Frise du Parthénon
frise ionique présent en partie sur le Panthéon à Athènes en Grèce / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La frise du Parthénon ou « frise des Panathénées » est une frise ionique (sur un bâtiment dorique) en marbre du Pentélique de 160 mètres de long représentant 378 figures humaines et 245 animaux. Elle entourait le sékos (partie fermée) du Parthénon sur l'Acropole d'Athènes. Si elle a été réalisée par plusieurs artistes, elle fut sculptée très probablement sous la direction de Phidias entre 442 et 438 av. J.-C.
Frise du Parthénon | |
Détail de la frise du Parthénon, copie en place sur le bâtiment. | |
Localisation | |
---|---|
Pays | Grèce |
Ville | Athènes |
Histoire | |
Lieu de construction | Acropole d'Athènes |
Date de construction | Entre 442 et 438 av. J.-C. |
Ordonné par | Périclès |
Artiste | Phidias et son atelier |
Caractéristiques | |
Type | Frise ionique |
Hauteur | 1 mètre |
Longueur | 160 mètres |
Protection | Patrimoine mondial |
Grèce antique | |
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L'interprétation la plus répandue est qu'elle représente la procession du péplos lors des grandes Panathénées. C'est une nouveauté dans la sculpture grecque : un thème non-mythologique sur un bâtiment à vocation religieuse. La procession part du côté ouest où sont représentés les préparatifs. Elle se déroule ensuite en parallèle sur les murs sud et nord qui représentent la même chose : d'abord des cavaliers, puis des chars sur près de la moitié, ensuite des personnages masculins à pied. Le côté nord, potentiellement le plus vu, est celui qui a fait l'objet du plus d'attentions de la part des sculpteurs. La procession arrive du côté est où elle est accueillie par les dieux. Là, apparaissent pour la première fois des figures féminines. La scène de remise du péplos se trouve au centre de la frise.
Aucun texte antique expliquant ce que la frise représente ne nous est parvenu. Les historiens et archéologues ont proposé, autour de cette procession des Panathénées, des interprétations différentes. Chrysoula Kardara, Kristian Jeppese ou Joan B. Connelly y lisent des mythes fondateurs athéniens ; John Boardman y voit l'héroïsation des marathonomaques. Pour d'autres, enfin, la représentation transcenderait la simple procession et exprimerait la dédicace de l'ensemble de la cité à sa déesse tutélaire.
Dès son achèvement, la frise eut une importante influence dans l'art. Deux thèmes principaux surtout lui ont été empruntés : l’apobátês (soldat en armes, montant et descendant d'un char) et le bovin mené au sacrifice. On les retrouve dans la céramique ou la sculpture, et jusque dans la poésie de John Keats, au début du XIXe siècle. À partir de l'arrivée des marbres du Parthénon à Londres au début du XIXe siècle, leur influence se fit à nouveau sentir dans l'architecture et l'art en Occident. Les artistes copièrent et utilisèrent plus ou moins directement la frise, ou ses moulages, bien sûr principalement dans leurs œuvres néo-classiques.
La frise a été relativement peu touchée pendant des siècles, car peu visible et peu accessible, jusqu'au siège d'Athènes par les Vénitiens commandés par Francesco Morosini en 1687, quand un cinquième a été détruit, réparti sur les côtés nord et sud. Un peu moins de la moitié de la frise se trouve au British Museum, apportée par Lord Elgin ; un tiers est encore en Grèce, au musée de l'Acropole d'Athènes ; le reste est conservé dans divers musées, notamment au Louvre et au Vatican.
L'État grec réclame depuis près de deux siècles au Royaume-Uni la restitution de la partie de la frise conservée au British Museum, ainsi que d'autres éléments du décor sculpté du Parthénon.
En 480 av. J.-C., les Perses saccagèrent l'Acropole d'Athènes dont un « pré-Parthénon » alors en construction[1],[2],[3]. Après leurs victoires de Salamine et Platées, les Athéniens auraient juré de ne pas achever les temples détruits, mais de les laisser tels quels, en souvenir de la « barbarie » perse[2],[3]. Cependant, la puissance d'Athènes grandit peu à peu, principalement au sein de la ligue de Délos qu'elle contrôlait de façon de plus en plus hégémonique. D'ailleurs, en 454 av. J.-C., le trésor de la ligue fut transféré de Délos à Athènes. Un vaste programme de constructions fut alors lancé, financé par ce trésor ; parmi celles-ci, le Parthénon[4],[5]. Ce bâtiment nouveau ne fut jamais un temple, mais un trésor destiné à accueillir la colossale statue chryséléphantine d'Athéna Parthénos[1].
Le Parthénon fut érigé entre 447 et 438 av. J.-C.[1]. Le « pré-Parthénon » (peu connu) était hexastyle. Son successeur, plus grand, fut octostyle (huit colonnes en façade et dix-sept sur les côtés du péristyle)[6]. Ce très grand bâtiment mesure 30,88 mètres de large pour 69,50 mètres de long[1]. Le sékos en lui-même a une largeur de 19 mètres[7]. Ainsi, deux grandes salles purent être créées : l'une, à l'est, pour accueillir la statue, d'une douzaine de mètres de haut ; l'autre, à l'ouest, pour abriter le trésor de la ligue de Délos[1],[7]. Le chantier fut confié à Ictinos, Callicratès et Phidias. Le projet de décor fut tout à la fois traditionnel et inédit. Les frontons furent plus grands et plus complexes que ce qui avait été fait jusque-là. Le nombre de métopes (92) était sans précédent, et ne fut jamais renouvelé. Enfin, alors que le temple est d'ordre dorique, le décor autour du sékos (normalement métopes et triglyphes) fut remplacé par une frise d'ordre ionique[8],[9]. Le thème de cette frise est lié à la fête des Panathénées.
À partir de 556 av. J.-C., la principale fête religieuse d'Athènes était les Panathénées, célébrées durant le mois d'hécatombeion, avec, tous les quatre ans, en imitation des Jeux olympiques, une cérémonie plus importante, celles des « grandes Panathénées ». Ces dernières s'accompagnaient de concours sportifs et musicaux, de spectacles équestres, d'un concours de beauté masculine et même d'une régate en baie du Pirée. Les vainqueurs recevaient une amphore remplie de l'huile d'olive produite par les arbres sacrés d'Athéna. L'apogée de la fête était la procession qui se déroulait sur un peu plus d'un kilomètre entre le Dypilon et l'Acropole. Elle portait à la statue d'Athéna Polias (un xoanon conservé dans l'Érechthéion) un nouveau péplos brodé[10].
Les archéologues et spécialistes de l'art antique ont numéroté les plaques de marbre de la frise, avec des chiffres romains, et les personnages, avec des chiffres arabes. La base de la numérotation est celle adoptée par Adolf Michaelis dans le premier ouvrage de référence à faire date sur le Parthénon (Der Parthenon, 1871)[11]. Sa numérotation a été un peu adaptée par William Dinsmoor en 1954[Article 1]. Ian Jenkins l'a améliorée en 1994 (The Parthenon Frieze) grâce aux nouvelles découvertes : cinq plaques de plus au nord et trois de plus au sud. À l'ouest, la plaque de référence est celle du coin nord-ouest (magistrat) numérotée I, jusqu'à XVI au coin sud-ouest. La numérotation reprend à I au coin sud-ouest pour la frise sud pour atteindre XLII pour Michaelis et XLVII pour Jenkins au coin sud-est. Pour la frise nord : I au coin nord-est et XLIV pour Michaelis et XLVII pour Jenkins au coin nord-ouest (dans le sens inverse donc de la numérotation de la frise sud). À l'est, la frise est numérotée I depuis le coin sud-est à IX au coin nord-est. Les personnages sont numérotés en chiffres arabes, selon la même organisation[12].
La frise du Parthénon mesure à peu près 160 mètres[N 1] de long[13],[14],[15],[16]. Elle est sculptée en très bas-relief : en moyenne, 5,5 cm d'épaisseur[17],[18],[19]. Ses 114 plaques sont hautes d'à peu près 1 m[N 2] et larges de 60 centimètres. Elles pèsent autour de 2 tonnes. Elles sont de longueur variable. La plaque la plus longue et la plus lourde se trouve au centre du côté est (est V). Elle mesure 4,43 mètres, pèse plus de 8 tonnes et compte dix figures (cinq dieux et cinq mortels). Sa voisine (est VI), un peu plus courte, a une longueur équivalente. Ces deux plaques correspondent en fait pratiquement aux deux blocs d'architrave sur lesquels elles reposent (4,185 mètres entre les colonnes). De ce côté est, les longueurs varient de 1,26 mètre à 4,43 mètres. Les plaques est VII et VIII, considérées comme courtes, sont en fait deux fragments d'une seule plaque de 3,59 mètres brisée en deux. Sur les côtés nord et sud, la longueur moyenne est de 1,22 mètre, soit celle des blocs de marbre des murs, avec des plaques un peu plus longues au-dessus des porches (1,38 mètre à 1,705 mètre). À l'ouest, les blocs mesurent en moyenne 1,39 mètre, mais les deux avant-dernières plaques aux extrémités (ouest II et XV, les plaques I et XVI étant particulières avec un seul personnage) mesurent 1,70 mètre[20],[19],[21]. La frise est en marbre du Pentélique. Les blocs ont été extraits d'une carrière à 19 km de l'Acropole. Là-bas, ils ont été préparés aux dimensions nécessaires avant d'être transportés et mis en place au-dessus de l'architrave ou en haut des murs du sékos pour les côtés[22]. Il semblerait que seulement un tiers des plaques extraites aient finalement été utilisées pour la frise[21].
Il s'agit d'une frise ionique sur un bâtiment dorique[16],[19]. La règle architecturale imposait jusqu'alors, pour un temple dorique, une « frise dorique » : alternance de métopes et de triglyphes, ces derniers se trouvant au-dessus des colonnes. Pour le sékos du Parthénon, hexastyle, cela signifiait au moins dix métopes (cinq de chaque côté au-dessus des porches). Les artistes se trouvèrent alors face au problème du nombre total de métopes. La frise dorique extérieure nécessitait quatre-vingt-douze métopes, aux thèmes liés (gigantomachie, amazonomachie, combat des Centaures et des Lapithes et guerre de Troie), mais dont les limites artistiques semblaient atteintes (des métopes sud étaient assez éloignées du thème général). De plus, une frise ionique nécessitait « moins » de travail de sculpture que des métopes, souvent en plus haut-relief. À côté de frontons, représentant un épisode mythologique, en ronde-bosse, de métopes en haut-relief, une frise ionique en très bas-relief proposant une narration s'étalant dans le temps et l'espace, offrait aussi une variété dans le décor. Enfin, le matériau utilisé pour le Parthénon, le marbre, était alors celui de l'ordre ionique, alors que les temples doriques anciens étaient en calcaire. Cependant, la décision de sculpter une frise ionique semble avoir été tardive, certaines des architraves ayant déjà les gouttes liées aux triglyphes[23]. Cette décision eut pour conséquence la nécessité d'extraire de la carrière des plaques de marbre beaucoup plus longues (jusqu'à 4,43 mètres) que pour des métopes et triglyphes[21].
Il n'existe aucune inscription concernant spécifiquement la réalisation de la frise du Parthénon[24]. Le sujet unique et son unité artistique indiquent que la frise a dû être supervisée par un seul artiste organisant le travail de plusieurs sculpteurs. L'hypothèse, la plus probable, est que Phidias, ou un de ses élèves, était le maître d'œuvre[25],[26],[27]. Plutarque (dans sa Vie de Périclès 13.4-9) indique que Phidias a supervisé l'ensemble de la construction du Parthénon et qu'il dirigeait les autres artistes. La formation initiale de peintre de Phidias aurait aussi pu lui faciliter le travail de conception. Il pourrait avoir dessiné les parties les plus importantes et les plus complexes (les côtés nord et est) et donné des indications à un assistant pour les parties moins visibles et moins significatives (le sud et l'ouest). Ce travail en « binôme » était assez répandu à l'époque : deux architectes pour le Parthénon, deux sculpteurs pour le groupe des Tyrannoctones de l'Agora, deux sculpteurs pour le décor du Trésor de Siphnos à Delphes. De plus, l'ensemble du programme du Parthénon et la taille de la frise rendent crédible ce travail à deux[27],[28],[29].
Les sculptures ont ensuite été réalisées par plusieurs sculpteurs. De nombreuses et vaines études ont tenté de déterminer les parties de la frise qui aurait pu être réalisées par un même artiste, en s'appuyant par exemple sur les différences dans les crinières des chevaux[Article 2],[24]. Des comparaisons ont aussi été tentées avec d'autres œuvres voisines : entre les chevaux de la frise et ceux des métopes par exemple[Article 3], ou entre la frise et les frontons[Article 4]. Il est encore plus difficile de nommer avec certitude l'artiste qui aurait sculpté une section particulière de la frise. La qualité de la plaque centrale de la frise ouest (Ouest VIII) fait qu'elle peut être attribuée à Phidias. Ses éléments sont copiés ailleurs sur la frise mais de façon moins adroite : le cheval en Nord 98, le chitoniskos (chiton court) en Ouest 8 et Nord 64, la cape en Sud 79. Ouest VIII serait cependant la seule plaque sculptée par le maître d'œuvre. Alcamène, son élève, est aussi évoqué, par exemple pour les dieux de la plaque Est VI. Le magistrat Ouest 1 rappelle aussi son travail sur la statue de culte dans l'Héphaïstéion[30]. D'autres sculpteurs sont évoqués : Crésilas ou Agoracritos, dont on sait que la carrière a commencé sur le Parthénon[26],[31]. Des Pariens, alors très actifs, ont dû être aussi employés sur le chantier[26]. Une hypothèse a été avancée pour expliquer certains détails invisibles depuis le sol : ainsi, le cavalier Ouest 11 a un aigle sur son casque et un gorgoneion sur son armure. Il pourrait s'agir d'une sorte de signature de la part du sculpteur[32].
D'autres recherches ont visé à dénombrer les sculpteurs impliqués dans la réalisation de la frise. Les résultats ont varié de trois à quatre-vingts[33]. Une étude s'appuyant sur les comptes connus de l'Érechthéion, sur le temps mis à sculpter les 92 métopes (cinq ans), sur l'hypothèse que la frise aurait été réalisée en cinq ans et enfin sur l'hypothèse qu'un artiste serait capable de sculpter 3,5 mètres par an, a calculé que l'équipe nécessaire à la réalisation de l'ensemble de l'œuvre aurait compté neuf artistes[24],[33]. Robert Spenser Stanier a proposé en 1953 une estimation d'un coût total de 12 talents pour la réalisation de la frise[34].
Les inscriptions relatives à la construction du Parthénon permettent de penser que les blocs de marbre ont été placés sur les murs du sékos entre 442 et 440 av. J.-C. avant d'être sculptés (contrairement aux métopes, sculptées au sol avant d'être positionnées)[25],[22]. Une fois amenés depuis la carrière du Pentélique et montés sur l'Acropole, les blocs de la frise étaient préparés au sol avant d'être mis en place à une dizaine de mètres de haut : anathyrose pour les faces en contact avec les blocs voisins et polissage pour la face destinée à recevoir les sculptures[35]. Aux quelques endroits vierges de toute sculpture, les traces de coups de ciseau montrent que le bloc avait été préparé avant d'être mis en place[35],[36]. Les blocs de frise étaient attachés aux blocs des murs ou d'architrave par des chevilles de fer installées dans du plomb fondu. Les chevilles de la frise est sont plus simples que celles utilisées pour la frise ouest, ce qui pourrait suggérer que les blocs est ont été mis en place avant ceux de l'ouest. Les traces de levier montrent que les blocs externes ont été installés en premier, puis les blocs centraux et enfin les blocs intermédiaires[35]. Par la suite, l'artiste coordonnateur a pu tracer sur la surface un dessin préparatoire, laissant ses assistants réaliser le bas-relief[35],[36]. Les traces laissées par le compas sont encore visibles pour les roues des chars. De même, les têtes, les mains et les jambes pliées des cavaliers, les jambes antérieures des chevaux cabrés et les sabots de tous les chevaux sont organisés de façon sinusoïdale afin de faciliter le travail de sculpture[35].
Les outils utilisés sont, plus ou moins, les mêmes que ceux qui seraient employés de nos jours : pointes et perceuses[N 3] pour dégauchir et créer des zones profondes comme celles de l'intérieur des roues des chars, ciseaux à dents et ciseaux plats pour le travail principal, râpes, abrasifs (probablement de l'émeri et des pierres ponces) et toujours les perceuses pour les finitions. Ces dernières, très précises au point de servir à sculpter les coins des bouches, ont été abondamment utilisées, plus que les ciseaux. Elles ont permis la sculpture minutieuse des multiples plis des draperies et des espaces entre les doigts et orteils mais, aussi, à percer les trous. Ces trous servaient à fixer, avec du mortier, le décor métallique et d'autres éléments du décor qui ne pouvaient être gravés directement sur le bloc. Ce sont, par exemple : la mâchoire du cheval Nord 122, le décor (gorgone ?) de l'armure du cavalier Nord 47 ou les pieds des tabourets de la frise est. Les traces d'outils ont presque toutes été effacées ensuite. Cependant, à l'arrière du trône de Zeus, subsistent quelques marques d'un ciseau plat et de coups de râpe entre les plis des draperies et sur la joue d'Artémis. La correction d'une erreur est visible sur la plaque nord XLVI : sur le dessin préparatoire, la tête du cheval Nord 130 était trop avancée pour respecter les proportions anatomiques. Le sculpteur s'en est rendu compte après avoir commencé le travail. Il a alors reculé la tête du cheval et dissimulé l'erreur dans les plis de la chlamyde du cavalier Nord 129. Le résultat est que le vêtement est un peu trop avancé par rapport à la poitrine de l'homme et qu'on aperçoit encore l'œil du cheval[37].
Des archéologues et spécialistes de l'art antique contestent que la frise ait été sculptée au sommet des murs[Article 5],[35]. Les plaques des côtés est et ouest n'ayant qu'un seul sujet seraient présumées avoir été sculptées dans un atelier au sol[38],[35]. D'autres indices laissent plutôt penser que les plaques ont été sculptées in situ. Un léger espace, appelé scamillus, a été ménagé dans les blocs à la base (3,6 centimètres de profondeur sur 0,8 centimètre de haut) et au sommet (5,6 centimètres de profondeur sur 1,7 centimètre de haut). Cet espace pouvait faciliter la sculpture des pieds, sabots et têtes. Par ailleurs, de l'avis du sculpteur contemporain et historien d'art Peter Rockwell, il est plus facile de déplacer un sculpteur qu'une masse de plus de deux tonnes, aux détails très fins et fragiles[N 4]. Il est aussi plus facile de maintenir l'alignement des sculptures si elles sont réalisées in situ. En outre, cela libérait la place au sol car les 92 métopes et les figures monumentales des deux frontons y étaient aussi fabriquées[35].
Les échafaudages étaient de toute façon nécessaires aux finitions peintes qui ne pouvaient être faites qu’in situ. Les derniers blocs sculptés auraient été ceux de la frise est, terminés vers 438 av. J.-C. La frise est placée très haut, et donc potentiellement peu visible. Pour avoir le meilleur angle de vue il faut se placer à l'extérieur de la colonnade, à environ vingt mètres du bâtiment (et dans ce cas, les colonnes bouchent en partie la vue). Pour compenser ce défaut, les blocs de marbre ont été sculptés de façon que le haut soit un peu plus avancé que le bas, les faisant ainsi légèrement pencher vers les spectateurs. De plus, l'usage de la couleur rendait la frise plus visible[15],[25],[24],[22],[35]. Toute trace de peinture a aujourd'hui disparu. Cependant, il est possible de conjecturer, à partir de ce qui est connu pour le « Théséion » et des statues classiques : le fond devait être bleu ; les chevaux qui se superposent devaient être de différentes robes ; des détails, trop difficiles à sculpter devaient être simplement peints (branches d'olivier ou queues des chevaux par exemple). Divers objets de métal devaient orner la frise, comme l'attestent les nombreux trous placés dans les rênes des chevaux, les couronnes (celle de laurier d'Apollon par exemple) ou les attributs des dieux[24],[39].
La frise du Parthénon a quelques précédents. Le temple (dorique) d'Athéna à Assos, datant du 3e quart du VIe siècle av. J.-C. arbore une courte frise ionique représentant les Travaux d'Héraclès. A. W. Lawrence en 1951[Article 6] et Margaret Root en 1985[Article 7] considèrent qu'il pourrait y avoir un lien avec la frise du palais de Darius à Persépolis. Plus sûrement, la frise du Trésor de Siphnos à Delphes, datant de 525 av. J.-C. a pu séduire Phidias. Celui-ci avait été commissionné vers 460 av. J.-C. pour réaliser sur le sanctuaire un monument commémorant la victoire athénienne de Marathon. La frise siphnienne contient des éléments qui sont repris sur la frise du Parthénon : une seule figure en coin, tournée vers la frise qui se déroule ; les chars et apobátai (pluriel d’apobátês, soldats en armes montant et descendant du char, même si sur la frise les apobátai n'ont ni armes ni bouclier) ; les dieux assis représentés plus grands que les mortels. Enfin, l'ancien temple dédié à Athéna sur l'Acropole (détruit pour faire place au « pré-Parthénon ») pourrait avoir eu une frise de type ionique sur un bâtiment dorique. Des fragments retrouvés dans les fouilles suggèrent, en effet, la présence d'éléments de frise au moins sur deux côtés du temple[N 5]. De même, les bases des statues, votives ou funéraires, avaient des frises sur leurs quatre côtés[40]. Certaines figures particulières rappellent aussi d'autres sculptures. Ainsi, le cavalier (encore à pied) Ouest 9 (plaque V) est très proche du « canon » tel que défini par Polyclète, malgré sa tête tournée vers l'arrière. Une autre figure (Ouest 4 plaque III), faisant un geste de diadumène ressemble à une stèle funéraire trouvée à Delphes[N 6] datée de 460-450 av. J.-C.. La pose de la figure Ouest 15 (plaque XIV), essayant de calmer le cheval cabré, évoque les représentations les plus courantes de Marsyas, par Myron, mais aussi sur des vases[41].
Des peintures ont pu influencer Phidias : ainsi, seize grandes plaques funéraires (pinax) du VIe siècle av. J.-C. par Exékias[N 7] représentent une procession de cavaliers et chars. Ce type de procession peinte était assez populaire dans l'Attique de l'époque, depuis les vases jusqu'aux œuvres de grande taille qui ont toutes disparu. La fresque de la bataille de Marathon dans la Stoa Poikilè réalisée par Panénos, frère ou cousin de Phidias - Strabon est le seul à mentionner qu'il est son neveu[42] - est ainsi évoquée comme une des sources d'inspiration de la frise du Parthénon. Phidias, peintre de formation, avait travaillé à Olympie avec Panénos. La fresque, décrite par Pausanias et Pline qui se déroule, comme la frise, dans le temps et l'espace sont les deux seuls exemples qui existent dans l'art grec antique[28],[43]. La grande peinture ayant intégralement disparu, ce sont les céramiques, qui s'en inspiraient, qui transmettent ses thèmes récurrents. Ainsi, l'attache d'une sandale, geste courant sur les vases et les stèles funéraires, est utilisé pour les figures Ouest 12 et 29 de la frise. La pose de Déméter, main sous le menton, est aussi présente sur les céramiques[44].