Jacques Chirac
22e président de la République française / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Jacques Chirac (/ʒak ʃiʁak/[alpha 2] Écouter), né le dans le 5e arrondissement de Paris et mort le dans le 6e arrondissement de la même ville, est un haut fonctionnaire et homme d'État français. Il est Premier ministre de 1974 à 1976, puis de 1986 à 1988, et président de la République de 1995 à 2007.
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Après des études à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'École nationale d'administration (ENA), il rejoint en 1962 le cabinet du Premier ministre Georges Pompidou en qualité de chargé de mission. Il est élu député de la Corrèze au sein de la majorité gaulliste et nommé quatre fois secrétaire d'État et quatre fois ministre à partir de 1967. Par la suite, Chirac est choisi comme Premier ministre par Valéry Giscard d'Estaing en 1974, notamment à la suite de l’appel des 43 et de l'affaire des plombiers. Deux ans plus tard, entretenant de mauvaises relations avec Giscard, il démissionne de Matignon et lance le Rassemblement pour la République (RPR), un parti politique se réclamant du gaullisme. Tout en poursuivant sa carrière d'élu en Corrèze, il devient maire de Paris en 1977 et se présente sans succès à l'élection présidentielle de 1981.
Après la victoire de la droite aux élections législatives de 1986, il est désigné par le président François Mitterrand pour exercer à nouveau la fonction de Premier ministre : il est ainsi le premier chef du gouvernement d'une cohabitation sous la Ve République et, par la même occasion, la seule personnalité politique ayant assumé par deux fois la charge de Premier ministre sous ce même régime. Il est battu au second tour de l’élection présidentielle de 1988 face au président sortant, puis prend la tête de l’opposition, bien que confronté par la suite à la popularité croissante d'Édouard Balladur.
En 1995, il est élu président de la République avec 52,6 % des voix au second tour, face à Lionel Jospin. Il gouverne d'abord avec la majorité de droite acquise en 1993. Le début de son premier mandat est marqué par une réforme des retraites et de la Sécurité sociale qui est massivement contestée et en partie abandonnée, par la reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans la persécution et la déportation des Juifs au cours de l'Occupation et une ultime campagne d'essais nucléaires dans le Pacifique. À la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale en 1997, il perd la majorité au Parlement et se voit contraint à une cohabitation avec Lionel Jospin, lors de laquelle a notamment lieu un référendum instaurant le quinquennat présidentiel : Jacques Chirac est ainsi le dernier président de la Ve République à avoir effectué un septennat.
Lors de l'élection présidentielle de 2002, il est réélu pour cinq ans avec 82,2 % des voix au second tour, bénéficiant d'un « front républicain » face au candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen. Pendant son second mandat, après avoir lancé l'Union pour un mouvement populaire (UMP), il prend en 2003 la tête de l'opposition internationale à la guerre d'Irak lancée par le président américain George W. Bush, et s'implique pour le « oui » dans le référendum de 2005 sur la Constitution européenne, qui se solde par la victoire du « non ». À la fin de sa présidence, confronté à une faible popularité ainsi qu'à une succession d'échecs électoraux et affaibli par un accident vasculaire cérébral en 2005, il renonce à briguer un troisième mandat.
Retiré de la vie politique, il siège jusqu’en 2011 au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit en tant qu'ancien président de la République. Mis en cause dans de nombreuses affaires judiciaires pendant sa carrière, il a bénéficié de son immunité présidentielle mais reste, après son départ de l'Élysée, poursuivi dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, pour laquelle il est condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis en 2011, ce qui fait de lui le premier chef de l’État français à être condamné en justice. Malade, il effectue sa dernière apparition publique en 2014.
Durant son parcours politique, il se montre changeant du point de vue idéologique. Engagé à gauche dans sa jeunesse, il est généralement considéré comme gaulliste et classé à droite de l'échiquier politique, bien que certains observateurs qualifient sa pratique du pouvoir de radicale-socialiste.
Patronyme
Le patronyme Chirac désigne une personne originaire de Chirac, nom de plusieurs localités : la commune de Chirac-Bellevue en Corrèze, l'ancienne commune de Chirac en Lozère (Bourgs sur Colagne), la commune de Chirac en Charente, ou un hameau de la commune de Chanteuges en Haute-Loire. Le toponyme lui-même est typiquement occitan (il est prononcé [ t͡ʃi.ˈrak]) et représente l'évolution régulière du bas latin Cariu (éboulement de roches) ou du préceltique karr, pierre[1].
Jacques Chirac parle ainsi de son patronyme, le présentant comme « limousin »[2].
Ascendance
Né à la clinique de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire dans le 5e arrondissement de Paris, Jacques René Chirac est le fils « par accident[alpha 3] » de François Chirac (1898-1968), médaillé de la croix de guerre 1914-1918, décoré de la Légion d'honneur, employé de la Banque nationale pour le commerce et l'industrie (BNCI), directeur général de la société Henry Potez, en 1937 puis administrateur d'une filiale de la SNCAN, et de Marie-Louise Valette (1902-1973). Tous deux sont issus de familles corréziennes laïques et républicaines[3].
Ses deux grands-pères sont des hussards noirs de la République, des instituteurs devenus directeurs d'école : à Brive-la-Gaillarde pour son grand-père paternel, Louis Chirac, également vénérable[Quand ?] de la loge de la Fidélité du Grand Orient[4], et à Sainte-Féréole (Corrèze) pour son aïeul maternel.
Vie privée et familiale
Le , il se fiance avec Bernadette Chodron de Courcel (née en ), rencontrée à Sciences Po, dans l'appartement des Chodron de Courcel, boulevard Raspail. Le à Paris 6e, il l'épouse, malgré les réticences de la famille de celle-ci vis-à-vis d'un jeune homme issu d'un milieu différent.
Les Chodron de Courcel refusent un mariage solennel dans la basilique Sainte-Clotilde, habitués des familles de la haute société du faubourg Saint-Germain. La cérémonie a donc lieu dans la chapelle de Jésus-Enfant (no 29 rue Las-Cases), annexe de l'église, réservée alors au catéchisme et aux cérémonies plus intimes, Jacques Chirac étant en uniforme de sous-lieutenant de cavalerie[5].
Le couple a deux filles : Laurence (1958-2016[6]), qui a poursuivi des études de médecine, mais qui n'a jamais exercé[7], et Claude, née en 1962, conseillère en communication.
Les médias rapportent de nombreux cas d'adultère de la part de Jacques Chirac[8],[9],[10], notamment avec Jacqueline Chabridon et Claudia Cardinale[11].
Jacques Chirac aurait été initié à la franc-maçonnerie en 2001, selon l'historien François-Xavier Verschave[12],[13]. Il aurait rejoint la Grande Loge suisse Alpina et non une loge française dans un souci de discrétion[14].
Passionné par le sumo et la culture japonaise, il effectue une cinquantaine de déplacements dans l'archipel nippon[15],[16].
Origines et enfance
Le jeune Jacques est élevé en enfant unique et couvé par sa mère, car sa sœur aînée, Jacqueline, est morte d'une broncho-pneumonie foudroyante en 1924, à l'âge de deux ans[17].
Il commence ses études à l'école communale de Sainte-Féréole, en Corrèze, où il est scolarisé de 1940 à 1943 ; la famille s'est alors réfugiée face à l'avancée allemande[18], avant de rejoindre l'ingénieur aéronautique Henry Potez sur le domaine du Rayol-Canadel-sur-Mer[19]. Il poursuit ses études en région parisienne où son père, après avoir été employé de banque, est nommé directeur à la BNCI en 1936[20]. Il est élève tout d'abord au lycée Hoche de Versailles pendant un an, puis au cours Hattemer[21], au lycée Carnot et enfin au lycée Louis-le-Grand, où il obtient le baccalauréat. Les études n'empêchent pas le jeune Jacques de lire de la littérature de son âge, en particulier le magazine Coq hardi, dont il rejoint les amateurs en se faisant « totémiser », à la manière des scouts et comme c'était la pratique dans cette édition, sous le totem de « Bison égocentrique » dans les années 1940[22].
Après son baccalauréat, obtenu en 1950 en section « mathématiques élémentaires » avec mention « assez bien », il fait une campagne de trois mois comme matelot sur un navire charbonnier, le Capitaine Saint-Martin, contre l'avis de son père et signe l’appel de Stockholm sur la non-prolifération des armes nucléaires[23]. De retour en France, il fait une année en « hypotaupe » (mathématiques supérieures, première année de classe préparatoire scientifique) au lycée Louis-le-Grand.
Études à Sciences Po et vie familiale
Envisageant finalement une carrière dans l'administration, il intègre, en , l'Institut d'études politiques de Paris (IEP)[24]. Durant cette période, brièvement, il milite dans la mouvance du Parti communiste avec notamment le futur éditeur Christian Bourgois. Il vend L'Humanité rue de Vaugirard, et participe au moins à une réunion de cellule communiste, comme il l'a raconté[25]. Ayant signé l'année précédente l'appel de Stockholm, d'inspiration communiste[23], il se voit interrogé lorsqu'il demande son premier visa pour les États-Unis ; il est ainsi auditor (étudiant auditeur libre) de la Summer school de Harvard en 1953, et voyage dans la foulée pour parcourir les États-Unis. Il s'y fiance avec une jeune fille de Caroline du Sud dont il est tuteur de latin[22],[26] — Florence Herlihy[27] — mais les jeunes gens doivent rompre sous la pression de leurs familles respectives[28].
De retour en France, il finit en 1954 son cursus à Sciences Po (section Service public) en soutenant un mémoire de géographie économique intitulé Le Développement du port de La Nouvelle-Orléans, dirigé par le professeur Jean Chardonnet. Il sort ainsi 3e sur les 139 de sa promotion, avec la mention « bien »[29].
À l'automne de la même année, il est reçu à l'École nationale d'administration[alpha 4]. Lors de l'ouragan Katrina d', Jacques Chirac, qui se trouve à l'hôpital, s'intéresse à la catastrophe qui touche particulièrement le sud de la Louisiane, en écho à sa thèse mentionnant notamment les risques d'inondation de cette région[30].
Service militaire et guerre d'Algérie
Il commence son service militaire le à l'École de Cavalerie de Saumur[31], dont il sort huitième sur 118[réf. nécessaire]. Le grade d'officier lui est refusé (il est affecté tout d'abord comme soldat de deuxième classe dans un régiment en Bretagne) en raison de son passé communisant et il faut l'intervention des relations de la famille Chodron de Courcel (le général Kœnig) pour l'obtenir. Il en sort donc finalement comme sous-lieutenant de cavalerie.
En tant qu'élève de l'ENA, il aurait pu éviter de faire la guerre d'Algérie (pendant 18 mois), mais il se porte volontaire et il est affecté, à partir du , au 11e puis 6e régiment de chasseurs d'Afrique[32], en poste à Souk-el-Arba dans le département de Tlemcen[33]. Au cours de son service militaire, il est blessé au visage, puis promu lieutenant au début de l'année 1957. Il affirme n'avoir personnellement jamais supervisé d'actes de torture et en avoir contesté l'aspect « généralisé »[34]. Il est libéré de son service militaire le , le maintien sous les drapeaux ayant alors été porté à 27 mois[35]. Partisan de l'Algérie française, Jacques Chirac explique qu'il n'est devenu gaulliste qu'en 1958.
ENA et carrière de haut fonctionnaire
Grâce à son mariage et à son ambition, il change complètement de milieu social. De retour de son service militaire, il reprend ses études à l'ENA dans la promotion Vauban. Il effectue son stage à la préfecture de l'Isère[36] et sort dixième en 1959. Celle-ci étant détachée en Algérie par Charles de Gaulle entre le et , il est affecté en tant que « renfort administratif » auprès du directeur général de l'Agriculture en Algérie, Jacques Pélissier.
À son retour en France métropolitaine, Jacques Chirac est nommé auditeur à la Cour des comptes et devient maître de conférences à l'IEP de Paris. En , il devient chargé de mission (pour la « construction, les travaux publics, et les transports ») auprès du secrétariat général du gouvernement, puis au cabinet du Premier ministre, Georges Pompidou, dont il devient rapidement un fidèle partisan et collaborateur. Un an plus tard, il retourne à la Cour des comptes en tant que conseiller référendaire, mais ne tarde pas à s'engager en politique.
Débuts (1964-1967)
Première élection en Corrèze
En 1964, Pierre Juillet, proche conseiller du Premier ministre, incite « les jeunes loups de Pompidou », parmi lesquels, outre Chirac, se trouvent Jean Charbonnel, Bernard Pons et Pierre Mazeaud, à s'engager en politique et à battre la gauche dans ses bastions traditionnels, dans le centre et l'ouest de la France[37],[38]. Pierre Juillet le fait entrer en à la commission de développement économique régional du Limousin ; le , Chirac est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole, en Corrèze, berceau des grands-parents maternels de sa mère[39].
Entrée à l’Assemblée nationale
Lors des élections législatives de 1967, Georges Pompidou souhaite qu'il se présente dans une circonscription parisienne mais Jacques Chirac préfère Ussel (Corrèze), réputée être un bastion de gauche[40]. Il est l'un des acteurs du « serment de Solignac », qui traduit l'engagement de « jeunes loups » gaullistes dans le Limousin et le Quercy, peu favorables à la droite. Il bénéficie du soutien de Marcel Dassault, ami de son père qui finance pour lui un hebdomadaire UDR ayant son siège à Limoges, L'Essor du Limousin[41] et qui souhaite en faire un secrétaire d'État à l'Aviation civile. Il l’emporte de justesse au second tour, face à Georges Émon, candidat du Parti communiste français[42]. Cette victoire est obtenue à l'arraché sur une gauche divisée : en effet, le candidat envoyé par la FGDS pour remplacer Marcel Audy, sénateur, maire et conseiller général de Meymac, un temps pressenti mais convaincu par Jacques Chirac de ne pas se présenter, n'est autre que le propre frère de François Mitterrand, Robert, lequel fait un score calamiteux ; Jacques Chirac bénéficie de la neutralité bienveillante de la gloire locale, Henri Queuille, et de l'appui de l'inamovible maire d'Égletons, Charles Spinasse, ancien ministre socialiste de Léon Blum exclu de la SFIO pour faits de collaboration[alpha 5]. Charles Spinasse affirme à cette occasion que Jacques Chirac est un type très « Front populaire »[43].
Premières fonctions ministérielles (1967-1974)
Proche de Georges Pompidou
Le , Jacques Chirac — surnommé « mon bulldozer » par Georges Pompidou — est nommé secrétaire d'État à l'Emploi auprès du ministre des Affaires sociales Jean-Marcel Jeanneney, dans le troisième gouvernement Pompidou, entamant une longue carrière ministérielle qui continue dans tous les gouvernements successifs, dirigés par Maurice Couve de Murville, Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer, jusqu'en 1974. Plus jeune membre du gouvernement en 1967, l'une de ses premières réalisations est la création de l'Agence nationale pour l'emploi. Durant Mai 68, il joue un rôle capital lors des accords de Grenelle et devient l'archétype du jeune énarque brillant, parodié dans un album d'Astérix, Obélix et Compagnie, en 1976.
Après Mai 68, il est secrétaire d'État à l'Économie et aux Finances, d'abord sous l'autorité du gaulliste François-Xavier Ortoli dans le gouvernement Maurice Couve de Murville, puis de celle du libéral Valéry Giscard d'Estaing, après l'élection à la présidence de la République de Georges Pompidou et la formation du premier gouvernement Chaban-Delmas, en . Les deux hommes se méfient l'un de l'autre, comme en témoigne le fait que Jacques Chirac n'est pas mis dans la confidence de la dévaluation du franc de 11,1 % en 1969, mais finissent par travailler en bonne intelligence. À ce poste, il patronne notamment la « procédure d'agrément », législation d'exception dont bénéficient les groupes industriels jugés les plus méritants, par négociation à l'amiable directe de l'impôt sur les bénéfices. Ses adversaires l'accusent d'en avoir surtout fait profiter les groupes Dassault ou Bouygues. Dans le même temps, il renforce son assise en Corrèze, en se faisant élire conseiller général pour le canton de Meymac le (réélu en 1970, 1976 et 1982) puis président du conseil général en 1970 (réélu en 1973 et 1976, il abandonne ce poste en après être devenu maire de Paris). De plus, le couple Chirac achète le château de Bity, sur le territoire de la commune de Sarran dans le département, le , et le restaure après classement comme monument historique par arrêté du [44],[alpha 6]. L'épouse de Jacques Chirac, Bernadette, complète sa présence en Corrèze en étant élue conseillère municipale de Sarran en 1971 (et deuxième adjointe au maire à partir de 1977) ainsi que conseillère générale pour le canton de Corrèze en 1979.
De plus en plus proche de Georges Pompidou, il est choisi en par le couple présidentiel pour devenir le premier directeur général de la Fondation Claude-Pompidou. Il commence également, à cette époque, à se lier avec deux collaborateurs du président de la République qui deviennent ses deux principaux conseillers durant les années 1970, Pierre Juillet et Marie-France Garaud.
Ministre délégué aux Relations avec le Parlement
Le , Jacques Chirac est nommé directement par l'Élysée, et sans l'aval du chef de gouvernement Jacques Chaban-Delmas, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des relations avec le Parlement.
Ministre de l'Agriculture et du Développement rural
Il obtient son premier poste gouvernemental d'importance le , en étant nommé ministre de l'Agriculture et du Développement rural, dans le gouvernement Messmer. Il s'y fait remarquer en obtenant massivement les voix des agriculteurs, base électorale importante qu'il conservera tout au long de sa carrière politique. Dans la même logique, comme bon nombre de personnalités politiques, il assure chaque année, de 1972 à 2011 (sauf en 1979, à la suite de son accident de voiture), une sortie médiatisée et remarquée au salon de l'agriculture[45],[46]. Il devient notamment l'un des instigateurs de la première politique d'aide à l'agriculture de montagne[47], en lançant en 1973 l'indemnité spéciale de montagne (ISM)[48]. En , soutenu par le président, il revient sur des décisions de Valéry Giscard d'Estaing, alors en voyage, en annonçant le retrait du projet de loi de finance d'une nouvelle taxe sur la vente des fruits et légumes qui, dans un contexte de hausse des prix, s'était attiré la colère des détaillants[49]. Une fois de retour, le ministre des Finances ne peut qu'avaliser les promesses faites par son homologue de l'Agriculture.
Ministre de l’Intérieur et mort du président Pompidou
Le , probablement à la suite de l'affaire des écoutes du Canard enchaîné, il « échange », lors d'un changement de gouvernement, son poste avec celui de Raymond Marcellin, jusque-là ministre de l'Intérieur. La mort de Georges Pompidou, le suivant, l'affecte fortement ; il apparaît ému aux larmes lors de la messe des funérailles du président en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il milite alors pour une candidature à la Présidence de la République rassemblant l'ensemble de la majorité, face à l'union de la gauche derrière François Mitterrand, et est hostile à Jacques Chaban-Delmas qu'il n'estime pas capable d'affronter la gauche. Il choisit de soutenir tout d'abord le Premier ministre sortant, Pierre Messmer, un temps candidat, puis Valéry Giscard d'Estaing. Il rallie en la faveur de ce dernier, avec son « appel des 43 », 39 parlementaires et 4 ministres gaullistes et contribue ainsi à la victoire du ministre des Finances à l'élection présidentielle. Il bénéficie aussi d'une bonne connaissance du terrain et des élus locaux, acquise en moins de deux ans au ministère de l'Agriculture et surtout du fait de sa position au sein d'un ministère « stratégique » dans lequel il a la haute main sur les préfets, avec les Renseignements généraux, entre autres.