Fronde (histoire)
Série de troubles en France durant le XVIIe siècle / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Fronde (histoire)?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
Pour les articles homonymes, voir Fronde.
« La Fronde » redirige ici. Pour le journal, voir La Fronde (journal).
La Fronde (1648-1653) est une période de troubles graves qui frappent le royaume de France alors en pleine guerre contre l’Espagne (1635-1659), pendant la minorité du roi Louis XIV (1643-1651). Cette période de révoltes marque une brutale réaction face à la montée de l’autorité monarchique en France commencée sous Henri IV et Louis XIII, renforcée par la fermeté de Richelieu et qui connaîtra son apogée sous le règne de Louis XIV. Après la mort de Richelieu en 1642, puis celle de Louis XIII en 1643, le pouvoir royal est affaibli par l'organisation d'une période de régence, par une situation financière et fiscale difficile due aux prélèvements nécessaires pour alimenter la guerre de Trente Ans, ainsi que par l'esprit de revanche des grands du royaume subjugués sous la poigne de Richelieu. Cette situation provoque une conjonction de multiples oppositions aussi bien parlementaires qu’aristocratiques et populaires.
Il est très difficile de délimiter avec précision les bornes chronologiques de la Fronde. Les historiens ont des avis divergents sur la question. Il est courant toutefois de proposer comme point de départ la date du qui est marquée par la déclaration des vingt-sept articles à la suite de l'arrêt d'Union du . Cette déclaration faite au Parlement de Paris énonce la limitation des pouvoirs du souverain. La soumission de la ville de Bordeaux, le , est considérée comme l'événement qui clôt les troubles de la Fronde.
La chronologie est complexe en raison d'événements multiples et de renversements des alliances. L'historiographie a pris l'habitude de distinguer plusieurs phases : la première correspond à l’opposition des cours souveraines (fronde parlementaire, 1648-1649), la seconde à l’opposition des Grands (fronde des princes, 1651-1653). À ce titre, elle peut être considérée comme la dernière grande révolte nobiliaire du XVIIe siècle.
À la mort de Richelieu (1642), puis de Louis XIII (1643), la France est en guerre depuis 1635 avec l'Espagne. Il s'agit d'une politique traditionnelle depuis la fin du XVe siècle d'affaiblissement de la Maison d'Autriche - successeurs des ducs de Bourgogne - dont les possessions limitrophes encerclent le royaume de France. La guerre de Trente Ans prendra fin après quatre ans de négociations à la veille de la Fronde au traité de Westphalie (1648), alors que la guerre franco-espagnole se poursuivra théoriquement jusqu'au traité des Pyrénées (1659).
Ce premier demi-siècle signe l'abaissement des Habsbourg en butte aux révoltes hollandaise, catalane, napolitaine, portugaise, alors que Richelieu et Louis XIII après les longues guerres de religion amorcent en France le renforcement d'un État qui s'appuie sur la centralisation et l'absolutisme.
De l'autre côté de la Manche, c'est une évolution inverse à laquelle on assiste où l'absolutisme de Charles Ier se heurte à la révolte du Parlement. Ces événements seront présents à l'esprit des acteurs de la Fronde[alpha 1] d'autant que la reine Henriette, sœur du défunt Louis XIII, a dû se réfugier en France dès 1644. Ils peuvent expliquer certaines attitudes notamment la résistance opiniâtre de la reine-mère Anne d'Autriche.
Sur le plan national, le Parlement et la noblesse, subjugués au cours du règne précédent, aspirent à jouer un rôle plus important, d'autant que la cour souveraine semble encouragée par la régente obligée de passer par elle pour casser le testament de Louis XIII afin d'obtenir la pleine régence. Peu expérimentée dans les affaires politiques, Anne d'Autriche s'appuie sur Mazarin dont la nomination suscite quelques jalousies parmi les princes. Après la « période de grâce », les mécontents tenteront d'exploiter à leur profit la position toujours plus délicate d'un gouvernement de régence.
La France est le pays le plus peuplé d'Europe : 19 millions d'habitants en 1640 dans les limites de l'époque[1]. Elle atteint un seuil critique en raison du faible rendement de la production agricole entraînant régulièrement des années de disette. Cumulées avec la pression fiscale qui a triplé sous le ministériat de Richelieu, elles sont à l'origine des fréquentes révoltes populaires ou émotions. Mazarin et Particelli d'Émery, le surintendant des finances, sont confrontés à un déficit en augmentation du fait de la guerre extérieure.
Il est possible de distinguer trois facteurs d'explication : au niveau fiscal (une pression croissante de la fiscalité royale), au niveau social (une remise en cause des privilèges des parlementaires parisiens) et au niveau politique (le pouvoir royal entend gouverner seul dans le cadre d'une monarchie absolue, qui amènerait un renforcement monarchique).
Une ponction fiscale de plus en plus forte
La Fronde naquit tout d'abord d'un mécontentement général. Celui-ci prenait sa source dans la crise économique et l'augmentation de la pression fiscale en vue de faire face aux dépenses de la guerre de Trente Ans. Les dépenses de l'État ont quintuplé entre 1600 et 1650, alors qu'elles avaient déjà doublé entre 1515 et 1600[2]. L'espoir d'un allègement des impôts, que la régente Anne d'Autriche avait fait naître après la mort de Louis XIII, se trouve vite déçu. En effet, le cardinal Mazarin demande au surintendant des finances Particelli d'Émery, d'élargir l'assiette de nombreux impôts. Ce dernier a cherché par tous les moyens à augmenter les recettes notamment par l'édit du Toisé (1644), la taxe des Aisés et l'édit du tarif (1646). L’objectif était d’étendre l’assiette fiscale parisienne afin de compenser le manque à gagner de la taille car les villes en étaient alors exemptées et le gouvernement avait promis au peuple une remise du quart de la taille due depuis 1647. L'opposition du Parlement obligea le ministre à revenir sur ces réformes ou à en réduire les effets.
En , sept nouveaux édits fiscaux sont soumis à enregistrement auprès du Parlement de Paris (lit de justice du ). En dépit de protestations, notamment de l’avocat général Omer Talon, le Parlement doit s’effacer. Toutefois, il est farouchement hostile à ces mesures qui touchent la plupart de ses membres qui, jusque-là, ne payaient pas ou peu d’impôts. En ce sens, la Fronde est un soulèvement des gens de biens, ne souhaitant pas payer d’impôts ou d’augmentation d’impôts. Les Parisiens suivent et soutiennent les parlementaires. Le mécontentement se généralise.
Une atteinte aux privilèges des officiers de robe
Outre l’aspect fiscal, la monarchie touche également aux privilèges de ces parlementaires. En effet, toujours dans un souci de trouver des fonds, elle multiplie la création des offices. Or, les gens du Parlement ont pour la plupart acheté le leur et sont opposés à de nouvelles créations car l’augmentation de l’offre fait baisser le cours du prix de l’office[3].
De plus, la monarchie rogne sur les revenus des officiers. Un office produit en effet des revenus (que l’on appelle des gages), et le pouvoir royal supprime pour quatre années tous les gages des officiers parlementaires (). Par conséquent, tous les officiers de robe de toutes les cours souveraines (parlements, Chambre des comptes, Cour des aides et Cour des monnaies) sont solidaires pour défendre leurs privilèges.
Une volonté d'abaisser l'influence politique des ordres du royaume
Le développement de la monarchie absolue signifie concrètement que la direction du pouvoir est entre les mains du roi seul, sans l’assistance de corps constitués tels que les états généraux. Au cours du XVIIe siècle, le roi s’est peu à peu passé de telles assemblées. Au contraire, le pouvoir monarchique s’est confiné dans une construction bicéphale où le roi place sa confiance en une seule personne (Richelieu pour Louis XIII et Mazarin pour la régente Anne d’Autriche). Cependant, l’« absolutisme royal » est tempéré aujourd'hui par l'historiographie, le roi étant toujours tenu de prendre conseil, de respecter les lois du royaume et les droits de ses sujets.
Lors de la minorité de Louis XIV, non seulement la noblesse, mais aussi les élites de robe n’acceptent pas l’idée que le pouvoir réside entre les mains du cardinal Mazarin, jugé trop puissant. Dès la première année de régence, le cardinal doit faire face à une cabale des Importants et fait emprisonner le duc de Beaufort, petit-fils en ligne légitimée de Henri IV et donc cousin germain du roi. Le peuple parisien exprime son aversion à l'égard du cardinal dans des mazarinades. L’opposition se déplace ainsi sur le terrain politique. Le Parlement ambitionne de participer au gouvernement du royaume alors qu'il n'est à l'origine qu'une institution judiciaire. Certains princes du sang font également valoir leurs prétentions quant à la direction des affaires.
En effet, face au gouvernement, se dressait d'abord rien moins que la famille royale. Gaston de France (le Grand Monsieur), oncle du roi et qui avait été longtemps l'héritier du trône, éternel comploteur, ne cachait pas son opposition à Mazarin, non plus que sa fille, Anne-Marie-Louise d'Orléans, la Grande Mademoiselle. Le prince de Condé dit « le grand Condé » et sa sœur, la duchesse de Longueville, espéraient entrer au conseil de régence. Outre ces aspirations politiques, il en est d'autres plus personnelles. Jean-François Paul de Gondi, futur cardinal de Retz, coadjuteur de Paris, était ambitieux. Il voulait lui aussi jouer un rôle politique de premier plan.
La Chambre Saint-Louis et la montée de l'opposition parlementaire (de janvier à )
Pour forcer le Parlement à enregistrer les sept édits fiscaux, la régente tient un lit de justice, en présence du roi qui a 9 ans, le . Les parlementaires réagissent dans un premier temps par le discours très dur d'Omer Talon, puis ils se ravisent : ils examinent les édits et n'ont de cesse d'adresser des remontrances[alpha 2].
En , la tension se fait encore plus forte à cause du droit annuel ou paulette. Mazarin espère dissocier les cours souveraines en exemptant seul le Parlement d'un rachat de quatre années de gages pour obtenir le droit de renouvellement de leur office. C'est un échec pour le cardinal car la Robe parisienne fait bloc : la protestation générale se traduit par l'arrêt d'Union () qui propose aux quatre cours souveraines de délibérer en commun (Parlement, Chambre des comptes, Cour des Aides, Grand Conseil). C'est un défi institutionnel[4], auquel la régente tente d'abord de s'opposer. L'arrêt d'Union est d'ailleurs cassé par le conseil d'État le . Le le Parlement passe outre et appelle les autres cours à le rejoindre le lendemain à la chambre Saint-Louis du palais de justice[alpha 3]. Le , Mathieu Molé, le premier président du parlement de Paris, prononce un discours à la reine que le cardinal de Retz résume dans ses Mémoires :
« Le premier président parla avec la plus grande force. Il exagéra la nécessité de ne point ébranler ce milieu entre les peuples et les rois. Il justifia, par des exemples illustres et fameux, la possession où les compagnies avaient été, depuis si longtemps, de s'unir et de s'assembler. Il se plaignit hautement de la cassation de l'arrêt d'union, et conclut, par une instance très ferme et très vigoureuse, à ce que les arrêts du conseil fussent supprimés[5]. »
Mazarin conseille de négocier et Anne d'Autriche capitule le en autorisant les chambres à siéger ensemble. Les magistrats rédigent alors des projets de réformes dans une charte contenant vingt-sept articles. Ces derniers prévoient la suppression des traitants, la réduction des tailles, la répartition et la levée des impôts par les seuls officiers, le rappel des intendants, l'absence de création de nouveaux offices, le renoncement aux réductions de rentes et de gages, un habeas corpus pour les seuls officiers (garanties individuelles). Par la déclaration royale du , la chambre de Saint-Louis obtient gain de cause sur presque tous les points (sauf sur l'abolition des lettres de cachet). Particelli d'Émery est renvoyé. Le nouveau surintendant des finances est le duc de La Meilleraye. Entretemps, l'État se déclarait en banqueroute, annulant tous les prêts, traités et avances consentis pour l'année et les suivantes[6].
Au mois d', le contexte change. La victoire de Condé, le sur les Espagnols à Lens, pousse Mazarin à réagir. Le Conseil d'en haut est alors composé de la reine, du cardinal, du duc d'Orléans, du chancelier Séguier, de La Meilleraye et du comte de Chavigny. Il se réunit le et décide de profiter de la liesse parisienne (un Te Deum est donné le lendemain à Notre-Dame en l'honneur de la victoire de Condé) pour faire arrêter trois parlementaires, principaux chefs de la Fronde, Henri Charton, René Potier de Blancmesnil et Pierre Broussel. Ce dernier, opposant farouche aux mesures fiscales, étant très populaire au sein de la capitale, Paris s'enrage et monte 1 260 barricades (26-) autour du Palais-Royal[7],[alpha 4], à l'instigation des milices bourgeoises dont les chefs, parlementaires, semblent avoir été débordés[8]. Le chancelier Séguier est poursuivi par la foule qui met le feu à l'hôtel de Luynes où il s'était réfugié. Il ne doit la vie qu'à l'intervention de La Meilleraye. Mazarin est contraint de libérer Blancmesnil, puis Broussel qui effectue un retour triomphal le (Charton, lui, avait réussi à éviter l'arrestation).
Le , la Cour s'installe quelque temps à Rueil chez la duchesse d'Aiguillon. C'est là que le vainqueur de Rocroi et de Lens se met à la disposition d'Anne d'Autriche : « Je ne saurais souffrir l'insolence de ces bourgeois qui veulent gouverner l'État ; je m'appelle Louis de Bourbon… »[7]. Le comte de Chavigny, suspect de passivité au moment des troubles d', et responsable de l'évasion en du duc de Beaufort en tant que gouverneur du château de Vincennes, est arrêté. L'ancien garde des sceaux, Châteauneuf, est exilé.
Par l'intermédiaire de Condé et celui de Gaston d'Orléans, la Cour et le Parlement tentent de trouver une issue à la crise lors de conférences tenues à Saint-Germain, du au , où la Cour s'est repliée. Anne d'Autriche et Mazarin se résignent temporairement à accepter les exigences parlementaires : le , la monarchie accepte les articles de la Chambre Saint-Louis, ramenés à une quinzaine, par une déclaration royale confirmant celle de . Le , la Cour rentre à Paris.
Le même jour, une paix est signée avec l'empereur Ferdinand III (1608-1657) mais passe complètement inaperçue (traités de Westphalie) ; la France sort de la guerre de Trente Ans mais reste en conflit avec l'Espagne. Pendant l'automne, le Parlement ne cesse d'adresser des protestations contre les infractions faites à la déclaration royale. Mazarin projette de s'éloigner de Paris et de réduire la capitale par la famine.
La guerre et le blocus de Paris (de janvier à )
D'un côté comme de l'autre, les forces s'organisent pendant que la Cour quitte brusquement le palais du Louvre par la porte de la Conférence, dans la nuit du 5 au pour gagner le château de Saint-Germain. Mazarin fait appel aux 4 000 mercenaires allemands de l'armée de Condé qui, au demeurant, reçoit le commandement des troupes royales afin de conduire le siège de Paris[9]. Il dispose au total de 8 000 à 10 000 hommes[10].
Du côté parisien, la résistance s'organise. Le cardinal est condamné au bannissement par un arrêt du Parlement (). Le Parlement confie le commandement des troupes au prince de Conti, frère de Condé, qui est désigné comme le généralissime de la Fronde ().
Les autres chefs sont les ducs de Bouillon qui n'admet pas le rattachement de sa principauté de Sedan au royaume, de Beaufort (qui y gagne le surnom de Roi des Halles), de Noirmoutier et d'Elbeuf ainsi que le maréchal de La Mothe et le prince de Marcillac. Le duc de Longueville se rend en Normandie soulever la province, tandis que sa femme, la duchesse de Longueville (sœur de Condé et Conti) et surtout le coadjuteur de Paris, Jean-François Paul de Gondi (futur cardinal de Retz) jouent également un rôle prépondérant dans la révolte.
Gondi est aussi proche du parti dévot opposé à la lutte jugée fratricide des deux royautés catholiques, la France et l'Espagne. Il se montre dans les rues de Paris, à cheval, en habits gris, des pistolets à l'arçon de sa selle.
Le peuple chante des louanges à son égard en faisant référence au combat entre David (Gondi) et Goliath (le couple Anne d'Autriche et Mazarin) :
Monsieur notre coadjuteur
Vend sa crosse pour une fronde
Il est vaillant et bon pasteur,
Monsieur notre coadjuteur
Sachant qu'autrefois un frondeur
Devint le plus grand roi du monde,
Monsieur notre coadjuteur
Vend sa crosse pour une fronde[11]
Quant à la duchesse de Longueville, elle n'hésite pas à s'installer à l'hôtel de ville pour y accoucher d'un fils de son amant, La Rochefoucauld, qu'elle prénomme Charles-Paris[12]. C'est à cette époque que les pamphlétaires se déchaînent contre Mazarin.
Si des troubles éclatent en province à Rouen, Bordeaux et Aix-en-Provence, si le Parlement de Paris a réussi à neutraliser la municipalité et le prévôt des marchands, le siège de la ville est cependant efficace. Les greniers à blé autour de Paris n'alimentent plus la ville et le prix du pain quadruple en deux mois[13]. Le combat de Charenton remporté par l'armée royale le sur quelques groupes de frondeurs empêche toute délivrance. Les soldats du roi ravagent le Sud de Paris. La Rochefoucauld est blessé à la gorge par un coup de feu lors d'un engagement à Brie-Comte-Robert.
Quant au duc de Longueville, ses maigres levées de troupe sont facilement contrées par les armées royales du comte d'Harcourt que la régente vient de nommer gouverneur de la Normandie à la place du duc. L'hiver est rude et la capitale est inondée par une crue de la Seine[14]. Toutefois, les frondeurs reçoivent le soutien de Turenne. Ce dernier tente d'ailleurs d'attacher à son service huit régiments de l'armée d'Allemagne commandés par le général d'Erlach. Mazarin riposte grâce au banquier Barthélemy Hervart : il réussit à maintenir cette armée dans son devoir (et à ses frais) en fournissant 1,5 million de livres tournois. Sans moyens, Turenne décide alors de s'exiler. Le , il est déclaré coupable de crime de lèse-majesté.
Dans ces conditions (les alentours de Paris ravagés, Turenne neutralisé), les frondeurs parlementaires se divisent en légalistes (le premier président du Parlement Mathieu Molé et le président Henri de Mesmes) et en ultras (le président Viole et le président Charton). Les premiers supplient Anne d'Autriche de négocier. Certaines personnalités plus ou moins neutres (Saint Vincent de Paul, le duc d'Angoulême) s'entremettent.
Fin , les magistrats s'émeuvent des accointances de certains princes, dont le duc de Bouillon, avec les Espagnols et ne souhaitent pas se faire déborder par l'agitation populaire. Le parti modéré l'emporte. De son côté la Cour est hantée par l'exécution le du roi d'Angleterre Charles Ier décidée par le Parlement anglais, ce qui ébranle la fermeté de la Régente. Les pourparlers débutent le , malgré les tentatives de Gondi pour les retarder. Un compromis est signé le (paix de Rueil), suivi de la paix de Saint-Germain (). L'invasion de la Picardie par les Espagnols, qui va être arrêtée à Guise par le maréchal du Plessis-Praslin épaulé par les mercenaires d'Erlach, amène Mazarin à modérer ses exigences et intégrer les princes dans la négociation entre les deux conférences. Tous les fauteurs de troubles sont pardonnés, y compris Turenne.
Le roi ne fera son entrée à Paris que le après la campagne de printemps sur la frontière picarde et l'installation temporaire de la Cour à Compiègne. Pour celle-ci, Mazarin confie l'armée royale au comte d'Harcourt ce qui mécontente Condé et alimente la mésentente entre les deux hommes. Harcourt échoue d'ailleurs devant Cambrai[alpha 6].
La paix de Saint-Germain () : un apaisement difficile et fragile
La paix de Saint-Germain marque une pause dans les événements tumultueux de la Fronde. En réalité, le retour au calme est plus difficile. D'une part parce que les libelles et les pamphlets hostiles à Mazarin circulent toujours à Paris et, d'autre part, parce que ce sont les provinces qui entrent en mouvement. Les villes de Bordeaux et d'Aix se soulèvent chacune contre leur gouverneur respectif. Le retour au calme ne se fait qu'en pour la Provence (alors qu'à Paris, la foule fête la Saint-Louis dans la joie) et seulement en pour le Bordelais après une journée de barricades le et de violents affrontements entre les frondeurs et le gouverneur, le duc d'Épernon.
Quant à la situation parisienne, tout se joue en coulisse. En effet, le prince de Condé entend tirer quelques bénéfices de l'appui qu'il a accordé à Mazarin, notamment pendant le blocus de la ville. Les prétentions de Condé (prendre part au gouvernement) conduisent Mazarin à se rapprocher des anciens frondeurs : il promet au coadjuteur de Paris, Jean-François Paul de Gondi, le galero, le chapeau de cardinal. Quant au duc de Beaufort, Mazarin le neutralise grâce à sa maîtresse madame de Montbazon mais aussi en donnant en mariage à son frère, le duc de Mercœur, l'une de ses nièces, Laure Mancini. Mazarin joue ainsi de la rivalité entre la maison de Condé et la branche illégitime des Vendôme.
À l'automne 1649, le pouvoir risque de tomber entre les mains de l'une ou l'autre des factions. Les incidents se multiplient comme les coups de feu essuyés par le carrosse de Condé le qui donnent lieu à une vaine procédure juridique à l'encontre de Beaufort et du coadjuteur[15]. Les relations entre Condé et Mazarin sont de plus en plus tendues. Ces jeux de clientèles renversent les alliances : en , par l'entremise de la duchesse de Chevreuse[16], quelques-uns des chefs de la vieille fronde (Gondi, Beaufort, le marquis de Châteauneuf) se rallient secrètement au pouvoir royal contre le prince de Condé et sa famille dans laquelle la duchesse de Longueville joue le rôle de tête politique[17].