Grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941
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La grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais de mai-, appelée aussi grève patriotique des 100 000 mineurs du Nord-Pas-de-Calais[1],[2] est la plus grande grève survenue dans l’Europe occupée par l'Allemagne nazie[1], ainsi que la plus longue, ayant duré du au dans le Nord-Pas-de-Calais et son bassin minier[3], le long de trois des 20 premières zones urbaines de France, totalisant 1,2 million d'habitants.
C'est aussi l'un des premiers actes de résistance collective à l'occupation nazie en France, le plus spectaculaire[4], et de loin le plus important par le nombre de participants, devant les grèves patriotiques d'octobre 1942 en France. Les femmes et filles de mineurs y ont joué un rôle primordial, de même que les mineurs polonais, qui représentaient la majorité de la population dans de nombreuses communes de l'ouest du bassin minier[5].
Selon les historiens, la machine de guerre allemande recherchait dans les mines de charbon « un rendement maximum » dans une « région d'importance vitale »[6], mais la grève l'a privée d'électricité, alors d'origine charbonnière, via la perte d'un demi-million de journées de travail, 387 962 au fond et 85 281 au jour[5], et d'un demi-million[4] à un million et demi de tonnes de charbon[7], l'obligeant à en importer massivement de Belgique. Elle a mobilisé jusqu’à 100 000 des 143 000 mineurs[4], à son point culminant le [4], lendemain d'une marche de « près de 1 500 femmes qui se rendent aux grands bureaux »[4] de Billy-Montigny. Le syndicat légal contrôlé par le régime de Pétain est, lui, resté passif[7].
L'occupant nazi réagit par 400 à 600 arrestations et la déportation de 270 mineurs au camp de concentration de Sachsenhausen[1], où plus de la moitié meurent[4]. Des dizaines d'autres grévistes doivent entrer dans la clandestinité, les mineurs de la région représentant la moitié des 270 fusillés par les Allemands à la citadelle d'Arras.
Avant et après le conflit auquel ont fortement contribué les Polonais, majoritaires au fond[5], la grève du zèle, toutes sortes de sabotages et freins à la production « sous les prétextes les plus divers »[5], font chuter la production régionale de charbon de 30 % en six ans[5] alors que les Allemands espéraient l'accroître de 35 %. Pour y parer, ils acheminent dès l'été 1942 des milliers de prisonniers de guerre ukrainiens et soviétiques, installés dans des camps improvisés comme à Marles-les-Mines[8].