Jeux olympiques de 1920
Jeux de la VIIe olympiade, à Anvers, Belgique / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Les Jeux olympiques de 1920, officiellement nommés Jeux de la VIIe olympiade, sont la sixième édition des Jeux olympiques modernes. Ils ont lieu à Anvers en Belgique du au . Le comité de candidature est créé le et comprend notamment le président du Comité olympique belge Édouard de Laveleye et le membre du Comité international olympique Henri de Baillet-Latour. Les Jeux olympiques de 1916 sont annulés en raison de la Première Guerre mondiale et, après l'armistice de 1918, ceux de 1920 sont attribués à la ville flamande le en hommage à la souffrance et à la bravoure des Belges pendant la guerre. Les épreuves sont disputées à Anvers et dans d'autres villes du pays telles que Bruxelles et Ostende.
Jeux olympiques de 1920 | ||||||||||
Localisation | ||||||||||
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Pays hôte | Belgique | |||||||||
Ville hôte | Anvers | |||||||||
Date | Du au | |||||||||
Ouverture officielle par | Albert Ier Roi des Belges |
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Participants | ||||||||||
Pays | 29 | |||||||||
Athlètes | 2 626 (2 561 masc. et 65 fém.) |
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Compétition | ||||||||||
Nombre de sports | 22 | |||||||||
Nombre de disciplines | 29 | |||||||||
Épreuves | 156 | |||||||||
Symboles | ||||||||||
Serment olympique | Victor Boin Sportif belge (water-polo/escrime) |
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Flamme olympique | Pas de flamme | |||||||||
Mascotte | Pas de mascotte | |||||||||
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Vaincus et considérés comme responsables de la guerre, les Empires centraux et leurs successeurs (Allemagne, Autriche, Bulgarie, Empire ottoman et Hongrie) ne sont pas invités aux Jeux. La participation atteint tout de même un record de 29 nations et 2 626 athlètes (dont 65 femmes). Ils s'affrontent dans 22 sports et 29 disciplines qui regroupent un total de 156 épreuves. Six délégations font leurs débuts aux Jeux olympiques : le Brésil, l'Estonie, Monaco, la Nouvelle-Zélande, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.
En ont lieu les épreuves de patinage artistique et de hockey sur glace, sport présent aux Jeux olympiques pour la première fois. Ils seront intégrés aux nouveaux Jeux olympiques d'hiver à partir de 1924. Deux symboles font leur apparition lors de la cérémonie d'ouverture le : le drapeau olympique imaginé par le baron Pierre de Coubertin en 1913 et le serment olympique prêté pour la première fois par l'athlète belge Victor Boin. Le , le korfbal est disputé en tant que sport de démonstration.
Comme lors des Jeux de 1912, les nations les plus médaillées sont les États-Unis, la Suède, la Grande-Bretagne et la Finlande. La Belgique remporte trente-six médailles dont quatorze en or et termine au cinquième rang, ce qui constitue le meilleur résultat de son histoire. Le tireur américain Willis Lee est l'athlète le plus médaillé avec sept distinctions dont cinq en or alors que l'escrimeur italien Nedo Nadi remporte les cinq épreuves auxquelles il participe. Le tireur à l'arc Hubert Van Innis, Belge le plus titré de l'histoire aux Jeux olympiques, gagne six médailles dont quatre en or. Lors des épreuves d'athlétisme le Finlandais Paavo Nurmi remporte les trois premiers des neuf titres olympiques de sa carrière. La nageuse américaine Ethelda Bleibtrey (trois médailles d'or en trois épreuves) et la joueuse de tennis française Suzanne Lenglen (trois médailles dont deux d'or) dominent leur discipline respective et le nageur américain Duke Kahanamoku conserve le titre olympique du 100 mètres nage libre qu'il a obtenu en 1912. Deux Suédois établissent des records qui sont toujours d'actualité un siècle plus tard : le plongeur Nils Skoglund devient à 14 ans le plus jeune médaillé olympique dans une épreuve masculine individuelle alors que le tireur Oscar Swahn est à 72 ans le médaillé le plus âgé aux Jeux olympiques.
Candidatures initiales
En 1912, lors de la 13e session du Comité international olympique (CIO) organisée à Bâle en Suisse, le président du Comité olympique belge Édouard de Laveleye annonce la candidature de la Belgique pour organiser les Jeux olympiques de 1920[1],[2]. Lors de la session suivante organisée à Stockholm en marge des Jeux olympiques de 1912, les candidatures de Budapest, Amsterdam et Bruxelles sont enregistrées[3].
Le vice-président de la Fédération belge d'escrime, Charles Cnoops, qui a assisté aux Jeux de 1912, souhaite cependant que les Jeux aient lieu dans sa ville d'Anvers. Il organise une réunion au Royal Yacht Club d'Anvers le et forme un comité de candidature provisoire comprenant également Édouard de Laveleye, le comte Henri de Baillet-Latour (fils d'un ancien gouverneur de la province et membre du CIO) et Robert Osterrieth (président du Royal Yacht Club de Belgique) ainsi que 22 vice-présidents. Une déclaration de candidature est envoyée au Comité olympique belge et au CIO[2],[3]. En , le comité de candidature et le baron Pierre de Coubertin, président du CIO, visitent le stade du Beerschot et déterminent qu'après quelques améliorations il pourra être utilisé comme stade principal des Jeux olympiques. La candidature d'Anvers est alors soutenue par l'État belge ainsi que par la ville et la province d'Anvers[4].
Le comité de candidature produit ensuite un dossier de 109 pages intitulé « Aurons-nous la VIIe Olympiade à Anvers en 1920 ? » mettant en avant l'héritage artistique de la ville. Il le remet au CIO lors de la 16e session organisée du 15 au à Paris pour célébrer les vingt ans de la rénovation des Jeux olympiques. La sélection de la ville hôte est fixée à 1916 mais un vote indicatif a lieu et Budapest, la ville du membre fondateur du CIO Ferenc Kemény, a une légère avance sur Anvers[4],[5],[6]. Les villes d'Amsterdam et Rome étaient également candidates[7].
Première Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale éclate peu après la fin de la session de Paris. Les Jeux de la VIe Olympiade prévus à Berlin en 1916 sont ensuite annulés mais le calendrier n'est pas modifié : les Jeux de 1920 restent ceux de la VIIe Olympiade[6].
En , alors que Coubertin parcourt la France dans le cadre d'une mission confiée par le gouvernement français, il se rend à plusieurs reprises à Lyon. Le maire Édouard Herriot lui montre alors le stade de la ville en construction et l'informe que Lyon est intéressée à organiser les Jeux olympiques en 1920 ou en 1924. Coubertin obtient en 1915 que Lyon soit candidate pour les Jeux de 1920 mais se désiste en faveur d'Anvers si cette dernière maintient sa candidature, se reportant sur 1924[8],[9].
Confirmant l’intérêt d'Anvers pour les Jeux olympiques, le comte Henri de Baillet-Latour écrit ceci au baron de Coubertin le :
« Certes, lorsque l'envahisseur aura été rejeté au-delà des frontières par les armées victorieuses, l'oeuvre à accomplir sera immense ; il nous faudra rebâtir nos églises, nos écoles, nos maisons et nos fermes, faire renaître le commerce et l'industrie, ramener la vie dans les usines et les charbonnages. Trouvera-t-on dans ce pays si éprouvé des ressources suffisantes pour préparer dignement une Olympiade ? J'ai tout lieu de le croire, car parmi tant de choses que cette guerre a révélées, il en est une que nul ne peut nier : c'est l'utilité des sports. […]
Les embellissements projetés autour du Stade n'auront peut-être pas pu être exécutés, mais les ruines non encore rebâties donneront au pays un cachet glorieux ; tout le long de la route de la course du Marathon, les tombes échelonnées rappelleront les héros tombés pour la Patrie, soldats morts au combat ou civils fusillés, et quand le vainqueur entrera dans le Stade, ne croira-t-on pas voir le héros antique arrivant annoncer la victoire du Droit ?
Y a-t-il un endroit plus qualifié que la ville d'Anvers régénérée pour célébrer le rétablissement de la paix du monde ? N'est-ce point à la Belgique qui fut la première à la peine, que revient l'honneur d'offrir la première hospitalité à ceux qui aspirent à ne plus voir dans l'avenir que des joutes pacifiques se disputer parmi les nations[10] ? »
L'accord entre Lyon et Anvers est ensuite officialisé en par les signatures du maire de Lyon et du Comte d'Assche. En , le maire de La Havane annonce à Coubertin, avec l'accord du président Mario García Menocal, son intention d'accueillir les Jeux. Les villes américaines d'Atlanta, Cleveland et Philadelphie s'intéressent également à l'organisation des Jeux olympiques de 1920[8],[9].
Retour des Jeux olympiques
Après l'armistice de 1918, Coubertin agit pour que les Jeux reprennent rapidement et retrouvent leur rythme quadriennal[6],[11]. Le baron van Tuyll van Serooskerken qui mène la candidature d'Amsterdam se retire au profit d'Anvers pour saluer le courage des Belges pendant la guerre et Budapest n'est plus prise en compte car l'Autriche-Hongrie faisait partie des Empires centraux considérés comme responsables du conflit mondial[12].
En hommage à la souffrance et à la bravoure des Belges pendant la guerre, Coubertin transmet au gouvernement et au roi des Belges « le vœu de pouvoir désigner Anvers comme siège des Jeux de la VIIe ou de la VIIIe Olympiade. » Les Belges sont d'abord sceptiques mais le comité provisoire promet une garantie d'un million de francs belges et, le , le Comité olympique belge annonce que la ville sera prête à accueillir les Jeux de 1920[1],[2],[6]. Selon l'historien Paul Dietschy, les raisons qui ont mené au choix d'Anvers sont les suivantes : « La Belgique apparaît comme le pays martyr, dont la neutralité a été violée. Et puis, Anvers a résisté héroïquement aux troupes allemandes, de la fin août au début du mois d’octobre 1914. Et la ville a donc apporté sa contribution à la victoire contre l’Allemagne »[13].
La première session du CIO après la guerre a lieu en présence des représentants de huit pays à Lausanne, ville suisse devenue en 1915 le siège du CIO. Les trois membres français, favorables à un report des Jeux en 1921, sont absents. Le , seize mois avant la cérémonie d'ouverture, le choix de Coubertin est confirmé à l'unanimité et Anvers devient officiellement la ville hôte des Jeux de la VIIe Olympiade[6].
Comité d'organisation
Le Comité olympique belge organise une réunion le et le comité d'organisation des Jeux est mis en place[6]. Le « Comité belge des Jeux de la VIIe Olympiade » est créé sous le haut patronage du roi Albert Ier et sous la présidence d'honneur du prince Léopold. Il est présidé par le comte Henri de Baillet-Latour et ses membres d'honneur sont des politiciens et représentants de l'armée[14]. Le comité exécutif effectue la plus grande partie du travail d'organisation. Il est mis en place avec quatre membres du Comité olympique belge et les quatre présidents du comité provisoire créé en 1913[2]. Alfred Verdyck et Rodolphe William Seeldrayers, représentants de l'Union belge de football qui n'avait pas été consultée, estiment d'abord qu'il sera impossible de préparer un si grand événement au sortir de la guerre en seulement un an et demi. Ils acceptent finalement les postes de secrétaire général et secrétaire rapporteur de ce comité également présidé par Henri de Baillet-Latour[1],[2].
Le , les représentants des fédérations sportives belges sont convoquées à une assemblée générale et des comités techniques sont constitués pour chaque discipline sportive. Sept commissions spéciales sont ensuite mises en place : Finances, Logement, Presse, Propagande, commission Technique et du Programme, Voies et Moyens d'Accès et Fêtes et Réceptions[15].
Aspects économiques
Le , la « Société de l'Exposition » est fondée avec un capital de trois millions de francs belges pour organiser une exposition universelle à Anvers. Le comité de candidature pour les Jeux olympiques est créé quatre mois plus tard et la Société promet de participer au financement des Jeux à hauteur d'un million de francs. Cet objectif devient cependant irréalisable à cause de la guerre et la société est liquidée en [16]. Le , le comte de Baillet-Latour informe la ville d'Anvers des difficultés financières que cela provoque pour le comité d'organisation. Le , le « Comité des Fêtes d'Anvers » est créé dans le but de lever le million nécessaire pour les Jeux olympiques et mettre en place une exposition plus modeste que celle prévue à l'origine. Il est composé de propriétaires de navires, marchands et négociateurs de diamants et dispose d'un capital de 1,149 million. Le comité utilise cet argent à ses propres fins, ce qui prive les Jeux olympiques du million prévu, et organise des événements qui entament l'intérêt et l'argent du public avant le début effectif des Jeux[17],[18].
Le , la « Société de la VIIe Olympiade » est créée en tant que société coopérative avec douze membres, les huit membres du comité exécutif et quatre membres du comité des finances, pour pouvoir obtenir les subventions des collectivités publiques. Les Jeux olympiques reçoivent 1,5 million de francs du gouvernement belge, 200 000 francs de la province d'Anvers, 800 000 francs de la ville d'Anvers et 10 000 francs de la ville de Bruxelles[19]. La vente des billets d'entrée rapporte 1,144 million de francs et, au total, les recettes s'élèvent à 4,012 millions de francs[20].
Les coûts des transformations du stade olympique étaient estimés par le comité d'organisation à un million de francs mais se montent finalement à 2,28 millions à cause de la forte inflation de l'après-guerre qui empêche les organisateurs d'établir des budgets réalistes pendant la préparation des Jeux[15],[21]. Le stade nautique est financé quant à lui par la ville d'Anvers. Les autres dépenses importantes du comité d'organisation sont celles liées à l'administration (environ 675 000 francs), aux sports (602 000 francs), au secrétariat (228 000 francs), aux brochures (115 000 francs) et à l'organisation (180 000 francs) ainsi que les frais généraux (535 000 francs). Les dépenses s'élèvent au total à 4,638 millions ; le déficit est donc de 626 000 francs[22]. Ce montant correspond à environ un million de dollars américains de 2003[19].
Un comité de liquidation est créé après les Jeux pour rembourser les créanciers ; il est composé de Baillet-Latour (Comité olympique belge), Verdyck (Union belge de football) et Havenith (Beerschot AC) et sa première réunion a lieu en . Le Comité national d'éducation physique et d'hygiène sociale composé des fédérations sportives belges organise des réunions sportives dont le bénéfice sert à rembourser la dette mais cela ne suffit pas. Dans le contexte difficile de l'après-guerre, les liquidateurs demandent en vain aux collectivités publiques de différer ou suspendre leur créance. Ils tentent de récupérer de l'argent auprès des délégations étrangères qui n'ont pas payé leurs frais de séjour. Ils indiquent dans leur dernier rapport du avoir recherché toute « relique » olympique qui puisse être vendue afin de régler les petits fournisseurs et après de longues discussions la ville d'Anvers accepte de vendre ses appareils de gymnastique suédoise. L'historien du sport Roland Renson qualifie ce bilan de « débâcle financière complète »[23].
Promotion
Le dessin qui figure sur la couverture du dossier de candidature remis en 1914 au CIO devient ensuite l'affiche officielle des Jeux. L'illustration de style Belle Époque a été conçue par Martha van Kuyck et dessinée par Walter Van der Ven[24]. Un discobole se situe au premier plan devant des drapeaux tournoyants attachés les uns aux autres. Les armoiries d'Anvers se trouvent en haut à droite et la tour de la Cathédrale Notre-Dame, l'hôtel de ville et la Grand-Place en arrière-plan[25]. L'affiche est imprimée en grand format à 90 000 exemplaires et en 17 langues pour la communication au niveau international ainsi qu'en petit format en 40 000 exemplaires avec un dessin légèrement différent uniquement pour la Belgique [26].
Le comité d'organisation publie deux documents en français, néerlandais et anglais : une brochure de 192 pages intitulée « La VIIe Olympiade et les fêtes d'Anvers » en 100 000 exemplaires ainsi qu'un « Programme général » de 106 pages en un million d'exemplaires[26]. Une série philatélique spéciale et dix cartes artistiques sont également réalisées[24]. Cependant le comité de propagande « ne pouvait faire procéder à un affichage mural ou à de la publicité payante dans les journaux[27] ».
Ventes des billets
Le comité d'organisation comptabilise un total de 349 689 spectateurs. Ce nombre comprend 219 689 entrées payantes, 30 000 entrées gratuites pour le football et 15 000 cartes gratuites de trois jours ainsi que 30 000 entrées pour les athlètes, 30 000 pour les invités et 15 000 pour les militaires. Les sports comptant le plus d'entrées payantes sont le football (63 612), l'athlétisme (28 665), la natation (24 549) et la gymnastique (16 795)[28],[29].
Programme
Le programme des compétitions et les conditions de participation étaient décidés par le comité d'organisation des Jeux jusqu'en 1912, ce qui causait des incompréhensions, un avantage injuste pour les athlètes locaux et des contestations. La mise en place de règles universelles fait donc partie des sujets discutés lors du congrès olympique organisé en à Paris. Les discussions sont basées sur les suggestions du Comité olympique allemand pour le programme des Jeux olympiques de 1916 prévus à Berlin. Les résolutions de Paris, publiées par le CIO en 1919 après la guerre, contiennent la liste des disciplines retenues[30] :
- Disciplines obligatoires
- Disciplines athlétiques (course, cross-country, marche, saut, lancer, tir à la corde, pentathlon, décathlon)
- Cyclisme
- Disciplines gymniques (gymnastique, gymnastique en groupe, haltérophilie)
- Disciplines de défense (escrime, boxe, lutte, tir)
- Équitation
- Sports aquatiques (aviron, natation, voile)
- Pentathlon moderne
- Jeux (football, tennis)
- Disciplines optionnelles
- Rugby, hockey sur gazon, hockey sur glace, tir à l'arc, polo, golf, patinage artistique, ski
Le comité d'organisation des Jeux de 1920 met au programme toutes ces disciplines à l'exception du ski[31] mais le tournoi de golf prévu au Royal Golf Club de Kapellen n'a finalement pas lieu[32]. Vingt-deux sports, 29 disciplines et 156 épreuves composent donc le programme des Jeux olympiques de 1920. Cela représente une forte augmentation par rapport au programme restreint de 14 sports et 102 épreuves disputés en 1912[6],[33],[34]. Deux sports d'hiver sont disputés en 1920 : le patinage artistique déjà présent en 1908 et le hockey sur glace qui apparaît pour la première fois. Ces deux sports intègreront les Jeux d'hiver à partir de leur première édition en 1924[35]. Le tir à l'arc est disputé pour la dernière fois avant son retour en 1972[36] et le tir à la corde fait partie du programme olympique pour la dernière fois[37].
Le korfbal est disputé en tant que sport de démonstration. Ce sport proche du basket-ball sera présent avec le même statut aux Jeux olympiques d'été de 1928 à Amsterdam[38]. Pour la deuxième fois après 1912, des compétitions artistiques sont organisées en plus du programme sportif[39].
Les premières épreuves disputées sont celles des sports d'hiver, du 23 au . La voile, le polo, le tir suivent en juillet puis le tir à l'arc et le cyclisme au début du mois d'août. La plupart des compétitions ont lieu pendant deux semaines entre la cérémonie d'ouverture organisée le et la cérémonie de remise des médailles du . Les derniers matchs de football, le tournoi de hockey sur gazon ainsi que les épreuves d'équitation et de rugby ont ensuite lieu au début du mois de septembre. Les Jeux sont clos le à la fin des compétitions équestres[40]. Les 22 sports et 29 disciplines du programme olympique sont indiqués ici avec le nombre d'épreuves disputées[34],[41] :
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Participants
Sportifs
Selon les chiffres du CIO, 2 626 athlètes dont 65 femmes participent aux Jeux d'Anvers alors qu'ils étaient 2 407 dont 48 femmes aux Jeux de 1912 à Stockholm[42],[43]. Les femmes sont présentes en tennis, sport pratiqué par les hommes et les femmes de l'aristocratie, ainsi qu'en natation, plongeon et patinage artistique qui sont compatibles avec l'image traditionnelle de la femme gracieuse[44]. Les épreuves de voile sont également ouvertes aux femmes et une Britannique y participe[45].
Délégations
La participation des athlètes issus des Empires centraux (Empire allemand, Autriche-Hongrie, royaume de Bulgarie et Empire ottoman), vaincus à l'issue de la Première Guerre mondiale dont ils sont considérés comme responsables, représente un dilemme pour le CIO comme l'écrit Pierre de Coubertin dans ses Mémoires :
« Quelques mois à peine s'étaient écoulés depuis que le dernier soldat allemand avait évacué la Belgique et que, sur le front de guerre, le dernier coup de canon avait retenti. Le bon sens indiquait que des équipes allemandes ne pouvaient, sans imprudence, prétendre à se montrer dans le stade olympique avant 1924. D'autre part, proclamer solennellement un ostracisme quelconque, fût-ce au lendemain du conflit qui venait d’ensanglanter l’Europe, constituerait une déchirure dans cette constitution olympique jusque-là si résistante ; et il en pourrait résulter un précédent dangereux[46]. »
Selon une décision prise lors de la session de 1919, seules les nations représentées par un membre au CIO sont admises aux Jeux mais les organisateurs peuvent également inviter des nations non-européennes qui n'ont pas de membre. Les représentants de l'Allemagne et ses alliés au CIO étant considérés comme suspendus, ces pays ne sont pas invités aux Jeux sans en être exclus explicitement[47].
Trente-et-une nations acceptent l'invitation du Comité olympique belge mais la Pologne et la Roumanie sont finalement empêchées[48]. Vingt-neuf délégations prennent donc part aux Jeux d'Anvers, soit une de plus qu'en 1912[6]. Le Brésil, l'Estonie, la Nouvelle-Zélande, la Tchécoslovaquie, Monaco et la Yougoslavie participent pour la première fois aux Jeux olympiques[49]. Les quatre premières délégations citées remportent également leur première médaille[37].
Les 29 pays participants sont les suivants (le nombre indiqué entre parenthèses correspond au nombre d'athlètes engagés connus pour chaque délégation selon l'historien Bill Mallon, qui recense 2 664 participants dont 77 femmes)[45] :
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Logements
La commission du logement installe les membres des comités nationaux des pays participants dans des hôtels ou chez des particuliers. La plupart des athlètes sont logés dans les écoles de la ville d'Anvers mais les tireurs sont hébergés au camp de Beverloo dans le quartiers des officiers et les rameurs dans des hôtels de Bruxelles[50].
Certains participants sont satisfaits des conditions de logement alors que d'autres s'en plaignent. L'athlète britannique Philip John Baker estime que les conditions de logement et la nourriture sont « très bonnes » et le personnel belge « gentil et de bonne volonté ». Les hommes américains, qui à l'exception des membres de l'US Navy ont voyagé dans des conditions primitives à bord du navire militaire Princess Matoika, se plaignent du manque d'intimité, de l'absence d'eau chaude, de la dureté des lits et du petit-déjeuner insuffisant dans l'école où ils sont logés. Trois athlètes du lancer du poids et du marteau sont autorisés à dormir à l'hôtel et le spécialiste du triple saut Dan Ahearn les accompagne sans permission. Il est suspendu de l'équipe nationale mais environ deux cents athlètes américains signent une pétition en sa faveur et il est finalement réintégré. De leur côté les Américaines ont bénéficié des meilleures cabines du bateau pendant les deux semaines du voyage et dorment pendant les Jeux dans la maison d'hôtes de la Young Women's Christian Association[51],[52].
Prix et diplômes
Les médailles des Jeux olympiques de 1920 sont créées par le graveur et sculpteur belge Josué Dupon. Elles représentent sur l'avers un athlète nu tenant dans la main gauche une palme et une couronne de laurier ; derrière lui, la figure de la renommée joue de la trompette au-dessus d'une frise à motif grec et de l'inscription « VII OLYMPIADE ». Sur le revers figurent la statue de Silvius Brabo située sur la Grand-Place d'Anvers avec à l'arrière-plan la cathédrale et le port d'Anvers. L'inscription « ANVERS MCMXX » se trouve dans la partie supérieure[53],[54]. Les médailles ont un diamètre de 59 millimètres, une épaisseur de 4,4 millimètres et un poids de 79 grammes. Après les médailles en or massif distribuées aux vainqueurs de 1904 à 1912, c'est la première fois que les vainqueurs reçoivent une médaille en vermeil. Les médailles sont frappées à Bruxelles en 1 250 exemplaires : 450 en vermeil, 400 en argent et 400 en bronze[54]. Elles sont remises en plusieurs fois, notamment lors d'une cérémonie le où le roi Albert Ier, le prince Léopold et le prince Charles attribuent respectivement les médailles d'or, d'argent et de bronze[55].
Un diplôme produit à 1 350 exemplaires est distribué aux médaillés ainsi qu'à d'autres athlètes méritants. L'illustration, dessinée à la sanguine par l'artiste belge Henri Privat-Livemont, représente le couronnement d'un athlète aux Jeux olympiques avec dans le fond la ville d'Anvers[56],[57].
En plus des médailles, les vainqueurs des épreuves individuelles, des doubles de tennis et les barreurs des voiliers terminant au premier rang reçoivent une statuette de bronze de 28 centimètres de hauteur nommée « L'athlète victorieux ». Cette œuvre de l'artiste belge Léandre Grandmoulin a été produite à 125 exemplaires et son moule a ensuite été brisé pour éviter les imitations[6],[57]
Une médaille commémorative en bronze produite à 6 000 exemplaires est distribuée à tous les participants, aux membres des comités et aux personnes ayant participé à l'organisation des Jeux. Créée par l'artiste belge Pierre Theunis, elle représente sur l'avers un char de course antique victorieux et sur le revers la déesse Niké couronnant les vainqueurs des Jeux olympiques[57],[58].
Comme en 1908 et en 1912, certains vainqueurs reçoivent également un Challenge olympique. Il s'agit d'un prix offert par une personnalité ou une association, à rendre au CIO avant les Jeux olympiques suivants pour qu'il puisse être remis au prochain vainqueur. Cependant les Challenges olympiques ne sont plus distribués aux athlètes après les Jeux de 1920, notamment car ils ont une grande valeur et risquent d'être endommagés ou perdus pendant l'envoi au siège du CIO à Lausanne ou à la ville hôte des Jeux suivants[59].