Jeux olympiques de 1900
Jeux de la IIe olympiade, à Paris, France / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Les Jeux olympiques de 1900, officiellement nommés Jeux de la IIe olympiade, sont la deuxième édition des Jeux olympiques modernes. Ils ont lieu à Paris en France du 14 mai au dans le cadre de l'Exposition universelle. La décision d'organiser les Jeux de 1900 à Paris est prise lors du Ier congrès olympique qui a lieu en 1894. Une concurrence se développe après les Jeux de 1896 entre d'un côté Pierre de Coubertin, président du Comité international olympique (CIO), qui veut organiser les Jeux de la IIe olympiade à Paris mais qui ne réussit pas à mettre en route son projet, et de l'autre Alfred Picard, commissaire général de l'Exposition universelle, qui veut organiser des « concours internationaux d'exercices physiques et de sports ». L'instance dirigeant alors le sport en France, l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), penche finalement en pour les concours de l'Exposition plutôt que pour les Jeux de Coubertin. Ce dernier est alors obligé au printemps 1899 d'accepter le compromis que suggère l'USFSA : « Les concours de l'Exposition tiennent lieu de Jeux olympiques pour 1900 et comptent comme équivalent de la deuxième olympiade. » Ces concours ne sont pas appelés « Jeux olympiques » dans les documents officiels ni sur les affiches de promotion. Ainsi, de nombreux athlètes ignoreront, pour certains jusqu'à leur mort, qu'ils ont disputé des Jeux olympiques.
Jeux olympiques de 1900 | ||||||||||
Localisation | ||||||||||
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Pays hôte | France | |||||||||
Ville hôte | Paris | |||||||||
Date | Du 14 mai au | |||||||||
Ouverture officielle par | Pas d'ouverture officielle | |||||||||
Participants | ||||||||||
Pays | 24 | |||||||||
Athlètes | 997 (975 masc. et 22 fém.) |
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Compétition | ||||||||||
Nombre de sports | 19 | |||||||||
Nombre de disciplines | 20 | |||||||||
Épreuves | 95 | |||||||||
Symboles | ||||||||||
Serment olympique | pas de serment | |||||||||
Flamme olympique | pas de flamme | |||||||||
Mascotte | pas de mascotte | |||||||||
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Les concours sportifs attirent 58 731 participants mais selon le CIO, 997 athlètes venant de 24 pays dont 22 femmes s'affrontent dans les épreuves qu'il considère comme olympiques. Les femmes sont présentes aux Jeux olympiques pour la première fois ; la joueuse de tennis britannique Charlotte Cooper est la première championne olympique dans une épreuve individuelle. Le CIO reconnaît 95 épreuves sur un total estimé de 477. Parmi les compétitions reconnues, trois sports (la pelote basque, le cricket et le croquet) et plusieurs épreuves (par exemple le saut en longueur à cheval et la natation avec obstacles) font leur seule apparition de l'histoire au programme olympique. Les compétitions non reconnues incluent des disciplines telles que les concours de ballons, la pêche à la ligne et le tir au canon, ainsi que des épreuves professionnelles, réservées aux Français ou avec handicap et des concours scolaires.
Vainqueur du 60 mètres, du 110 mètres haies, du 200 mètres haies et du saut en longueur, l'athlète américain Alvin Kraenzlein remporte le plus d'épreuves reconnues comme olympiques. Après les Jeux de 2020, il est toujours le seul à avoir obtenu quatre titres olympiques individuels en athlétisme la même année. Il devance le tireur suisse Konrad Stäheli (trois titres et une troisième place) et l'athlète américain Ray Ewry qui gagne trois épreuves de sauts sans élan, alors qu'il a perdu l'usage de ses jambes entre 12 et 17 ans à cause de la poliomyélite. Un Parisien âgé de 7 à 12 ans est appelé en renfort comme barreur pour le duo néerlandais qui remporte une épreuve d'aviron. On n'a jamais retrouvé le nom du garçon qui est vraisemblablement le plus jeune champion olympique de l'histoire. La France, pays dont provient plus de la moitié des athlètes, domine le tableau des médailles établi a posteriori avec 102 médailles dont 27 en or. Elle devance les États-Unis (47 médailles dont 19 en or) et la Grande-Bretagne (30 dont 15 en or).
Rénovation des Jeux
À l'instigation du baron Pierre de Coubertin, le Ier Congrès olympique est organisé du 16 au dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, à Paris, par l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques. Les deux principaux objets sont l'étude des principes de l'amateurisme et le rétablissement des Jeux olympiques. Coubertin a prévu que les premiers Jeux olympiques modernes auraient lieu à Paris en 1900, en même temps que l'Exposition universelle, mais les délégués estiment que six ans seraient une trop longue attente. Des Jeux sont donc prévus en 1896. Sur proposition du représentant de la Grèce Dimítrios Vikélas, la compétition est organisée à Athènes[1],[2]. Cela figure au point XIII de la déclaration sur la réglementation de l'amateurisme et le rétablissement des Jeux olympiques selon lequel le congrès décide « que les Jeux Olympiques aient lieu la première fois à Athènes, en 1896, et pour la seconde fois à Paris, en 1900, et ensuite de quatre ans en quatre ans, dans d'autres villes du monde »[3].
À la fin des Jeux de 1896, en tant que nation à l'origine des Jeux, la Grèce revendique le droit d'organiser les épreuves olympiques tous les quatre ans. Notamment soutenu par les athlètes américains et l'athlète et écrivain britannique George Stuart Robertson, le roi Georges Ier demande au CIO présidé par Pierre de Coubertin qu'Athènes soit la ville hôte permanente des Jeux[4]. Coubertin réussit à convaincre ses collègues du CIO de ne pas soutenir cette proposition[5]. Dans une lettre ouverte adressée au roi, il remercie les Grecs pour l'énergie et l'enthousiasme avec lesquels ils ont organisé la compétition d'Athènes mais confirme que les Jeux suivants auront lieu à Paris en 1900. Les Grecs considèrent ensuite que le baron est « un voleur qui essaie de priver la Grèce de l'un de ses joyaux historiques »[4]. Cependant, la famille royale réalise ensuite que son projet serait impossible à réaliser pour des raisons financières. La défaite face à l'Empire ottoman en 1897 réduit encore la possibilité de Jeux à Athènes en 1900[4].
Deux projets concurrents
Certains dirigeants de la Troisième république estiment que la défaite lors de la guerre franco-allemande de 1870 est liée à la mauvaise condition physique des jeunes Français et l'éducation physique devient obligatoire à l'école primaire en 1882[5],[6]. Le commissaire général de l'Exposition universelle de 1900, Alfred Picard, propose d'y organiser des concours internationaux d'exercices physiques. Il reçoit l'accord du gouvernement pour inclure ces concours sportifs dans le programme de l'Exposition en [5]. L'objectif est d'organiser des compétitions ouvertes au plus grand nombre pour promouvoir la pratique des exercices physiques dans le pays[7].
En , Pierre de Coubertin rencontre Alfred Picard et lui annonce qu'il va proposer en juin de rétablir les Jeux olympiques et d'organiser la première édition à Paris. Il lui propose également de mettre en place une exposition consacrée à l'histoire des sports : « Le projet comportait l'édification dans l'enceinte de l'Exposition ou ses annexes d'une reconstitution de l'Altis d'Olympie. Dans l'intérieur des monuments eussent été groupés tous les objets et la documentation concernant les sports, aussi bien ceux de l'Antiquité que du Moyen Âge ou des temps modernes. » Picard ne donne pas de suite à cet entretien[8],[9]. Il crée la commission préparatoire aux Concours internationaux qui se réunit pour la première fois le . Coubertin, qui a organisé les concours scolaires de l'Exposition de 1889, en a été nommé membre mais il ne participe pas aux réunions car il se trouve en Grèce pour préparer les Jeux de 1896. La commission établit un plan général des concours qu'elle publie en . Selon ses mémoires, Coubertin a « compris qu'il n'y avait pour les Jeux olympiques, rien à attendre de M. Alfred Picard » et s'est « résolu à organiser les Jeux de 1900 en dehors de toute ingérence administrative par le moyen d'un comité privé »[10]. En , après la parution de la classification générale de l'Exposition, il écrit une lettre au ministre du Commerce pour exprimer son inquiétude quant à la place du sport au sein de l’événement et Picard répond que « ni l'un ni l'autre des griefs articulés par M. de Coubertin ne sont fondés »[11]. Coubertin estime que le projet de Picard « ne peut qu'échouer et, en tout cas, tant par le cadre choisi (Vincennes) que par la multitude des commissions et sous-commissions et l'énormité du programme (on y prétendait insérer le billard, la pêche à la ligne et les échecs), ce ne pourra être qu'une sorte de foire chaotique et vulgaire »[12].
Il met donc en place un comité d'organisation pour les Jeux olympiques composé notamment d'aristocrates et connu sous le nom de son président, le vicomte de La Rochefoucauld. L'intention de Coubertin est la suivante : « La foule aura les concours et les fêtes de l'Exposition et nous ferons, nous, des jeux pour l'élite : élite des concurrents, […] élite de spectateurs, gens du monde, diplomates, professeurs, généraux, membres de l'Institut »[13]. Le comité annonce à la presse en qu'il s'est formé « devant le mauvais vouloir et l'inertie des bureaux de l'Exposition »[13]. Coubertin obtient des promesses de soutien à Paris pour l'organisation et de participations d'athlètes étrangers[13]. Le programme établi par son comité est basé sur celui des Jeux de 1896, avec l'addition de la boxe, du polo et du tir à l'arc et la suppression du tir[14]. Publié en , il est jugé « mesquin et indigne de la nation » par Picard[15]. En novembre, l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), dont Coubertin est le secrétaire général en titre, décide de ne pas soutenir le comité La Rochefoucauld qui « représentait la France démocratique et sportive d'une façon vraiment trop imparfaite » mais de se tenir à disposition de l'Exposition universelle pour contribuer à l'organisation de ses concours sportifs[15]. En , les Concours internationaux physiques et de sports sont annoncés dans le Journal officiel avec une trentaine de disciplines qui seront disputées pour la plupart dans le bois de Vincennes[N 1] et l'organisation des jeux athlétiques est attribuée à l'USFSA[15]. Daniel Mérillon, ancien député et président de l'Union française des sociétés de tir, est nommé délégué général pour les concours sportifs de l'Exposition universelle en . Coubertin tente de collaborer avec lui pour organiser les Jeux olympiques mais Picard, qui les qualifie d'« anachronisme », s'y oppose fermement. Avec ces difficultés et à la suite de « divergences de vue entre la presque unanimité du comité et M. Pierre de Coubertin », le vicomte de La Rochefoucauld et les autres membres du comité annoncent leur démission[16],[17].
Isolé, Coubertin est obligé au printemps 1899 d'accepter le compromis que suggère l'USFSA : « Les concours de l'Exposition tiennent lieu de Jeux olympiques pour 1900 et comptent comme équivalent de la deuxième olympiade[18]. » Malgré une organisation qu'il considère comme insuffisante (« rien ne sortait de terre… ni des bureaux, sinon des sous-commissions nouvelles et de copieux règlements ») et qui provoque l'inquiétude à l'étranger, Coubertin apporte ensuite son soutien aux concours de l'Exposition en tant que président du CIO : il écrit des articles dans les journaux étrangers, envoie des circulaires à ses collègues du CIO et fait également la promotion des concours lors d'un voyage en Europe du Nord[19],[20]. Alors qu'il souhaitait profiter de l'organisation simultanée de l'Exposition universelle et des Jeux olympiques pour augmenter l'impact de ces derniers, Coubertin doit finalement reconnaître des concours sportifs étalés sur cinq mois, ouverts aux professionnels et aux femmes, mais qui sont éclipsés par l'Exposition et qui ne sont pas nommés « Jeux olympiques » ni dans les documents officiels ni sur les affiches de promotion[5],[21],[22],[23].
Comité d'organisation
Daniel Mérillon, ancien député et président de l'Union française des sociétés de tir, est nommé délégué général aux Concours d'exercices physiques et de sports. Il est assisté de cinq délégués adjoints[24]. Les concours sportifs sont organisés par une commission supérieure d'une trentaine de membres présidée par Octave Gréard et par douze comités comptant au total environ 700 membres chargés d'établir le programme des épreuves faisant partie de leurs sections respectives. Environ 530 membres des jurys dont 130 étrangers sont également nommés. L'organisation des épreuves est déléguée par contrats aux fédérations sportives des sports concernés. Pierre de Coubertin, président du CIO, fait partie des vice-présidents de la section « Jeux athlétiques »[25].
Les buts des concours sportifs sont notamment d'« imprimer à des œuvres destinées à améliorer la force physique et morale du pays un prodigieux élan, en démontrant par des concours internationaux l'importance et l'utilité de ces exercices et en leur donnant une large publicité[26] » et de « mettre en lumière les progrès de l'œuvre patriotique entreprise pour l'éducation physique et la jeunesse[27] ». En plus de leur rôle dans l'éducation et la promotion du sport, le commissaire général de l'Exposition Alfred Picard souhaite donner un caractère scientifique aux concours sportifs. Il demande donc la création du comité d'hygiène et de physiologie, dirigé par le médecin Étienne-Jules Marey et composé d'une cinquantaine de chercheurs. Constituant la section XIII du programme général, ce comité a notamment pour objectif de déterminer les effets des différents sports sur le corps, observer leurs mécanismes et découvrir les raisons des performances exceptionnelles des meilleurs athlètes[5],[28].
Aspects économiques
Les dépenses des différents comités d'organisation pour les concours sportifs s'élèvent à 1 780 620 francs dont 953 448 pour les prix distribués aux participants. Sur cette somme, 1 045 300 francs sont des subventions de l'Exposition universelle. Les recettes provenant des billets d'entrée revenant à l'Exposition sont très inférieures aux prévisions : elles sont de 59 059,60 francs. Les autres frais pris en charge par l'Exposition s'élèvent à 280 500 francs (dont 150 000 francs pour la construction du vélodrome et 80 000 pour le parc d'aérostation). Les dépenses de l'Exposition pour l'organisation des concours sportifs atteignent donc environ 1 280 000 francs. En ajoutant les 150 000 francs que la ville de Paris a payé pour le vélodrome aux dépenses des comités d'organisation et de l'Exposition, les concours sportifs coûtent environ 2,2 millions de francs au total[29].
Les 1 045 300 francs attribués aux comités d'organisation des concours sportifs représentent environ 1 % du budget global de l'Exposition universelle. Cette somme est équivalente à environ 2,5 millions d'euros de 2006[30].
Promotion
Aucune affiche n'est conçue pour promouvoir l'ensemble des concours sportifs de l'Exposition universelle mais des affiches sont créées pour les différents sports. Elles ne font cependant pas référence aux Jeux olympiques, qui sont presque inconnus du public en 1900. Une affiche qui annonce les concours d'escrime, dessinée par Jean de Paleologu, est retenue a posteriori comme l'affiche officielle des Jeux de 1900. Elle représente une escrimeuse alors qu'aucune femme ne participe aux concours d'escrime. Il existe d'autres affiches pour l'athlétisme, l'aviron et la gymnastique. Le terme « olympique » n'apparaît pas non plus dans les documents officiels. Les compétitions sont regroupées sous le nom « Concours internationaux physiques et de sports »[31],[32]. Beaucoup d'athlètes ne savent pas que les épreuves auxquelles ils participent font partie des Jeux olympiques[33].
Le , La Vie au grand air annonce dans un numéro de 30 pages le programme complet des concours sportifs de l'Exposition et indique les moyens de transport disponibles pour se rendre sur les sites des compétitions depuis Paris[25],[34]. Le magazine publie ensuite régulièrement des résumés et des photographies des épreuves[35].
Participants
Sportifs
Les concours sportifs de l'Exposition universelle attirent au total 58 731 participants dont 1 587 étrangers[6],[36]. Cependant, en listant les épreuves qu'il considère comme olympiques dans son livre The 1900 Olympic Games, l'historien américain Bill Mallon recense 1 222 participants connus sur un total estimé de 1 588 participants (dont 22 femmes)[37]. Sur ces 1 222 athlètes connus, 743 sont français[38]. Selon le Comité international olympique, 997 athlètes (dont 22 femmes) participent aux Jeux olympiques de 1900[39]. Cela représente une forte augmentation par rapport aux Jeux olympiques de 1896 qui comptent 241 participants d'après les chiffres du CIO[40]. Selon les décisions prises lors du Ier congrès olympique, les participants aux Jeux olympiques sont amateurs à l'exception des escrimeurs[41].
Participation des femmes
Les femmes participent pour la première fois aux Jeux olympiques en 1900. Des épreuves féminines de golf et de tennis sont organisées et quelques femmes participent à des épreuves mixtes en voile, en croquet et en équitation[37],[42].
La comtesse Hélène de Pourtalès, qui a les nationalités suisse et américaine, remporte une course de voile avec son mari Hermann le . Le Comité international olympique ainsi que plusieurs historiens la considèrent comme la première participante aux Jeux et la première championne olympique de l'histoire[43],[44],[45]. Bill Mallon, en s'appuyant sur les recherches de Ian Buchanan, relève cependant que sa participation n'est pas bien documentée et qu'elle n'est peut-être que propriétaire du bateau sans prendre part à la course du . Dans un article écrit en 1995, Mallon considère que Jeanne Filleul-Brohy et Marie Ohier, qui participent aux épreuves de croquet à partir du , sont les premières participantes olympiques[44],[46] auxquelles il faut rajouter Mme Desprès, une participante aux mêmes épreuves de croquet, qui a été identifiée comme femme par les historiens des Jeux olympiques après la diffusion de cet article[47]. Cependant le tournoi féminin de croquet n'attire qu'un seul spectateur payant[48]. C'est donc Charlotte Cooper, vainqueur du tournoi féminin de tennis en juillet, qui serait la première championne olympique[44],[49]. Cooper est dans tous les cas la première championne olympique dans une épreuve individuelle[33].
Pierre de Coubertin n'est pas favorable à l'arrivée des femmes aux Jeux olympiques[50],[51]. En 1928, il écrit : « Quant à la participation des femmes aux Jeux, j'y demeure hostile. C'est contre mon gré qu'elles ont été admises à un nombre grandissant d'épreuves[52]. » Le développement du sport féminin fait également réagir d'autres personnalités : le poète Sully Prudhomme écrit qu'il a « horreur de tout ce qui tend à substituer la force à la grâce, l'énergie à la douceur, l'adresse à la spontanéité chez la jeune fille et, en général, tout ce que la femme emprunte à l'homme de qualités viriles, la dénature et nuit à son charme » et l'écrivain Émile Zola se dit « très partisan de tous les exercices physiques qui peuvent contribuer au développement de la femme, à la condition bien entendu qu'elle n'en abuse pas »[49].
Pays participants
Sans en donner la liste, le Comité international olympique indique que 24 nations ont pris part aux Jeux olympiques de 1900[39]. Bill Mallon compte 28 pays participants aux épreuves olympiques[37] alors qu'André Drevon, auteur du livre Les Jeux olympiques oubliés : Paris 1900, liste 30 pays ayant pris part aux concours sportifs de l'Exposition universelle[53]. Selon le CIO, les athlètes des Jeux olympiques de 1896 venaient de 14 pays différents[40].
Les 28 pays recensés par Bill Mallon sont les suivants (le nombre indiqué entre parenthèses correspond au nombre d'athlètes engagés connus pour chaque pays)[38] :
Les deux pays supplémentaires indiqués par André Drevon sont le Portugal (participant aux épreuves de sauvetage qui ne sont pas reconnues comme olympiques par Mallon)[38],[53],[54] et la Nouvelle-Zélande (présente aux épreuves de natation selon Drevon mais pas d'après Mallon)[38],[55].
Des athlètes de deux autres pays participent aux épreuves olympiques en 1900. Adolphe Klingelhoeffer, né en France, représente ce pays lors des épreuves d'athlétisme mais il est de nationalité brésilienne au moment des Jeux[56]. Francisco Henríquez de Zubiría, également né en France mais détenteur de la nationalité colombienne en 1900, fait partie de l'équipe française de tir à la corde[57].
Des sportifs venant de nations n'ayant pas encore leur indépendance en 1900 représentent un autre pays : des gymnastes algériens concourent pour France, des Irlandais font partie des équipes britanniques dans plusieurs sports[58] et l'escrimeur croate Milan Neralić représente l'Autriche[59].
Programme
Les compétitions sont réparties pendant la durée de l'Exposition sur la période allant du au . Le programme suivant, qualifié de « complet et remarquablement intéressant », est adopté par la commission supérieure des exercices physiques et des sports lors de sa séance du [60] :
- Section I — Jeux athlétiques : courses à pied et concours athlétiques, football rugby, football association, hockey, cricket, lawn-tennis, croquet, jeux de boules, baseball, crosse canadienne, longue paume, balle au tamis, courte paume, jeux de golf, pelote basque.
- Section II — Gymnastique : XXVIe fête fédérale de l'Union des Sociétés de gymnastique de France, concours-fête de l’Association des Sociétés de gymnastique de la Seine, championnat international de gymnastique.
- Section III — Escrime : concours de fleuret, concours d'épée, concours de sabre.
- Section IV — Tir : tir à la cible, tir au fusil de chasse, tir aux pigeons, tir à l'arc et à l'arbalète, tir au canon.
- Section V — Sport hippique : concours hippique, polo hippique.
- Section VI — Vélocipédie : courses vélocipédiques.
- Section VII — Automobilisme : concours de tourisme, concours de motocycles, courses de vitesse, concours de voitures de place et de livraison, concours de poids légers, concours de poids lourds.
- Section VIII — Sport nautique : régates à l'aviron, concours de yachting à la voile, concours de bateaux à moteurs mécaniques, concours de natation, concours de pêche à la ligne.
- Section IX — Sauvetage : concours de manœuvres de pompes à incendie, concours de sauvetage sur l'eau, concours de premiers secours aux blessés civils et militaires.
- Section X — Aérostation : concours de ballons (vingt-quatre concours de natures diverses : durée, altitude, distance), concours de colombophilie.
- Section XI — Exercices militaires préparatoires : fête et concours d’exercices militaires préparatoires
- Section XII — Concours scolaires : Jeux athlétiques scolaires, aviron scolaire, gymnastique scolaire, fête des écoles communales de la ville de Paris, concours de fleuret inter-scolaire, championnat de tir des écoles supérieures, championnat de tir des lycées et collèges, championnat de tir des écoles primaires.
Plusieurs compétitions proposées dans la section I sont écartées : le patinage peu pratiqué à Paris, l'haltérophilie « accaparée par les professionnels », la marche qui « ne présente pas les caractères d'un concours de jeux athlétiques » et la boxe, la canne et la lutte à cause de leur dangerosité et leur « caractère trop théâtral »[61]. Quatre concours ne sont pas organisés faute de participants : le hockey, la crosse, la balle au tamis et la courte paume[35]. Le tournoi de baseball n'a pas lieu non plus mais un match est joué entre deux équipes américaines. Il est mentionné dans le rapport de la délégation américaine mais pas dans le rapport des concours sportifs de l'Exposition[62].
Selon André Drevon, environ 477 épreuves sont disputées au total dans 34 disciplines dont trois réservées aux Français (concours scolaires, exercices militaires et tir au canon). Sept autres disciplines ne réunissent que des concurrents français et certaines épreuves des disciplines restantes sont réservées au Français[63]. Le Comité international olympique indique 95 épreuves[39] mais la liste des résultats olympiques disponible sur son site indique 85 épreuves pour un total de 89 podiums (deux finales pour le quatre avec barreur en aviron, deux courses pour trois catégories en voile)[64]. Le CIO n'a en fait jamais pris de décision formelle pour déterminer lesquelles des épreuves de 1900 il reconnaît comme olympiques[65]. Dans son livre The 1900 Olympic Games, Bill Mallon a donc listé les épreuves qu'il considère comme olympiques en utilisant cinq critères : les épreuves doivent être internationales, sans handicap, ouvertes à tout le monde (sans limite d'âge ni réservées aux débutants par exemple), sans véhicule motorisé et réservées aux amateurs (à l'exception de l'escrime)[66]. En appliquant ces critères, il retient 89 épreuves pour un total de 95 podiums (deux finales pour le quatre avec barreur en aviron, deux courses pour cinq catégories en voile)[67]. Le CIO et Bill Mallon reconnaissent tous deux 19 sports et 20 disciplines[37],[64],[N 3], dont trois font leur seule apparition aux Jeux olympiques : la pelote basque, le cricket et le croquet[68]. L'aviron, qui fait sa première apparition en tant que sport olympique lors de cette édition, fut le seul nouveau sport à avoir été présent depuis à chacune des éditions qui ont suivie jusqu'à nos jours.
Récompenses
Des prix d'une valeur totale de 953 448 francs sont remis aux participants des concours sportifs de l'Exposition[36]. Des objets d'art sont généralement remis aux meilleurs sportifs amateurs et des prix en espèces aux professionnels. Des médailles et plaquettes sont également distribuées, notamment la plaquette des Sports en vermeil, en argent ou en bronze gravée par Frédéric de Vernon. Un côté de cette plaquette représente un athlète sur un podium brandissant une branche de laurier avec à l'arrière-plan l'acropole d'Athènes, et l'autre côté une déesse ailée tenant des branches de laurier avec à l'arrière-plan des monuments de l'Exposition universelle[69],[70].