Peshitta
"Version commune" de la Bible en araméen (Ancien et Nouveau Testament) / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Peshitta?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
La Peshitta (syriaque (araméen) : ܦܫܝܛܬܐ) est une des plus anciennes versions syriaques de la Bible, Ancien et Nouveau Testament, et la version standard dans cette langue, datant officiellement du Ve siècle apr. J.-C., mais avec de possibles origines plus anciennes encore, sur la base notamment du Codex Khabouris (en). Son origine officielle est liée au remplacement du Diatessaron par les évangiles canoniques (encore dits "évangiles séparés") au sein de l'Église syriaque au Ve siècle.
Peshitta, "La Simple", version standard pour la chrétienté araméenne/syriaque depuis le Ve siècle | |
Manuscrit du IXe siècle | |
Auteur | Églises syriaques |
---|---|
Version originale | |
Langue | araméen |
Titre | ܡܦܩܬܐ ܦܫܝܛܬܐ mappaqtâ pšîṭtâ « version simple » |
Version française | |
Collection | Bibles |
Date de parution | Ve siècle (origines plus anciennes selon les traditions orales et écrites des Églises syriaques, et selon le codex Kabhouris) |
modifier |
La Peshitta (syriaque : ܦܫܺܝܛܬܳܐ ou ܦܫܝܼܛܬܵܐ pšīṭta) est la version de référence de la Bible pour les Églises suivantes :
- Église maronite,
- Église catholique chaldéenne,
- Église catholique syriaque,
- Église syriaque orthodoxe,
- Église apostolique assyrienne de l'Orient (Église des deux conciles),
et au Kérala en Inde pour les Églises suivantes :
- Église malabare indépendante,
- Église catholique syro-malankare,
- Église malankare Mar Thoma,
- Église catholique syro-malabare.
Le nom « Peshitta », transcrit de l'alphabet syriaque en alphabet latin, a été écrit de différentes façons : Peshitta, Pshitta, Pšittâ, Pshitto, Fshitto. Elles sont toutes acceptables, mais Peshitta est l'orthographe la plus classique.
L'Ancien Testament de la Peshitta a été traduit de l'Hébreu (et de l'Araméen pour les quelques passages écrits directement en araméen comme certains chapitres du livre de Daniel...).
Il existe un débat concernant la partie Nouveau Testament de la Peshitta : le consensus majoritaire parmi les biblistes occidentaux est qu'il s'agit d'une version traduite du grec au Ve siècle (bien que cela soit contesté par quelques chercheurs), mais au sein des Églises ou de la communauté et de la diaspora de langue syriaque, l'accent est mis sur la transmission continue de traditions orales et écrites propres à l'Église syriaque, au moins pour les évangiles, qui remonteraient plus haut dans le temps. Pour les Évangiles, le Diatessaron a pu lui-même puiser dans ces mêmes traditions, et la Peshitta être à son tour influencée en partie par lui, même si un des buts liés à sa diffusion a été de remplacer le Diatessaron.
La Peshitta comme toutes les versions syriaques, se rattache au type occidental selon la classification des manuscrits du Nouveau Testament (avec la Vetus Latina et la Vulgate latine de Jérôme, ces versions latines ayant donné le nom d'occidental à l'ensemble des versions de ce type, y compris syriaques), mais avec d'importantes spécificités par rapport à la Vetus Latina ou la Vulgate latine. Une de ses spécificités est que la Peshitta ne comprend que 22 livres du Nouveau Testament, les cinq derniers livres du canon biblique actuel étant manquants (les cinq ayant été admis dans le canon le plus tardivement) : épîtres 2-Pierre, 2-Jean, 3-Jean, Jude (proche de 2-Pierre), et Apocalypse.
Pour les évangiles, d'autres versions en syriaque que la Peshitta remontent quant à elles au IVe siècle. Il s'agit des Évangiles Curétoniens (en) et du Codex Sinaiticus Syriacus, qui est un palimpseste. L'ensemble de ces deux versions étant surnommé "Evangelion da-mepharreshe" en syriaque, "évangiles séparés", par opposition au Diatessaron qui propose une harmonie des quatre évangiles.
Par ailleurs, le Codex Khabouris (en) du Xe siècle (du nom de la rivière Khabour en Syrie, affluent de l'Euphrate), est un manuscrit du Nouveau Testament en très bon accord avec la Peshitta, et serait une copie (ou une copie de copie) d'un manuscrit syriaque du IIe siècle : selon d'anciennes lectures du colophon du manuscrit d'origine recopié dans le Khabouris, aujourd'hui quasi-illisible, celui-ci aurait été écrit 100 ans après la persécution de Néron des chrétiens de Rome en 64 apr. J.-C., soit en 164 apr. J.-C. Cela en ferait une copie (en très bon accord donc avec la Peshitta) d'un manuscrit plus ancien que les Quatre grands onciaux (Sinaiticus, Vaticanus, Alexandrinus, Ephraemi Rescriptus) et même que les plus anciens papyrus contenant au moins un livre du Nouveau Testament presque entier comme le Papyrus 66 pour l'Évangile selon Jean (datation entre le début du IIe et le début du IVe siècle), et le Papyrus 75 pour l'Évangile selon Luc et l'Évangile selon Jean (datation entre la fin du IIe et le IVe siècle).
Avant la Peshitta (ou en parallèle si le Codex Khabouris (en), très proche de la Peshitta, est bien une copie d'un manuscrit de 165 apr. J.-C.), le Diatessaron - compilation par Tatien en syriaque des quatre évangiles (aujourd'hui) canoniques datant du IIe siècle (vers 160 apr. J.-C.) - a été utilisé en parallèle (ou à la place) des Évangile au moins par certaines communautés de l'Église syriaque pendant plusieurs siècles, y compris pour diverses missions d'évangélisation (vers le Kerala en Inde...). Il ne fait pas partie de la Bible, et n'est donc pas non plus inclus dans la Peshitta. Aujourd'hui, à la suite du remplacement du Diatessaron par les Évangiles canoniques à l'époque d'apparition (ou de remise en avant) de la Peshitta, seule une traduction ancienne du Diatessaron en arabe est disponible, ou des traductions récentes à partir de cette version en arabe (le codex Fuldensis en latin et francique correspondant à une autre compilation des quatre évangiles canoniques, à ne pas confondre avec le Diatessaron).
L'importance de la Peshitta, version standard, commune, en langue syriaque, est liée à celle de l'Araméen, notamment pour les évangiles, selon que l'araméen ait ou non été la langue originale ou au moins une des langues originales de l'enseignement oral de Jésus, retranscrit ensuite dans les évangiles par écrit. Le Syriaque est en effet un dialecte de l'Araméen, dont un autre dialecte régional était à l'époque de Jésus, une des langues courantes en Galilée, Judée, Samarie, Décapole... avec le grec (Koinè). Dans ce dialecte régional, l'araméen a été une des langues parlée par Jésus et ses apôtres, comme l'indique par exemple l'Évangile selon Marc, qui contient des paroles non traduites de Jésus en araméen (dans les versions non-syriaques). A part l'araméen, les autres langues utilisées étaient l'hébreu (du fait de la Bible hébraïque) et le grec pour les communications avec les Romains (qui parlaient aussi latin entre eux), les juifs de la diaspora parlant grec, et les autres personnes hors diaspora, ni juives ni samaritaines (par exemple la petite ville de Sepphoris de nom et de culture grecque était située juste à côté de Nazareth). Dans ses différents dialectes, l'Araméen est ainsi jusqu'à aujourd'hui la langue des différentes Églises syriaques d'une part, et avec l'hébreu une des deux langues religieuses dans la religion juive : le Talmud contient par exemple la Mishnah en hébreu, et la Guémara en araméen. Au moins à partir du premier siècle de notre ère, les juifs faisaient la lecture des textes bibliques à la synagogue en hébreu, puis leur traduction/interprétation en araméen dans un targoum (par définition un targoum est une traduction de la Bible en Araméen), ou en grec, de façon à s'assurer que tout le monde comprenait bien le sens, l'hébreu étant alors de moins en moins une langue courante parmi la population de religion juive. Parmi les manuscrits de Qumran, un targum de Job a été retrouvé.
La majorité des biblistes occidentaux (comme Bruce Metzger, cf The Early Versions of the New Testament: Their Origin, Transmission, and Limitations, 1977) pense que l'ensemble du Nouveau Testament a été rédigé en grec, à l'exception peut-être de l'épître aux hébreux et de l'évangile selon Matthieu, qui aurait été rédigé en hébreu selon Papias d'Hiérapolis, ou dans la langue du peuple hébreu, ce qui pourrait aussi désigner la langue vivante du peuple hébreu, et donc potentiellement l'araméen (plusieurs chapitres du livre de Daniel dans la Bible hébraïque, et 17% des fragments des manuscrits de Qumran ont été rédigés en araméen, ainsi que plus tard la majeure partie du Talmud). Il existe néanmoins un débat à ce sujet : cf par exemple les ouvrages de synthèse "la naissance des Évangiles synoptiques" de Jean Carmignac (en faveur d'originaux sémitiques, en hébreu ou en araméen, avec un penchant pour l'hébreu), "La langue de Jésus" de Frère Bernard-Marie (en faveur d'originaux en araméen), "le Christ hébreu" de Claude Tresmontant (en faveur d'originaux en hébreu, et reprenant des arguments de Jean Carmignac).
La Peshitta elle-même donne une indication à la fin de chaque évangile (Cf "Les évangiles, traduit du texte araméen", présentés et annotés par Joachim Elie et Patrick Calame) :
- annonce de Mattaï (Matthieu), qui a parlé hébreu en Palestine,
- annonce de Marqos (Marc) qui a parlé romain à Rome,
- annonce de Louqâ (Luc), qui a parlé grec à Alexandrie,
- annonce de Youhanân (Jean), qui a parlé grec à Éphèse.
Hébreu peut signifier dans ce contexte la langue vivante des juifs de Palestine à cette époque, donc soit l'hébreu (langue liturgique principale, et langue vivante de l'élite des Pharisiens et des Saducéens), soit l'Araméen (langue populaire, et langue liturgique secondaire).
A son tour, "romain" peut ici signifier langue vivante des Romains, ce qui peut correspondre au grec comme au latin. Papias d'Hiérapolis (cité par l'historien de l'Église Eusèbe de Césarée), indique que Marc était l'interprète de Pierre, que l'auteur de l'épître 1-Pierre désigne comme son "fils", Pierre ayant par ailleurs selon d'autres traditions vécu à Rome sur la fin de sa vie (premier "pape" de l'Église).
Ces indications propres à la Peshitta en fin de chaque évangile seraient donc plutôt en faveur d'originaux en grec pour les évangiles selon Luc et selon Jean, en grec et/ou latin pour celui selon Marc, et en hébreu et/ou araméen pour celui selon Matthieu.
Il est également possible que ces indications, si elles sont justes, renvoient au sens figuré à un type de rhétorique : Matthieu aurait orienté son texte pour un auditoire de religion juive et parlant hébreu et/ou araméen de son époque (cinq grands discours de Jésus en référence aux cinq livre de la Torah ?) ? Marc aurait recouru à des éléments de rhétorique romaine pour s'adresser aux Romains (cf l'ouvrage "The Rhetoric of Jesus in the Gospel of Mark", Michael Strickland, David M. Young) ? Luc aurait emprunté à un style rhétorique classique à son époque à Alexandrie, grecque, égyptienne et cosmopolite ? Jean à un style rhétorique grec contenant des éléments philosophiques courant à Éphèse (par exemple le Logos de la philosophie grecque antique dans le premier verset du prologue de Jean si l'évangile a été rédigé en premier en grec?) ?
Mais selon les Églises et diasporas syriaques, la Peshitta reflèterait la transmission authentique des éléments des traditions orale et écrite de l'Église syriaque d'origine, plus proches sur le fond de la formulation originale de certains enseignement de Jésus, et en tout cas remontant à plus haut dans le temps que le Ve siècle apr. J.-C. Ceci se reflète en particulier par des jeux de mots et une profondeur de sens propres à l'araméen dans les Évangiles de la Peshitta (jeux de mots qui n'apparaissent pas en grec) : cf par exemple "Les évangiles, traduit du texte araméen", présentés et annotés par Joachim Elie et Patrick Calame.
L'araméen est en tout cas une des trois ou quatre langues ayant pu être une langue de rédaction originelle des évangiles, et/ou de l'enseignement original de Jésus. Et la Peshitta est la version standard en syriaque, dialecte proche ou dérivé du dialecte parlé de l'araméen parlé par Jésus et les apôtres.