bataille de Guadalcanal, également connue sous l'appellation campagne de Guadalcanal et sous le nom de code opération Watchtower par les forces alliées, est une importante bataille de la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre d'opérations de l'océan Pacifique qui s'est déroulée entre le et le sur et autour de l'île de Guadalcanal, dans le cadre de la campagne des îles Salomon. Ce fut la première offensive majeure des forces alliées contre l'empire du Japon.
Date |
– (6 mois et 2 jours) |
---|---|
Lieu | Guadalcanal (îles Salomon) |
Issue | Victoire stratégique alliée |
États-Unis Australie Nouvelle-Zélande Royaume-Uni Salomon[1],[Note 1] Tonga Fidji[2],[Note 2] |
Empire du Japon |
60 000 hommes (forces terrestres)[3],[4],[Note 3] |
36 200 hommes (forces terrestres)[Note 4] |
7 100 morts 4 prisonniers 29 navires perdus 615 avions détruits[5],[6][Note 5] |
31 000 morts 1 000 prisonniers 38 navires perdus 683-880 avions détruits[5],[7],[8][Note 6] |
Seconde Guerre mondiale – Guerre du Pacifique
Batailles
Campagne de Guadalcanal
Terrestres :
Navales :
Terrestres :
Navales :
Japon :
- Raid de Doolittle
- Bombardements stratégiques sur le Japon (Tokyo
- Yokosuka
- Kure
- Hiroshima et Nagasaki)
- Raids aériens japonais des îles Mariannes
- Campagne des archipels Ogasawara et Ryūkyū
- Opération Famine
- Bombardements navals alliés sur le Japon
- Baie de Sagami
- Invasion de Sakhaline
- Invasion des îles Kouriles
- Opération Downfall
- Reddition du Japon
- Invasion de l'Indochine (1940)
- Océan Indien (1940-45)
- Guerre franco-thaïlandaise
- Invasion de la Thaïlande
- Campagne de Malaisie
- Hong Kong
- Singapour
- Campagne de Birmanie
- Opération Kita
- Indochine (1945)
- Détroit de Malacca
- Opération Jurist
- Opération Tiderace
- Opération Zipper
- Bombardements stratégiques (1944-45)
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 9° 25′ 00″ sud, 160° 00′ 00″ est |
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Le , les forces alliées, majoritairement américaines, débarquèrent sur les îles de Guadalcanal, Tulagi et Florida, dans le Sud des îles Salomon, avec l'objectif d'empêcher les Japonais de les utiliser pour menacer les voies logistiques et de communication entre les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Les Alliés avaient également l'intention d'utiliser Guadalcanal et Tulagi comme bases pour soutenir une campagne dont l'objectif était de capturer ou neutraliser la base principale japonaise de Rabaul sur l'île de Nouvelle-Bretagne. Ils submergèrent les défenseurs japonais en infériorité numérique, qui occupaient les îles depuis mai 1942, et prirent Tulagi et Florida ainsi qu'un aérodrome, appelé plus tard piste Henderson[Note 7], qui était en construction sur Guadalcanal. De puissantes forces navales des États-Unis appuyèrent les débarquements.
Surpris par l'offensive alliée, les Japonais firent plusieurs tentatives entre août et novembre 1942 pour reprendre la piste. Trois batailles terrestres majeures, sept batailles navales (cinq opérations nocturnes et deux batailles de porte-avions) et des batailles aériennes continues, presque quotidiennes, culminèrent à la bataille navale décisive de Guadalcanal au début du mois de novembre 1942 au cours de laquelle la dernière tentative des Japonais de bombarder l'aérodrome depuis la mer et la terre avec suffisamment de troupes pour la reprendre, fut défaite. Au mois de décembre 1942, ils renoncèrent à toute nouvelle tentative puis évacuèrent le reste de leurs forces le , face à une offensive du XIVe corps de l’US Army, cédant ainsi l'île aux Alliés.
Sur le théâtre d'opérations du Pacifique, la campagne de Guadalcanal fut une victoire stratégique interarmes importante des forces alliées sur les Japonais. Ces derniers avaient atteint le point culminant de leurs conquêtes dans le Pacifique et Guadalcanal marque pour les Alliés le passage d'une série d'opérations défensives à une stratégie offensive et le début de leur campagne de reconquête des îles Salomon, de la Nouvelle-Guinée et du Pacifique central, qui aboutira à la reddition finale du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Considérations stratégiques
Le , les forces japonaises attaquèrent la flotte du Pacifique des États-Unis stationnée à Pearl Harbor dans l'archipel des îles Hawaï. L'attaque paralysa une grande partie de la flotte américaine de cuirassés et précipita formellement l'état de guerre ouverte entre les deux nations. Les buts initiaux des dirigeants japonais étaient de neutraliser la marine américaine, saisir des possessions riches en ressources naturelles et établir des bases militaires stratégiques pour défendre l'empire du Japon dans l'océan Pacifique et en Asie. Pour parvenir à ces objectifs, les forces japonaises occupèrent les Philippines, la Thaïlande, la Malaisie britannique, Singapour, la Birmanie, les Indes orientales néerlandaises, l'atoll de Wake, les îles Gilbert, la Nouvelle-Bretagne et Guam. Le reste des puissances alliées, dont le Royaume-Uni, l'Australie et les Pays-Bas, avait également été attaqué par le Japon et se joignit aux États-Unis[9].
Deux tentatives des Japonais pour poursuivre leur initiative stratégique et étendre leur périmètre de défense dans le Sud et le Centre du Pacifique jusqu'à menacer l'Australie et Hawaï, voire la côte Ouest des États-Unis, furent contrecarrées lors des batailles navales de la mer de Corail et de Midway. La mer de Corail fut une impasse tactique, mais une victoire stratégique des Alliés qui ne devint évidente que bien plus tard. Midway fut non seulement la première victoire majeure contre les Japonais, mais elle permit également de réduire significativement la capacité offensive des forces aéronavales du Japon. Elle n'en réduisit pas pour autant l'état d'esprit offensif des Japonais pour plusieurs mois cruciaux, au cours desquels ces derniers accumulèrent les erreurs en allant de l'avant avec des décisions impétueuses voire inconsidérées, telles que la tentative d'assaut contre Port Moresby par la piste Kokoda. Jusque-là, les Alliés étaient sur la défensive dans le Pacifique mais ces victoires stratégiques leur fournirent l'opportunité de reprendre l'initiative face à l'ennemi nippon[10].
Les Alliés choisirent les îles Salomon (un protectorat du Royaume-Uni), plus précisément les îles méridionales de Guadalcanal, Tulagi et Florida comme premier objectif[11]. La Marine impériale japonaise (MIJ) avait envahi Tulagi au mois de mai 1942 et construit une base d'hydravions à proximité. L'inquiétude des Alliés s'amplifia largement lorsqu'au début du mois de juillet 1942, la MIJ commença la construction d'un grand aérodrome à Lunga Point, sur l'île voisine de Guadalcanal. À partir d'une telle base, les bombardiers japonais à long rayon d'action pourraient menacer les lignes de communications maritimes entre la côte Ouest des Amériques et la côte Est de l'Australie. Vers le mois d'août 1942, les Japonais disposaient sur l'île de Tulagi et les îles environnantes d'environ 900 soldats de l'infanterie de marine et, sur l'île de Guadalcanal, de 2 800 hommes (dont 2 200 travailleurs forcés et administrateurs coréens, de même que des spécialistes japonais de la construction). Ces bases pouvaient, à terme, protéger la base japonaise principale de Rabaul, menacer les approvisionnements, les lignes de communication des Alliés et enfin constituer une zone de transit pour une offensive planifiée contre les îles Fidji, la Nouvelle-Calédonie et les îles Samoa (opération FS). Les Japonais prévoyaient ainsi de déployer 45 chasseurs et 60 bombardiers sur Guadalcanal. Dans la stratégie générale pour l'année 1942, ces avions pouvaient fournir la couverture aérienne pour la progression des forces navales japonaises dans le Pacifique Sud.
Le plan allié pour l’invasion des îles Salomon méridionales fut conçu par l'amiral américain Ernest King, commandant en chef de la flotte des États-Unis. Il proposa l'offensive, d'une part pour interdire l'usage des îles par les Japonais comme bases opérationnelles pour menacer les routes d'approvisionnement entre les États-Unis et l'Australie, et d'autre part afin de les utiliser comme points de départ de la reconquête. Avec le consentement tacite du président Franklin Roosevelt, l'amiral préconisa également l'invasion de Guadalcanal. Du fait que les États-Unis appuyaient la proposition britannique de donner la priorité à la défaite de l'Allemagne avant le Japon, le théâtre d'opérations du Pacifique devait en permanence rivaliser avec le théâtre d'opérations européen pour l'attribution des effectifs et des moyens. C'est pourquoi le général d'armée américain Georges C. Marshall s'opposa à la campagne proposée par l'amiral King et demanda à qui devait échoir le commandement de l'opération. King lui rétorqua que la Navy et les Marines mèneraient l'opération par leurs propres moyens et donna pour instruction à l'amiral Chester Nimitz d'entamer la planification préliminaire. King gagna finalement la bataille argumentaire contre Marshall et les préparatifs de l'invasion se poursuivirent avec le soutien de l'état-major conjoint interarmées (Combined Joint Chiefs of Staff – CJCS)[12].
Le CJCS fixa pour objectif de l'année 1942-43 que la prise de Guadalcanal soit mise en œuvre conjointement à une offensive alliée en Nouvelle-Guinée sous le commandement du général Douglas MacArthur, pour conquérir les îles de l'Amirauté ainsi que l'archipel Bismarck, incluant l'île principale de Rabaul. La directive considérait que le but était la reconquête des Philippines[13],[14],[15]. Le comité des chefs d'état-major interarmées créa le « théâtre d'opérations du Pacifique Sud », qui fut placé sous le commandement du vice-amiral Robert L. Ghormley le 19 juin 1942, afin de mener à bien l'offensive sur les îles Salomon. L'amiral Nimitz, basé à Pearl Harbor, fut nommé commandant en chef des forces du Pacifique[16],[17],[18].
Corps expéditionnaire
Au mois de mai 1942, dans le cadre des préparatifs pour l'offensive dans le Pacifique, le major-général Alexander Vandegrift du Corps des Marines reçut l'ordre de transférer sa 1re division des Marines des États-Unis vers la Nouvelle-Zélande. D'autres forces terrestres, navales et aériennes des Alliés furent mises en place ou renforcèrent les bases des Fidji, des Samoa, des Nouvelles-Hébrides et de Nouvelle-Calédonie[19],[20]. Espiritu Santo, dans les Nouvelles-Hébrides, fut choisi comme quartier général et base principale pour l'offensive baptisée du nom de code « operation Watchtower », avec pour date de début le .
Dans un premier temps, l'offensive alliée visait seulement Tulagi et les îles Santa Cruz, omettant la grande île de Guadalcanal. Cependant, après la découverte, lors de reconnaissances alliées, de travaux de construction d'un aérodrome japonais sur Guadalcanal, sa capture fut ajoutée aux objectifs et l'opération sur Santa Cruz fut abandonnée[21]. Les Japonais, par renseignement d'origine électromagnétique, étaient informés du mouvement à grande échelle des forces alliées dans la zone du Pacifique Sud, mais en conclurent que les Alliés renforçaient l'Australie, voire Port Moresby en Nouvelle-Guinée[22].
Les forces d'invasion comprenant 75 bâtiments de guerre et de transport, incluant des navires des États-Unis et d'Australie, se rassemblèrent près des Fidji, le 26 juillet 1942, où elles participèrent à la répétition générale d'un débarquement avant de partir pour Guadalcanal le 31 juillet[23],[24]. Le commandant du corps expéditionnaire allié était le vice-amiral américain Frank J. Fletcher, dont le pavillon se trouvait sur le porte-avions USS Saratoga. Le commandant des forces amphibies chargées du transport et du débarquement des troupes était le contre-amiral Richmond K. Turner. Le major-general Vandegrift, quant à lui, commandait les 16 000 hommes d'infanterie, essentiellement des Marines américains, affectés au débarquement[3].
Les troupes envoyées à Guadalcanal sortaient directement de l'entraînement. Elles étaient équipées du fusil Springfield M1903 à culasse à verrou et d'une dotation de munitions pour dix jours de combat. En raison de la nécessité de les lancer rapidement dans la bataille, les planificateurs de l'opération avaient réduit les dotations initiales d'approvisionnement des troupes de 90 à seulement 60 jours de combat. C'est ainsi que les hommes de la 1re division des Marines commencèrent à désigner la bataille à venir sous l'appellation operation Shoestring (« opération Petit budget »)[25],[26].