Charles XIV Jean
militaire français puis roi de Suède et de Norvège / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Charles XIV Jean?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
Jean-Baptiste Bernadotte
Pour les articles homonymes, voir Charles, prince de Suède et Bernadotte.
Charles XIV/III Jean Karl XIV Johan Karl III Johan | ||
Le prince héritier Charles Jean de Suède. Huile sur toile de François Gérard, 1811. | ||
Titre | ||
---|---|---|
Roi de Suède Karl XIV Johan | ||
– (26 ans, 1 mois et 3 jours) |
||
Couronnement | à Stockholm | |
Prédécesseur | Charles XIII | |
Successeur | Oscar Ier | |
Roi de Norvège Karl III Johan | ||
– (26 ans, 1 mois et 3 jours) |
||
Couronnement | en la cathédrale de Nidaros à Trondheim | |
Prédécesseur | Charles II | |
Successeur | Oscar Ier | |
Vice-roi de Norvège | ||
– (1 mois et 6 jours) |
||
Prédécesseur | Création | |
Successeur | Lui-même | |
– (8 jours) |
||
Prédécesseur | Lui-même | |
Successeur | Oscar, duc de Södermanland | |
Prince héritier de Suède et de Norvège | ||
– (3 ans, 3 mois et 1 jour) |
||
Prédécesseur | Création | |
Successeur | Suppression | |
Prince héritier de Suède | ||
– (3 ans, 11 mois et 30 jours) |
||
Prédécesseur | Charles-Auguste | |
Successeur | Oscar, duc de Södermanland | |
Biographie | ||
Dynastie | Maison Bernadotte | |
Nom de naissance | Jean Bernadotte | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Pau, France | |
Date de décès | (à 81 ans) | |
Lieu de décès | Stockholm, Suède-Norvège | |
Sépulture | Église de Riddarholmen, Stockholm | |
Père | Henri Bernadotte | |
Mère | Jeanne de Saint-Jean | |
Conjoint | Désirée Clary | |
Enfants | Oscar Ier | |
Religion | Catholicisme puis luthéranisme suédois | |
Résidence | Palais royal de Stockholm | |
|
||
|
||
Monarques de Suède Monarques de Norvège |
||
modifier |
Jean-Baptiste Jules Bernadotte (Jean Bernadotte selon son baptême)[1], né le à Pau et mort le à Stockholm, est un militaire français devenu roi de Suède en 1818 après avoir été choisi par le Parlement suédois comme héritier et régent du roi Charles XIII. Il fut roi de Suède sous le nom de Charles XIV Jean (en suédois Karl XIV Johan) et roi de Norvège sous le nom de Charles III Jean (en norvégien Karl III Johan) de 1818 jusqu'à sa mort.
Il s'engagea dans l'armée française en 1780 et connut un avancement rapide sous la Révolution française, atteignant le grade de général en 1794 après avoir longtemps végété dans des fonctions subalternes. Il se distingua à plusieurs reprises sur les champs de bataille et occupa également, pendant une courte période, le poste de ministre de la Guerre. Ses relations avec Napoléon Bonaparte furent houleuses, mais les deux hommes se réconcilièrent en 1804 et Bernadotte fut élevé à la dignité de maréchal d'Empire, la plus haute distinction militaire du pays. Il participa aux campagnes napoléoniennes à la tête d'un corps d'armée, mais son inaction le jour de la bataille d'Auerstaedt en 1806 et le mauvais comportement de ses troupes à celle de Wagram en 1809 lui attirèrent les critiques de l'Empereur.
En 1810, il fut choisi par le Parlement suédois comme héritier du roi Charles XIII, vieux, malade et sans enfants, prenant alors le nom de Charles Jean et le titre de régent du royaume. Alors que sa nomination laissait entrevoir une amélioration des relations entre la France et la Suède ainsi que la possibilité pour cette dernière de recouvrer la Finlande, le nouveau prince héritier conduisit la politique étrangère suédoise dans une direction totalement opposée en s'alliant avec la Russie et le Royaume-Uni contre l'Empire français. Il accepta d'entrer dans la Sixième Coalition contre Napoléon en 1813, prenant personnellement la tête de l'armée du Nord, et obtint en contrepartie que la Norvège fût cédée à la Suède. Cette revendication fut satisfaite par le traité de Kiel de 1814, ratifié quelques mois après la victoire des Alliés à la bataille de Leipzig. Les Norvégiens s'étant rebellés contre la domination suédoise, Charles Jean mena une brève campagne militaire qui se solda par la convention de Moss et l'entrée de la Norvège dans une union personnelle avec la Suède.
Il monta sur les trônes suédois et norvégien en après la mort de Charles XIII/II. En tant que nouveau souverain, Charles Jean s'efforça d'améliorer l'économie du pays en équilibrant le budget intérieur avec le paiement de la dette extérieure et en développant les infrastructures, avec par exemple la construction du canal Göta. Il essaya également de rapprocher la Norvège de la Suède par le biais d'un projet de fusion territoriale mais se heurta à l'opposition du Parlement norvégien. La politique étrangère qu'il mit en œuvre permit de maintenir les droits de douane à un niveau relativement acceptable, et le royaume connut sous son règne une période de paix sur le plan intérieur tout en adoptant une attitude neutre dans les affaires internationales. Ses adversaires libéraux lui reprochèrent néanmoins son entêtement, particulièrement manifeste au cours des années 1830, ce qui incita le roi à effectuer certaines concessions dans les dernières années de son règne. Il mourut en 1844 à l'âge de 81 ans et fut remplacé par son fils Oscar Ier.
Jean-Baptiste Bernadotte naquit le à Pau, dans l'ancienne province de Béarn, au sud-ouest du royaume de France. Il était le dernier d'une fratrie de trois enfants qui comprenait un frère, Jean, et une sœur, Marie, issus du mariage d'Henri Bernadotte et de Jeanne de Saint-Jean. Par son ascendance paternelle, il appartenait à une lignée de propriétaires terriens et d'artisans (de tisserands et de tailleurs)[2],[3],[4] et par son ascendance maternelle, il descendait de plusieurs vieilles familles de la noblesse de Bigorre (dont la famille d'Abbadie de Sireix)[2],[3],[4]. La famille Bernadotte appartenait à la bourgeoisie de Pau[5], établie dans cette ville depuis plusieurs générations[6].
Henri Bernadotte, son père, était avocat de profession et exerçait la charge de procureur du roi[7] dans un petit tribunal de province. Sa fortune était si peu considérable qu'il dut attendre l'âge de 43 ans pour se marier[8], et il mourut peu de temps après le 17e anniversaire de Jean-Baptiste[9].
La venue au monde de Jean-Baptiste Bernadotte fut prématurée et il fut baptisé dès le lendemain à l'église. Prénommé Jean à sa naissance, il reçut en complément le nom de Baptiste en l'honneur de saint Jean-Baptiste[10].
Le nouveau-né fut confié pendant un an aux soins d'une nourrice à quelques kilomètres de Pau. Ses relations avec sa mère ne furent sans doute pas très bonnes car il ne lui rendit visite qu'une seule fois après son engagement dans l'armée[11]. Il fut éduqué chez les bénédictins[7] mais il est possible qu'il reçût une partie de son instruction au domicile familial, comme cela se faisait couramment à l'époque[11]. À l'âge de 15 ans, il commença à travailler comme apprenti chez Jean-Pierre de Batsalle, un avocat réputé de Pau[12].
Dans l'armée du roi : du simple soldat au sergent
Son père mourut le , laissant sa famille dans une situation financière difficile[13]. Le de la même année, Bernadotte s'engagea comme simple soldat dans le régiment Royal-La Marine, une unité particulièrement utilisée dans la protection des colonies et des ports[14]. Après avoir effectué son instruction à Collioure, alors âgé de 18 ans, il fut envoyé en service actif en Corse[15]. Il y resta deux ans en garnison et fut affecté à la compagnie de grenadiers de son régiment le [16]. Il rentra chez lui à l'automne suivant en congé maladie, suivit ensuite son régiment en garnison dans plusieurs villes parmi lesquelles Besançon, Grenoble, Vienne, Marseille ainsi qu'en Charente-Maritime, avant de s'absenter de nouveau au printemps 1784 pour raisons de santé[17].
Le , Bernadotte est promu caporal, puis sergent le [18]. L'année précédente, le Royal-La Marine avait reçu un nouveau colonel, qui remarque Bernadotte et lui confie diverses tâches : il est ainsi tour à tour chargé de trouver de nouvelles recrues, de fournir des uniformes et de donner des cours d'escrime aux soldats[19]. En 1788, son régiment est envoyé à Grenoble[20] et Bernadotte est promu au grade de sergent-major le [21]. Un mois plus tard, le , éclate la journée des Tuiles, considérée comme un prélude à la Révolution française. Selon l'historien Alan Palmer, c'est Bernadotte qui commande les troupes chargées de la répression de l'émeute[22]. Pour Dunbar Plunket Barton, ce dernier participe effectivement aux événements mais sans y jouer un rôle particulier, l'auteur réfutant le récit de Michelet selon lequel Bernadotte aurait fait tirer sur la population[23]. Le Royal-La Marine est dirigé au printemps 1789 à Avignon puis à Marseille durant l'été, alors que la ville était déjà en proie à des troubles révolutionnaires[22]. Le , Bernadotte est promu adjudant sous-officier, qui était alors le plus haut grade qu'un roturier pouvait atteindre dans l'armée royale[24]. Son avancement est donc bloqué à compter de cette date et il faut attendre les développements ultérieurs de la Révolution pour que Bernadotte soit promu de nouveau[25].
Durant son séjour à Marseille, Bernadotte fait à plusieurs reprises preuve d'initiative. Peu après son arrivée dans la ville, il vient en aide à son colonel, le marquis d'Ambert, dans un conflit avec les autorités locales et lui évite d'être lynché par une foule en colère[26],[27]. Une autre fois, alors qu'il se trouve dans le village de Lambesc, non loin de Marseille, il parvint, grâce à son éloquence, à empêcher ses camarades de se mutiner. L'incident se serait déroulé à l'intérieur d'une église où certains des soldats étaient logés et Bernadotte serait monté sur une chaire pour prononcer un sermon qui aurait rapidement mis fin au désordre[28]. L'épisode reste controversé mais il semble qu'à cette période le régiment de Bernadotte était beaucoup moins sujet aux désertions que la plupart des autres unités[29].
Ascension dans la tourmente révolutionnaire
La Révolution française éclate en . À l'automne 1790, le régiment de Bernadotte est transféré sur l'île d'Oléron avant d'être envoyé en sur l'île de Ré, où il reste pendant un an[30]. Bernadotte est nommé lieutenant en et chargé de commander le dépôt du 36e régiment d'infanterie ci-devant Anjou, à Saint-Servan, en Bretagne[29]. Peu de temps après, son unité reçoit l'ordre de marcher vers l'est. À la même époque, la Révolution entre dans une phase plus radicale et des commissaires politiques sont désignés pour surveiller l'armée. Le régiment de Bernadotte est dirigé sur la ville allemande de Bingen am Rhein après la victoire française de Valmy et y séjourne pendant l'hiver[31].
Les hostilités reprennent au printemps 1793, lorsque les troupes prussiennes franchissent le Rhin et commencent à faire pression sur les Français. L'Espagne ayant rejoint la coalition contre la France, Bernadotte tente vainement d'être transféré à l'armée des Pyrénées occidentales avec l'appui de son frère. Dans une lettre à ce dernier, il raconte comment il est parvenu à empêcher la panique de gagner ses soldats lors d'une attaque des Impériaux au sud de la ville de Spire, en [32]. C'est la première fois que Bernadotte parvient à maintenir la cohésion de ses troupes sous le feu en excitant les hommes par son ardeur[33].
Ses brillants états de service lui assurent une promotion rapide au sein de l'armée. Nommé capitaine en après s'être signalé dans des combats autour de Spire et de Mayence, son grade est officiellement confirmé l'année suivante par le ministère de la Guerre et il est promu chef de bataillon le [34]. Ce dernier avancement intervint alors que le 36e d'infanterie avait quitté les rives du Rhin pour se porter au sud des Pays-Bas, combattant les forces britanniques à Wervik et Menin en essayant de se frayer un passage jusqu'à Ostende[35].
Bernadotte reçoit les épaulettes de chef de brigade le et est placé à la tête de la 74e demi-brigade. Cette unité de formation récente, composée pour moitié de soldats réguliers et pour moitié de volontaires, est déployée sur la Sambre et la Meuse. Les premiers engagements ne se passent toutefois pas très bien et Bernadotte doit une fois de plus s'exposer personnellement pour empêcher ses troupes de céder face à l'ennemi[35].
Sur le front allemand
Le , il se fait remarquer à la bataille de Fleurus en expulsant les Autrichiens d'un bois[36]. Le général Kléber lança une pétition en faveur de l'élévation de Bernadotte au grade de général de brigade, pour « traits de bravoure et actions d'éclat »[37], ce qui fut fait le [21]. Il participe ensuite à la bataille de la Roer en octobre et au siège de Maastricht de septembre à novembre, ce qui lui vaut d'être nommé général de division le [38].
Contrairement à la plupart des autres commandants, Bernadotte s'attache à respecter les populations locales et à maintenir une stricte discipline parmi ses troupes pour éviter le pillage[39]. Sa correspondance révèle qu'il était un chef travailleur et impliqué dans ses fonctions, s'efforçant d'assurer l'approvisionnement en nourriture des unités placées sous ses ordres et de procurer de meilleurs soins aux malades et aux blessés. Il avait ainsi l'habitude d'envoyer des instructions détaillées aux hôpitaux de campagne sur la façon dont ils devaient fonctionner ou sur le type de traitement que les patients devaient recevoir, ce qui était extrêmement inhabituel chez les généraux de l'époque[40].
En 1795, il prend part à d'autres opérations militaires sur la Sambre et la Meuse. Au mois de décembre, ses troupes se rendent à Bad Kreuznach dans le Palatinat. Plusieurs soldats de sa division tentent de voler et d'extorquer les habitants, mais Bernadotte fait punir les coupables et indemniser les familles qui avaient été victimes de ces abus[41]. Ses hommes passent ensuite l'hiver dans la ville de Boppard avant de traverser le Rhin à Neuwied le [42].
L'armée de Sambre-et-Meuse commandée par le général Jourdan se heurte cependant à une résistance autrichienne déterminée qui la force à évacuer Darmstadt et Nuremberg et à se replier sur Ratisbonne. Des contingents français situés à Deining, Neumarkt et dans le Haut-Palatinat sont également contraints de battre en retraite[41]. Bernadotte, à la tête de l'arrière-garde, fait preuve de compétence stratégique en se repliant face à des forces autrichiennes quatre fois supérieures aux siennes, avec des pertes relativement négligeables[43]. Il tombe malade peu après au mois de septembre[44]. Alors que la campagne s'était achevée sur un échec français, Bernadotte est salué pour son exploit[45]. Il passe alors pour être l'un des meilleurs généraux de l'armée de Sambre-et-Meuse[46].
En Italie
L'évacuation de la Bavière par les troupes républicaines met fin aux opérations françaises dans ce secteur. À l'automne 1796, Bernadotte est nommé gouverneur de Coblence. Il est fier de la discipline qu'il avait réussi à instaurer parmi ses régiments, et lorsqu'un journal l'accuse d'avoir laissé ses hommes se livrer au pillage dans la ville de Nuremberg, lors de la dernière campagne, Bernadotte sollicite un congé pour venir se défendre à Paris. Carnot refuse au motif que des troupes supplémentaires ne seraient pas de trop pour prêter main-forte aux forces françaises déployées en Italie. Au début de l'année 1797, Bernadotte est ainsi désigné pour conduire une armée de renfort en Lombardie afin de soutenir le général Napoléon Bonaparte contre les Autrichiens[41].
Bernadotte se met en route avec 20 000 hommes, répartis en deux divisions, et atteint le massif du Mont-Cenis en passant par Dijon, Lyon et Chambéry ; de là, il se dirige vers Suse puis Turin situés en territoire piémontais[47]. Cette grande marche à travers les Alpes, accomplie en plein hiver et en dépit des tempêtes de neige, est considérée comme un exploit remarquable pour l'époque[48]. Les divisions de Bernadotte font leur entrée à Milan le mais l'accueil fut glacial[47]. Le général eut notamment maille à partir avec le gouverneur militaire de la ville, le colonel Dupuy, qu'il fit arrêter pour insolence et insubordination. Ce que Bernadotte ne savait pas, c'était que Dupuy était un proche du général Louis-Alexandre Berthier, chef d'état-major de Bonaparte[48],[49]. Mis au courant de l'incident, Berthier adresse une lettre de blâme à Bernadotte à laquelle ce dernier riposte vivement, scellant le début d'une longue inimitié entre les deux hommes[50].
De son côté, Bonaparte choisit d'ignorer cet incident car il avait été impressionné par le périple effectué par Bernadotte et ses troupes. Il lui confie le commandement de la 4e division de l'armée d'Italie[49] placée à l'avant-garde de l'aile droite française, qui constitue le pivot de l'offensive que Bonaparte s'apprête à déclencher contre les Impériaux. Lorsque celle-ci débute le , les troupes républicaines franchissent le Piave avant de s'arrêter sur les rives du fleuve Tagliamento, dont le passage était gardé par l'armée autrichienne[51]. Selon certaines sources, Bernadotte parvient à traverser le cours d'eau en usant d'un stratagème qui surprend ses adversaires ainsi que l'officier de l'état-major de Bonaparte qui l'accompagnait[52],[53]. Selon un autre de ses biographes, voyant ses soldats hésiter à entrer dans l'eau, il donne personnellement l'exemple en descendant de cheval et en conduisant l'attaque sous le feu ennemi[54]. Il emporte peu après la forteresse de Gradisca d'Isonzo par un assaut frontal qui coûte 500 hommes à sa division. Napoléon jugea ces pertes excessives mais Bernadotte se plaignit de l'ambiguïté des ordres donnés par le général en chef[52],[53].
Les troupes de Bernadotte occupent ensuite la ville de Postojna où elles font preuve de discipline et reçoivent un bon accueil de la part des habitants. Suivant les ordres du général en chef, elles s'emparent également d'Idrija pour affermir la présence française en Carniole. Une fois cette mission achevée, Bernadotte se rend à Leibach via Klagenfurt pour rejoindre Bonaparte en Styrie. Les deux hommes se retrouvent au château d'Eggenberg de Graz où se tenaient des pourparlers de paix. C'est là que Bernadotte a sa première expérience de la politique européenne. Un armistice est signé le et les forces françaises commencent à évacuer les territoires du Saint-Empire. Bernadotte est nommé gouverneur de la province de Frioul[55], fonction qui lui procure une grande responsabilité administrative aussi bien dans le domaine civil que militaire[56].
En , Bernadotte, sur ordre de Bonaparte, rentre à Paris, officiellement pour présenter au Directoire des drapeaux pris à l'ennemi, en même temps que le général Augereau dont la mission était de mener un coup d'État contre l'exécutif[57]. Selon Alan Palmer, le véritable motif de ce rappel était de détacher Bernadotte, réputé pour son indépendance de caractère, de sa division qui lui était fidèle et de rendre compte des développements politiques de la campagne[58]. Plunket Barton écrit que « les historiens ne sont pas d'accord sur les mobiles de Bonaparte envoyant Bernadotte. Était ce pour aider Augereau ? Barras le pensait. Ou pour le compromettre ? Ou bien pour avoir un correspondant indépendant à Paris ? Il y avait envoyé son aide de camp, Lavalette, qui était en relations avec les Royalistes. De cette façon, il avait un correspondant dans chaque camp. Peut-être Bonaparte avait-il en vue tout cela »[57]. Torvald Höjer estime que l'envoi de Bernadotte à Paris n'était peut-être pas étranger au coup d'État du 18 fructidor mais note que le général, après avoir hésité, décida de ne pas soutenir la conspiration, qui se solda par l'éviction des directeurs royalistes[59]. Lors de son séjour dans la capitale, Bernadotte fit la connaissance de plusieurs membres de l'élite politique et sociale française, parmi lesquels Germaine de Staël avec qui il resta en contact étroit[58].
Bonaparte ne voulait pas d'un retour de Bernadotte en Italie et s'arrange pour que ce dernier soit nommé commandant en chef de l'armée du Sud de la France, mais Bernadotte décline le poste et rejoint sa division qui stationnait à Udine, dans le Frioul. Le , les deux hommes assistent à un dîner de gala organisé à la villa Manin. Au cours du repas, Napoléon humilie Bernadotte devant tous les autres invités en l'accusant de n'avoir aucune connaissance militaire classique[60]. Cet incident marque fortement Bernadotte qui passe l'hiver suivant à lire des livres consacrés à l'histoire et à la théorie militaire[58]. Il est probable que l'algarade contribua également à durcir les relations entre Bernadotte et le futur empereur[61].
La guerre prend fin avec la signature du traité de Campo-Formio le et Bonaparte quitte la péninsule italienne[62]. En prévision d'un éventuel débarquement en Grande-Bretagne, des ponctions sont effectuées sur l'armée d'Italie et Bernadotte, en dépit de ses protestations, doit se séparer d'une partie de ses troupes. Il réclame alors d'être transféré dans les colonies[63]. Le Directoire lui attribue le commandement de l'île de Corfou, mais alors que Bernadotte était sur le point de partir, Napoléon obtient l'annulation de cette décision. Bernadotte est nommé à la place commandant en chef de toutes les forces françaises en Italie. Bernadotte est satisfait de cette promotion mais Napoléon intrigue une nouvelle fois auprès du ministre des Relations extérieures, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, pour qu'il soit envoyé comme ambassadeur à Vienne[62].
Ambassadeur à Vienne
Bernadotte est officiellement nommé ambassadeur en Autriche le [62], à une époque cruciale pour la diplomatie française[64]. La fonction en elle-même, qu'il juge très inférieure à ses ambitions, ne l'enthousiasme guère mais il était plus intéressé par le montant de sa rémunération, laquelle s'élevait à l'importante somme de 144 000 francs. Le choix de Bernadotte pour l'ambassade est accueilli avec stupéfaction en Autriche et de nombreuses lettres de protestation sont adressées à Talleyrand ; celles-ci demeurent néanmoins sans effet car le général était déjà parti pour Vienne. Bernadotte arrive dans la capitale autrichienne au mois de février et est logé dans le palais Caprara-Geymueller. Il présente ses lettres de créance à l'empereur François II le et, contre toute attente, fait bonne impression à la cour impériale[62].
Une tâche considérable l'attendait pourtant : l'Autriche avait en effet été l'adversaire le plus acharné de la France révolutionnaire et son gouvernement considérait que la paix entre les deux États n'était pas faite pour durer[65]. Du fait de ce climat tendu, Bernadotte était escorté par la police locale dans tous ses déplacements[66]. Sa liberté de mouvement s'en trouve considérablement restreinte, même s'il effectue parfois des promenades à cheval dans Peter Park quand il ne se trouve pas à l'ambassade. Au cours de son séjour à Vienne, il s'entretient avec des royalistes français en exil et reçoit également la visite des compositeurs Johann Nepomuk Hummel et Ludwig van Beethoven[62],[67].
Alors que l'opinion publique autrichienne est majoritairement hostile à la France, la plupart des fonctionnaires de l'ambassade étaient des républicains fanatiques, ce qui ne laisse à Bernadotte qu'une faible marge de manœuvre. Il a même parmi ses collaborateurs un Polonais qui haïssait l'Autriche pour son rôle dans la partition de la Pologne[68]. La presse locale véhicule la rumeur selon laquelle l'ambassadeur aurait interdit à ses employés d'arborer la cocarde tricolore pour éviter toute provocation. L'information parvient à la connaissance du Directoire et Talleyrand envoie à Bernadotte une missive qui est probablement interprétée comme une réprimande, à une période où tout manque de ferveur révolutionnaire est considéré comme suspect[69].
Bernadotte fait alors hisser le drapeau français devant l'ambassade le . La population viennoise en colère entoure rapidement le bâtiment et des fenêtres sont brisées. La situation s'aggrave lorsque Bernadotte sort du bâtiment et menace la foule avec son sabre[69]. Plusieurs attelages sont mis en pièces, le drapeau français est brûlé et la multitude tente de prendre d'assaut l'édifice[62]. Après cinq heures d'agitation, l'arrivée des troupes autrichiennes permet finalement le retour au calme[70].
Profondément déçu de l'attitude des Autrichiens, Bernadotte quitte Vienne deux jours plus tard. Son séjour dans la capitale autrichienne suscite de nombreuses réactions au sein de la Coalition, en particulier chez les Britanniques. Le chancelier impérial Thugut déclare que l'attitude de l'ambassadeur est de nature à rallumer la guerre, tandis que Bernadotte compare son ambassade en Autriche à un exil et argue qu'il avait reçu l'ordre de faire respecter les symboles de la République. L'une des conséquences indirectes de l'incident du drapeau est l'abandon du blocus de Cadix par la flotte britannique, laquelle fait voile vers la Méditerranée pour y livrer la bataille d'Aboukir au mois d'août[62].
Activités politiques
De retour en France, Bernadotte se voit offrir le poste d'ambassadeur en République batave, mais il refuse au motif qu'il en avait assez de servir dans la diplomatie[71]. Sans affectation, il décide de louer une maison de campagne à Sceaux pour s'y reposer et se consacre assidûment à la lecture. Il se rend parfois à Paris pour rendre visite à Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon, qu'il avait rencontré pendant la campagne d'Italie. Il entretient également des contacts avec les membres du Directoire qui siègent au palais du Luxembourg[72].
Par l'intermédiaire de Joseph et de sa femme Julie Clary, Bernadotte fait la connaissance de la sœur de cette dernière, Désirée Clary, fille d'un négociant de Marseille avec laquelle Napoléon avait eu une relation par le passé[73]. Ils tombent amoureux et se marient le [72]. En plus de la dot substantielle apportée par Désirée, cette union est profitable à Bernadotte sur le plan politique[74]. Le couple emménage d'abord dans la maison de Bernadotte à Sceaux mais, s'y jugeant trop à l'écart des cercles parisiens, les deux époux jetent finalement leur dévolu sur une résidence de la capitale située non loin de celle de Joseph et de Julie[72].
En octobre, Bernadotte prend le commandement d'une division à Giessen, à l'est du Rhin, où il fait preuve de respect à l'égard des populations civiles. Il s'intéresse également aux travaux de l'université locale qui lui décerne par la suite un doctorat honorifique, ce qui le flatte énormément. Ces traits de caractère peu communs pour un général de son temps lui valent d'être admiré et il manifeste toute sa vie un grand intérêt pour les questions scientifiques et artistiques[75].
Il est rappelé à Paris en novembre 1798 pour prendre la tête de l'armée d'Italie. Un an plus tôt, Bernadotte aurait sans doute accepté le poste sans réfléchir, mais il préfére se montrer prudent pour cette fois : en effet, les moyens qui lui étaient attribués étaient insuffisants à ses yeux et il réclame 20 000 soldats supplémentaires[76],[77]. Ses exigences déplurent au ministre de la Guerre Barthélemy Louis Joseph Schérer qui décide de prendre lui-même le commandement des troupes tandis que Bernadotte est renvoyé à Giessen[78].
Lorsque la guerre se rallume en entre la France et les pays membres de la Deuxième Coalition, les erreurs commises par le Directoire et l'état d'impréparation des troupes entraînent de nombreuses déconvenues sur le plan militaire[78]. Bernadotte, en sous-effectif, assiége vainement la forteresse de Philippsbourg[79] avant de tomber malade début avril. Après quelques semaines de convalescence en Allemagne, il rentre à Paris au mois de juin, à une époque où les rivalités politiques étaient exacerbées. L'un des principaux personnages du Directoire, Paul Barras, lui confie le commandement des troupes de la capitale. À la même période, il est pressé par ses aides de camp et Joseph Bonaparte de soutenir le coup d'État du 30 prairial () mais il choisit finalement de se tenir à l'écart des événements. Le , Désirée, enceinte depuis la fin de l'année précédente, donne naissance à leur fils unique, Joseph François Oscar Bernadotte[78].
En Italie, la campagne militaire de Schérer tourne au désastre et le clan Bonaparte suggére à l'un des directeurs, Sieyès, de confier à Bernadotte le ministère de la Guerre. Après une période d'hésitation, ce dernier accepte et prend ses fonctions le [78]. Ses nouvelles responsabilités font de lui, dans la pratique, le commandant en chef de toutes les armées françaises[80]. Il œuvre à la réorganisation de l'armée, qui avait subi plusieurs défaites face aux armées de la Coalition, promut de nouveaux généraux, envoie de la nourriture et des uniformes neufs sur le front pour remonter le moral des troupes et s'assure du paiement régulier de la solde, ce à quoi il avait été familiarisé du temps où il servait comme simple soldat[78]. Il fait également publier dans les journaux des proclamations enthousiastes[81] qui incitent bon nombre d'anciens soldats à reprendre du service[78]. Il montre aussi un vif intérêt pour les services médicaux et s'efforce d'améliorer la qualité des soins en faisant effectuer des inspections fréquentes dans les hôpitaux militaires[82].
Bernadotte entretient avec les autres ministres des relations assez tendues, allant même jusqu'à menacer avec son sabre le ministre des Finances qui l'informait que l'argent manquait pour payer les fournisseurs de l'armée. Plusieurs de ses collègues sont cependant impressionnés par sa capacité à mémoriser les détails et par la rapidité avec laquelle il organise les renforts pour contrer le débarquement anglo-russe en République batave[78],[83]. À la même époque, il se met à critiquer de plus en plus ouvertement la politique du Directoire dont l'impopularité est grandissante, et affiche une certaine proximité avec les jacobins[84]. Sieyès, redoutant qu'il ne prépare un coup d'État, obtient sa démission du ministère le [78].
Coup d'État du 18 Brumaire
Bonaparte revient d'Égypte en et est accueilli avec enthousiasme sur le sol français. Bernadotte estime pour sa part que le comportement du général, qui avait transmis le commandement de son armée à Kléber dans des conditions mal établies, devait être sanctionné et il fait vainement pression sur Barras pour l'inciter à traduire Bonaparte en cour martiale. Dix jours après l'arrivée de ce dernier, cédant aux pressions de Joseph et de Désirée, il se rend au domicile de Napoléon, qu'il n'avait pas revu depuis la signature du traité de Campo-Formio, mais la réunion ne se passe pas très bien[85]. Dans les jours qui suivent, les deux hommes se rencontrent plusieurs fois mais Bonaparte ne l'informe qu'au dernier moment de son projet de coup d'État. Lorsqu'il prend conscience de la situation, Bernadotte refuse catégoriquement de le soutenir, déclarant qu'il « préférerait être mis en pièces plutôt que de contribuer à asservir son pays »[86].
De fait, malgré des sollicitations tant de la part du Directoire que des conjurés, Bernadotte ne joue aucun rôle dans les événements qui se préparaient. Les 18 et 19 brumaire (8 et ), Bonaparte passe à l'action, jette à bas les institutions du Directoire et proclame le Consulat, lui-même s'octroyant le titre de Premier consul. Par crainte de représailles, Bernadotte cherche refuge, avec sa femme et son fils, auprès du général Jean Sarrazin[85],[87]. Le coup d'État du 18 Brumaire met fin à sa carrière politique en France, les rênes du pouvoir passant dès lors quasi exclusivement entre les mains de Napoléon[88].
Après son accession au pouvoir, le nouveau chef de l'État s'efforce de rester en bons termes avec les élites politiques du pays ; dans ce contexte, les compétences militaires et administratives de Bernadotte trouvent à s'exprimer[89]. Le , il est nommé conseiller d'État à la section de la guerre, puis désigné le suivant au poste de commandant en chef de l'armée de l'Ouest en Vendée[90]. Napoléon avait songé au départ lui confier le commandement nominal de l'armée destinée à combattre en Italie, mais Bernadotte pensait qu'une affectation à l'armée de l'Ouest lui apporterait davantage de gloire ; en effet, une rumeur circulait selon laquelle des troupes britanniques se préparaient à débarquer en Bretagne[91]. Napoléon quitte Paris au mois de mai pour affronter les Autrichiens en Italie tandis que Bernadotte se rend à Rennes pour s'opposer à une éventuelle incursion anglaise. Sa mission est toutefois largement en deçà de ses espérances : les Britanniques sont facilement repoussés et le quotidien des troupes se résume à la lutte contre les insurgés royalistes de Cadoudal[89].
À l'armée de l'Ouest
Bernadotte conserve le commandement de l'armée de l'Ouest jusqu'en 1802, mais effectue de fréquents séjours à Paris[92] où il fait toujours partie du Conseil d'État. À la même époque, plusieurs complots dirigés contre Napoléon sont découverts mais Bernadotte n'est impliqué de près ou de loin dans aucun d'eux. Bien que lavé de tout soupçon, ses relations avec le Premier consul sont toujours tendues. Il vend sa résidence parisienne le et fait l'acquisition du château de la Grange à Savigny-le-Temple, au sud-est de la capitale. Alors que Désirée préfère la plupart du temps rester à Paris en compagnie de sa mère ou de sa sœur, Bernadotte passe le plus clair de son temps dans sa maison de campagne lorsqu'il est en France[93].
La guerre contre la Deuxième Coalition reprend au mois de et Bernadotte espère obtenir un commandement à l'étranger. La victoire du général Moreau à la bataille de Hohenlinden le précipite cependant la signature du traité de Lunéville qui met fin aux hostilités[93]. Bernadotte regagne son poste à l'armée de l'Ouest en pour se préparer à commander une division dans un projet de débarquement au Royaume-Uni[94], mais l'expédition est annulée en raison des préliminaires de paix avec Londres. Bernadotte est alors chargé de licencier l'armée de l'Ouest et se voit proposer successivement le poste d'ambassadeur à Constantinople et la lieutenance-générale de la Guadeloupe, qu'il refuse tous les deux. Il n'obtient finalement aucune fonction d'envergure et, selon les mots de son biographe Plunket Barton, Bernadotte termine l'année « déçu et mécontent »[95].
Durant le printemps 1802, le général séjourne à la campagne mais se rend régulièrement à Paris. La période est marquée par une grande agitation politique et la loyauté de Bernadotte apparait suspecte aux yeux de Napoléon et de ses partisans[93]. Comme d'autres officiers, ses déplacements sont étroitement surveillés par la police secrète[96]. Plusieurs hauts responsables militaires et politiques pensent même que Bernadotte est prêt à user de moyens constitutionnels pour renverser le Premier consul[97]. La même année, son nom est associé au complot des libelles organisé à Rennes, lors duquel des pamphlets hostiles à Napoléon sont distribués à l'armée. La participation de Bernadotte à cette conspiration n'a jamais été prouvée, mais le chef de l'État s'emporte contre le général et va jusqu'à déclarer qu'il devrait le faire fusiller[98]. Bernadotte se retire à Plombières où il vécut un temps en disgrâce, malgré l'intercession du général Rapp en sa faveur auprès du Premier consul. Ce dernier, soucieux d'éloigner un potentiel rival, lui propose à la fin de l'année 1802 le gouvernement de la Louisiane. Bernadotte se montre intéressé par l'offre[99]. Il consulte le marquis de La Fayette, héros de la guerre d'indépendance américaine[93], et demande à être accompagné de 3 000 soldats et d'autant de laboureurs, ce que Napoléon refuse[100].
Les tensions entre les deux hommes atteignent leur paroxysme au mois de décembre lorsque Talleyrand approche Bernadotte pour lui proposer le poste d'ambassadeur aux États-Unis. Sa nomination est officiellement annoncée le , avec ordre de quitter la France dans les plus brefs délais, mais Bernadotte diffère son départ. Furieux, Napoléon transmet le une nouvelle missive au général pour le sommer de s'en aller sur-le-champ, mais il faut attendre le mois de mai pour que Bernadotte, accompagné de Désirée, se rende à La Rochelle afin de s'embarquer sur un navire à destination du continent américain. C'est alors que la nouvelle de la rupture de la paix d'Amiens et la reprise des hostilités entre la France et l'Angleterre lui parvient[101]. Il écrit aussitôt à Napoléon pour l'informer que, dans ces circonstances, il renonce à sa mission diplomatique et qu'il met son épée à la disposition du gouvernement[102].
Bernadotte reste néanmoins sans affectation et séjourne la plus grande partie de l'année 1803 sur ses terres de la Grange. Napoléon lui reproche en effet le manque d'enthousiasme qu'il avait manifesté à l'idée d'être ambassadeur à Washington. Dans les premiers mois de 1804, il se rapproche du cercle des généraux hostiles au pouvoir en place[101], mais contrairement à certains d'entre eux, comme Moreau, Bernadotte considère qu'il n'était plus possible de préserver la République et que mieux valait en conséquence se rallier à Napoléon que de courir le risque d'une restauration monarchique. Le Premier consul, que Désirée tenait informé de l'état d'esprit de son mari, sentit que le moment d'un rapprochement était venu[103]. Début mai, Bernadotte est très surpris d'apprendre qu'il était convié à une entrevue avec le chef de l'État[101]. Au cours de cet entretien, en dépit des rancunes et des suspicions passées, les deux hommes s'entendent pour coopérer l'un avec l'autre et Bernadotte promet sa loyauté au futur régime impérial que Napoléon se préparait à instaurer[104]. Le , il est nommé gouverneur du Hanovre[90], nomination qui précède de quatre jours seulement l'instauration de l'Empire et la proclamation de Napoléon comme empereur des Français. Le , Bernadotte est élevé, avec dix-sept autres généraux, à la dignité de maréchal d'Empire, la plus haute distinction militaire du pays[105].