Didier Deschamps
footballeur et entraîneur français / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Didier Deschamps, né le à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), est un footballeur international français, reconverti en entraîneur. Depuis 2012, il est le sélectionneur de l'équipe de France.
Didier Deschamps | ||
Didier Deschamps lors de la Coupe du monde 2018. | ||
Situation actuelle | ||
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Équipe | France (sélectionneur) | |
Biographie | ||
Nom | Didier Claude Deschamps[1] | |
Nationalité | Française | |
Naissance | (55 ans) Bayonne (France) |
|
Taille | 1,74 m (5′ 9″) | |
Période pro. | 1985 - 2001 | |
Poste | Milieu défensif puis entraîneur | |
Pied fort | Droit | |
Parcours junior | ||
Années | Club | |
1976-1983 | Aviron bayonnais | |
1983-1985 | FC Nantes | |
Parcours professionnel1 | ||
Années | Club | |
1985-1989 | FC Nantes | 135 |
1989-1994 | Olympique de Marseille | 180 |
1990-1991 | → Girondins de Bordeaux | |
1994-1999 | Juventus FC | 195 |
1999-2000 | Chelsea FC | |
2000-2001 | Valence CF | |
Total | 626 (46) | |
Sélections en équipe nationale2 | ||
Années | Équipe | |
France juniors | ||
1988-1989 | France espoirs | |
1989-2000 | France | 103 |
Parcours entraîneur | ||
Années | Équipe | Stats |
2001-2005 | AS Monaco | 99v 57n 52d |
2006-2007 | Juventus FC | 30v 10n |
2009-2012 | Olympique de Marseille | 83v 39n 41d |
2012- | France | 98v 27n 26d |
1 Compétitions officielles nationales et internationales. 2 Matchs officiels (amicaux validés par la FIFA compris). Dernière mise à jour : 26 mars 2024 |
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Originaire du pays basque puis formé au FC Nantes, il évolue rapidement au poste de milieu défensif sous les couleurs nantaises. Il est ensuite transféré à l'Olympique de Marseille où il remporte la Ligue des champions 1993, devenant ainsi le seul (à ce jour) capitaine d'un club français à soulever la C1. Avec l'OM, il gagne aussi deux titres de champion de France. En 1994, il rejoint la Juventus de Turin où il joue quatre finales européennes consécutives, remportant notamment à nouveau la Ligue des champions en 1996, ainsi que trois Serie A. Il termine sa carrière de joueur à Chelsea puis à Valence où il prend sa retraite.
Sélectionné 103 fois en équipe de France, dont il est Capitaine à 54 reprises, entre 1989 et 2000, Didier Deschamps s'impose comme le relais sur le terrain de l'entraîneur Aimé Jacquet. Avec les Bleus, il gagne la Coupe du Monde 1998 (première pour la France) et le Championnat d'Europe 2000. Membre du FIFA 100, une liste des plus grands footballeurs vivants publiée en 2004 pour le centenaire de la Fédération internationale de football association (FIFA), signée par Pelé, il est le deuxième joueur après Franz Beckenbauer à avoir gagné en tant que capitaine la Coupe du monde, le Championnat d'Europe des Nations et la Ligue des Champions.
Didier Deschamps devient entraîneur en 2001 avec l'AS Monaco, club avec lequel il dispute la finale de Ligue des champions 2004. En 2006, il fait remonter la Juventus, reléguée administrativement en Serie B, en première division malgré la sanction de retard de points à l'entame de la saison. Après une pause de deux ans, il revient à l'OM où il remporte le titre de champion de France 2010 ainsi que trois Coupes de la Ligue.
Nommé entraîneur-sélectionneur de l'équipe de France en 2012, il atteint les quarts-de-finale de la Coupe du Monde 2014, puis la finale de l'Euro 2016 (perdue en prolongation face au Portugal). En 2018, il parvient à mener les Bleus à la victoire en finale de la Coupe du Monde, face à la Croatie, sur le score de 4 buts à 2. Deschamps devient ainsi le seul Français à avoir gagné les deux Coupes du Monde (la première en tant que joueur et capitaine, la deuxième en qualité de sélectionneur) ainsi que la troisième personnalité de l'histoire du football, à avoir soulevé le trophée suprême en tant que joueur puis sélectionneur[note 1]. Après l'échec à l'Euro 2020 puis la victoire à la Ligue des nations 2021, il mène à nouveau l'équipe de France jusqu'en finale à la Coupe du monde 2022 mais s'incline face à l'Argentine à l'issue de la séance des tirs au but (2-4, après le score final 3-3). Son contrat à la tête des Bleus est ensuite prolongé jusqu'en 2026.
Jeunesse
Didier Deschamps naît à la clinique du quartier Lachepaillet, à Bayonne, et est le second fils de Pierre et Ginette. Les parents occupent avec Philippe, l’aîné de trois ans, une maison dans la campagne verdoyante du Pays basque. Ginette Deschamps est vendeuse de laine et son mari peintre en bâtiment à la Direction départementale de l'Équipement. Pierre vit longtemps au rythme des rebonds amateurs du ballon ovale, troisième ligne aile sous le célèbre maillot du Biarritz Olympique. Sur les bancs du groupe scolaire Sutar, à Anglet, Didier est un élève calme et studieux. Une fois les devoirs finis, il s'empresse de jouer au ballon seul, avec ses voisins ou cousins. Pour autant, il ne veut pas intégrer un club de football : « J’aimais surtout jouer. J’avais quelques maillots, je regardais l’équipe de France à la télévision mais, pour moi, footballeur, c’était pas un métier ! » Didier préfère la nature, un milieu dans lequel il grandit, explore, pêche et se met à la chasse, comme son père et son grand frère[2]. Ce dernier meurt à l'âge de 22 ans, dans l'accident d'avion du Vol Air France 1919 qui s'écrase le à Eysines (Gironde)[3],[4]. Le décès de son frère, ainsi que ceux de Jean-Michel Labejof et Seth Adonkor en 1984 dans un accident de voiture, coéquipiers au FC Nantes, l'ont « fait grandir plus vite même s'il était déjà mature » déclare Raynald Denoueix[3]. Son père, Pierre Deschamps, meurt le [5].
Puis, le gamin d’Anglet entre au collège catholique Saint-Bernard à Bayonne. Entre le catéchisme et la révision de ses cours, Didier découvre le sport avec ses amis. Il dribble à la récré, sur le petit terrain de l’établissement privé et s’essaie aussi à la natation, au cross-country et au demi-fond grâce à l’UNSS. En cinquième, dans la catégorie Minimes, il est sacré champion de France scolaires sur le 1 000 mètres. Didier touche aussi au handball, au saut en longueur et au rugby. Il déclare en 1985 : « J'ai arrêté le rugby lorsque je me suis aperçu qu'autour de moi, ils étaient beaucoup plus grands »[6]. Mais aussi aux parties de « mur à gauche », spécialité de pelote basque[7],[8], avec son père sur le fronton de Saint-Pierre-d'Irube. Il a onze ans quand il décide de tenter le football. « Je ne vais pas signer aux Genêts d’Anglet, lâche-t-il à ses parents sidérés. Aucun joueur ne sort de là-bas ! » L’Aviron bayonnais, qu'il décide d'intégrer, a lui vu débuter Christian Sarramagna, Félix Lacuesta ou Jean-Louis Cazes[2].
Les dirigeants de l’Aviron sont tout de suite ébahis par Didier, Jacques Sorin en tête : « Il devait être Pupilles 2, mais il était grand, rapide et beaucoup plus costaud que les gamins de son âge. Il a tout de suite intégré l’équipe Minimes ». Attaquant, il inscrit but sur but. « Il s’est tout de suite transformé en patron sur le terrain, poursuit le dirigeant basque. Didier avait l’ascendant sur ses copains, même plus âgés. Il ne cherchait pas à s’imposer, c’était naturel chez lui ». Tout de suite surclassé, il connaît les différentes sélections : départementales, régionales et bientôt nationales. En Minimes 2, il endosse, en déplacement, son premier maillot bleu en Belgique (0-0). En bon capitaine, devenu milieu de terrain, il brandit en 1982 la Coupe nationale des Minimes, qu'il remporte avec la sélection de la Ligue d'Aquitaine. Une dizaine de clubs se manifestent, mais Pierre Garonnaire est le premier sur le coup. Le dénicheur de talents de l’AS Saint-Étienne lui propose une semaine de stage dans le Forez. « J’y suis allé avec Monsieur Sorin, pendant les vacances de Pâques. Les installations me plaisaient. Malheureusement, quelques jours après mon séjour stéphanois, l’affaire de la caisse noire a éclaté (avril 1982) ! »[2]
Le contact est rompu avec l’ASSE et les Girondins de Bordeaux tentent alors une approche cavalière[note 2]. Plus tard, il répond à l’invitation du FC Nantes qui lui propose de venir assister à un match. Avec ses parents, Didier visite le centre de formation à La Jonelière. Le Basque s’installe à Nantes à l'été 1982, sans passer par l'AJ Auxerre qui, par l’intermédiaire de l’incontournable Guy Roux, multiplie les appels du pied. « Mes parents ont été formidables. Ils m’ont laissé choisir. J’ai opté pour le FCN parce que ce club me donnait des certitudes au niveau scolaire[8]. Mais, dans ma tête, les choses étaient désormais bien définies : je voulais décrocher un premier contrat professionnel »[2]. Il y côtoie Marcel Desailly qui sera plus tard son coéquipier à l'Olympique de Marseille, à Chelsea mais aussi en équipe de France.
Carrière en club
Formation et débuts au FC Nantes (1983-1989)
Didier Deschamps vit des premiers mois à Nantes pénibles. « Robert Budzynski m’avait fait trop de pub. Je passais pour le petit prodige et cela a suscité de la jalousie ». Timide et réservé, il est le souffre-douleur des plus anciens, dont certains ont quatre ans de plus que lui. L’hebdomadaire Pif Gadget lui consacre un article le présentant comme un grand espoir du football français, ce qui n'aide pas. Il vit en marge, s’enferme dans sa chambre après les entraînements, bosse une seconde qu’il prépare par correspondance. Il s’accroche et ne se plaint jamais pour ne pas affoler ses parents. Au bout de six mois, le jeune Deschamps est définitivement accepté. Il se lie d'amitié avec Marcel Desailly, le nouveau copain et bientôt le confident. Côté terrain, Didier débute avec les cadets nationaux de Raynald Denoueix, d’abord milieu de terrain, puis libéro. Il passe de deux entraînements par semaine à deux par jour. En 1984, il est finaliste de la Coupe Paul-Nicolas, contre Bordeaux, et demi-finaliste de la Gambardella la saison suivante. Chaque mois, ses parents montent faire le point avec Budzinski, le directeur sportif du FCN : « Il nous tenait régulièrement le même discours, raconte M. Deschamps. Si Didier n’a pas de pépins physiques, il sera pro et jouera en équipe de France ! »[9].
À seize ans et demi, le jeune capitaine des Bleuets en Cadets se concentre sur l’essentiel et cravache. Outre le terrain, il garde le contact scolaire, en préparant un bac B (aujourd’hui filière ES) et peaufine son apprentissage balle au pied. Il dispute quelques matchs alors en Division 4, avant d’intégrer l’équipe réserve en D3[9] où les jeunes Canaris terminent troisièmes du groupe Ouest à deux points du premier[10].
Au bout de deux ans de présence à Nantes, ses prestations en équipe B réussissent à convaincre Jean-Claude Suaudeau, entraîneur de l'équipe première, à l'intégrer au groupe professionnel à l'aube de la saison 1985-1986 où il côtoie les vedettes du club aux entraînements[10]. Le 27 septembre 1985, Didier effectue ses premiers dribbles en Division 1. « C’était à Brest, nous avions gagné 3-1, se remémore le sélectionneur. Je rentre vers la 20e minute, lorsque Vahid Halilhodžić se blesse. Une heure à ce niveau, ça m’a paru bien long ! » Le 11 décembre, le Basque remplace Loïc Amisse en Coupe de l’UEFA, pour les trois dernières minutes d’un Nantes-Spartak Moscou (1-1). Fort de ses sept apparitions au sein de l’élite, même s'il passe le plus clair de son temps en équipe réserve, l'équipe A finit vice-championne à trois points du PSG tout en ayant la meilleure défense avec 27 buts d'encaissés. Avec la réserve, Didier termine leader du groupe Ouest de D3 en ayant aussi la meilleure défense avec 18 buts d'encaissés[10]. Avec l'équipe des jeunes Canaris, il perd la finale de la coupe Gambardella contre l'AJ Auxerre[9] aux tirs au but (0-0 tab)[10].
La saison 1986-1987 voit le Bayonnais s'immiscer un peu plus dans le onze nantais en accumulant 19 présences sur les feuilles de match de l'élite où les Jaunes terminent à la douzième position. Il rajoute également à son actif deux rencontres européennes en disputant de nouveau la coupe UEFA où lui et ses partenaires ne dépassent pas le premier tour à la suite de leur défaite contre Torino (4-0 et 1-1). Avec l'équipe réserve nantaise, il participe à quelques rencontres du championnat de D3 où elle termine troisième du groupe Ouest avec la meilleure défense avec 22 buts d'encaissés. Pendant cette saison, Didier sort davantage en soirée. Budzinski lui dit d'en profiter à 18 ans du fait qu'il peut « se reprendre car à 24 ans c'est plus difficile ».
Dès 1987, le protégé de Suaudeau paraphe son premier contrat professionnel et le voilà capitaine à 19 ans. Au poste de défenseur central, il avale une saison pleine et inscrit son premier but en L1, le 1er septembre 1987, contre l’Olympique de Marseille. « J’évoluais avec deux stoppeurs, Desailly et Antoine Kombouaré. Ce poste, je l’aimais bien. Il m’a beaucoup apporté par la suite, notamment parce qu’à l’époque, j’étais toujours face au jeu ». Recadré milieu défensif, on le compare alors à Henri Michel à la Beaujoire. Bien dans sa tête, Didier s’épanouit pleinement en jaune et vert malgré deux décès successifs dans sa famille[note 3],[9].
Il enchaîne par une bonne saison 1988-1989 durant laquelle il devient international français, convoqué par Michel Platini. Deschamps est capitaine du FCNA à seulement vingt ans[7] et déclare : « ça ne pose pas de problème d'être un si jeune capitaine. Sur le terrain, j'ai toujours beaucoup parlé, j'aime diriger mes partenaires. Chez moi, c'est naturel »[8]. Son appétit de victoires commence à le titiller mais, pour gagner, il faut quitter Nantes. En novembre 1989, Miroslav Blažević, alors entraîneur des Canaris, perd son homme majeur. Avec ses 131 matchs en D1 (4 buts), Didier signe pour quatre ans à l’Olympique de Marseille[9].
Capitaine à l'Olympique de Marseille (1989-1994)
« En arrivant dans le sud, j’ai compris que je ne jouais plus le même championnat. À 21 ans, je quittais le cocon nantais pour me retrouver entouré de stars. J’étais déboussolé. En plus, les premiers contacts avec Bernard Tapie étaient compliqués, je n’arrivais pas à lui parler ! » Avec des coéquipiers comme Mozer, Papin ou Francescoli, Didier Deschamps ne parvient pas à se libérer. Ses débuts au stade Vélodrome sont hésitants. Pour sa première saison, il joue dix-sept bouts de matchs en D1, une demi-finale européenne perdue contre Benfica Lisbonne pour ses débuts en C1 et remporte le titre de champion de France[9].
Pour la saison 1990-1991, il s'en va aux Girondins de Bordeaux, prêté pour une saison. Didier prend mal la nouvelle mais relève le défi. À peine arrivé, il subit une opération du triceps et des problèmes extra-sportifs viennent gangrener la vie du club. Cette saison 1990-1991, il connaît trois entraîneurs : Raymond Goethals, Gernot Rohr, puis Gérard Gili, et joue même deux mois gratuitement pour pouvoir partir[9]. Son coéquipier à Bordeaux, Christophe Dugarry explique au micro de Canal+ Sport qu’à son arrivée, Deschamps s’impose : « De suite, il s’occupe de tout. Il a envie de prendre des responsabilités. Il s’occupe un peu de tout, il participe à toutes les discussions et aux entraînements, il râle quand ça ne va pas et il replace »[7]. Didier, qui rêve d’une nouvelle chance sous le maillot olympien, entame un véritable bras de fer avec Tapie, le boss de l’OM. « Il voulait m’envoyer au PSG pour récupérer Jocelyn Angloma[10]. Alors, je l’ai appelé ! » Chez ses parents, Didier s’enferme dans une chambre et affronte son président au bout du fil. À force d'insister, Didier obtient le droit de rentrer à l'OM[9],[11].
Deschamps gagne son pari. Il brille avec les Bleus lors de la campagne éliminatoire de l’Euro 1992 (huit matchs, huit victoires) et s’affirme comme le ratisseur attitré de l’OM[9]. Le numéro 11[7] devient un cadre de l'équipe phocéenne en accumulant 44 rencontres toutes compétitions confondues pour quatre buts (tous en D1). Il est l'un des grands artisans du quatrième titre de champion de France consécutif de l'OM, son second personnel[9],[12], tout en ayant les meilleures attaque (67) et défense (21). En coupe de France, les Olympiens atteignent les demi-finales qu'ils ne peuvent jouer contre le SC Bastia à cause de la catastrophe de Furiani. Le bémol de la saison de l'OM est son élimination dès le second tour de la coupe des Champions 4-4 score cumulé contre l'AC Sparta Prague (victoire 3-2 au stade Vélodrome et défaite 2-1 en République tchèque)[10].
Malgré l’échec français à l’Euro suédois, Didier, promu capitaine de l’OM à la suite du départ de Jean-Pierre Papin et à la place de Bernard Casoni[7], entre dans l’histoire le 26 mai 1993. Deschamps devient le premier capitaine d'une équipe française tout en étant le plus jeune (pas encore 25 ans) à soulever la Ligue des champions[10]. À Munich, le club phocéen bat l’AC Milan de Fabio Capello, champion d'Italie en titre (1-0). « Je n’oublierai jamais cette période de ma vie. Dans ce groupe, il y avait une vraie communion. Nous réussissons une saison extraordinaire. (...) Il y a la fête au Vélodrome, le défilé sur la Canebière et, malgré toute cette fatigue, on dynamite le PSG en championnat (3-1), dans le match du sacre »[9]. Les phocéens terminent pour la cinquième fois d'affilée champions de France tout en ayant la meilleure attaque (71)[10].
Mais l’affaire VA-OM éclate au grand jour. Le titre de champion de France 1993 est retiré aux Olympiens qui doivent entamer la saison 1993-1994 privés de Coupe d’Europe[9]. Malgré les secousses, l'ancien Bordelais décide de rester fidèle à Marseille et vit une saison plus que convenable avec une deuxième place en championnat à huit points du PSG tout en ayant la meilleure attaque (56)[10]. En 2022, le magazine So Foot le classe dans le top 1000 des meilleurs joueurs du championnat de France, à la 34e place[13].
Sur le toit de l'Europe à la Juventus (1994-1999)
Le 6 mai 1994, il s’engage pour trois saisons avec le club italien de la Juventus de Turin[11]. Sur les bords du Pô, la famille Deschamps s’installe sur une colline, à l’écart de la fourmilière industrielle. Une nouvelle épreuve commence pour le successeur de Michel Platini sous ce maillot bianconero. Blessé au tendon d'Achille, l’international français passe sur le billard. « J’ai dû m’arrêter six mois et j’ai eu peur de ne jamais retrouver mes moyens ». Le 19 février 1995, le milieu défensif est de retour. Il fait ses débuts en Serie A face au SSC Naples (1-0). Son excellente prestation décide Marcello Lippi à le titulariser ensuite systématiquement dans son onze de départ. « Il possède une telle volonté de vaincre qu’il est très vite devenu un garçon indispensable dans notre groupe », se remémore Gianluca Vialli. À la fin de sa première saison, Deschamps et la Juventus s’offrent le doublé Coupe-Championnat. Deschamps, avec ses quatorze matchs pour un but inscrit face au Parme AC, manque d’un rien un fabuleux triplé. Les Turinois échouent face à ce même Parme en finale de la Coupe UEFA. En Italie, il se transforme et progresse surtout techniquement et tactiquement. Associé à Antonio Conte, le Basque devient le relais sur le terrain de Marcello Lippi qui fait des deux hommes un duo de milieu de terrain complet[7].
Lors de la saison 1995-1996, il remporte sa seconde Ligue des champions contre l’Ajax Amsterdam (1-1 tab 4-2). L'ancien Marseillais devient important au sein du onze de la Juve en accumulant quarante matchs toutes compétitions confondues pour deux buts en championnat et, en tant que titulaire, est vice-champion d'Italie[10]. Pendant l'été, Didier est demi-finaliste de l'Euro avec les Bleus[9].
En 1996-1997, Deschamps gagne avec les Bianconeri la Coupe intercontinentale et la Supercoupe de l'UEFA. Avec Zinédine Zidane, qui l’a rejoint au Stadio delle Alpi, il s’offre également deux Scudetti (1997 et 1998), mais s’incline à deux reprises en finale de la Ligue des champions, face au Borussia Dortmund en 1996 (1-3), puis devant le Real Madrid CF l'année suivante (0-1)[9].
De retour de la Coupe du monde 1998, au bout de la saison, grosse déception : « Cette année suivant le titre suprême a été pénible à vivre. Les résultats ont été décevants avec la Juve. On n’a rien remporté et puis, il y a eu les enquêtes judiciaires liées aux affaires de dopage. Bref, j’ai ressenti une lassitude physique, mais aussi mentale »[9].
Fin de carrière à Chelsea puis Valence (1999-2001)
Pendant l'été 1999, Didier est laissé libre par la Juventus et décide de tenter l'aventure dans un autre championnat. Il jette son dévolu sur la Premier League en s'engageant avec Chelsea dirigé par son ancien partenaire turinois, Gianluca Vialli, et où il y retrouve son ami Marcel Desailly. Les Blues ne finissent que cinquièmes en championnat et quart de finalistes de la Ligue des Champions. Deschamps rajoute tout de même un titre à son palmarès avec l'acquisition de la coupe d'Angleterre (en) aux dépens d'Aston Villa[10],[12]. Avec les Bleus, il remporte l’Euro 2000 en Belgique et aux Pays-Bas[9].
Deschamps veut tenter un dernier challenge en signant en faveur de Valence CF[11], finaliste de la dernière C1, où il y retrouve son ancien équipier marseillais Jocelyn Angloma. À la suite de quelques soucis physiques et d'une forte concurrence avec David Albelda et Rubén Baraja, l'ancien Turinois ne totalise que 19 rencontres toutes compétitions confondues[14]. Il prend tout de même part à la cinquième position acquise en Liga tout en ayant la meilleure défense avec 34 buts d'encaissés et surtout à une nouvelle campagne de Ligue des champions jusqu'en finale. Lors de la rencontre perdue aux tirs au but contre le Bayern Munich, Didier reste sur le banc. Au terme de cette saison 2000-2001, Deschamps décide de mettre un terme définitif à sa carrière alors qu'il approche de ses 33 ans[10].
Début 2001, la chaîne de télévision TPS lui confie une émission qui s'appelle Deschamps Contrechamp, une émission qu'il anime et dans laquelle il reçoit des invités du monde du football[15].
Carrière internationale
Débuts précoces mais sans Coupe du monde (1988-1994)
Didier Deschamps connaît pratiquement toutes les équipes de France : minimes, cadets, juniors, espoirs et A[8] dont il est presque toujours capitaine[9]. Le 29 avril 1989 au Parc des Princes, face à la Yougoslavie (0-0) en éliminatoires de la Coupe du monde 1990, Didier Deschamps fait sa première apparition sous le maillot de l'équipe de France A. Michel Platini, alors sélectionneur des Bleus, le fait rentrer à la 74e minute à la place de Daniel Xuereb[16]. Le 11 octobre suivant, il signe son premier but avec les Bleus, toujours au Parc des Princes, face à l’Écosse (3-0). Avec la sélection dirigée par Platini, Didier n'est pas toujours titulaire mais fait néanmoins partie du groupe[9].
Après la non-qualification pour le Mondial 1990 puis son prêt à Bordeaux, Deschamps s’affirme comme le ratisseur attitré de l’OM en 1991-1992 et brille avec les Bleus lors de la campagne éliminatoire parfaite de l’Euro 1992 (huit matchs, huit victoires)[17]. Mais la phase finale est un échec. En Suède, la France n'arrive pas à confirmer son parcours qualificatif et est éliminée dès le premier tour avec deux matchs nuls contre la Suède (1-1) et l'Angleterre (0-0) puis une défaite (1-2) contre le Danemark, futur vainqueur du tournoi[17]. Peu de temps après la compétition, Platini donne sa démission.
Après une saison réussie en club (champion de France et d'Europe avec l'OM), l'affaire VA-OM éclate au grand jour. L'équipe de France enchaîne les succès lors des éliminatoires de la Coupe du monde 1994, les Bleus semblent bien partis pour obtenir leur qualification. Mais ils s'effondrent dans la dernière ligne droite alors qu'un point lors des deux derniers matchs leur aurait suffi[18]; d'abord sur le score de (2-3) contre Israël (que les Tricolores battent 4-0 à l'aller), puis contre la Bulgarie (1-2), avec à chaque fois un but encaissé à la dernière minute[19], et ce, à domicile. « C’est peut-être l’année de trop. Après les auditions chez le juge, c’est la catastrophe avec l’équipe de France en novembre. Il y a ce France-Bulgarie qui nous prive de World Cup 1994. Ça, ça restera le point noir de ma carrière ! »[9].
Capitaine victorieux (1995-2000)
Devenu capitaine, Deschamps joue l'Euro 1996 en Angleterre avec les Bleus ; il participe aux trois matchs de poule et au quart de finale contre les Pays-Bas. Suspendu pour la demi-finale[20], l'équipe de France perd contre la République tchèque, aux tirs au but. Il déclare : « Nous sommes déçus et, à la fois, contents de rentrer, car le tournoi a été long. Une fois de plus, on est critiqués. Moi, je suis optimiste. Ce groupe est vivant et c’est plutôt bon signe pour l'avenir »[9].
En 1998, au top depuis trois ans avec la Juventus Turin, Deschamps veut plus et s’implique comme jamais aux côtés d’Aimé Jacquet, le sélectionneur des Bleus. « Dans le replacement comme dans le commandement verbal, Didier est capital, souffle le patron tricolore. C’est quand il n’est pas là qu’on mesure son importance ». Et le numéro 7 français répond présent. « Aimé est souvent venu à Turin pour discuter avec moi. À chaque visite, il me responsabilisait davantage »[9].
La France remporte la Coupe du monde. Deschamps en est un des principaux artisans, en donnant un cadre et une structure à l'équipe nationale[12]. Avant la compétition, le capitaine des Bleus semble donner des signes de fatigue. Mais devant l'échéance, Didier retrouve suffisamment de force pour réaliser une grande compétition. Hormis un passage à vide contre le Paraguay en huitième de finale et une certaine retenue face à la Croatie alors qu'il est sous le coup d'une suspension en cas d'avertissement, Deschamps est parfait dans son rôle de meneur d'homme et de ratisseur de ballon à toute épreuve. Lors de la finale, il réussit son meilleur match[21]. Face au Brésil, l’inoubliable 12 juillet 1998, Deschamps n’a pas besoin de puiser énormément pour motiver ses partenaires. « Pendant le trajet, de Clairefontaine au Stade de France, j’ai compris que cette finale ne nous échapperait pas. Il y avait une telle ferveur autour de nous que tous les gars étaient gonflés à bloc, galvanisés, prêts à livrer le match parfait. À la mi-temps (les Bleus mènent 2-0), je savais que c’était gagné. Ce jour-là, rien ne pouvait nous arriver ! » Presque toute sa famille est au stade sauf sa mère qui garde son fils qu'il s'empresse de retrouver. Le 17 juillet, une haie d’honneur de trente-cinq élèves de l’école de football de l’Aviron bayonnais fête le héros dont le stade est baptisé à son nom. Ils sont plus de deux mille sur la place de la Liberté[9].
Lors du match France-Ukraine disputé le 27 mars 1999, Didier Deschamps bat le précédent record de 82 sélections détenu par Manuel Amoros. Devenu le premier joueur de l'équipe de France à atteindre cent sélections, il porte ce record à 103 sélections, qui sera battu en 2003 par son ami Marcel Desailly.
Pour sa centième sélection, le capitaine de l'équipe de France s'offre une qualification pour la finale du Championnat d'Europe 2000. Même gêné par des pépins physiques, il prouve lors de ce match contre le Portugal que son intelligence de jeu et son sens tactique sont indispensables aux Bleus[16]. Sur la lancée, il gagne également l'Euro 2000[12]. Au nez et à la barbe de ces Italiens qu’il a côtoyés pendant plusieurs mois, Didier soulève un nouveau trophée international sur la pelouse de Rotterdam (2-1 après prolongation). Après la remise de la coupe, le capitaine tricolore décide de mettre un terme à sa carrière internationale. Roger Lemerre le supplie de continuer, de poursuivre jusqu’au Mondial 2002 pour un éventuel second sacre au Japon. Mais Didier puise dans ses réserves depuis de longues semaines. Il veut aussi profiter de son fils, tout juste âgé de quatre ans et qu’il ne voit pas grandir[9].
Le 2 septembre 2000, Didier Deschamps se retire de l'équipe de France au terme d'un match amical contre l'Angleterre au Stade de France (1-1)[9]. Présent dans les duels, agressif, Deschamps perd très peu de ballons et ne manque pas sa sortie. En compagnie de Laurent Blanc et Bernard Lama, dont les carrières internationales prennent aussi fin, « La Desch » reçoit de Marie-George Buffet, ministre des sports, et Claude Simonet, président de la Fédération, un bouquet et une œuvre d'art : un serre-livre en cristal Lalique représentant un coq tricolore. Avec un match contre une sélection de la FIFA en août, le compteur de « DD » s'arrête à 103 sélections[22].