Musée des Beaux-Arts de Lyon
musée des Beaux-arts de Lyon, France / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Le musée des Beaux-Arts de Lyon est un musée municipal situé sur la place des Terreaux à Lyon (France) dans l'abbaye de Saint-Pierre-les-Nonnains, plus connu sous le nom de palais Saint-Pierre.
Type | |
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Ouverture |
1801 |
Dirigeant | |
Surface |
14 800 m2 dont 6 900 m2 d'espaces d'exposition[1] |
Visiteurs par an | |
Site web |
Collections |
Antiquités égyptiennes, grecques et romaines, peintures du XIVe au XXe siècle, sculptures, objets d'art, pièces et médailles, arts graphiques |
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Nombre d'objets | |
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Protection |
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Pays | |
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Adresse | |
Coordonnées |
Voulu dès le XVIIIe siècle par les élites lyonnaises, il est formalisé pendant la Révolution française, fondé officiellement en 1801 et ouvert en 1803. Durant le XIXe siècle, il partage ses locaux avec l'École des beaux-arts de Lyon et ses collections contiennent de nombreuses pièces archéologiques ou historiques. Deux particularités donnent une orientation particulière au musée à cette époque : un salon des fleurs, destiné aux dessinateurs de l'industrie soyeuse locale et des salles vouées à l'accrochage de tableaux de peintres lyonnais. Cette priorité donnée à l'acquisition d'œuvres d'artistes locaux n'empêche pas le musée de s'enrichir d'œuvres prestigieuses, telle La Lapidation de saint Étienne, premier tableau connu de Rembrandt.
Sous la Troisième République, l'agrandissement du musée et une politique d'acquisition d'œuvres contemporaines plus ambitieuse donnent à la collection une vocation encyclopédique. Sous les auspices d'Édouard Aynard, le musée lyonnais est également un des premiers à oser se tourner vers les avant-gardes de l'époque, avec notamment Nave Nave Mahana de Paul Gauguin.
Durant le XXe siècle, cette politique se poursuit avec plus ou moins de difficultés. Avec René Jullian, le musée commence à organiser des expositions ambitieuses d'art moderne, qu'il poursuivra plus ou moins intensément en fonction des directeurs. Le musée s'agrandit et se spécialise à la fois par la cession d'une partie de ses collections au musée Gadagne et au Musée gallo-romain de Fourvière, et par la récupération des locaux après le départ de l'école des Beaux-Arts et de l'Académie de Lyon. À la fin du XXe siècle, le musée connaît une transformation importante avec le transfert des collections d'art contemporain au Musée d'Art contemporain et une rénovation très importante des salles. La directrice actuelle est Sylvie Ramond.
Le musée présente au public environ 700 peintures, choisies parmi une collection de 2 000 œuvres, dans 35 salles selon un ordre chronologique qui ne propose pas un découpage des écoles européennes de peinture. Les sections les plus riches sont la peinture vénitienne de la Renaissance, la peinture du XVIIe siècle, la peinture française du XIXe siècle et la peinture de la première moitié du XXe siècle. Le département des sculptures dispose de 1 300 pièces exposées en trois endroits : au premier étage pour les œuvres anciennes, dans la chapelle pour les récentes et quelques-unes dans le jardin.
Le public peut également admirer une grande collection d'objets de l'Antiquité, avec des pièces égyptiennes, du Proche-Orient ancien, de la Grèce et de l'art étrusque. Il dispose d'une riche collection d'objets d'art, essentiellement du Moyen Âge, mais aussi d'objets islamiques, asiatiques, Art nouveau et Art déco. Le médaillier du musée des Beaux-Arts de Lyon possède une riche collection, tout comme le cabinet d'arts graphiques, avec des dessins et gravures de toutes époques.
La Révolution et la création du musée
À Lyon, comme dans toute la France, les révolutionnaires entendent rassembler en un même lieu les œuvres d’art saisies ou confisquées au clergé et à la noblesse pour les montrer au public, afin d’éduquer le peuple et d’« encourager les arts »[8]. Les saisies révolutionnaires locales sont réunies et un premier état des lieux est constitué en 1792 par le peintre Philippe-Auguste Hennequin et le père Joseph Janin qui fournissent au directoire de district une première liste d'œuvres conservées, dont 300 tableaux[9]. Plusieurs personnes s'associent à cette volonté générale de créer un lieu inspirant les artistes tel celui qui en devient le premier conservateur François Artaud et ses amis les peintres Pierre Révoil et Fleury Richard, qui ont à l'esprit comme modèle le musée des monuments français d'Alexandre Lenoir et le Musée du Louvre[10].
L’idée germe dans l’esprit des autorités de la ville de créer un muséum dans l'ancienne abbaye des Dames de Saint-Pierre. Cette volonté officielle est motivée avant tout par le besoin de relancer l’industrie soyeuse à Lyon, basée sur l’art du dessin, et qui a subi un brutal coup d'arrêt à cause des ravages du siège qu'a subi la ville en 1793. C’est pourquoi le député du Rhône au Conseil des Cinq-Cents, Étienne Mayeuvre de Champvieux, fait la demande au gouvernement d’envoyer à Lyon « quelques tableaux des trois écoles »[11] dont « quelques Van Huysum pour l’étude de la fleur, étude essentielle pour Lyon »[12]. Il faut en effet que les dessinateurs des fabriques de soieries puissent se former « par la vue des chefs-d’œuvre de l’art »[12]. L’État témoigne de sa bonne volonté en envoyant, les mois qui suivent, six tableaux de fleurs et d’animaux[13]. La décision de fonder ce muséum dans l'abbaye Saint-Pierre est actée par un arrêté du . La décision des autorités nationales tarde et le projet est relancé à plusieurs reprises, dont en 1799 par Étienne Mayeuvre de Champvieux, député au Conseil des Cinq-Cents[9].
Mais c’est le décret consulaire du , le fameux arrêté Chaptal, qui va accomplir le dessein des révolutionnaires lyonnais : des musées sont créés dans quinze villes de province, et celui de Lyon figure en tête de liste[13]. Le musée lyonnais est par ailleurs celui qui obtient la plus importante dotation de l'État[10].
Un second décret du 13 avril 1802 acte son installation dans le palais Saint-Pierre, aux côtés d'une école de dessin et de la chambre de commerce, sous le nom de Conservatoire des arts[14]. En effet, la municipalité a destiné le palais à accueillir des institutions d’utilité publique dans le domaine de l’instruction et du commerce. À cette époque, l'École des Beaux-Arts a une destination utilitariste avec une classe de la fleur pour former des dessinateurs pour l'industrie soyeuse de la ville[15].
Les débuts du musée
Une première salle est ouverte au public le , au premier étage de l'aile sud, dans l'ancien chauffoir de l'abbaye. Elle accueille les visiteurs le mercredi, de dix heures à treize heures[notes 1]. Plusieurs envois de l'État, en 1803, 1805 et 1811, sont déterminants pour la constitution des collections du musée des Beaux-Arts : près de 110 tableaux arrivent à Lyon[16]. On y trouve des œuvres majeures, notamment de la main du Pérugin, de Véronèse, Le Tintoret, Guerchin, Rubens, Jordaens, Champaigne et Jouvenet[17]. Dès lors, le musée de Lyon se hisse au premier rang des musées de province. La plupart de ces œuvres proviennent des saisies révolutionnaires ainsi que des pillages d'œuvres d'art de Napoléon Ier et ses armées en Italie et en Europe du Nord. Au sein du musée on aménage le musée de peintures qu'inaugure le comte d'Artois le et le cabinet des Antiques. Après la chute du Premier Empire, seuls huit des tableaux volés à l’étranger sont restitués[18].
Le premier véritable conservateur du nouveau musée est François Artaud (1767-1838), nommé en 1806, et qui reste à sa tête jusqu’en 1830, année où il démissionne, refusant de prêter serment à la monarchie de Juillet[19],[16]. Peu avant 1815, il crée le Salon des Fleurs du musée, qui présente notamment des œuvres de Jan van Dael et Jan van Huysum. Archéologue, Artaud est également à l’origine de la collection d'antiques de l'institution : sous les arcades du cloître, il rassemble des inscriptions lapidaires, des bronzes et des mosaïques qui illustrent le prestige et l'importance de Lyon à l'époque romaine, quand celle qui se nommait Lugdunum était la capitale des Gaules[20]. On y trouve notamment deux pièces de première importance : la table claudienne et la mosaïque des Jeux du cirque, aujourd’hui conservées au musée gallo-romain de Fourvière[18]. Mais la collection antique dépasse rapidement le seul cadre gallo-romain : Artaud collectionne dans son cabinet des objets égyptiens que Champollion vient d'ailleurs étudier à plusieurs reprises[20]. Huit stèles égyptiennes entrent notamment au musée en 1824 grâce à un don de Bernardino Drovetti, consul de France à Alexandrie[21]. Artaud est également à l’origine de l’acquisition de l’un des chefs-d’œuvre du musée, la Korê athénienne, achetée entre 1808 et 1810[20]. Sous l'autorité d'Artaud, l'institution prend une véritable dimension muséale avec un accrochage cohérent et d'édition d'un catalogue en 1808, sortant du cadre étroit de lieu de formation des dessinateurs industriels locaux[16].
Bientôt, la collection de peintures s'élargit aux artistes lyonnais contemporains qui, grâce à l'École des Beaux-Arts de la ville, s'appliquent désormais à d'autres genres que la seule peinture de fleurs. En effet, les artistes de l'École de Lyon sont acclamés par la critique et le public parisien au salon de 1819, ce qui consacre Lyon non plus seulement comme ville industrielle mais aussi comme ville d'artistes[21]. Le musée n'a donc plus une raison d'être purement utilitaire et le salon des fleurs disparaît finalement vers 1840. À partir des années 1820, les crédits d'acquisition vont d'ailleurs être quasiment uniquement consacrés à la création d'une « galerie des Artistes lyonnais » qui, lors de son ouverture le , possède déjà pas moins de 87 tableaux et 18 dessins[22], alors que la faveur du public pour les peintres lyonnais s'est déjà essoufflée depuis longtemps[21].
Entretemps, à partir de 1834, le musée, qui n'a cessé de s'enrichir depuis son ouverture, est restructuré afin de devenir un écrin pour les collections qu'il abrite. L'architecte René Dardel (1796-1871) est chargé de créer des espaces nouveaux ainsi que des décors raffinés. Aujourd'hui, on peut avoir une idée de l'œuvre de Dardel dans la salle du médaillier (qui était la « salle des marbres modernes » à l'époque de sa conception), dont le somptueux décor est le seul exemple de la restructuration des années 1830 encore en place au musée.
Pour ce qui est d’élargir la collection de peinture moderne au-delà de l'horizon lyonnais, le musée s’en remet, jusque dans les années 1880, aux dépôts et envois de l'État. Ainsi, Lyon reçoit des peintures et des sculptures d'artistes français importants comme Eugène Delacroix (Dernières paroles de l’empereur Marc Aurèle), Antoine-Louis Barye (le Tigre), Antoine Étex (Caïn et sa race maudits de Dieu) ou James Pradier (Odalisque). L'État envoie néanmoins des œuvres d’artistes lyonnais reconnus comme Pierre Puvis de Chavannes (L'Automne) ou Hippolyte Flandrin (Dante et Virgile)[21].
Si elle ne bénéficie plus des envois de l'État, la collection de peinture ancienne s'enrichit tout de même de quelques œuvres importantes grâce à des achats heureux comme La Lapidation de saint Étienne, première œuvre connue de Rembrandt, ou encore deux Hyacinthe Rigaud qui font ainsi leur entrée au musée[22].
L'âge d'or du musée (1878-1920)
À la fin du Second Empire, le musée connaît une période de relative stagnation, due notamment au manque de place pour la conservation et l'exposition des œuvres ainsi qu'à l'essoufflement de la politique d'acquisition, qui se concentrait alors, pour ce qui est de la peinture tout du moins, essentiellement sur les artistes lyonnais. Un élan nouveau est donné par la municipalité à partir de 1878. C’est à cette date, en effet, que sont décidés des travaux de rénovation et d’agrandissement du musée, sous la direction de l’architecte de la ville Abraham Hirsch. Il construit une aile nouvelle ainsi que le monumental escalier, inauguré en 1884, aujourd'hui connu sous le nom d'escalier Puvis de Chavannes car le peintre lyonnais y installe son œuvre Le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses.
Celui-ci dessert deux nouvelles grandes galeries d'exposition, l'une pour les maîtres anciens, l'autre pour les maîtres modernes. Le fonctionnement de l'institution est également modifié : désormais, le musée s’organise autour d’un conseil d’administration composé d’amateurs, d’artistes et d’érudits et présidé pendant près de vingt ans par Édouard Aynard (1837-1913), banquier, homme politique et collectionneur lyonnais. Ce conseil, même s'il se voit privé d’une partie de ses pouvoirs, jugés trop étendus par la municipalité dès 1897, pour ne devenir qu’une commission consultative vouée aux acquisitions, donne néanmoins une impulsion nouvelle à l’enrichissement des collections, impulsion qui va se prolonger jusqu’à la Première Guerre mondiale[23]. Aynard et ses conseillers ont su combler intelligemment les lacunes du musée en imposant des objectifs ambitieux et en acquérant des œuvres de grande qualité. Cette politique était servie par plusieurs donations, non sous forme de dons d'œuvres d’art, peu nombreux, mais de fondations financières importantes[23]. En effet, plus que par les dons qu’ont pu connaître d'autres musées français comme Nantes (grâce aux frères Cacault), Lille (grâce à Wicar) ou Montpellier (grâce à Fabre), le musée de Lyon, c'est son originalité, s'est surtout constitué et enrichi grâce aux achats[23]. Et même si des legs ont permis de faire entrer des ensembles importants au musée (comme celui de Jacques-Amédée Lambert pour l'archéologie et les objets d'art), ils sont sans commune mesure avec les prestigieux exemples nantais, lillois et montpelliérains, pour ne citer qu'eux.
Cet aspect de la constitution des collections est à l'origine du caractère encyclopédique du musée, un cas pratiquement unique en province, Aynard et ses successeurs s'efforçant de compléter le plus judicieusement possible les collections par leurs achats. Ceux-ci sont nombreux : en vingt ans à partir de 1880, des acquisitions réalisées en Italie (à Rome, Florence et Venise) et à Paris permettent de constituer une collection de sculptures de la Renaissance forte de 35 pièces environ dont le Saint Jean-Baptiste de Mino da Fiesole[24]. À la même époque, grâce à l'action de Jean-Baptiste Giraud (1844-1910), qui participe à toutes les grandes ventes parisiennes, est rassemblée la plus grande partie de la collection d'art islamique. C’est lui qui crée et organise véritablement le département des objets d'art du musée. Le département des antiquités s'enrichit, lui, de quelques-uns de ses plus beaux vases et bronzes, grecs ou étrusques. Mais les acquisitions les plus spectaculaires sont réalisées dans le domaine de la peinture moderne. Le musée des Beaux-Arts, avec l’achat en 1901 de la Guitariste de Renoir à la galerie Durand-Ruel, est le premier musée hors de Paris à avoir l'audace de constituer un ensemble de peintures impressionnistes. On y trouve notamment Le Café-concert aux ambassadeurs d'Edgar Degas et le Nave Nave Mahana de Paul Gauguin, première peinture de l'artiste à entrer dans un musée français, en 1913[24].
De l'après-guerre aux années 1950
Cet effort d’enrichissement des collections est poursuivi sur les mêmes bases après la Première Guerre mondiale mais avec des moyens réduits, à cause de la dévaluation des fondations financières. Ainsi Henri Focillon, directeur du musée de 1913 à 1924, parvient à acquérir pendant la guerre le très bel ensemble de céramiques d’Extrême-Orient réuni par Raphaël Collin. Et c’est grâce à son successeur, Léon Rosenthal (à la tête de l’institution de 1924 à 1932), qu’est ouverte dès 1926 une salle consacrée aux arts décoratifs modernes. Néanmoins, sous ces deux directorats, l’esprit audacieux qui s'était manifesté au début du siècle à travers l’acquisition de peintures modernes s’estompe : aucune œuvre cubiste ou abstraite ne fait son entrée au musée durant les années 1920 et 1930[25]. On préfère aux œuvres des représentants de ces mouvements novateurs des peintures de Pierre Bonnard, Édouard Vuillard ou Léonard Foujita.
Dans les années 1950, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, René Jullian, directeur du musée de 1933 à 1963, va tenter de combler ces lacunes au prix de grandes difficultés alors que les autorités municipales lui sont hostiles. Il parvient tout de même à des résultats importants : il est le premier à faire entrer un tableau de Jean Dubuffet dans un musée français (avec son Paysage blond, acquis en 1952)[25] et il est à l’origine de plusieurs dons : Pablo Picasso en 1953, Georges Braque et Albert Gleizes en 1954 notamment. À cette époque, le musée s’étend à nouveau dans le palais Saint-Pierre, dont il finit par être le seul occupant, en récupérant d’abord les locaux de l’École des Beaux-Arts puis ceux de l’Académie de Lyon (en 1970), parties s’installer ailleurs.
La nécessité d'un redéploiement (1960-1980)
En 1969 surviennent deux événements qui vont susciter de profonds changements dans l’organisation du musée et l’obliger à un redéploiement radical de ses collections, comme cela avait été fait près d’un siècle plus tôt. En effet, cette année-là, le musée des Beaux-Arts se voit amputé d’une bonne partie des œuvres du département des antiquités, les objets gallo-romains étant transférés vers un nouveau musée situé à Fourvière. Ce départ est cependant compensé par l’arrivée au palais de la grande majorité des collections égyptologiques provenant des fouilles effectuées en 1909-1910 à Coptos par Adolphe Reinach et jusque-là conservées au Musée Guimet de Lyon[25]. Dès lors, ces bouleversements nécessitaient de repenser l’organisation du département des antiquités, mais aucun projet d’envergure ne fut entrepris. De plus, quelques années plus tard, le musée se décidait à donner toute son ampleur à la place de l’art moderne et contemporain dans ses collections en créant, en 1984, une section d’art contemporain dans l’aile dite du Nouveau Saint-Pierre, section qui devient vite autonome et développe rapidement ses collections[26]. Dans les années 1980, le manque de place dans les salles (qui oblige à entasser des œuvres importantes dans des réserves déjà encombrées), la vétusté et la faible étendue des structures d’accueil du public ainsi que le délabrement de certaines parties du bâtiment rendent une nouvelle fois nécessaire une rénovation complète et une extension du musée[26].
La rénovation et l'extension du musée
En 1989, dans le cadre des Grands Travaux entrepris par le ministère de la Culture, l'État et la ville de Lyon se mettent d’accord sur un projet qui va durer près de dix ans. Les travaux sont confiés aux architectes Jean-Philippe Dubois et Jean-Michel Wilmotte. 4 500 m2 d’espaces sont gagnés sur l’aile du nouveau Saint-Pierre, ce qui oblige à reloger le Musée d’art contemporain, qui part vers un nouveau bâtiment plus spacieux situé quai Achille-Lignon[26]. Des espaces d’expositions temporaires y sont créés. Les sculptures du XIXe siècle sont déplacées dans la chapelle, les peintures (dont celles de l’École lyonnaise, autrefois exposées à part) sont regroupées au deuxième étage du palais où elles bénéficient d’un éclairage zénithal tandis qu’au premier étage sont installés les départements des Antiquités, des Objets d’art et le Cabinet d’arts graphiques. Enfin, des espaces d’accueil du public, dont une salle de conférence, sont créés au rez-de-chaussée et au premier étage de l’aile sud.
En 1998, à la fin des travaux, qui ont été réalisés en cinq tranches pour éviter une fermeture totale au public, le musée se déploie sur 14 800 m2 entièrement rénovés et présente ses collections au travers de 70 salles d’exposition permanente[26]. Cette renaissance du musée est heureusement accompagnée par le legs le plus important qu’il ait jamais connu depuis sa création[27] : celui de la lyonnaise Jacqueline Delubac (1907-1997). Épouse de Sacha Guitry, cette célèbre comédienne avait réuni au cours de sa vie une importante collection d’art moderne et avait également hérité de Myran Eknayan, son second mari, d’un ensemble majeur de peintures impressionnistes. Grâce à elle, à l’occasion de la réouverture complète du musée, ce sont des œuvres de Braque, Rouault, Léger, Picasso, Miró, Dubuffet, Bacon ainsi que de Manet, Degas, Renoir, Monet, Corot, Bonnard ou encore Vuillard, qui ont rejoint les collections[27].
En 2009, à la suite de l'acquisition de La Fuite en Égypte de Poussin (en 2008), dont le musée ne possédait jusqu'ici aucune œuvre, est fondé le Club du musée Saint-Pierre[notes 2], fonds de dotation au bénéfice du musée réunissant de grandes entreprises implantées à Lyon. Première en France, cette structure de mécénat a permis au Musée des Beaux-Arts de réaliser plusieurs acquisitions importantes depuis 2009 pour continuer à enrichir ses collections, malgré le contexte de restrictions budgétaires dû à la crise économique : sont ainsi entrés au musée trois œuvres de Pierre Soulages en 2011, deux tableaux de Jean-Honoré Fragonard et un tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres en 2013, une œuvre de Corneille de Lyon en 2015 et à nouveau un Poussin, avec l'acquisition de La Mort de Chioné (peint à Lyon en 1622) en 2016.
Le , le musée lance pour la première fois une souscription auprès du public pour finaliser l'acquisition du tableau d'Ingres, L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint[28].
En 2015, le musée renouvelle l'opération de souscription publique et acquiert le tableau de Corneille de Lyon grâce au Cercle Poussin[notes 3], à la Fondation Bullukian et à plus de 1 300 donateurs[notes 4].
Dans le classement 2017 des musées de métropole établi par Le Journal des arts, lequel combine de nombreux critères qualitatifs relatifs aux établissements considérés, le musée arrive en première position, suivi de très près par le Musée des Beaux-Arts de Rouen[29].
Le palais Saint-Pierre dans son ensemble (hors parties classées) fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le . Ses façades et toitures sont classées au titre des monuments historiques depuis le [notes 5].
- La façade du musée de la place des Terreaux en novembre 2015.
Jardin
Ce jardin municipal prend place au cœur de l’ancien cloître de l’abbaye bénédictine. Situé en plein centre-ville, sur la presqu’île, il est particulièrement aimé des Lyonnais pour son calme et son atmosphère reposante. Son architecture a largement été modifiée au XIXe siècle. C'est de cette époque que datent les peintures murales sous les arcades, qui reproduisent notamment le nom de Lyonnais célèbres, ainsi que les médaillons ornant les frontons. La fontaine du bassin circulaire au centre du jardin se compose d'un sarcophage antique surmonté d'une statue d'Apollon, dieu des arts. Plusieurs statues d'artistes du XIXe siècle appartenant aux collections du musée ont par ailleurs été installées dans le jardin. Elles sont détaillées plus bas dans cet article. Font notamment partie de cet ensemble des œuvres d'Auguste Rodin et Léon-Alexandre Delhomme.
Réfectoire baroque
Le réfectoire baroque[notes 6], réalisé au XVIIe siècle sous la direction de Thomas Blanchet et rénové depuis, sert aujourd’hui à l’accueil des groupes. Par l'exubérance de son décor, il est l'un des principaux témoignages de l'art baroque à Lyon et du faste de l'abbaye royale des Dames de Saint-Pierre au XVIIe siècle. Fait étonnant, il a survécu aux destructions révolutionnaires du décor intérieur du musée, alors que sa décoration était entièrement à thème religieux. Le réfectoire est orné de deux peintures monumentales se faisant face de chaque côté de la pièce. Le thème de ces peintures est lié au repas, en fonction de la destination originelle du lieu. Il s’agit de la Multiplication des pains et de La Cène de Louis Cretey. Trois autres peintures de Cretey décorent les oculi du plafond. Le reste du décor, constitué de sculptures, a été réalisé par Nicolas Bidaut et Simon Guillaume. Enfin, Marc Chabry a réalisé les armoiries visibles à plusieurs endroits de la salle, notamment au plafond, dont celles des sœurs de Chaulnes.
Le musée a présenté une exposition sur Louis Cretey[notes 7] du 22 octobre 2010 au 24 janvier 2011. La restauration du réfectoire s'est déroulée d'avril à juin 2010[30].
- Louis Cretey, La Cène.
- Louis Cretey, La Multiplication des pains.
- Louis Cretey, L'Assomption de la vierge.
- Louis Cretey, L'Ascension du Christ.
- Louis Cretey, Le Prophète.
Salle de la lanterne
La salle de la lanterne est située au-dessus de la coupole du grand escalier Thomas Blanchet. La construction de l'escalier et de la balustrade remonte aux alentours de 1680. Au centre se trouve un cylindre de maçonnerie qui comporte un enrochement à sa base et donne sur une lanterne néo-classique avec rinceaux de stuc, probablement construite autour de 1813-1814 par l'architecte Gay.