Premier Empire
premier des deux empires français établis au profit de la dynastie des Bonaparte (1804 à 1814) / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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L'Empire français, appelé a posteriori le Premier Empire[Note 3], est le régime impérial de la France à partir du , date de la proclamation de Napoléon Bonaparte empereur des Français par sénatus-consulte, jusqu'à sa première abdication le , puis de son retour à Paris le à la séparation de la Commission Napoléon II le .
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(9 ans, 10 mois et 27 jours)
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(3 mois et 17 jours)
Drapeau |
Armoiries |
Devise | Aucune[Note 1] |
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Hymne |
principalement Veillons au salut de l'Empire mais encore Chant du départ ou Marche consulaire[Note 2] |
(vert) États clients
(vert clair) Occupation militaire
(vert très clair) Frontières de jure des états clients
(vert clair) Frontières de jure des états clients
Statut | Monarchie constitutionnelle césariste |
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Texte fondamental |
Constitution de l'an XII Acte additionnel aux constitutions de l'Empire du 22 avril 1815 |
Capitale | Paris |
Langue(s) | Français |
Religion | Catholicisme (religion d'État) et Protestantisme |
Monnaie | Franc germinal |
Population (1812) | ~ 44 000 000 hab (hors États vassaux)[1] |
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Superficie (1812) |
2 100 000 km2 (avec les États vassaux)[2] 2 500 000 km2 avec États vassaux, colonies et protectorats 2 140 000 km2 avec la Louisiane française, courte période annexée de 1800 à 1804) |
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Le régime impérial est proclamé. Il est approuvé par plébiscite le . | |
Sacre de Napoléon Ier. | |
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Campagne d’Allemagne : victoire incarnée à la bataille d'Austerlitz. |
Bataille de Trafalgar : échec décisif de la tentative de conquête du Royaume-Uni. | |
Dissolution du Saint-Empire. | |
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Campagne de Dalmatie Campagne de Prusse et de Pologne : victoire consacrée à la bataille d'Iéna (Prusse) et de Friedland (Pologne). |
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Guerre d'indépendance espagnole : retraite consacrée à la bataille de Bailén. |
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Campagne d'Allemagne et d'Autriche : victoire consacrée à la bataille de Wagram. |
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Campagne de Russie : retraite et pertes importantes consacrées à la bataille de la Bérézina. |
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Campagne d'Allemagne : échec et retraite consacrée à la bataille de Leipzig. |
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Campagne de France : victoire tactique française, mais victoire stratégique des coalisés. Première abdication de Napoléon Ier, exilé sur l'île d'Elbe. |
Débarquement de Napoléon au Golfe Juan, début des Cent-Jours. | |
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Campagne de Belgique : échec consacré à la bataille de Waterloo. Seconde abdication, exil à Sainte-Hélène. |
Séparation de la Commission Napoléon II. Chute de l'Empire. |
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Napoléon Ier |
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Napoléon Ier |
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Napoléon II |
Chambre haute |
Tribunat (jusqu'en 1807) Chambre des pairs (1815) |
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Chambre basse |
Corps législatif (jusqu'en 1814) Chambre des représentants (1815) |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
- Royaume de France (Première Restauration)
- Confédération germanique
- Royaume d'Espagne
- Principauté souveraine des Pays-Bas unis
- Empire d'Autriche
- Duché d'Oldenbourg
- Moresnet neutre
- Monaco
- Grand-duché de Toscane
- États pontificaux
- Duché de Parme et Plaisance
- Royaume de Piémont-Sardaigne
- République ligurienne
- Confédération des XXII cantons
- Andorre
D'abord perçu comme une continuation de la Première République, avant de prendre la dénomination officielle d'« Empire français » en 1809, il fait suite au Consulat, est entrecoupé par la Première Restauration avant le rétablissement de son autorité lors des Cent-Jours, et est suivi par la Seconde Restauration. C'est le premier des deux empires français établis au profit de la dynastie des Bonaparte.
Le Premier Empire se distingue des autres régimes politiques de l'Histoire de France, d'abord par son originalité en inaugurant un système politique alors inédit en France, l'Empire ; ensuite par sa belligérance car les guerres napoléoniennes voient la France affronter successivement cinq coalitions de 1805 à 1815. Ces conflits permettent à Napoléon de conquérir la majeure partie de l'Europe continentale, hors Scandinavie. Portée à son extension continentale maximale (2 500 000 km2 annexés), la France compte alors 135 départements, des villes comme Rome, Hambourg, Barcelone, Amsterdam ou Raguse devenant chefs-lieux de départements français.
Incarnés par de nombreuses et spectaculaires victoires militaires comme Austerlitz, Iéna, Auerstadt, Eylau, Friedland ou Wagram, ces succès continentaux se payent au prix de lourdes pertes et d'un recul sur le plan colonial, conduisant à la disparition du Premier empire colonial français, à la vente de la Louisiane en 1803 s'ajoutant à la conquête de certaines colonies antillaises par le Royaume-Uni, ennemi de la Révolution et maître des mers. Les récurrents échecs français à conquérir les îles Britanniques, symbolisés par la campagne de Trafalgar, laissent en effet les Britanniques financer les successives coalitions qui viennent en 1814 à bout des armées impériales, après le tournant décisif de la campagne de Russie, échec stratégique dont la Grande Armée ne se relèvera pas.
Contexte
En 1799, à l'issue du coup d'État du 18 Brumaire, Napoléon Bonaparte est nommé Premier Consul. Trois ans plus tard, alors que le pays renoue avec une certaine prospérité, que la paix intérieure règne et que la menace extérieure semble éteinte après la signature de la Paix d'Amiens[3], le Deuxième Consul Cambacérès incite le Tribunat à donner à Bonaparte « un gage éclatant de la reconnaissance nationale »[4]. Cela conduit à la proclamation du consulat à vie par plébiscite le . Pour beaucoup, Napoléon apparaît alors déjà « comme un roi à qui il ne manque plus qu'une couronne »[5]. La marche à l'Empire est accélérée par la découverte du complot royaliste de Cadoudal au début de l'année 1804, qui aboutit notamment à l'arrestation du général Moreau comme complice et à l'exécution du duc d'Enghien[6],[7].
En coulisses, l'entourage de Bonaparte s'active pour asseoir encore davantage son pouvoir en lui octroyant l'hérédité. L'ancien ministre de la Police, Joseph Fouché, œuvre en ce sens au Sénat[6], si bien que le , cette assemblée invite Napoléon à « achever son ouvrage en le rendant immortel comme sa gloire »[8]. Chaque grand corps de l'État se joint peu à peu à cette demande, ainsi le conseil privé du Premier Consul, qui recommande l'établissement de l'Empire le [8], de même que le Corps législatif, par l'intermédiaire de Fontanes qui déclare lors d'une cérémonie officielle : « Un empire immense repose depuis quatre ans sous l'abri de votre puissante administration[9]. ». Dans le même temps, les partisans de l'Empire comme Fouché ou les frères de Bonaparte, Joseph et Lucien, activent leurs réseaux de manière que dans toute la France, les collèges électoraux, les conseils généraux ou municipaux adressent aux institutions parisiennes l'établissement d'une monarchie républicaine[6]. Dans sa correspondance avec le Premier Consul, le général Soult fait valoir que cette ambition est partagée par l'armée[10].
La proclamation de l'Empire et l'organisation du nouveau régime
Le 1804, Jean-François Curée dépose une motion demandant au Tribunat d'émettre le vœu que Bonaparte soit déclaré empereur et que la dignité impériale soit déclarée héréditaire dans sa famille. Celle-ci est adoptée à l'unanimité moins une voix, celle de Lazare Carnot, le suivant[11], tandis que le Sénat adopte lui aussi le principe d'un empire héréditaire[8]. Le , une commission de dix membres composée de sénateurs, de ministres et des trois consuls, entame la rédaction d'un projet de sénatus-consulte qui est arrêté deux jours plus tard et approuvé par le conseil privé de Bonaparte[12]. Le , ce projet est présenté au Sénat par le conseiller d'État Portalis, qui exhorte les sénateurs à l'approuver sans discussion : « C'est un beau spectacle que celui d'une nation qui, à peine sortie de la révolution la plus terrible, vient, dans le silence de tous les partis et dans le calme de toutes les passions, choisir elle-même les institutions les plus convenables à sa gloire et à son bonheur[13]. »
Le sénatus-consulte est approuvé le à la quasi-unanimité par le Sénat[Note 4], confiant ainsi à Napoléon Bonaparte le gouvernement de la République avec le titre d'Empereur des Français[12]. Des coups de canon sont tirés sur le Champ-de-Mars pour célébrer l'évènement[14], tandis que les sénateurs se rendent au château de Saint-Cloud, où Cambacérès, qui préside l'assemblée, remet le texte au nouvel empereur[15], dans la galerie d'Apollon[14].
La nouvelle constitution ajoute 142 articles à la précédente, mais elle ne modifie pas en profondeur la définition et les fonctions des grandes institutions créées au début du Consulat. Le Corps législatif et le Tribunat sont maintenus, de même que le Conseil d'État et le Sénat. La majorité des articles ajoutés le sont pour définir l'hérédité du trône, le rôle de la famille impériale, et les nouvelles dignités de l'Empire. Ainsi le principe de l'hérédité est fixé : il reprend celui de la loi salique, l'accordant de mâle en mâle, par ordre de primogéniture et dans la descendance directe, naturelle et légitime de Napoléon ou, à défaut, à ses frères Joseph et Louis[16],[Note 5]. Par ailleurs, la nouvelle constitution crée six grandes dignités de l'Empire récompensant les deux anciens consuls et les membres de la famille de Napoléon. Ainsi, Cambacérès et Lebrun sont respectivement nommés archichancelier et architrésorier de l'Empire, tandis que Joseph est nommé au titre de grand électeur, Louis à celui de connétable, Murat à celui de grand amiral et Eugène de Beauharnais à celui d'archichancelier d'État. Bien qu'honorifiques, ces dignités donnent accès à plusieurs corps de l'État, comme le conseil privé et le grand conseil de l'Empereur, le Sénat ou encore le Conseil d'État. De même, de grands officiers, militaires ou civils, sont nommés. Le maréchalat est rétabli et limité à seize titulaires, nommés le , au lendemain de la proclamation de l'Empire[17].
Les décrets du et du fixent les préséances et l'étiquette impériale, tandis que la Maison de l'Empereur est organisée, notamment par la nomination de Duroc comme grand maréchal du palais, de Caulaincourt comme grand écuyer, de Talleyrand comme grand chambellan, de Berthier comme grand veneur, de Joseph Fesch comme grand aumônier et de Ségur comme maître des cérémonies[18]. Par ailleurs, l'organisation de l'appareil d'État s'accompagne d'une réforme des ministères. C'est dans ce cadre que Joseph Fouché fait son retour à la Police[19].
Durant le mois de , le peuple se prononce par plébiscite, mais uniquement sur la question de l'hérédité de l'Empire qui doit être approuvée et non sur la constitution dans son ensemble. Comme lors des précédentes consultations, le résultat est sans appel, avec un total de 3 524 254 oui contre 2 579 non[20],[Note 6]. Le résultat définitif de ce plébiscite est proclamé au nom du Sénat le suivant par François de Neufchâteau[21].
La République ne disparaît pas immédiatement dans les actes officiels de ce nouveau régime politique : la référence à la République perdure un temps, dans le serment de l'Empereur lors de son sacre (), dans l'énoncé officiel des lois (jusqu'en ), dans les actes d'état civil (jusqu'à fin 1805), et sur les pièces de monnaie (le Franc Germinal, jusqu'en 1808). Le sénatus-consulte du supprime le Tribunat et modifie la Constitution de l'an XII qui a établi ce régime impérial. Les lois proclamées commençaient jusqu'à cette date par « NAPOLÉON, par la grâce de Dieu et les constitutions de la République, EMPEREUR DES FRANÇAIS, à tous présens et à venir, SALUT ». Après , on trouve l'énoncé suivant : « NAPOLÉON, par la grâce de Dieu et les constitutions, EMPEREUR DES FRANÇAIS, ROI D'ITALIE et PROTECTEUR DE LA CONFÉDÉRATION DU RHIN, à tous présens et à venir. SALUT ». L’Empire français devient le centre d'un système politique continental, qui lui associe des États vassaux, sous l'autorité suprême d'un seul homme, Napoléon.
Le , Napoléon signe un décret qui établit la préfecture du département de la Vendée en la ville de La Roche-sur-Yon, qui est ainsi refondée par un grand projet urbanistique. Cet acte vise à mettre un terme à l'instabilité de la Vendée.
Le , la première cérémonie de remise de la Légion d'honneur a lieu.
Le sacre de Napoléon Bonaparte le 2 Décembre 1804
Napoléon Ier est sacré empereur en la cathédrale Notre-Dame de Paris par le pape Pie VII. Il est réellement sacré, puisque le sacre consiste à être oint par le saint-chrême, ce qui fut fait effectivement par le pape aux endroits habituels pour les souverains. Ainsi, le fait qu'il plaça lui-même la couronne au-dessus de sa tête n'a rien à voir avec le sacre, puisque la couronne n'est qu'un objet représentant le pouvoir impérial, tout comme le globe ou l'épée.
N'étant pas pratiquant, l'Empereur ne communie pas lors de la messe. Il se couronne donc lui-même comme évoqué plus haut, se souvenant sans doute de l'épisode du couronnement impérial de Charlemagne. Il couronne ensuite son épouse Joséphine, qui devient alors impératrice. Cette scène est représentée par le célèbre tableau de Jacques-Louis David Le Sacre de Napoléon.
Le sacre impérial est lourdement chargé en symboles. Le passage de la République à l’Empire nécessite la création d’armoiries impériales, ainsi que la création d’objets symboliques destinés à établir une tradition auparavant inexistante. Napoléon, qui se veut rassembleur, décide d’associer aux symboles de son règne les images qui ont pu représenter auparavant la France, ainsi que les pouvoirs forts européens.
Les abeilles sont censées rappeler les Mérovingiens, et leur disposition sur les armoiries et le manteau impérial doit rappeler les fleurs de lys des Capétiens. La main de justice, utilisée par les Capétiens lors des sacres royaux, doit faire apparaître que l'Empereur est l’héritier de leur pouvoir. Napoléon veut montrer qu’il est le fondateur de la « quatrième dynastie », celle des Bonaparte, après les Mérovingiens, les Carolingiens, et les Capétiens. D'autres symboles utilisés pendant le sacre sont chargés de valeurs morales. Ainsi Napoléon tient-il un moment le globe de Charlemagne ; il porte la couronne de ce même empereur. Son épée et son sceptre sont dits « de Charlemagne » : ils ont été en réalité utilisés depuis plusieurs siècles par les Valois puis les Bourbons lors de leurs sacres.
L’aigle est choisi en référence aux aigles romaines, portées par les légions, mais il est également le symbole de Charlemagne, l’aigle éployée. La couleur rouge du manteau impérial est une référence directe à la pourpre de l’imperium romain. Napoléon se pose ainsi en héritier de l’Empire romain et de Charlemagne.
Serment prononcé par Napoléon Ier lors de son sacre :
« Je jure de maintenir l'intégrité du territoire de la République ; de respecter et de faire respecter les lois du concordat et la liberté des cultes ; de respecter et faire respecter l'égalité des droits, la liberté politique et civile, l'irrévocabilité des ventes des biens nationaux ; de ne lever aucun impôt, de n'établir aucune taxe qu'en vertu de la loi ; de maintenir l'institution de la légion d'honneur ; de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français. »
Napoléon devient aux yeux du peuple un chef d'État représentant à la fois le consensus politique d'une nation et un monarque choisi et protégé par la grâce de Dieu. Toutefois, il est considéré à l'étranger comme l'héritier d'une révolution fondamentalement antimonarchique. Cette ambiguïté est sans aucun doute le point faible du régime.