Eddy Merckx
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Édouard, baron Merckx (/ˈmɛʁks/), dit Eddy Merckx, est un cycliste belge né le dans la commune de Meensel-Kiezegem, en province du Brabant flamand à l'est de Louvain.
Nom de naissance | |
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Distinctions | Liste détaillée Officier de l'ordre de Léopold II () Trophée national du Mérite sportif () Mendrisio d'or ( et ) Chevalier de la Légion d'honneur () Marca Leyenda () Commandeur de la Légion d'honneur () Docteur honoris causa de la Vrije Universiteit Brussel () Brusseleir vè’t Leive (d) () Ordre du Mérite de la République italienne |
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Professionnel de 1965 à 1978, Eddy Merckx est souvent considéré comme le plus grand cycliste de l'Histoire, tant il a été performant au plus haut niveau. Il a remporté 625 courses (525 victoires sur route, 98 succès sur la piste et deux bouquets en cyclo-cross) durant sa carrière, ce qui constitue un record. Surnommé « Le Cannibale » ou « L'Ogre de Tervueren » pour son insatiabilité, Eddy Merckx compte de nombreux autres records dans le sport cycliste, notamment onze Grands Tours remportés (cinq Tours de France, cinq Tours d'Italie et un Tour d'Espagne), soixante-quatre étapes gagnées lors de ces grands tours, trois championnats du monde sur route ainsi que trente-et-une classiques dont dix-neuf Monuments (sept Milan-San Remo, deux Tours des Flandres, trois Paris-Roubaix, cinq Liège-Bastogne-Liège et deux Tours de Lombardie).
Eddy Merckx a également battu le record de l'heure. Il est élu « Athlète belge du XXe siècle », ainsi que meilleur cycliste du XXe siècle par l'Union cycliste internationale.
Repères biographiques
Eddy Merckx est né le à Meensel-Kiezegem au 29 de la Tieltsestraat. Il est le fils de Jules Merckx, un Belge néerlandophone, menuisier puis épicier à Woluwe-Saint-Pierre, une commune en région bruxelloise, et de Jenny Pittomvils, une Belge francophone (décédée en 2009). Il est l'aîné de la famille, sa sœur Micheline et son frère Michel, jumeaux, sont nés le [5].
Il est marié depuis le à Claudine Acou (à Bruxelles) et père de deux enfants : Sabrina (née le ) et Axel (né le ), cycliste professionnel de 1993 à 2007. Sabrina s'est mariée au joueur de tennis argentin Eduardo Masso et leur fils Luca Masso, qui a la double nationalité, a intégré l'équipe nationale argentine de hockey sur gazon, avec laquelle il est devenu champion olympique en 2016 en battant l’équipe de Belgique en finale.
De la découverte du cyclisme au titre de champion du monde amateur
Eddy Merckx reçoit, à 4 ans, son premier vélo (à gros pneus)[6]. S'il gagne tôt dans son enfance le surnom « Tour de France »[7], il obtient son premier vélo de course à huit ans[7]. Il admire le coureur cycliste Stan Ockers[8], mais il joue d'abord au tennis, au basket-ball et au football, en minimes au White Star AC[9],[8]. À 12 ans, il dispute sa première course cycliste non officielle, durant laquelle il est dépassé plusieurs fois[10]. En , il dispute sa première course officielle, à Laeken. Il en dispute d'autres durant cet été-là, et obtient sa première victoire à Petit-Enghien[8]. Après avoir disputé 14 courses en 1961, dès l'année suivante, il a l'ambition d'en faire carrière. Il s'entraîne avec des coureurs professionnels comme Émile Daems et Willy Vannitsen, qui peinent parfois à le suivre. Ses résultats scolaires à l'Athénée d'Etterbeek, qui n'étaient déjà pas bons, déclinent. Au printemps 1962, il convainc ses parents de quitter l'école pour se consacrer au cyclisme[11]. Conseillé par Félicien Vervaecke, l'ancien meilleur grimpeur des Tours de France 1935 et 1937, Eddy Merckx progresse rapidement[12]. En , il remporte le titre de champion de Belgique des débutants à Libramont et écarte tout doute quant à sa capacité à faire carrière[13].
Le , il gagne en solitaire son premier grand trophée, celui de champion du monde amateur à Sallanches, en lâchant tous ses adversaires dans la côte de Passy. À l'arrivée, le reporter radio Léon Zitrone dit : « Eddy Merckx, souvenez-vous bien de ce nom ! » Sur le podium, Merckx devance son compatriote Willy Planckaert et le Suédois Gösta Pettersson. Enfin, un mois après, il termine à la 12e place de la course sur route des Jeux olympiques de Tokyo[note 1]. À la veille d'accéder à l'élite, il est lauréat de 84 succès dans le monde amateur.
L'ascension vers les sommets (1965-1968)
1965
Jean Van Buggenhout décroche un premier contrat professionnel pour Eddy Merckx avec Solo-Superia, une équipe formée autour du champion Rik Van Looy[14]. Il dispute sa première course professionnelle à l'occasion de la Flèche wallonne, le . Parti trop tôt en tête de course, il abandonne[15]. Deux semaines plus tard, il obtient le premier des 525 succès de sa carrière professionnelle à Vilvorde, où il devance son camarade d'entraînement Émile Daems[15]. L'entente est mauvaise au sein de l'équipe entre « l'Empereur » Van Looy, qui entend rester le meilleur coureur de classique qu'il est à l'époque, et Merckx, considéré alors comme un « nouveau Van Looy »[16]. En août, au championnat de Belgique à Vilvorde, Van Looy abandonne et laisse Merckx se débrouiller seul face aux coureurs de l'équipe rivale Groene Leeuw, Arthur Decabooter, et Walter Godefroot. Également considéré comme un grand espoir du cyclisme belge, celui-ci s'impose devant Eddy Merckx[15]. En septembre, Merckx dispute son premier championnat du monde professionnel à Lasarte-Oria, en Espagne, et en prend la 29e place[17]. Il termine la saison avec neuf victoires. Victime des quolibets des équipiers de Van Looy, qui l'affublent du sobriquet « Jack Palance », Merckx demande à Van Buggenhout de lui trouver une autre équipe pour l'année suivante[18]. Raphaël Géminiani tente de le recruter au sein de Ford, afin qu'il coure aux côtés de Jacques Anquetil[17]. C'est finalement avec l'équipe française Peugeot qu'il signe à l'automne 1965[19].
1966
En mars 1966, Eddy Merckx dispute Paris-Nice, sa première course par étapes majeure. Il occupe la première place du classement général pendant une journée, avant de la céder à Jacques Anquetil et de terminer quatrième. Cinq jours plus tard, il s'impose une première fois sur la classique Milan-San Remo en battant onze coureurs au sprint[19]. Au Tour des Flandres, il chute en pêchant par « excès de zèle », montrant, comme en d'autres occasions à ce stade de sa carrière, ce qu'il « considérait lui-même comme son « inexpérience » et son « ignorance » du métier »[20]. Paris-Roubaix est aussi un échec, à cause d'une crevaison. Encore sujet à des crampes lors des fins de longues courses, il est écarté de la victoire au championnat du monde pour cette raison. Après qu'il a rendu publique cette douleur récurrente devant les caméras de la télévision, un spectateur lui conseille une pommade qui le guérit définitivement de ses crampes[21]. En fin de saison, il est battu de trois minutes par Anquetil au Grand Prix des Nations, ainsi que par Felice Gimondi, mais devance son coéquipier Roger Pingeon et Raymond Poulidor[22]. Il frôle la victoire au Tour de Lombardie, battu seulement par Felice Gimondi après avoir été gêné par Vittorio Adorni sur le vélodrome Sinigaglia. Il termine l'année avec vingt victoires[20].
1967
En début d'année 1967, au Tour de Sardaigne, Merckx gagne deux étapes, mais se montre vulnérable en descente, où il chute[22]. Il remporte peu après son deuxième Milan-San Remo, puis la semi-classique belge Gand-Wevelgem fin-mars[23]. Battu au Tour des Flandres, dont il prend la troisième place, il gagne sa première Flèche wallonne fin avril après une attaque en solo[24] mais rate de peu une première victoire sur la Doyenne, battu sur la piste en cendrée de Rocourt par Walter Godefroot. À la fin de ce printemps, il dispute son premier Tour d'Italie. Alors qu'il n'a encore jamais disputé de compétition en haute montagne, il s'impose lors de la douzième étape à l'issue de l'ascension du Blockhaus. Il récidive deux jours plus tard, à Lido degli Estensi (it), cette fois à l'issue d'une arrivée groupée. À la lutte pour les premières places du classement général, il lâche prise au passo del Tonale, lors de la 21e étape[25], victime d'un coup de froid[26], et termine neuvième de ce Giro. Durant l'été, Merckx est endeuillé par la mort de son coéquipier et mentor Tom Simpson, qui s'effondre sur les pentes du mont Ventoux durant le Tour de France. Eddy Merckx est le seul coureur du continent à se déplacer en Angleterre pour ses funérailles[27]. Au début du mois de septembre, il empoche son premier titre de champion du monde à Heerlen aux Pays-Bas, devançant au sprint le Néerlandais Jan Janssen et l'Espagnol Ramón Sáez[28].
1968
Alors qu'approche la fin de saison 1967, le directeur de Peugeot Gaston Plaud ne semble pas vouloir conserver Eddy Merckx, croyant davantage en Roger Pingeon, récent vainqueur du Tour de France[29]. Merckx s'engage avec la nouvelle équipe italienne Faema pour trois ans, et 400 000 francs par an[30]. Il avait rencontré Vincenzo Giacotto (it), alors chargé de monter cette équipe, dès le mois d', à Cervinia. Il avait alors ébloui Giacotto et Nino Defilippis par la facilité avec laquelle il avait effectué l'ascension alors que c'était la première fois qu'il roulait à une telle altitude[31]. Au sein de Faema, Merckx dispose désormais d'une « garde rouge » imposante, à l'image de celle de Van Looy par le passé[32]. Parmi ses nouveaux coéquipiers, Vittorio Adorni est recruté à la fois pour être un « domestique de luxe » et le guider dans les descentes[32], mais également pour être son mentor, ainsi qu'un « indicateur », en tant qu'ancien équipier de Gimondi[33]. Mis en échec par Van Looy et Godefroot au Tour des Flandres[34], Eddy Merckx remporte en avril son premier Paris-Roubaix en battant Herman Van Springel au sprint. Il s'illustre dans les courses par étapes. Au Tour de Sardaigne, en début de saison, il s'assure la victoire dès la première étape, qu'il gagne avec six minutes d'avance. Il remporte aussi le Tour de Romandie en avril[32]. Au Tour d'Italie, lors de la première étape, il part seul à deux kilomètres de l'arrivée et gagne avec six secondes d'avance[35]. Il s'empare du maillot rose, qu'il cède deux jours plus tard à Michele Dancelli, suivant le conseil d'Adorni selon lequel il est nécessaire de préserver les forces de l'équipe. Après avoir gagné la huitième étape à Brescia[36], Merckx reprend le maillot rose à l'issue de la douzième étape, aux Tre Cime di Lavaredo. Dans l'ascension finale, il obtient d'Adorni le signal l'autorisant à attaquer. Il part seul, rattrape tous les échappés présents en tête de course. Tous ses adversaires sont surclassés. Gimondi perd plus de six minutes lors de cette étape. Au classement général, Adorni suit Merckx de quatre minutes, les suivants de cinq minutes. La presse salue de superlatifs son exploit[37]. Il contrôle la fin de la course et remporte son premier Tour d'Italie, devançant son coéquipier Adorni de cinq minutes, et Gimondi de neuf minutes. Malgré les sollicitations des organisateurs et de sponsors, Eddy Merckx ne dispute pas le Tour de France après ce succès au Giro[38]. En septembre, le championnat du monde sur route, disputé à Imola, est emporté par Adorni, dont c'est la région natale. Merckx, qui n'a pas pris part à la poursuite derrière son coéquipier, est huitième[39]. Il termine la saison avec 32 victoires, en 129 courses disputées[40].
L'ère Merckx (1969-1975)
1969
L'hiver voit notamment Vittorio Adorni quitter Faema, tandis que celle-ci recrute le directeur sportif Guillaume Driessens[40]. En mars 1969, Eddy Merckx gagne le Tour du Levant, ainsi que trois des sept étapes de cette course, et surtout le premier de ses trois Paris-Nice. Lors du contre-la-montre du col d'Èze, il rejoint puis dépasse Jacques Anquetil, parti une minute et demie avant lui. Il remporte ensuite en solitaire son troisième Milan-San Remo, grâce à une attaque dans la descente du Poggio[40]. Dans le Tour des Flandres couru sous la pluie, il s'échappe à 70 km de l'arrivée alors qu'il reste tous les monts à gravir. Alors que son directeur sportif Driessens lui crie que cette attaque intervient trop tôt et lui demande d'arrêter, Merckx poursuit son effort. Il franchit la ligne d'arrivée avec plus de 5 minutes d'avance sur Felice Gimondi et 8 sur Marino Basso[41]. Blessé au genou lors de Paris-Roubaix, il y est battu par Walter Godefroot. Lors de la Flèche wallonne, c'est une « brigade anti-Merckx » qui le met en échec[42]. Enfin, à Liège-Bastogne-Liège, il franchit en vainqueur la ligne d'arrivée avec son coéquipier Victor Van Schil, au vélodrome de Rocourt. Leurs poursuivants, résignés, arrivent huit minutes plus tard[43]. En mai, alors qu'il porte le maillot rose du Tour d'Italie en ayant gagné quatre étapes, il est déclaré positif au contrôle antidopage. Il est exclu de la course à Savone. Il s'estime victime d'une injustice et reçoit le soutien de plusieurs coureurs. Gimondi, qui hérite du maillot rose, refuse ainsi de porter celui-ci[44]. Le , l'Union cycliste internationale, dont le président Rodoni avait manifesté publiquement son soutien à Merckx, lève sa suspension « au bénéfice du doute », lui permettant de participer au Tour[45]. Merckx reprend l'entraînement le . Il dispute plusieurs critériums, le championnat de Belgique, en vue du départ du Tour de France, à Roubaix, le . Il prend la deuxième place du prologue, derrière Rudi Altig. Le lendemain, la course passe par Woluwe-Saint-Pierre, où il a grandi. Faema gagne le contre-la-montre par équipes, permettant à Merckx de récupérer le maillot jaune. Il devient ainsi pour la toute première fois maillot jaune en franchissant la ligne d’arrivée située à hauteur de l’actuel no 28 avenue des mille mètres à Woluwé St Pierre. Ce dernier passe ensuite sur les épaules d'un équipier de Merckx, Julien Stevens, vainqueur de la deuxième étape[46]. Les concurrents témoignent de la vitesse élevée imposée par Faema en ce début de Tour[46]. À Nancy, Merckx déclare que ce départ en fanfare avait en réalité pour but de cacher un manque de forme[47]. Au Ballon d'Alsace, Merckx retrouve le maillot jaune en s'imposant avec 4 minutes d'avance sur ses adversaires[47]. Battu par Roger Pingeon à Chamonix, il se montre plus discret dans le Galibier le lendemain. Lors de la dernière étape alpestre en revanche, il est offensif, et bat Gimondi au sprint à Digne. Le lendemain, il suit une attaque du « modeste » coureur Jacques De Boever, et est devancé par Gimondi, qui les a accompagnés. À la sortie des Alpes, Eddy Merckx compte 7 minutes d'avance sur Pingeon au classement général[48]. Il accroît cette avance en gagnant le contre-la-montre de Revel[49]. Lors de l'étape Luchon-Mourenx, Eddy Merckx franchit le premier le col du Tourmalet, en passant devant son coéquipier Martin Van Den Bossche qui avait assuré le rythme du groupe durant l'ascension. Constatant au bas de la descente qu'il a creusé un écart sur ses adversaires, il poursuit son effort seul. Il accroit son avance de six minutes dans l'ascension d'Aubisque et gagne l'étape[50]. La presse salue sa performance le lendemain, et le compare à Fausto Coppi. Jacques Goddet, dans L'Équipe, intitule son article « Merckxissimo »[51]. Il accroit encore son avance au puy de Dôme, puis lors du contre-la-montre final, qu'il gagne avec près d'une minute d'avance. Il remporte ainsi son premier Tour de France, avec 18 minutes d'avance sur le deuxième au classement général[51]. Il est accueilli en triomphe en Belgique, dont aucun coureur n'avait gagné le Tour depuis trente ans, et reçu par le roi Baudouin[52]. Durant la suite de la saison, il remporte notamment Paris-Luxembourg. Lors d'une course derrière derny au vélodrome de Blois le , il est impliqué dans une chute collective. Son entraîneur Fernand Wambst y laisse la vie[53]. Inconscient, Eddy Merckx est transporté à l'hôpital, dont il sort quatre jours plus tard[54]. Toute la suite de sa carrière, il aura des douleurs dorsales à la suite de cette chute. Il revient néanmoins vite en course et gagne un critérium à Schaerbeek le [55]. Son dernier « grand test » de la saison est le Trophée Baracchi, contre-la-montre en duo qu'il a gagné en 1966 et 1967 avec Ferdinand Bracke. Associé à Davide Boifava, il part trop vite et doit laisser son coéquipier du jour faire l'essentiel du travail en fin de course. Ils terminent troisièmes[56]. Merckx termine cette saison avec 43 victoires en 129 courses disputées[57].
1970
En début d'année 1970, Eddy Merckx remporte le classement général et trois étapes de Paris-Nice, dont le contre-la-montre de La Turbie, malgré une douleur à la selle. Celle-ci le pousse, lors de Milan-San Remo, à se mettre au service de son coéquipier Zilioli, qui finit quatrième[57]. Le printemps de classiques s'annonce comme un duel entre Merckx et Roger De Vlaeminck. Ayant refusé de faire ses débuts dans l'« armada » de Merckx en 1969, celui-ci a obtenu quelques victoires, faisant de lui un successeur de Van Looy dans le cœur du public flamand[58]. Eddy Merckx gagne Gand-Wevelgem, puis est battu par Leman au Tour des Flandres[59]. Il remporte Paris-Roubaix avec plus de cinq minutes d'avance sur De Vlaeminck, retardé par une crevaison[60]. Lors de Liège-Bastogne-Liège, De Vlaeminck bat Merckx et tient sa revanche. Il défie Merckx à la Flèche wallonne, remportée par ce dernier en solitaire[61]. Lors du Tour d'Italie, Merckx gagne trois des neuf premières étapes. Mis en difficulté entre Zingonia et Malcesine (sixième étape) par son ex-coéquipier Martin Van Den Bossche, parti chez Molteni, il se rattrape le lendemain avec une victoire en solitaire à Brentonico. Il s'empare à cette occasion du maillot rose, porté depuis le début de la course par Franco Bitossi[62], et le garde jusqu'à l'arrivée à Bolzano. Il gagne son deuxième Giro avec plus de trois minutes d'avance sur Felice Gimondi. En juin, Eddy Merckx ajoute à son palmarès son seul titre de champion de Belgique sur route. Ce premier semestre de 1970 voit l'émergence de Luis Ocaña, deuxième de Paris-Nice et vainqueur du Tour d'Espagne et du Critérium du Dauphiné libéré, et considéré comme le principal adversaire de Merckx au Tour de France[63]. Merckx remporte le prologue à Limoges. Son équipier Zilioli récupère le maillot jaune le lendemain, ce qui déplait à Merckx qui craint qu'il n'y laisse des forces. Merckx retrouve le maillot jaune à l'issue de la sixième étape, à Valenciennes, après une crevaison de Zilioli. Le lendemain, il attaque avec Lucien Van Impe et gagne à Forest. Après le contre-la-montre de l'après-midi, il compte deux minutes d'avance au classement général[64]. Lors de la dixième étape, il participe à une échappée de quatorze coureurs, partis à 170 km de l'arrivée. Il gagne l'étape devant les deux autres derniers coureurs du groupe. Il s'impose encore « magistralement » en contre-la-montre à Divonne et à Grenoble[65]. À l'arrivée à Gap, il apprend la mort de Vincenzo Giacotto (it), directeur de l'équipe Faema. Malgré le chagrin, il s'impose à nouveau le lendemain, au mont Ventoux. Sa victoire finale sur ce Tour semble désormais acquise, puisqu'il compte dix minutes d'avance sur le Néerlandais Joop Zoetemelk, deuxième[66]. Il gagne encore deux étapes, en contre-la-montre à Bordeaux, et à la Cipale le dernier jour, et remporte son deuxième Tour de France[67].
1971
En fin d'année 1970, Eddy Merckx quitte Faema et rejoint Molteni, équipe du fabricant de charcuterie éponyme. Il signe avec elle un contrat de deux ans et emmène dix coureurs belges avec lui[68]. En début de saison, il gagne Paris-Nice, avec trois étapes, puis Milan-San Remo de la plus belle manière jusqu'alors. Le duel avec Roger De Vlaeminck tourne à l'avantage de Merckx au Circuit Het Volk, puis à celui de De Vlaeminck au Grand Prix E3. Merckx est ensuite défait lors des deux grandes classiques suivantes : il se retrouve piégé dans le peloton au Tour des Flandres, et subit cinq crevaisons lors de Paris-Roubaix[69]. Malade, il est forfait pour la Flèche wallonne. Lors de Liège-Bastogne-Liège, il se trouve seul en tête à 90 km de l'arrivée. Au mont Theux, il se trouve en difficulté et son avance passe de cinq à une minute. Il laisse alors son poursuivant, Pintens, le rejoindre à 4 km de l'arrivée, et le bat au sprint au vélodrome de Rocourt[70]. En vue du Tour de France, le Critérium du Dauphiné libéré est le théâtre d'un duel serré avec Luis Ocaña, qui se conclut en faveur de Merckx grâce à un succès lors du contre-la-montre final. Au Grand Prix du Midi libre, sa dernière préparation avant le tour, il s'impose à nouveau avec deux victoires d'étape[71].
La première étape du Tour de France 1971 est un contre-la-montre par équipes, remporté par Molteni, permettant à Merckx d'occuper la tête du classement général. Cependant, à l'issue des trois étapes du jour, c'est Rini Wagtmans qui revêt le maillot jaune, car il a fini l'étape devant Merckx, tout en étant dans le même temps. Le lendemain, Wagtmans se laisse distancer pour permettre à son leader de reprendre le maillot jaune. Molteni contrôle la course, jusqu'à la huitième étape. Lors de cette dernière, Eddy Merckx est distancé par Ocaña, puis Zoetemelk et Agostinho sur les pentes du puy de Dôme. Il concède 15 secondes à Ocaña sur la ligne d'arrivée[72]. Deux jours plus tard, au col de Porte, Ocaña attaque, suivi par trois coureurs. Ceux-ci prennent une minute et demie d'avance sur Eddy Merckx et Bernard Thévenet gagne l'étape. Pour la première fois, Merckx cède le maillot jaune à un adversaire, Joop Zoetemelk. Le lendemain, Ocaña réalise un exploit « à la Merckx ». En début d'étape, dans la côte de Laffrey, Agostinho attaque, suivi par Ocaña, puis Zoetemelk et Van Impe, mais pas par Merckx, qui perd ainsi deux minutes dans cette ascension. Le groupe de quatre conforte son avance dans la plaine. Dans l'ascension qui suit, le col du Noyer, Ocaña attaque et part seul. Il remporte cette étape avec 8 minutes et 42 secondes d'avance sur Merckx, qui a mené seul le peloton à sa poursuite. Luis Ocaña s'empare du maillot jaune ; Merckx est cinquième au classement général, à près de dix minutes[73]. Après une journée de repos, l'équipe Molteni se lance à la reconquête du maillot jaune. Dès le départ de l'étape, alors qu'Ocaña termine à peine de répondre à des journalistes, Rini Wagtmans démarre en trombe, emmenant Eddy Merckx, deux autres Molteni, et une dizaine d'autres coureurs. L'étape de 240 km se résume à une course poursuite serrée entre le groupe Merckx, et le peloton. Merckx reprend ainsi deux minutes sur Ocaña[74]. Avec sept minutes de retard, Merckx ne s'avoue pas vaincu et compte mener la vie dure à Ocaña entre Revel et Luchon. Il attaque dans le col de Portet-d'Aspet, puis le col de Menté. Ocaña n'est pas pris en défaut, mais ne semble pas aussi en forme que les jours précédents. Dans la descente, Eddy Merckx et Luis Ocaña tombent à une seconde d'intervalle. Alors que Merckx repart, Ocaña à peine relevé est percuté par un autre coureur. Il est emmené à l'hôpital et quitte le Tour. Deuxième de l'étape, Merckx reprend la tête du classement général, avec deux minutes d'avance sur Zoetemelk[75]. Il refuse de revêtir le maillot jaune à l'issue de cette étape. Blessé lui aussi, il court prudemment lors des deux dernières étapes pyrénéennes. Il s'impose lors du contre-la-montre final et gagne le Tour de France avec deux minutes d'avance[76]. Entretemps, dans les Landes, Merckx s'échappe et gagne à Bordeaux, ce qui lui permet de remporter également le maillot vert[77].
Merckx et Ocaña se retrouvent aux championnats du monde, à Mendrisio en Suisse. Merckx y obtient son deuxième titre en battant Felice Gimondi au sprint, après avoir attaqué pendant qu'Ocaña s'est mis en retrait en quête d'une boisson[78]. Merckx termine la saison en remportant le Tour de Lombardie, dernière grande classique manquant à son palmarès, en attaquant seul à 50 km de l'arrivée. Il finit l'année avec 54 victoires, soit un ratio de 45 %, son meilleur jusqu'alors[79].
1972
En début de saison 1972, à Paris-Nice, Eddy Merckx se blesse à la hanche. Malgré les avis de médecins, il poursuit la course. Il se montre supérieur à Ocana, qui tente de l'attaquer, mais s'incline face à Poulidor. Il obtient sa cinquième victoire sur Milan-San Remo en attaquant dans la descente du Poggio. Les douleurs dues à sa chute lors de Paris-Nice le handicapent pendant les classiques. Il termine septième du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, où De Vlaeminck obtient sa première victoire. Merckx s'impose ensuite sur Liège-Bastogne-Liège et la Flèche wallonne, que De Vlaeminck ne dispute pas[80]. Au Tour d'Italie, José Manuel Fuente, vainqueur de la Vuelta, est le principal adversaire de Merckx. Il prétend pouvoir mettre ce dernier hors-délai sur le Stelvio[81]. Il s'impose lors de la quatrième étape, au Blockhaus, sur un parcours comprenant une seule montée, en fin d'étape, ce qu'il apprécie. Arrivant avec deux minutes et demie d'avance sur Merckx, il prend le maillot rose. Lors de l'étape de Catanzaro, trois jours plus tard, Merckx « donne leçon de plat et descente », prend quatre minutes à Fuente et revêt le maillot rose[82]. Lors de la quatorzième étape, se terminant au mont Jafferau, Fuente attaque trop tôt, dans l'avant-dernière ascension, et est impuissant lorsque Merckx le rattrape à un kilomètre de l'arrivée. Au Stelvio, la victoire de Fuente n'empêche pas Merckx de remporter ce Giro avec cinq minutes et demie d'avance. Luis Ocaña, vainqueur du Critérium du Dauphiné libéré, semble capable de l'emporter sur Merckx lors du Tour de France, au parcours particulièrement montagneux. Les sept premières étapes de ce Tour sont animées par le duel Merckx-Guimard pour le maillot jaune. Lors de la première étape pyrénéenne, Merckx s'impose et revêt le maillot jaune. Ocaña est surclassé. Lors de la huitième étape, celui-ci subit une crevaison au col du Soulor, puis chute. Il abandonne après une nouvelle chute dans les Alpes. Merckx s'impose sur les deux grands cols de ce Tour, le Galibier et l'Izoard, et au classement général. Gimondi, deuxième, est relégué à onze minutes[83]. Au championnat du monde à Gap, sur un parcours plat, les « gueguerres intestines de l'équipe belge » provoquent son échec. Durant les cinq semaines suivantes, sur 33 courses disputées, Merckx en gagne 22, dont le Tour de Lombardie, à nouveau grâce à une échappée solitaire. Deux semaines après la Lombardie, il part pour Mexico afin d'y battre le record de l'heure. Le vélodrome Agustin Melgar, sur lequel il doit effectuer sa tentative, se situe à 2 285 mètres d'altitude[84]. Afin de s'y préparer, il s'est entraîné chez lui, à Crainhem, avec un masque reproduisant le manque d'oxygène en altitude[85]. Ernesto Colnago lui fabrique pour l'occasion un vélo de 5,75 kg, réputé le plus cher du monde. Le matin du , il se lance sur la piste. Il parcourt 49,431 95 km dans l'heure, battant de près de 800 mètres le précédent record d'Ole Ritter, qui avait, lui aussi, réalisé cette performance à Mexico[86].
1973
En 1973, Eddy Merckx réalise sa meilleure saison de classiques jusqu'alors. S'il est forfait lors de Milan-San Remo car malade, et pas encore au mieux de sa forme au Tour des Flandres, il rafle tout ensuite : Gand-Wevelgem, Paris-Roubaix, Amstel Gold Race, Liège-Bastogne-Liège. Quatre jours après cette dernière, il est au départ de la Vuelta, pour son unique participation à cette course. Il bat Ocaña de 4 minutes. Après quatre jours de pause, il dispute le Tour d'Italie. Il y porte le maillot rose de bout en bout. Il gagne trois étapes lors des cinq premiers jours de course. Le contre-la-montre lors duquel il est battu par Gimondi pour la première fois depuis cinq ans constitue la seule surprise. Il gagne ce Giro avec 7 min 42 s d'avance[87]. En septembre, le championnat du monde sur route, disputé à Montjuïc, près de Barcelone en Espagne, est l'occasion d'une nouvelle rencontre entre Merckx et Gimondi, mais surtout d'une controverse au sein de l'équipe de Belgique[88]. Celle-ci part désunie, Freddy Maertens, révélation du printemps, dispute son premier championnat du monde et veut briller. Roger De Vlaeminck renâcle à courir au service de Merckx. À deux tours de l'arrivée, Maertens revient avec Gimondi et Ocaña sur Merckx, qui vient d'attaquer[88]. Les deux Belges sont réputés meilleurs au sprint que leurs deux adversaires. Toutefois, dans la dernière ligne droite, « les jambes de Merckx se [transforment] en plomb », il ne peut plus suivre à 500 mètres de l'arrivée. Gimondi profite de l'occasion pour prendre la roue de Maertens qui a accepté de lancer le sprint pour son leader. Après que Maertens s'écarte, croyant voir Merckx débouler derrière lui, Gimondi pourtant moins rapide, le surprend et s'impose nettement comme le montre le film de la télévision[89]. Après cet échec, une longue brouille s'installe entre Merckx et Maertens, le premier reprochant au second d'avoir ramené ses adversaires sur lui, et Maertens reprochant à Merckx de ne pas lui avoir laissé de tenter sa chance au sprint alors que ses jambes étaient défaillantes et d'avoir permis à Gimondi de s'imposer[90] alors que la pointe de vitesse du jeune Belge est clairement supérieure. En fin de saison, Merckx gagne Paris-Bruxelles, classique qui n'avait plus été disputée depuis 1966, ainsi que le Grand Prix des Nations, devant Ocaña. Il est également le premier à passer la ligne d'arrivée au Tour de Lombardie mais est disqualifié pour un contrôle antidopage positif à la noréphédrine[91].
1974
En 1974, Eddy Merckx connaît un printemps « désastreux ». Une pneumonie virale le prive de Milan-San Remo. De retour sur les classiques, il est quatrième du Tour des Flandres, deuxième de Gand-Wevelgem, et est battu par De Vlaeminck sur Paris-Roubaix. Il doit ensuite prendre deux semaines de repos pour soigner ses poumons, et manque ainsi Liège-Bastogne-Liège et la Flèche wallonne. C'est sa première saison de classiques sans victoire depuis 1965[92]. Au Tour d'Italie, Fuente prend le maillot rose en gagnant à Sorrente la première étape de montagne (la 3e). Il gagne deux autres étapes et compte deux minutes d'avance sur Merckx au classement général à mi-course. Il s'épuise cependant à vouloir « rouler comme Merckx »[92]. Celui-ci, deux jours après une victoire contre-la-montre, retrouve le maillot rose à San Remo l'issue de la quatorzième étape. Fuente gagne au Monte Generoso le jour où Merckx apprend la mort de Van Buggenhout. Tenté d'abandonner, il poursuit la course malgré sa tristesse. Lors de l'antépénultième étape, il est distancé par Gianbattista Baronchelli et José Manuel Fuente dans les Tre Cime di Lavaredo. Grâce à un « dernier kilomètre de bravoure », il parvient à conserver la première place. Merckx gagne ce Giro avec douze secondes d'avance sur Baronchelli, soit la deuxième avance la plus faible d'un vainqueur de cette course sur son dauphin[93]. Durant les trois semaines qui séparent le Tour d'Italie du Tour de France, Merckx remporte le Tour de Suisse, puis est opéré à l'aine afin d'ôter un kyste[94]. Le Tour de France est disputé en l'absence de Gimondi, Fuente, Zoetemelk et Ocaña. Eddy Merckx gagne le prologue puis défend son maillot jaune en allant jusqu'à disputer les sprints intermédiaires. Le seul adversaire à sa mesure est Poulidor, qui lui prend deux minutes en s'imposant au Pla d'Adet lors de la seizième étape. L'issue de la course ne fait cependant alors plus de doute, Poulidor terminant le Tour à la deuxième place avec huit minutes de retard. Vainqueur de huit étapes, Merckx gagne un cinquième Tour de France, égalant le record de Jacques Anquetil[95]. Fin août, il remporte un troisième championnat du monde, à Montréal en battant Raymond Poulidor dans un sprint à deux[94]. Il devient le troisième coureur trois fois champion du monde sur route après Alfredo Binda et Rik Van Steenbergen. Pendant cette année 1974, il réalise ainsi le triplé Tour d'Italie-Tour de France-championnat du monde. Seul l'Irlandais Stephen Roche a depuis réussi cet exploit en 1987.
1975
En 1975, Merckx réalise l'une de ses meilleures saisons de classiques. Bien aidé par un Joseph Bruyère en grande forme, il gagne Milan-San Remo en réglant un petit groupe au sprint, l'Amstel Gold Race, le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège, où il rejoint puis bat Bernard Thévenet auteur d'une longue échappée[96]. Une angine le prive de Giro. Pour préparer le Tour de France, il dispute le Critérium du Dauphiné libéré et le Tour de Suisse. Lors du Dauphiné libéré, après six victoires d'étapes de Freddy Maertens, Merckx perd onze minutes sur Bernard Thévenet dans le massif de la Chartreuse. Au Tour de Suisse, il est en meilleure forme, mais est battu par De Vlaeminck[97]. Pour la première fois depuis 1969, le prologue du Tour de France n'est pas remporté par Eddy Merckx, battu de peu par Francesco Moser. Le lendemain, les deux demi-étapes de la journée coûtent une minute à Thévenet, Gimondi et Zoetemelk[97]. Merckx gagne le premier contre-la-montre et prend le maillot jaune. Il s'impose à nouveau au deuxième contre-la-montre, avec cette fois une faible avance de 9 secondes sur Thévenet. Après une première étape pyrénéenne sans encombre, gagnée par Felice Gimondi, Merckx se retrouve le lendemain sans coéquipier dans l'ascension finale vers le Pla d'Adet, et concède près d'une minute à Thévenet et Zoetemelk. Lors de la treizième étape, gagnée par Pollentier à Super Lioran, Merckx est à nouveau sans équipier. Au puy de Dôme, Thévenet et Van Impe s'échappent. Ce dernier s'impose avec 15 secondes d'avance sur Thévenet. Alors qu'il en termine avec cette ascension, Nello Breton un habitant de Cusset, lui envoie un coup de poing dans le foie. Merckx plié en deux par la douleur sprinte et parvient à sauver son maillot jaune pour 58 secondes[98],[99]. À la demande d'Eddy Merckx, l'homme sera identifié, poursuivi et condamné[100].
La passation de pouvoir entre Merckx et Thévenet s'effectue lors de l'étape Nice-Pra Loup. Dans le col des Champs, Thévenet attaque plusieurs fois, en vain. Peu avant le col d'Allos, Merckx attaque à son tour. Victime d'une fringale, Thévenet ne peut le suivre. Peu à l'aise dans la descente, il aborde l'ascension finale avec plus d'une minute de retard. Gimondi rattrape Merckx le premier. Thévenet revient à son tour, et dépasse Merckx, puis Gimondi. Il gagne l'étape et prend le maillot jaune avec 58 secondes d'avance[101]. Le lendemain, Merckx attaque dans la descente du col de Vars. Il prend ainsi une minute d'avance, mais est rattrapé. Dans l'Izoard, Thévenet attaque à son tour. Il gagne l'étape à Serre-Chevalier et accroît son avance de deux minutes. Alors que le médecin du Tour conseille à Merckx d'abandonner à la suite d'une chute (une fracture de la mâchoire lui sera diagnostiquée après le Tour), celui-ci persévère. Il essaie encore plusieurs fois d'attaquer, mais est repris à chaque fois. Il s'incline, avec 2 minutes et demie de retard sur Thévenet[102].
Le déclin (1976-1978)
Merckx commence sa saison 1976 en Italie pour préparer les classiques. Il y termine second de Tirreno-Adriatico derrière Roger De Vlaeminck, et obtient une victoire d'étape dans les Abruzzes. Il remporte ensuite un septième succès à Milan-San Remo. Il bat ainsi le record de l'Italien Costante Girardengo, vainqueur six fois de 1918 à 1928. Il gagne une seconde fois la Semaine catalane une semaine après[103]. Une période difficile s'ouvre ensuite pour lui. Revenant plus tard sur celle-ci, il déclare : « je me rends compte une fois de plus combien j'ai exigé de mon corps depuis tant d'années. Ces succès sont de moins en moins fréquents, les échecs de plus en plus réguliers[104]. » Au Tour des Flandres, stoppé net après une chute dans la montée du Koppenberg, il grimpe à pied le restant de la montée[105]. Après un podium au Tour de Romandie, il dispute son dernier Giro, dominé par son vieux rival Felice Gimondi. Diminué par un furoncle à la selle, il termine à la huitième place du classement général[106]. Cette blessure le contraint à déclarer forfait pour le Tour de France 1976[107]. La fin de saison est marquée par des douleurs au dos. Il songe alors à arrêter sa carrière, puis se ravise et poursuit en 1977[104].
Un succès au Tour méditerranéen en ne fait que retarder l'inévitable déclin. Son dernier Tour l'été suivant, où il finit sixième, après avoir perdu 13 minutes dans la montée de l'Alpe d'Huez sur Hennie Kuiper, est le crépuscule d'une formidable carrière. Bernard Hinault domine désormais le cyclisme mondial dans les classiques et les courses par étapes. Eddy Merckx remporte sa dernière course à la kermesse de Kluisbergen le . C'est sous les couleurs de l'équipe C&A qu'il dit adieu au monde cycliste le au circuit du pays de Waes, confirmé le lendemain devant la presse au centre international de Bruxelles : « Je ne peux plus me préparer pour le Tour de France, que je voulais disputer pour la dernière fois comme une apothéose… Après avoir consulté mes médecins, j'ai décidé d'arrêter la haute compétition. »
Merckx après sa retraite sportive
En , Eddy Merckx crée sa marque de vélos, « Eddy Merckx Cycles ». Il dirige l'entreprise pendant 30 ans, et la revend en 2008 au fonds d'investissement Sobradis. Il demeure actionnaire minoritaire et actif en tant qu'« ambassadeur » de la marque[108].
Eddy Merckx a été sélectionneur des équipes de Belgique masculines élites sur route et en cyclo-cross de 1986 à 1997, année au début de laquelle il démissionne[109],[110].
Il a été élu administrateur du Comité olympique et interfédéral belge (COIB) en 1989[111]. Il en devient vice-président en 1996[112],[113]. Non reconduit à ce poste en 2001, mais demeurant administrateur, il en démissionne en 2001 en s'affirmant en désaccord avec la politique du COIB[114]. En 2005, il réintègre le Comité après l'élection à la présidence de Pierre-Olivier Beckers, qu'il a soutenu. Merckx devient membre du comité de gestion et président du Comité de développement du sport belge (CDSB), qui rassemble les partenaires commerciaux du COIB[115],[116]. En 2013, Merckx devient le premier lauréat de l'Ordre du mérite du COIB[117].
Il a également été consultant pour la RTBF lors des diffusions de courses cyclistes. Jusqu'en 2004, il organise aussi le « Grand Prix Eddy Merckx », une course contre-la-montre autour de Bruxelles qui réunissait quelques-uns des meilleurs spécialistes de la discipline.
À la fin de 2007, Eddy Merckx a visité un projet d'Action Damien à Kinshasa. Il est le parrain de cette ONG belge (qui lutte contre la lèpre et la tuberculose) pour 2008 et 2009.