Liste des souverains et prétendants au trône de Grèce
page de liste de Wikipédia / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Liste des rois des Hellènes?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
Vous lisez un « bon article » labellisé en 2021. Il fait partie d'un « thème de qualité ».
La liste des souverains et prétendants au trône de Grèce comprend les noms de sept monarques (qui règnent sur le royaume de Grèce entre 1832 et 1973-1974, avec un intermède entre 1924 et 1935), auxquels s'ajoute un simple prétendant à la couronne. Le premier de ces souverains, qui règne entre 1832 et 1862, porte le titre de roi de Grèce (en grec moderne : Βασιλεύς της Ελλάδος / Vasiléfs tis Elládos). Ses successeurs arborent, quant à eux, celui de roi des Hellènes (Βασιλεύς των Ελλήνων / Vasiléfs ton Ellínon), entre 1863 et l'instauration de la Troisième République hellénique. À ces huit rois et prétendants, on peut ajouter un prince souverain de Grèce élu en 1830, mais jamais venu dans son pays.
Roi de Grèce (el) Βασιλεύς της Ελλάδος Roi des Hellènes (el) Βασιλεύς των Ελλήνων | ||
Armoiries royales sous le règne des Glücksbourg. | ||
Dernier roi des Hellènes Constantin II (1964-1973) | ||
Création | (création d'une principauté et élection au trône de Léopold) (création du royaume et élection au trône d'Othon Ier) (élection au trône de Georges Ier) |
|
---|---|---|
Titre | Sa Majesté | |
Abrogation | (proclamation de la Deuxième République) (proclamation de la Troisième République par les colonels) (confirmation de la République) |
|
Premier titulaire | Léopold (prince de Grèce) Othon Ier (roi de Grèce) Georges Ier (roi des Hellènes) |
|
Dernier titulaire | Constantin II (roi des Hellènes) | |
Résidence officielle | Palais royal puis nouveau palais royal (Athènes) | |
Site internet | greekroyalfamily.gr | |
modifier |
Née dans le contexte de la guerre d'indépendance grecque, la monarchie hellène se met véritablement en place avec l'arrivée de deux jeunes princes étrangers : Othon de Wittelsbach (élu roi en 1832 sous le nom d'Othon Ier) et Guillaume de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg (élu roi en 1863 sous le nom de Georges Ier). Malgré l'échec de l'expérience ottonienne, dont les tendances autoritaires expliquent en partie l'évolution du titre royal après l'intronisation de Georges Ier, la royauté se maintient et ses institutions se renforcent, évoluant de la monarchie quasi absolue à une « démocratie couronnée » où le roi conserve des pouvoirs assez étendus. Parallèlement, des règles de succession se mettent en place, insistant sur la nécessaire orthodoxie des souverains.
Sous la maison de Glücksbourg, les rois des Hellènes profitent de leurs liens familiaux avec les autres monarques européens pour mener leur propre diplomatie, ce qui cause parfois des tensions avec leurs gouvernements. En dehors de la période consécutive au Schisme national, qui éclate au cours de la Première Guerre mondiale, les souverains entretiennent des liens privilégiés avec l'Armée et considèrent les questions militaires comme une prérogative de la couronne. Cela n'empêche pas une junte militaire de mettre un terme à la monarchie en 1973, ce qui est confirmé par un référendum démocratique en 1974. Longtemps exilé, le dernier souverain, Constantin II, rentre définitivement en Grèce en 2013. Son fils Paul lui succède en tant que prétendant à la couronne sous le nom de « Paul II » le .
Mise en place de la monarchie
L'idée de libérer la Grèce du joug ottoman et d'en faire un royaume indépendant est ancienne. Durant la Guerre russo-turque de 1787-1792, l'impératrice Catherine II de Russie cherche à faire de son deuxième petit-fils, le grand-duc Constantin Pavlovitch, le souverain d'un Empire byzantin restauré[1]. Plus tard, Napoléon Ier envisage de recréer l'Empire romain d'Orient et de placer à sa tête un membre de sa famille[2]. Puis, en 1815, le Congrès de Vienne évoque la transformation des îles Ioniennes en principauté indépendante, placée sous le sceptre d'Eugène de Beauharnais[3].
C'est cependant la guerre d'indépendance (1821-1830) qui rend le projet d'une monarchie hellénique autonome réalisable. Après neuf années de combats, le protocole de Londres du fait de la Grèce un État complètement indépendant mais lui confère des institutions monarchiques sans demander l'avis de ses représentants, qui n'ont pas été conviés aux négociations. Les puissances protectrices (Royaume-Uni, France et Russie) décident donc que le gouvernement du pays doit être confié à un monarque héréditaire[4],[5].
Le , les puissances signent un nouveau protocole international qui attribue au prince Léopold de Saxe-Cobourg le titre de « prince souverain de Grèce »[6]. Le suivant, Léopold accepte officiellement la couronne[7],[8]. Quelques semaines plus tard, le , le Sénat grec rédige un Mémoire adressé à Léopold dans lequel il salue l'élection du prince mais lui présente également les revendications du peuple hellène concernant les frontières de l'État grec[9],[10]. Face au refus des puissances de modifier les limites du pays[11], Léopold fait savoir, le , qu'il renonce à la couronne hellène[5],[8],[10],[12].
Après deux années d'incertitude, le protocole du et le traité de Londres du proclament finalement l'élévation de la Grèce au rang de royaume et placent à sa tête le prince Othon de Wittelsbach, deuxième fils du roi Louis Ier de Bavière[13]. Le traité précise cependant que « dans aucun cas les couronnes de Bavière et de Grèce ne seront réunies sur une même tête ». Enfin, une régence est prévue en attendant la majorité d'Othon, fixée à ses 20 ans, le [14],[15],[16].
Changement de dynastie, évolution du titre royal et chute de la monarchie
Lorsqu'il est élu en 1832, le prince Othon de Wittelsbach reçoit des grandes puissances le titre de « roi de Grèce »[17]. Arrivé dans son nouveau pays en 1833[18],[19], le monarque y mène une politique maladroite, qui lui aliène progressivement la population[20]. Incapable de donner un héritier à sa dynastie[21],[22], il est finalement renversé par une révolution en 1862[23],[24].
Né Guillaume de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg, son successeur est quant à lui élu « roi des Grecs » en 1863[25]. C'est là la marque du refus de ses sujets d'être à nouveau dirigés par un souverain despotique. C'est aussi, en un sens, une affirmation que le roi règne sur tous les Grecs, même ceux qui vivent en dehors des frontières du royaume de Grèce[26],[27]. L'Empire ottoman, qui possède sur son territoire une importante minorité hellénophone, ne s'y trompe d'ailleurs pas puisqu'il proteste officiellement auprès des grandes puissances contre l'attribution de ce titre[26]. Un protocole international est donc signé le pour amender le traité de Londres du . Le titre de « roi des Grecs » est alors officiellement transformé en « roi des Hellènes »[26],[28], ce qui ne satisfait guère plus la Sublime Porte[26].
Devenu Georges Ier, Guillaume engendre une famille nombreuse[29], dont les membres règnent sur la Grèce jusqu'en 1973[30]. Cependant, presque tous les rois des Hellènes meurent dans des circonstances tragiques[N 1] ou connaissent les affres de l'exil[N 2]. Conséquence de la Première Guerre mondiale et de la défaite militaire face à la Turquie[31], un premier intermède républicain se produit entre 1924 et 1935[32]. C'est cependant la Dictature des colonels qui abolit définitivement la monarchie en 1973, avant qu'un référendum démocratique confirme l'instauration de la Troisième République hellénique l'année suivante[33].
Règles de succession de l'ancien trône
Le traité de Londres du , qui place la maison de Wittelsbach sur le trône de Grèce et pose les bases de la future monarchie hellène, établit que la couronne y est « héréditaire par ordre de primogéniture dans la descendance du roi Othon, ou à défaut, dans celle de son frère Luitpold, ou à défaut, dans celle de son frère Adalbert »[N 3],[14]. En attendant la naissance d'un hypothétique prince héritier, il fait donc de Luitpold le premier diadoque (c'est-à-dire « successeur ») du tout nouveau royaume de Grèce[14]. La question de la succession dynastique se complique après le coup d'État du et l'instauration de la Constitution de 1844. En effet, la nouvelle loi fondamentale dispose, dans son article XL, que les successeurs d'Othon Ier doivent professer la religion orthodoxe pour pouvoir monter sur le trône[N 4],[34],[35]. Or, tous les Wittelsbach sont catholiques et ni Luitpold ni aucun membre de sa parentèle ne semblent prêts à abjurer leur religion pour accéder au trône de Grèce. Othon Ier n'ayant pas d'enfant légitime, l'identité du diadoque reste donc indécise pendant plusieurs années[36].
La déposition d'Othon et de sa femme Amélie en 1862[37] résout cependant la question dynastique en proclamant la déchéance des Wittelsbach[38] et en appelant une nouvelle dynastie sur le trône en la personne de Georges Ier[25]. En 1864, une nouvelle Constitution est adoptée par le royaume de Grèce[39]. Son article XLV établit que « la Couronne Hellénique et les droits constitutionnels qui lui sont attachés sont héréditaires et se transmettent, par ordre de primogéniture, aux descendants directs, naturels et légitimes du roi Georges Ier, les héritiers mâles étant toujours préférés aux femmes »[40].
Durant presque quatre-vingt dix ans, cet article constitutionnel est interprété sous une forme quasi-salique, les Grecs n'envisageant de voir une femme monter sur le trône qu'en cas d'extinction totale des mâles de la dynastie. Il faut attendre la réforme constitutionnelle de 1952 pour que les choses évoluent[41],[42]. Un article explicitatif est alors ajouté au précédent. Celui-ci établit que « la couronne de Grèce échoit de préférence aux descendants de chacun des rois, selon leur ordre de naissance, la préférence étant donnée aux enfants de sexe masculin »[43]. Depuis cette réforme, les filles du monarque ont donc préséance sur leurs cousins mâles mais continuent à venir après leurs frères dans l'ordre de succession à la couronne[41],[42].
Aucun article constitutionnel ni aucun traité international liés aux lois de succession au trône de Grèce n'établissent de règle concernant le mariage des souverains et de leurs descendants. L'institution du mariage morganatique, d'origine allemande, n'existe pas officiellement dans le pays et aucune règle explicite n'oblige les membres de la famille royale à épouser des individus de rang similaire au leur, autrement dit des personnes issues de maisons souveraines[44]. Malgré tout, en Grèce comme dans les autres pays européens, les unions inégales ont longtemps été considérées comme des mésalliances et seul le roi Alexandre Ier a épousé une femme étrangère au monde des familles royales. Ayant échoué à obtenir l'autorisation de l'Église et du gouvernement, son union a néanmoins été jugée illégale et son épouse n'est jamais devenue reine[45].
Intronisation des anciens souverains
Bien que des regalia aient été conçus dans la perspective du sacre du roi Othon Ier[46],[47], aucun souverain hellène n'a jamais été couronné[46]. Les deux premiers monarques grecs étant restés étrangers à la foi orthodoxe, l'Église nationale refusait en effet de les sacrer[48]. Jusqu'à la proclamation de la République, l'intronisation d'un nouveau monarque était donc accompagnée d'une simple prestation de serment en présence du primat de Grèce et des principales personnalités politiques du pays, parmi lesquelles le Premier ministre[46],[49],[50].
Rôle constitutionnel des monarques
Après une période de quasi absolutisme (1832-1843)[51], la Grèce se transforme en monarchie constitutionnelle[52]. « Démocratie couronnée » à partir de 1864[39],[53], le royaume connaît néanmoins deux parenthèses dictatoriales, lors du Régime du 4-Août (1936-1941)[54] puis lors de la Dictature des colonels (1967-1973)[33].
En dehors de ces périodes, durant lesquelles les rois des Hellènes perdent l'essentiel de leurs prérogatives[55], les différentes constitutions reconnaissent de réels pouvoirs aux souverains, qui peuvent notamment intervenir dans la nomination des Premiers ministres[39],[56]. Profitant de leurs liens familiaux avec les autres monarques européens, les rois mènent par ailleurs leur propre diplomatie, ce qui cause parfois des tensions avec leurs gouvernements[57]. Enfin, en dehors de la période consécutive au Schisme national, les souverains entretiennent des liens privilégiés avec l'Armée et considèrent les questions militaires comme une prérogative de la couronne[58].