Parti socialiste (France)
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Le Parti socialiste (PS) est un parti politique français classé à gauche sur l'échiquier politique.
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Lancé en 1969, le Parti socialiste trouve son origine dans le courant de pensée du socialisme, prenant la suite de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) fondée en 1905 sous l'impulsion de Jean Jaurès. Au congrès d'Épinay, en 1971, il s'élargit en intégrant d'autres forces politiques socialistes. Le parti désigne alors comme premier secrétaire François Mitterrand. Il fonde alors son action sur l'union de la gauche et l'élaboration d'un programme commun de gouvernement avec le Parti communiste français (PCF).
François Mitterrand remporte l'élection présidentielle de 1981, devenant le premier chef d'État socialiste sous la Cinquième République ; il réalise deux septennats présidentiels qui sont marqués par des mesures sociales puis par le « tournant de la rigueur », ainsi que par deux cohabitations avec la droite. Le PS revient au pouvoir avec la formation du gouvernement Jospin, à la suite de la victoire de la gauche plurielle aux élections législatives de 1997. Lionel Jospin est éliminé de l'élection présidentielle de 2002 dès le premier tour, arrivant en troisième position derrière le candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen, ce qui inaugure une décennie d'absence du PS de toute responsabilité au sein de l'exécutif.
Désigné candidat à l'élection présidentielle à l'issue d'une primaire ouverte, François Hollande est ensuite élu président de la République en 2012. Son quinquennat est notamment marqué par sa forte impopularité et par des tensions avec les « frondeurs », des socialistes en désaccord avec la politique économique et sociale des gouvernements de Jean-Marc Ayrault, de Manuel Valls puis de Bernard Cazeneuve.
Après le quinquennat de François Hollande, le Parti socialiste réalise deux scores historiquement bas à l'élection présidentielle : en 2017 avec la candidature de Benoît Hamon (6,36 % des suffrages) et en 2022 avec celle d'Anne Hidalgo (1,75 %). Le parti adhère ensuite à la coalition de gauche Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), ce qui conduit à des contestations en interne, une partie des adhérents rejoignant le mouvement La Convention de Bernard Cazeneuve.
Doctrine
La déclaration de principes est le texte qui fixe les valeurs fondamentales du PS. La première a été adoptée en 1905 par la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Elle déclarait dans son premier article[16] :
« Le Parti socialiste est un parti de classe qui a pour but de socialiser les moyens de production et d'échange, c'est-à-dire de transformer la société capitaliste en une société collectiviste ou communiste, et pour moyen l'organisation économique et politique du prolétariat. Par son but, par son idéal, par les moyens qu'il emploie, le parti socialiste, tout en poursuivant la réalisation des réformes immédiates revendiquées par la classe ouvrière, n'est pas un parti de réforme, mais un parti de lutte des classes et de révolution. »
La déclaration de principe de 1946 réaffirme le caractère révolutionnaire du parti et reste fidèle au marxisme sur un grand nombre de points : « Le caractère distinctif du Parti socialiste est de faire dépendre la libération humaine de l'abolition du régime de la propriété capitaliste qui a divisé la société en classes nécessairement antagonistes, et créé pour l'une la faculté de jouir de la propriété sans travail, pour l'autre l'obligation de vendre son travail, et d'abandonner une part de son produit aux détenteurs du capital. »[17].
Une nouvelle déclaration de principe est adoptée en 1969, au moment du regroupement de la « gauche non communiste » et de la création du Parti socialiste moderne. Elle insiste sur le caractère « révolutionnaire » du parti : « L'utilisation des réformes implique que l'on ait conscience de leur valeur et de leurs limites. Le Parti socialiste sait toute la valeur des réformes qui ont déjà atténué la peine des hommes et, pour beaucoup d'entre eux, accru leurs capacités révolutionnaires. Mais il tient également à mettre en garde les travailleurs, la transformation socialiste ne peut pas être le produit naturel et la somme de réformes corrigeant les effets du capitalisme. Il ne s'agit pas d'aménager un système, mais de lui en substituer un autre. »[18].
La quatrième déclaration de principe est adoptée en 1990. Elle fait suite à l'exercice du pouvoir par le PS, qui a alors été confronté aux réalités de la mondialisation capitaliste. La déclaration prône « une société d'économie mixte qui, sans méconnaître les règles du marché, fournisse à la puissance publique et aux acteurs sociaux les moyens de réaliser des objectifs conformes à l'intérêt général »[19]. Le PS adopte par ailleurs la notion de « développement durable » pour redéfinir plus globalement le modèle de société qu’il entend promouvoir[20].
Enfin, la version actuelle de la déclaration de principe a été adoptée en . Elle affirme dans son article premier[21] :
« Être socialiste, c'est ne pas se satisfaire du monde tel qu'il est, c'est vouloir changer la société. L'idée socialiste relève, à la fois, d'une révolte contre les injustices et du combat pour une vie meilleure. Le but de l'action socialiste est l'émancipation complète de la personne humaine. »
Cette version marque un changement par rapport aux précédentes. Elle ne fait plus référence aux « oppositions des classes »[19], parle pour la première fois de la création de richesse, prône une « économie de marché régulée » et « un secteur privé dynamique »[22]. Pour François Bilger cette évolution met fin à une « exception française » : en effet, d'après lui, le PS était le seul grand parti de tendance socialiste ou social-démocrate en Europe à ne pas s'être rallié officiellement à l'économie de marché[23]. La déclaration conserve néanmoins « une critique historique du capitalisme créateur d'inégalités, facteur de crises, et de dégradations des équilibres écologiques »[21].
Selon cette déclaration, la principale idéologie du parti est le socialisme démocratique. Les socialistes se réclament de la tradition de l'humanisme, de la philosophie des Lumières et des valeurs proclamées par la Révolution française. Ils placent l'égalité, le développement durable, le progrès et la démocratie en tête des finalités d'un PS qui se définit comme républicain, laïque, réformiste, féministe, humaniste et décentralisateur[21].
En 2017, le chercheur Thibaut Rioufreyt qualifie la doctrine officielle du PS de « chimérique », et ce « dans un double sens » : d'une part parce qu'elle « ne renvoie à rien de réel » et d'autre part « parce [qu'elle] juxtapose des éléments hétérogènes : un peu de nationalisations pour les uns, un peu de référence à la social-démocratie scandinave pour les autres… Le résultat est schizophrène, avec des contradictions jamais réglées. Il ne s’agit pas vraiment de synthèse, mais d’éclectisme »[24].
Courants
Historiquement, la SFIO puis le PS ont toujours hébergé des sensibilités différentes du socialisme français, organisées en courants.
Dans les années 2010, on identifie une « aile droite », dite sociale-libérale, représentée notamment par Manuel Valls[25] ou Gérard Collomb[26], et une « gauche du PS » menée par Benoît Hamon et Emmanuel Maurel[27]. Ces quatre personnalités quittent toutefois le parti après l’élection présidentielle française de 2017, les deux premiers se rapprochant de La République en marche et les deux derniers ralliant Génération.s et La France insoumise.
À l'occasion de chaque congrès, les militants sont amenés à voter pour élire leurs futurs représentants. À cette occasion, les courants se structurent autour des motions et chaque motion présente un texte d'orientation soumis au vote des adhérents[28]. À l'occasion du congrès d'Aubervilliers de 2018, les motions en présence sont :
- motion 1 : « Un progrès partagé pour faire gagner la gauche », dont le premier signataire est Luc Carvounas ;
- motion 2 : « Cher.e.s camarades », dont le premier signataire est Stéphane Le Foll ;
- motion 3 : « Socialistes, le chemin de la renaissance », dont le premier signataire est Olivier Faure ;
- motion 4 : « L’Union et l’Espoir », dont le premier signataire est Emmanuel Maurel.
La motion 3 ayant recueilli la majorité des voix des militants au premier tour avec 48,37 % des voix[29], Olivier Faure est élu premier secrétaire du Parti socialiste après le retrait des autres premiers signataires[30].
Adhérents
Du fait d'une longue confrontation avec les communistes, les socialistes ont largement entretenu une tradition militante de terrain, éditant nombre de tracts, mais aussi de journaux internes, de publications externes et d'autres brochures.
Galvanisé par l'élection de François Mitterrand, en mai 1981, le parti revendique à cette époque 214 000 adhérents, un chiffre qui va sensiblement baisser au cours des vingt années suivantes, affichant 119 116 en 1999, jusqu'au rebond de l'année 2006, où le parti déclare 260 000 adhérents[31].
Lors du Congrès de Reims en novembre 2008, le nombre revendiqué d'adhérents du parti est de 232 511[32]. Ce chiffre était de 203 000 en septembre 2009[33] mais baisse à 131 000 en 2013 / 2014 durant le mandat de François Hollande, dont la moitié seulement à jour de cotisation[34]. Au , le parti annonce compter 111 450 adhérents[35]. En 2021, il comprend près de 22 000 adhérents à jour de cotisation[36]. En janvier 2023, peu avant son 80e Congrès, le Parti socialiste annonce avoir plus de 41 000 adhérents à jour de cotisation[37].
L'âge minimal d'adhésion au Parti socialiste est de quinze ans. L'adhésion au parti est libre, individuelle et chaque adhérent possède les mêmes droits.
Lors de chaque congrès, les adhérents votent pour les textes d'orientation définissant la ligne du parti, et les responsables sont élus à tous les niveaux : section locale, fédération départementale et au niveau national. Dans les années 2000, une procédure de consultation interne est mise en place afin que les militants puissent participer à des décisions de ligne politique du parti sur des questions précises. D'autres innovations à l'adresse des sympathisants doivent permettre que ces derniers, sous l'appellation « adhérents du projet », puissent participer très concrètement à l'élaboration du projet socialiste. Ce processus est mis en sommeil à la suite du référendum du 29 mai 2005[38].
Le profil des adhérents socialistes, habituellement désignés comme dans les autres partis de gauche par le sobriquet amical « camarades », a peu évolué au cours du temps : le Parti socialiste n'a jamais été réellement un parti d'ouvriers et la base de recrutement se situe parmi les classes moyennes, surtout les enseignants, les cadres territoriaux et fonctionnaires, ainsi que les salariés de bas échelon et cadres du secteur privé.
Des événements traditionnels rythment annuellement la vie militante du parti, comme l'université d'été, chaque fin août à La Rochelle de 1993 à 2015[39] et en 2019[40], puis depuis 2020 à Blois[41], ou comme les nombreuses « fêtes de la Rose », dont la plus médiatique a été celle de Frangy-en-Bresse, le week-end qui précède l'université d'été.
Congrès
Le congrès du Parti socialiste est la plus haute instance du parti. Depuis 2010[42], un congrès est organisé dans les six mois qui suivent une élection présidentielle et à mi-mandat du quinquennat. Un congrès extraordinaire peut être convoqué à tout moment.
Lors de chaque congrès, les adhérents sont appelés à voter sur des textes d'orientation politique, appelée «motions», déposés par les courants du parti. Ce vote sur les motions détermine à la proportionnelle la représentation de chacun des courants dans toutes les instances du parti : section locale, fédération départementale, délégués au congrès, conseil national, bureau national. À partir du congrès de 2012, le vote sur les motions est couplé avec l'élection du premier secrétaire : les premiers signataires de chacune des deux motions arrivées en tête sont candidats pour le second tour.
Instances nationales
Les membres du conseil national sont désignés par les délégués au congrès national proportionnellement aux résultats obtenus par les différentes motions. Le conseil national est composé de 204 membres élus par le congrès national et de 102 premiers secrétaires fédéraux. Le conseil national exécute et fait exécuter la motion d'orientation majoritairement adoptée par le congrès. Il se réunit au moins quatre fois par an. Il constitue en quelque sorte le parlement interne du parti, car il est le reflet direct de la réalité des sensibilités et des courants du PS.
Le bureau national assure l'administration et la direction du parti dans le cadre des attributions que lui délègue le conseil national. Ses membres sont désignés selon les mêmes procédures que les membres du conseil national. Il comprend 54 membres sous la direction du premier secrétaire et se réunit tous les mardis en fin d'après-midi.
Les membres du secrétariat national sont élus par le conseil national sur proposition du premier secrétaire. Ils ont la charge de la mise en œuvre des décisions prises par le conseil national et le bureau national. Le secrétariat national, dont les réunions ont lieu le mardi à 13 h[réf. nécessaire], assure ainsi la gestion du parti. Chaque secrétaire national a la charge d'un secteur d'activité du parti et rend compte devant le conseil national de l'activité de son secteur. À l'occasion du congrès, la direction nationale du parti rend compte de son activité dans un rapport statutaire soumis aux militants. Les secrétaires nationaux sont assistés par des délégués nationaux ayant la charge d'une partie du secteur de chaque secrétariat.
Instances locales
La section est la structure de base du Parti socialiste et peut être locale ou thématique. En général, elle s'organise au sein d'un canton, d'une commune ou d'un quartier mais il existe également des sections organisées autour d'une entreprise ou d'une université, voire autour de thèmes.
La section est le cadre de militantisme le plus direct : ce sont les sections qui organisent les collages d'affiche, les distributions de tract, les porte-à-porte, etc. Ce sont elles également qui constituent le relais essentiel entre le « national » (direction nationale), la « fédé » (fédération départementale), les élus et les militants et c'est en leur sein que se pratique le débat interne, que ce soit dans le cadre d'un congrès ou d'une consultation interne.
Le secrétaire de section est élu à bulletins secrets et au scrutin uninominal majoritaire à deux tours par la première assemblée générale des adhérents de la section suivant le congrès national. Il est l'animateur de la section et son porte-parole. La section est administrée par une commission administrative composée à la proportionnelle du résultat des motions dans la section lors du dernier congrès.
La fédération met en œuvre la politique du parti au niveau local. Il existe une fédération pour chaque département métropolitain, chaque département ou territoire d'outre-mer, plus une pour les Français de l'étranger. Les instances de la fédération sont renouvelées à chaque congrès. Le conseil fédéral (CF) est l'instance de décision de la fédération. Il délègue certaines de ses prérogatives au bureau fédéral (BF). Le secrétariat fédéral assure la gestion politique de la fédération, en liaison avec le secrétariat national du parti, et agit par délégation de la CF ou du BF. Le secrétariat fédéral est constitué de membres choisis par le premier secrétaire fédéral, parmi la majorité politique de la fédération. Les secrétaires fédéraux ont la charge de le seconder dans la gestion courante de la fédération et dans l'application des décisions du CF, ils ont la charge d'un ou plusieurs secteurs d'activité. Le premier secrétaire fédéral est élu au scrutin majoritaire à deux tours par les militants après la tenue du congrès national.
L'union régionale regroupe les fédérations d'une même région. Elle est dirigée par un comité régional du parti qui détermine la politique du parti concernant les problèmes propres à la région et veille à son application en liaison avec les élus. Le comité régional est élu par une convention régionale qui se réunit dans la quinzaine de jours suivant le congrès national et procède à l'élection du secrétaire régional au scrutin majoritaire à deux tours. Celui-ci ne peut cumuler sa fonction avec celle de premier secrétaire d'une fédération de sa région.
Instances internationales et européennes
Le Parti socialiste est membre de l'Internationale socialiste (IS), l'organisation mondiale des partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes, et de l'Alliance progressiste. Au niveau européen, le PS est membre du Parti socialiste européen (PSE) et du groupe des socialistes et démocrates au Parlement européen.
Organisations associées
Le Parti socialiste travaille avec des organismes dont l'action participe à la réalisation de ses objectifs. Ils peuvent être liés organiquement au Parti socialiste ou simplement partenaire :
- la Fédération nationale des élus socialistes et républicains réunit les élus membres du Parti socialiste et ceux qui en sont proches. Elle exerce auprès d'eux des activités d'information, de documentation, de communication et de conseil. Elle a, en outre, un rôle d'impulsion et de réflexion pour l'élaboration de textes (de lois par exemple) ;
- le Mouvement des jeunes socialistes est une structure autonome qui réunit les jeunes qui souhaitent y adhérer, de 15 à 29 ans ;
- la Fondation Jean-Jaurès, think tank créé par Pierre Mauroy en 1992 ;
- l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS), créé en 1969, centre de recherches ;
- l'association Homosexualités et socialisme (HES), créée en 1983, traite des questions LGBT ;
- l'Association démocratique des Français à l'étranger (Français du Monde), créée en 1980, représente la gauche avec notamment le soutien du PS et d'autres organisations de gauche ou écologistes lors des élections des représentants des Français de l'étranger, d'où sont issus les membres de l'Assemblée des Français de l'étranger, et les 12 sénateurs des Français résidant hors de France.
Investitures des candidats
Les candidats socialistes aux élections sont désignés par le vote des adhérents puis officiellement investis par le conseil national.
Pour les élections uninominales (élections cantonales et législatives) ainsi que pour la désignation des têtes de liste pour les autres scrutins, les adhérents votent pour le candidat de leur choix. Pour les scrutins de liste (municipales, régionales, européennes), les adhérents peuvent approuver une liste présentée par la fédération départementale ou voter pour une liste alternative.
En 1995 et 2007, le candidat du Parti socialiste pour l'élection présidentielle a également été désigné par le vote des adhérents du parti. Toutefois, en 2011 le PS a, pour la première fois en France, désigné son candidat pour l'élection présidentielle de 2012 lors d'une primaire ouverte à l'ensemble des Français inscrits sur les listes électorales.