Corse
île méditerranéenne et collectivité territoriale unique française / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La Corse (en corse et en italien : Corsica ; en ligure : Còrsega, en grec ancien : Kyrnos) est une île située en mer Méditerranée et une collectivité territoriale unique française.
Corse | |
Blason |
Drapeau de la Corse |
Logo de la collectivité de Corse. | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Statut | Collectivité territoriale unique |
Préfecture | Ajaccio |
Circonscriptions départementales | Haute-Corse (2B) Corse-du-Sud (2A) |
Arrondissements | 5 |
Cantons | 26 |
Communes | 360 |
Président du Conseil exécutif | Gilles Simeoni (FaC) |
Présidente de l’Assemblée | Marie-Antoinette Maupertuis (FaC) |
Assemblée délibérante | Assemblée de Corse |
Préfet | Amaury de Saint-Quentin |
Code Insee | 94 |
Code ISO 3166-2 | FR-COR |
Démographie | |
Gentilé | Corse(s) |
Population | 347 597 hab. (2021) |
Densité | 40 hab./km2 |
Langues régionales | corse ligure (bonifacien, calvais) grec |
Géographie | |
Coordonnées | 42° 09′ 00″ nord, 9° 05′ 00″ est |
Altitude | Max. 2 706 m |
Superficie | 872 200 ha = 8 722 km2 |
Divers | |
Monnaie | Euro |
Fuseau horaire | +1 (HNEC, heure d'hiver) +2 (HAEC, heure d’été) |
Domaine internet | .corsica |
Indicatif téléphonique | 33 |
Site web | www.isula.corsica |
Localisation | |
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Quatrième île de la mer Méditerranée par sa superficie, la Corse est disputée depuis l'Antiquité entre trois principaux centres d'influence : la côte ligure (représentée au cours du temps par notamment les Étrusques puis les Génois), la côte méditerranéenne française (la cité phocéenne puis le royaume de France), et l'Afrique du nord (Carthaginois , le royaume des Vandales puis les Maures). Les habitants eux-mêmes, pauvres et peu nombreux, résistent ou s'accommodent de ces influences. Les Romains tiennent l'île pour pauvre et sauvage, et bien qu'elle soit assez proche de l'Urbs, ils n'y auront, après avoir chassé les carthaginois, que quelques petites villes dans les portions les plus clémentes de la côte. Quand Rome s'effondre, la Corse connaît son lot d'instabilité, aucun pouvoir ne s'imposant durablement avant que la république de Gênes le fasse à la fin du XIIIe siècle et pour près de quatre siècles.
Lorsque cette puissance s'affaiblit, l'île se révolte à partir de 1729, ce qui ouvre une période de 30 ans de tumultes, au terme desquels le royaume de France finit par en prendre le contrôle en usant habilement du bâton et de la carotte (envoi de troupes, mais aussi d'or, de titres et d'emploi à son service, y compris à ses opposants d'hier). Intervenue d'abord à la demande de Gênes, la France finit par s'y substituer (acquisition formelle des droits génois le , alors que l'île est en fait largement aux mains des indépendantistes) et achève sa conquête avec la bataille de Ponte-Novo le . Entre-temps, l'île aura connu une brève indépendance, comme Royaume de Corse du au mois de , et, surtout, comme République corse de 1755 à 1769, avec notamment la première constitution démocratique de l'histoire moderne, reconnaissant aux femmes le droit d'être chef de famille et, dans ce cas, de voter.
Département unique à la création des départements en 1790, la Corse est divisée en deux en 1793 avec la création des départements du Golo et du Liamone. Elle redevient partiellement indépendante sous protectorat britannique de 1794 à 1796 avec la création du Royaume anglo-corse. En 1796, la Corse est définitivement française puis réunifiée en 1811 en un unique département, puis de nouveau divisée en 1975 avec la création des départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. La région Corse est créée en 1982 (en tant que collectivité) et acquiert en 1991, à la suite des revendications locales, un statut de collectivité à statut particulier dénommée « collectivité territoriale de Corse ».
Enfin, depuis le , en application de la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République du , la Corse est une collectivité à statut particulier au sens de l’article 72 de la Constitution, de type collectivité territoriale unique, dénommée « collectivité de Corse » et instituée en lieu et place de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse (en tant que collectivités). Les circonscriptions administratives départementales de Corse-du-Sud et de Haute-Corse, territoires d'exercice des compétences de l'État, restent inchangées, avec les préfectures respectivement à Ajaccio et Bastia.
La Corse compte 350 000 habitants au 1er janvier 2022 d'après les estimations de l'Insee bien que le dernier nombre officiel soit de 347 597 habitants en date du . Cette faible démographie fait de l'île le territoire le moins peuplé de la France métropolitaine.
Dotée d'un riche patrimoine culturel et d'une puissante chaîne de montagne culminant à plus de 2700 mètres d'altitude[1], qui complique les transports intérieurs, l'île a développé une activité touristique réputée, assurant un emploi sur six et 5 millions de nuitées par an[2], mais très concentrée sur le littoral et l'été. Les prémices de l'écotourisme, appelé aussi tourisme durable, agrotourisme ou tourisme équitable, également promu dans l'île proche de Sardaigne[3] pour mettre en valeur la richesse de l'intérieur de ces îles montagneuses[4],[5],[6] et prévenir la pollution dont souffre ailleurs la mer Méditerranée[4], ont vu le jour avec la randonnée en climat méditerranéen dès les années 1970.
Bien des légendes existent sur l'origine du nom donné à l'île de Corse. Parmi les plus tenaces, celle qui veut que les Grecs l'aient appelée Kallistê (en grec ancien Καλλίστη : « la plus belle ») et dont on sait maintenant qu'elle est fausse[N 1].
Des historiens ont écrit :
- « De vieux auteurs l'assurent et, dans la légende qu'ils nous ont transmise, une réalité précise apparaît sans doute. Une femme de la côte de Ligurie, voyant une génisse s'éloigner à la nage et revenir fort grasse, s'avisa de suivre l'animal dans son étrange et longue course. Sur le récit qu'elle fit de la terre inconnue qu'elle venait de découvrir, les Liguriens y firent passer beaucoup de leurs compagnons. Cette femme s'appelait Corsa, d'où vint le nom de Corse. C'est la légende éponyme que nous retrouvons à l'origine de toutes les cités antiques ; mais elle est de formation récente, car le premier nom de l'île est Cyrnos et non pas Corsica.
- La difficulté n'était point pour embarrasser les vieux chroniqueurs, grands amateurs de merveilleux et habitués à ne douter de rien. Il y a d'autres légendes, et plus prestigieuses, sinon moins fantaisistes. Un fils d'Héraclès, Cyrnos, aurait colonisé la Corse en lui donnant son nom. Giovanni della Grossa croit que la Corse a été peuplée par un chevalier troyen, appelé Corso ou Cor, et une nièce de Didon, nommée Sica, que Corso a bâti les villes de l'île et leur a donné les noms de ses fils et de son neveu, Aiazzo, Alero, Marino, Nebbino. C'est ainsi que la Grande-Bretagne a eu son Brut, la France son Francus et que la Corse a son Corso, neveu d'Enée »[8].
- « L'île de Corse, nommée Cyrnos par les Grecs, était baignée au nord par la mer de Ligurie (Ligusticum mare), à l'est par la mer Tyrrhénienne, au sud par le détroit Taphros ou Gallicum qui la séparait de la Sardaigne (Sardinia), à l'ouest par la mer Ibérique »[9].
- Plus loin, dans son étude sur l'occupation de l'île, Xavier Poli écrit : « L'unique texte sur lequel nous pouvons nous appuyer, pour avancer que les Libyens ont occupé la Corse, est tiré de la Phocide de Pausanias, qui écrivait au IIe siècle de notre ère : « À peu de distance de la Sardaigne il est une île appelée par les Grecs Cyrnos et par les Libyens qui l'habitent Corsica ». Une partie non minime de la population, écrasée dans une sédition, passa de cette île dans celle de Sardaigne et se tailla dans la montagne un territoire où elle s'établit. Les Sardes nomment ces émigrés du nom qu'ils ont apporté de leur pays, Corses »[10].
- « La légende est plus précise, Sardus fils d'Hercule et fondateur mythique de la Sardaigne aurait eu un frère Cyrnos. À la tête d'une nombreuse armée de Libyens, l'un et l'autre auraient quitté l'Afrique pour venir s'installer, le premier en Sardaigne, le second en Corse, donnant leurs noms aux deux îles »[9].
- Selon Ptolémée « L'île de Cyrnos, qui est aussi appelée Corsica (variantes : Corsa, Corsi, Corsia), est bornée au nord et à l'ouest par la mer de Ligurie, à l'est par la mer Tyrrhénienne, au sud par la mer qui la sépare de l'île de Sardaigne… »[9].
- Et Xavier Poli de conclure : « C'est de Chalcis, principale ville de l'Eubée, que partit la plus ancienne colonie que la Grèce envoya vers l'Occident ; elle alla fonder Cumes entre le XIe et VIIIe siècles av. J.-C.. Nous savons qu'un des points du territoire de Carystos, une des plus jolies villes de l'Eubée, portait le nom de Cyrnos. Il semblerait donc vraisemblable que Corsica fut baptisée Cyrnos par les colons de Cumes ; mais il convient aussi de dire que Cyrnos est un nom propre d'homme que nous trouvons dans Hérodote et dans Stobée »[9].
- Pour sa part, dans son ouvrage Histoire de la Corse depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours édité en 1839, Camille De Friess-Colonna exprime ainsi : « Aucun historien n'a jusqu'à ce jour donné une étymologie satisfaisante des noms de Cyrnos et de Corse. Les uns assurent que Cyrnos était un fils d'Hercule, qui donna son nom au pays que nous connaissons. Les autres, et Samuel Bochard est de ce nombre, prétendent que le nom de Cyrne voulant dire, en langue phénicienne, couvert de forêts, ce nom dut être imposé à la Corse d'aujourd'hui par les voyageurs phéniciens, qui furent frappés de la richesse de ses forêts.
- Quant au nom de Corse, il y a également des historiens qui veulent qu'il ait été donné à la Corse par Corsus, fils d'Hercule ; Bochart le fait dériver d'un mot phénicien, qui voudrait dire cornue, nom qui lui aurait été imposé à cause des nombreux promontoires qui s'avancent en pointe dans la mer, et des pics élevés qu'on aperçoit de loin, avant de l'atteindre. Filippini rapporte deux versions, que nous croyons devoir transcrire ici, pour faire voir jusqu'où peut aller la manie des étymologies. Voici la première : une femme de Ligurie, appelée Corsica, ayant suivi un taureau qui se rendait à la nage dans une terre inconnue, fut rejointe par ses parents, qui, étant arrivés sur ses traces dans un pays de très belle apparence, et où les pâturages étaient excellents, s'y établirent et appelèrent ce pays Corsica, du nom de la femme qui les y avait attirés. La seconde est qu'un neveu d'Énée appelé Corsus, ayant enlevé une nièce de Didon, appelée Sica, s'enfuit dans l'île à laquelle il donna le nom de Corsica. »[11],[12].
« L'île de Cyrnos, que les Romains appellent Corsica, est un pays affreux à habiter, vu la nature âpre du sol et le manque presque absolu de routes praticables, qui fait que les populations confinées dans les montagnes et réduites à vivre de brigandages, sont plus sauvages que les bêtes fauves. C'est ce qu'on peut, du reste, vérifier sans quitter Rome, car il arrive souvent que les généraux romains fassent des descentes dans l'île, attaquent à l'improviste quelques-unes des forteresses de ces barbares et enlèvent ainsi un grand nombre d'esclaves ; on peut alors observer de près la physionomie étrange de ces hommes farouches comme les bêtes des bois ou abrutis comme les bestiaux, qui ne supportent pas de vivre dans la servitude, ou qui, s'ils se résignent à ne pas mourir, lassent par leur apathie et leur insensibilité les maîtres qui les ont achetés, jusqu'à leur faire regretter le peu d'argent qu'ils leur ont coûté. Il y a cependant certaines portions de l'île, qui sont à la rigueur habitables, et où l'on trouve même quelques petites villes, telles que Blésinon, Charax, Eniconiæ et Vapanes. »
— Strabon, liv. V, ch. II, 7. - Traduction d'Amédée Tardieu
Elle mesure 180 km de long du nord au sud et 82 km dans sa plus grande largeur. Sa superficie est de 8 680 km2.
Site et situation
La Corse est située dans le bassin occidental de la mer Méditerranée, à environ 12 km au nord de la Sardaigne, à 83 km à l'ouest de la Toscane et à 171 km au sud-est de Menton, sur la Côte d'Azur. Île plutôt boisée et montagneuse, sa côte méridionale est formée de hautes falaises (Bonifacio).
La distance la plus courte entre la France continentale et l'île, du cap Martin (Alpes-Maritimes) à la pointe de la Revellata (près de Calvi), est de 164 km. L'île est située à 83 km de l'Italie continentale et à 27 km des îles de l'archipel toscan (Capraia).
Faisant partie de la région géographique italienne, la Corse se situe avec la Sardaigne sur une microplaque continentale[14]. C'est au cours de l'Oligo-Miocène (au milieu du Cénozoïque entre environ 22 à 25 millions d'années) que le bloc corso-sarde et la lanière continentale s'écartent progressivement du bloc ibérique, ouvrant derrière eux le bassin provençal, la mer d'Alboran, le bassin algérien et la mer Tyrrhénienne[15]. La dynamique cesse avec le blocage de l'arc contre les domaines externes, apulien et africain[16],[17].
La distance[18] entre le point nord (île de la Giraglia) et le point sud (îles Lavezzi) de la Corse est de 184 kilomètres[19],[16]. Elle est de 83 kilomètres entre les extrémités est (Alistro) et ouest (île de Gargalo).
Ci-après les principales villes et bourgs de l'île :
Nom corse | Nom français |
---|---|
Aiacciu | Ajaccio |
Aleria | Aléria |
Bastìa | Bastia |
Bunifaziu | Bonifacio |
Calvi | Calvi |
Cervioni | Cervione |
Corti | Corte |
Lìsula[20],[21] | L'Île-Rousse |
Portivechju | Porto-Vecchio |
Prupià | Propriano |
Ruglianu | Rogliano |
San Fiurenzu | Saint-Florent |
Sartè | Sartène |
Vicu | Vico |
Climat
Le climat de la corse littorale est dit méditerranéen d'après la classification de Köppen. Dans l'intérieur des terres et dans les principaux massifs montagneux le climat va de montagnard à alpin du fait de la topographie insulaire accidentée.
Environnement
Bien que de nombreuses espèces endémiques aient disparu lors de la Préhistoire ou peu après, comparativement au continent et aux îles bretonnes, la Corse bénéficie d'un environnement relativement préservé, tant sur terre que sur la côte et en mer.
L'île abrite un parc marin international, des réserves naturelles (de Scandola, Finocchiarola, Biguglia, Cerbicale, Bouches de Bonifacio et Tre Padule de Suartone) et le parc naturel régional de Corse, et des zones communautaires pour les oiseaux. Un observatoire conservatoire des insectes de Corse vise à conserver les espèces patrimoniales et de la biodiversité ordinaire.
Le risque d'incendie constitue une menace pour la biodiversité, alors que (en 2006) plus de 50 % des dégâts découleraient de 12 % des mises à feu liées aux pratiques d'entretien de pâturages ou chemins et zones de chasse. 15 % des incendies seraient dus à la foudre, mais n'étant responsables que de 1 % des destructions (en surface). Durant la canicule de 2003, près de 20 000 ha ont brûlé avec environ 500 mises à feu[22], le problème des incendies pourrait croître avec le réchauffement climatique. La forêt couvre 402 000 hectares en Corse.
En 1972, s'est déroulée l'affaire des boues rouges, impliquant la société italienne Montedison qui déversa du dioxyde de titane au large du cap Corse et qui provoqua une importante pollution marine de boues rouges[23].
L'Assemblée de Corse (loi du ) bénéficie d'une compétence particulière en environnement, avec un Office de l'environnement de la Corse[24] et un observatoire de l'environnement.
À la suite de l'adoption du SDAGE le par l'Assemblée de Corse pour la période 2016-2021, le comité de bassin et la collectivité territoriale de Corse indiquent dans un communiqué commun que « la Corse affiche le meilleur score de rivières en bon état en France » mais que « certains habitants ruraux attendent encore une eau potable de qualité et un assainissement performant »[25].
Régulièrement, d'importantes concentrations de déchets plastiques flottant en mer, parfois estimées à plusieurs milliers de tonnes, se forment dans le canal de Corse avant d'être dispersées par les courants[26].
Pollutions
En 2021, alors qu'une enquête déterminant les causes de la pollution, vraisemblablement liée au dégazage illégal d'un navire, les plages du Sud ont été touchées par cette pollution. Des navires spécialisés de la Marine nationale ont effectué le repêchage de plus de 3 tonnes d'hydrocarbures en mer[27].