Maison de Lorraine
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La maison de Lorraine est une maison autrefois souveraine remontant au moins au XIe siècle. Elle prit le nom de Lorraine avec Gérard d'Alsace (mort en 1070), fait duc de Lorraine par l'empereur germanique Henri III, après son frère Adalbert.
Type | Maison ducale |
---|---|
Pays |
Duché de Lorraine Duché de Bar Empire des Habsbourg |
Fondation |
Gérard Ier de Lorraine |
Branche |
Maison de Vaudémont Maison de Guise Maison de Habsbourg-Lorraine |
Une origine controversée
Sur l'origine de la maison de Lorraine, Jean Cayon écrit :
« L’origine de la maison de Lorraine a été entourée de beaucoup de nuages et vivement controversée (...) Tour à tour, on la fit descendre de la maison de Bouillon (...) d’autres la dirent issue de la ligne masculine de Charlemagne [1], ou des premiers comtes de Flandres, ou de la maison de Louvain, investie du duché de la Basse-Lorraine en 1106 (...) La cause principale de ces erreurs, ainsi que le remarque un des premiers Louis Chantreau Le Febvre dans ses considérations historiques sur la généalogie de la maison de Lorraine, vient de ce qu’on n’avait su faire la distinction des duchés de la Haute et de la Basse-Lorraine, créés en 953[2]. »
« En 1048, Gérard, comte d'Alsace, fils de Gérard, comte d'Alsace mort en 1046, et de Gisèle, petit-fils d'Adalbert, comte d'Alsace (en 1033), fut investi du duché de la Haute Lorraine par l'empereur Henri III[2]. »
Certitudes et opinions contemporaines
Certitudes
L'analyse contemporaine des documents datant du XIe siècle permettent d'établir les deux générations qui précèdent Gérard d'Alsace. La plus ancienne génération certaine est une fratrie composée de Gérard, Adalbert et Adélinde[3],[4] :
- Gérard, comte, probablement de Metz, mort entre 1021 et 1033, épousa Eve, fille du comte Sigefroid, ancêtre des comtes de Luxembourg. De ce mariage sont nés deux enfants : Sigfried, mort entre 1017 et 1020, et Berscinde, abbesse de Remiremont ;
- Adélaïde épousa Henri de Franconie, comte en Wormsgau, et est la mère de l'empereur Conrad II le Salique et de plusieurs autres enfants ;
- Adalbert fut comte de Metz, mort en 1037. Une donation datée du en faveur de l'abbaye de Saint-Mathieu le dit dux et marchio Lotoringie. Il a épousé Judith qui donne naissance à un seul fils, prénommé Gérard[3],[4].
Gérard, fils d'Adalbert, est mort en 1045. Il est dit comte d'Alsace dans une charte de où il met fin à un litige contre l'abbaye de Remiremont. Il épouse une Gisèle, qui donne naissance à Adalbert, duc de Lorraine en 1047, Gérard, comte de Metz, puis duc de Lorraine en 1047, Conrad, Adalberon, Beatrix, Odelric, Cuno, Oda, abbesse de Remiremont de 1048 à 1071, Azelinus, Ida et Adelheid, ainsi que l'affirme la Notitiæ Fundationis Monasterii Bosonis-Villæ (Notice de la fondation du monastère de Bouzonville)[3],[4].
Eva | Gérard comte de Metz († 1021/1033) | Adelinde x Henri de Franconie comte en Wormsgau | Adalbert comte de Metz († 1033) | Judith | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Siegfried († 1017) | Bercinda abbesse de Remiremont | Conrad II empereur (990 † 1039) | Gérard comte († 1045) | Gisèle | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Adalbert duc de Lorraine (1047-1048) | Gérard d'Alsace duc de Lorraine (1048-1070) | Conrad, Adalberon, Beatrix, Odelric, Cuno | Oda abbesse de Remiremont (1048-1071) | Azelinus, Ida, Adelheid | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le généalogiste Henri Jougla de Morenas résume ces certitudes en disant qu'« on reconnaît pour auteur à l'illustre Maison de Lorraine Aldabert, comte de Metz, comte et marquis d'Alsace, vivant en 1033, fut père de Gérard d'Alsace, qui laissa deux fils : Gérard reçut de l'Empereur Conrad en 1048 le duché de Lorraine, il laissa d'Edwige de Namur deux fils, ... »[5].
Opinions contemporaines
Cependant, l'origine de la fratrie initiale (Gérard, Adelinde et Adalbert) est actuellement l'objet de deux opinions différentes. Elle serait issue :
- soit des Étichonides de la maison d'Alsace, selon des généalogistes contemporains comme le docteur Dugast Rouillé (1919 † 1987)[6] ou plus récemment Henry Bogdan[7] ;
- soit des Matfried, comtes de Metz, eux-mêmes issus des Girardides, selon Eduard Hlawitschka[8], les Europäische Stammtafeln[4], Michel Parisse[9] et George Poull[10].
Hypothèses
L'origine de la maison de Lorraine est une question étudiée par les historiens depuis le Moyen Âge. Au cours des siècles, plusieurs hypothèses ont été proposées ; certaines ne contenant pas les certitudes énoncées précédemment.
La synthèse de Dom Calmet
Au début du XVIIIe siècle, l'érudit dom Calmet, dans son Histoire ecclésiastique et civile de la Lorraine, réalise une synthèse et une analyse des différentes propositions[11] :
- La première est due à un poète anonyme du XIIe siècle qui rédigea Garin le Loherin, une des cinq chansons qui forment la geste des Lorrains. Dom Calmet conclut en disant que « personne ne fait de difficulté à avouer que Garin est un pur roman, que tout son récit est fabuleux et qu'on ne peut tirer aucune preuve directe pour la connaissance de la vraie origine de la Maison de Lorraine »[12].
- La seconde proposition consiste à faire descendre les ducs de Lorraine des comtes de Metz, lignée instrumentalisée par l'abbé de Camp, adversaire des ducs de Lorraine pour en rabaisser l'origine. Dom Calmet montre que les comtes de Metz étaient des seigneurs puissants en Lorraine, mais qu'aucune preuve ne permet d'établir la transmission héréditaire du comté de Metz aux IXe siècle et Xe siècle. De plus, il remarque qu'une autre liste de comtes de Metz totalement différente existe pour cette période[13].
- D'autres historiens, comme le Père Jean d'Auxy, cordelier, puis Thierry Alix, président de la Chambre des Comptes de Lorraine, ont proposé un troisième système, selon lequel qu'un certain Charles Inach, fils du roi Godefroy des Cimbres et exilé par son père vint à Rome et enleva Germania, sœur de Jules César. Trois enfants naquirent de cette union, Siniane, que César maria à Salvius Brabon, lequel reçut le Brabant, Octavius Germain, qui reçut les pays de Tongres et de Cologne et Lother, qui reçut la Moselanne, renommée ensuite Lotherrene, mais Dom Calmet dénonce ces allégations comme pure fiction[14].
- L'hypothèse mise en avant par l'historiographie lorraine est que les ducs de Lorraine sont issus en ligne masculine de Charlemagne par son descendant direct Charles, duc de Lorraine, et son fils Otton. À leur mort sans fils, le duché de Lorraine serait passé à leur plus proche parent en lignée masculine, Godefroy, duc de Boulogne, dont descendent Godefroy de Bouillon et ses frères Eustache, Baudouin et Guillaume. Ce dernier épousa Mathilde, fille de Gérard d'Alsace et fut père du duc Thierry, dont descendent les ducs de Lorraine. Dom Calmet conteste totalement cette théorie, montrant que Godefroy de Bouillon ne peut pas être issu en lignée masculine de Charlemagne, même si c'est le cas en lignée féminine, et que le duc Thierry II est fils de Gérard d'Alsace, et non petit-fils par sa mère. De plus Charles, Otton et Godefroy de Bouillon étaient ducs de Basse-Lotharingie tandis que Gérard et Thierry étaient ducs de Haute-Lotharingie. Un autre argument des historiens lorrains était la prétention des ducs de Lorraine sur le trône de Jérusalem, mais dom Calmet montre que cette prétention provient de la maison d'Anjou qui unit sa destinée avec la maison de Lorraine par le mariage de René d'Anjou avec Isabelle de Lorraine[15]. Ce système avait cependant la faveur des ducs de Lorraine et c'est notamment par cette prétention que les ducs de Guise, cadets de Lorraine, prétendaient au trône de France pendant les guerres de Religion.
- Un moine de l'abbaye de Muri affirme dans sa Chronique, rédigée en 1128, qu'Itta, épouse de Radbot de Habsbourg, était sœur du duc Thierry et de Cuno, comte de Rhinfeld et que Thierry était père du duc Gérard (de Lorraine) et que ce dernier engendra Gérard d'Egesheim, père d'Étienne et d'Udarich. Dom Calmet montre rapidement l'impossibilité de cette affirmation[16].
- Selon la sixième hypothèse, la maison de Lorraine et celle de Habsbourg sont issues de la Maison d'Alsace que certains disent issue des maires du palais Aega et Erchinoald, ce dernier étant apparenté au roi Dagobert Ier[17].
- Cette septième proposition reprend l'origine de la maison de Lorraine dans la maison d'Alsace, mais la dit issue des ducs d'Alémanie[18].
En conclusion, dom Calmet présente la sixième hypothèse comme la plus vraisemblable[19].
L'origine étichonide
Au cours des deux siècles qui suivent, l'origine de la maison de Lorraine dans la maison d'Alsace fit l'unanimité et l'on voit rapidement le mariage entre le duc François III de Lorraine et l'impératrice Marie Thérèse de Habsbourg comme la réunion des deux branches survivantes de la maison d'Alsace[20].
Cette origine est reprise entre autres au XIXe siècle par Nicolas Viton de Saint-Allais (1773 † 1842)[21] et au XXe siècle par des généalogistes comme le docteur Dugast Rouillé (1919 † 1987)[6] ou plus récemment Henry Bogdan[7].
L'origine de la maison de Lorraine dans la maison d'Alsace peut se résumer à ce tableau[6] :
Etichon-Adalric comte d'Alsace († 690) | Berswinde | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Adalbert duc d'Alsace († 722) | Etichon II comte de Nordgau († 720) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Luitfrid Ier duc d'Alsace († 767) | Albéric Ier comte de Nordgau († 735 ou 760) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Luitfrid II comte de Sundgau († 802) | Eberhard Ier comte de Nordgau († 800) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Hugues Ier comte de Tours et de Sundgau († 837) | Albéric II comte de Nordgau († 816) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Luitfrid III comte de Sundgau († 864) | Eberhard II comte de Nordgau († 864) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Hugues II comte de Sundgau († 880) | Luitfrid IV comte de Sundgau († 910) | Eberhard III comte de Nordgau († 920) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Luitfrid V comte de Sundgau († 925) | Hugues Ier comte de Nordgau († 940) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Eberhard IV comte de Nordgau († 972) | Gontran le Riche | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Hugues II comte de Nordgau († 984) | Adalbert comte de Metz († 1038) | Maison de Habsbourg | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
comtes de Nordgau | Adalbert duc de Lorraine (1047-1048) | Gérard comte d'Alsace († 1047) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Gérard d'Alsace duc de Lorraine (1048-1070) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le problème de cette généalogie est que l'ensemble des filiations est loin d'être assuré (il n'y a pas de document prouvant les liens mis en pointillés)[22].
De plus, les documents contemporains mentionnant les liens entre les premiers ducs de Lorraine et l'Alsace ne sont pas si nombreux :
- une charte de 1038 de l'abbaye de Remiremont qui indique que Gérard, père du duc de Lorraine homonyme, est comte d'Alsace[23] ;
- Thierry, comte de Flandre et petit-fils de Gérard d'Alsace, n'est nommé Thierry d'Alsace que dans les chroniques flamandes[24].
La Genealogica Comitum Flandriæ Bertiniana indique que le « Robertus comes cognomento Frisio [a trois filles et que] tercia Theoderico comiti Alsatie [nupsit] » et présente plus loin « Philippum, Matheum, Petrum et tres filias [comme les enfants de] Theodericus filius ducis Alsatie [et] Sibillam »[25].
L'origine messine
La question de l'origine de la maison de Lorraine a été reprise au XXe siècle par Eduard Hlawitschka (de). Il établit que Gérard d'Alsace est issu des comtes de Metz, mais regroupe ces comtes en deux groupes familiaux : les Matfried du IXe siècle, et les Adalbert/Gérard du Xe siècle. L'absence de documentation ne permet pas d'établir formellement une parenté entre les deux groupes. Mais il remarque que cette parenté est très probable car ils sont de statuts similaires, utilisent un même fond onomastique et ont conclu des alliances matrimoniales dans les mêmes milieux (maison d'Ardennes, familles impériales...). Eduard Hlawitschka poursuit sa proposition en estimant que les Matfried pourraient même être issus des Girardides (famille des Gérard/Girard, Leuthard, Alard/Adal(h)ard, Beggo/Bégon/Bérenger), comtes de Paris à la fin du VIIIe siècle et au début du IXe siècle[8]. Sa thèse a été reprise par l'historien George Poull[10] et partiellement les Europäische Stammtafeln (qui cependant ne prennent pas en compte la parenté avec les Girardides)[4]. La thèse d'Eduard Hlawitschka, avec la connexion girardide, est celle qui rencontre le plus d'adhésion actuellement, tandis que la thèse étichonide semble reculer (pour la lignée agnatique/mâle, bien sûr ; en lignée cognatique/féminine, il existe évidemment des parentés, au moins avec les Eguisheim-Nordgau).
Zwentibold roi de Lotharingie († 900) | Oda de Saxe sœur d'Henri l'Oiseleur | Gérard comte de Metz († 910) | Richard abbé de Prüm († 945) | Matfried comte de Metz († 930) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Wigfried archevêque de Cologne († 953) | Oda x Gothelon comte de Bidgau | Godefroy comte palatin de Lotharingie | Adalbert comte de Metz († 944) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Godefroid vice-duc de Basse-Lotharingie († 964) | Gerberge x Mégingoz comte d'Avalgau | Gérard comte de Metz († ap.963) | Matfried (960) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Sigefroid de Luxembourg demi-frère de Gothelon comte de Bidgau | Richard comte de Metz 968, 986 | Gérard | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Eva | Gérard comte de Metz († 1021/1033) | Adalbert comte de Metz († 1033) | Adelinde x Henri de Franconie comte en Spieirgau | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Siegfried († 1017) | Bercinda abbesse Remiremont | Gérard comte († 1045) | Conrad II empereur (990 † 1039) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Adalbert duc de Lorraine (1047-1048) | Gérard d'Alsace duc de Lorraine (1048-1070) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La maison de Lorraine régna sur :
- le duché de Lorraine de 1048 à 1453 puis de 1473 à 1736[7],
- le duché de Bar de 1480 à 1736[7],
- le comté de Vaudémont de 1070 à 1346 et de 1397 à 1473[26], le comté de Toul de 1186 à 1261[10],
- le comté de Flandre de 1094 à 1128, le comté de Boulogne de 1159 à 1173[27].
Le duc François III de Lorraine épousa en 1736 Marie-Thérèse de Habsbourg, fille aînée de l'Empereur germanique Charles VI et héritière de cette maison. Pour ce faire, François III dut abandonner, pour lui-même et ses héritiers, ses droits sur les duchés de Lorraine et de Bar. En compensation, il reçut le grand-duché de Toscane. Il fut élu empereur des Romains en 1745. Les membres de la maison de Lorraine prirent alors le nom de Habsbourg-Lorraine. La maison de Lorraine devenue maison de Habsbourg-Lorraine accéda ainsi à la dignité impériale et royale. François III fut notamment le père de la reine de France Marie-Antoinette, le grand-père de la reine des Français Marie-Amélie de Bourbon-Siciles et l'arrière-grand-père de l'impératrice des Français Marie-Louise d'Autriche et de la duchesse de Berry Marie-Caroline des Deux-Siciles, mère du comte de Chambord.
Plusieurs de ses possessions furent érigées pour ses branches en duchés par les rois de France :
- Le duché de Guise en 1528, qu'elle conserva jusqu'en 1688.
- Le duché d'Aumale, en 1547, qu'elle conserva jusqu'en 1638.
- Le duché d'Elbeuf en 1582, qu'elle conserva jusqu'en 1825.
- Le duché de Mercœur en 1569, qu'elle conserva jusqu'en 1669.