Puncak Jaya
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Le Puncak Jaya ou pyramide Carstensz est une montagne d'Indonésie située sur l'île de Nouvelle-Guinée, dans la province de Papouasie centrale. Ses 4 884 mètres d'altitude font de cette montagne le point culminant de l'Indonésie et de l'Océanie, ce qui l'inscrit dans la catégorie des sept sommets, et place la Nouvelle-Guinée en première position dans le classement des îles par altitude.
Puncak Jaya | |||
Vue de la face nord du Puncak Jaya. | |||
Géographie | |||
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Altitude | 4 884 m[1],[2],[3] | ||
Massif | Chaîne de Sudirman[4],[5] (monts Maoke) |
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Coordonnées | 4° 04′ 44″ sud, 137° 09′ 34″ est[6] | ||
Administration | |||
Pays | Indonésie | ||
Province | Papouasie centrale | ||
Kabupaten | Mimika | ||
Ascension | |||
Première | par Heinrich Harrer, Albert Huizenga, Russell Kippax et Philip Temple[6],[3] | ||
Voie la plus facile | Voie Normale (Voie Harrer)[4],[7] | ||
Géologie | |||
Âge | Roches : Miocène[8],[9] Montagnes : Pliocène[10] |
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Roches | Calcaires[8],[9],[11] | ||
Type | Volet synclinal perché | ||
Géolocalisation sur la carte : Indonésie
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Découverte par le Néerlandais Jan Carstenszoon en 1623, la montagne n'est approchée qu'au début du XXe siècle et n'est gravie qu'en 1962 en raison de sa relative inaccessibilité. La présence du Puncak Jaya dans la liste des sept sommets attire cependant de nombreux alpinistes désireux de gravir les points culminants des sept continents. Le Puncak Jaya et les sommets voisins sont un des rares endroits à présenter des glaciers sous des latitudes équatoriales. Ces quelques glaciers, dont le glacier Carstensz, qui s'étend sur la face orientale du Puncak Jaya, sont les restes d'une calotte glaciaire beaucoup plus importante, qui a commencé à régresser à la fin de la dernière période glaciaire, il y a 12 000 ans. Inclus dans le parc national de Lorentz, le Puncak Jaya est situé à proximité de la mine de Grasberg, une mine à ciel ouvert constituant un des plus importants gisements d'or et de cuivre au monde.
Lorsque la montagne est découverte par les explorateurs néerlandais qui allaient ensuite coloniser ce qui deviendra l'Indonésie, elle est baptisée Carstenzpiramide en néerlandais[4], en français « pyramide Carstensz », en l'honneur du navigateur néerlandais Jan Carstenszoon, commandant de la première expédition européenne à l'avoir vue[1]. Il existe de nombreuses variantes de toponymie, toutes erronées, basées sur Carstensz Pyramid, le nom en anglais de la montagne, et qui sont Karstens Pyramid, Carstens Pyramid, Carstenz Pyramid, Carstenzs Pyramid, Carstesz Pyramid, Carstes Pyramid, Carstez Pyramid, Karstensz Pyramid, Karstenz Pyramid, Karstesz Pyramid, Karstes Pyramid, y compris avec la variante Piramid[1].
Après la reconnaissance de l'indépendance de l'Indonésie le [12], la partie occidentale de l'île de Nouvelle-Guinée reste sous contrôle des Néerlandais[3],[13]. Ce n'est que le et après deux ans d'affrontements armés que la Nouvelle-Guinée néerlandaise est intégrée à l'Indonésie[3],[13]. La montagne est alors rebaptisée Puncak Soekarno[14] en indonésien en l'honneur du premier président de l'Indonésie, tandis que les communistes adoptent le nom de Puncak Jaya, en français « Pic de la Victoire »[1],[6],[15]. De ce dernier nom apparaîtront des formes erronées telles que Puncak Jaja ou Puncak Jaia[1].
Actuellement, les noms de « Puncak Jaya » et « pyramide Carstensz » sont utilisés indifféremment bien que les alpinistes semblent préférer la dernière forme[1],[2],[6]. Puncak Jaya Kesuma[1], Puncak Jayakesuma[2], Jaya Kesuma[1], Jayakesuma[16], Mount Jayakesumu[17], Puntiak Djaja[18], Puncak Djaja, Punjak Jaya soit en français « pic Jaya »[14], Mount Carstensz[4],[6],[17], Carstensz Toppen[17], Carstensz Pyramida[17], Gunung Jaya[19] soit en français « mont Jaya »[19], Peak Sukarno[17] et Gunung Sukarno[20] sont aussi des variantes utilisées. En amung (appelée aussi damal[21]), la langue des Amungme, un des groupes papous vivant dans la chaîne de Sudirman, la montagne est appelée Nemangkawi[20].
Le nom de Puncak Jaya est parfois utilisé pour nommer le Nga Pulu qui se situe à proximité[1],[17]. En effet, cette montagne est considérée par certains Indonésiens comme le point culminant de leur pays en lieu et place du Puncak Jaya, alors qu'elle culmine officiellement à 4 862 mètres d'altitude, soit 24 mètres de moins que le Puncak Jaya[1]. Une autre montagne actuellement non nommée et située à 500 mètres à l'ouest du Nga Pulu, soit au nord-est du Puncak Jaya[2], est elle aussi parfois appelée « Puncak Jaya »[17].
Localisation
Le Puncak Jaya est situé dans l'ouest de l'île de Nouvelle-Guinée ce qui l'inclut dans l'Océanie[1],[6]. Il fait partie de la chaîne de Sudirman[4],[8], un des massifs des monts Maoke qui parcourent le centre de l'île de Nouvelle-Guinée d'est en ouest[6],[5]. Il n'est distant que de quatre-vingts kilomètres à vol d'oiseau de la mer d'Arafura située au sud[5],[9],[15].
Le Puncak Jaya est entouré par la plaine méridionale de l'île de Nouvelle-Guinée au sud[17], par la chaîne des Explorateurs au sud-est et par la chaîne Hens au nord[22],[23]. Les sommets les plus proches sont le Carstensz Oriental et le pic Wollaston à l'est-sud-est, le Nga Pulu à l'est-nord-est, le Grasberg et le Ngga Pilimsit au nord-ouest[24], le Platen Spitz au sud-ouest et le mont Vennus au sud[22],[25]. La mine de Grasberg, une des plus importantes mines d'or au monde, se situe à environ cinq kilomètres à vol d'oiseau du Puncak Jaya en direction du nord-ouest et la ville la plus proche, Tembagapura, est située à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau vers le sud-ouest[25].
Administrativement, la montagne se situe dans l'est de l'Indonésie, dans la province de Papouasie centrale et dans l'est du kabupaten de Mimika, non loin des kabupaten de Puncak Jaya qui se situe au nord, de Jayawijaya au nord-est et de Merauke au sud-est[1].
Topographie
L'altitude du Puncak Jaya est encore sujette à débat. Officiellement, il culmine à 4 884 mètres[2],[5],[6] mais certaines sources comme les cartes de navigation aérienne australiennes ou des atlas mentionnent des altitudes de 5 020 mètres[18], 5 030 mètres[1],[19] ou encore 5 039 mètres[14]. L'expédition australienne du début des années 1970 qui a effectué la première cartographie des environs du Puncak Jaya avec des instruments modernes a obtenu une altitude de 4 883,87 mètres pour le Puncak Jaya[26]. Du fait de sa proéminence, le Puncak Jaya est le plus haut sommet entre l'Himalaya et les Andes en passant par l'océan Pacifique[4],[6]. Le sommet plus élevé le plus proche est le mont enneigé Yulong qui se trouve à 5 262 kilomètres à vol d'oiseau en direction du nord-ouest, en Chine, dans le Yunnan[6], et qui culmine à 5 596 mètres d'altitude[27].
Le sommet du Puncak Jaya est constitué d'une masse rocheuse formant une falaise de 500 à 600 mètres de hauteur[1] qui domine le glacier Carstensz de 300 mètres[15]. Tandis que la base de cette falaise présente une inclinaison de seulement 10 à 15°, les quatre-vingts derniers mètres sont quasiment à la verticale et en surplomb, formant alors une corniche[1].
Hydrographie
Le Puncak Jaya et les sommets avoisinants constituent un des rares endroits au monde où des glaciers sont situés sous des latitudes proches de celle de l'équateur[1]. En plus du Puncak Jaya, c'est le cas du Puncak Mandala, du Nga Pulu et du Ngga Pilimsit, eux aussi situés sur l'île de Nouvelle-Guinée[2],[15],[17],[28], du Kilimandjaro, du Rwenzori et du mont Kenya en Afrique et des Andes équatoriennes en Amérique du Sud[29]. Un autre glacier existait en Nouvelle-Guinée sur le Puncak Trikora mais il a entièrement fondu entre 1939 et 1962[15],[28]. Reliques de l'ancienne calotte glaciaire qui s'étendait sur 863 km2 il y a 15 000 ans[30], les glaciers couvrant les pentes du Puncak Jaya et des sommets voisins ne mesuraient plus qu'environ 7 km2 au début des années 1970[31] et 2,1 km2 en 2002[32],[33]. Parmi ces glaciers, les deux à être des glaciers de vallée sont le glacier Carstensz qui s'étend à l'est du Puncak Jaya et le glacier Meren qui se trouvait sur la face sud-ouest du Nga Pulu mais qui a entièrement fondu à la fin du XXe siècle[32],[33].
Le Puncak Jaya alimente un seul bassin versant, celui donnant sur la mer d'Arafura située à environ quatre-vingts kilomètres à vol d'oiseau au sud[15],[22] par l'intermédiaire de deux fleuves : l'Otomona et l'Otokwa[2],[25]. Le versant nord du Puncak Jaya alimente la rivière Aghawagon qui prend sa source aux pieds des glaciers Carstensz dans la vallée Jaune et de Meren dans la vallée du même nom[25]. Cette rivière forme la rivière Otomona Est en rejoignant la rivière Wanagon[25]. Le fleuve Otomona est ensuite formé de la confluence des rivières Otomona Est et Ouest[2],[25]. Le versant sud du Puncak Jaya donne quant à lui sur la rivière Nasura qui alimente le fleuve Otokwa via la rivière Tsing[22],[25],[34].
Géologie
La formation des monts Maoke auxquels appartient le Puncak Jaya est la conséquence de la collision entre la plaque australienne située au sud et la plaque Maoke située au nord[35]. La surrection de ces montagnes aurait débuté à la fin du Pliocène, il y a environ dix millions d'années[11], lorsque des terrains sédimentaires composés de calcaires, de marnes et de grès[11] datant du Jurassique ont commencé à se déformer[10]. Ces déformations seraient encore à l'œuvre et se traduiraient par des mouvements essentiellement horizontaux au niveau du Puncak Jaya[10]. Dans le secteur du Puncak Jaya, cette collision s'est traduite par la prise en étau de terrains qui se sont retrouvés comprimés et soulevés, formant alors le massif composé du Puncak Jaya et des sommets voisins[8]. Sous la pression, ces terrains se sont déformés avec l'apparition de structures géologiques pseudo-parallèles orientées selon un axe sud-sud-est/nord-nord-ouest[8]. De l'extérieur du massif vers l'intérieur se succèdent une faille, une falaise, un synclinal et un anticlinal disposés de manière pseudo-symétrique[8]. Le sommet du Puncak Jaya se trouve à la limite sud de ces structures et constitue une proéminence de la falaise qui le relie au Carstensz Oriental[8],[25]. Superposé à ces structures tectoniques se rajoute un pluton ayant entraîné un métamorphisme, situé à l'ouest du Puncak Jaya, à l'emplacement des mines de Grasberg et d'Ertsberg[8] et mis en place au Pliocène[36].
Les roches formant le sommet du Puncak Jaya sont des calcaires très résistants[3],[8],[11],[28] ce qui est confirmé par les alpinistes l'ayant gravi qui parlent d'une roche aussi dure que le verre[1]. Ces calcaires datant du Miocène[8],[9] peuvent former des reliefs karstiques, notamment à l'est du Puncak Jaya[22],[11]. Le relief a été modelé par l'érosion, notamment glaciaire[8],[17]. Ces glaciers ont creusé des vallées glaciaires telles que les vallées Jaune et de Meren, des ombilics glaciaires tels que les prairies de Carstensz, des moraines, des cirques et des pics[8]. De cette calotte glaciaire qui a commencé à régresser à la fin de la dernière période glaciaire, il ne reste plus que les petits glaciers qui se trouvent sur le Puncak Jaya, le Carstensz Oriental, le Nga Pulu et le Ngga Pilimsit[8].
Climat
Du fait de sa latitude proche de l'équateur, le climat présent en Nouvelle-Guinée est de type équatorial et dominé par l'influence de la zone de convergence intertropicale[37]. Cette zone est caractérisée par de forts mouvements convectifs de l'atmosphère induits par la convergence des alizés en provenance des hémisphères nord et sud[37]. Cette zone de convergence intertropicale subit une faible saisonnalité et se trouve au-dessus de la Nouvelle-Guinée lors de l'hiver dans l'hémisphère nord. Le Puncak Jaya influence aussi grandement le climat local en raison de son altitude d'une part mais aussi de la topographie, contribuant ainsi à créer un microclimat[37].
Ainsi, tandis que les plaines et les contreforts des monts Maoke sont soumis à un climat typiquement équatorial caractérisé par des températures élevées et une forte pluviométrie répartie tout au long de l'année[9], le Puncak Jaya et les sommets environnants connaissent une influence montagnarde typique des hauts sommets situés aux latitudes proches de l'équateur[37],[38],[39]. Ce microclimat présente certaines caractéristiques communes au climat équatorial des basses altitudes comme une faible variabilité annuelle des températures[40] de l'ordre de 0,5 °C[28] et une forte pluviométrie, mais il se différencie par une variabilité saisonnière dans la répartition des précipitations et l'ensoleillement[28],[41],[42]. Ces précipitations connaîtraient ainsi un maximum annuel entre fin-décembre et fin-mars par extrapolation des mesures effectuées au mont Wilhelm situé en Papouasie-Nouvelle-Guinée[43]. Le taux élevé d'humidité atmosphérique, 88 % en moyenne et jusqu'à 100 %[42], entretenu par les fortes températures et la proximité de la mer d'Arafura située à environ quatre-vingts kilomètres à vol d'oiseau[9] expliquent cette relative constance annuelle des températures[41]. La convection provoquée par les masses d'airs chaudes et humides en provenance du sud et butant contre les monts Maoke sont à l'origine de la formation de nombreux nuages qui déversent leur humidité sur les flancs du Puncak Jaya sous la forme de pluie mais aussi de neige[41],[43]. Cette pluviométrie, qui atteint 5,5 mètres par an en dessous de 3 500 mètres d'altitude, est sensiblement du même ordre de grandeur à haute altitude[41],[38],[44]. Il pleut ainsi plusieurs heures par jour même à haute altitude[3], généralement de la fin de la matinée ou du début de l'après-midi jusqu'à la fin de la nuit[5],[9],[17],[38],[45]. Ces précipitations peuvent se faire sous forme de neige lorsque les températures deviennent négatives, comme c'est souvent le cas la nuit[3],[9],[38]. Cette couche de neige atteint des épaisseurs entre quinze et trente centimètres au petit matin[7] mais fond rapidement au cours de la journée, notamment lorsque la neige laisse place à la pluie[38],[46].
L'absence de données météorologiques précises est due à l'inexistence de station météorologique dans le secteur du Puncak Jaya et plus particulièrement à très haute altitude[47],[48]. Les chiffres les plus précis ont été obtenus lors des Carstensz Glaciers Expeditions qui ont installé des instruments de mesure la première fois entre les mois de décembre et mars et la seconde fois en février[47] ainsi que par des alpinistes qui ont relevé ponctuellement des températures[38]. Ainsi, si les températures peuvent varier de 12 à 37 °C la journée avec une hausse rapide lorsque le soleil se lève[40], elles peuvent descendre à −8 °C au camp de base à 4 300 mètres d'altitude et jusqu'à −10 °C au sommet du Puncak Jaya[38]. Ces températures présentent une moyenne quotidienne variant entre 2,5 °C et 6,5 °C entre les mois de décembre et mars, chiffres à généraliser à l'ensemble de l'année en raison de leur faible variabilité[40].
Le vent, qui est généralement faible avec une moyenne légèrement supérieure à deux mètres par seconde et un maximum à quatre mètres par seconde, présente une variabilité nycthémérale[42]. Le jour, les vents sont anabatiques en s'élevant depuis le fond des vallées vers les sommets le long des parois de la montagne, tandis que la nuit, le phénomène a tendance à s'inverser pour donner une circulation catabatique avec des vents se dirigeant vers les vallées depuis les sommets[42]. Ce régime de brise de montagne, combiné aux autres facteurs atmosphériques et à l'altitude, augmente la rapidité du changement du temps si bien qu'au cours d'une même ascension, les alpinistes peuvent être confrontés au soleil, à la pluie et à la neige[38].
Faune
Les plus hauts sommets des monts Maoke étant intégralement entourés d'une forêt pluviale, les espèces montagnardes vivant sur les plus hauts sommets de cette chaîne de montagne dont le Puncak Jaya présentent de fortes différences avec celles vivant à plus basse altitude[39]. Ainsi, les espèces du sommet du Puncak Jaya sont plus fortement apparentées aux espèces vivant dans les régions tempérées des hémisphères nord et sud que celles vivant à quelques dizaines de kilomètres dans les plaines de Nouvelle-Guinée[39].
Aucune expédition scientifique menée dans le but d'inventorier la faune du Puncak Jaya n'a eu lieu si bien que les connaissances actuelles sont parcellaires[49]. En ce qui concerne les invertébrés, les seuls recensés sont cinq espèces de papillons, un Angonix, Daphnis dohertyi, Graphium weiskei, Leistera pulchristrigata et Tiracola rufimargo, retrouvés sur le glacier Meren mais vraisemblablement emportés accidentellement par le vent car en état de léthargie avancée[49]. Le seul reptile trouvé est un individu du genre Lobulia capturé à 4 050 mètres d'altitude[49]. Les oiseaux sont plus nombreux car 26 espèces ont été recensées dont les plus fréquentes sont la caille de montagne, le merle des îles, le méliphage de MacGregor, la paramythie huppée, le pipit de Nouvelle-Guinée et le miro des rochers, huit nomades et migratoires et trois, la colombine d'Étienne, l'hémiprocné à moustaches et un martin-chasseur, qui vivent habituellement en environnement tropical[49],[50]. En ce qui concerne les mammifères, vingt espèces ont été répertoriées soit par observation, soit par capture, soit par identification d'ossements[50]. Il s'agit de dix espèces de marsupiaux, le dendrolague unicolore, le pademelon à queue courte, le possum pygmée à longue queue, le pygmée à queue zébrée, une nouvelle espèce de thylogale, le Dasyure tacheté, Microperoryctes longicauda, un Phalanger, Pseudochirops cupreus et Dasyurus albopunctatus, de huit espèces de rongeurs, Baiyankamys habbema, Hyomys goliath, Mallomys rothschildi, Paramelomys rubex, Coccymys ruemmleri, Rattus niobe, Rattus richardsoni et d'une espèce non identifiée, d'une espèce d'échidné, l'échidné de Bruijn, ainsi qu'une espèce de canidé, le chien[51],[52],[53]. La majorité de ces espèces ne sont toutefois plus présentes à ces altitudes élevées non pas en raison de changements climatiques ou d'un changement du biotope, mais vraisemblablement sous la pression de la chasse pratiquée depuis 5 000 ans dans les pelouses alpines du Puncak Jaya, ainsi qu'en raison de l'arrivée de nouveaux prédateurs représentés par le chien[54].
Flore
De même que pour la faune, la flore présente sur le Puncak Jaya comme sur les autres sommets des monts Maoke est plus apparentée aux espèces des régions tempérées des hémisphères nord et sud que celles des forêts pluviales de Nouvelle-Guinée[39]. Du fait de l'âge relativement récent des monts Maoke, les écosystèmes montagnards présents autour du Puncak Jaya ont dû se constituer en seulement quelques millions d'années ce qui se traduit par une flore peu diversifiée et montrant une faible spéciation par rapport à des écosystèmes similaires mais situés en zones tempérées[10]. Néanmoins, une dizaine d'espèces sont endémiques au Puncak Jaya[11].
La flore alpine présente sur le Puncak Jaya forme des pelouses, des landes et des toundras qui s'étendent entre la limite supérieure des zones de buissons autour de 4 050 mètres d'altitude[55] et la limite inférieure des glaciers et des falaises formant le sommet du Puncak Jaya[56] autour de 4 585 mètres d'altitude[16]. Toutefois, cette limite supérieure de la flore alpine est conditionnée par un sol inadapté à ce type de plantes et non par une altitude trop élevée, signe que la limite climatique de la flore alpine n'est apparemment pas atteinte en Nouvelle-Guinée[56].
Entre 4 000 et 4 500 mètres d'altitude s'étend une pelouse alpine se présentant sous la forme de touffes plus ou moins connectées parsemée de buissons notamment dans les zones rocailleuses[57] et dont la taille n'excède pas quarante centimètres[56],[58]. Les espèces herbacées composant cette pelouse dominée par Deschampsia klossii[16],[57] sont principalement des carex, un cystoptère, une sagine, Anaphalioides mariae, Epilobium detznerianum, Frullania reimersii, Grammitis, Keysseria wollastonii, Papuzilla laeteviridis, Pteris montis-wilhelminae, Scleranthus singuliflorus et Tetramolopium klossii ; des espèces de mousses, Racomitrium crispulum, Bryum pachytheca et Distichium capillaceum ainsi que deux espèces de lichen, Thamnolia vermicularis et une Cetraria, sont également présentes[56],[58]. Plus haut en altitude et jusqu'à la limite inférieure des glaces, la végétation est formée d'une toundra dominée par des mousses telles que Bryum pachytheca et Distichium capillaceum et présentant quelques herbacées comme une sagine, Deschampsia klossii, Epilobium detznerianum, Epilobium prostratum, Keysseria wollastonii, une Pilea, Poa wisselii, Racomitrium crispulum et Scleranthus singuliflorus[59]. Dans la vallée Jaune dont le sol est formé de moraines de petites tailles s'est constitué une toundra composée d'une renoncule, Breutelia aristifolia, Deschampsia klossii, Geranium potentilloides var. alpestre, Gnaphalium breviscapum et Tetramolopium klossii[57]. Ces communautés herbacées sur les sols profonds parsemés de buissons dans des zones caillouteuses semblent avoir atteint le stade de climax[57].
Les glaciers situés à proximité du Puncak Jaya sont colonisés par une cryoflore composée d'algues appartenant à la division des chlorophytes telles que Chlamydomonas antarcticus, Chlorosphaera antarctica, Mesotaenium berggrenii, Scotiella antarctica, Scotiella nivalis et Scotiella norvegica var. carstenszis ainsi que de bactéries appartenant à la division des cyanophytes telle que Nostoc fuscescens var. carstenszis[60]. Ces micro-organismes forment des associations créant des amas cellulaires de taille centimétrique colorés en brun ou en jaune-marron et présents surtout dans la zone d'ablation des glaciers Carstensz et Meren[61].
La région autour du Puncak Jaya est habitée par les Damal, répartis en deux sous-groupes : les Damal proprement dit sur le versant Nord des monts Maoke et les Amungme Damal sur le versant Sud[62],[63],[64]. Les autres groupes de la région sont les Dani occidentaux au nord-est et notamment dans la vallée de Baliem, les Moni et les Wolani au nord-ouest, les Ekari à l'ouest et les Sempan au sud[63]. Ces Papous, présents en Nouvelle-Guinée depuis 30 000 ans, ont colonisé les monts Maoke depuis au moins 26 000 ans et des traces d'activité datant d'il y a 5 500 ans ont été trouvées à très haute altitude non loin du Puncak Jaya[65]. Une occupation antérieure à 12 000 ans près du Puncak Jaya était impossible en raison de l'étendue de la calotte glaciaire à l'époque[66]. Ces populations vivent actuellement dans des villages dispersés dans les vallées des monts Maoke, entre 1 200 et 2 500 mètres d'altitude[63].
Le Puncak Jaya, les sommets voisins et les glaciers sont inclus dans le territoire des Amungme Damal dont les villages les plus proches, Tsinga et Waa, sont situés à dix kilomètres à vol d'oiseau au sud, dans des vallées situées entre 1 500 et 1 700 mètres d'altitude[67],[68]. Le plateau de Kemabu situé juste au nord du Nga Pulu est quant à lui fréquemment visité par des Damal qui s'y rendent pour la chasse[67],[68],[69]. C'est d'ailleurs en raison de leur connaissance du plateau et des sentiers qui le traversent que les Damal sont souvent choisis comme guides et porteurs par les expéditions se rendant au Puncak Jaya[67],[70]. Le secteur est aussi emprunté occasionnellement par des employés papous travaillant à la mine de Grasberg et qui empruntent le col New Zealand mais sans jamais s'aventurer au pied du Puncak Jaya[69]. Ce sentier est encore largement méconnu et peu emprunté par les Papous, en raison du récent désenglacement du col New Zealand survenu après la Seconde Guerre mondiale[69].
Ces populations ont fait l'objet d'une occidentalisation partielle, si bien qu'ils mélangent coutumes et habitudes traditionnelles et modernes[63]. Ainsi, bien que la carabine tende à remplacer l'arc pour la chasse, ils utilisent des outils en pierre et en os et arborent encore des décorations corporelles comme les plumes, les colliers, les peintures corporelles et les étuis péniens[63],[64]. L'économie basée sur le troc et la monnaie de coquillage est encore largement acceptée, notamment dans les secteurs reculés où des objets en métal comme les couteaux sont beaucoup plus appréciés que les billets[63]. Les missions installées dans les villes et les gros villages ont diffusé le christianisme, qui côtoie l'animisme[16], ainsi que l'instruction si bien que beaucoup de Papous parlent l'indonésien[63].