Bataille de Moscou
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La bataille de Moscou (en russe : Битва под Москвой, Bitva pod Moskvoï ; en allemand : Schlacht um Moskau) désigne les combats pour le contrôle de la ville de Moscou et de sa proximité entre et pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle comprend l'offensive allemande appelée opération Typhon, conduite par le groupe d'armées du centre sous le commandement de Von Bock, pour s'approcher de la ville, ainsi que la défense puis la contre-attaque soviétique qui suivit. Elle est considérée avec la bataille de Stalingrad et celle de Koursk comme un des affrontements stratégiques du front de l'Est.
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Date |
– (3 mois et 20 jours) |
---|---|
Lieu | Moscou, Union soviétique |
Issue | Victoire soviétique décisive |
Reich allemand | Union soviétique |
Au : 1 000 000 hommes, 1 700 chars, 14 000 canons, 549 avions[1],[2],[3]. Au moment de la contre-offensive : 599[4] |
Au : 1 250 000 hommes, 1 000 chars, 7 600 canons, 545 avions[1]. Au moment de la contre-offensive : 1 376[4] |
280 000 – 750 000[5] | 500 000[5] – 1 280 000 (les prisonniers de guerre représentent une grande partie des pertes soviétiques) |
Batailles
Phase 1
Phase 2
- Smolensk
- Roslavl-Novozybkov (en)
- Avance sur Léningrad
Phase 3
Phase 4
- 1re Kharkov
- Beowulf
- Donbass-Rostov (en)
- Briansk (en)
- 1re Crimée
- Tikhvine
- 1re Rostov
- Gorki
- Moscou
Front de l’Est
Prémices :
Guerre germano-soviétique :
- 1941 : L'invasion de l'URSS
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1941-1942 : La contre-offensive soviétique
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie
Front central :
Front sud :
- 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne
Allemagne :
Front nord et Finlande :
Europe orientale :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 55° 45′ 03″ nord, 37° 37′ 02″ est |
---|
L'offensive allemande avait pour but de réaliser un encerclement en tenaille de la région de Moscou. La première pince fut dirigée vers le nord contre le front de Kalinine par les 3e et 4e armées de panzers, cette pince permettait également de couper la voie ferrée entre Moscou et Léningrad. La seconde pince fut orientée au sud de Moscou contre le front de l'Ouest en direction de Toula avec le 2e groupe de panzers tandis que la 4e armée avançait directement sur Moscou depuis l'ouest. Une opération séparée de nom de code Wotan visait à conquérir la ville de Moscou.
Initialement, les forces soviétiques opérèrent une défense stratégique de l'oblast de Moscou en construisant trois ceintures défensives et en déployant des réserves militaires qui venaient juste d'être mobilisées, tout en rapatriant des troupes de Sibérie et d'Extrême-Orient. Ainsi, dès l'arrêt de l'offensive allemande, les Soviétiques furent en mesure de lancer une vaste contre-offensive qui visait à rejeter la Wehrmacht sur ses positions à Orel, Viazma et Vitebsk, et qui manqua d'anéantir trois armées allemandes.
Depuis le et le déclenchement de l'opération Barbarossa, la Wehrmacht progresse rapidement en Union soviétique, en appliquant les tactiques du Blitzkrieg, la guerre éclair par encerclement qui prévoyait la chute de Moscou en moins de 120 jours, d'après le discours du , suivant le début de l'invasion. Elle met à mal les défenses de l'Armée rouge. Les pertes de cette dernière sont colossales, et l'avance ne semble pas pouvoir être stoppée. Durant les premières semaines de l'invasion, les troupes allemandes remportent une série de victoires éclatantes.
Cependant, l'acharnement des Soviétiques autour de Smolensk pendant l'été, et surtout la boue puis le froid, ont retardé les forces allemandes dans l'accomplissement de leurs objectifs. Ce retard peut être aussi imputé à la décision de l'OKW, le commandement militaire allemand, d'envoyer une partie des blindés du groupe d'armées Centre aider le groupe d'armées Sud à réaliser l'encerclement et la destruction des forces soviétiques défendant Kiev et l'Ukraine occidentale.
Les troupes allemandes butent également sur des événements non prévus par les stratèges de l’OKH :
- au nord, les troupes soviétiques résistent très durement dans la région de Léningrad ;
- au centre, les troupes soviétiques se rassemblent et se replacent, pour défendre leur capitale.
Ainsi les troupes allemandes commençaient seulement à approcher Moscou en septembre. Cependant, la résistance des forces soviétiques causa des problèmes à la progression des troupes allemandes et Hitler dut repousser son attaque sur Moscou au mois suivant.
Le , l'Allemagne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie entrent en guerre contre l'Union soviétique. C'est le lancement de l'opération Barbarossa. Après avoir détruit une large partie des avions au sol, les forces allemandes progressent rapidement en employant les tactiques du Blitzkrieg. Les unités motorisées avancent en réalisant de gigantesques encerclements et en détruisant plusieurs armées soviétiques. Tandis que le groupe d'armées Nord progresse vers Leningrad, le groupe d'armées Sud prend le contrôle de l'ouest de l'Ukraine et le groupe d'armées Centre avance vers Moscou. Les défenses soviétiques sont submergées et les pertes subies par l'Armée rouge sont considérables.
En , le groupe d'armées Centre a réalisé l'encerclement de plusieurs armées soviétiques près de Minsk, créant ainsi une brèche importante dans les lignes ennemies, que les forces soviétiques ne purent pas immédiatement combler faute de réserves disponibles. Le front de l'Ouest soviétique est également anéanti. La Wehrmacht fut donc capable de franchir le Dniepr qui barrait la route de Moscou avec un minimum de pertes[6][réf. incomplète].
En , les forces allemandes prennent la ville de Smolensk. Cette ville est historiquement considérée comme la « clé » de Moscou car elle contrôle une bande de terre entre le Dniepr, la Daugava et de nombreuses autres rivières permettant ainsi de progresser plus rapidement en évitant la construction de ponts sur de larges rivières. La résistance désespérée des Soviétiques autour de Smolensk dure deux mois, du 10 juillet au 10 septembre[5]. Cet intense engagement ralentit l'avancée allemande jusqu'en septembre et força le groupe d'armées Centre à engager la plupart de ses réserves.
Sur l'ensemble du front, l'avance allemande ralentit. Près de Léningrad, le groupe d'armées Nord est retenu par les défenses sur la Louga pendant un mois. Le groupe d'armées Sud qui comprend de nombreuses unités hongroises et roumaines moins bien entraînées, équipées et commandées que celles de la Wehrmacht, subissent de violentes contre-attaques. L'état-major allemand est maintenant face à un dilemme. En effet, le groupe d'armées Centre est assez puissant pour atteindre Moscou, mais une telle avancée créerait un saillant dans les lignes allemandes ce qui le rendrait vulnérable à une attaque sur ses flancs. De plus, Hitler refuse de voir en Moscou un objectif stratégique et estime que l'Allemagne a d'abord besoin des ressources minières et du blé présents en Ukraine, dans la région du Donbass[7]. Heinz Guderian et son armée blindée sont donc envoyés vers le sud pour soutenir l'attaque de Gerd von Rundstedt sur Kiev, qui provoquera un autre désastre pour l'Armée rouge. Le , les forces soviétiques doivent abandonner Kiev, malgré le refus persistant de Staline de retirer ses troupes du saillant de Kiev comme le notèrent Alexandre Vassilievski et Gueorgui Joukov dans leurs mémoires respectifs[8],[9].
Bien qu'elle soit une victoire incontestable, la bataille de Kiev a encore retardé le blitzkrieg allemand. Comme l'écrira plus tard Guderian : « Kiev fut certainement un brillant succès tactique, mais la question de savoir si elle a eu un intérêt stratégique reste ouverte. Tout dépend maintenant de notre capacité à atteindre les objectifs avant l'arrivée de l'hiver voire avant les pluies d'automne. »[10] Hitler croit encore que la Wehrmacht peut finir la guerre avant l'hiver en prenant Moscou. Le , le groupe d'armées Centre, sous le commandement de Fedor von Bock, lance son offensive finale vers Moscou, nom de code de l'opération Typhon. Hitler déclara peu de temps après : « Après trois mois de préparation, nous avons enfin la possibilité d'écraser notre ennemi avant l'arrivée de l'hiver. Toutes les préparations ont été faites… Aujourd'hui commence la dernière bataille de l'année… »[11]
Axe
Groupe d'armées Centre[alpha 1] : Generalfeldmarschall[alpha 2] Fedor von Bock
- 2e armée : Generaloberst[alpha 3] Maximilian von Weichs
- 4e armée : Generalfeldmarschall[alpha 2] Günther von Kluge
- 9e armée : Generaloberst[alpha 3] Adolf Strauß
- 2e groupe de panzers : Generaloberst[alpha 3] Heinz Guderian
- 3e groupe de panzers : General der Panzertruppe[alpha 4] Georg-Hans Reinhardt
- 4e groupe de panzers : Generaloberst[alpha 3] Erich Hoepner
Union soviétique
Plans
Moscou était la cible militaire et politique la plus importante et Hitler anticipait que la reddition de la ville amènerait l'effondrement rapide de l'Union soviétique. Franz Halder, commandant de l'Oberkommando des Heeres écrivit en 1940 : « La meilleure solution serait une attaque frontale sur Moscou. »[12] Les forces déployées pour l'opération Typhon incluaient trois armées ; la 2e, 4e et 9e armées, ainsi que les 2e, 3e et 4e groupes de panzers soutenus par la Luftflotte 2. Dans l'ensemble, près d'un million d'hommes, 1 700 chars et 14 000 canons étaient impliqués dans l'offensive. Néanmoins, depuis le début de la campagne, la Luftwaffe a perdu 1 603 appareils et 1 028 sont endommagés. Ainsi, la Luftflotte 2 ne dispose que de 549 avions dont 158 bombardiers moyens et en piqué et 172 chasseurs, ce qui est dérisoire compte tenu de l'étendue de la zone[13]. L'attaque repose sur les tactiques de Blitzkrieg où les blindés percent les lignes de défenses pour les encercler et les détruire[14].
Le plan initial comportait deux mouvements. Le premier serait un encerclement du front de l'Ouest et du front de réserve situés autour de Viazma. Le second est un encerclement permettant la capture du front de Briansk et de la ville du même nom. À partir de ce moment, le plan prévoyait un encerclement par le Nord et le Sud de Moscou. Cependant, les troupes allemandes étaient déjà épuisées et rencontraient des difficultés logistiques. Guderian note par exemple que de nombreux chars détruits n'ont pas été remplacés et que certaines unités motorisées manquent d'essence avant même le lancement de l'opération[15]. Le moral reste cependant élevé car on approche de la capitale ennemie.
En face de la Wehrmacht, les trois fronts soviétiques sont composés de troupes épuisées qui ont déjà été impliquées dans de rudes combats depuis juin. Les forces soviétiques rassemblent 1 250 000 hommes, 1 000 chars et 7 600 canons. L'armée aérienne Voïenno-Vozdouchnye Sily (VVS) a subi des pertes « colossales », entre 7 500[16] et 21 200 appareils[17]. La VVS ne dispose pour la défense de Moscou que de 936 appareils dont 578 bombardiers[18]. Même avec des renforts, l'aviation n'est que le quart de ce qu'elle était avant la guerre. Les troupes et l'armement ne représentent une menace qu'à cause de leur grand nombre. Les unités sont d'ailleurs mal disposées, sur une seule ligne sans réserves[12]. Dans ses mémoires, Vassilievski note cependant que la défense était bien en place, mais que ces erreurs de positionnement ont favorisé les premiers succès de l'avancée allemande[19]. De plus les soldats soviétiques manquaient d'entraînement, ne disposaient pas de certains équipements indispensables (comme des canons anti-chars) et leurs modèles de blindés étaient obsolètes[20].
Le commandement soviétique lance la construction de larges défenses autour de la ville. La première partie était construite sur une ligne Rjev-Viazma-Briansk. La seconde, la ligne Mojaïsk, s'étendait de Kalinine à Kalouga. Enfin, une troisième ligne entourait la ville elle-même formant la zone de défense de Moscou. Ces défenses étaient largement improvisées du fait de la rapide avancée allemande[12]. De plus, le plan d'attaque allemand ne fut découvert que tardivement et les troupes soviétiques ne furent prêtes à la défensive qu'à partir du 27 septembre. Cependant, de nouvelles unités se mettaient en place sur la Volga et dans l'Oural mais elles ne seraient pas prêtes avant plusieurs mois[21].
Les poches de Viazma et de Briansk
Débutée le par beau temps, l'offensive allemande remporte dans un premier temps des victoires sur des troupes épuisées[22]. Encerclant puis réduisant de grandes unités soviétiques, la Wehrmacht contrôle progressivement les différentes lignes de défense établies autour de la ville et réduit en poussière les lignes de défense établies par Joukov[22]
Près de Viazma, les fronts de réserve et de l'Ouest furent rapidement battus par les forces mobiles des 3e et 4. Panzerarmee qui exploitèrent les failles de la défense. Les lignes de défense encore en construction furent dépassées lorsque les unités de pointe se rejoignirent à Viazma le [20]. Quatre armées soviétiques, la 19e, la 20e, la 24e et la 32e furent prises au piège à l'ouest de la ville[19].
Contrairement aux attentes allemandes, les forces soviétiques encerclées ne se rendirent pas. Au contraire, elles livrèrent des combats acharnés et désespérés qui amenèrent la Wehrmacht à utiliser 28 divisions pour les éliminer. La poche de Viazma fut ainsi réduite le [22]. Or les unités utilisées pour la réduction des poches étaient destinées à la poursuite de l'offensive. Les restes des fronts de l'Ouest et de réserve parvinrent ainsi à se repositionner sur la ligne Mojaïsk[19]. De plus, des unités parfois de la taille d'une division, parvinrent à s'extraire de l'encerclement[20]. La résistance soviétique autour de Viazma permit également au haut-commandement de rapatrier des unités d'Extrême-Orient pour la défense de Moscou[19].
Au sud, près de Briansk, la défense soviétique fut à peine meilleure qu'à Viazma. Le 2e groupe de panzers effectua un mouvement enveloppant de l'ensemble du front rejoignant la seconde armée en s'emparant d'Orel le et Briansk le 6. La Luftflotte 2 effectua 984 missions de combat et détruisit 679 véhicules durant la seule journée du . Le , une formation d'une centaine de bombardiers détruisit les voies ferrées et bloqua les mouvements de troupes dans la région de Soumy[23]. Les 3e et 13e armées soviétiques étaient encerclées mais encore une fois, elle ne capitulèrent pas et des petits groupes purent s'échapper et établirent une ligne de défense intermédiaire à Mtsensk.
Dès le l'offensive allemande perd de sa vigueur. Les premières neiges qui ont fondu rapidement, transforment les routes en rivières de boue, phénomène connu sous le nom de raspoutitsa. Les unités motorisées et blindées souffrent le plus de ce bourbier[24]. La 4e division de panzers, incapable de manœuvrer, tomba dans une embuscade menée par Dmitri Leliouchenko et son 1er corps de fusiliers de la Garde hâtivement mis en place, ainsi que la 4e brigade de chars de Mikhaïl Katoukov. Les nouveaux T-34 dissimulés dans les épaisses forêts attendaient que les unités allemandes progressent et soient bloquées par l'infanterie pour attaquer sur les flancs et décimer les formations de Panzer IV. Pour la Wehrmacht, le choc de cette défaite fut si grand qu'une commission d'enquête fut mise en place. Guderian et ses troupes découvrirent avec consternation que le T-34 soviétique était capable de résister à la plupart des canons allemands. Le général écrivit : « Nos Panzer IV avec leur canon court de 75 mm ne pouvaient détruire un T-34 qu'en touchant le moteur par l'arrière. » Il nota également que « les Russes ont déjà appris quelques petites choses. »[25] Pour soutenir la 4e division de panzers, la Luftflotte 2 lança 1 400 attaques, détruisant 650 véhicules de toutes sortes[23],[26].
De plus, la dégradation du temps et la baisse brutale de température à partir du fragilisent les succès allemands. Les Allemands ont projeté loin de leurs bases des troupes épuisées, incapables de construire des abris[27].
Ailleurs, des contre-attaques massives retardent l'avancée allemande. La 2e armée doit faire face à une forte offensive soviétique menée avec un important soutien aérien. Malgré l'infériorité numérique, la Luftwaffe inflige de lourdes pertes à la VVS et détruit 450 véhicules sur la route de Briansk ; la contre-attaque a été déjouée[23].
La défaite soviétique est cependant colossale. D'après les estimations allemandes, 673 000 soldats sont faits prisonniers dans les deux poches[28], bien que des estimations plus récentes ramènent ce chiffre à 514 000 soit une réduction de 41 % des effectifs[29]. Les pertes totales (tués, blessés, disparus et prisonniers) rapportées par la Wehrmacht sont plus faibles, 499 001, mais restent considérables[30]. La résistance soviétique désespérée a grandement ralenti l'avancée allemande. Ainsi lorsque le , ceux-ci arrivent devant la ligne Mojaïsk, ils trouvent une défense prête à les recevoir. Le même jour, Gueorgui Joukov est rappelé de Leningrad pour prendre en charge la défense de Moscou[12]. Il ordonne immédiatement la concentration de toutes les forces sur la ligne Mojaïsk.
Le , Staline ordonne l'évacuation du parti communiste, du quartier général et de divers bureaux civils vers Kouïbychev (actuellement Samara). L'évacuation provoque la panique des Moscovites qui tentent par tous les moyens de quitter la ville. En dépit de cela, Staline demeure dans la capitale, mais personne ne sait s'il avait l'intention de s'ensevelir sous ses ruines ou s'il comptait rejoindre la capitale provisoire ultérieurement. Néanmoins, sa présence rassure la population.
Le , la Wehrmacht est arrivée en vue de la ligne de défense Mojaïsk, une double rangée de fortifications hâtivement mise en place pour protéger l'Ouest de Moscou, s'étendant de Kalinine jusqu'à Volokolamsk et Kalouga. Malgré des renforts récents, la combinaison de toutes les armées soviétiques atteint à peine 90 000 hommes, trop peu pour enrayer l'avancée allemande[9]. Joukov décide de concentrer ses forces en quatre points stratégiques : Volokolamsk, Mojaïsk, Maloïaroslavets et Kalouga. Le front de l'Ouest est remis en état après avoir été complètement détruit à Viazma[9].
Moscou aussi se transforme en forteresse. Selon les historiens[31] et d'après Joukov[réf. nécessaire], 250 000 femmes et adolescents construisent, à l'intérieur et autour de Moscou, 8 000 km de tranchées[31] et des fossés antichars, déplaçant près de 3 000 000 m3 de terre sans aide mécanique[alpha 5]. La ville et sa banlieue se hérissent d'obstacles en tous genres : chevaux de frise, hérissons tchèques, barricades, ballons anti-aériens entre autres.
Les usines de Moscou ont été rapidement transformées en complexes militaires. L'usine automobile se convertit en fabrique de pistolets mitrailleurs et une entreprise d'horlogerie se met à réaliser des mines, tandis que le complexe chocolatier prépare de la nourriture pour le front[9]. La situation est malgré tout délicate, car la capitale reste dans le rayon d'action des panzers. De plus, Moscou était devenu la cible de raids aériens massifs, mais les dégâts furent limités grâce à la DCA et à la défense civile[32].
Le (le 15 pour d'autres sources), la Wehrmacht relance son offensive. Au départ, les Allemands refusèrent d'affronter directement la ligne et tentèrent de la contourner par le nord vers Kalinine et par le sud vers Kalouga qui fut prise le . Encouragés par ces succès, les Allemands réalisèrent un assaut frontal sur la ligne, prenant Mojaïsk et Maloïaroslavets le 18, Naro-Fominsk le 21 et Volokolamsk le 27 après de rudes combats. À cause du danger grandissant de flanquement de ses armées, Joukov dut reculer vers l'est sur la Nara[9].
Au sud, la 2e armée de panzers avançait rapidement vers Toula car la ligne Mojaïsk ne s'étendait pas jusque-là et les forces soviétiques y étaient peu présentes. Le mauvais temps, les problèmes d'approvisionnement, les routes et ponts endommagés ralentirent grandement l'avance allemande. Guderian atteint les faubourgs de Toula le [33]. Le plan allemand prévoyait la prise rapide de la ville et un mouvement de pince autour de Moscou. Cependant, la première tentative pour prendre la ville échoua et Guderian dut faire halte le [9].