Mikhaïl Vroubel
peintre / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Mikhail Vroubel?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
Mikhaïl Aleksandrovitch Vroubel (en russe : Михаил Александрович Врубель) est un peintre russe, né à Omsk le , mort à Saint-Pétersbourg le . Son père est d'ascendance polonaise (la forme polonaise de son nom est Wróbel) ; sa mère, danoise, meurt alors qu'il n'a que trois ans.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 54 ans) Saint-Pétersbourg, |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Михаил Александрович Врубель |
Nationalité |
russe |
Formation | |
Activité | |
Conjoint |
Membre de | |
---|---|
Mouvement | |
Mécène | |
Maître | |
Genre artistique | |
Influencé par | |
Site web |
Bogatyr (d), Le Démon volant, Portrait de Constantin Artsybouchev |
Vroubel s'est illustré dans le symbolisme et l'Art nouveau et il est souvent considéré comme le plus grand représentant de ce dernier mouvement en Russie. En réalité, artiste solitaire, il se tint à distance des principaux courants de son époque et il fut assez critiqué par ses contemporains. La genèse de son style original est peut-être à chercher du côté des écoles byzantines tardives ou de la première Renaissance. Il est aussi parfois surnommé le Cézanne russe. Cette comparaison à Cézanne vient du rôle décisif joué par Vroubel pour la génération d'artistes qui le suit, celle de l'Art moderne et de l'avant-garde russe, en jetant un pont entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Comme Cézanne, qui est considéré comme le Père de l'art moderne en France, il ne connut toutefois guère le succès de son vivant.
Vroubel était un lecteur assidu de Kant. Cela fortifia sa foi dans l'étude de la nature. Très versé en littérature classique et en latin, chose rare en Russie à cette époque, il maîtrisait aussi fort bien la philosophie allemande.
Dans le domaine artistique, il a travaillé dans pratiquement toutes les formes d'arts picturaux : la peinture, la gravure, la sculpture, le décor de théâtre.
L'historienne d'art russe Nina Dmitrieva compare le récit de la vie du peintre Vroubel à un drame en trois actes débutant par un prologue et se terminant par un épilogue dont chaque passage à l'acte suivant se produit de manière brusque et inattendue. Le prologue est représenté par ses années de jeunesse, d'étude et de choix de sa vocation. Le premier acte, durant les années 1880, se passe à l'Académie russe des beaux-arts et à Kiev où il étudie l'art byzantin et la peinture d'église. Le deuxième acte se déroule à Moscou, débute en 1890 avec Le Démon assis et se termine avec Le Démon terrassé et l'hospitalisation du peintre. Le troisième acte se déroule durant les années 1903 à 1906 qui sont marquées par la maladie mentale, le déclin progressif des capacités physiques et intellectuelles du peintre. Durant les quatre dernières années de sa vie, l'épilogue, Vroubel perd la vue et n'a plus qu'une vie végétative[1].
C'est seulement grâce aux efforts du mécène Savva Mamontov qu'il est un peu reconnu. Durant les années 1880 à 1890, l'artiste ne trouve pas d'appui auprès de l'Académie des beaux-arts ni des critiques pour ses recherches sur la créativité. Par contre il devient un fournisseur fréquent de Savva Mamontov. Le peintre et les critiques en ont fait un des leurs pour se réunir autour de la revue Mir Iskousstva, et ses toiles sont devenues l'objet d'expositions permanentes de Mir Iskousstva et des rétrospectives de Serge de Diaghilev. Au début du XXe siècle, ses toiles font organiquement partie de l'Art nouveau. Pour sa renommée dans le domaine artistique il reçoit, le , le titre d'académicien de la peinture, précisément au moment où il abandonne toute activité en peinture du fait de sa maladie.
Enfance et adolescence
Les membres de la famille Vroubel (du polonais polonais : wróbel — moineau) n'appartiennent pas à la noblesse. Le grand-père de l'artiste, Anton Antonovitch Vroubel, est originaire de Białystok et a été juge dans sa ville natale. Son fils Mikhaïl Antonovitch Vroubel (1799—1859) est devenu militaire de carrière, général-major au moment de sa mise à la retraite ; il s'est marié deux fois et a eu 3 fils et 4 filles[2]. Les dix dernières années de sa vie il a servi comme ataman chez les Cosaques d'Astrakhan. À cette époque, le gouverneur d'Astrakhan était un cartographe réputé, l'amiral Grigori Bassarguine. Le deuxième fils du premier mariage de Mikhaïl Antonovitch Vroubel, nommé Alexandre Mikhaïlovitch Vroubel a épousé sa fille Anna, qui deviendra Anna Grigorevna Bassarguina-Vroubel par son mariage. Ce sont les futurs père et mère de l'artiste. Il a terminé l'école des cadets, a servi dans le régiment d'infanterie Tenguinski, a participé à la Guerre du Caucase et à la Guerre de Crimée. En 1855, une fille nait de cette union, Anna Alexandrovna (1855—1928), mais en tout ils auront 4 enfants, avec un an de différence entre chaque enfant [3].
Mikhaïl Alexandrovitch Vroubel est né le à Omsk, où son père était à l'époque adjudant-chef supérieur dans les Corps détaché de Sibérie. C'est à Omsk également que naissent un frère cadet, Alexandre, et une sœur cadette, Ekaterina qui ne vivront pas jusqu'à l'adolescence. Ces naissances multiples et le climat de la ville d'Omsk ont entraîné la mort prématurée de sa mère, Élisabeth, d'une tuberculose, en 1859, alors que Mikhaïl n'avait que trois ans. Selon des témoignages tardifs, Mikhaïl se souvenait de sa mère malade, alitée, qui découpait pour ses enfants dans du papier des personnages, des chevaux et des figures fantastiques [4]. Mikhaïl est de constitution faible depuis sa prime enfance et il ne commence à marcher qu'à trois ans. [5].
Anna et Mikhaïl ont passé leur enfance là où leur père était appelé par ses fonctions dans l'armée. En 1859, une fois qu'il est veuf, le père est envoyé à Astrakhan (où il pouvait être aidé par de la famille). En 1860 il est nommé à Karkhov. C'est là que le petit Mikhaïl apprend rapidement la lecture et où il prend goût aux livres illustrés, en particulier à la revue L'Éducation picturale[6]. En 1863 le père Vroubel se remarie avec Élisabetha Vessel, de Saint-Pétersbourg. Celle-ci prend bien soin des enfants du premier mariage (elle donne naissance à son propre enfant en 1867). En 1865 la famille déménage à Saratov où le lieutenant-colonel Vroubel prend le commandement de la garnison provinciale. Les Vessel appartenaient à l'intelligentsia, et Alexandre, la sœur d'Élisabeth, est diplômée du Conservatoire Rimski-Korsakov de Saint-Pétersbourg. Elle fait beaucoup pour orienter son neveu vers le monde de la musique. Élisabeth prend très au sérieux la santé de Mikhaïl, et comme il le rappelle avec ironie c'était pour lui le « régime de viande crue et d'huile de foie de morue ». Il n'est pas douteux que pour garder sa forme physique il s'obligeait à suivre ce régime[7]Nikolaï von Vessel, l'oncle d'Anna et Mikhaïl, est un pédagogue féru de jeux éducatifs et d'instruction à domicile. Malgré les bonnes relations existant au sein de leur nouvelle famille Anna et Mikhaïl ont pris un peu leurs distances. Ils appellent leur belle-mère Madrinka, la perle des mères et expriment clairement leur souhait de mener une vie indépendante, hors de la maison, ce qui bouleverse leur père[8]. Vers l'âge de dix ans Mikhaïl commence à faire preuve de capacités artistiques pour le dessin mais aussi pour le théâtre et la musique qui occupent une place importante dans sa vie. Selon l'historien N. A. Dmitrieva « le garçon était doué, mais promettait plutôt d'être un dilettante polyvalent plutôt que l'artiste obsessionnel qu'il devint plus tard »[9].
Pour que son fils puisse approfondir la peinture, son père invite au gymnase de Saratov le professeur Andreï Godin. À l'époque on fait venir à Saratov une copie de la fresque de Michel-Ange Le Jugement dernier, qui fait forte impression sur Mikhaïl qui la reproduisait en détail et de mémoire, selon les souvenirs de sa sœur Anna[10].
Les années au gymnasium
Mikhaïl Vroubel entre au gymnasium no 5 à Saint-Pétersbourg (son père état alors en fonction à l'Académie de droit militaire d'Alexandrov). Ce gymnase veillait à toujours moderniser ses méthodes d'enseignement et attachait une importance particulière à la philologie classique, à la littérature. Des cours de danse et de gymnastique y sont introduits dans le programme. C'est à la Société impériale d'encouragement des beaux-arts que Vroubel étudie le dessin. Mais il s'intéresse aussi à l'histoire naturelle, que lui avait fait découvrir à Saratov le professeur N. A. Peskov. Après trois années dans la capitale, en 1870 la famille Vroubel part pour Odessa où le père de Mikhaïl est nommé juge de garnison[11].
À Odessa, Mikhaïl étudie au lycée Richelieu. Plusieurs lettres de cette période de sa vie adressées à sa sœur ont été conservées (Anna étudiait à Saint-Pétersbourg), dont la première date d'. Ce sont de longues lettres écrites dans un style léger et qui sont reprennent de nombreuses citations en latin et en français. Il y parle aussi de peinture. Mikhaïl peint un portrait de son petit frère Sacha (décédé en 1869) grâce à une photographie. Son portrait de sa sœur Anna décore le bureau de son père. Toutefois en comparaison avec ses autres centres d'intérêts, la peinture ne l'occupe que relativement peu [12][13]. Vroubel apprend vite et est dans les premiers de classe. Il réussit bien en littérature et en langue, adore l'histoire, pendant les vacances il aime lire de la littérature latine à sa sœur dans le texte original en s'aidant d'une traduction. Dès le gymnase ses loisirs sont consacrés à ses passions : dans une de ses lettres il se plaint de ce que, pendant les vacances, il aurait voulu lire dans la version originale le texte de Goethe Faust et étudier dans son manuel 50 leçons d'anglais. Mais au lieu de cela il copie le Coucher de soleil, une huile d'Ivan Aïvazovski[9]. Le théâtre, à cette époque, le fascine encore plus que la peinture des Ambulants. De passage à Odessa, il décrit en détail la troupe de l'opéra en tournée[14].
Université
Après avoir obtenu une médaille d'or au terme du gymnase, ni Mikhaïl, ni ses parents ne pensaient pour lui à une carrière d'artiste. Il est décide de l'envoyer à l'université de Saint-Pétersbourg. C'est Nikolaï von Vessel qui assume ses frais d'étudiant, et c'est chez cet oncle qu'il séjourne[14]. La décision de suivre les cours de la faculté de droit est appréciée différemment selon ses biographes. Alexandre Benois, par exemple, qui étudiera quelques années plus tard à la même faculté, considère que c'était par tradition familiale et par souci de suivre l'exemple traditionnel dans son milieu social. En 1876, Vroubel poursuit encore la deuxième année et se justifie dans une lettre à son père en invoquant la nécessité de poursuivre sa formation et d'accroître ses connaissances. Mais il ne présente pas ses examens de fin de cycle et n'obtient qu'un certificat de fréquentation des cours[15]. Il mène alors une vie de bohème, de connivence avec son oncle. Durant cette période, Vroubel s'intéresse beaucoup à la philosophie et se passionne pour les théories d'Emmanuel Kant sur l'esthétisme, bien qu'il ne réalise que peu de travail artistique[16]. Durant son passage par l'université Vroubel réalise des illustrations pour des œuvres littéraires, classiques et contemporaines. Selon N. A. Dmitrieva, « en général… l'œuvre de Vroubel passe par la littérature : rares sont ses œuvres qui n'ont pas une source soit littéraire soit théâtrale »[17]. Parmi les œuvres graphiques de cette période qui ont été conservées, la composition Anna Karénine et son fils (1878) est celle qui est le plus souvent présentée. Selon V. M. Domiteeva son travail de cette époque rappelle les revues et les illustrés de cette époque : « Incroyablement romantique, mélodramatique même, et toujours réalisé avec grand soin »[18].
Vroubel prend une part active à la vie théâtrale (il connaissait Modeste Moussorgski quand il était dans la maison de son oncle Nikolaï Vessel) ce qui occasionnait des dépenses. C'est pourquoi il travaillait régulièrement comme répétiteur ou comme précepteur. Grâce à l'argent de son travail, au milieu de l'année 1875, Vroubel peut visiter l'Europe, ensemble avec un élève. Il visite la France, la Suisse et l'Allemagne. Il passe l'été 1875 dans la propriété de la famille du sénateur Dmitri Ber à Potchinok dans le gouvernement de Smolensk. L'épouse du sénateur, Julia Ber, était la nièce du compositeur Mikhaïl Glinka. Plus tard, grâce à son excellente connaissance du latin, Vroubel vit dans la famille Papmelia, des raffineurs de sucre, et devient répétiteur de son propre camarade de classe à l'université[19]. D'après les mémoires de A. I. Ivanov :
« Chez les Papmelia, Vroubel vivait comme chez lui : l'hiver il allait avec eux à l'opéra, l'été il s'installait avec tout le monde dans la datcha de Peterhof. Les Papmelia ne lui refusaient rien, et tout était différent des manières strictes et modestes de sa propre famille. La maison était toujours pleine d'invités et c'est chez eux que Vroubel développa pour la première fois une propension pour le vin qui ne manquait jamais [20]. »
Cette famille Papmelia était attirée par l'esthétique et par la vie de bohème, et elle encourageait les occupations artistiques de Vroubel et son dandysme. Dans une lettre de 1879, il écrit qu'il renoue son amitié avec Émile Villier, qui à Odessa avait influencé ses conceptions esthétiques visuelles. Puis il se lie d'amitié avec des étudiants de l'académie des beaux-arts, des élèves de Pavel Tchistiakov. Il recommence à suivre les cours du soir à l'académie, où les amateurs étaient admis librement, et où il peut affiner ses compétences plastiques[21]. Le résultat de cette vie pour Vroubel est un changement fondamental alors qu'il a à cette époque 24 ans accomplis. Il termine l'université et accomplit un bref service militaire, puis il entre à l'académie des beaux-arts[9].
Académie des beaux-arts
Selon v. Domiteeva, la décision définitive de Vroubel de rentrer à l'Académie russe des beaux-arts est le résultat de ses études sur l'esthétique kantienne. Son jeune collègue et admirateur Stepan Iaremitch croit que Vroubel tirait les leçons de la philosophie de Kant et notamment celle de « la séparation claire de la vie physique par rapport à la vie morale », autrement dit la séparation de la philosophie théorique de la philosophie pratique. Mikhaïl Vroubel fait preuve de « douceur, souplesse, timidité dans les détails de la vie quotidienne mais par contre est d'une ténacité sans faille dans les orientations supérieures de sa vie ». Vroubel, à l'âge de 24 ans, se considérait sans doute comme un génie, et, dans la théorie esthétique de Kant il lui est assigné à ce titre une mission particulière : des travaux dans la sphère située entre la nature et la liberté qui n'est le domaine que de l'art. Pour un jeune homme doué c'était un programme clair et à long terme[22].
À partir de l'automne 1880, Vroubel devient auditeur libre de l'académie et il semble qu'il commence à étudier à titre privé dans l'atelier de Pavel Tchistiakov, mais il n'étudie régulièrement avec lui qu'à partir de 1882. Vroubel lui-même affirme qu'il a passe quatre années d'études avec Tchistiakov. Dans son autobiographie datée de 1901, Vroubel caractérise les années passées chez son professeur de « plus belles années de sa vie d'artiste ». Cela ne contredit pas ce qu'il écrit à sa sœur en 1883 (après 6 ans d'interruption de sa correspondance) :
|
Les étudiants de Tchistiakov étaient des artistes très différents : Ilia Répine, Vassili Sourikov, Vassili Polenov, Viktor Vasnetsov et Valentin Serov. Tous — comme Vroubel lui-même — le reconnaissaient comme leur seul maître et l'ont honoré toute leur vie. C'est un aspect difficilement compréhensible pour la génération suivante d'artistes qui était très sceptique quant à la valeur du système académique de formation. La méthode de Tchsitiakov repoussait pourtant l'académisme classique et prônait une méthode purement individuelle. Selon lui le dessin devait être décomposé en de petites surfaces planes transposées sur la toile. La jonction des différents plans forment un volume avec ses creux et ses protubérances. On voit ainsi que les techniques cristallines du dessin chez Vroubel ont été entièrement assimilées par lui chez son professeur [24].
À l'académie, Vroubel fait la connaissance de Valentin Serov et c'est pour lui une rencontre très importante. Malgré une différence d'âge dune dizaine d'années (Serov est né en 1865 et Vroubel en 1856) ils avaient beaucoup de points de vue en commun, y compris pour les questions les plus profondes[25]. Pendant les années passées dans l'atelier de Tchistiakov, les motivations de Vroubel se modifièrent fondamentalement : son dandysme céda la place à l'ascèse, ce dont il écrit à sa sœur avec fierté[26]. À partir de 1882, Vroubel parvient grâce à un changement d'horaire à combiner les cours de Tchistiakov avec ceux d'Ilia Répine[27] qui se donnent le matin et portent sur l'aquarelle. Mais rapidement il entre en conflit avec Ilia Répine après avoir échangé leurs impressions sur le tableau de ce dernier : Procession religieuse dans la province de Koursk. Ce tableau avait été exposé à l'exposition des Ambulants de 1883 et Vroubel écrit à ce sujet :
« La forme, qualité plastique par excellence, a été délaissée; quelques traits hardis et talentueux sont toute la communion de l'artiste avec la nature, trop occupé qu'il est à impressionner le spectateur par ses idées[28] »
Festin au temps des Romains
Un des exemples frappant du travail académique de Vroubel c'est son Festin au temps des Romains. Ce travail contraste fort avec les canons académiques, malgré le respect de toutes les caractéristiques formelles, en ce compris le thème antique. Mais la composition manque d'un centre unique, les raccourcis sont bizarres, le sujet du tableau n'est pas clair. А. Dmitrieva écrit : « Cette étude académique précoce est une vraie sorcellerie de Vroubel. Il ne la termine pas, mais c'est dans cet inachèvement que se cache son charme. Certaines parties sont achevées en clair-obscur et semblent lourdes par leur volume à côté des lignes fines d'autres parties qui semblent désincarnées. Certaines parties sont teintées et d'autres pas. Le dessin en filigrane de la cythare voisine les contours esquissés de la chaise de la musicienne. Toute la scène se passe comme sous une brume à travers laquelle apparaissent clairement certains fragments, tandis que d'autres, illusoires et fantomatiques disparaissent »[29].
Le Festin au temps des Romains est le résultat de deux années de travail pénible sur l'intrigue et la forme du tableau, dont la correspondance entre Mikhaïl et sa sœur Anna nous a conservé le détail. L'intrigue est simple : près d'un patricien déchu, un échanson, la cruche en main et une jeune joueuse de cithare. Le point de vue de la scène était incertain : depuis le balcon ou d'une haute fenêtre. La luminosité devait être faible, d'après le coucher du soleil, sans reflets lumineux, pour donner de l'effet à des silhouettes. L'intention de Vroubel est de créer un tableau ressemblant à ceux de Lawrence Alma-Tadema. L'esquisse de l'aquarelle se voyait couverte de surplus de bandes collées au fur et à mesure de son avancement. Elle souleva même l'enthousiasme débordant d'Ilia Répine. Mais instinctivement Vroubel a senti la limites de telles formes instables et a abandonné cette aquarelle, refusant d'écrire l'histoire de cette œuvre inachevée.[30].
Hamlet et Ophélie
Vroubel n'abandonne pas son idée de combiner sa quête créative avec des gains financiers : grâce aux Papmelia il reçoit une commande de l'industriel Leopold Koenig, ce dernier lui laissant le choix de la technique et du sujet. Son revenu devrait être de 200 roubles. Vroubel décide également de participer au concours organisé par la Société impériale d'encouragement des beaux-arts et aborde à cette fin les thèmes de Hamlet et Ophélie dans un style raphaélique réaliste. Il conserve des études d'autoportraits pour l'image de Hamlet et des aquarelles pour la composition générale, dans laquelle le prince du Danemark est représenté. Cela ne l'a pas mené à des résultats évidents et cela s'ajoute à de mauvaises relations avec son père à cette époque[31]. Après un fiasco avec Hamlet, Vroubel est persuadé par des amis de prendre comme modèle, une amie du nom d'Agafia qui pose sur la même chaise que celle sur laquelle était assis Hamlet. Son ami l'étudiant Vladimir Derviz lui prête d'autres objets de style renaissance provenant de sa maison familiale ; des velours florentin, des brocarts vénitien et d'autres objets de la même époque. Le résultat est la toile Modèle dans un décor Renaissance. Puis il revient à Hamlet pour lequel a posé le peintre Valentin Serov. Vroubel a griffonné l'inscription suivante sur la peinture encore fraîche avec un manche de pinceau dans le coin du tableau, ce qui permet de tenter de juger de ses intentions [32] :
« Conscience 1) Infini. Confusion des concepts sur la dépendance de l'homme 2) Vie. Infini et dogme, infini de la science… état primitif… infini et le dogme en liaison avec la conscience de la vie, aussi longtemps que la morale est fondée sur…[33] »
Les déchiffrements de ce message sont divers, mais la plupart des critiques considèrent que les derniers mots manquants devraient être l'impératif catégorique. En d'autres termes, l'artiste ne parvient pas à réconcilier chez Hamlet son intuition et son sentiment d'absolu[33].
- Modèle dans un décor Renaissance (1882). Aquarelle, blanc et vernis sur papier contrecollé sur carton 35,8 × 24,4 cm, Musée national d'art russe Kiev.
- Hamlet et Ophélie, première esquisse du tableau du même titre au Musée russe. Aquarelle sur papier 24,4 × 16,7 cm (1883).
- Hamlet et Ophélie. Inachevé (1884). Valentin Serov est le modèle. Huile sur toile 120 × 89 cm, Musée russe.
Vroubel n'a jamais réussi à terminer officiellement l'Académie, malgré le succès de sa composition : Le mariage de Marie et Joseph[34], qui lui fait obtenir au printemps 1883 la deuxième médaille d'argent. À l'automne 1883, le professeur Adrian Prakhov, sur recommandation de Pavel Tchistiakov, invite Vroubel à Kiev pour les travaux de restauration de l'église Saint-Cyrille qui date du XIIe siècle. La proposition est flatteuse et promettait un bon salaire, si bien que l'artiste accepte de partir à la fin de l'année scolaire[35].
Kiev
Les œuvres réalisées à Kiev par Vroubel sont une étape importante dans sa biographie : pour la première fois il réalise un dessin monumental et en même temps il se tourne vers les conceptions fondamentales de l'art russe. La somme des travaux qu'il réalise sur cinq ans est grandiose : ses propres créations de peinture dans l'église Saint-Cyrille et les icônes restaurées, soit cent cinquante figures restaurées par ses soins et encore la restauration de la figure d'un ange dans la coupole de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev, près du Christ Pantocrator. Selon N. A. Dmitrieva :
|
Adrian Prakhov invite Vroubel presque par hasard. Il a besoin d'un peintre qualifié pour des travaux dans des églises, mais avec cela pas trop diplômé, pour que ses prix ne soient pas trop élevés [37]. À en juger par une lettre à ses parents, le contrat de Vroubel avec Prakhov prévoyait initialement la peinture de quatre icônes dans un délai de 76 jours pour un salaire de 300 roubles par 24 jours de travail[38].
À Kiev, Vroubel garde le genre qui lui est propre. Selon les souvenirs de Lev Kovalski, qui était étudiant de l'école de peinture de Kiev en 1884. Voici comment il décrit l'étudiant Mikhaïl arrivé de la capitale qu'il rencontre lors de prise de croquis sur le terrain :
« …Sur fond de colline de Kirilovski, derrière moi, se tient un personnage aux cheveux blonds, presque blancs, jeune, avec des traits de visage caractéristiques, de petites moustaches, blondes également. De taille plutôt petite mais bien proportionnée, habillé… voilà ce qui m'étonna le plus à ce moment...habillé tout de velours noir, portant des bas, avec une culotte courte et des bottines. <…> Dans l'ensemble, on aurait dit un jeune Vénitien des tableaux du Tintoret ou du Titien, mais cela je n'ai pu le comprendre que lorsque quelques années plus tard j'ai été à Venise[39]. »
Descente du Saint-Esprit sur les apôtres
- Mikhaïl Vroubel. Descente du Saint-Esprit sur les apôtres. Peinture sur les voûtes de l'église Saint-Cyrille sur plâtre 6 × 9,25 m Kiev.
- Descente de l'Esprit-Saint, le roi Cosmos au pied de l'icône incarne la première personnification du monde.
- Chœur de l'église Saint-Cyrille.
Une des compositions les plus caractéristiques de Vroubel pour l'église Saint-Cyrille est la fresque réalisée dans le chœur intitulée : Descente du Saint-Esprit sur les apôtres ou Pentecôte, que réunissent les traits particuliers de l'art byzantin et les recherches sur le portrait du jeune Vroubel. Les figures des douze apôtres sont disposées en demi-cercle sur la voûte du chœur. Vierge Marie se tient au centre parmi eux. Sur le fond bleu se détachent des rais de lumière dorée qui descendent sur les apôtres à partir d'un cercle représentant le Saint-Esprit[36]. Pour l'image de la Mère de Dieu, Vroubel prend comme modèle une invitée de la famille Prakhov, une aide-soignante du nom de M. F. Erchova (c'était l'épouse d'un des artistes qui a participé à la restauration). Le modèle du deuxième apôtre à gauche de la Vierge Marie est le Protoiereus Piotr Lebedintsev, enseignant au Lycée Richelieu d'Odessa; le deuxième du côté droit est l'archéologue de Kiev Viktor Gochkevitch (ru) ; le troisième est l'abbé Piotr Orlovski, qui a découvert des restes de peintures murales et a convaincu la Société impériale russe d'archéologie de s'y intéresser. Le quatrième apôtre, qui joint ses mains pour la prière est Adrian Prakhov lui-même. En plus de le Descente du Saint-Esprit, Vroubel a peint Entrée de Jésus à Jérusalem et Déploration du Christ[40]. La Descente du Saint-Esprit est peinte directement sur le mur, sans esquisse ; seuls quelques détails ont pu être préparés sur des petits papiers. Il faut remarquer que le schéma de la peinture soit un demi-cercle d'apôtres, dont les nimbes sont reliées à l'emblème du Saint-Esprit par un faisceau emprunté à l'art byzantin, à un retable d'un monastère de Tiflis[41]. L'œuvre est avant tout polychrome : des couleurs contrastées sur un fond bleu sombre qui confère un effet de relief à la scène. La représentation monumentale de la Descente de l'Esprit-Saint sur les apôtres remonte au XIe siècle. C'est une tradition plus tardive datant de la fin du XVIe siècle qui atteste la présence de la Mère de Dieu lors de la Descente de l'Esprit-Saint. Prakhov recommande à Vroubel de réintroduire la Mère de Dieu dans sa composition pour revenir aux anciennes traditions ecclésiales. Le vieillard en buste avec les paumes levées au ciel représente le roi Cosmos. Il est couronné d'une tiare enchâssée de pierres. Son visage est ascétique[42].
Vierge à l'Enfant
Selon les souvenirs de Vroubel, au printemps 1884, l'artiste a vécu un amour tumultueux avec la femme de son protecteur, Émilia Prakhova. C'est son visage qui sert de modèle à l'icône de Vroubel, Vierge Marie à l'Enfant et on a conservé de nombreux croquis d'elle. L'histoire d'amour aurait pu ne pas se produire, mais Vroubel, jeune artiste de 27 ans, a fait de son amour pour Émilia un véritable culte romantique, qui au début a amusé le mari Adrian Prakhov. Après l'installation de Vroubel dans la datcha des Prakhov, cette aventure a commencé à déranger ceux-ci. Le voyage de l'artiste en Italie tombe à pic pour lui trouver une fin. Vroubel part pour Ravenne et Venise, pour y étudier la conservation des monuments de la Rome antique. Sa mission consiste à établir une liste chronologique pour la période du Ier siècle au IVe siècle des édifices dont ceux de l'Art byzantin en Italie. Dans des lettres à son père et à sa sœur Anne, Vroubel leur rapporte qu'il a gagné en été 650 roubles pour sa réalisation à la Cathédrale Sainte-Sophie de Kiev de trois anges dans le tambour de la coupole. Prakhov a, à la même époque, augmenté le prix pour quatre icônes à 1200 roubles. Vroubel abandonne complètement l'idée de terminer ses études à l'Académie et d'y obtenir un certificat professionnel de peintre[43].
Premier voyage en Italie
À Venise, Vroubel passe par une communauté où il fait la connaissance de Samuel Haïdouk, un jeune artiste ukrainien, qui a fait ses preuves et qui utilise les peintures de Vroubel pour réaliser ses esquisses. La vie à Venise en hiver est bon marché et avec son ami Haïdouk ils louent un studio pour deux situé au centre de la ville sur la via San-Maurizio. Leur principal centre d'intérêt est l'église abandonnée de Torcello[45].
N. Dmitrieva décrit le cours de l'évolution de Vroubel comme suit : « Ni Titien et Véronèse, ni l'hédonisme de la peinture vénitienne du Cinquecento ne l'ont emballé. La gamme de ses préférences pour Venise sont bien déterminées : depuis les mosaïques et les vitraux médiévaux de la Basilique Saint-Marc et la Cathédrale Santa Maria Assunta de Torcello jusqu'aux peintres de la Renaissance précoce : Vittore Carpaccio, Cima da Conegliano (dont Vroubel appréciait la générosité des personnages), Giovanni Bellini. <…> Si sa première rencontre avec l'antiquité byzantine à Kiev enrichit la compréhension de la forme plastique chez Vroubel, à Venise c'est sa palette qui est réveillée par le colorisme»[46].
Toutes ces observations apparaissent clairement dans les trois icônes pour l'église Saint-Cyrille, esquissées à Venise, — Saint Cyrille, Saint Afanase et le Christ Sauveur. Habitué à travailler intensivement dans l'atelier de Tchistiakov et à Kiev, Vroubel a exécuté quatre grandes icônes en un mois et demi et a ressenti ensuite un manque d'activité et un manque de communication. À Venise il fait une rencontre fortuite avec le chimiste Dmitri Mendeleïev, marié à l'une des étudiantes de Tchistiakov. Ils discutent des problèmes de conservation de la peinture dans des conditions d'humidité élevée et des avantages de la peinture à l'huile sur un support en zinc plutôt que sur une toile. À Kiev, Vroubel a trouvé des plaques de zinc pour ses icônes, mais il n'a pas réussi a mettre une technique au point. En effet, la peinture ne tenait pas bien sur le métal. En avril, Vroubel ne pense plus qu'à une chose : retourner en Russie[47].
Kiev et Odessa
De retour de Venise, Vroubel passe tout le mois de mai et la plus grande partie de à Kiev. Le bruit a couru suivant lequel il a proposé immédiatement à Émilia Prakhova de l'épouser, malgré le fait qu'elle était mère de famille. Selon une autre version il a annoncé ses intentions non pas à Émilia mais directement à son mari Adrian Prakhov. Ce dernier craignait Vroubel, quant à Émilia elle s'indignait ouvertement de l'infantilisme de Mikhaïl[48]. Il semble que c'est à cette période que se rapporte l'incident décrit un an plus tard par Constantin Korovine qui s'était lié d'amitié à Vroubel. Constantin Korovine se souvient[49], qu'un jour durant un été chaud il est allé nager avec Vroubel dans un grand étang dans un jardin.
« Que sont ces grandes lignes blanches comme des cicatrices que vous avez sur la poitrine?» — demande Korovine. Vroubel répond : « Oui ce sont des cicatrices. Je me suis coupé avec un couteau ». Vroubel va se baigner et Korovine le suit et continue la conversation : « C'est agréable de nager l'été, la vie est belle, mais dites-moi Mikhaïl Alexandrovitch, pourquoi vous coupez-vous avec un couteau, cela doit faire mal. C'est une opération ou quoi ? » Korovine regarde de plus près et vois de nombreuses bandes de cicatrices blanches. « Vous comprenez, répond Vroubel. C'est que j'ai aimé une femme, elle ne m'aimait pas, même si elle m'a aimé, beaucoup de choses ont empêché qu'elle me comprenne. J'ai souffert de ne pouvoir lui expliquer ce qui empêchait. J'ai souffert, mais quand je me suis coupé la souffrance a diminué [50]. »
À la fin du mois de , Vroubel se rend à Odessa où il reprend contact avec une connaissance, Boris Edwards, dont il avait précédemment visité l'école de dessin. Edwards, ensemble avec Kyriak Kostandi essaie à cette époque de réformer l'école artistique d'Odessa et veut attirer Vroubel dans cette expérience.
Il installe Vroubel dans sa propre maison et tente de le persuader d'y rester toujours[51]. L'été, Valentin Serov vient à Odessa également. C'est à lui que Vroubel annonce pour la première fois son projet de la série sur Le Démon. Dans des lettres à sa famille, il parle déjà de Tétralogie. Il reçoit de l'argent de son père pour revenir chez lui (sa famille vit à cette époque à Karkhov), mais Mikhaïl retourne plutôt à Kiev où il se trouve en 1886[52].
À Kiev, Vroubel entre en contact avec le cercle littéraire Ieronim Yasinsky (en). Il a fait connaissance également de Constantin Korovine. Malgré un travail intensif, Mikhaïl Alexandrovitch adopte une vie de bohème, fréquente assidument le cabaret Château de fleur. Cela absorbe tous ses petits gains et le salaire du travail que lui procure un raffineur de sucre Ivan Terechtchenko, qui lui donne aussi 300 roubles dès son arrivée à Kiev pour son tableau Conte oriental[53].
Durant cette période, Adrian Prakhov organise la peinture de la Cathédrale Saint-Vladimir, à laquelle il prévoit d'attirer Vroubel, malgré son attitude personnelle à son égard. Vroubel, malgré son attitude insouciante au travail (dû à son genre de vie bohème) n'en crée pas moins de six versions de la Déploration du Christ (il en reste quatre). Le sujet a été traité par les peintres de la Renaissance italienne mais les interprétations de la scène sont multiples quant à l'endroit où elle se situe et quant aux personnages qui y participent. Elle n'est pas traitée par l'iconographie orthodoxe. Ces travaux indépendants de Vroubel ne sont pas acceptés par Prakhov qui en comprend toutefois parfaitement la signification. Le style original de la peinture de Vroubel contraste tellement du travail de ses collègues qu'il faudrait, selon Prakhov, construire une église rien que pour lui et son style si particulier[54],[55].
En plus des travaux sur commande, Vroubel peint aussi pour lui-même comme le tableau Prière pour le calice et il passe aussi par une crise personnelle sérieuse dont il écrit à sa sœur :
|
Jeune fille sur fond de tapis persan
Alors qu'il peint les églises de Kiev, Vroubel se réfère en même temps à l'image du Démon. Il transfère les techniques d'art sacré qu'il utilise pour développer un sujet opposé. Pour le critique P. I. Klimov, c'était tout à fait logique et naturel pour Mikhaïl Alexandrovitch et cela témoignait du sens et de la direction de sa recherche artistique[57]. Durant cette période de luttes spirituelles de son fils, le père de Mikhaïl, Alexandre Mikhaïlovitch Vroubel vient à Kiev. Le mode de vie de son fils l'épouvante : « Pas de couvertures chaudes, pas de manteau d'hiver, pas de vêtements, sauf ceux qu'il a sur lui… Cela fait mal à voir, c'est à pleurer »[58]. Le père voit la première version du Démon et elle le dégoute. Il note que son tableau a peu de chance de recueillir la sympathie de la critique et de l'académie des beaux-arts. Vroubel détruit cette première version ainsi que beaucoup d'autres réalisées par lui à Kiev[59]. Pour avoir de l'argent il commence à peindre Conte oriental, mais seulement à l'aquarelle. Il veut l'offrir à Prakhov, puis le déchire, puis recolle ensemble les morceaux déchirés. La seule œuvre qu'il termine est celle de la fille du propriétaire de la caisse de prêt sur gage Mani Dakhnovitch Jeune fille sur fond de tapis persan que le critique N. A. Dmitrieva qualifie de portrait-fantaisie[60]. Le tableau n'a pas plu au client et c'est I. N. Terechenko qui l'a acheté.
Sa crise spirituelle ressort encore de l'histoire suivante : il se rend un jour chez Prakhov, qui avait réuni une équipe de peintres pour peindre la cathédrale de Kiev. Vroubel lui déclare que son père vient de mourir inopinément à Kharkov. Les autres peintres réunissent un peu d'argent pour son voyage en faisant une collecte. Mais le père se présente le lendemain chez Prakhov. Ce dernier explique au père de Mikhaïl que son fils s'est pris d'une passion soudaine pour une quelconque chanteuse anglaise de cabaret[61]. Puis ses amis ont essayé de lui trouver un travail stable. Il est chargé de travaux secondaires pour la cathédrale Saint-Vladimir de Kiev, comme la peinture des ornements de la Création du monde sur un des plafonds réalisé par les frères Alexandre Svedomski et Pavel Svedomski. Il donne aussi des cours de dessin, enseigne à l'académie des beaux-arts de Kiev. Tous ces travaux ne sont pas officiels et il ne bénéficie d'aucun contrat [62]. N. A. Dmitrieva résume sa vie à Kiev à cette époque par ces mots :
|