Mouvement américain des droits civiques
mouvement social américain contre le racisme au XXe siècle / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Mouvement des droits civiques aux États-Unis?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
Civil rights movement
Date | 1865-1968 |
---|---|
Cause | Les Lois ségrégationnistes des états du Sud visant à entraver l'application des droits constitutionnels des Afro-Américains garantis par plusieurs amendements au lendemain de la Guerre de Sécession |
Résultat | Promulgation de différentes lois fédérales comme le Civil Rights Act de 1964, le Voting Rights Act de 1965 et le Civil Rights Act de 1968 mettant fin à la ségrégation raciale sur l'ensemble du territoire des États-Unis. |
Le mouvement américain des droits civiques (en anglais : Civil rights movement) désigne les diverses luttes et manifestations menées par des citoyens afro-américains et par des Blancs américains abolitionnistes pour que les Afro-Américains puissent bénéficier comme tout autre Américain des droits civiques inscrits et garantis par la Déclaration d'Indépendance et la Constitution des États-Unis sans limitation ou restriction que ce soit.
À partir de , au lendemain de la Guerre de Sécession, les droits civiques les plus élémentaires déniés auparavant aux Afro-Américains sont désormais garantis par plusieurs amendements de la Constitution à savoir : le treizième amendement du abolissant l'esclavage, le quatorzième amendement de , accordant la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le Quinzième amendement de , garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis. Leur application est entravée dans les États du Sud, par les lois Jim Crow, et par les divers règlements permettant la mise en œuvre de la ségrégation raciale.
De façon générale, le mouvement revendique l'abolition de toutes les formes de discrimination raciale entravant l'exercice du droit de vote, l'accès à l'éducation, à l'emploi et au logement dans la totalité du territoire des États-Unis. Il commence au XVIIIe siècle avec la fondation de la Pennsylvania Abolition Society et de la Free African Society et prend de l'ampleur au tout début du XXe siècle avec la création de diverses organisations comme la National Association for the Advancement of Colored People, la Conférence du leadership chrétien du Sud, la Student Nonviolent Coordinating Committee, etc.
Le mouvement américain des droits civiques atteint son apogée entre les années et , avec l'adoption de différentes lois fédérales comme le Civil Rights Act de 1964, le Voting Rights Act de 1965 et le Civil Rights Act de 1968 prohibant toutes les lois et réglementations ségrégatives sur l'ensemble des États-Unis.
Les grandes figures de ce mouvement et des courants qui s'y rattachent sont Antoine Bénézet, Richard Allen, James Forten, William Lloyd Garrison, Theodore Dwight Weld, Arthur Tappan, Daniel Payne, Myrtilla Miner, Frederick Douglass, Booker T. Washington, W. E. B. Du Bois, Oswald Garrison Villard, Mary White Ovington, Ida B. Wells, William Monroe Trotter, Asa Philip Randolph, Ralph Abernathy, Martin Luther King, Daisy Bates, Rosa Parks, Malcolm X, Coretta King, Angela Davis.
Débuts avec les Quakers
L'influence des Quakers, les membres de la Société religieuse des Amis, marque probablement la première étape historique du mouvement des droits civiques. Ils sont les premiers à militer de façon organisée contre l'esclavage et à questionner le droit d'une personne à en posséder une autre en tant qu'esclave. Sous l'impulsion d'Antoine Bénézet et John Woolman des actions contre l’esclavage se créent, c'est ainsi qu'apparaît la première société antiesclavagiste américaine, la Pennsylvania Abolition Society à Philadelphie le [1],[2]. Benjamin Franklin et Benjamin Rush les rejoignent pour demander l'abolition de l'esclavage[3]. Cette première société fait des émules dans tous les états, du Massachusetts jusqu'en Virginie, comme la New York Manumission Society fondée en 1785[4],[5]. En , le Maryland interdit la vente et l'importation des esclaves[6].
Plusieurs Afro-Américains ont combattu aux côtés des insurgés lors de la Guerre d'indépendance, on estime leur nombre à 5 000 répartis en trois régiments dirigés par des officiers afro-américains. Plusieurs de ces soldats se sont illustrés pour leur hauts-faits militaires, et espéraient que leur dévouement à la cause de l'Indépendance serait récompensées par l'abolition de l'esclavage[7].
Malgré le poids de Benjamin Franklin devenu président de la Pennsylvania Abolition Society et celui de toutes autres sociétés abolitionnistes qui ont présenté un mémoire au Congrès pour l'abolition de l'esclavage et la reconnaissance de la citoyenneté des Afro-Américains[8]. Mais sous la pression des riches propriétaires de plantations de la Caroline du Sud et de la Géorgie, afin d'éviter un éclatement entre les États du Sud et ceux du Nord, un compromis est établi par l'alinéa 1 de la section 9 de l'article premier de la Constitution des États-Unis. Il y est écrit : « L'immigration ou l'importation de telles personnes que l'un quelconque des États actuellement existants jugera convenable d'admettre ne pourra être prohibée par le Congrès avant l'année 1808, mais un impôt ou un droit n'excédant pas 10 dollars par tête pourra être levé sur cette importation. ». Cette disposition ambiguë autorise, sans reconnaître l'esclavage, l'importation d'esclaves, et donc de façon implicite le droit d'en posséder[9].
Les deux textes fondateurs des États-Unis, la Déclaration d'indépendance de et la Constitution des États-Unis de , étant équivoques, ils ne permettent ni aux esclavagistes ni aux abolitionnistes de s'y appuyer, laissant la porte ouverte aux débats. Ainsi commence la longue histoire des Afro-Américains dans leur quête de leur citoyenneté américaine et des droits civiques qui y sont liés[10].
Situation au lendemain de l'Indépendance
Selon le recensement de 1790, il y a 753 430 Afro-Américains, dont 59 166 sont libres pour une population de 3 140 207 Blancs, le nombre des esclaves représente 18 % de la population totale[11],[12]. La grande majorité des esclaves, 89% vivent dans les États du Sud (Géorgie, Caroline du Nord, Caroline du Sud, Virginie) là où se concentrent les plus forts besoins de main d'œuvre liés aux grandes plantations, alors que la population d'esclaves diminue fortement dans les états du Nord, voire disparaît complètement dans le Vermont et le Massachusetts[13]. Une fois que l'indépendance fut acquise, les différents États établirent des Codes de l'esclavage (Slave Codes) afin de pouvoir maîtriser et contrôler les esclaves et optimiser leurs travaux. Ainsi un esclave ne pouvait ni ester en justice, ni témoigner dans un procès sauf contre un autre esclave ou un affranchi, ne pouvaient pas signer de contrats, ne pouvaient généralement rien posséder en propre ; dans certains États comme celui du Mississippi il leur était interdit de jouer d'un instrument de musique ou d'apprendre à lire et écrire. L'instruction des esclaves était la plupart du temps le fait de leurs propriétaires, de rares écoles seront accessibles aux esclaves vers les années 1840, au contingentement limité et avec bien entendu une autorisation de leurs propriétaires qu'ils doivent toujours avoir sur eux. Seuls les Afro-Américains libres des États anti-esclavagistes peuvent s'instruire dans des écoles la plupart du temps ségréguées[14]. Les relations des esclaves aux Blancs étaient réduites au strict minimum, lors de leur temps de repos aucune assemblée ne pouvait se tenir sans la présence d'un Blanc, la moindre incartade était sanctionnée par le fouet et la peine de mort à la moindre rébellion, leur liberté d'aller et venir était contrôlée par une police des esclaves. Dans certains états, l'arbitraire des propriétaires était régulé par des tribunaux dédiés aux crimes et délits commis par les esclaves, tribunaux où dans le meilleur des cas les jurés étaient tous blancs et dans le pire des cas étaient aux mains des propriétaires d'esclaves, les peines étaient le plus souvent le fouet, afin d'éviter un temps de prison pendant lequel l'esclave ne travaillerait point, la peine de mort visait des crimes bien précis vol à main armée, viol, rébellion, cela encore pour préserver la main d'œuvre[15].
Une étape, la fin de la traite négrière
La constitution ayant mis une date butoir pour l'importations des esclaves à savoir l'année 1808, les sociétés abolitionnistes et les Afro-Américains libres vont régulièrement faire du lobbying pour abolir l’esclavage en même temps que l'arrêt de la traite négrière. Une première étape est franchie en décembre 1805 quand le sénateur du Vermont, Stephen R. Bradley présente un projet de loi visant à abolir la traite négrière à partir du , mais après une seconde lecture, le projet est ajourné, en février 1806, le représentant du Massachusetts, Barnabas Bidwell fait une proposition de loi allant dans le même sens, mais qui reste lettre morte. Finalement c'est le président Thomas Jefferson qui lors de son discours du , reprend le projet de loi, et le est promulgué l'Act Prohibiting Importation of Slaves qui interdit la traite négrière à partir du , loi assortie de sanctions financières pour quiconque braverait l'interdit (amendes allant de 800 $ à 20 000$). Malgré cela, des planteurs, des armateurs, et des marchands d'esclaves ont continué à maintenir un marché souterrain de la vente d'esclaves. Mais si l'importation d'esclaves est devenue illégale, en revanche les transactions d'achats et de ventes des esclaves sont maintenues à l'intérieur des États-Unis[16],[17],[18]. Au total ce sont environ 348 000 Africains qui auront été importés par la traite négrière aux États-Unis jusqu'en 1810, chiffre auquel il faut rapporter une traite clandestine de 51 000 autres Africains entre 1810 et 1870 soit un total d'environ 400 000 personnes. Ne sont comptées que les personnes arrivées à bon port, ne figure pas le nombre de morts liés aux conditions de transports[19].
L'évêque Richard Allen le premier leader
C'est au XVIIIe siècle avec l'évêque Richard Allen (1760-1831)[20] que remontent les premières organisations afro-américaines de défense des droits des Afro-Américains. Cela commence par la première association d'entraide, la Free African Society fondée par Absalom Jones et Richard Allen, suivi de la fondation en 1816 de l'Église épiscopale méthodiste africaine par le même Richard Allen, église fondé dans la tradition du message de John Wesley[21]. L'Église épiscopale méthodiste africaine se développe, en 1820 elle compte plusieurs milliers de fidèles répandus dans différentes villes Philadelphie, Baltimore, puis Pittsburgh et Charleston[22].
Richard Allen devient dans la première moitié du XIXe siècle la figure prééminente des Afro-Américains de Philadelphie et au-delà, aidé dans ses combats pour les droits civiques par James Forten[23].
Il publie tout au long de sa vie des pamphlets pour expliquer aux Blancs combien l'esclavage est une chose inique[20],[24],[25],[26]. Ses écrits influenceront les penseurs et leaders du mouvement des droits civiques de Frederick Douglass jusqu'à Martin Luther King Jr.[27],[28].
Frederick Douglass a qualifié Richard Allen de rien de moins que l'auteur d'une nouvelle déclaration d'indépendance fondée sur l'égalité raciale. En septembre 1893 lors de l’exposition universelle de Chicago , Frederick Douglass rend hommage à celui qu'il estime comme un père fondateur : « Parmi les hommes illustres dont les noms ont trouvé une place méritée dans les annales américaines, il n'y en a pas un qui mérite qu'on le commémore pour les temps à venir ou dont la mémoire sera plus sacrée par les générations futures d'américains de couleur que le nom et la personnalité de Richard Allen. Il y a donc des raisons de croire que si Richard Allen était vivant aujourd'hui malgré les améliorations socio-économiques que nous connaissons, il serait le leader de son peuple maintenant exactement comme il l'était à son époque. ». Frederick Douglass conclut son discours en disant « Le rêve d’Allen d’harmonie interraciale résonne toujours »[29].
Comme l'écrit Frederick Douglass, Richard Allen est considéré comme le premier leader charismatique des Afro-Américains. C'est par une réflexion théologique à l'intérieur de la tradition méthodiste et plus spécialement du message de John Wesley qu'il devient le porte-parole des droits civiques. Son itinéraire n'est-il point semblable à ce que sera celui du pasteur Martin Luther King, Jr qui au nom des valeurs évangéliques qu'il s'est appropriées deviendra l'icône charismatique qui changera à jamais la politique américaine en matière de ségrégation ? Les deux hommes ont défini l'ère de la revendication afro-américaine dans laquelle ils ont grandi. Tous deux contribué à définir l'émancipation des Afro-Américains comme un problème quant à la démocratie et aux valeurs fondatrices américaines. Martin Luther King a qualifié la souffrance noire de rédemptrice pour l'âme américaine de la même manière que Richard Allen soutenait que la liberté des Afro-Américains était le véritable baromètre du succès (ou de l'échec) de la démocratie américaine. Plus d’un siècle et demi avant les grands mouvements américain des droits civiques, Richard Allen avait dit aux Américains blancs que la résolution du dilemme de la liberté et de l’esclavage, de l’iniquité raciale au pays de la prétendue liberté, raconterait l’histoire du destin de la nation : « C'est quand notre postérité bénéficiera des mêmes privilèges que les vôtres que vous obtiendrez de meilleures choses pour vous »[30].
Situation avant la guerre de sécession
En 1860, on compte 488 000 Afro-Américains libres, principalement présents dans les régions de la Virginie, du Maryland, de la Caroline du Nord, dans les villes de Baltimore, Washington, Mobile, Philadelphie, Charleston, la Nouvelle Orléans, New York, Cincinnati, Boston. Dans les états du Sud, ils sont particulièrement surveillés et contrôlés, des métiers leur sont interdits comme celui d'employé de bureau dans la Caroline du Sud, tout comme celui de musicien, des états comme le Tennessee, la Caroline du Nord et la Pennsylvanie leur interdisent le droit de vote, ils ne peuvent pas s'engager ni dans l'armée ni dans les milices locales, l'accès à l'école publique leur est souvent barré, ils ne peuvent pas témoigner dans des procès où des blancs sont mis en accusation, la reconnaissance de la légitime défense leur est ôtée quand leur agresseur est un Blanc[31]. Les Afro-Américains libres, en dehors du secteur agricole, travaillent principalement dans les domaines du bâtiment et des travaux publics, de la confection, de la restauration, de l’hôtellerie, du petit commerce, de la coiffure... peu à peu se constitue une élite d'enseignants, des pasteurs, de juristes, de propriétaires agricoles et immobiliers plus ou moins riches[32].
Des organisations naissantes
Le , la loge maçonnique no 441 de la British Army Lodge, initie quinze Afro-Américains dont Prince Hall, qui avec ces quinze Afro-Américains, crée la première loge maçonnique afro-américaine le , l'African Lodge no 1, à sa mort en 1807 est créée la Prince Hall Freemasonry (Grande Loge Prince Hall)[33],[34]. En 1843, sur l’initiative de Peter Odgen, un groupe d'Afro-Américains créent le Grand United Order of Odd Fellows in America, en 1845, la franc-maçonnerie du Maryland ouvre ses portes aux Afro-Américains par la création de la première loge régulière pour « personnes de couleur ». Ces sociétés fraternelles deviennent, entre autres, des lieux de réflexion pour l'émancipation des Afro-Américains. Les églises et plus particulièrement l'Église épiscopale méthodiste africaine de Sion (AMEZ)[35] et l'Église épiscopale méthodiste africaine (AME) avec l'édition du magazine hebdomadaire The Christian Herald, sont d'autres lieux d'information et réflexion sur la condition des Afro-Américains et d'appels à la solidarité. Les églises baptistes se développent aussi, mais en raison de leur autonomie locale, elles auront moins de poids que l'AME ou l'AMEZ[36].
Une élite naissante
Dès 1826, des Afro-Américains, comme John Brown Russwurm ou Edward Jones (en), commencent à être diplômés d'établissements universitaires tels que l'Oberlin College, le Amherst College, le Bowdouin College ou la faculté de médecine de Harvard. En 1851, une Blanche de New York, Myrtilla Miner[37] crée à Washington le premier établissement d'enseignement supérieur à destination de jeunes femmes afro-américaines afin de les former au métier d'institutrice, la Normal School for Colored Girls[38],[39],[40].
L'évêque de l'Église épiscopale méthodiste africaine Daniel Payne fonde l'université de Wilberforce dans l'Ohio en 1856, il est le premier président afro-américain d'une université, poste qu'il tiendra jusqu'en 1876[41].
Le fossé entre les Afro-Américains du Nord et ceux du Sud se creuse. Certes les Afro-américains du Nord subissent également le racisme, mais ils sont protégés par des lois, ils peuvent tenir des rassemblements, des conventions, s'organiser, avoir leur presse, constituer leurs premières élites intellectuelles, artistiques, commerciales, industrielles, alors que dans le Sud, les Afro-américains, mêmes libres, sont marginalisés, soumis à l'arbitraire de règlements locaux, subissant une multiplicité d'interdits dont les premiers sont ceux de la libre expression, du droit de se réunir, de s'instruire et de se déplacer librement[42].
Offensives du Nord émancipateur
Les idées anti-esclavagistes héritées du siècle précédent reprennent vigueur, divers intellectuels, pasteurs, journalistes, élus, Blancs comme Afro-Américains reprennent le combat à partir de 1815. Plusieurs livres et journaux dénoncent l'esclavage pratiqué par le Sud. L'Afro-Américain de Boston, David Walker (abolitionniste), publie en 1829 un vibrant pamphlet appelant les esclaves à se battre pour leur liberté, document qui aura un impact pour l'émancipation des Afro-Américains jusqu'aux mouvements des droits civiques du XXe siècle[43],[44],[45]. Le Blanc William Lloyd Garrison[46], fondateur de l'American Anti-Slavery Society, directeur du journal The Liberator[47] y publie plusieurs articles contre l'esclavage et prône l'action non-violente[48],[49]. Un autre membre de l'American Anti-Slavery Society, Theodore Dwight Weld, publie en 1837 The Bible Against Slavery, suivi en 1839 par Slavery As It Is[50],[51] ouvrages qui seront régulièrement réédités jusqu'à nos jours[52],[53],[54]. Ces divers auteurs avec bien d'autres réclamant l'émancipation des Afro-Américains ont deux arguments majeurs, le premier consiste à démontrer que l'esclavage est contraire aux principes du christianisme, de la civilisation, des fondements de la nation américaine et le second que l'esclavage du Sud est un foyer de guerre civile, d'émeutes, une menace à la paix civile[55].
Les militants réclamant l'émancipation et le droit à la citoyenneté de plein droit des Afro-Américains se regroupent au sein de l'American Anti-Slavery Society fondée en 1833 par William Lloyd Garrison et Arthur Tappan qui de 1835 à 1840 passe de 400 à 2 000 sections et qui compte 200 000 adhérents[56],[57]. Ils engagent des débats s'adressant aussi bien aux Blancs qu'aux Afro-Américains, déclenchent des conférences dans les universités, parmi celles-ci l'Oberlin College et l'Université Case Western Reserve vont devenir des foyers de diffusion des idées anti-esclavagistes et émancipatrices. Les plus radicaux d'entre eux contestent la Constitution américaine et différentes lois qui font obstruction au droit des Afro-Américains à obtenir l'égalité des droits civiques et vont fonder le Liberty Party[58],[59]. Ce nouveau parti, fondé en 1840 critique ouvertement la Constitution américaine et c'est le premier parti politique qui présente un candidat, James G. Birney, à une élection présidentielle, celles l'élection présidentielle de 1840 puis celle de l'élection présidentielle de 1844, pour réclamer l'égalité des droits civiques pour les Afro-Américains. Le parti ne recueille que 60 000 voix aux élections de 1844, ce qui conduit au constat qu'on ne peut se contenter d'une plateforme politique ne proposant que la fin de l'esclavagisme, leçon dont tiendront compte les Républicains pour l'avenir[60].
Tout comme Myrtilla Miner, les membres de l'American Anti-Slavery Society et du Liberty party doivent faire aux menaces, aux agressions verbales et physiques, aux boycotts et dans certains cas à l'emprisonnement[60].
Les Afro-Américains sont particulièrement actifs au sein de l'American Anti-Slavery Society, des leaders vont émerger James Forten, Peter Williams Jr., Robert Purvis, George Boyer Vashon (en), Abraham D. Shadd (en) et James McCrummel qui seront considérés comme les Pères fondateurs du mouvement des droits civiques. Ils sont rejoints par d'autres membres de l’élite afro-américaine tels que Samuel Cornish, Charles Bennett Ray (en), Christopher Rush[61], James W.C. Pennington, ensemble ils vont partager leurs idées et faire avancer la réflexion politique quant à l'émancipation des Afro-Américains. En 1847, Frederick Douglass est élu président de l'American Anti-Slavery Society, de la Nouvelle Angleterre. Douglass va se révéler comme un brillant orateur de la cause de l'émancipation comme d'autres Afro-Américains et Afro-Américaines tels que Charles Lenox Remond (en), Theodore S. Wright, John W. Jones (en), Sarah Parker Remond, Frances Harper, Sojourner Truth[62], etc. Pour diffuser leurs idées , en dehors de leurs diverses prises de paroles, ils vont écrire dans le premier journal afro-américain, le Freedom's Journal fondé en 1827 par John Brown Russwurm et de Samuel Cornish, puis le The Rights of All (en), la revue The Mirror of liberty[63] de David Ruggles (en) et le The North Star de Frederick Douglass[64],[65].
Frederick Douglass
Frederick Douglass (1817–1895) se fait remarquer par son éloquence lorsqu'il prend la parole à la convention anti-esclavagiste de 1841 de Nantucket dans le Massachusetts. Très vite il est présenté à diverses associations anti-esclavagistes et invité à donner des conférences. Il mène une campagne intense prônant l'assimilation, en s'appuyant sur deux arguments. Le premier, théologique est que les hommes descendent tous d'un premier couple, Adam et Ève, qu'il existe donc une unité du genre humain. Tous les hommes sont égaux en tant que créés par le même Dieu unique et par conséquent la division du genre humain en races va à l'encontre de la providence divine et de la loi naturelle. Le second est juridique et s’appuie sur la Constitution des États-Unis et sur la Déclaration d’Indépendance des États-Unis. Il reprend le passage de la Déclaration où il est proclamé « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. »[66] et de la Constitution il cite le préambule où il est écrit « Nous, le peuple des États-Unis, en vue de former une union plus parfaite, d'établir la justice, d'assurer la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer la prospérité générale et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous ordonnons et établissons la présente Constitution pour les États-Unis d'Amérique »[67]. Les Afro-Américains étant des humains aux droits inaliénables, il en déduit que l'esclavage est contraire aux principes fondateurs des États-Unis, au républicanisme américain comme il l'est vis-à-vis de la doctrine chrétienne[68],[69],[70].
Chemin de fer clandestin
À partir de la fin du XVIIIe siècle s'établit un réseau d'aide aux esclaves fugitifs pour qu'ils puissent se mettre à l'abri au Canada, le chemin de fer clandestin (Underground Railroad)[71]. Historiquement, il commence en 1804, quand le général Thomas Boude (en) poursuit un esclave fugitif du nom de Stephen Smith accompagné de sa mère. Quand il attrape les fugitifs à Columbia, la population prend le parti des Smith, et Thomas Boude est obligé de les libérer. Le sentiment de solidarité envers les fugitifs s'étend et à partir de 1819 se met en place dans la Caroline du Nord un réseau d'aide organisé par les associations anti-esclavagistes. Le nom d'Underground Railroad semble apparaître après 1831 avec le développement du chemin de fer reprenant l'expression Underground Road (route clandestine) pour désigner le passage clandestin d'un fugitif du Kentucky pour traverser la rivière de l'Ohio afin de rejoindre un état abolitionniste comme l’Ohio ou l’Illinois. Avec le train, les voyages se font de nuit dans des wagons de marchandises, parfois aménagés. Un réseau de Quakers s'établit pour aider les fugitifs, leur donner nourriture, couvertures, habits, argent et les recueillir entre deux voyages. Dans un premier temps, il s'agit de conduire les fugitifs dans des états abolitionnistes, mais des policiers et hommes de mains des planteurs les pourchassant, une nouvelle destination s'impose, d'autant qu'en 1850 le Congrès a voté le Fugitive Slave Act qui sanctionne tout marshal fédéral d’une amende allant jusqu’à 1 000 dollars et d'une peine d'emprisonnement de six mois en cas de refus d’arrestation d’un esclave fugitif[72],[73]. C'est un Blanc, John Fairfield (en) en opposition avec sa famille esclavagiste, qui va organiser les fuites vers un pays sûr le Canada. Arrivés au Canada, les Afro-Américains sont recueillis afin de leur trouver un emploi, un logement et leur apprendre à lire et à écrire. De nombreux fugitifs quitteront le Canada pour revenir dans les états du Sud et devenir des agents actifs du chemin de fer clandestin permettant à des milliers d'esclaves de trouver la liberté, le plus connu d'entre eux étant Elijah Anderson, surnommé le "Superintendant Général" du chemin de fer clandestin. Le gouverneur du Mississippi John A. Quitman a déclaré qu'entre 1810 et 1850 il y aurait eu 100 000 fugitifs, soit une perte pour les états du Sud de 30 000 000 $[74],[75],[76],[77].
Tensions entre le nord et le sud
Les polémiques entre esclavagistes et abolitionnistes, ne cessent de croître, les abolitionnistes font fi du Fugitive Slave Act et continuent leurs actions d'aide aux fugitifs. La parution de La Case de l'oncle Tom d'Harriet Beecher Stowe en 1852 se vend la première année à 300 000 exemplaires, ne fait que durcir les tensions entre le Sud et le Nord en fustigeant la civilisation sudiste et enflamme les abolitionnistes. Les tensions atteignent leur apogée avec John Brown qui appelle à l'insurrection armée pour abolir l'esclavage, en 1856, à Pottawatomie Creek, lui et ses hommes tuent cinq colons esclavagistes à coups de sabre au motif qu'ils font partie des « légions de Satan ». Il s'agit pour lui de répondre au massacre du Kansas de 1856, où des groupes organisés par le sénateur esclavagiste du Michigan David Atchison ont harcelé des colons non esclavagistes puis mis à sac la ville de Lawrence. En 1859, avec l'aide de dix-huit hommes[78], il s’empare d’un arsenal fédéral à Harpers Ferry, en Virginie pour lancer l’insurrection ()[79]. Le raid de John Brown contre Harpers Ferry tourne au désastre : aucun esclave ne le rejoint, Brown est grièvement blessé de plusieurs balles, et deux de ses fils sont tués. Il est jugé à Charleston pour meurtre et trahison[80] envers l'État de Virginie ; condamné à mort, il est exécuté par pendaison le [78],[81]. Avant son exécution, il affirme que « Si j'avais fait ce que j'ai fait pour les Blancs, ou pour les riches, personne ne me l'aurait reproché »[82]. Même s'il passe pour un fanatique voire un fou, il demeure que la cause abolitionniste possède son martyr, une véritable croisade anti-esclavagiste se déclenche en faisant de John Brown son héros, sa pendaison devient un élément déclencheur qui convainc l'opinion publique qu'il faut abolir l'esclavage. Les électeurs lors de l'élection présidentielle américaine de 1860 joignent le clan Républicain dont la plateforme politique comprend l'abolition de l'esclavage, les sudistes commencent à redouter la sécession[83].
L'élection d'Abraham Lincoln
La victoire d’Abraham Lincoln[84] du 6 novembre 1860 fait craindre dans les états du Sud que pour abolir l'esclavage, le gouvernement fédéral augmente son intervention sur les affaires intérieures de chaque État dans tous les domaines. Sans la question de l'esclavage, l'autorité de Washington eut été débattue sereinement. Mais en même temps cette question était posée depuis trop longtemps, elle s'est exacerbée avec le temps qui passe. Elle a ses racines même dans les débats autour de la Constitution et des idéaux américains, depuis presque un siècle abolitionniste et esclavagistes s'affrontent autour de deux visions différentes de la société américaine et de ses fondements. La sécession était en germe, elle n'a pu être évitée que par des compromis temporaires qui n'ont fait que retarder l'explosion[85].
Les hésitations
Quand Lincoln arrive au pouvoir en février 1861, onze états du Sud ont fait sécession (Arkansas, Texas, Louisiane, Mississippi, Alabama, Géorgie, Floride, Caroline du Sud, Caroline du Nord, Tennessee et Virginie[86]) pour constituer les États confédérés d'Amérique[87] et ont élu le sénateur du Mississippi, Jefferson Davis, président des États confédérés qui appelle à la formation d'une armée le [88],[89],[90],[91]. Le premier affrontement armé a lieu au Fort Sumter, où les armées sudistes bombardent le fort les et cette bataille de Fort Sumter déclenche la guerre de sécession[92],[93],[94].
Aussitôt des Afro-Américains se présentent pour s'enrôler dans l'armée de l'Union, mais ils sont refoulés provoquant l'incompréhension, pire sur la ligne de front des officiers nordistes repoussent des esclaves fugitifs, certains officiers de l'Union autorisent les propriétaires d'esclaves à franchir la ligne de front pour récupérer les fugitifs ! Il faut que la Chambre des représentants vote le une loi pour interdire le retour des fugitifs vers les états du Sud.
Les fugitifs franchissent par milliers les lignes de front, des camps s'établissent pour les contenir. À partir de 1862 des associations d'aide aux fugitifs se constituent comme The Western Freedmen's Aid Commission, Freedmen's Aid Society (en), The Friends Association for the Relief of Colored Freedmen, etc., toutes ces associations fusionnent en 1865 au sein de The American Freedmen's Aid Commission[95]. Des églises se rassemblent dans des associations comme l'American Missionary Association[96] ou The United States Christian Commission (en)[97] pour apporter des aides alimentaires et vestimentaires auprès des fugitifs réfugiés et créer des écoles pour une majorité qui n'avait pas eu droit à un minimum d'instructions. Le général Nathaniel Prentice Banks[98], établit un système d'éducation publique dans le département du Golfe qui en 1864 comptait 95 écoles, avec 162 enseignants, dont 130 viennent des états du Sud ou sont des Afro-Américains, dispensant des cours pour plus de 12 000 élèves[99],[100]. Des Afro-Américains se mettent à leur tour à créer des écoles, la personnalité la plus célèbre étant Susie Taylor qui fut la première afro-américaine à ouvrir une école pour les esclaves fugitifs[101],[102],[103],[104].
En 1862, la question de l'enrôlement des Afro-Américains dans l'armée se résout, malgré les hésitations du Général en chef, William T. Sherman, le général David Hunter franchit le pas en constituant la première unité militaire afro-américaine le 1st South Carolina Volunteers[105],[106], il est suivi par d'autres généraux de l'Union tels que Augustus Louis Chetlain, Lorenzo Thomas, Benjamin Franklin Butler (homme politique)[107],[104].
La proclamation d'émancipation de 1863
Dans un premier temps, bien que le président Lincoln soit viscéralement anti-esclavagiste, en revanche en tant que président il doit faire face aux contraintes politiques dans un contexte de guerre civile à l'issue incertaine. C'est pourquoi, il mène une politique d'émancipation progressive basée sur le volontariat avec des compensations financières pour ménager les états esclavagistes fidèles à l'Union : le Missouri, le Kentucky, le Maryland et le Delaware. Il lui faut également maintenir sa majorité composée de Républicains et de Démocrates, si globalement les Républicains sont anti-esclavagistes, en revanche, les Démocrates du nord sont divisés sur la question comme l'ont montré l'élection présidentielle de 1860. Aussi il propose un compromis en proposant une émancipation progressive pour les états esclavagistes avec un versement de compensation pour les propriétaires. Pour cela il fait sa proposition auprès d'élus du Missouri, du Kentucky , du Maryland et du Delaware, ils répondent par une fin de non recevoir et de l'autre côté la proposition déclenche une colère des élus républicains abolitionnistes. Ne trouvant pas de consensus, Lincoln va trancher, le , il signe une déclaration abolissant l'esclavage sur les territoires, le , il signe une déclaration qui devient une loi affranchissant tout esclave fugitif. Puis avec son secrétaire d'État William Henry Seward et son secrétaire au Trésor Salmon P. Chase il étudie le contenu d'une proclamation abolissant l'esclavage sur l'ensemble des États-Unis qui soit prête pour janvier 1863. Les divers succès militaires contre les armées confédérées lèvent tout obstacle. Le , se tient au Tremont Temple (en) de Boston, une assemblée représentative d'abolitionnistes blancs comme afro-américains, y sont présents parmi d'autres : Frederick Douglass, William Lloyd Garrison, Harriet Beecher Stowe, William Wells Brown, Charles Bennett Ray (en), tous sont au courant du contenu et de la date de la proclamation présidentielle et prient pour son succès. Le , Abraham Lincoln signe la Proclamation d'émancipation. Si cette proclamation est une avancée certaine, elle mécontente des élus abolitionnistes car elle ne prévoit pas l'accès à la citoyenneté américaine pour les affranchis. La proclamation déclenche un séisme dans les états du Sud, les esclaves fuient par dizaines de milliers, privant l'économie du sud d'une force de travail majeure. Au fur et à mesure que les lignes avancent dans les états du Sud, les esclaves s'enfuient des plantations et de leurs divers lieux de travail. Divers propriétaires d'esclaves se plaignent des actes de désertion ou d'insubordination et craignant des actes de représailles, beaucoup renonce à sanctionner ces actes. Dans certains endroits, les propriétaires rejoignent les troupes de l'Union pour demander leur protection, tellement ils craignent des insurrections vengeresses sanglantes. Au contraire dans l’Alabama ou la Géorgie des Afro-Américains sont pendus par mesure de prévention de risque d'insurrection. Or les cas d'insurrection furent marginaux, les Afro-Américains étant surtout désireux de garantir leur avenir de personnes libres[108]
En 1863, l'armée des États confédérés manquant de main d"œuvre pour sa logistique fait passer une loi pour embrigader de forces 20 000 esclaves, embrigadement qui fut un échec car il s'est opposé aux propriétaires qui n'appréciaient guère d'être privés de leurs travailleurs et par les esclaves qui se sont montrés récalcitrants vis-à-vis d'impératifs de travail plus durs que la vie sur les plantations. le seul succès fut l'embauche de cuisiniers afro-américains à qui il était versé une solde de 15 $ par mois ainsi que la vêture. D'autres Afro-Américains ont servi dans l'armée des États confédérés en tant qu'aide-soignants, cocher d'ambulance, mécaniciens. de nombreux travaux de fortifications furent également réalisés par les esclaves embrigadés, mais dès qu'ils apercevaient les troupes nordistes, ils désertaient[109].
La participation des Afro-Américains dans l'armée de l'Union
La proclamation de 1863, ouvre les portes de l'armée de l'Union aux Afro-Américains, ces derniers se pressent par milliers, des figures afro-américaines comme Frederick Douglass ou Henry McNeal Turner[110],[111] font des meetings pour encourager l'enrôlement des Afro-Américains. À la fin de la guerre de sécession on compte qu'il y a eu à peu près 180 000 Afro-Américains qui ont servi dans les troupes de l'Union (infanterie, artillerie, train, hôpitaux de campagne), soit 10% des effectifs, et 19 000 dans la marine. Les pertes se montent à 40 000 hommes. Les régiments afro-américains vont s'illustrer lors de diverses batailles : bataille de Milliken's Bend[112], au siège de Port Hudson[113], au siège de Petersburg[114], à la bataille de Nashville[115], à la seconde bataille de Fort Wagner[116],[117]. Seize soldats afro-américains seront récipiendaires de la Medal of Honor qui est la plus haute décoration militaire décernée par les États-Unis[118],[119].
Combattre demandait un certain courage car lorsqu'ils étaient faits prisonniers par les Confédérés, ils étaient la plupart du temps exécutés par pendaison ou renvoyés à leurs propriétaires qui les accueillaient avec le fouet. Pour faire cesser cette mesure contraire aux lois de la guerre, Lincoln avertit que toute condamnation à mort de prisonniers de guerre commise par les sudistes entraînera l'exécution d'un prisonnier sudiste, que toute mise en esclavage d'un prisonnier nordiste entraidera une condamnation aux travaux forcés d'un prisonnier sudiste[120].
La plupart des régiments étaient sous le commandement d'officiers blancs, mais au fur et à mesure quelques régiments furent mis sous commandement d'officiers afro-américains comme les régiments du Corps d'Afrique fondé par le général Benjamin Franklin Butler. D'autres Afro-Américains serviront comme chirurgiens au sein des hôpitaux de campagne ou aumôniers militaires. Les discriminations sur le montant de la solde et les frais de vêture cesseront en 1864[120].