Ordre du Temple
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Cet article traite des Templiers d'un point de vue strictement historique. Pour plus de détails sur les légendes et les théories aujourd'hui non validées sur l'ordre du Temple voir l'article Légendes au sujet des Templiers
Pour les articles homonymes, voir Templiers (homonymie).
L’ordre du Temple est un ordre religieux et militaire français issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Âge, dont les membres sont appelés les Templiers.
Ordre du Temple | |
Insigne des templiers. D'argent à la croix pattée de gueules. | |
Ordre de droit pontifical | |
---|---|
Approbation pontificale | par Innocent II |
Institut | Ordre monastique |
Type | Militaire |
Spiritualité | Christianisme |
Règle | Saint Benoît |
Structure et histoire | |
Fondation | Troyes |
Fondateur | Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer |
Fin | Concile de Vienne |
Liste des ordres religieux |
Cet ordre fut créé à l'occasion du concile de Troyes dans le royaume de France (ouvert le [alpha 1]) à partir d'une milice de français chrétiens appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon (du nom du temple de Salomon, que les croisés avaient assimilé à la mosquée al-Aqsa).
L’ordre des Templiers œuvra pendant les XIIe et XIIIe siècles à l'accompagnement et à la protection des pèlerins qui voyageaient pour aller prier dans le saint sépulcre de Jésus-Christ à Jérusalem, dans le contexte de la guerre sainte et des croisades.
L’ordre des Templiers participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la Reconquête ibérique contre les musulmans dans le royaume catholique d’Espagne.
Afin de mener à bien ses missions et, notamment, d'en assurer le financement, il constitua à travers l'Europe catholique d'Occident et à partir de dons fonciers, un réseau de monastères appelés commanderies, pourvus de nombreux privilèges notamment fiscaux. Cette activité soutenue fit de l'Ordre un interlocuteur financier privilégié des puissances de l'époque, le menant même à effectuer des transactions sans but lucratif avec certains rois, ou à avoir la garde de trésors royaux.
Après la perte définitive de la Terre sainte consécutive au siège de Saint-Jean-d'Acre de 1291, l'Ordre fut, en France, victime de la lutte entre la papauté avignonnaise et le roi de France Philippe le Bel.
L’ordre des Templiers fut dissous par le pape français Clément V, le [alpha 1], date à laquelle il fulmina la bulle Vox in excelso, officialisant la dissolution de l'ordre du Temple, à la suite d'un procès en hérésie.
La fin tragique de l'Ordre des Templiers en France nourrit maintes spéculations et légendes sur son compte. Ailleurs, les chevaliers Templiers ne furent généralement pas condamnés, mais transférés (ainsi que leurs biens) dans d'autres ordres de droit pontifical ou bien rejoignirent la vie civile.
Contexte religieux et politico-militaire
Aux XIe et XIIe siècles, le renouveau du monachisme chrétien vit la fondation de nombreux ordres religieux avec notamment les convers qui privilégiaient le travail manuel, et la rénovation de la vie canoniale qui adopta la règle de saint Augustin, les chanoines (ordre de Saint-Lazare de Jérusalem) ou des moines (ordre de Saint-Jean de Jérusalem) s'engageant dans des activités hospitalières ou dans la vie paroissiale. C'est dans ce contexte religieux que l'Église catholique incita les chevaliers du siècle à devenir des milites Christi, autrement dit des « chevaliers du Christ » désirant combattre les infidèles en Terre sainte[2].
Le pape Urbain II prêcha la première croisade le , dixième jour du concile de Clermont. La motivation du pape à voir une telle expédition militaire prendre forme venait du fait que les pèlerins chrétiens en route vers Jérusalem étaient régulièrement victimes d'exactions voire d'assassinats[3].
Le pape demanda donc au peuple catholique d'Occident de prendre les armes afin de venir en aide aux pèlerins et aux chrétiens d'Orient. Cette croisade eut alors comme cri de ralliement « Dieu le veut ! », et tous ceux qui prirent part à la croisade furent marqués par le signe de la croix, devenant ainsi les croisés (terme qui n'apparaît qu'au concile de Latran IV en 1215 : voir le vocabulaire des croisades et de la Reconquista). Cette action aboutit le à la prise de Jérusalem par les troupes chrétiennes de Godefroy de Bouillon[4].
Hugues de Payns le fondateur et premier maître de l'ordre du Temple, vint pour la première fois en Terre sainte en 1104 pour accompagner le comte Hugues de Champagne, alors en pèlerinage[5]. Ils en revinrent en 1107[alpha 2] puis y repartirent en 1114, se mettant alors sous la protection et l'autorité des chanoines du Saint-Sépulcre, avec leurs chevaliers qui œuvrèrent alors à la défense des possessions de ces chanoines et à la protection du tombeau du Christ[2].
Prémices de l'ordre du Temple
Après la prise de Jérusalem, Godefroy de Bouillon fut désigné roi de Jérusalem par ses pairs, titre qu'il refusa, préférant porter celui d'avoué du Saint-Sépulcre. Il mit en place l'ordre canonial régulier du Saint-Sépulcre, qui avait pour mission d'aider le patriarche de Jérusalem dans ses diverses tâches. Un certain nombre d'hommes d'armes, issus de la croisade, se mirent alors au service du patriarche afin de protéger le Saint-Sépulcre[6].
Une institution similaire, constituée de chevaliers appelés chevaliers de Saint-Pierre (milites sancti Petri), avait été créée en Occident pour protéger les biens des abbayes et des églises. Ces chevaliers étaient des laïcs, mais ils profitaient des bienfaits des prières. Par analogie, les hommes chargés d'assurer la protection des biens du Saint-Sépulcre ainsi que de la communauté des chanoines étaient appelés milites sancti Sepulcri (chevaliers du Saint-Sépulcre). Il est fort probable qu'Hugues de Payns a intégré cette institution dès 1115[7]. Tous les hommes chargés de la protection du Saint-Sépulcre logeaient chez les Hospitaliers à l'hôpital Saint-Jean de Jérusalem, situé tout près.
Lorsque l'ordre de l'Hôpital, reconnu en 1113, en charge des pèlerins venant d'Occident, une idée naquit : créer une milice du Christ (militia Christi) qui ne s'occuperait que de la protection de la communauté des chanoines du Saint-Sépulcre et des pèlerins sur les chemins de Terre sainte, alors en proie aux brigands locaux.
C'est ainsi que l'ordre du Temple, qui se nommait à cette époque militia Christi, prit naissance.
Fondation de l'ordre du Temple
C'est le , lors du concile de Naplouse[8], que naquit, sous l'impulsion d'Hugues de Payns et de Godefroy de Saint-Omer, la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon (en latin : pauperes commilitones Christi Templique Salomonici) : elle avait pour mission de sécuriser le voyage des pèlerins affluant d'Occident depuis la reconquête de Jérusalem, et de défendre les États latins d'Orient.
Dans un premier temps, Payns et Saint-Omer se concentrèrent sur le défilé d'Athlit, un endroit particulièrement dangereux sur la route empruntée par les pèlerins ; par la suite, l'une des plus grandes places fortes templières en Terre sainte fut construite à cet endroit : le château Pèlerin.
Le nouvel ordre ainsi créé ne pouvait survivre qu'avec l'appui de personnes influentes. Hugues de Payns réussit à convaincre le roi de Jérusalem Baudouin II de l'utilité d'une telle milice, chose assez aisée au vu de l'insécurité régnant dans la région à cette époque. Les chevaliers prononcèrent les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Ils reçurent du patriarche Gormond de Picquigny la mission de « garder voies et chemins contre les brigands, pour le salut des pèlerins » (« ut vias et itinera, ad salutem peregrinorum contra latrones »[9]) pour la rémission de leurs péchés, mission considérée comme un quatrième vœu habituel pour les ordres religieux militaires.
Le roi Baudouin II leur octroya une partie de son palais de Jérusalem qui correspond aujourd'hui à la mosquée al-Aqsa, mais qui était appelée à l'époque « temple de Salomon », car étant, selon la tradition juive, située à l'emplacement du temple de Salomon. C'est ce « temple de Salomon », dans lequel ils installèrent leurs quartiers (notamment les anciennes écuries du Temple), qui donna par la suite le nom de Templiers ou de chevaliers du Temple[10]. Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer ne furent pas les seuls chevaliers à avoir fait partie de la milice avant que celle-ci ne devienne l'ordre du Temple. Voici donc la liste de ces chevaliers, précurseurs ou « fondateurs » de l'Ordre[11],[12], selon Guillaume de Tyr « ils n'étaient pas plus de neuf[13] » :
- Hugues de Payns[13], originaire de Payns en Champagne ;
- Godefroy de Saint-Omer[13], originaire de Saint-Omer dans le comté de Flandre ;
- Payen de Montdidier[13], originaire de la Somme en Picardie ;
- Archambault de Saint-Amand[13] ;
- Geoffroy Bisol[13], (dont on dit qu'il serait originaire de Frameries dans le comté de Hainaut ; affirmation contredite par une Charte signé en 1119, par son frère Petrus Bisol et conservée dans le Cartulaire de Chartres[14])
- Rolland (ou Bernard Rollandus)[13], originaire du marquisat de Provence ;
- Gondemare de Savignac (pt)[15],[16], originaire du Portugal.
- André de Montbard[15], originaire de la Bourgogne, oncle de Bernard de Clairvaux[17] ;
- Pedro Arnaldo da Rocha (pt)[16], originaire du Portugal ;
Le premier don (de trente livres angevines) reçu par l'ordre du Temple vint de Foulque, comte d'Anjou, qui devint par la suite roi de Jérusalem[18].
Recherche de soutien
La notoriété de la milice ne parvenait pas à s'étendre au-delà de la Terre sainte, c'est pourquoi Hugues de Payns, accompagné de cinq autres chevaliers (Godefroy de Saint-Omer, Payen de Montdidier, Geoffroy Bisol, Archambault de Saint-Amand et Rolland), embarqua pour l'Occident en 1127[13] afin de porter un message destiné au pape Honorius II et à Bernard de Clairvaux.
Fort du soutien du roi Baudouin et des instructions du patriarche Gormond de Jérusalem, Hugues de Payns avait les trois objectifs suivants[13] :
- faire reconnaître la milice par l'Église et lui donner une règle : rattachés aux chanoines du Saint-Sépulcre, les chevaliers suivaient comme eux la règle de saint Augustin ;
- donner une légitimité aux actions de la milice puisque la dénomination de moine-soldat, un amalgame d'une nouveauté absolue, pouvait être en contradiction avec les règles de l'Église et de la société en général ;
- recruter de nouveaux chevaliers et obtenir des dons qui feraient vivre la milice en Terre sainte.
La tournée occidentale des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon commença en Anjou et passa ensuite par le Poitou, la Normandie, l'Angleterre où ils reçurent de nombreux dons, la Flandre et enfin la Champagne[19].
Cette démarche d'Hugues de Payns, accompagné de ces cinq chevaliers et soutenu par le roi de Jérusalem, suivait deux tentatives infructueuses qui avaient été faites par André de Montbard et Gondemare, probablement en 1120 et 1125[15].
Concile de Troyes
Arrivant à la fin de sa tournée en Occident et après avoir porté le message du roi de Jérusalem à Bernard de Clairvaux afin qu'il aidât les Templiers à obtenir l'accord et le soutien du pape, Hugues de Payns participa au concile de Troyes (ainsi nommé parce qu'il s'est déroulé dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes).
Le [alpha 1], le concile s'ouvrit en présence de nombreuses personnalités religieuses dont le prologue de la règle primitive du Temple donne les noms[20] : le cardinal Mathieu d'Albano, légat du pape en France, les archevêques de Reims et de Sens, ainsi que dix de leurs évêques suffragants, quatre abbés cisterciens (ceux de Cîteaux, Clairvaux, Pontigny et Troisfontaines), deux abbés clunisiens (ceux de Molesmes et Vézelay), deux chanoines, deux maîtres et un secrétaire.
En plus des religieux, se trouvaient des personnages laïcs : Thibaut IV de Blois, comte de Champagne, André de Baudement, sénéchal du comté de Champagne, Guillaume II, comte de Nevers, Auxerre et Tonnerre.
Le concile mena à la fondation de l'ordre du Temple et le dota d'une règle propre. Celle-ci prit pour base la règle de saint Benoît (présence des cisterciens Bernard de Clairvaux et Étienne Harding, fondateur de Cîteaux) avec néanmoins quelques emprunts à la règle de saint Augustin, que suivaient le Saint-Sépulcre aux côtés desquels vécurent les premiers Templiers. Une fois la règle adoptée, elle devait encore être soumise à Étienne de Chartres, patriarche de Jérusalem.
Éloge de la nouvelle milice
L'Éloge de la nouvelle milice (De laude novæ militiæ) est une lettre que saint Bernard de Clairvaux envoya à Hugues de Payns, dont le titre complet était Liber ad milites Templi de laude novæ militiæ[21],[alpha 3] et écrite après la défaite de l'armée franque au siège de Damas en 1129.
Bernard y souligne l'originalité du nouvel ordre : le même homme se consacre autant au combat spirituel qu'aux combats dans le monde.
« Il n’est pas assez rare de voir des hommes combattre un ennemi corporel avec les seules forces du corps pour que je m’en étonne ; d’un autre côté, faire la guerre au vice et au démon avec les seules forces de l’âme, ce n’est pas non plus quelque chose d’aussi extraordinaire que louable, le monde est plein de moines qui livrent ces combats ; mais ce qui, pour moi, est aussi admirable qu’évidemment rare, c’est de voir les deux choses réunies. (§ 1) »
De plus, ce texte contenait un passage important où saint Bernard expliquait pourquoi les Templiers avaient le droit de tuer un être humain :
« Le chevalier du Christ donne la mort en toute sécurité et la reçoit dans une sécurité plus grande encore. […] Lors donc qu'il tue un malfaiteur, il n'est point homicide mais Malicide. […] La mort qu'il donne est le profit de Jésus-Christ, et celle qu'il reçoit, le sien propre[22]. »
Mais pour cela, il fallait que la guerre soit « juste ». C'est l'objet du § 2 de L'Éloge de la Nouvelle Milice. Bernard est conscient de la difficulté d'un tel concept dans la pratique, car si la guerre n'est pas juste, vouloir tuer tue l'âme de l'assassin :
« Toutes les fois que vous marchez à l’ennemi, vous qui combattez dans les rangs de la milice séculière, vous avez à craindre de tuer votre âme du même coup dont vous donnez la mort à votre adversaire, ou de la recevoir de sa main, dans le corps et dans l’âme en même temps. […] la victoire ne saurait être bonne quand la cause de la guerre ne l’est point et que l’intention de ceux qui la font n’est pas droite. (§ 2) »
Bernard fait donc bien l'éloge de la Nouvelle Milice, mais non sans nuances et précautions… Tous ses § 7 & 8 (dans le chap. IV) tracent un portrait volontairement idéal du soldat du Christ, afin de le donner comme un modèle qui sera toujours à atteindre. Le premier à critiquer saint Bernard est le moine cistercien Isaac de Stella qui voit dans la confusion des fonctions tripartites indo-européennes (« ceux qui prient » (oratores), « ceux qui combattent » (bellatores) et « ceux qui travaillent » (laboratores)) une « monstruosité[alpha 4] », mais les contradicteurs restent minoritaires[24].
Cet éloge permit aux Templiers de rencontrer une grande ferveur et une reconnaissance générale : grâce à saint Bernard, l'ordre du Temple connut un accroissement significatif : bon nombre de chevaliers s'engagèrent pour le salut de leur âme ou, tout simplement, pour prêter main-forte en s'illustrant sur les champs de bataille.
Reconnaissance pontificale
Plusieurs bulles pontificales officialisèrent le statut de l'ordre du Temple.
La bulle Omne datum optimum a été publiée par le pape Innocent II le [25] sous la maîtrise de Robert de Craon, deuxième maître de l'ordre du Temple. Elle fut d'une importance capitale pour l'Ordre puisqu'elle était à la base de tous les privilèges dont jouissaient les Templiers. En effet, grâce à elle, les frères du Temple eurent le droit de bénéficier de la protection apostolique et d'avoir leurs propres prêtres.
On vit donc une nouvelle catégorie émerger dans la communauté, celle des frères chapelains qui officieraient pour les Templiers. De plus, cette bulle confirma le fait que l'ordre du Temple n'était soumis qu'à l'autorité du pape. La bulle créa aussi une concurrence pour le clergé séculier (ce que ce dernier vit souvent d'un mauvais œil). De nombreux conflits d'intérêts éclatèrent entre les Templiers et les évêques ou les curés.
Les privilèges qu'elle accorda étant souvent remis en cause, la bulle Omne datum optimum fut confirmée douze fois entre 1154 et 1194, et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il ne fut pas aisé de retrouver l'originale[26].
La bulle Milites Templi (Chevaliers du Temple) a été publiée le [27] par le pape Célestin II. Elle permit aux chapelains du Temple de prononcer l'office une fois par an dans des régions ou villes interdites, « pour l'honneur et la révérence de leur chevalerie », sans pour autant autoriser la présence des personnes excommuniées dans l'église. Mais ce n'est en réalité qu'une confirmation de la bulle Omne datum optimum.
La bulle Militia Dei (Chevalerie de Dieu) a été publiée par le pape Eugène III, le [27]. Cette bulle permit aux Templiers de construire leurs propres oratoires, mais aussi de disposer d'une totale indépendance vis-à-vis du clergé séculier grâce au droit de percevoir des dîmes et d'enterrer leurs morts dans leurs propres cimetières. De plus, la protection apostolique fut étendue aux familiers du Temple (leurs paysans, troupeaux, biens…).
Des plaintes furent déposées par des Templiers auprès du pape concernant le fait que le clergé prélevait un tiers du legs fait par les personnes désireuses de se faire enterrer dans les cimetières de l'Ordre. La bulle Dilecti filii ordonna en conséquence au clergé de ne se contenter que d'un quart des legs[28].
Règle et statuts
Après le concile de Troyes, où l'idée d'une règle propre à l'ordre du Temple a été acceptée, la tâche de la rédiger fut confiée à Bernard de Clairvaux, qui lui-même la fit écrire par un clerc qui faisait sûrement partie de l'entourage du légat pontifical présent au concile, Jean Michel (Jehan Michiel)[29], sur des propositions faites par Hugues de Payns.
La règle de l'ordre du Temple faisait quelques emprunts à la règle de saint Augustin mais s'inspirait en majeure partie de la règle de saint Benoît suivie par les moines bénédictins. Elle fut cependant adaptée au genre de vie active, principalement militaire, que menaient les frères templiers. Par exemple, les jeûnes étaient moins sévères que pour les moines bénédictins, de manière à ne pas affaiblir les Templiers appelés à combattre. Par ailleurs, la règle était adaptée à la bipolarité de l'Ordre, ainsi certains articles concernaient aussi bien la vie en Occident (conventuelle) que la vie en Orient (militaire).
La règle primitive (ou latine car rédigée en latin), écrite en 1128, fut annexée au procès-verbal du concile de Troyes en 1129 et contenait soixante-douze articles. Toutefois, vers 1138, sous la maîtrise de Robert de Craon, deuxième maître de l'Ordre (1136-1149), la règle primitive fut traduite en français et modifiée. Par la suite, à différentes dates, la règle fut étoffée par l'ajout de six cent neuf retraits ou articles statutaires, notamment à propos de la hiérarchie et de la justice au sein de l'Ordre.
Ni à sa fondation, ni à aucun moment de son existence, l'Ordre ne s'est doté d'une devise.
Réception dans l'ordre
Les commanderies avaient, entre autres, pour rôle d'assurer de façon permanente le recrutement des frères. Ce recrutement devait être le plus large possible. Ainsi, les hommes laïcs de la noblesse et de la paysannerie libre pouvaient prétendre à être reçus s'ils répondaient aux critères exigés par l'Ordre.
Tout d'abord, l'entrée dans l'Ordre était gratuite et volontaire. Le candidat pouvait être pauvre. Avant toute chose, il faisait don de lui-même. Il était nécessaire qu'il fût motivé car il n'y avait pas de période d'essai par le noviciat. L'entrée était directe (prononciation des vœux) et définitive (à vie).
Les principaux critères étaient les suivants :
- être âgé de plus de 18 ans (la majorité pour les garçons était fixée à 16 ans) (article 58 de la règle) ;
- ne pas être fiancé (article 669) ;
- ne pas faire partie d'un autre ordre (article 670) ;
- ne pas être endetté (article 671) ;
- être en parfaite santé mentale et physique (ne pas être estropié) (article 672) ;
- n'avoir soudoyé personne pour être reçu dans l'Ordre (article 673) ;
- être homme libre (le serf d'aucun homme) (article 673) :
- ne pas être excommunié (article 674).
Le candidat était prévenu qu'en cas de mensonge prouvé, il serait immédiatement renvoyé :
« … si vous en mentiez, vous en seriez parjure et en pourriez perdre la maison, ce dont Dieu vous garde. »
— (extrait de l’article 668)
Organisation territoriale
Comme tout ordre religieux, les Templiers étaient dotés de leur propre règle et cette règle évoluait sous forme de retraits (articles statutaires) à l'occasion des chapitres généraux[30]. C'est l'article 87 des retraits de la règle qui nous indique la répartition territoriale initiale des provinces. Le maître de l'Ordre désignait un commandeur pour les provinces suivantes[31],[32],[33] :
- Provinces d'Occident, avec les provinces de :
- Provinces d'Orient, dont il ne subsiste que la province de Chypre après la prise de Saint-Jean d'Acre en 1291.
Hiérarchie
Les Templiers étaient organisés comme un ordre monastique, suivant la règle créée pour eux par Bernard de Clairvaux. Dans chaque pays était nommé un maître qui dirigeait l'ensemble des commanderies et dépendances et tous étaient sujets du maître de l'Ordre, désigné à vie, qui supervisait à la fois les efforts militaires de l'Ordre en Orient et ses possessions financières en Occident.
Avec la forte demande de chevaliers, certains parmi eux se sont aussi engagés à la commande pendant une période prédéterminée avant d'être renvoyés à la vie séculière, comme les Fratres conjugati, qui étaient des frères mariés. Ils portaient le manteau noir ou brun avec la croix rouge pour les distinguer des frères ayant choisi le célibat et qui n'avaient pas le même statut que ces derniers.
Les frères servants (frères casaliers et frères de métiers) étaient choisis parmi les sergents qui étaient d'habiles marchands ou alors incapables de combattre en raison de leur âge ou d'une infirmité.
À tout moment, chaque chevalier avait environ dix personnes dans des positions de soutien. Quelques frères seulement se consacraient aux opérations bancaires (spécialement ceux qui étaient éduqués), car l'Ordre a souvent eu la confiance des participants aux croisades pour la bonne garde de marchandises précieuses. Cependant, la mission première des chevaliers du Temple restait la protection militaire des pèlerins de Terre sainte.
Maîtres de l'ordre du Temple
L'expression « grand maître » pour désigner le chef suprême de l'Ordre est apparue à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle dans des chartes tardives et dans les actes du procès des Templiers. Puis, elle a été reprise et popularisée par certains historiens des XIXe et XXe siècles. Elle est aujourd'hui largement répandue.
Or, ce grade n'existait pas dans la hiérarchie de l'Ordre et les Templiers eux-mêmes ne semblaient pas l'utiliser[34], ils utilisaient le terme dénominatif de maître de chevalerie.[réf. nécessaire] Cependant, dans des textes tardifs apparaissent les qualificatifs de « maître souverain » ou « maître général » de l'Ordre. Dans la règle et les retraits de l'Ordre, il est appelé Li Maistre et un grand nombre de dignitaires de la hiérarchie pouvaient être appelés ainsi sans l'adjonction d'un qualificatif particulier. Les précepteurs des commanderies pouvaient être désignés de la même façon. Il faut donc se référer au contexte du manuscrit pour savoir de qui l'on parle. En Occident comme en Orient, les hauts dignitaires étaient appelés maîtres des pays ou provinces : il y avait donc un maître en France, un maître en Angleterre, un maître en Espagne, etc. Aucune confusion n'était possible puisque l'Ordre n'était dirigé que par un seul maître à la fois, celui-ci demeurant à Jérusalem. Pour désigner le chef suprême de l'Ordre, il convient de dire simplement le maître de l'Ordre et non grand maître.
Durant sa période d'existence, s'étalant de 1129[alpha 1] à 1312[alpha 1], date à laquelle le pape Clément V fulmina la bulle Vox in excelso, officialisant la dissolution de l'ordre du Temple, soit 183 ans, l'ordre du Temple a été dirigé par vingt-trois maîtres.
Cubiculaires du pape
Le terme cubiculaire (cubicularius) désignait au Moyen Âge celui qu'on nommait aussi le « chambrier », c'est-à-dire le responsable de la chambre à coucher (cubiculum) du pape. Il ne doit pas être confondu avec le camerlingue (camerarius), qui avait à l'époque la direction des finances et des ressources temporelles de la papauté. Ces fonctions bien distinctes à l'origine, ont été regroupées au début de l'Époque moderne sous le terme cubiculaires, avant d'être divisées à nouveau en plusieurs catégories de camériers.
Les cubicularii, d'abord simples domestiques du pape, avaient également des fonctions cérémonielles, d'intendance et de garde personnelle rapprochée. Ils bénéficièrent de fonctions de plus en plus importantes au fil des siècles.
Les premiers chevaliers de l'ordre du Temple à occuper cette fonction sont mentionnés par Malcolm Barber auprès du pape Alexandre III, sans que leur nom soit cependant cité[35].
C'est surtout à partir du milieu du XIIIe siècle que les Templiers vont se succéder à cette fonction, pour certains à plusieurs reprises, comme Giacomo de Pocapalea, ou Hugues de Verceil, et parfois en doublon comme sous Benoît XI. Les derniers Templiers cubiculaires de Clément V furent Giacomo da Montecucco, maître de la province de Lombardie, arrêté puis emprisonné à Poitiers en 1307[36], d'où il s'échappa en , pour se réfugier dans le Nord de l'Italie[37], et enfin, Olivier de Penne de 1307 à 1308, également arrêté et parfois confondu avec Giacomo da Montecucco par certains historiens[38]. On retrouve ce dernier devenu commandeur hospitalier de La Capelle-Livron après la dissolution de l'Ordre.
Pape | Nom des Cubicularii | Informations complémentaires | Pape | Nom des Cubicularii | Informations complémentaires |
---|---|---|---|---|---|
Alexandre III (1159-1181) | ?? | Chevaliers de l'ordre du Temple[35] | Nicolas III (1277-1280) | Hugues de Verceil (Uguccione di Vercelli, 1278-1282)[39],[40], Giacomo de Pocapalea (ou Jacques (fr), Jacobo ou parfois Jacopo (la), 1277-1280)[41],[alpha 5] | tous deux chevaliers de l'ordre du Temple Giacomo de Pocapalea étant originaire de Pocapaglia dans le Piémont |
Innocent III (1198-1216) | Francone[42] | Chevalier de l'ordre du Temple | Martin IV (1281-1285) | Giacomo de Pocapalea (1282)[43] | |
Grégoire IX (1227-1241) | Bonvicino (c. 1240) | Chevalier de l'ordre du Temple | Honorius IV (1285-1287) | Renaud d'Angerville / d'Argéville (c. 1285/86)[44] | Toujours vivant en 1301[45] |
Innocent IV (1243-1254) | Bonvicino | Administrateur des biens de l'église de Rome en Toscane et à Ancône. Participe au premier concile de Lyon (1245)[39] | Nicolas IV (1288-1292) | Giacomo de Pocapalea (1288-1289)[46],[47], Frère Nicolas, cubiculaire et notaire (1290-1292)[48] | tous deux chevaliers de l'ordre du Temple Giacomo de Pocapalea reçoit en récompense un fief et un château à Orte[49] |
Alexandre IV (1254-1261) | Bonvicino | † 1262[50] | Boniface VIII (1294-1303) | Juan Fernandez (1296)[51],[52], Giacomo de Pocapalea (1294-1297)[53],[54], Giovanni Fernandi (1297-1300)[55], Hugues de Verceil (1300-1302)[39],[40] | Chevaliers de l'ordre du Temple, Juan Fernandez, présent au chapitre général de l'ordre à Arles en 1296[51] Hugues de Verceil étant de plus maître de la province de Lombardie Giacomo de Pocapalea reçoit Acquapendente en 1297[54]. |
Urbain IV (1261-1264) | Nicola, Paolo, Martino[46] | Chevaliers de l'ordre du Temple | Benoît XI (1303-1304) puis Clément V (1305-1314) | en 1303 : il y avait deux cubicularii : un Hospitalier et un Templier (Giacomo de Pocapalea ?)[56], Giacomo da Montecucco (ou Jacopo da Montecucco)[57] de 1304 à 1307[58] | + Giacomo da Montecucco, maître de la province de Lombardie |
Clément IV (1265-1268) | Bernardo[46] | Chevalier de l'ordre du Temple | Clément V (1305-1314) | Olivier de Penne (Oliverius de Penna, 1307-1308)[59] ? | Olivier de Penne devenu ensuite commandeur hospitalier de La Capelle-Livron. |
Protection des pèlerins et garde de reliques
La vocation de l'ordre du Temple était la protection des pèlerins chrétiens pour la Terre sainte. Ce pèlerinage comptait parmi les trois plus importants de la chrétienté du Moyen Âge. Il durait plusieurs années et les pèlerins devaient parcourir près de douze mille kilomètres aller-retour à pied, ainsi qu'en bateau pour la traversée de la mer Méditerranée. Les convois partaient deux fois par an, au printemps et en automne[60]. Généralement, les pèlerins étaient débarqués à Acre, appelée aussi Saint-Jean-d'Acre, puis devaient se rendre à pied sur les lieux saints. En tant que gens d'armes (gendarme), les Templiers sécurisaient les routes, en particulier celle de Jaffa à Jérusalem et celle de Jérusalem au Jourdain. Ils avaient également la garde de certains lieux saints : Bethléem, Nazareth, le mont des Oliviers, la vallée de Josaphat, le Jourdain, la colline du Calvaire et le Saint-Sépulcre à Jérusalem.
Tous les pèlerins avaient droit à la protection des Templiers. Ainsi, ces derniers participèrent aux croisades, pèlerinages armés, pour effectuer la garde rapprochée des souverains d'Occident. Aussi, en 1147, les Templiers prêtèrent main-forte à l'armée du roi Louis VII attaquée dans les montagnes d'Asie Mineure durant la deuxième croisade (1147-1149). Cette action permit la poursuite de l'expédition et le roi de France leur en fut très reconnaissant. Lors de la troisième croisade (1189-1192), les Templiers et les Hospitaliers assuraient respectivement l'avant-garde et l'arrière-garde de l'armée de Richard Cœur de Lion dans les combats en marche. Lors de la cinquième croisade, la participation des ordres militaires, et donc les Templiers, a été décisive dans la protection des armées royales de saint Louis devant Damiette.
L'ordre du Temple a aidé exceptionnellement les rois en proie à des difficultés financières. À plusieurs reprises dans l'histoire des croisades, les Templiers renflouèrent les caisses royales momentanément vides (croisade de Louis VII), ou payèrent les rançons de rois faits prisonniers (croisade de saint Louis).
En Orient comme en Occident, l'ordre du Temple était en possession de reliques. Il était parfois amené à les transporter pour son propre compte ou bien convoyait des reliques pour autrui. Les chapelles templières abritaient les reliques des saints auxquelles elles étaient dédiées. Parmi les plus importantes reliques de l'Ordre se trouvaient le manteau de saint Bernard, des morceaux de la couronne d'épines, des fragments de la Vraie Croix.
Sceaux templiers
Le mot sceau vient du latin sigillum signifiant marque. C'est un cachet personnel qui authentifie un acte et atteste d'une signature. Il existe une vingtaine de sceaux templiers connus. Ils appartenaient à des maîtres, hauts dignitaires, commandeurs ou chevaliers de l'ordre au XIIIe siècle. Leurs diamètres varient entre quinze et cinquante millimètres. Les sceaux templiers français sont conservés au service des sceaux des Archives nationales de France. Le sceau templier le plus connu est celui des maîtres de l'ordre sigilum militum xristi qui représente deux chevaliers armés chevauchant le même cheval.
Il n'y a pas de consensus établi sur le symbolisme des deux chevaliers sur un même cheval. Contrairement à une idée souvent répétée, il ne s'agirait pas de mettre en avant l'idéal de pauvreté puisque l'ordre fournissait au moins trois chevaux à chacun de ses chevaliers. L'historien Georges Bordonove exprime une hypothèse qui peut se prévaloir d'un document d'époque avec saint Bernard dans son De laude novæ militiæ[61].
« Leur grandeur tient sans doute à cette dualité quasi institutionnelle : moine, mais soldat […] Dualité qu'exprime peut-être leur sceau le plus connu qui montre deux chevaliers, heaumes en têtes, lances baissées, sur le même cheval : le spirituel et le temporel […] chevauchant la même monture, menant au fond le même combat, mais avec des moyens différents »[62].
Alain Demurger explique pour sa part que certains historiens ont cru y reconnaître les deux fondateurs de l'ordre, Hughes de Payns et Godefroy de Saint-Omer. Il retient cependant une autre explication : le sceau symboliserait la vie commune, l'union et le dévouement[63].
Tenues des chapitres
Un chapitre (latin : capitulum, diminutif de caput, sens premier : « tête ») est une partie d'un livre qui a donné son nom à la réunion de religieux dans un monastère durant laquelle étaient lus des passages des textes sacrés ainsi que des articles de la règle. L'usage vient de la règle de saint Benoît qui demandait la lecture fréquente d'un passage de la règle à toute la communauté réunie (RB § 66, 8). Par extension, la communauté d'un monastère est appelée le chapitre. La salle spécifiquement bâtie pour recevoir les réunions de chapitre est aussi appelée « salle capitulaire », « salle du chapitre », ou tout simplement « chapitre ». La tenue se déroule à huis clos et il est strictement interdit aux participants de répéter ou de commenter à l'extérieur ce qui s'est dit durant le chapitre.
Dans l'ordre du Temple, il existait deux types de réunion de chapitre : le chapitre général et le chapitre hebdomadaire.
Transport maritime
Le lien entre l'Orient et l'Occident était essentiellement maritime. Pour les Templiers, l'expression « outre-mer » désignait l'Europe tandis que « l'en deçà des mers » et plus précisément de la mer Méditerranée, représentait l'Orient. Afin d'assurer le transport des biens, des armes, des frères de l'Ordre, des pèlerins et des chevaux, l'ordre du Temple avait fait construire ses propres bateaux. Il ne s'agissait pas d'une flotte importante, comparable à celles des XIVe et XVe siècles, mais de quelques navires qui partaient des ports de Marseille, Nice (comté de Nice), Saint-Raphaël, Collioure[60] ou d'Aigues-Mortes en France et d'autres ports italiens. Ces bateaux se rendaient dans les ports orientaux après de nombreuses escales.
On trouve comme Maîtres du passage notamment en 1255[64] :
De 1260 à 1274 : Guillaume de Gonesse
En 1280 : Henri de Dôle,
En 1303 : Simon de Quincy
En 1306 : Jean de Villamer.
Au cours du 13e siècle l’ordre du Temple se dotera de plus de vingt commanderies côtières comportant toutes un port.
Plutôt que de financer l'entretien de navires, l'Ordre pratiquait la location de bateaux de commerce appelés « nolis ». Inversement, la location de nefs templières à des marchands occidentaux était pratiquée. Il était d'ailleurs financièrement plus avantageux d'accéder aux ports exonérés de taxes sur les marchandises que de posséder des bateaux. Les commanderies situées dans les ports jouaient donc un rôle important dans les activités commerciales de l'Ordre. Des établissements templiers étaient installés à Gênes, Pise ou Venise, mais c'était dans le Sud de l'Italie, plus particulièrement à Brindisi, que les nefs templières méditerranéennes passaient l'hiver.
Les Templiers d'Angleterre se fournissaient en vin du Poitou à partir du port de La Rochelle[65].
On distinguait deux sortes de bateaux, les galères, et les nefs. Certaines larges nefs étaient surnommées huissiers car dotées de portes arrière ou latérales (huis), ce qui permettait d'embarquer jusqu'à une centaine de chevaux, suspendus par des sangles afin d'assurer la stabilité de l'ensemble pendant le voyage[66].
L'article 119 des retraits de la Règle indique que « tous les vaisseaux de mer qui sont de la maison d'Acre sont au commandement du commandeur de la terre. Et le commandeur de la voûte d'Acre, et tous les frères qui sont sous ses ordres sont en son commandement et toutes les choses que les vaisseaux apportent doivent être rendues au commandeur de la terre. »
Le port d'Acre était le plus important de l'Ordre. La voûte d'Acre était le nom d'un des établissements possédés par les Templiers dans la ville, celui-ci se trouvant près du port. Entre la rue des Pisans et la rue Sainte-Anne, la voûte d'Acre comprenait un donjon et des bâtiments conventuels[67].
Les ports de Gênes, de Pise, de Venise, et de Brindisi pour l’hivernage des navires ; Sans oublier la Corse, la Sicile, Chypre et la Sardaigne. Dans le Sud les ports de Brindisi et de Trani, mouillage des nefs templières pour y être radoubées.
En Petite Arménie :
Le port d’Ayas
Au Moyen-Orient :
Les ports de Saint-Jean-d’Acre, de Sidon (le château de la mer), de Tyr au Sud-Liban actuel, de Jaffa, de Beyrouth, d’Ascalon (Ashkelon) et bien d’autres comme Gaza, port Bonnel, et Alexandrette en Cilicie.
Au Liban :
Le port de Tripoli, de Tortose et de Lattaquié qui sera créé en 1154 et qui fonctionnera jusqu’en 1287.
Les différents bateaux[68]
L’Ordre du Temple a utilisé et fait construire pratiquement tous les types de navires existants dans ces 12e et 13e siècles. Ils ont amélioré certains bateaux transformés aux besoins du moment, de bateau de transport de fret en navire de guerre par exemple, mais la plupart du temps l’Ordre affrétait ses bateaux au lieu de les construire ou les acheter. Ils utilisèrent au moins trois types de bateaux différents, avec la spécificité du fait de naviguer en Atlantique ou en Méditerranée :
- les bateaux de transports d'hommes et de marchandises ;
- les bateaux de guerre ;
- les navires huissiers destinés au transport des chevaux.
Voici les noms de navires du Temple[65] :
- Le Templère, le Buscart, le Buszarde du Temple vers 1230 reliant l'Angleterre au continent ;
- La Bonne Aventure en 1248, la Rose du Temple en 1288-1290 à Marseille ;
- L'Angelica en Italie du Sud ; La Bénite[69] dont le nom Latin est Sanctus navigue au cours de l’année 1248 et est affrétée officiellement par Jean 1er de Dreux.
- Le Faucon en 1291 (Le Falcon Templum[69]) et 1301 ainsi que La Santa Anna en 1302 à Chypre.
- La Santa Anna[70] est un navire affrété à des marchands occidentaux par l’Ordre, mouillé en 1302 à Chypre au port de Famagouste.
- L'Olivette[71], bateau acheté par Roger de Flor en 1301, toujours templier et conseiller personnel de Frédéric II de Sicile, Roger de Flor avait été à nouveau accusé, mais n’a jamais été inquiété par manque de preuves tangibles contre lui.
- La Mestre Galie[64], était quant à lui le vaisseau amiral de l’ordre du Temple dès 1248 au moment de la 7e croisade, il servait avec ses cales de coffre-fort pour les valeurs déposées régulièrement par les participants aux croisades, son pont était blindé et ignifugé. L’ordre des Hospitaliers récupèrera le navire après 1307, et ensuite ce navire avec d’autres sera vendu aux Augustins, ce que l’on sait est que Jean de Joinville s’y trouvait en 1250 en visite officielle.
- L'Allégresse[72], et la Nave (l'Angélique)[72] sont des bâtiments de guerre qui s’illustreront lors de la 8e croisade en 1270.