Napoléon Ier
général, Premier consul puis, empereur des Français / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Napoléon Bonaparte (de son nom de baptême Napoleone Buonaparte), né le à Ajaccio et mort le sur l'île de Sainte-Hélène, est un militaire et homme d'État français. Il est le premier empereur des Français du au et du au , sous le nom de Napoléon Ier.
« Napoléon » redirige ici. Pour les autres significations, voir Napoléon (homonymie) et Bonaparte (homonymie).
Napoléon Bonaparte | |
Nom de naissance | Napoleone Buonaparte |
---|---|
Naissance | Ajaccio Royaume de France |
Décès | (à 51 ans) Île Sainte-Hélène Royaume-Uni |
Origine | Corse |
Allégeance | Royaume de France République française Empire français |
Grade | Général de division |
Années de service | 1785 – 1815 |
Commandement | Armée de l'Intérieur Armée d'Italie Armée d'Orient Commandant en chef de l'armée napoléonienne |
Conflits | Guerres de la Révolution française Guerres napoléoniennes |
Faits d'armes | Siège de Toulon Insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV Bataille du pont d'Arcole Bataille de Rivoli Bataille des Pyramides Bataille de Marengo Bataille d'Austerlitz Bataille d'Iéna Bataille d'Eylau Bataille de Friedland Bataille de Leipzig Bataille de Waterloo |
Autres fonctions | Premier consul (1799 – 1804) Empereur des Français (1804 – 1814 ; 1815) |
Généraux de la Révolution et du Premier Empire | |
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Second enfant de Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, Napoléon Bonaparte devient en 1793 général dans les armées de la Première République française, née de la Révolution, où il est notamment commandant en chef de l'armée d'Italie puis de l'armée d'Orient. Arrivé au pouvoir en 1799 par le coup d'État du 18 Brumaire, il est Premier consul — consul à vie à partir du — jusqu'au , date à laquelle l'Empire est proclamé par un sénatus-consulte suivi d'un plébiscite. Il est sacré empereur, en la cathédrale Notre-Dame de Paris, le , par le pape Pie VII, en même temps que son épouse Joséphine de Beauharnais.
En tant que général en chef et chef d'État, Napoléon tente de briser les coalitions montées et financées par le royaume de Grande-Bretagne et qui rassemblent, à partir de 1792, les monarchies européennes contre la France et son régime né de la Révolution. Il conduit les armées françaises d'Italie au Nil et d'Autriche à la Prusse et à la Pologne : les nombreuses et brillantes victoires de Bonaparte (Arcole, Rivoli, Pyramides, Marengo, Austerlitz, Iéna, Friedland), dans des campagnes militaires rapides, disloquent les quatre premières coalitions. Les paix successives, qui mettent un terme à chacune de ces coalitions, renforcent la France et donnent à Napoléon un degré de puissance jusqu'alors rarement égalé en Europe, lors de la paix de Tilsit (1807).
Napoléon Ier réforme durablement l'État, en restaurant son autorité et sa primauté. La France connaît d'importantes réformes, qui font de Napoléon l'un des pères fondateurs des institutions contemporaines françaises. En ce sens, les codifications napoléoniennes, dont le Code civil de 1804, permettent de renforcer les libertés individuelles ou l'égalité des citoyens devant la loi, en opérant une synthèse par la garantie de certains acquis révolutionnaires et la reprise de principes traditionnels issus de l'Ancien Régime. L'administration française est réorganisée, avec la création des préfets dans les départements. De même, une nouvelle monnaie émerge, le franc, tandis qu'est instaurée la Banque de France. Le Conseil d'État est également créé, tout comme les lycées.
Il tente également de renforcer l'empire colonial français de l'Ancien Régime en outre-mer. Alors que la révolution haïtienne tourne à la sécession dans cette colonie, Napoléon rétablit l'esclavage en 1802. Toujours pour des raisons politiques, Napoléon revend paradoxalement la Louisiane aux États-Unis, en 1803. Il perd cependant la plupart des colonies qui l’intéressaient face aux Britanniques, et perd Saint-Domingue à la suite de l'échec de l'expédition militaire préalable (1802-1803), visant à combattre les indépendantistes.
Il porte le territoire français à son extension maximale en Europe, avec 134 départements en 1812, transformant Rome, Hambourg, Barcelone ou Amsterdam en chefs-lieux de départements français. Il est aussi président de la République italienne de 1802 à 1805, roi d'Italie de 1805 à 1814, médiateur de la Confédération suisse de 1803 à 1813 et protecteur de la confédération du Rhin de 1806 à 1813. Ses victoires lui permettent d'annexer à la France de vastes territoires et de gouverner la majeure partie de l'Europe continentale en plaçant les membres de sa famille sur les trônes de plusieurs royaumes : Joseph à Naples puis en Espagne, Louis en Hollande, Jérôme en Westphalie et son beau-frère Joachim Murat à Naples. Il crée également un duché de Varsovie, sans restaurer formellement l'indépendance polonaise, et soumet temporairement à son influence des puissances vaincues telles que le royaume de Prusse et l'empire d'Autriche.
Alors qu'ils financent des coalitions de plus en plus générales, les alliés contre la France finissent par remporter des succès décisifs en Espagne (bataille de Vitoria) et en Allemagne (bataille de Leipzig) en 1813. Son intransigeance devant ces revers lui fait perdre le soutien de pans entiers de la nation française, tandis que ses anciens alliés ou vassaux se retournent contre lui. Amené à abdiquer en 1814 après la prise de Paris, capitale de l'Empire français, et à se retirer à l'île d'Elbe, il tente de reprendre le pouvoir en France, lors de l'épisode des Cent-Jours en 1815. Capable de reconquérir la France et d'y rétablir le régime impérial sans coup férir, il amène pourtant, à la suite de diverses trahisons et dissensions de ses maréchaux, le pays dans une impasse avec la lourde défaite de Waterloo, qui met fin à l'Empire napoléonien et assure la restauration de la dynastie des Bourbons. Sa mort en exil, à Sainte-Hélène, sous la garde des Britanniques, fait l'objet de nombreuses controverses.
Objet dès son vivant d'une légende dorée comme d'une légende noire, il doit sa très grande notoriété à son habileté militaire, récompensée par de nombreuses victoires, et à sa trajectoire politique étonnante, mais aussi à son régime despotique et très centralisé ainsi qu'à son ambition, qui se traduit par des guerres meurtrières (au Portugal, en Espagne et en Russie) avec des millions de morts et blessés, militaires et civils pour l'ensemble de l'Europe. Considéré par de nombreux historiens ou spécialistes militaires comme l'un des plus grands commandants de l'histoire, ses guerres et campagnes sont étudiées dans les écoles militaires du monde entier.
Une tradition romantique fait de Napoléon Ier l'archétype du « grand homme » appelé à bouleverser le monde. C'est ainsi que le comte de Las Cases, auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, tente de présenter Napoléon au Parlement britannique dans une pétition rédigée en 1818. Élie Faure, dans son ouvrage Napoléon, qui a inspiré le film d’Abel Gance, le compare à un « prophète des temps modernes ». D'autres auteurs, tel Victor Hugo, font du vaincu de Sainte-Hélène le « Prométhée moderne ». L'ombre de « Napoléon le Grand » plane sur de nombreux ouvrages de Balzac, Stendhal, Musset, mais aussi de Dostoïevski, de Tolstoï et de bien d'autres encore. Par ailleurs, un courant politique français émerge au XIXe siècle, le bonapartisme, se réclamant de l'action et du mode de gouvernement de Napoléon.
Naissance
Napoléon Bonaparte naît à Ajaccio le , le jour de la Sainte-Marie (patronne de la Corse), dans la maison familiale, aujourd'hui transformée en musée[2]. Napoléon naît un an après le traité de Versailles, par lequel la république de Gênes cède la Corse à la France[alpha 1] ; l'île est donc récemment française. Ondoyé à domicile, il a pour nom de baptême Napoleone Buonaparte (prénom donné en mémoire d'un oncle décédé à Corte en 1767)[3], et n'est baptisé à la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption d'Ajaccio que le . La famille Bonaparte est d'origine italienne et passée en Corse à la fin du XVe siècle.
Jean Tulard[4] écrit que, depuis 1616, les Bonaparte sont membres du conseil des Anciens d'Ajaccio ; ils sont essentiellement notaires, hommes de loi, avocats, et sont alliés à d'anciennes familles seigneuriales insulaires[5],[6].
Napoléon est le quatrième enfant (second des enfants survivants, après Joseph) de Charles Bonaparte, avocat au Conseil supérieur de l'île et greffier au tribunal, et de Maria Letizia Ramolino, dont le mariage avait été célébré en 1764.
Plus tard, Napoléon fera de sa date de naissance, le , un jour férié : la Saint-Napoléon[7].
- Maison de la famille Bonaparte à Ajaccio.
- Portrait de Charles Bonaparte, père de Napoléon.
- Portait de Letizia Bonaparte, née Maria-Letizia Ramolino, mère de Napoléon.
- Le blason de la famille Bonaparte (avant Napoléon Ier).
Enfance et formation militaire
La famille Bonaparte vit à Ajaccio, rue Malerba (rue de la Mauvaise-Herbe, aujourd'hui rue Saint-Charles), dans une petite maison traditionnelle du XVIIIe siècle, que Napoléon qualifiera lui-même de « misérable ». La Casa Buonaparte est habitée au rez-de-chaussée et au premier étage par les Bonaparte et au deuxième étage par leurs cousins, les Pozzo di Borgo. Ce voisinage est insupportable et les deux familles vivent dans une brouille continuelle. On raconte qu'un jour, une Pozzo di Borgo aurait jeté le contenu d'un pot de chambre par la fenêtre, sur Madame Letizia[8].
Les Bonaparte ne sont pas une famille riche. Dans ce milieu rural, les ressources matérielles de la famille sont essentiellement fondées sur les récoltes et les échanges. À l'école, Bonaparte est un enfant turbulent et bagarreur avec ses camarades, mais sera très vite reconnu comme étant un enfant avec de grandes capacités, notamment pour le calcul.
Le , Charles Bonaparte est élu député de la noblesse aux États de Corse. En cette qualité, il fait partie de la députation que l’Assemblée générale des États de la Corse envoie à Versailles auprès du roi Louis XVI. Le , il part pour Versailles où Louis XVI le reçoit en audience une seconde fois[9], la première rencontre avec le roi datant de 1776. À cette occasion, le comte de Marbeuf, gouverneur de l'île, fait obtenir, auprès du ministre de la guerre, le prince de Montbarrey, une bourse pour faire entrer le deuxième fils de Charles à l'école militaire, l'aîné Joseph étant destiné à suivre une carrière ecclésiastique[10].
Arrivés en France le , c'est le que Charles Bonaparte fait entrer provisoirement ses deux fils Joseph et Napoléon au collège d’Autun. Napoléon y reste trois mois, le temps pour son père de faire les démarches permettant de le faire admettre à l'école militaire. Pour obtenir une bourse du roi, il faut fournir les preuves de sa noblesse et de quatre degrés d'ancienneté[11]. De plus, c'est à Autun que réside Mgr Alexandre de Marbeuf, évêque d'Autun et neveu du gouverneur de la Corse[3].
Arrivé au collège d'Autun, Napoléon ne sait pas parler français, il ne parle qu'un dialecte corse. La légende veut qu'à ce moment là, Napoléon ait appris le français en trois mois[12], ce qui est très peu probable. Napoléon gardera toute sa vie son accent italien et sa mauvaise orthographe[3]. Après trois mois et vingt jours passés à Autun, il ira à l'école militaire de Brienne, où il restera cinq ans. C'est un épisode douloureux pour Napoléon qui devra se séparer de son frère.
École royale militaire de Brienne (1779-1784)
Charles Bonaparte ayant fourni les preuves de noblesse de la famille, Napoléon est agréé par le ministère de la Guerre pour entrer au collège royal et militaire de Thiron-Gardais, mais, à la suite de défections, il est finalement admis à l’école royale militaire de Brienne-le-Château (aujourd’hui dans l'Aube)[13]. Napoléon y entre le en classe de septième[14] étant âgé de presque 10 ans. C’est l’un des douze collèges de France qui accueillent les enfants de la petite noblesse. Il va y rester cinq ans.
Bonaparte n’aurait pas été très apprécié de ses camarades, souffrant de moquerie à cause de son fort accent, faisant des fautes de langage, il vivra dans un isolement presque total et en gardera un souvenir assez malheureux[3]. De plus, Bonaparte ne cache pas son admiration pour Pascal Paoli[15]. Selon Jacques Godechot, les témoignages sur le séjour de Brienne sont contradictoires et sujets à caution[16]. Élève assez moyen en général, bon en mathématiques, il montre tout de même déjà une propension à l’art du commandement, en organisant des jeux militaires dont il prend la tête. Une bataille de boules de neige, qu'il aurait dirigée un hiver, fait partie de sa légende[17]. Son frère Joseph, ayant abandonné son projet d'entrer au séminaire, étudie le droit, Lucien entre au séminaire d’Aix-en-Provence et ses sœurs sont éduquées par Mme Campan.
Le de la dernière année, le sous-inspecteur des écoles, Marie-Antoine-Sérapion Reynaud des Monts, fait passer aux élèves cadets de Brienne l'examen d'entrée à l'École militaire de Paris, où après un an d'études ils pourront être affectés à un régiment d'artillerie, du génie ou de la marine[18]. Napoléon est jugé apte à y entrer ainsi que quatre de ses condisciples.
École militaire supérieure de Paris (1784-1785)
Il quitte l'école de Brienne à l'âge de quinze ans, le 1784, et arrive cinq jours plus tard à Paris, où il intègre la compagnie des cadets gentilshommes[19] de l'école militaire de Paris. Le jeune Napoléon est très impressionné par les magnifiques bâtiments de l'école et par les appartements.
Napoléon se distingue en mathématiques en maîtrisant en dix mois « le fameux Bezout », traité de mathématiques étudié habituellement en trois ans. Doué en mathématiques, il ne présente aucune disposition pour les langues vivantes en négligeant les cours d'allemand. Comme à Brienne, Napoléon, petit noble, souffre des inégalités et va même jusqu'à proposer au directeur de l'école un projet de règlement qui interdirait les démonstrations liées aux privilèges de la fortune[3].
Le , Charles Bonaparte meurt d'un cancer de l'estomac dans d'atroces souffrances ; le rôle de chef de la famille échoit alors à l'aîné Joseph, mais Napoléon le juge d'un caractère trop faible pour diriger la famille[20]. En , il passe l'examen de sortie de l'école, interrogé par le mathématicien Pierre-Simon de Laplace ; il est jugé apte à être affecté à un régiment de la marine, mais la mère de Napoléon s'y oppose et il est finalement intégré à un régiment d'artillerie[21].
Affectation au régiment d'artillerie de la Fère (1785-1791)
Il est reçu sous-lieutenant (42e sur 58), à l’examen de l’artillerie. Il reçoit son ordre d'affectation, comme lieutenant en second, au régiment d'artillerie de La Fère, alors en garnison à Valence[21],[22], qu'il rejoint le .
L'été suivant, il obtient un congé de six mois à partir du . Le , sept ans et neuf mois après son départ, il repose les pieds sur l’île de Corse à l’occasion de son congé de semestre. Il ne rejoindra son régiment que treize mois plus tard, le . Dès , il demande un nouveau congé de six mois, qu'il obtient. Il ne réintégrera son régiment que le . Le , il s’embarque pour rejoindre son régiment de La Fère en garnison à l’École royale d’artillerie à Auxonne depuis le mois de décembre 1787 et, apprendre son métier d’artilleur. Dans ses loisirs, il travaille assidûment. Ses nombreuses lectures (Plutarque, Tite-Live, Cicéron, Montaigne...), qu’il accompagne de Notes[23], témoignent du sens dans lequel il a dirigé ses études et des sujets qui l’ont particulièrement attiré.
Divers rapports situent dans les années 1788-1789 une offre de services[24],[25]— voire deux[26] — du jeune officier auprès de l'armée impériale russe, qui recherchait alors des volontaires étrangers pour sa guerre contre l'Empire ottoman. Le projet aurait échoué, dans chaque cas, en raison du refus par le candidat de la rétrogradation posée comme condition de tout recrutement. Ces récits ont pu être considérés comme plausibles[25],[26], mais le constat partagé est qu'aucune preuve directe n'a jamais été apportée à leur appui[24],[25],[26].
Le , Napoléon Bonaparte quitte Auxonne pour un nouveau congé de six mois. Il ne réintègre son régiment que le ou . Le , il devient lieutenant en premier avec rang au et il est transféré à la 1re compagnie de canonniers du capitaine de La Catonne, du 2e bataillon du 4e régiment d'artillerie, qui tient garnison à Valence. Il quitte Auxonne le et entre de nouveau en garnison à Valence le . Il obtient difficilement un nouveau congé de trois mois, part de Valence le et ne réintègrera que le son régiment à Nice avec le grade de capitaine.