Luiz Inácio Lula da Silva
président de la république fédérative brésilienne / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Luiz Inácio Lula da Silva (/luˈiz iˈnasju ˈlulɐ dɐ ˈsiwvɐ/[1] Écouter), souvent appelé « Lula » ou « Lula da Silva », est un homme d'État brésilien, né le à Caetés (Brésil). Figure historique du Parti des travailleurs (PT), il est président de la république fédérative du Brésil de 2003 à 2011 et depuis 2023.
Pour les articles homonymes, voir Silva.
« Lula » redirige ici. Pour les autres significations, voir Lula (homonymie).
Luiz Inácio Lula da Silva | ||
Portrait officiel de Luiz Inácio Lula da Silva (2023). | ||
Fonctions | ||
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Président de la république fédérative du Brésil | ||
En fonction depuis le (1 an, 2 mois et 12 jours) |
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Élection | ||
Vice-président | Geraldo Alckmin | |
Gouvernement | Lula III | |
Prédécesseur | Jair Bolsonaro | |
– (8 ans) |
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Élection | ||
Réélection | ||
Vice-président | José Alencar | |
Gouvernement | Lula I et II | |
Prédécesseur | Fernando Henrique Cardoso | |
Successeur | Dilma Rousseff | |
Ministre de la Maison civile | ||
– (1 jour) |
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Président | Dilma Rousseff | |
Gouvernement | Rousseff II | |
Prédécesseur | Jaques Wagner | |
Successeur | Eva Chiavon (intérim) Eliseu Padilha |
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Député fédéral | ||
– (4 ans) |
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Élection | ||
Circonscription | São Paulo | |
Législature | 48e | |
Groupe politique | PT | |
Prédécesseur | Carlos Alberto de Carli | |
Successeur | José Serra | |
Président du Parti des travailleurs | ||
– (14 ans, 9 mois et 5 jours) |
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Prédécesseur | Parti créé | |
Successeur | Rui Falcão | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Luiz Inácio Ferreira da Silva | |
Date de naissance | (78 ans) | |
Lieu de naissance | Caetés, Pernambouc, Brésil | |
Nationalité | Brésilienne | |
Parti politique | Parti des travailleurs | |
Conjoint | Maria de Lourdes (1969-1971) Marisa Letícia Casa (1974-2017) Rosângela da Silva (depuis 2022) |
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Profession | Ouvrier métallurgiste | |
Religion | Catholicisme | |
Résidence | Palais de l'Aurore, Brasilia | |
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Présidents de la république fédérative du Brésil | ||
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Ouvrier métallurgiste de profession, il participe en 1980 à la fondation du Parti des travailleurs, mouvement d'inspiration socialiste, dans un contexte de grèves et d'opposition à la dictature militaire. Au cours de la décennie, le PT devient une formation de premier plan de la vie politique brésilienne. En 1989, après la fin de la dictature, Lula s'incline au second tour de l’élection présidentielle face à Fernando Collor (PRN), réunissant 47 % des voix. À nouveau candidat en 1994 et 1998, il est éliminé dès le premier tour par Fernando Henrique Cardoso (PSDB).
Finalement élu président de la république fédérative du Brésil lors de l'élection présidentielle de 2002 face à José Serra (PSDB) avec pour colistier à la vice-présidence le centriste José Alencar, il est réélu en 2006 en l'emportant une nouvelle fois sur le candidat du PSDB, cette fois-ci Geraldo Alckmin. Lors de ces scrutins, Lula réunit respectivement 61,3 % et 60,8 % des suffrages exprimés au second tour.
Au palais du Planalto, il met en place des programmes sociaux d'importance – notamment la Bolsa Família et Fome Zero –, améliore sensiblement la situation économique du pays dans la lignée de son prédécesseur et s'implique dans les questions internationales, comme pour l'obtention d'un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. Ses deux mandats sont également marqués par des scandales politico-financiers qui abîment l'image de son parti et de ses gouvernements. La Constitution lui interdisant de se représenter pour un nouveau mandat consécutif, il apporte son soutien à Dilma Rousseff, qui remporte le scrutin présidentiel de 2010 grâce notamment à la popularité record de Lula.
En 2016, alors qu'il est soupçonné de corruption et de blanchiment d'argent dans l'affaire Petrobras, Lula est nommé ministre de la Maison civile par Rousseff, mais cette nomination controversée est aussitôt suspendue par la justice. Deux ans plus tard, il est condamné à douze ans de prison. Désigné candidat du PT à l'élection présidentielle de 2018, il est emprisonné et déclaré inéligible, avant d'être condamné dans une autre affaire. En 2019, il est libéré à la suite d’un recours. En 2021, le Tribunal suprême fédéral fait état d'une partialité du juge Sergio Moro et annule ses deux condamnations pour « vice de forme ».
Cette décision permet à Lula de se présenter à l’élection présidentielle de 2022, avec son ancien adversaire de droite Geraldo Alckmin à la vice-présidence. Il l’emporte au terme du scrutin présidentiel le plus serré de l’histoire du Brésil, obtenant 50,9 % face au président sortant d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Il est la deuxième personne ayant exercé cette fonction le plus longtemps après Getúlio Vargas et le premier après Vargas à revenir au pouvoir, ainsi que le premier à être victorieux face à un président sortant souhaitant être réélu. Cependant, sa coalition est très minoritaire à la suite des élections parlementaires concomitantes.
Après avoir formé un gouvernement avec le « grand centre » et fait face à l'invasion de la place des Trois Pouvoirs, il axe sa politique sur les questions environnementales, suspend la privatisation de compagnies publiques et augmente le salaire minimum. À l'international, dans le cadre de la guerre russo-ukrainienne, il condamne l'invasion russe mais refuse de sanctionner cette dernière ou de livrer des armes à l'Ukraine, et demande à celle-ci de renoncer à la Crimée, plaidant pour une paix négociée.
Origines
Né le (officiellement le [2]) dans le village de Caetés (État du Pernambouc, région Nord-Est), il est le septième et avant-dernier enfant d'Aristides Inácio da Silva (1913-1978) et d'Eurídice Ferreira de Mello (1915-1980), connue sous le nom de Lindu, un couple d'agriculteurs analphabètes[3]. Sa mère est particulièrement pieuse et descend de grands-parents italiens[4].
Conformément à la tradition des pays lusophones, il reçoit comme double nom l'un des deux noms de sa mère, « Ferreira », suivi de l'un des deux noms de son père, « [da] Silva » : il est donc déclaré à sa naissance « Luiz Inácio Ferreira da Silva ». Comme de nombreux « Luiz » du Nord-Est, il est surnommé « Lula », qui signifie calamar en portugais. En 1982, il intègre ce surnom à son nom de famille sur les registres de l'état civil, omettant désormais le nom de sa mère : son nom complet devient ainsi « Lula da Silva ». Son surnom officialisé sert à le désigner de façon abrégée, le patronyme « [da] Silva » étant extrêmement courant[5].
Jeunesse
Sa famille est de condition très modeste, peinant notamment à avoir accès à l'eau potable. Occupée par l'éducation de ses enfants, la mère de Lula accepte de se faire aider dans les tâches ménagères par l'une de ses cousines, alors adolescente, Valdomira Ferreira de Góis, surnommée « Mocinha ». Cette dernière devient la maîtresse de son mari Aristides, dont elle tombe enceinte en 1945, en même temps que Lindu[4],[6].
Cette même année, à quelques jours de la naissance de Luiz, au prétexte de fuir la misère de la campagne de sa région natale du Nord-Est (Nordeste), Aristides Inácio da Silva part s'engager comme docker dans le port de Santos, à 70 km de São Paulo, d'où il envoie de l'argent à Lindu, qui bénéficie en outre de l'aide de son frère Sérgio. Aristides emmène avec lui Mocinha, avec qui il aura dix enfants[7].
En 1950, à l’âge de cinq ans, Lula rencontre pour la première fois son père, revenu dans le Nord-Est avec deux fils nés de sa relation avec Mocinha. Son père met de nouveau Lindu enceinte, avant de quitter rapidement le foyer pour retourner dans le Sud-Est[4]. Élevé avec ses frères et sœurs ainsi que des cousins, Lula est particulièrement proche de son frère aîné de quatre ans José, dit Frei Chico, qui l’initiera au syndicalisme[4].
Alors que le climat est devenu particulièrement rude dans le Nord-Est, Lindu rejoint son mari au port de Santos en décembre 1952, après treize jours de voyage (connu sous le nom de « pau-de-arara »). Les conditions de vie de la famille s'améliorent mais Aristides, qui partage sa vie entre ses deux femmes, devient arbitraire, alcoolique et violent. Lindu met au monde des jumeaux, qui meurent quelques jours après leur naissance[6].
En raison du caractère de son époux, Lindu décide finalement de le quitter et de s'installer avec ses enfants dans une maison en bois située près de la mer, avant de déménager à Vila Carioca, un quartier de la ville de São Paulo, en 1955[6]. Lula et son frère Frei Chico vivent quelque temps avec leur père, au sein de leur deuxième famille. Par la suite, Lula ne revoit presque plus Aristides, enterré indigent, et n’apprend sa mort que quelques jours après l’enterrement[8].
Vie privée et familiale
En 1969, Lula épouse Maria de Lourdes Ribeiro, une ouvrière du Minas Gerais, sœur de son meilleur ami, Jacinto Ribeiro dos Santos. Peu cultivée, celle-ci se montre réticente à son engagement syndical[6]. En 1971, ayant contracté une hépatite avant la fin de sa grossesse, elle meurt des suites d’une césarienne, décidée par les médecins pour tenter de sauver la mère et l’enfant, un fils qui meurt également[6]. En 1974, Lula a une fille, Lurian, avec sa petite amie d'alors, Miriam Cordeiro. Les deux ne se sont jamais mariés et il ne commence à participer à la vie de sa fille que lorsqu'elle est déjà devenue une jeune adulte[9]. La même année, Lula épouse Marisa Letícia Rocco Casa, une veuve, avec qui il a trois fils. Il a également adopté le fils de Marisa, issue du premier mariage de celle-ci. Lula et sa deuxième épouse sont restés mariés pendant plus de 30 ans, jusqu'à la mort de Marisa le 2 février 2017, des suites d'un accident vasculaire cérébral. Toujours en 2017, il a rencontré et commencé une relation avec Rosângela da Silva, surnommée Janja, mais leur relation n'est devenue publique qu'en 2019 alors qu'il purgeait une peine de prison à Curitiba (Paraná), en raison d'accusations de corruption qui ont ensuite été abandonnées. Lula et Janja se sont mariés le 18 mai 2022[10].
Formation et débuts
Dans l'État de São Paulo, lorsque les deux familles de son père vivent ensemble, Lula effectue ses études au ‘’Grupo Escolar Marcílio Dias’’, malgré les réticences de son père.
« Sérieux mais parfois imprévisible », selon les termes de sa biographe Denise Paraná, Lula, tout comme sa fratrie, aide ses parents à subvenir à leurs besoins : il est d’abord vendeur à la criée dès l’âge de huit ans, puis effectue des petits travaux dans la rue (vendeur de nourriture, cireur de chaussures...) et devient livreur pour un pressing à 12 ans. En 1960, il décroche son premier emploi officiel, celui de téléphoniste pour les Magasins généraux Colúmbia, mais il se montre trop timide pour un tel poste[6],[11].
Toujours en 1960, à 15 ans, Lula commence à suivre les cours du Service national d’apprentissage industriel (SENAI), puis devient apprenti mécanicien dans l’entreprise métallurgiste Parafusos Marte. En 1962, alors qu’il effectue un stage, il s’enfuit lors d’un mouvement de grève qui fait des blessés[6]. L’année suivante, en 1963, il obtient son diplôme de tourneur-mécanicien au SENAI. En 1964, alors qu’il est embauché pour les veilles de nuit à l’usine Independência Metalúrgica, il travaille sur une fraiseuse lorsqu'un boulon cède et une presse vient s’écraser sur sa main, sectionnant une partie de son auriculaire gauche. Un médecin du travail ordonne alors son amputation du doigt. Cet accident lui vaut d’être indemnisé à hauteur de 350 000 cruzeiros, ce qui lui permet notamment d’acheter un terrain à la périphérie de São Paulo[6],[12],[13].
Engagement syndical
Dans les années 1960, le Brésil connaît un boom économique, mais qui ne profite pas à la classe ouvrière. D'abord peu politisé, Lula s'engage dans le syndicalisme après un drame familial : la mort de sa femme en couches, avec leur premier enfant. Dévasté, il s'immerge dans l’action syndicale pour tenter d’oublier sa tragédie personnelle[14].
En 1967, ouvrier chez Indústrias Villares à São Bernardo do Campo, il adhère au Syndicat de la métallurgie, sous l’impulsion de son frère Frei Chico, militant au Parti communiste brésilien (PCB). En 1969, il devient secrétaire général suppléant du syndicat de São Bernardo do Campo et Diadema[6]. Il accède à la présidence du syndicat en 1975[15].
Ses talents d'orateur et de négociateur sont remarqués et il s'impose comme une figure du syndicalisme brésilien, avec son épaisse barbe et ses cheveux en bataille. L'entreprise Volkswagen collabore avec la dictature militaire en lui transmettant des informations sur Lula et d'autres dirigeants syndicaux[16].
Ses prises de position lui valent alors quelques brefs séjours en prison sous le régime militaire. Sur sa première arrestation, il affirme avoir eu peur d'être « liquidé » par le pouvoir en place alors que son arrestation n'était pas officielle. Frei Beto ayant assisté à son arrestation chez lui et ayant appelé Dom Paulo, la nouvelle se diffusa rapidement à la radio[17].