Décennie abominable
2ième restauration de l’absolutisme, dernière période du règne de Ferdinand VII d'Espagne (1823-1833) / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La Décennie abominable (en espagnol : Década Ominosa), ou seconde restauration de l’absolutisme, est la période de l’histoire de l'Espagne comprise entre 1823 et 1833, correspondant à la troisième et dernière phase dans laquelle est traditionnellement divisé le règne de Ferdinand VII dans l’historiographie. Elle fait suite au Sexenio Absolutista (« les six ans absolutistes », 1814-1820) et au Triennat libéral (1820-1823) — caractérisé par la mise en vigueur de la Constitution de Cadix promulguée en 1812 —. Certains historiens préfèrent la seconde dénomination, car ils étendent la période au-delà de la mort de Ferdinand VII, jusqu’à la fin du système absolutiste en 1834, incluant ainsi la transition vers un système définitivement libéral qui se consolide par le biais d’accords établis cette dernière année au sein des classes dirigeantes[2][3].
L’expression de « Década Ominosa » fut forgée par les libéraux qui subirent répression et exil au cours de ces dix années[4]. L’écrivain progressiste Benito Pérez Galdós intitula un de ses Episodios nacionales (es) (« Épisode Nationaux », série de romans historiques) El terror de 1824 (« La Terreur de 1824 ») et Marcelino Menéndez Pelayo, intellectuel connu pour son très grand conservatisme, qualifia cette dernière étape du règne de Ferdinand VII d’« absolutisme féroce, dégradant et sombre »[5]. L’hispaniste français Jean-Philippe Luis donne une vision plus nuancée de cette période : « D’une part, la décennie abominable ne se réduit pas à la fin d’un monde mais elle participe à la construction de l’État et de la société libérale. D’autre part, le régime est en même temps tyrannique et volontairement ou involontairement réformateur ». Ce dernier fait constitue ce que le même auteur appelle « l’autre face de la décennie abominable » : « De nombreux points de vue, on assiste au cours de ces cinq ans à une tentative de rénovation institutionnelle du régime menée à terme par une équipe ministérielle très stable si on la compare avec celle [l’équipe] de la première restauration : trois ministres sur six restent en fonctions pendant neuf ans »[6].
Juan Francisco Fuentes a souligné que « l’histoire politique de ces années serait fortement conditionnée par l’étroite marge de manœuvre qui restait à la monarchie de Ferdinand, emprisonnée entre les appels au pragmatisme et à la modération qui lui venaient d'Europe et les exigences des plus intransigeants d’imposer un absolutisme sans concessions ni égards »[4]. C’est ce qui confère à la seconde restauration de l’absolutisme un caractère différent par rapport à la première de 1814-1820, « qui n’avait pas d’ennemis si ce n’est du côté du libéralisme ». En effet, dans la seconde les gouvernements se sont vus « obligés à marcher sur une dangereuse voie médiane, entre la menace de certains libéraux qui prétendaient rétablir la constitution via des mouvements révolutionnaires » et celle des « ultras » ou « apostoliques » « qui s’opposaient à tout changement, aussi limité soit-il, car ils craignaient que cela pût signifier une étape de transition qui mette fin aux valeurs et privilèges qu’ils défendaient »[7]. Jean-Philippe souligne également les différences entre les situations initiales de chaque restauration : « En 1814, pour la majorité, il s’agissait de fermer une parenthèse terrible, tandis qu’en 1823 deux évidences s'imposent aux plus lucides. D’une part, que la crise politique était durable, puisque la monarchie traditionnelle ne s'adaptait pas aux changements économiques, sociaux et intellectuels qui étaient en train d’avoir lieu. D’autre part, la perte de l’Empire américain s'imposait dorénavant comme une réalité inéluctable avec la conséquence d’un appauvrissement brutal et chronique du pays et de l'État »[8].