Nationalisme espagnol
nationalisme de l'État espagnol / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Ne doit pas être confondu avec Nationalistes espagnols ou Régionalisme et nationalisme en Espagne.
Le nationalisme espagnol ou espagnolisme est le mouvement politique, social et idéologique définissant et revendiquant l'identité nationale de l’Espagne. Concrètement, il affirme l’existence d'une nation espagnole, identifiée avec l'État espagnol actuel et son territoire intégral — la seule réclamation irrédentiste récurrente est celle de Gibraltar —, qu’il considère donc comme un État-nation.
Il existe un large consensus historiographique pour situer la naissance du nationalisme espagnol autour de 1808 dans la guerre d’indépendance espagnole — qui ne fut ainsi nommée que rétrospectivement —[1],[2],[3],[4],[5],[6]. L’historiographie libérale postérieure transforma cette guerre en un mythe fondateur de la nation espagnole[7].
Comme c’est couramment le cas, le nationalisme espagnol n’est pas monolithique et présente une hétérogénéité. Historiquement, la pensée nationaliste espagnole s'est structurée autour de deux pôles opposés et en conflit, mais non étanches pour autant : schématiquement, une conception « primordialiste » — « casticiste » — de la nation et centraliste de l’État, ayant pour centre de gravité la Castille historique, défendant la langue castillane ou espagnol, le catholicisme et identifiant la nation à la Monarchie hispanique, et une conception « civique » ou « moderniste » de la nation, plus libérale, revendiquant une nation polycentrique et intégratrice des particularités régionales, défendant un républicanisme fédéraliste[8],[9],[10].
À l'exception de deux courtes périodes très instables — le Sexenio Democrático (1868-1874), surtout lors de la République fédérale (1873), et la Seconde République (1931-1936) —, c'est le modèle centraliste qui a été historiquement dominant dans les institutions[11].
À la fin du franquisme, la transition démocratique instaure un modèle d’État hybride, « l'État des autonomies », reconnaissant à la fois l’« unité indissoluble » de la nation et le « droit à l'autonomie » des régions d'Espagne — tout en maintenant à grands traits la division provinciale de 1833 —. Bien que largement décentralisé dans les faits[12],[13], ce modèle a souvent été présenté comme un « habile compromis » entre les deux tendances contradictoires[14],[15], et le processus de transition considéré comme exemplaire, par l'esprit de conciliation et d’apaisement qui l’aurait présidé[16],[17]. Toutefois, avec le temps l’historiographie a apporté une vision plus critique de cette étape[18],[19],[20],[21],[22], et depuis les années 2000 surtout, le modèle d'État est source de contestations politiques ouvertes, tant centrifuges (nationalismes périphériques)[23],[15] que centripètes (un certain courant néoconservateur[réf. nécessaire], qui a trouvé une grande visibilité politique avec l’émergence récente du parti ultranationaliste Vox)[24],[25],[26],[27],[28].
Dans l'historiographie, on a souvent insisté sur la défaillance de l’État espagnol dans le processus de nation building. C'est ainsi que l’on a pu expliquer l'émergence de forts nationalismes périphériques. Toutefois, si ces mouvements ont eu une importance fondamentale dans les représentations de la « nation espagnole », le nationalisme espagnol s’étant en grandie partie construit contre ces derniers[29], l'historiographie récente apporte une vision critique sur cette conception — les nationalismes périphériques pourraient aussi être une réaction à la nationalisation proactive de l'État, plutôt qu'une conséquence de sa faiblesse —, et tend à considérer le cas espagnol comme un exemple intégré dans un contexte européen plus large[30],[31].