Confédération générale du travail
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La Confédération générale du travail, abrégé en CGT, fondée en 1895, est une confédération interprofessionnelle de syndicats français de salariés. Elle est le deuxième du secteur privé par le nombre de voix aux élections professionnelles (comités d'entreprise, délégués du personnel et comités sociaux et économiques), avec 23 % contre 26 % à la Confédération française démocratique du travail (CFDT), et le premier dans le secteur public, avec 21 % des voix contre 19 % à la CFDT.
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Forme juridique | Confédération syndicale |
---|---|
Zone d’influence | France |
Fondation |
---|
Siège |
263, rue de Paris 93100 Montreuil |
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Secrétaire générale | Sophie Binet |
Affiliation européenne | Confédération européenne des syndicats (CES) |
Affiliation internationale | Confédération syndicale internationale (CSI) |
Membres | 640 000 revendiqués (2022[1]) |
Représentativité | Représentative au niveau national |
Publication |
La Vie Ouvrière Le Peuple |
Site web | cgt.fr |
La CGT revendiquait 640 000 militants en 2022 via trente mille implantations dans les entreprises et un millier d'unions locales[2].
En 1936, elle signe les accords de Matignon, créant les premiers congés payés. Forte du prestige de la grande grève des mineurs de 1941, elle réunit cinq millions d'adhérents après la Seconde Guerre mondiale[3], lors de la « bataille de la production » pour reconstruire la France, qui entraîne des scissions créant Force ouvrière et la Fédération de l'Éducation nationale (FEN), future Fédération syndicale unitaire (FSU), inquiètes d'une direction soumise au Parti communiste jusqu'aux années 1990.
Après ses combats anti-guerre d'Indochine et anti-guerre d'Algérie, la CGT obtient en Mai 68 un relèvement de 35 % du salaire minimum puis anime les grandes grèves de 1995 et le mouvement obtenant en 2006 le retrait du « contrat première embauche », participant aussi au rejet du référendum européen de 2005. En mars 2023, Sophie Binet est la première femme élue à sa tête, en plein mouvement contre la réforme des retraites.
Des origines à 1913
L'histoire de la Confédération générale du travail remonte à sa fondation le à Limoges, mais la CGT a été précédée par des associations politiques. Le , la loi Ollivier supprime le délit de coalition et de grève abrogeant la loi Le Chapelier. La même année est créée l'Association internationale des travailleurs (AIT) dite Ire Internationale.
Le , Eugène Varlin, délégué de l'AIT et président, avec Nathalie Lemel, d'une Société d’Épargne de Crédit Mutuel des Relieurs, créent la Fédération Parisienne des Sociétés Ouvrières autour de la Société de Solidarité des Ouvriers Relieurs de Paris préexistante. C'est le noyau parisien de la future CGT nationale.
Durant la décennie 1870-1880, les grèves se multiplient. Un rapport de police dénombre 182 syndicats rassemblant 31 700 adhérents en 1876. Quatre ans plus tard, les chiffres sont respectivement de 478 et 64 000.
Le une loi légalise les syndicats professionnels ouvriers et patronaux à l'initiative de Pierre Waldeck-Rousseau. Aussi, en 1886, la Fédération nationale des syndicats (FNS), d'inspiration guesdiste est créée[4].
Fondation en 1895
Le Congrès constitutif de la confédération générale du travail (CGT) est organisé à Limoges du 23 au [4]. Les principaux piliers en sont la fédération du livre et celle des cheminots, ainsi que la Fédération des Bourses du travail, mais de nombreux métiers restent extérieurs à la CGT. L'échelon confédéral est mal organisé jusqu'au congrès de Montpellier en 1902.
Débuts de la confédération
En 1900, le journal La Voix du peuple[5], organe de la CGT, est fondé.
En 1904, le Congrès de Bourges adopte la revendication de la journée de huit heures. En 1906, la Charte d'Amiens, adoptée en congrès, donne au syndicalisme confédéral quelques-uns de ses traits spécifiques : la lutte des classes, la lutte quotidienne pour des améliorations immédiates mais aussi la lutte pour la disparition du salariat et du patronat, ainsi que son indépendance vis-à-vis des organisations politiques, du patronat et de l’État. Cette Charte est reprise aujourd'hui comme référence par la plupart des syndicats. L'organisation y définit ce qu'est sa vision du syndicalisme : « d'une part il prépare l'émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste, et d'autre part, il préconise comme moyen d'action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, doit devenir dans l'avenir, le groupe de production et de répartition, base de réorganisation sociale »[6],[7]. Lors du congrès, les guesdistes sont mis en minorité par les syndicalistes révolutionnaires et les réformistes.
La Fédération Nationale des Syndicats d'Instituteurs rejoint la CGT en 1907. L'année suivante, la fédération des Mineurs rallie la CGT peu de temps après la grève de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges au cours de laquelle de nombreux cadres de la CGT sont arrêtés. Le Congrès de Marseille se tient en octobre 1908, alors qu'un grand nombre de dirigeants cégétistes sont en prison. Une motion vigoureusement antimilitariste est adoptée[8].
En 1909, Victor Griffuelhes démissionne. Durant son court intérim, Louis Niel renoue les liens avec la Fédération syndicale internationale, mais il doit démissionner sous la pression des révolutionnaires. Cette orientation n'est pas remise en cause par son successeur, Léon Jouhaux, proche des dits révolutionnaires, mais qui a tracé progressivement sa propre voie. Le 5 octobre de la même année, paraît le premier numéro de la Vie ouvrière, qui se définit comme « syndicaliste Révolutionnaire, antiparlementaire ». La revue est dirigée par Pierre Monatte. C'est l'ancêtre de La Nouvelle Vie ouvrière (NVO) qui est toujours la revue de la CGT.
De 1919 à 1939
L'année 1919 voit la création d'un second syndicat en France, la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), dans un paysage social où la CGT revendiquait après la guerre un effectif d'un million et demi d'adhérents, sur fond de 2 206 grèves et 1 160 000 grévistes en France. En réaction, la CGT a obtenu la création du Conseil économique et social et a organisé le une grève générale de 24 heures marquée par 500 000 manifestants à Paris. Le gouvernement a lâché du lest au cours de l'année, le parlement votant la loi sur les conventions collectives le 25 mars et trois jours après la loi supprimant le travail de nuit dans les boulangeries tandis que sont votées aussi le 23 avril les lois sur la journée de 8 heures.
Le 30 avril, après ces lois, Pierre Monatte, qui avait été le le principal fondateur de la revue La Vie ouvrière, crée les Comités syndicalistes révolutionnaires, ce qui fera de lui par la suite le leader de l'opposition interne à la CGT, et l'une des grandes figures du syndicalisme révolutionnaire en France[9]. Arrêté en liaison avec la grève des cheminots de 1920, il sera incarcéré quelque temps[10] et rejoindra le PCF en 1923, dont il sera exclu fin 1924 avant de fonder en janvier 1925 la revue La Révolution prolétarienne.
Le voit le vote de la loi relative au droit syndical. Le 1er mai, la CGT appelle à la grève générale et en 15 jours on compte 1,5 million de grévistes avec le 22 mai, reprise du travail. La grève des cheminots pour la nationalisation des chemins de fer sera un échec. À la suite de ce mouvement, la 11e chambre du tribunal correctionnel ordonnera même le la dissolution de la CGT, sanction qui ne sera jamais appliquée. Contrecoup des échecs, les effectifs repassent à 700 000. En mai, la CGT reçoit l'adhésion de la Fédération des fonctionnaires et employés de l'État. C'est aussi la naissance du journal Le Peuple, organe officiel de la CGT.
Le congrès de Lille, en , évite la scission dans le syndicat, où majoritaires et minoritaires sont au coude à coude. C'est la conséquence du congrès de Tours de la SFIO, qui a vu l'année précédente la scission entre ceux qui souhaitent adhérer à la Troisième internationale, majoritaires et ceux qui s'y opposent.
À la suite de l'exclusion de la Fédération des cheminots, les « révolutionnaires » quittent la CGT, et créent la Confédération générale du travail unitaire (CGTU), proche du Parti communiste (PC). Lors de son premier congrès, du 25 juin au à Saint-Étienne, la CGTU décide de rallier l'Internationale syndicale rouge. Elle combat le taylorisme, alors en plein essor.
La CGTU compterait alors environ 250 000 membres, nettement moins que la CGT « maintenue », qui, elle, en compterait environ 500 000[11]. En 1924, les très minoritaires « syndicalistes révolutionnaires », qui dirigeaient notamment l'union départementale du Rhône, quittent la CGTU et fondent la CGT-SR.
En 1925, la CGTU revendique deux semaines de congés payés à son congrès de 1925. Pierre Monatte fonde La Révolution prolétarienne, où il appelle à la réunification de la CGT. Trois ans après c'est le retour dans la CGT de la Fédération générale des fonctionnaires, qui avait adhéré en mai 1920, mais avait choisi l'autonomie en 1922, pour préserver l'unité syndicale[12].
Lors du vote définitif de la loi sur les assurances sociales le , est instituée une double cotisation, patronale et salariale, abondée par l'État, obligatoire pour les salariés gagnant plus de 15 000 francs par an, après dix années de débats, durant lesquels la CGTU a dénoncé ces assurance privées car pas de répartition, pas d'universalisme, pas de paritarisme, alors que la CGT les a soutenues. Au-delà de la maladie, les assurances sociales couvrent aussi les champs de la vieillesse, de l'invalidité prématurée et du chômage involontaire.
Le est publié « l'appel des 22 », syndicalistes CGT, CGTU et autonomes, en vue de la réunification de la CGT[13] : violemment dénoncé par la direction de la CGTU, cet appel aboutit à un échec patent fin 1932. En 1931, Benoît Frachon entre au bureau confédéral de la CGTU. Il remplace Gaston Monmousseau et devient secrétaire général de la CGTU, deux ans plus tard.
Le début des années 1930 est marqué par la progression du chômage, qui atteint déjà 450 000 personnes en 1931, et s'élèvera à 860 000 en 1936. En 1932, après une progression à la fin des années 1920 à 300 000 adhérents, la CGTU retombe à 258 000 en 1932. La CGT connaît une évolution parallèle ; elle compte 490 000 adhérents en 1921 comme en 1933, après avoir eu également une progression éphémère à la fin des années 1920. Dans la période 1924 et 1934, environ 50 % des conflits se terminent de manière infructueuse.
La période 1934-1935 voit un rapprochement syndical. En riposte à l'émeute du 6 février, un appel à la grève générale « contre le fascisme » à l'initiative de la CGT et de la CGTU pour le 12 février donne lieu à une convergence des deux cortèges place de la Nation (Paris). Le 30 mai, le secrétaire général du PCF Maurice Thorez donne son aval à un rapprochement des deux CGT. Le 9 octobre débutent des discussions en vue de la réunification, qui aboutiront le à un programme de Front populaire. Deux congrès séparés simultanés du 24 octobre au 27 octobre donnent leur aval à la réunification. C'est "la base" des salariés syndiqués qui demande la réunification.
En 1936 s'opère la réunification de la CGT et de la CGTU lors du congrès de Toulouse (2 mars-5 mars) ; les confédérés dominent largement la nouvelle CGT. L'adhésion à la Fédération syndicale internationale (FSI) est votée par 5 500 mandats contre 2 500. Les unitaires ne contrôlent que sept unions départementales. Le 26 mai, une vague de grèves marquées par des occupations d'usines démarre au Havre et s'étend comme une traînée de poudre partout en France, contrairement aux mouvements infructueux de 1906 et 1919-1920. Le 7 juin sont signés les accords Matignon, entre la CGT et le patronat (CGPF). Les 11 et 12 juin sont votées les lois sociales sur les conventions collectives, l'institution de délégués d'atelier, le relèvement des salaires, l'instauration de quinze jours de congés payés et la semaine légale de 40 heures.
Cette reconnaissance du droit syndical et des délégués ouvriers a pour conséquence la multiplication des effectifs du syndicat par onze et l'arrivée de plusieurs centaines de milliers de syndiqués en quelques semaines[14]. Elle modifie également la composition sociale de la CGT, celle-ci étant jusqu'en 1936 une organisation d'ouvriers qualifiés et devient une organisation d'ouvriers non qualifiés[14]. Elle a enfin pour conséquence une politisation du mouvement syndical qui se fait par le biais des cellules d'usines du Parti communiste (PCF) mieux organisées sur le terrain[14].
Au cours de l'année 1937, la CGT a quadruplé son audience et compte quatre millions d'adhérents[réf. nécessaire]. Le rapport de force interne s'est modifié en faveur des ex-unitaires. La Fédération de la métallurgie d'Ambroise Croizat est ainsi passée à 750 000 adhérents. Développement des œuvres sociales gérées par la CGT[réf. nécessaire].
En 1938, les accords de Munich suscitent la polémique entre les différentes tendances de la CGT. Ils sont défendus par la tendance Syndicats (20 % de la CGT), dirigée par René Belin, quand les ex-unitaires les dénoncent. Le centre de Léon Jouhaux, Louis Saillant et Robert Bothereau s'allie avec les ex-unitaires (proches ou membres du PCF)[réf. nécessaire].
Puis c'est l'échec de la grève contre les décrets-lois de Paul Reynaud du 12 novembre, « décrets misère » qui instaurent la semaine de six jours, soit la casse des conquêtes du Front Populaire, « fin de la semaine des deux dimanche ».
Mal préparée après le congrès de Nantes, la grève de la fin du mois est un échec. 15 000 militants sont licenciés et la CGT perd un quart de ses effectifs, qui restent néanmoins élevés avec deux millions et demi d'adhérents.
En 1939, le 23 août, le pacte germano-soviétique entre Ribbentrop et Molotov sème la consternation dans la CGT et exacerbe les tensions contre les communistes. Dès le 24 août, un premier vote a lieu à la Commission administrative, qui condamne le Pacte par 18 voix contre 8[15].
Durant la Seconde Guerre mondiale
Le , date de l’entrée des troupes soviétiques en Pologne, le bureau confédéral de la CGT vote une déclaration excluant les militants qui refusent de condamner le pacte germano-soviétique[15]. Cette décision est approuvée par la commission administrative de la CGT le , ce qui a pour effet d'exclure les communistes de la CGT[15]. Plus de 600 syndicats sont dissous et de nombreux militants et dirigeants exclus sont arrêtés. Ceux qui ne sont pas arrêtés, ni mobilisés entreront dans la clandestinité.
En 1940, la CGT ne compte plus que 500 000 adhérents quand le gouvernement fait voter, peu avant sa chute, les 60 heures de travail par semaine et le 16 août, le gouvernement de Vichy dissout les centrales syndicales ouvrières et patronales, dont la CGT.
Le , René Belin, devenu ministre collaborateur de l'occupant allemand institue la charte du travail mais le 15 octobre, douze dirigeants syndicalistes, dont trois de la CFTC, rendent public un texte opposé connu comme le Manifeste des Douze.
En 1941, la promulgation de la Charte du travail interdit les grèves. Dès l'hiver 1940-1941, paraissent les premiers journaux clandestins, tandis que se constituent les « comités populaires » qui organisent les premières luttes revendicatives, clandestines pour éviter la répression.
Du au a lieu la grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941. Cette grève est l'acte de résistance le plus massif et le plus gênant pour l'occupant allemand, privé de charbon, mais il déclenche une répression féroce dont sont victimes plusieurs centaines de mineurs ; 327 militants sont déportés en Allemagne ou fusillés.
En sont exécutés par les Allemands 88 otages composés majoritairement de militants CGT exclus, dont les 27 de Châteaubriant. Le , à la suite de contacts menés par Louis Saillant avec des émissaires de Benoît Frachon, Léon Jouhaux rencontre l'un de ceux-ci à Cahors[16], lançant le processus de la reconstitution de la CGT. Jouhaux est arrêté peu après et déporté en Allemagne.
La CGT est réunifiée en avril, dans la clandestinité et participe à la constitution du conseil national de la Résistance. Ainsi, le , les Accords du Perreux, signés par Robert Bothereau et Louis Saillant pour les « ex-confédérés », Henri Raynaud et André Tollet pour les « ex-unitaires », reconstituent la CGT.
La CGT, représentée par Louis Saillant, joue un rôle majeur dans la publication le du Programme du CNR, définissant les nationalisations, la Sécurité sociale et les comités d'entreprises. Le , la Grève des Cheminots de la Région Parisienne se déclenche et s'étend à tous les services publics. Le , la police parisienne entre dans la grève. Le , la CGT clandestine appelle à la grève générale pour la Libération. Le lendemain c'est le déclenchement de l'insurrection parisienne, qui prendra fin avec la Libération de Paris le et l'arrivée du Général de Gaulle. Le lendemain, la CGT s'installe au grand jour dans ses locaux du 213, rue La Fayette : c'est la fin de la clandestinité avec une première réunion de son bureau. Le , son journal, La Vie ouvrière, qui avait paru sous forme de tract pendant l'occupation, reparaît au grand jour.
IVe République 1946-1958
Les grandes réformes sociales de 1945-1946
A la libération de la France, après la seconde Guerre mondiale, la CGT revendique le chiffre de cinq millions et demi d'adhérents, l'historien Antoine Prost retenant plutôt celui de Modèle:Nor de cotisants[3]. La majorité de ses dirigeants, membres aussi de la direction du Parti communiste, soutiennent la « bataille de la production » pour reconstruire le pays, dans le sillage de la prestigieuse grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941.
L'année 1945 voit création des comités d'entreprise et la mise en place de la Sécurité sociale, ainsi que la création de la Fédération syndicale mondiale (FSM) à laquelle adhère la CGT. Elle obtient au printemps 1946, grâce à sa forte mobilisation dans les mines de charbon, la création du statut du mineur, accompagnant de nombreuses nationalisations des compagnies minières, voulue par le ministre communiste Auguste Lecoeur et la reconnaissance de la silicose comme maladie professionnelle.
Elle participe aussi à la création de la Sécurité sociale voulue par un autre ministre communiste Ambroise Croizat et à sa gestion. La CGT obtient 59 % des voix lors des premières élections des administrateurs des nouvelles caisses de la Sécurité sociale, et une génération s'investit dans leur gestion, tandis que la CFTC enregistre un percée avec 26 % des voix.
Le c'est la promulgation du "Statut général des fonctionnaires" par le ministre communiste Maurice Thorez. Le 8 avril, dans le cadre de la nationalisation d’EDF-GDF, Marcel Paul, ministre communiste de la Production industrielle, permet la création du Conseil central des œuvres sociales (CCOS) financé sur le 1 % minimum des bénéfices hors taxes des ventes d'électricité et de gaz de l'entreprise étatisée[17] qui, par la suite, subira régulièrement les accusations de financement occulte de la centrale syndicale[18],[19],[20].
Scissions donnant naissance à la CGT-FO et la FEN
Du 8 au , le 26e congrès de la CGT à Paris avait vu une nette domination des « unitaires », dont les chefs de file participent également à la direction du PCF. Le secrétaire général Benoît Frachon, membre de la direction du PCF, a rédigé un rapport qui n'a pas fait l'unanimité, adopté par seulement 84,4 % des voix.
En mai 1947, les revendications des grévistes de Renault sont reprises par la CGT, mais avec un temps de retard, car le PCF y voit l'action de l'extrême-gauche et avec pour conséquence, le 5 mai, l'éviction des ministres communistes du gouvernement. En juin, lors des grèves chez Citroën, à la SNCF, dans les banques, dans les grands magasins, le président du Conseil Paul Ramadier parle de « chef d'orchestre clandestin ». En juillet, des grèves à EDF, puis chez Peugeot, Berliet, Michelin se traduisent le 1er août par un accord entre la CGT et le CNPF pour une augmentation de 11 %, mais qui est dénoncé par le gouvernement. Les 13 et 14 novembre 1947, la division s'accentue au sein du Comité confédéral national (CCN) de la CGT entre la majorité et la minorité, en particulier à propos du plan Marshall, qui a émergé au printemps et qui est ensuite dénoncé plus vigoureusement par l'Union soviétique à partir de l'automne. La majorité communiste de la direction de la CGT, fidèle à Moscou, refuse le plan Marshall. Les grèves s'étendent à la SNCF, où elles avaient déjà été très suivies en juin, et dans toute la France dans le secteur des mines, ce qui est problématique car la France souffre toujours d'une pénurie de charbon.
Dans la nuit du 2 au a lieu le sabotage et le déraillement du train postal Paris-Tourcoing cause une vingtaine de morts et une quarantaine de blessés[21]. Les 14 cheminots arrêtés après le déraillement, sont relâchés après quelques jours puis acquittés après une enquête minutieuse en . L'émotion causée par cet accident sert à discréditer la grève les cheminots qui avaient participé à la Résistance, idéalisés l'année précédente dans le film à succès La Bataille du rail, et à justifier la répression des « grèves rouges », ce qui se traduit par la mort de quatre ouvriers et plus de 1 300 arrestations[22].
Le 19 décembre se concrétise un autre phénomène : la colère présente depuis plus de deux ans des minoritaires, qui s'étaient souvent opposés aux excès de la bataille de la production et refusent que la direction de la CGT reste soumise au PCF[23], le secrétaire général Benoit Frachon étant même membre lui-même de la direction du PCF. Ils finalisent la création, préparée depuis des mois, d'une autre confédération « CGT-Force Ouvrière » (FO): FO tiendra dans la foulée son congrès constitutif en avril 1948 emportant environ 300 000 adhérents, soit une nette minorité. C'est la « scission » de la CGT, suivie d'une autre juste après : un certain nombre de fédérations professionnelles de la CGT, notamment la Fédération de l'éducation nationale (FEN), menée par sa principale composante, le Syndicat national des Instituteurs, choisissent un passage, alors considéré comme « provisoire », à l'autonomie. Il sera en fait durable.
Le SNI et la FEN instaurent alors officiellement en leur sein la représentation proportionnelle des tendances dans les organismes délibératifs et admettent également la double appartenance à une des deux confédérations (CGT ou CGT-FO) à titre individuel dès lors qu'il n'y a pas de syndicat concurrent d'un syndicat national. Mais cette tolérance à la double appartenance sera plus tard abolie par FO et en 1954 par une décision du Bureau politique du Parti communiste français exigeant que les instituteurs communistes ayant poursuivi une activité syndicale au SNI renonce à rester à FO. La tendance animée à la Libération par des militants communistes fut longtemps nommée cégétiste puis (après 1954) ex-cégétistes, avant de prendre le nom d'Unité-Action.
Manifestations et blocages contre la guerre d'Indochine
Le début de la Guerre d'Indochine a lieu le lors du bombardement de Haïphong par des navires de l'armée française, aussi appelé 'massacre de Haïphong'[24] car il fait 6 000 victimes, principalement des civils, et provoque le début des insurrections armées en différents lieux de l'Indochine en étant suivi notamment par la bataille de Hanoï en , le journaliste Rémi Kauffer parlant lui de simple "incident de Haïphong"[25].
Pendant toute la première partie du conflit, la CGT se tient à l'écart de ce conflit, faute d'en maitriser les enjeux, mais à partir de la seconde partie de 1949, elle organise des manifestations de solidarité à l'égard du peuple vietnamien et en faveur de la paix, la grève de 1949-1950 contre la guerre d'Indochine, qui démarre dans les ports d'Oran, Marseille et Dunkerque puis s'étend: les dockers refusent de charger les armes partant pour la Guerre d'Indochine, des trains sont bloqués, des armes jetées à la mer, d'autres professions suivent, et plusieurs personnes sont tuées, la CGT entrainant rapidement la majorité de l'opinion publique derrière elle.
L'année 1949 voit au même moment une division du mouvement syndical mais à l'échelle mondiale, la FSM critique le plan Marshall et l'influence américaine en Europe, ce qui provoque une scission. Les syndicats des États-Unis, d'Angleterre et des Pays-Bas se retirent de la FSM. Ils créent la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) à laquelle adhère la CGT-FO, aidée par les syndicats nord américains regroupés dans l'AFL-CIO.
En raison notamment des différentes scissions, la CGT perd de 1947 à 1950, la moitié de ses effectifs[23].
Conventions collectives et grèves unitaires de 1953
En 1950 est votée la loi sur les Conventions collectives[26], qui a pour résultat de donner des avantages spécifiques à certaines branches, qui profitent aussi aux salariées des entreprises les plus petites, où il est plus difficile de négocier avec l'employeur de tels avantages.
En 1953, une grande grève a lieu du 4 au 25 août, réunissant les principaux syndicats dans les services publics. Le , la CGT puis la CFTC appellent à une journée d'action des secteurs public et nationalisé contre le recul de l'âge donnant droit à la retraite. Les postiers de Bordeaux décident la poursuite du mouvement. Aussitôt les confédérations CGT, FO, CFTC appellent à la grève générale dans ces secteurs. Le 14 août, on compte quatre millions de grévistes, ce qui contraint le gouvernement à reculer. La répression atteint la direction de la CGT : Alain Le Léap est incarcéré et Benoît Frachon doit passer dans la clandestinité[22].
Actions contre la guerre d'Algérie
Durant toute la guerre d'Algérie (1954-1962), la CGT soutient « les revendications des Algériens et leurs aspirations nationales » et durant les 4 années précédentes, les articles de l'ex-résistante Madeleine Riffaud dans La Vie ouvrière, hebdomadaire du syndicat tiré à un demi-million d'exemplaires, ont dénoncé la situation coloniale : elle participe aux réunions du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) de Messali Hadj[27] à Saint-Denis et place de la République[27], puis lance une grande enquête sur la condition des travailleurs algériens en France[28]. L'hebdo de la CGT met en valeur le « 1er mai historique » de 1951, quand le MTLD défile avec sur ses banderoles « L'Algérie aux Algériens »[29], la partie « algérienne » des défilés du 1er mai devenant rapidement très forte, jusqu'à atteindre le tiers en 1953, peu avant la manifestation du 14 juillet 1953 à Paris qui s'achève par des tirs de la police sur le cortège du MTLD, occasionnant sept morts et environ 50 blessés graves, prélude au massacre du 17 octobre 1961 et à l'interdiction pendant 13 ans des défilés du 1er mai à Paris.
Au printemps 1952, La Vie ouvrière envoie Madeleine Riffaud en Algérie pour trois mois[30], dans le sillage de ses enquêtes en France, tandis que Mireille Miailhe et Boris Taslitzky[31], peignent sur les conditions de vie de la population, via un périple semi-clandestin d’Alger à Oran, Beni-Saf, Ain-Témouchant, Sidi-bel-Abbès, Tlemcen, Constantine, Biskra et Djema Setif[32], en vue de l'exposition « Algérie 52 », qui dépeint le petit peuple d’Algérie, dans l'esprit de celle sur le petit peuple des mines du Nord[33] et témoigne des tensions politiques et sociales[34]. Lors du séisme d'Orléansville du 9 septembre 1954, qui provoqua 1250 morts et 3 000 blessés, La Vie ouvrière, journal de la CGT, lance en arabe et en français un appel "à la solidarité avec nos camarades algériens"[35] et des chaînes de dons passant par les dockers de Marseille et Oran[35], en dénonçant l'inégalité des secours entre les habitants "européens" d'Orléansville et ceux des villages arabes alentour[36].
Ve République, depuis 1958
Massacre de Charonne et fin de la guerre d'Algérie
Neuf militants de la CGT sont tués par la police le à l'entrée d'une station de métro lors d'une manifestation pour la paix en Algérie: c'est l'affaire de la station de métro Charonne. La manifestation protestait en particulier contre les attentats de l'OAS, qui ont causé à la même époque plus d'un millier de morts dans l'hexagone, l'un d'eux visant même le général De Gaulle, dans le sillage du putsch des généraux d'Alger et des exactions policières commises lors du massacre du 17 octobre 1961. Les négociations de paix débouchent un mois après ces neufs morts sur les accords d'Évian du , mettant fin à l'essentiel de la guerre d'Algérie, validées par un référendum où trois-quarts des Français votent la fin de la guerre, avec parfois des débordements comme à Marseille, où un groupe de dockers de la CGT a accueilli un navire de rapatriés d'Algérie avec une banderole portant le slogan : « Pieds-noirs, rentrez chez vous »[37].
Grève des mineurs français de 1963
En 1963 a lieu la longue grève des mineurs français de 1963, qui réunit tous les syndicats, avec un très fort soutien de l'opinion publique. Les grévistes revendiquent une augmentation des salaires et ils reçoivent l’appui des cheminots, des sidérurgistes, des agents de la fonction publique et des étudiants[38]. Des équipes de mineurs en tenue ont sillonné toute la France pour collecter des fonds. Plus de trois milliards de francs de l'époque ont été versés dans un fonds inter-confédéral de solidarité[réf. nécessaire]. Les quatre fédérations syndicales d’EDF et GDF appellent à un débrayage d’une heure dès le 5 mars et poursuivent au cours du mois de mars par différentes actions. Quant aux dockers français, ils suspendent, le temps de la grève, les déchargements de charbons étrangers[38]. La solidarité concerne aussi les enfants : 22 638 sont accueillis et hébergés dans des familles en France et en Belgique. Après 35 jours de conflit très suivi, le gouvernement Pompidou finit par céder en accordant des augmentations de salaires, mais aussi l’ouverture de discussions sur la quatrième semaine de congés payés et sur la durée du temps de travail[38].
Mouvements unitaires de 1967 et 1968
L'année 1966 voit la signature du premier accord national revendicatif entre la CGT et la CFDT, constituée en sur les bases de la déconfessionnalisation de CFTC. L'autre artisan de l'accord est Georges Séguy, qui se prépare à succéder l'année suivante à Benoît Frachon lors du 36e congrès tenu du 11 au . Dans la foulée de cet accord a lieu le très important mouvement de 1967 contre les ordonnances sur la sécurité sociale, prélude à Mai 68.
La plus grande grève générale de l'histoire de France a lieu en mai et juin 1968, quand entre sept et dix millions de travailleurs en grève occupent leurs usines[39]. Cette grève obtient la signature des accords de Grenelle : augmentation de 35 % du salaire minimum, reconnaissance de la section syndicale à l'entreprise et confirmation d'une quatrième semaine de congés payés, envisagée un peu plus tôt mais pas décidée. Dans la foulée de ce mouvement de Mai 68, le est signé un nouvel accord CGT-CFDT sur des revendications prioritaires : revalorisation du SMIC, retraite à 60 ans, semaine de 40 heures, emploi, heures de formation syndicale et en 1972, dans l'espoir d'en obtenir la satisfaction, la CGT soutient le programme commun de la Gauche, suivie en 1978 par une première tentative infructueuse de Georges Séguy pour autonomiser la CGT du PCF, qui se heurte aux partisans de Georges Marchais, numéro un du PCF, mais qui fait qu'en 1981 la CGT n'appelle à voter que pour François Mitterrand au second tour de la présidentielle laissant le libre choix à ses adhérents au 1er tour.
Présidence de Mitterrand et Chirac 1981-2007
En 1982, Henri Krasucki devient secrétaire général lors du 41e congrès et il fait face lors des années 1980 à l'apparition de coordinations nationales lors des grandes grèves, comme celle des cheminots à l'hiver 1986-1987.
En 1988, la situation se répête lors du mouvement de grève des infirmières à l'appel d'une coordination nationale qui réclame notamment une augmentation significative des salaires et de véritables moyens pour la formation. Après la défection des autres syndicats, la CGT est seule à soutenir le mouvement. En 1992, Louis Viannet succède à Henri Krasucki en février lors du 44e congrès et lors des élections législatives, la CGT ne donne aucune consigne de vote.
Puis viennent les importants mouvements de grève contre le plan d'Alain Juppé, en novembre-décembre 1995, dans lesquels s'illustre un jeune cheminot, Bernard Thibault, qui prendra quatre ans après la direction de la CGT: lors du 46e congrès. Entre-temps, au cours de son 45e congrès, la CGT décide de rénover ses statuts et de quitter la FSM et en 1999 la CGT adhère à la Confédération européenne des syndicats, fondée en 1973.
Lors des élections prud'homales de 2002, la CGT reste en tête avec 32,13 % des voix (-0,98 %) devant la CFDT (25,33 %) puis l'année suivante, celle de son 47e congrès est celle d'importants mouvements sociaux contre le projet de Loi Fillon (mai-juin).
En 2005, le Comité confédéral national (CCN), le « parlement » du syndicat, recommande le 9 février le rejet de la constitution européenne, contre l'avis du secrétaire général Bernard Thibault. Le congrès de 2006 est avancé de quelques mois.
En 2006, la CGT tient son 48e congrès à Lille du 24 au 28 avril, dans une période de grand mouvement social contre le Contrat première embauche, disposition législative finalement abandonnée. Puis le 1er novembre, elle participe à la fondation de la Confédération syndicale internationale.
Présidence Sarkozy
En 2010, le syndicat est présent lors des manifestations et grèves contre la réforme des retraites. La CGT s'investit beaucoup dans les très populaires journées d'action, de manifestations et de grèves contre la réforme des retraites avec des contre-propositions. Elle propose, en particulier, que les salariés assujettis à des travaux pénibles aient droit à un départ à la retraite anticipé en fonction de la durée d’exposition à la pénibilité[40]. Elle demande que les revenus financiers des entreprises soient soumis à contribution, en rappelant qu'en 2009, la Cour des comptes évaluait à 10 milliards d’euros le manque à gagner de cette non-contribution. Le syndicat veut remettre à plat l’ensemble des exonérations fiscales, évaluées 30 milliards d’euros en 2009, mais aussi moduler les cotisations sociales en fonction des politiques d’emploi des entreprises[réf. nécessaire]. Cet engagement ne change pas la proportion d'accords signés : 84 % en 2014 et 2015 selon un bilan du ministère du Travail[41].
Présidence Hollande
Lors de la campagne présidentielle, au second tour, le syndicat, par la voix de son secrétaire général, Bernard Thibault, appelle à voter pour le candidat socialiste François Hollande[42].
En mars 2013, Thierry Lepaon est élu secrétaire général lors du 50e congrès, mais il ne reste à son poste qu'un peu moins de deux ans car il est contesté en interne pour des affaires de frais engagés dans son bureau[43].
En février 2015, Philippe Martinez est élu secrétaire général en remplacement de Thierry Lepaon après la démission de ce dernier[44].
En 2016, la CGT participe activement aux grèves et manifestations du printemps 2016. Le , lendemain, de la présentation de la loi travail, Sophie Binet, dirigeante de l'UGICT CGT, lance la pétition « Loi Travail : non, merci ! »[45],[46], avec Caroline de Haas et Elliot Lepers, rejoints rapidement par une vingtaine de militants associatifs et syndicaux[47]. Au total, la pétition recueillera le chiffre record[47] de 1,35 million de signatures[48], lançant le Mouvement social contre la loi Travail en France de 2016. Démarrent alors les manifestations contre le projet de réforme du code du travail.
La CGT annonce à la presse que toutes les raffineries de France sont en grève le 24 mai[49]. Elle impose aux quotidiens nationaux, pour paraître le 26 mai, de publier une tribune signée de leur secrétaire général Philippe Martinez contre la loi Travail; Tous les titres de presse ont refusé, à l'exception du journal L'Humanité[50],[51],[52].
Présidence Macron
Au cours de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle de 2017, en avril 2017, la CGT appelle à « faire barrage » à Marine Le Pen, sans pour autant inviter à voter pour Emmanuel Macron[53].
En mai 2019, Philippe Martinez est réélu lors du congrès de Dijon[54].
Au cours de l'hiver 2019/2020, la CGT participe activement aux grèves et aux manifestations contre le projet de réforme des retraites. Elle s'illustre aussi dans des grèves longues dans certaines entreprise, ainsi de juillet 2019 à mai 2021, la CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques) soutient la mobilisation des femmes de chambres de l'hôtel Ibis pour dénoncer leurs conditions de travail et leur sous-rémunération auprès de leurs employeurs le groupe hôtelier Accor et son sous-traitant STN. En mai 2021, les femmes mobilisées (notamment Rachel Kéké) obtiennent victoire après 8 mois de grève[55]..
Mouvement social de 2023
Dans le contexte politique, démographique et social à rebondissements du début des années 2020, la CGT fait partie de l'intersyndicale nationale, comprenant toutes les organisations syndicales nationales, qui organise des journées de manifestations géantes dans 300 villes de France, avec de nombreuses grèves et occupations au centre du mouvement social contre le projet de réforme des retraites en France de 2023 et écrit à Emmanuel Macron pour demander des négociations, puis n'ayant pas été reçue, une médiation et une suspension de l'adoption du texte de loi.
Les syndicats affichent tout au long du mouvement leur autonomie par rapport aux partis politiques, notamment lors des dépôts à répétition d'amendements contre l’avis de toutes les organisations syndicales, le leader de la CGT Philippe Martinez s'étonnant même d'une volonté « de ne pas aller à l'article 7 pour des raisons de s'approprier le mouvement social et de faire passer les organisations syndicales au second plan »[56].
Emmanuel Macron prétexte son souhait de ne « pas court-circuiter le travail parlementaire » pour refuser le 10 mars de rencontrer l'intersyndicale[57] et un bras-de-fer médiatique se produit entre lui et Philippe Martinez, le 22 mars, lors de la première prise de parole publique de Macron sur la contestation, au cours de laquelle il écarte toute négociation et compare le mouvement social à l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump[58],[59].
53e congrès à Clermont-Ferrand
À partir de mai 2022, Philippe Martinez déclare à la confédération qu'il veut passer la main et suggère le nom de Marie Buisson, secrétaire générale de la Ferc-CGT, pour lui succéder[60],[61].
Le 53e congrès de la CGT s’ouvre le 27 mars à Clermont-Ferrand, en plein mouvement social contre le projet de réforme des retraites en France de 2023. La situation dans la salle du congrès est tendue, et la première journée est émaillée d'incidents. Le vote du bilan d'activité, présenté par la CEC sortante est rejeté à une courte majorité (50,32 %), « une première pour la CGT des temps modernes », selon Jean-Marie Pernot, politologue spécialiste de l’histoire des syndicats[62].
Selon Céline Verzeletti, l'une des deux candidates, avec Marie Buisson, à la succession de Philippe Martinez, ce scrutin a été un « voté par mandats », car le vote de chaque délégué a été « bien débattu » au sein des syndicats, « ce n’est pas un vote d’humeur […] donc ce n’est pas un petit signal envoyé à la direction sortante »[62].
Le CEC propose un bureau confédéral ne comprenant pas Marie Buisson, mais avec comme secrétaire générale Sophie Binet, secrétaire générale de l'UGICT, et comme administrateur Laurent Brun, secrétaire général de la fédération des cheminots[63]. Le congrès de la CGT élit pour la première fois à sa tête une femme, le 31 mars 2023. La Nantaise Sophie Binet, 41 ans et conseillère d'orientation dans des lycées professionnels à Marseille et en banlieue parisienne, puis responsable de l'Union CGT des cadres et techniciens, succède ainsi à Philippe Martinez. La presse souligne alors le lien entre ses nouvelles responsabilités face à une vague prolongée de multiples blocages, grèves ou manifestations spontanées et son expérience à la direction nationale de l'Unef quand le syndicat étudiant avait obtenu en 2006 l'abandon du contrat première embauche par Jacques Chirac[64],[65],[66].
En novembre 2023, la CGT perd sa place de premier syndicat chez EDF qu'elle occupait sans discontinuer depuis 1946 au profit de la CFE-CGC[67].
Positionnement
En 2008, Guy Groux, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences Po, juge la CGT est plus « contestataire » que les quatre autres syndicats représentatifs de droit, car elle a dénoncé l'accord du sur la modernisation du marché du travail[68]. La centrale syndicale explique cette décision en dénonçant une « instrumentalisation de l'agenda social » par le MEDEF, ajoutant que ce dernier « a insidieusement agité la menace d'un échec des négociations et d'une loi susceptible de mettre encore plus à mal le code du travail »[69].
Guy Groux observe en même temps que le secrétaire général Bernard Thibault tente une rénovation[70]. Le Figaro considère que les sections syndicales locales mènent souvent des grèves pour défendre uniquement les intérêts de leurs adhérents[71]. Ainsi, en février 2008, la grève d'une semaine initiée par la CGT provoque de grandes perturbations à l'aéroport d'Orly. Selon Le Figaro, 48 grévistes, le lundi 11 février 2008, obligent les compagnies aériennes à annuler un vol sur deux à Orly[72], en raison d'une opposition au regroupement du contrôle aérien en Île-de-France dans une plate-forme unique. Cette opposition menée par la section locale aurait donc eu, d'après ses détracteurs, pour unique but d'éviter de diluer les effectifs de la CGT et de lui faire perdre la majorité qu'elle détient dans le centre d'Orly[71],[73]. Au même moment, le NPA accuse la CGT et les autres confédérations de freiner leurs syndiqués dans les luttes sociales[74].
La direction de la CGT a par ailleurs rompu dans les années 1990 nombre de ses liens avec les partis de gauche, notamment le Parti communiste, et préfère affirmer sa fidélité à la charte d'Amiens, qui garantit l'indépendance du syndicalisme. Cela s'effectue, selon l'historien communiste du mouvement social Jacques Girault, au risque de perdre, sur un « marché syndical » émietté, une spécificité plus subtile qu'il n'était dit sommairement. Il fait ainsi allusion au rôle de « courroie de transmission » du Parti communiste à l'âge d'or de Benoît Frachon, dans les années 1940, 1950 et 1960[75], ou même de Georges Séguy[76], et Henri Krasucki, dans les années 1970 et les années 1980. En 2012, Bernard Thibault est le dernier secrétaire général confédéral à appeler à voter pour un candidat, François Hollande, lors de l’élection présidentielle, et à être adhérent au PCF durant sa fonction syndicale.
La CGT signe 84 % des accords d'entreprise, et environ 35 % des accords de branche[77].
La CGT est affiliée à la Confédération européenne des syndicats (CES) et la Confédération syndicale internationale (CSI).