Henri IV (roi de France)
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Henri IV, dit « le Grand » ou « Le Vert Galant », ou encore « Le Bon Roi Henri », né sous le nom d'Henri de Bourbon le à Pau et mort assassiné le à Paris, est roi de Navarre à partir du sous le nom d'Henri III[alpha 1], et roi de France sous le nom d'Henri IV du jusqu'à sa mort en 1610. Il réunit ainsi les dignités de roi de France et de Navarre et est le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon.
Pour les articles homonymes, voir Henri IV, Henri de Bourbon, Henri III, Henri de Navarre et Henri de France.
« Le Vert Galant » redirige ici. Pour les autres significations, voir Le Vert Galant (homonymie).
Henri de Bourbon est le fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre (elle-même fille de Marguerite d'Angoulême sœur de François Ier), et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon. Descendant en lignée masculine du roi Saint Louis à la dixième génération, il est premier prince du sang et, en vertu de la « loi salique », le successeur naturel des rois de France de la maison de Valois, s'ils meurent sans descendance mâle légitime[alpha 2], ce qui est le cas de tous les fils d'Henri II.
Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée et s'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite de Valois et alors que se déroule le massacre de la Saint-Barthélemy, mais il y revient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.
En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troubles religieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue catholique, qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.
En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devient pourtant roi de France. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pour renforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme, le , lors d'une cérémonie en la basilique de Saint-Denis, ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims mais à Chartres. Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où, après avoir reçu à Angers la reddition du duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, Henri IV signe l'édit de Nantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin à plus de trois décennies de guerres de Religion en France.
Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contre l'Espagne, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, à Paris, par un catholique fanatique venu d'Angoulême, François Ravaillac.
Naissance et baptême catholique
Henri naît dans la nuit du 12 au [alpha 3] à Pau, alors capitale de la souveraineté de Béarn, dans le château de son grand-père maternel le roi de Navarre[alpha 4]. Henri d’Albret désirait depuis longtemps que sa fille unique lui donnât un héritier mâle. Selon la tradition rapportée par les chroniqueurs (Jean-Baptiste Legrain[5], André Favyn[6]), Henri, aussitôt né, est donc remis entre les mains de son grand-père, qui l'emmène dans sa chambre, lui frotte les lèvres avec une gousse d'ail et lui fait respirer une coupe de vin, sans doute de jurançon, où le roi de Navarre possédait une vigne achetée en 1553[7]. Ce « baptême béarnais » est une pratique courante avec les nouveau-nés[8], dans le but de prévenir les maladies[9], et ce type de bénédiction persiste les siècles suivants pour les baptêmes des enfants de la maison de France[10]. Henri d’Albret lui offre une carapace de tortue, encore exposée dans une pièce du château de Pau qu'une tradition incertaine donne pour être la « chambre d’Henri IV » insérée dans l’appartement de Jeanne d'Albret[11]. Suivant l'usage de la couronne de Navarre, il reçoit en tant que fils aîné le titre de prince de Viane[12].
Le futur Henri IV est baptisé dans la religion catholique quelques semaines après sa naissance, le , dans la chapelle du château de Pau, par le cardinal d'Armagnac[13]. Ses parrains sont les rois Henri II de France et Henri II de Navarre (d'où le choix du prénom Henri), ses marraines sont la reine de France Catherine de Médicis[14] et Isabeau d'Albret, sa tante, veuve du comte de Rohan. Pendant la cérémonie, le roi de France Henri II est représenté par le cardinal de Vendôme, frère d'Antoine de Bourbon[9].
Henri II,
roi de Navarre et grand-père maternel d'Henri.Jeanne d'Albret, mère d'Henri. Antoine de Bourbon, père d'Henri. Le cardinal Charles de Bourbon, oncle paternel d'Henri.
Petite enfance
Henri passe une partie de sa petite enfance dans la campagne de son pays au château de Coarraze. Il fréquente les paysans au cours de ses parties de chasse [15], et acquiert le surnom de « meunier de Barbaste »[16]. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère Jeanne d'Albret prend soin de l'instruire dans cette stricte morale, selon les préceptes de la Réforme[17].
À l'avènement de Charles IX en 1561, son père Antoine de Bourbon l'amène vivre à la cour de France. Il y côtoie le roi et les princes de la maison royale qui sont de son âge. Ses parents s'opposent sur le choix de sa religion, sa mère désirant l'instruire dans le calvinisme, et son père dans le catholicisme.
Durant toute son existence, Henri ne séjournera que très rarement sur les terres de ses ancêtres paternels, le comté puis duché de Vendôme, le château de Vendôme n’étant plus la résidence principale de la famille.
Guerre de religion
Durant la première guerre de Religion, Henri est placé par sécurité à Montargis sous la protection de Renée de France. Après la guerre et le décès de son père, il est retenu à la cour comme garant de l'entente entre la monarchie et la reine de Navarre. Jeanne d'Albret obtient de Catherine de Médicis le contrôle de son éducation et sa nomination comme gouverneur de Guyenne (1563)[18].
De 1564 à 1566, il accompagne la famille royale durant son grand tour de France et retrouve à cette occasion sa mère qu'il n'avait pas revue depuis deux ans. En 1567, Jeanne d'Albret le fait revenir vivre auprès d'elle dans le Béarn.
En 1568, Henri participe à titre d'observateur à sa première campagne militaire en Navarre. Il poursuit ensuite son apprentissage militaire durant la troisième guerre de Religion. Sous la tutelle de l'amiral de Coligny, il assiste aux batailles de Jarnac, de La Roche-l'Abeille et de Moncontour. Il combat pour la toute première fois en 1570, lors de la bataille d'Arnay-le-Duc[19].
À la cour de France
En 1572, Henri vint (l’une des rares fois) au château de Vendôme pour y mettre en terre sa mère dans la collégiale Saint-Georges, nécropole des bourbons-Vendôme, au côté de son époux Antoine de Bourbon.
Cette même année, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom de Henri III[alpha 5]. Le , il est marié à Paris à la sœur du roi Charles IX, Marguerite de Valois (davantage connue à partir du XIXe siècle sous le sobriquet romancé de « reine Margot »). Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret dans un premier temps[20], a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants. Comme Marguerite de Valois, catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et que Henri ne peut entrer dans une église, leur mariage fut célébré séparément, l'époux demeurant sur le parvis de Notre-Dame. C'était d'ailleurs coutume au Moyen Âge que le mariage fût célébré devant le porche de l'église. S'ensuivent plusieurs jours de fête[réf. souhaitée].
Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et à la suite d'un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les tueries du fait de son statut de prince du sang, Henri est contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme[21]. Assigné à résidence à la cour de France, il se lie politiquement avec le frère du roi François d'Alençon et participe au siège de La Rochelle (1573).
Après sa participation aux complots des Malcontents, il est retenu prisonnier avec le duc d'Alençon au donjon de Vincennes (). La clémence du roi lui évite la peine de mort mais il reste retenu à la cour. À l'avènement de Henri III, il reçoit à Lyon un nouveau pardon du roi et participe à la cérémonie de son sacre à Reims.
La cour de Nérac
Après avoir passé plus de trois ans comme otage à la cour, il profite des troubles de la cinquième guerre de Religion pour s'enfuir, le . Ayant rejoint ses partisans, il renoue avec le protestantisme, en abjurant le catholicisme le [22]. Il soutient naturellement la cause des Malcontents (association de catholiques et de protestants modérés contre le gouvernement), mais animé d’un esprit modéré, il ne s’entend pas avec son cousin le prince de Condé qui, d’un tempérament opposé, se bat avec zèle pour le triomphe de la foi protestante[23]. Henri de Navarre entend ménager la cour de France et s'assurer en Guyenne la fonction de gouverneur (représentant administratif et militaire du roi). En 1577, il participe timidement à la sixième guerre de Religion menée par son cousin[24].
Henri est désormais confronté à la méfiance des protestants qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse. Il se tient à l’écart du Béarn qui est fermement tenu par les calvinistes[25]. Henri est plus encore confronté à l’hostilité des catholiques. En , il manque de mourir dans un piège organisé dans la cité d’Eauze ; Bordeaux, pourtant capitale de son gouvernement, refuse même de lui ouvrir ses portes[26]. Henri s’installe alors le long de la Garonne à Lectoure et à Agen qui a l’avantage d’être situé non loin de son château de Nérac. Sa cour est composée de gentilshommes appartenant aux deux religions. Ses conseillers sont essentiellement protestants, tels Duplessis-Mornay et Jean de Lacvivier.
D’ à , la reine mère Catherine de Médicis lui rend visite pour achever la pacification du Royaume. Espérant le maintenir plus facilement en obéissance, elle lui ramène son épouse Marguerite.
Pendant plusieurs mois, le couple Navarre mène grand train au château de Nérac. La cour se livre à des parties de chasse, de jeux et de danses, ce dont se plaignent amèrement les pasteurs[27]. Sous l’influence de l’idéal platonique imposé par la reine, une atmosphère de galanterie règne sur la cour qui attire également un grand nombre de lettrés (comme Montaigne et Du Bartas). Henri se laisse aller lui-même aux plaisirs de la séduction — il s'éprend tour à tour de deux demoiselles de compagnie de la reine : Mlle Rebours et Françoise de Montmorency-Fosseux[28].
Henri participe ensuite à la septième guerre de Religion relancée par ses coreligionnaires. La prise de Cahors, en , où il réussit à éviter pillage et massacre malgré cinq jours de combats de rue[29], lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[30].
Henri de Navarre entretient entre 1582 et 1590 une relation avec la catholique Diane d'Andoins, à laquelle il promet le mariage. Seule de ses maîtresses à être associée à ses affaires, elle le soutient financièrement[31] et semble avoir été pour lui autant une conseillère politique qu'une confidente[32]. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple, qui n'a toujours pas d'enfant, et provoquent le départ de Marguerite pour Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consommera leur rupture définitive.
À la même époque la guerre de Succession du Portugal (1580-1583) permet au roi Philippe II d'Espagne de réaliser l'union de la péninsule ibérique, ce qui lui laissera les mains libres pour intervenir contre un éventuel "roi de France et de Navarre".
Héritier du trône de France
En 1584, le frère cadet du roi de France, François d'Anjou, meurt sans héritier. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III envisage de confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Il envoie le duc d'Épernon pour l'inviter en vain à se convertir et revenir à la cour. Mais quelques mois plus tard, contraint de signer le traité de Nemours pour donner des gages à la Sainte Ligue, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache du futur Henri IV blanchit[33].
Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Relaps, Henri est de nouveau excommunié par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.
Plusieurs revirements apparaissent en 1588. Le , la mort soudaine du prince Henri de Condé positionne clairement le roi de Navarre à la tête des huguenots. Le , par un « coup de majesté »[34], le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise ainsi que le frère de celui-ci, le cardinal Louis, le lendemain. Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier. Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le . Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet de la même année.
Le , le roi Henri III est assassiné par Jacques Clément, moine catholique fanatique. Avant de mourir le lendemain des suites d'une blessure au bas-ventre, il reconnaît formellement son beau-frère, le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV de France. Sur son lit de mort, Henri III lui conseille de se convertir à la religion de la majorité des Français.
Pour Henri IV commence la longue reconquête du Royaume, car les trois quarts des Français ne reconnaissent pas pour roi un noble protestant. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.