Hedy Lamarr
actrice, productrice et scientifique américaine d'origine autrichienne / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Hedwig Kiesler, dite Hedy Lamarr, est une actrice, productrice de cinéma et inventrice autrichienne, naturalisée américaine, née le à Vienne (à l’époque en Autriche-Hongrie) et morte le à Casselberry (Floride).
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autrichienne ( - américaine ( - |
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Emil Kiesler (d) |
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Gertrud Kiesler (d) |
Conjoints |
Friedrich Mandl (de à ) Gene Markey (en) (de à ) John Loder (de à ) Teddy Stauffer (en) (de à ) W. Howard Lee (d) (de à ) Lewis J. Boies (d) (de à ) |
Enfants |
Cheveux | |
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Yeux |
Brun (d) |
Lieu de détention |
Sybil Brand Institute (en) () |
Site web |
(en) hedylamarr.com |
Distinctions |
Au cours de sa carrière cinématographique, elle joue sous la direction des plus grands réalisateurs : King Vidor, Jack Conway, Victor Fleming, Jacques Tourneur, Marc Allégret, Cecil B. DeMille ou Clarence Brown. Icône glamour du cinéma américain, elle est désignée en son temps comme la « plus belle femme du cinéma ».
Outre sa carrière au cinéma, elle marque l'histoire scientifique des télécommunications en inventant avec le compositeur George Antheil, pianiste et inventeur comme elle, un moyen de coder des transmissions (étalement de spectre par saut de fréquence). Il s'agit d'un principe de transmission fondamental en télécommunication, utilisé actuellement pour le positionnement par satellites (GPS, etc.), les liaisons chiffrées militaires ou dans certaines techniques Wi-Fi.
Jeunesse
Née au début de la grande guerre, Hedwig Eva Maria Kiesler, fille unique d'un couple de Juifs ashkénazes de la grande bourgeoisie Austro-hongroise, est trop jeune pour souffrir des bouleversements induits par la défaite de 1918 : chute de la monarchie et démembrement de l'Empire. Elle grandit dans une Autriche réduite à n'être plus qu'une petite république du centre de l'Europe.
Son père Emil Kiesler (1880-1935), né à Lemberg (aujourd'hui Lviv en Ukraine), était directeur de la banque Creditanstalt-Bankverein de Vienne[1],[2]. Sa mère Gertrud Lichtwitz (1894-1977), issue d'une grande famille de la bourgeoisie juive de Budapest en Hongrie, était pianiste concertiste. Elle espérait avoir un garçon qu'elle aurait appelé Georg[3]. À l'âge adulte, Gertrud s’était convertie au catholicisme sous l'insistance de son premier mari et élèvera ensuite sa fille dans cette religion sans pour autant l’avoir baptisée. Hedwig grandit dans un milieu privilégié, ayant des précepteurs puis fréquentant un pensionnat Suisse. Outre l'allemand, le yiddish et le hongrois, elle apprend l'anglais et l'italien, prend des cours de danse et de piano, d'équitation, va à l'opéra ; elle gardera de sa jeunesse un souvenir impérissable et toujours nostalgique[4],[5].
À l’âge de 12 ans, Hedwig Kiesler remporte un concours de beauté à Vienne[6]. Elle s'intéresse déjà au théâtre et au cinéma, mais à la suite d’une « révélation » en voyant Metropolis (1927) de Fritz Lang, elle veut devenir actrice[7]. Par ailleurs, lors de promenades, son père lui explique le fonctionnement de certaines technologies[4], et à la maison, elle bricole souvent[3].
Carrière en Europe
Hedwig Kiesler se présente seule, à 16 ans, aux studios Sascha de Vienne, probablement recommandée par une relation de ses parents dont la situation financière s'est dégradée avec la crise économique autrichienne des années 1930[8],[5]. La future Hedy Lamarr entre « dans le monde du silence expressif » par l'entremise de son compatriote metteur en scène Georg Jacoby. Jacoby l'engage pour deux films — Geld auf der Strasse avec Rosa Albach-Retty et Tempête dans un verre d'eau, en 1930 et 1931 —, puis comme scripte pour la garder auprès de lui[8].
La jeune fille, qui a abandonné l'école[7], est engagée par le metteur en scène de théâtre Max Reinhardt qui la présente à la presse comme « la plus belle fille du monde »[9],[7],[3],[10] ; c'est à cette époque qu'elle rencontre Otto Preminger et Sam Spiegel qui rivalisent pour obtenir ses faveurs, et qu'elle retrouve plus tard parmi les Juifs émigrés comme elle aux États-Unis[8],[10].
Hedwig Kiesler gagne Berlin en 1931 où elle tourne Les Treize Malles de monsieur O. F. d'Alexis Granowsky avec notamment Peter Lorre et Margo Lion[8] — film pour lequel Hedwig fait l'objet d'une tapageuse campagne de publicité aux retombées intéressantes puisque même le New York Times salue sa présence — puis en 1932 Pas besoin d'argent, du pro-nazi Carl Boese (coréalisateur du classique Le Golem), qui remporte un grand succès.
À la même époque, elle interprète au théâtre un des quatre personnages principaux de Private Lives (Les Amants terribles) de Noël Coward et sa prestation lui vaut encore des critiques élogieuses[8].
Alors qu'elle est assise à lire un script, le cinéaste Gustav Machatý remarque sa beauté[5] et lui fait tourner quelques mauvais films[1] puis en 1933, Extase, un film tchécoslovaque quasiment sans dialogue mais à l’esthétique recherchée[10]. Le scénario est proche de celui de L'Amant de lady Chatterley ; le film fait sensation dans le monde entier et rend célèbre l'actrice. Elle dit avoir exécuté les directives avec naïveté lors de la scène de nu et la première scène d'orgasme à l'écran dans laquelle on ne voit que son visage[alpha 1]. Elle ne porte pas de jugement moral sur la conduite de l’héroïne[11],[7],[4],[5]. Elle en acquiert une réputation sulfureuse à 19 ans qui ne va plus la quitter, et une grande partie de l'Europe la surnomme déjà « The Ecstasy Girl »[5]. Même si les premiers censeurs avaient exigé l'insertion d'un mariage dans le film avant que ladite extase de l'actrice n'ait lieu[5], le film, présenté à la Biennale de Venise, est condamné par le pape Pie XII ; Hitler, depuis peu au pouvoir, l'interdit en Allemagne et les scènes polémiques sont expurgées de la plupart des versions européennes et américaines[7],[3].
Hedwig Kiesler remporte également un grand succès sur scène en interprétant Élisabeth d'Autriche (Sissi)[8].
L'industriel de l'armement et fournisseur de Mussolini, Friedrich Mandl, remarque la jeune actrice dans Extase[5] et leur relation débouche sur un mariage de convenance en 1933 : le mari avait, lui aussi selon toute vraisemblance, été encouragé par ses futurs beaux-parents inquiets pour l’avenir de leur progéniture[8]. Mais la jeune femme, éprise de liberté et trop surveillée par son époux — qui lui interdit de continuer son métier d'actrice et essaie de racheter toutes les copies du film Extase — fuit sa vie dorée en 1937[12],[1],[4]. Elle se rend en Suisse[alpha 2] où elle côtoie la jet set, mais aussi l'émigré juif autrichien comme elle, Billy Wilder[10], Kay Francis, la star de la Paramount, l'écrivain allemand Erich Maria Remarque ; celui-ci possède une superbe villa à Porto Ronco au bord du lac Majeur[13] où il offre asile à ceux qui fuient l'Allemagne nazie : elle entame avec lui une liaison qui l’écarte pendant une année supplémentaire des écrans.
Par l'entremise de l'agent américain Bob Ritchie[5], elle rencontre à Londres Louis B. Mayer, en recherche de talents européens. Apparemment peu intéressé par Hedwig Kiesler, gêné notamment par sa prestation dans Extase (selon l'intéressée)[5], Mayer, le magnat d'Hollywood, propose à celle-ci un contrat peu avantageux (six mois d'essai et cent cinquante dollars par semaine) qu'elle refuse[8]. D'après ses dires, elle est gouvernante du violoniste prodige Grisha Goluboff[14] avec qui elle embarque sur le Normandie, pour traverser l’Atlantique. À bord, où se trouvent également Mayer et Cole Porter — ce dernier écrira plus tard une chanson sur elle —, Hedwig se met en beauté pour impressionner Mayer et le convainc de l'engager aux conditions qu'elle souhaite (soit cinq cents dollars par semaine)[4],[1]. Pour autant, le ponte du cinéma, resté sur l'image sulfureuse du film qui fit sa renommée, ne la tiendra jamais en estime, allant jusqu’à éviter de la saluer lorsqu’il la croise[15],[5].
Carrière aux États-Unis
La star MGM
Hedwig Kiesler réapparaît à l'écran, liée à la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) par un contrat de sept ans, au cours duquel elle joue dans une quinzaine de longs métrages. Sa carrière américaine débute avec Casbah (1938) de John Cromwell, produit par Walter Wanger et United Artists, un remake de Pépé le Moko de Julien Duvivier où elle reprend le rôle de Mireille Balin, et Charles Boyer celui de Jean Gabin[10].
Dès son arrivée à Hollywood, elle change son nom pour devenir Hedy Lamarr[16],[alpha 3], sur l'idée de Howard Strickland, publicitaire pour la MGM ; « Hedy » est un diminutif de son prénom Hedwig et « Lamarr » aurait pour origine sa croisière « en mer » à bord du Normandie[4],[15] avec Mayer. D'autres sources indiquent qu’il s’agit d’un hommage suggéré par Mayer à l'actrice Barbara La Marr précocement disparue en 1926[7],[17],[10].
Après l'Anschluss de , Hedy Lamarr fait venir aux États-Unis sa mère, qui obtient plus tard la citoyenneté américaine. Celle-ci indique « Hébreue » dans la rubrique « race » sur le formulaire de naturalisation, un terme alors fréquemment utilisé en Europe[18].
Considérée comme la révélation du moment à Hollywood, elle enchaîne dans la veine exotique avec le romanesque La Dame des tropiques de Jack Conway, sur un scénario de Ben Hecht avec pour partenaire Robert Taylor, et entame aux côtés de Spencer Tracy le tournage complexe de Cette femme est mienne également sur un scénario de Hecht, commencé par Josef von Sternberg, repris par Frank Borzage non crédité et achevé par W. S. Van Dyke, surnommé « One Shot Woody », qui le signe seul.
Après des débuts en fanfare puis une carrière décevante, ses prestations sont parfois fraîchement accueillies par la critique. La jeune femme est sollicitée par Luther Green pour jouer sur scène Salomé mais le studio s'y oppose.
Elle s'illustre dans la comédie anti-soviétique Camarade X de King Vidor, face à Clark Gable, sur un scénario à nouveau de Ben Hecht : dans un rôle proche de Ninotchka tourné l'année précédente, elle parodie Greta Garbo en aggravant sa voix et, si elle intervient tardivement, amuse dans des situations incongrues comme celle où elle conduit un tramway rempli de chèvres et de paysans en vareuses. La veine parodique lui vaut de nouveau la faveur des critiques et du public[8].
Elle retrouve : dans un rôle qui annonce les futures héroïnes de ses films noirs, Spencer Tracy et Jack Conway pour les aventures de La Fièvre du pétrole ; King Vidor dans le nostalgique Souvenirs avec Robert Young, qui dénonce un ordre puritain oppressif.
Lamarr participe avec Judy Garland et Lana Turner à La Danseuse des Folies Ziegfeld de Robert Z. Leonard, un des grands succès de 1941.
Clarence Brown l'emploie dans le romantique Viens avec moi, et Victor Fleming la dirige avec John Garfield et Spencer Tracy dans l'adaptation du roman réaliste de John Steinbeck, Tortilla Flat, qui traite de la vie de pauvres pêcheurs californiens ; la critique Pauline Kael fait l'éloge d'Hedy Lamarr[8]. Dans le même temps, Conway la dirige pour la troisième fois, en même temps que William Powell, dans le mélodrame Carrefours[8].
Dans Tondelayo de Richard Thorpe, grimée en noir, l'actrice joue une indigène de la Sierra Leone sur le continent africain, la vile tentatrice de Walter Pidgeon et Richard Carlson. L'acteur et biographe Stephen Michael Shearer[19] qualifie son rôle d’« exercice aguicheur d’érotisme des années 1940 dans ce qu’il a de plus vulgaire »[12],[10].
Elle tourne encore une comédie, Le Corps céleste d'Alexander Hall, qui lui redonne pour partenaire Powell en mari astronome clamant comme un slogan : « It's heaven to be in love with Hedy ».
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'antifasciste qu'elle est participe en tant qu'exilée à l'effort de guerre américain, entourée de Paul Henreid, Sydney Greenstreet et Peter Lorre avec le film noir Les Conspirateurs (1944) de Jean Negulesco, un récit d'espionnage contemporain inspiré du succès de Casablanca. Elle vend 25 millions de dollars d'obligations de guerre en se rendant dans de nombreuses villes américaines, et promeut des lettres de soutien pour les G.I.[18],[20].
Dans un registre proche, Angoisse de Jacques Tourneur, elle incarne une héroïne de thriller, entre l'Irlandais George Brent et l'Austro-Hongrois Paul Lukas. Le film est la production la plus coûteuse de la RKO en 1944 ; Hedy Lamarr insiste pour que l'action contemporaine du roman de Margaret Seymour Carpenter (en) soit transposée au début du siècle, avec reconstitution du New York de 1903 ; l'action se déroulant dans la haute bourgeoisie cosmopolite de la côte Est, les décors d'intérieurs, les costumes, la photographie sont également luxueux.
En 1945, elle interprète le dernier film de son contrat avec la MGM, la comédie La Princesse et le Groom réalisée par Richard Thorpe, avec Robert Walker pour co-vedette. Les ambitions de Mayer ont fait long feu. De Sternberg à Thorpe, Hedy Lamarr échoue à devenir la nouvelle Garbo.
Rôles de femme fatale et reine du glamour
À partir de Casbah[10] et dans tous ses films tournés avec la MGM, Hedy Lamarr[alpha 3] incarne une reine glamour, comme il était courant à cette époque avec notamment Joan Crawford dont l'attrait s'estompait ou Greta Garbo déjà à la retraite[5],[21].
Son physique de « The Queen of Glamour »[17] est détaillé par la presse : ses « cheveux de jais », ses yeux « marbrés bleu-vert » ou « bleu caméléon », « parfaitement symétriques », son « nez fin et rectiligne », sa « peau de porcelaine », sa « bouche comparable à l'envol d'un oiseau », son « petit sourire rêveur et sa voix à l'accent exotique », combinaison de l'accent viennois et l'école de diction de la MGM[3],[15],[17],[1],[21],[5],[8],[10].
Son comportement fait l'objet de nombreux commentaires dans les magazines[5], les femmes l'admirent et et l'imitent, des actrices comme Joan Bennett (dont elle épousera l'ex-mari Gene Markey) se teignent les cheveux en noir, les coiffant avec une raie au milieu et des boucles vagues pour ressembler à Lamarr désignée « plus belle femme du cinéma »[5],[10],[22],[23],[24].
Triomphe et déclin
En 1946, Hedy Lamarr se lance dans la production indépendante. Le Démon de la chair est réalisé pour partie par Douglas Sirk, autre émigré de Berlin, et signé par le viennois Edgar Ulmer, choisi expressément par Hedy Lamarr[8]. Ce psychodrame en costumes, d'un romantisme exacerbé, se déroule dans la Nouvelle-Angleterre au début du XIXe siècle et offre son meilleur rôle à l'actrice : le portrait d'une criminelle schizophrène. D'après un roman de Ben Ames Williams, auteur également de Péché mortel dont l'adaptation à l'écran valut à Gene Tierney une nomination à l'Oscar, Lamarr partage ici l'affiche avec George Sanders et Louis Hayward. Ce film demeure, avec Extase et Samson et Dalila, un de ses classiques.
L'échec de son film suivant, La Femme déshonorée de Robert Stevenson avec John Loder (qu'elle épouse), signe la fin brutale, dès 1947, de son activité en tant que productrice.
Les neuf années suivantes sont marquées par une relative discrétion[7], malgré le triomphe du péplum Samson et Dalila (1949) de Cecil B. DeMille, inspiré du Livre des Juges, avec Victor Mature, George Sanders et Angela Lansbury, où dans une scène, elle reçoit une fortune en émeraudes et saphirs correspondant à la couleur de ses yeux[15] ; le film fixe pour longtemps son image de femme fatale, froide et sans cœur. En août de la même année, elle fait la une de Paris Match[1].
L'actrice passe alors de la comédie Vivons un peu (en) (Let's Live a Little, 1948) de Richard Wallace avec Robert Cummings et la russe Anna Sten, au film d'espionnage La Dame sans passeport de Joseph H. Lewis dont l'intrigue se déroule à La Havane sous Batista. La comédie et l'espionnage sont réunis dans Espionne de mon cœur (1951) de Norman Z. McLeod aux côtés de Bob Hope. Elle expérimente par ailleurs le western (avec peu de succès) à la Paramount, avec Terre damnée (1950) de John Farrow, en propriétaire de saloon face à Ray Milland.
Elle achève sa carrière dans L'amante di Paride (1954) de Marc Allégret où elle incarne les mythiques Hélène de Troie et impératrice Joséphine, et dans le documentaire L'Histoire de l'humanité, de et produit par Irwin Allen, auquel participent également Ronald Colman et les Marx Brothers et où elle prête ses traits à Jeanne d'Arc.
En 1958, l'actrice partage le générique de son dernier film officiel, Femmes devant le désir (en) (The Female Animal) de Harry Keller, avec la soprano Jane Powell : « une étude assez prenante sur le monde des actrices » selon Gérard Legrand. Fin mars, elle est l'invitée surprise de l'émission télévisée prisée de divertissement What's My Line? sur CBS. La même année meurt Mayer, son second « père en cinéma » après Jacoby.
Au lendemain de son plus grand succès, Samson et Dalila, la chute de la star est amorcée. Hedy Lamarr se retire dès 1957 après une série d'échecs[7]. Sa notoriété s'était déjà estompée ; sa dernière apparition dans le volume 26 du Who's Who in America date des années 1950-1951[15].
En 1960, elle est honorée d'une étoile sur le Hollywood Walk of Fame.
Selon des sources obscures, elle mène une vie mondaine pendant quelques années et dilapide sa fortune. Dans les années 1960, elle est arrêtée à plusieurs reprises pour vol à l'étalage de produits de beauté[4],[7]. Elle déménage de Californie dans un appartement de l'East Side à New York pour mieux s'occuper de ses différentes poursuites judiciaires notamment contre l'éditeur de son livre Ecstasy and Me[25], sur les droits d'un film italien inédit dans lequel elle avait joué, contre son ex-mari Howard Lee qui l'aurait fait co-signer ses prêts ou pour sa défense de l'accusation de kleptomanie[15].
La publicité autour de son arrestation, après son premier vol dans le grand magasin May Company, et son séjour pour surmenage dans un hôpital de repos de Los Angeles qui ont suivi ont poussé le producteur Joseph E. Levine, avec lequel elle venait de commencer à travailler en 1965 sur un film d'horreur intitulé (en)Picture Mommy Dead, à prétendre qu'elle avait déserté l'image, et l'a renvoyée, mettant ainsi fin à sa carrière à Hollywood[26],[15].
Rongée par la hantise de vieillir, elle prend grand soin d'elle-même[15] puis expérimente la chirurgie esthétique, sans succès[21],[5].
Fin de vie
Gertrud Kiesler, sa mère, meurt en 1977 et est inhumée en Californie[27], loin de son mari enterré à Vienne en 1935.
Au cours des dernières décennies de sa vie, Hedy Lamarr ne communique plus que par téléphone avec le monde extérieur, même avec ses enfants et ses amis proches, vivant recluse dans son appartement de Floride[5]. Elle parle souvent jusqu'à six ou sept heures par jour au téléphone, mais ne passe pratiquement pas de temps avec quelqu'un en personne. Modèle:Référence néessaire
Un film documentaire, Calling Hedy Lamarr, sorti en 2004, met en scène ses enfants, Anthony Loder et Denise Loder-DeLuca[28].
Mort
Hedy Lamarr meurt le à l'âge de 85 ans à Casselberry en Floride[29] des suites d'une maladie cardiaque[30]. Selon ses souhaits, sa dépouille est incinérée et, en 2014, son fils Anthony Loder répand une partie de ses cendres dans les bois autrichiens de Vienne[28].
Dans le documentaire Calling Hedy Lamarr, co-réalisé par le fils de l'actrice Anthony Loder, on voit celui-ci jeter la moitié des cendres de sa mère dans les bois entourant Vienne, ville de son enfance où elle n'est jamais retournée. On le voit aussi constater l'oubli concernant Hedy Lamarr sur le Walk of Fame où sa mère a reçu l'étoile portant le numéro 6 247[réf. souhaitée].
Depuis le , l'urne contenant l'autre moitié des cendres de Lamarr repose, selon le souhait d'Anthony Loder, au cimetière central de Vienne, peu de temps avant le 100e anniversaire de sa mère[31].
Hedy Lamarr a d'autres centres d'intérêt que son métier d'actrice : passionnée de design et inventrice talentueuse[5] (elle affirme que les idées lui venaient naturellement[4]). Jusqu'à sa mort, elle n'a de cesse de produire des inventions et laisse derrière elle de nombreux projets ingénieux, jetés sur le papier[réf. nécessaire]. Une invention dont elle est co-auteur fait l'objet d'un brevet, en 1941[7].
De ses conversations avec son ami le compositeur d'avant-garde George Antheil, antinazi et antifasciste, passionné comme elle[7], naît l'idée d'une invention pour mettre fin, selon elle[5], au torpillage des paquebots de passagers[18]. Il s'agit d'un principe de transmission de signaux, l'étalement de spectre par saut de fréquence[32] (FHSS ou frequency-hopping spread spectrum en anglais).
Ce principe de transmission par étalement de spectre par saut de fréquence est encore utilisé au XXIe siècle pour le positionnement par satellites (GPS, GLONASS…), les liaisons chiffrées militaires, les communications des navettes spatiales avec le sol, la téléphonie mobile ou dans la technique Wi-Fi[33],[9]. Ce principe est cependant différent de l'étalement de spectre à séquence directe (DSSS), utilisé dans certaines normes Wifi, telle que l'IEEE 802.11b.
Lamarr prend connaissance des technologies de différentes armes, dont celles de systèmes de contrôle de torpilles, lorsqu'elle est mariée (de 1933 à 1937) à Friedrich Mandl, un très important fabricant de munitions autrichien[32] qui fait commerce avec l'Heimwehr autrichienne et fournit Mussolini[34].
George Antheil, quant à lui, est familier des systèmes de contrôle automatiques et des séquences de sauts de fréquence, qu'il utilise dans ses compositions musicales et ses représentations[32], s'appuyant en cela sur le principe des rouleaux de bandes perforées des pianos mécaniques (pianola)[7].
Dans le but d'aider les Alliés dans leur effort de guerre, tous deux proposent en leur invention à une association d'inventeurs dans le domaine, le National Inventors Council (en), puis décident le de déposer le brevet[35] de leur « système secret de communication » (Secret communication system)[36],[37],[38],[39], applicable aux torpilles radio-guidées pour permettre au système émetteur-récepteur de la torpille de changer de fréquence, rendant pratiquement impossible la détection d'une attaque sous-marine par l'ennemi. Ils rendent cette invention immédiatement libre de droits pour l'Armée des États-Unis[32].
Le Bureau des brevets américain détient en effet, avec comme co-auteurs George Antheil et Hedy Lamarr (sous le nom de « Hedy Kiesler Markey », erreur mélangeant son prénom de scène et son véritable nom de famille[alpha 4], âgée de 27 ans à l'époque) la description d'un système de communication secrète pour engins radio-guidés appliqué par exemple aux torpilles. Le brevet des États-Unis no 2 292 387 (déposé le et enregistré le )[35] décrit un système de variation simultanée des fréquences de l'émetteur et du récepteur, selon le même code enregistré (le support utilisé étant des bandes perforées inspirées des cartes des pianos mécaniques[4])[35], où Antheil donne tout le crédit de la partie fonctionnalité à Lamarr, précisant que son travail à lui sur le brevet était simplement technique[5]. Ce brevet a récemment été qualifié de « technique Lamarr »[41].
Cependant, cette idée est tellement novatrice que la Marine américaine n'en saisit pas immédiatement l'importance[3] et la trouvant « irréalisable »[5] ; elle n'est donc pas mise en pratique à l'époque[32],[33], bien qu'il y ait dans les années 1950 un projet de détection de sous-marins par avions utilisant cette technique[32]. Hedy Lamarr n'indique pas cette invention, ni le dépôt du brevet, dans ses mémoires sulfureux[5]. Plus tard, les progrès de l'électronique font que le procédé est utilisé — officiellement pour la première fois par l'Armée américaine — lors de la crise des missiles de Cuba en 1962[39],[32] et pendant la guerre du Viêt Nam[32].
Quand le brevet tombe dans le domaine public en 1959, ce dispositif est également utilisé par les fabricants de matériels de transmission, en particulier depuis les années 1980[32],[42]. La plupart des téléphones portables mettent à profit les principes de l'invention de Lamarr et Antheil.
Reconnaissance
En 1973, les fondateurs de la première « Journée nationale de l'inventeur » publient un communiqué de presse avec les noms d'inventrices inattendues où figure Hedy Lamarr, la femme qui avait rendu les missiles plus furtifs[5]. Lamarr, âgée alors de 59 ans en fut surprise, ignorant jusqu'à ce jour que son brevet avait été utilisé ; et décide d'en obtenir vainement des droits. Mais elle n'a jamais reçu de compensation financière pour son invention (estimée à une valeur de 30 milliards de dollars[20]) malgré ses réclamations, ignorant alors que la législation américaine n'accordait que six années après le dépôt de brevet pour la réclamer et s'entendant souvent encore répondre que son invention n'avait pas servi[4],[43].
En 1997, Hedy Lamarr reçoit le prix de l'Electronic Frontier Foundation pour sa contribution à la société[44],[39],[42],[3]. Vivant alors recluse en Floride et âgée de 82 ans, elle ne se rend pas à la cérémonie de peur que les gens se moquent de son apparence[43],[42]. L'accusation d'espionnage et de plagiat par Robert Price, historien spécialiste des communications secrètes, contribue à l'oubli de son invention dans la mémoire collective[43]. L'historienne du cinéma Jeanine Basinger (en) a estimé qu'à une autre époque, Lamarr « aurait très bien pu devenir une scientifique. C'est une option qui a pâti de sa grande beauté »[3].
Hedy Lamarr compense son amertume contre les magnats du cinéma : « Ils voulaient quelque chose de bon marché et de stupide, dit-elle,... ils voulaient quelque chose de stupide mais j'ai de petites étagères dans mon cerveau »[15].
À partir des années 2000, elle devient le symbole de l'innovation et du design ; on célèbre son génie[5]. En 2003, elle figure sur la première de couverture de Dignifying Science: Stories About Women Scientists[45],[5]. Science & Vie et Guerres & Histoire la surnomment la « Bombe à tête chercheuse »[46]. Un prix autrichien d'invention porte son nom et son anniversaire, le , marque la journée de l'inventeur dans les pays germanophones[5].
En 2014, la « plus belle femme du cinéma »[16] devenue la « Bombe à tête chercheuse »[46] et le pianiste George Antheil sont admis à titre posthume au National Inventors Hall of Fame[32],[42].